"Allons donc mon ami, tu sais bien que tu es ma plus grande source de revenus... Par contre fais-moi plaisir, ne m'obliges pas à appeler ta femme pour qu'elle vienne te chercher ce soir, un jour elle va me tuer à cause de ton ivresse."
Cette fois ce sont ses compagnons qui rient alors qu'il m'affirme ne rien pouvoir me promettre... Une bande de bon vivant même s'ils devraient sans doute passer moins de temps ici il faut l'avouer. Je soupire, plus amusé qu’embêté et je retourne vers mon comptoir. Ceci résume plus ou moins mes échanges verbaux avec mes habitués, je connais leurs histoires et ils connaissent la mienne. C'est une relation de confiance qui s'est tissée entre nous et un respect mutuel également alors, nous n'avons plus réellement besoin de discuter des heures durant même si, parfois, je dois avouer qu'ils sont plus loquaces dépendant de la quantité d'alcool ingurgitée. Je passe devant le cristal accroché au mur, regarde l'image qu'il me renvoi en souriant... Oui, c'est le genre d'endroit qu'elle aimait, un lieu dans lequel les étrangers deviennent des compagnons et les compagnons des amis! Je reprends alors ma tâche, m'installant au niveau de l'évier je prends une choppe de bière que j'entreprends de laver, un verre propre est un client content retenez-le bien! Me voilà donc, un chiffon en main, en train de frotter l'intérieur de la choppe lorsque la porte de la taverne s'ouvre en grinçant légèrement... Mémo personnel : penser à huiler les gonds! Je porte mon regard sur la personne qui entre, elle ne me dit rien du tout! Nouveau visage dans mon établissement? Parfait! Bien-entendu, vu le sens d'ouverture de la porte, cette personne ne peut me voir avant de tourner la tête vers le comptoir, cependant, je prends les devant. Un tavernier accueillant est un tavernier qui peut fidéliser ses clients.
"Bonjour et bienvenue à l'Aventurier Téméraire!"
Bref. La journée avait été bien remplie avec ces nouvelles obligations et toute cette panelle de compétences à mettre – ou remettre – à niveau, et Calixte avait été bien heureux de trouver un peu de répit dès la fin de l’après midi pour pouvoir chausser les bottines de Psolie. Bon, techniquement, ça restait du travail. Mais pour l’espion qui était d’une curiosité sans bornes et qui s’était habitué à revêtir différents visages pour la satisfaire, c’était presque une promenade de santé. D’ailleurs, pour l’occasion, il avait même décidé de quitter ses sentiers battus pour aller explorer une partie de la Capitale qu’il connaissait moins bien.
Travesti sous les longues mèches blondes tressées de Psolie, le visage légèrement maquillé pour le féminiser, les vêtements – type tunique – savamment choisis pour à la fois dissimuler et mettre en avant de manière avantageuse ses courbes, Calixte s’était éclipsé de la cachette où il rangeait une partie de ses déguisements – il en avait un peu partout en ville – et avait emprunté d’un pas léger les rues pavées. Un petit sac passé en bandoulière et un carnet de note entre les mains, il avait commencé sa quête d’informations.
Décidant de commencer par les commerces dans lesquels il n’avait jamais mis les pieds jusque-là, il se présenta à un fleuriste, une apothicaire, et une boutique de bougies. Dans cette dernière, la patronne, une vieille dame sourde comme un pot, lui fit répéter en hurlant plusieurs fois ses questions avant de finalement lui répondre qu’elle n’avait pas de cristaux pour les – traduction censurée – de la Guilde, et que si elle en avait elle irait plutôt les dépenser à l’Aventurier Téméraire. Parce qu’après tout, quoi de mieux que de finir sa vie confit comme un baba au rhum ?
Intrigué par cette enseigne qui avait un franc succès œnolique dans le coin – et cherchant surtout à fuir cette grand-mère qui requérait peut-être effectivement un peu l’alcool pour fonctionner de manière civilisée – Calixte finit par l’atteindre au détour d’une allée. La devanture n’était pas extravagante, et il ne semblait pas régner grande animation à l’intérieur. En même temps, il était probablement un peu tôt. La plupart des travailleurs ordinaires ne devaient pas avoir fini leur besogne, et l’on n’était pas dans l’une de ces grandes artères drainant la foule à toute heure de la journée. Décidant de découvrir davantage le lieu dissimulé derrière la porte, Calixte poussa celle-ci dans un grincement sonore.
L’intérieur était un peu plus sombre, et les yeux de l’espion mirent un petit moment à se faire à la transition. Balayant la pièce de son regard ambré, il nota une floppée de tables vides, un petit groupe discutant près de fenêtres de l’autre côté de la salle, et…
- Bonjour et bienvenue à l'Aventurier Téméraire!
Refermant la porte derrière lui, Calixte pivota pour aviser le comptoir et l’homme derrière celui-ci. Et quel homme ! L’espion n’était pas facilement ouvertement surpris, mais il ne put s’empêcher de hausser les sourcils à la silhouette imposante du barman. La choppe entre ses doigts ressemblait à un jouet pour enfant. Pouvait-il seulement vraiment passer sa main dans le verre pour le nettoyer, ou y allait-il du bout du doigt ?
Calixte se secoua mentalement et physiquement. Rebecca lui avait déjà signalé qu’il était un peu trop franchement curieux, mais dans cette situation qui aurait pu le lui reprocher ? Une fois qu’il s’était remis du choc de voir un colosse coincé derrière le bar, une multitude d’autres détails avait inexorablement attiré son regard. La cicatrice, les yeux, les pecs, les tatouages, les diverses bouteilles rangées derrière l’homme… et étaient-elles vraiment si petites et si peu nombreuses, ou en cachait-il la moitié de sa carrure gigantesque ? Les bottines chaussées à ses pieds le menèrent automatiquement près du comptoir, et Calixte se demanda pendant quelques secondes comment est-ce qu’il était arrivé là. Puis il se dit qu’il devait donner une première image de Psolie assez niaise, mais bon. Son regard accrochant le cristal d’image fixé au mur, l’espion perdit momentanément les mots qu’il avait sur le bout de la langue.
Sa curiosité était en ébullition, et si elle avait pu être davantage évidente elle se serait échappée par volutes de fumée de tous les pores de sa peau. Qui aurait cru que, poussant la porte de cet établissement calme, Calixte trouverait source de nouveautés pour toute la soirée ? Ses pensées n’étaient plus très cohérentes, passant du coq à l’âne dans cet univers de stimuli. Et peut-être que, lorsque l’on ne savait pas par quoi commencer, autant partir de l’évident.
- Bonjour, fit-il/elle de la voix très légèrement plus aiguë de Psolie.
"Prenez place mademoiselle, ne craignez rien je ne mords pas! Que puis-je vous offrir en ce bel après-midi?"
Je souris légèrement alors que, sans réellement attendre sa réponse je me tourne pour sortir un verre et une des bouteilles d'eau présentes derrière moi. Je me suis permis de stipuler ici : Par expérience, la plupart des femmes prennent des cocktails, selon la corpulence de ma jeune amie ce sera légèrement alcoolisé ou pas du tout. Bien-sûr, je peux me tromper, une surprise est toujours possible mais, dans le doute, je préfère ne pas sortir de chope immédiatement, il sera toujours possible de prendre celle se trouvant à côté de moi si la demoiselle commande de la bière. Tout en ouvrant la bouteille d'eau, je regarde un peu plus attentivement la jeune fille qui me fait face. Définitivement pas le genre de personne que je m'attends à voir venir seule dans mon établissement. Bien-sûr j'ai des clientes régulière mais, généralement elles sont venus en groupe ou accompagnant leurs maris les premières fois, de plus elle savaient à quoi s'attendre en passant les portes de la taverne, ce n'est visiblement pas le cas de cette jeune personne. Mais tant mieux! J'aime les surprises, j'aime entendre les histoires des inconnus qui entre en ce lieux alors, il me tarde de connaître l'histoire de celle-ci plus précisément! Qu'est-ce qui pousse une créature telle qu'elle a venir se perdre dans un lieu tel que l'Aventurier Téméraire?
"Alors, que me vaut le plaisir de votre visite dans mon humble établissement mademoiselle..."
Question légèrement dissimulée, phrase laissée en suspension... J’espère ainsi m'attirer les réponse de la gente dame de sorte qu'elle ne reste plus une inconnue et que cela puisse mener à un échange parlé civilisé.
- Auriez-vous éventuellement des jus de fruit ? demanda-t-il/elle en observant le géant s’affairer derrière le bar.
Lorsqu’il décidait de taquiner davantage les serveurs des tavernes, Calixte demandait un thé ou une tisane. Mais il n’était pas certain de pouvoir trouver ce type de breuvage ici, vu l’état apparent des stocks. Une petite bière aurait été appréciable, mais depuis sa soirée shots avec Ezzio, l’espion s’était rendu à l’évidence que boire alors qu’il travaillait – parce que bon techniquement il travaillait encore sous les traits de Psolie – n’était pas forcément une idée brillante. Surtout lorsque l’on avait pléthore de secrets à garder.
Malgré sa corpulence, le barman se mouvait avec une certaine grâce, une perception fine de son corps encombrant dans l’espace. Entre la musculature visiblement correctement entretenue et l’agilité surprenante avec laquelle il la mouvait, Calixte n’aurait pas été étonné d’apprendre que l’homme avait appartenu à la Guilde des Aventuriers. Ou à la Garde, mais son visage ne lui semblait pas familier outre mesure. Et, sans compter cette silhouette singulière – après tout il y avait d’autres colosses chez les militaires – avec cette cicatrice particulière, l’espion était à peu près certain qu’il se serait souvenu du barman.
Sortant de sa besace le calepin sur lequel il notait les informations récupérées par Psolie, ainsi que les prémices des quêtes qu’on lui avait confiées, il s’accouda au comptoir. Aux propos de l’homme, son crayon s’arrêta en suspens au-dessus d’une page vierge.
- C’est votre établissement ? releva-t-il/elle avec intérêt.
Il n’était pas particulièrement surpris, mais c’était une donnée importante pour lui. Car en fonction du poste de son interlocuteur, il se permettrait de poser des questions plus ou moins poussées. Une impression dérangeante lui fit momentanément tourner la tête, et il trouva le regard de quelques-uns des hommes attablés plus loin posé sur sa silhouette. Il leur adressa une salutation de la main avant de se retourner vers le barman. Il pouvait comprendre qu’il les intriguât autant que l’établissement l’intriguait lui. Le personnage de Psolie devait un peu dénoter.
- Les autres commerçants de la rue disent du grand bien de votre taverne ; surtout la propriétaire de la boutique de bougies, ajouta-t-il/elle avec une grimace en repensant à la vieille furie. Cela a attiré mon attention, et j’ai bien peur d’être un peu esclave de ma curiosité.
Faisant tournoyer distraitement son crayon entre ses doigts habiles, Calixte eut un moment d’hésitation où il se demanda par quel bout aborder les choses. Il était à la fois très intrigué par le lieu et le singulier personnage présent derrière le comptoir, et en même temps conscient qu’assommer ce dernier sous une avalanche de questions n’était peut-être pas le meilleur moyen de créer une relation. Rebecca lui avait bien mis en évidence qu’il pouvait se montrer un peu trop curieux par instants. Et donc gênant.
- Psolie, finit-il/elle par décider de se présenter en tendant une main au barman. Je fais les commerces et quelques portes de particuliers pour recueillir les éventuelles quêtes que vous auriez à adresser à la Guilde. Si la taverne a des besoins qui nécessitent les bras vaillants – et disponibles – des aventuriers…
Son regard parcouru à nouveau brièvement les étagères derrière le comptoir.
- Même si ça n’est que pour des courses…
La demoiselle sort alors un calepin et je ne peux cacher ma surprise. Je comprends qu'elle soit curieuse mais au point de prendre des notes? Cela ressemblerait presque à une enquête! Heureusement que je n'ai rien à me reprocher, ce genre d'instruments pourrait faire passer l'envie à certains de mes clients de discuter. La jeune fille n'écrit rien, pas encore, elle s'arrête suite à ma question et, en réalité, n'y apporte aucune réponse. Au contraire, plutôt que de satisfaire ma propre curiosité elle semble attendre que je lui cède la politesse, répondant à ma question par une autre question quoique, plus rhétorique je dirai. Il semble qu'elle relève plus une évidence dans mes propos plutôt que d'attendre une confirmation de ma part. Quelle étrange jeune fille que cette-dernière! Je n'ai cependant pas le temps de "répondre" puisqu'elle enchaîne en m'affirmant que les autres commerçants disent du bien de mon établissement. Je souris légèrement à cette affirmation, surtout en apprenant qui est responsable de ces éloges, et je ne peux que remarquer de quelle manière mon interlocutrice parle de la marchande de bougie. Une de mes habituées, ayant une fâcheuse tendance à abuser de la bibine! Il faut avouer qu'elle est parfois un peu trop brusque mais elle a un bon fond, et puis, elle dit du bien de ma taverne alors que j'ai, de nombreuses fois, été dans l'obligation de lui interdire d'ingurgiter plus d'alcool... Cependant, c'est l'autre affirmation de la demoiselle qui attire le plus mon attention! Esclave de sa curiosité? Je ne peux m'empêcher de rire à cette affirmation, en réalité, je pense que j'aurais été en mesure de le deviner seul.
Je ne dis cependant rien pour l'instant, je laisse la situation se développer en un doux monologue et je ne fais que, par moment, hocher la tête en signe d'écoute. J'en apprend déjà plus sur ma partenaire du soir alors pourquoi devrais-je briser la magie? Elle me révèle son nom ainsi que ce que je suppose être son emploi? Elle serait donc une sorte de messager, un lien entre la guilde et leurs clients? Étrange, je ne me souviens pas d'avoir eu affaire à un tel personnage lorsque j'étais membre de la guilde, au contraire... Les clients me trouvaient très bien sans aide. Je suis son regard lorsqu'elle parle de courses et, je ne peux masquer ma surprise. Pourquoi diantre aurais-je besoin de quelqu'un pour acheter mes bouteilles d'eau? C'est tout de même un peu simple comme tâche surtout alors que je suis installé en plein cœur de la place commerçante, j'ai juste à sortir de mon établissement pour rejoindre l'étale le plus proche! Non véritablement, engager un aventurier pour cela serait une perte d'argent incommensurable! Enfin, je me décide à répondre, surtout parce que cette dernière offre me laisse quelque peu... Pantois?
"Mademoiselle Psolie... Ce serait un plaisir de converser avec vous, si je peux satisfaire votre curiosité tout en écoutant vos histoires, et bien ce sera avec joie. Malheureusement, je doute que vous trouviez ici un client potentiel, je vis une vie simple qui ne nécessite, en aucun cas, l'aide des aventuriers. Comme vous pouvez le voir, je n'ai besoin que d'eau pour tenir ma taverne à flot et je pense que les aventuriers, peu importe leurs compétences, ont des choses plus intéressantes à faire que de traverser la rue pour acheter des bouteilles de ce liquide, ma foi, assez commun..."
En effet, je ne doute pas que certains commerçants puissent trouver cette offre intéressante mais, vu mon physique, faire trois pas pour acheter de l'eau ne me pose aucun problème et, vu mon pouvoir, je ne vois pas pourquoi je devrais acheter autre chose que de l'eau... Bien-entendu, je dis cela avec sympathie, à aucun moment mon discours n'est agressif ou désagréable, je ne fais qu’énoncé une vérité absolue et fortement difficile à contester. Cependant, je ne vais pas laisser la conversation en suspens très longtemps, je ne désire pas qu'elle me trouve froid ou inhospitalier!
"Cependant, j'apprécie grandement votre offre! Si je comprends bien, vous êtes une sorte d'intermédiaire pour la guilde? Voila un travail dont j'ignorais l'existence, vous devez avoir nombres d'histoire à raconter..."
Le verre était frais sous ses doigts, et il ne résista pas à la tentation de goûter immédiatement le breuvage. Un parfum sucré et rond diffusa sur son palais, et il ferma brièvement les yeux pour profiter de la saveur. Avec son emploi du temps chargé, cela faisait un petit moment qu’il ne s’était pas posé, qu’il n’avait pas profité des petites choses du quotidien. Et, à cet instant, dans cette taverne à l’ambiance tamisée, ce simple jus de pommes fruité diffusait en l’espion comme une douce vague de chaleur lui rappelant que prendre le temps de souffler était parfois nécessaire. Et loin d’être désagréable.
Revenant aux propos du barman, Calixte laissa le flux de paroles l’envelopper comme une étreinte amicale. La voix de l’homme était calme, profonde, apaisante. Et en même temps hospitalière, l’invitant à partager ses pensées, ses interrogations. A la remarque de l’homme, le regard de l’espion se posa sur les bouteilles rangées derrière le comptoir… Et en y prêtant une attention plus prononcée, il constata qu’effectivement il ne devait s’agir que de bouteilles d’eau. Surpris par cette donnée il haussa les sourcils, surpris par son manque évident de discernement il rit doucement.
- Oh pardon, il semblerait que ma vue ne soit pas aussi bonne que ce que je pensais, commenta-t-il/elle avec un sourire contrit. Effectivement, je ne suis pas certaine que ce serait un travail approprié pour un aventurier.
Ce qui amenait à d’autres questions, plein d’autres questions. Quel genre de taverne ne survivait qu’avec de l’eau ? Le groupe qu’il avait vu en rentrant ne lui avait pas semblé si sobre que ça, et la petite vieille de la boutique de bougies ne carburait certainement pas à quelque chose de moins fort que du dix degrés. Alors quoi ? L’homme possédait-il un récipient magique par lequel il pouvait obtenir le type de breuvage qu’il souhaitait en quantité adéquate ? Ou avait-il un pouvoir en rapport avec cette affaire ? Notant sur sa page vierge un simple RAS pour le moment, Calixte hésita avant de refermer le calepin. Il lui manquait tout de même quelques informations importantes.
- Oui, je fais pigeon voyageur entre les particuliers et la Guilde, acquiesça-t-il/elle avec un grand sourire. Ça n’est pas un job dépendant de cette dernière. Je suis plus une intermédiaire pour les particuliers que pour la Guilde. Ça évite que les personnes ayant peu de temps pour aller crapahuter au repère des aventuriers… ou s’y refusant pour diverses raisons mais ne crachant pas sur un peu d’aide, ou ayant des requêtes particulières, ne passent à côté de l’opportunité des services de la Guilde. Ça me fait quelques cristaux au passage – par les particuliers – effectivement pas mal de potins, et davantage de propositions de travail pour les braves. Tout le monde y trouve son compte, moi la première, conclu-t-il/elle en rigolant.
La compagnie de l’homme était agréable, et Calixte se demanda si c’était simplement un effet propre au fait de s’assoir au comptoir de la taverne – après tout il n’aurait pas été le premier, ni le dernier, à avoir eu envie de raconter sa vie à un barman – ou si c’était l’aura chaleureusement imposante de son interlocuteur qui l’incitait à n’avoir que peu de retenue dans ses propos. Peut-être un peu des deux, sans doute. Mais l’espion avait aussi plein d’interrogations, et si la stature impressionnante de l’homme aurait initialement pu le laisser sur la réserve, il avait à présent l’impression de pouvoir se confier pleinement, sans retenue ni gêne.
- Bon, mais du coup, comment faites-vous pour passer de cette eau qui a l’air tout à fait neutre, normale, ordinaire, aux breuvages les plus exotiquement alcoolisés dont m’a tant dit du bien la propriétaire de la boutique de bougies ? demanda-t-il/elle intrigué. A moins que, vraiment, ma vue ne vaille plus un rond : que je me sois trompée d’enseigne et que vous ne serviez exclusivement que des jus de fruits et de l’eau.
Tapotant distraitement du bout de son crayon la page où il n’avait marqué que quelques lettres, il continua en reposant son regard sur le cristal d’image fixé au mur.
- Eventuellement si vous avez un nom – voire un prénom – je suis preneuse ; il devient compliqué pour mes quelques neurones de juste vous appeler mentalement « le barman qui semble être le propriétaire de la taverne l’Aventurier Téméraire ». Promis, je ne noterai que ça de plus sur mon calepin d’inquisitrice, puis je le ferai disparaitre de votre vue.
Les paroles de l’homme à son égard avaient été bienveillantes, mais Calixte savait par expérience que les personnes n’ayant pas de requête pour la Guilde n’appréciaient pas forcément qu’il note par ailleurs trop de choses sur elles, ou leur commerce, sur ses fiches. Devant elles. C’était un malaise que l’espion pouvait comprendre.
- Vous tenez la taverne avec votre…
Sœur ? Amie ? Conjointe ? L’espion penchait plus pour la dernière possibilité. Il y avait un secret dans ce sourire partagé, figé dans le temps. De ceux que partagent les cœurs amoureux. Bon, il y avait des familles où les liens étaient étrangement – un peu trop, dans tous les sens du terme – intriqués et sur lesquels il valait mieux ne pas trop s’attarder ni se formaliser sous peine de s’emmêler les neurones et ses principes moraux, mais ils étaient rarement affichés au tout public.
- … Compagne ? finit-il/elle avec un compromis.
L’heure n’était pas encore à l’affluence, et de n’avoir qu’une seule personne derrière le bar ne l’étonnait pas plus que ça. Mais peut-être que cette jeune femme rejoindrait le barman un peu plus tard dans la soirée, lorsque l’activité de la taverne serait à son pic.
"Un emploi tout à fait utile mais qui vous honore également! Vous apportez ainsi votre aide à ceux qui en ont besoin d'une certaine manière, c'est tout à votre honneur!"
Ses questions suivants, pas forcément nombreuses mais se suivant rapidement, me font sourire. Tout d'abord parce que je sais parfaitement l'effet qu'a mon pouvoir sur les gens! Soyons honnêtes, une taverne qui ne semble contenir que des bouteilles d'eau n'attire pas forcément ceux qui désire s’enivrer. De cette manière, comment puis-je garder l'établissement? J'avoue que la question est on ne peut plus légitime. La question suivante va de soi également : mon nom? Après tout, elle s'est présenté alors il est normal qu'elle en attente autant de ma part, après tout il est logique que je retourne la politesse! Même si, je dois avouer, que son appellation actuelle à mon encontre me fait légèrement rire : j’espérais avoir au moins gagner un sympathique barman mais il semble que je doive mettre les bouchées doubles pour cela! Bien-entendu, je la laisse terminer sa phrase avant de répondre, je ne vais tout de même pas lui couper la parole n'est-ce pas? Cependant, cette fin de phrase attire plus encore mon attention : son calepin d'inquisitrice? Pourquoi l'appeler ainsi? Je comprends bien-entendu que ce n'est pas réellement le cas, cela a sans doute un rapport avec l'image que ses interlocuteurs peuvent en avoir mais, d'une certaine manière, est-ce que l'appeler elle-même de cette manière n'accentue pas encore l'impression que peuvent avoir les autres d'être sous enquête? Il faudra sans doute que j'y réfléchisse cependant, au vu de ma position dans ce bar et de ma clientèle, dont je préfère parfois ne pas tout savoir, je ne vais rien en dire, la disparition du calepin n'est en effet pas forcément une mauvaise chose.
"Mais bien-sûr, je manque à tous mes devoirs d'hôte! Je me présente donc... Devon Haragin, je suis en effet le propriétaire de la taverne! Quant à mon secret pour passer de l'eau à l'alcool... Et bien..." Je m'approche alors légèrement d'elle, comme si je m'apprêtais à lui révéler le plus terrible et incroyable des secrets. "Il s'agit de... Mon pouvoir. Je peux en effet changer l'eau en alcool... Pouvoir bien pratique pour être tavernier, moins dans d'autres situations n'est-il pas?"
Je ris légèrement, comme si je venais de faire une excellente blague mais, c'est alors que ma nouvelle connaissance me pose la question... Évidemment, il fallait bien que cela arrive après tout, c'est une interrogation tout à fait légitime. Le cristal me montre souriant aux côtés d'une belle jeune fille, je tiens cette taverne visiblement seul ce qui est difficile à croire. Je tourne mon regard vers la dite image, un sourire triste sur le visage alors que je semble me remémorer un lointain souvenir... Oui, cela fait déjà plusieurs année mais la douleur est toujours présente, comme une vieille cicatrice qui vous brûle encore la peau. Oh, bien-sûr il y a surtout des souvenirs joyeux mais, c'est peut-être cela le pire : La douleur d'un bonheur perdu est sans nul doute plus forte que celle d'un bonheur inconnu. Après tout, lorsque l'on n'a rien on ne peut rien perdre. Je me tourne vers la jeune curieuse en secouant doucement la tête comme pour lui signaler qu'elle fait fausse route. En réalité, pas totalement il est vrai, d'une certaine manière elle est toujours présente avec moi, elle le sera toujours sans doute. C'est bien pour cela que je me refuse à retirer cette photo non?
"Mon épouse en réalité même si, malheureusement, je suis maintenant seul... Elle est malheureusement décédée il y a maintenant six années, depuis et bien... Je m'occupe seul de l'établissement. Ce n'est pas réellement difficile, les clients sont compréhensif et puis, ils viennent ici pour le calme et l'ambiance agréable, plus de personnes présentes pour servir signifierait sans doute aussi plus de tintamarre..."
Je souris légèrement, oui les sourires sont douloureux mais ils me rappellent aussi le bonheur passé. Bien-sûr elle n'est plus là à présent mais, ma belle Leila m'a apporté les plus belles années de ma vie et, elle ne voudrait sans doute pas que je me morfonde. Je préfère toutefois changer discrètement de sujet.
"Enfin, quoi qu'il en soit, la taverne n'est jamais réellement remplie au point que je ne puisse servir tout le monde. La plupart du temps, les habitués prennent leurs places, commandent leurs alcools et seuls les nouveaux clients occupent réellement mon temps. Un peu comme vous maintenant... Ce n'est pas si mal, cela permet d'apprendre à se connaître vous ne trouvez pas?"
Notant le nom de son interlocuteur dans son carnet, Calixte attendit avec anticipation le secret du barman pour garder ses clients plus enclins à la consommation alcoolique que fruitée. Et… il semblait que son hypothèse n’était pas trop éloignée de la réalité. Ce qui répondait à une question mais en appelait davantage. Traçant un simple « pv : eau OH » supplémentaire dans son calepin, l’espion le rangea comme promis dans la besace de Psolie. Si d’autres informations croustillantes devaient lui parvenir, il se contenterait d’exercer sa mémoire avant de noter celles-ci plus tard.
Le rire léger – beaucoup plus délicat que ce à quoi sa carrure aurait laissé envisager – du barman se mua en sourire triste, et Calixte se dit qu’il avait, encore une fois, mis les deux pieds dans le plat. Mais il ne connaissait pas suffisamment l’homme pour avoir pitié de ses sentiments, et ci ce dernier avait accroché à la vue de tous ce souvenir sensible, c’était qu’il était prêt à répondre aux interrogations le concernant. Ou alors qu’il était masochiste, et qu’il avait besoin d’une excuse pour user de ses poings. Mais ça ne semblait pas trop être le style de la maison.
Les propos de Devon laissèrent encore une myriade de questions dans l’esprit de Calixte – décidemment l’imposant homme était doué pour entretenir sa curiosité – mais l’espion laissa son interlocuteur finir de parler. Pour pouvoir appréhender les choses, parfois valait-il mieux se taire et observer, que mitrailler son entourage d’interrogations. L’histoire du couple ainsi racontée était brève, mais touchante. Et Calixte pouvait comprendre que les habitués du coin fussent tolérants sur le service de la taverne, peut-être un peu, parfois, limité par l’unique employeur et employé. Qu’ils fussent, tout simplement, humains. Il y avait dans la présence de Devon, intimidante mais chaleureuse, dans ses propos simples mais sincères, quelque chose d’émouvant, de généreux, qui invitait à l’être tout autant.
Et si la partie professionnelle de l’espion notait qu’il y avait là une belle situation d’attitude miroir mise à l’œuvre entre les murs de l’Aventurier Téméraire, celle plus viscérale, plus instinctive, l’incitait à comprendre, et à apprendre de, l’homme lui faisant face. De cette âme bienveillante mais encore inconnue. Car qu’y avait-il de plus agréable que de découvrir toutes les couches d’apparence chatoyantes d’un esprit aussi affable ? Y avait-il un peu de noirceur entre ces lignes amicales, ou est-ce que la lumière de Lucy s’était incarnée en cet homme ?
- Ce n’est pas si mal, lui accorda Calixte/Psolie avec un sourire entendu.
Pour toute sa curiosité et sa maladresse, l’espion fit le choix de suivre ce changement de sujet de conversation. Peut-être plus tard, peut-être un autre jour, peut-être lorsqu’il connaîtrait davantage Devon Haragin, lui demanderait-il toute l’histoire derrière ce triste sourire.
- Alors dites-moi : l’Aventurier Téméraire, ça vous définit ? C’est une association de mots trouvée au hasard ? C’est le prérequis pour devenir un habitué ? Ou c’est qu’il faut un peu d’audace pour n’afficher en devanture que des bouteilles d’eau alors que la plupart de personnes entrant dans une taverne cherche quelque chose de plus fermenté ?
Son regard ambré parcouru ostensiblement, mais sans autre arrière-pensée évidente que celle de prendre sa mesure, la silhouette massive du barman.
- En même temps, rares doivent être ceux, ou celles, qui vous cherchent des noises pour ça. Vous avez un gabarit dissuasif.
Son doigt traça distraitement la silhouette d’un smiley sur son verre, et il/elle continua songeur :
- Dans une autre partie de la Capitale, dans une autre taverne, c’était une jeune fille frêle comme un moineau qui tenait les rênes de celle-ci. Heureusement son pouvoir incitant son entourage à l’aimer et à la câliner calmait les ardeurs des plus mal lunés… Mais je me demande jusqu’où son pouvoir d’attraction pouvait mener les uns et les autres, ajouta-t-il/elle en haussant les sourcils.
D’ailleurs…
- D’ailleurs, comment ça marche, votre grand secret ? Faut-il nécessairement que ce soit de l’eau en bouteille, ou contenue ? Ou bien pourriez-vous faire de la rivière Luisante un grand bain d’alcool ?
"Une association de mots trouvés au hasard? Non... Je juge que lorsque l'on devient propriétaire d'un établissement ce-dernier devient une partie de notre être, il doit donc nous représenter! L'aventurier Téméraire on peut dire que c'est un moi passé, datant de l'époque durant laquelle je sillonnais la région... Je ne doute pas que nombres de mes habitués soient des aventuriers aussi téméraires que je le fus jadis mais, le nom de ma taverne ne se réfère réellement qu'à moi..."
Je ne peux m'empêcher de rire à sa remarque suivante cependant... Mon physique peut en effet dissuader des gens, il est vrai que j'ai été aventurier de nombreuses années uniquement grâce à ce-dernier cependant, je ne doute pas que face à certaines personnes je ne sois pas capable de faire le poids! La force physique c'est bien mais il y a beaucoup de monde disposant d'une force similaire et ayant des pouvoirs capables de les aider à la tâche... Non, je pense sincèrement que ce qui dissuade le plus les gens, c'est mon caractère et ma sympathie plus qu'autre chose, j'ai déjà pu remarquer que la manière d'être est parfois plus importante que le paraître...
"Le physique n'impressionne que les personnes impressionnables ma chère amie... Je pense qu'une manière d'être fonctionne mieux qu'une apparence ou un pouvoir, après tout c'est souvent grâce à ce que l'on est que l'on peut forger une amitié ou un amour sincère, pas grâce à ce que l'on semble être! Et concernant cette autre taverne, j'avoue ne pas être particulièrement au courant du commerce de mes "rivaux"."
S'intéresser à son propre commerce plutôt qu'à celui des autres voilà une règle d'or! Si vous apportez aux clients ce qu'ils attendent, qu'importe ce que les autres peuvent offrir vous n'aurez rien à en craindre! J'ai pour règle de satisfaire mes clients du mieux que cela m'est possible et c'est généralement suffisant pour les fidéliser. Je prends ensuite une mine pensive... Question légitime encore une fois et pourtant, j'avoue qu'il ne m'a jamais été nécessaire d'expliquer en détail le fonctionnement de mon pouvoir. Décidément, cette jeune demoiselle me plait! J'aime les gens curieux qui essaient de comprendre le fonctionnement de toute chose en ce monde, ce sont généralement les personnes les plus intéressantes!
"En fait il faut juste que l'eau soit servie... Mon pouvoir s'effectue au moment de transvaser l'eau dans un récipient. De cette manière, je pourrais vous servir une bière simplement en faisant couleur l'eau d'un robinet, mais je ne peux pas transformer l'eau une fois qu'elle est déjà rendue dans le récipient final! De ce fait, je ne pourrais pas transformer la rivière sauf si je me rends à sa source mais, encore là, il faudrait que je la transforme en continu ce qui serait épuisant au final... Et, si vous vous demandez pourquoi j'achètes des bouteilles d'eau plutôt que d'utiliser celle d'un robinet justement, et bien... Il s'avère que pour une raison que je ne connais pas, le goût de l'alcool est dénaturé avec de l'eau autre que celle en bouteille! Peut-être à cause des impuretés?"
J'avoue que je ne me suis jamais réellement posé la question... Après tout, même si je l'avais fais, il s'agit de mon pouvoir personnel, personne ne pourrait en savoir plus sur ce-dernier que moi donc difficile de se renseigner sur la raison si moi-même l'ignore! Cependant, je parle énormément de moi mais, j'aime aussi en apprendre sur les autres alors, avant que ma compagne du soir ne puisse reposer une nouvelle question dont elle aurait le secret, j'enchaîne pour prendre un peu les reines de la conversation.
"Mais et vous alors? Quel pouvoir avez-vous eu la chance de recevoir?"
Sirotant son jus de pomme, il fit une petite moue râleuse mais amusée à la remarque de l’homme imposant concernant son physique. Certes, l’habit ne faisait pas le moine et on déconseillait de juger un livre à sa couverture, mais à choisir, Calixte n’aurait certainement pas cherché à faire de Devon Haragin son ennemi. Bon, ça n’était peut-être pas un excellent exemple car il ne cherchait pas du tout à se faire des ennemis, quel qu’ils furent, et il connaissait pléthore de personnages d’apparence frêle mais au verbe et à la lame tranchants, mais… après quelques verres de jus fermenté et quelques discussions passionnées, il était certain que le cerveau était bien plus sensible à la dissuasion simple d’un corps massif qu’à autre chose de plus subtil.
Le pouvoir de Devon Haragin était très intéressant – pour Calixte, pas sûr que le Maître-Espion fut hyper intéressé par le fait qu’un barman puisse changer de l’eau en alcool – et il but les explications de l’homme avec le même contentement que celui de boire son jus de pomme. Finalement, la mise en action du pouvoir était bien différente de ce qu’il avait imaginé, et entrainait encore d’autres questions dans la petite tête de l’espion.
- Donc… vous pouvez la transformer, mais ça n’est pas tant le fait de transvaser, mais plutôt l’état « final » ou pas du récipient suivant qui permet, ou non, l’action du pouvoir… ? Mais comment savoir si c’est le récipient final ? L’eau que vous avez dans ces bouteilles… ces bouteilles pourraient être leur destination finale. Et celle que vous servez, si jamais votre client prévoit de partager son verre dans d’autres verres, est-ce que du coup l’eau « refuse » de se transformer parce « qu’elle sait » que ce n’est pas son récipient final ? Ou peut-être ai-je mal compris vos explications, réfléchit à haute voix Calixte/Psolie. Est-ce que les larmes peuvent-être transformées ? Faut-il que l’eau soit pure ? Si l’on décante du sang, pourriez-vous changez sa part liquide en alcool ?
Si l’on y réfléchissait, il n’y avait peut-être pas tellement d’intérêt à répondre à ces questions. Mais l’espion qui s’interrogeait sur tout, ne voyait pas du tout la limite de ses réflexions, et pouvait continuer à questionner les choses juste pour le plaisir d’en connaître tous les tenants et aboutissants, même si cela ne devait lui servir à rien par la suite. Une petite voix lui soufflait qu’il était peut-être un chouilla poussif dans ses interrogations, et qu’il risquait de braquer l’homme comme il avait fait paniquer Rebecca, mais cette petite voix fut facilement tue par celle plus imposante de sa curiosité.
- Pour ma part je peux fusionner avec certains objets, avoua-t-il/elle.
Il avait depuis longtemps abandonné l’idée de faire croire à un quelconque pouvoir fantaisiste à ses interlocuteurs lorsqu’il revêtait un autre rôle que le sien, et il n’utilisait que rarement l’excuse de « je n’ai pas encore découvert le mien ». Modifiant juste légèrement la définition de son pouvoir afin que le lien ne fût pas trop évident entre ses diverses facettes, il lui était ainsi plus facile de tenir ses personnages. Et d’avoir l’impression de ne pas – trop – mentir. Même si sa vie entière était un mensonge.
- Je peux « rentrer » dans les objets en verre, ajouta-t-il/elle en caressant du doigt son verre de jus de pomme. Ce qui est assez pratique lorsqu’on veut échapper à des clients insistants ou mécontents, continua-t-il/elle avec un petit rire. Mais en dehors de ça…
"Je n'en ai aucune idée!" Un large sourire illumine mon visage alors que j'affirme ce fait cependant, il est important de donner des précisions. Si je laisse ainsi la conversation en état elle pourrait l'interpréter comme un refus de répondre pour une raison quelconque, ce n'est pas du tout le cas, il est juste un fait : J'ignore totalement la véritable réponse. "En réalité, je pense que l'eau "ignore" que c'est son récipient final! Je pense que c'est moi qui le lui impose. Cependant, mon pouvoir coulant de source pour moi, j'avoue que je ne me suis jamais posé la question, lorsque l'eau arrive à ce que je considère comme sa destination finale, son état est bloqué. Du coup, cela doit avoir un lien direct avec mon interprétation plus qu'avec l'eau à proprement parlé... Quant au reste de votre question... Je n'ai malheureusement aucune réponse à vous fournir pour la simple et bonne raison que je n'ai jamais essayé... L'eau du robinet n'est pas réellement "pure" et je peux la transformer mais, comme je l'ai dis, le goût s'en trouve altérer! Pour le reste, je l'ignore purement et simplement malheureusement..."
Je semble réfléchir un instant avant de finir par hausser les épaules. En réalité ma curiosité dans le domaine s'arrête là : Je ne vois pas l’intérêt de faire des recherches sur le sujet, étant le seul à disposer de ce pouvoir, cela impliquerait d'essayer lorsque quelqu'un pleure ou de manipuler du sang et cela ne fait véritablement pas partie de mes priorités. Cependant la réponse de la demoiselle à ma propre question m'intéresse bien plus : fusionner avec du verre? C'est un pouvoir intéressant! Lui-même attirant diverses questions pour être honnête! Je pose mes deux coudes sur le comptoir me faisant face, joins mes mains ensembles et je dépose mon menton sur ces-dernières pour observer la jeune fille...
"Intéressant! C'est un pouvoir assez pratique cependant il peut-être dangereux! Je veux dire, vous pourriez apprendre tout est n'importe quoi sur tout le monde sans même qu'ils en aient conscience! C'est un pouvoir redoutable! Cependant je m’interroge : Que se passe-t-il si l'objet avec lequel vous avez fusionné se brise? Est-ce que cela vous sort de l'objet ou est-ce que l'état dans lequel se trouve l'objet impacte sur vous? Est-ce que cela pourrait vous blesser par exemple?"
Vu la curiosité de ma compagne de discussion, ce pouvoir me semble une réelle bénédiction pour elle mais peut-être les risques sont-ils trop importants? De plus cela implique également un raisonnement moral? Je suis peut-être le seul à trouver ce pouvoir pratique, il s'agit tout de même d'espionner des personnes et de découvrir leurs secrets à leur insu. Oh, bien-entendu, cela permet sans aucun doute de délier les langues bien mieux qu'une conversation, certaines choses que l'on veut taire en présence d'inconnu se disent bien plus facilement à des amis autours d'un verre cependant, est-ce réellement honorable d'espionner les gens de la sorte? Je ne le pense pas cependant, mon esprit purement pratique me fait dire que cela reste bien utile!
- Oh, vous voulez dire si je m’amusais à passer une journée coincée dans un bout de verre pour espionner mon entourage ? fit-il/elle mine de réfléchir. Je n’y avais pas songé. Je ne suis jamais restée très longtemps dans ces… fusions. C’est un peu inconfortable.
Un peu de vérité, quelques mensonges, une pincée d’omission.
- Mais j’ai suffisamment « pratiqué » pour pouvoir vous dire que si le verre se brise, j’en suis éjectée, ajouta-t-il/elle avec une grimace. Cela ne me blesse pas à proprement parler, mais la migraine en résultant.. ! Bien équivalente à une gueule de bois sans la partie fun associée.
Il adressa un regard faussement conspirateur à son interlocuteur et se pencha légèrement par-dessus le comptoir.
- Pourquoi monsieur Haragin… seriez-vous intéressé que j’espionne pour vous une personne d’intérêt ? Avec la quantité de verre dispersée entre vos murs, il ne me serait pas difficile d’être là où vous me souhaiteriez. Il est par contre tout à fait probable que vous deviez casser un peu de vaisselle pour me récupérer, car je n’ai aucune idée de ce qu’il se passerait si je restais plus de quelques minutes dans un objet, ajouta-t-il/elle avec un rire léger.
Il reprit sa posture initiale, et finit lentement son jus de pomme, profitant de la saveur sucrée tapissant ses papilles. Ça n’était pas la première fois qu’il commandait ce type de boisson dans une taverne, et il se trouvait plutôt sage de ne pas avoir demandé une tisane à la place. Cela avait généralement le don d’exaspérer les patrons de ces lieux de consommation plutôt portée sur des breuvages plus fermentés. D’ailleurs…
- J’aurai peut-être un avenir dans l’espionnage, réfléchit-il/elle à haute voix. Mais je crois que je serai bien incapable de discrétion, continua-t-il/elle sincèrement.
Un peu de mensonges, quelques omissions, une pincée de vérité. Il pouvait sentir d’ici le regard acéré et critique du Maître-Espion, soupirant à l’ironie de la chose. Aurait-ce été à refaire, il n’était pas certain que son supérieur se serait donné la peine de juste considérer son dossier de potentielle recrue.
- Je ne vous cacherai pas, par contre, que si je peux un peu arrondir mes fins de mois d’une quelconque manière – moralement correcte bien entendu – je ne suis pas contre.
Cet endroit avait tellement de potentiel, et son gérant tellement plus. Calixte se doutait que ça n’était pas vraiment le genre de taverne où il trouverait les potins les plus croustillants que la Capitale avait à lui fournir – il fallait un mélange de circonstances un peu plus détonantes – mais c’était tout à fait le type d’endroit où il pourrait couler des heures tranquilles – nécessaires – pour reposer ses méninges. Ou, au contraire, les faire sereinement travailler. Influencée par le charisme chaleureux du barman, l’atmosphère tenait du cocon tranquille, sûr, et régénérateur. A défaut de gagner quelques quêtes pour la Guilde, ou une myriade de tendancieux murmures, peut-être pourrait-il puiser autre chose, de moins technique, de moins malsain, et certainement de plus bénéfique pour lui-même, dans cet endroit. A la chaleur bienveillante de cet homme.
- Donc si vous cherchez une paire de bras supplémentaires pour faire la plonge ou le service – j’avouerai être mauvaise cuisinière et la gestion de l’alcool est visiblement hors d’atteinte – ou bien même pour déclamer quelques chansons voire gratter les cordes d’un quelconque instrument… pensez à moi ? finit-il/elle en ouvrant les bras comme une invitation.
"Même si briser un peu de vaisselle est le dernier de mes soucis, je ne peux me résoudre à être la cause d'une migraine chez une si charmante compagnie... Tant pis, retour à la case départ, j'aurais mes informations en faisant semblant d'être un barman sympathique!"
Je ne peux m'empêcher de rire doucement plus longtemps... Non malheureusement les services d'une personne douée en espionnage ne sont pas requis pour moi, je suis le genre de personne qui discute volontiers avec ceux qui désirent parler, que ce soit de la pluie et du beau temps ou de sujets plus personnels certes, par contre il existe une règle d'or dans ma taverne : Peu importe qui vous êtes ou ce que vous faites, je ne veux pas le savoir, temps que vous ne faites pas de grabuge dans mon établissement vous êtes les bienvenues. De cette manière, espionner mes clients n'aurait aucun intérêt pour moi et irait à l'encontre de mes principes, je me moque de vos affaires et j'attends le même "respect" de votre part. Bien-entendu, je n'ai rien à me reprocher, je suis quelqu'un qui tente d'être le plus droit possible et si je suis témoin d'un crime j'accomplirai mon devoir citoyen mais, dans la mesure du possible, je veux en savoir le moins possible sur les activités extérieures des personnes qui fréquentes mon commerce! Je dois avouer que la dernière phrase de mon interlocutrice, concernant ses capacités d'espionnes, me font doucement sourire, il est vrai que vu sa curiosité et sa manière de m'assaillir de questions, je doute qu'elle puisse se faire véritablement assez discrète... Bien-entendu, les apparences peuvent être trompeuses mais il faut avouer qu'elle me semble trop directe pour passer inaperçue cependant, ce serait peut-être sa force, ne viens-je pas moi-même de parler plus longuement que de raison de moi-même simplement parce qu'elle me le demande? Aborder les gens avec le plus d'insouciance possible est peut-être une arme plus redoutable que la discrétion si l'on veut en apprendre sur quelqu'un? Ou alors, c'est peut-être aussi moi qui suis trop confiant, ou stupide au choix, pour ne pas me faire avoir par n'importe qui?
Cependant je n'ai pas le temps d'y penser, pas l'envie non plus pour être parfaitement honnête, vu que la demoiselle reprend la conversation en me faisant une offre pour le moins surprenante... Je dois cependant avouer que l'offre est alléchante, non seulement il est vrai que parfois je pourrais bénéficier d'un peu d'aide mais en plus, la compagnie de la personne me faisant face ne me dérangerait nullement! Après tout, si je dois avoir de l'aide autant que cela soit d'une personne que je trouve appréciable non? Je souris doucement avant de me gratter doucement le menton. Bien-entendu, je n'ai pas non plus besoin de quelqu'un chaque soir, les soirées comme celle-ci sont légions, en réalité c'est plutôt quand il se passe quelque chose d'extraordinaires que de l'aide me serait nécessaire, ma taverne fonctionne bien certes mais c'est surtout des soirée tranquille la plupart du temps, je n'ai pas le commerce le plus lucratif de la capitale et je ne peux pas me permettre d'engager un employé à temps plein, ce serait plutôt des petits contrats par-ci par-là lorsque les circonstance s'y prêtes mais, après tout, la jeune fille me propose d'arrondir ses fins de mois, pas de se retrouver serveuse tous les soirs dans mon estaminet... De ce fait, ma réponse est assez simple.
"Ma foi, un peu d'aide serait parfois la bienvenue je ne peux le nier, et j'avoue que l'offre est tentante. Bien-entendue cela serait situationnelle donc je ne peux pas vous proposer de venir tous les soirs ou donner des horaires précis, c'est le problème de mon établissement cependant, j'avoue qu'avoir une personne pour servir les commandes lors de soirée occupée ne serait pas de refus, plus encore s'il s'agit d'une personne que je trouve appréciable alors, si cela peut vous convenir, j'aimerai garder cette offre sur le côté pour lorsque cela sera nécessaire?"
Finalement, après un temps de réflexion, la réponse de son interlocuteur vint, et l’espion n’eut pas à fournir beaucoup d’efforts pour adapter la réaction de son personnage. Levant les bras au ciel en signe de victoire, il/elle laissa s’échapper un :
- Youpii !
Très approprié pour un entretien d’embauche. Il adressa un grand sourire à l’homme imposant derrière le comptoir. Bon, ça n’était pas clairement un « oui », mais ça n’était très certainement pas un « non ». Et être invité de temps à autres à fournir une paire de bras supplémentaires était exactement ce dont l’espion avait besoin. D’abord car il s’agirait alors très probablement de situations où il y aurait plus de monde à la taverne, et donc potentiellement plus de potins accessibles. Et surtout parce qu’il ne pouvait pas non plus se permettre de cumuler trente-six mille jobs. Enfin. Sa curiosité n’avait rien contre et y était toute disposée, mais son corps commençait à lui souffler qu’un peu de sommeil de temps à autres pouvait s’avérer utile et bénéfique.
- Et merci de me trouver agréable, rigola-t-il/elle. Vous n’avez décidemment pas besoin d’espion, vous maîtrisez vraiment le « barman sympathique », taquina-t-il/elle.
Sortant à nouveau son bloc note de sa sacoche, il en arracha une page pour y noter une adresse. L’adresse de Psolie, et d’autres de ses personnages. Une adresse boite à lettres plus qu’autre chose.
- Vous pouvez me contacter là au besoin. Enfin, me laisser un message. Comme je suis souvent en vadrouille ou de couchage chez diverses connaissances – pour des activités tout à fait morales – c’est juste une boite aux lettres, mais j’y passe souvent. Si je devais m’absenter de la Capitale pour une longue période, je ne manquerais pas de venir vous prévenir avant !
Tendant le bout de papier au barman, il rangea ses affaires et se redressa un peu plus sur sa chaise. Il n’était pas certain si le temps passait plus vite ou s’il s’arrêtait en bonne compagnie, mais les secondes trottaient inexorablement. Et les quelques quêtes qu’il avait récoltées n’allaient pas se déposer toutes seules entre les mains des hôtes et hôtesses de la Guilde. Un peu à contre cœur, Calixte songea que c’était peut-être le moment de s’éclipser. La pensée de revenir dans le lieu accueillant, même pour travailler, était néanmoins réconfortante et passait un peu de baume sur sa morosité.
- En tous cas, merci de votre accueil à l’Aventurier Téméraire, fit-il/elle sincèrement à Devon Haragin. Il va falloir que je retourne à la Guilde, mais j’espère que vous n’hésiterez pas de me recontacter au besoin !
Il sortit sa bourse de cristaux pour payer son jus de pommes.
- Ou alors il va falloir que vous vous équipiez en tonneaux de jus de fruits, car je trouverai autrement le moyen de venir profiter de votre chaleureuse taverne et de son sympathique barman !
Même si cela lui serait moins amusant, Calixte pouvait tout à fait s’imaginer revenir sous les traits de Psolie – il n’aimait pas trop mélanger ses facettes et ses lieux de passage – simplement pour bénéficier de l’atmosphère agréable du lieu.
"Je sais! Ce sont des années d'entraînement pour parvenir à un résultat aussi exceptionnel! Vous n'imaginez pas le nombre d'heure de pratique pour un tel niveau de maîtrise!"
Un petit clin d'oeil venant appuyer le fait que je plaisante, comme si cela était nécessaire, plus tard et voilà que la jeune fille reprend son carnet de note. Je l'observe avec attention alors qu'elle inscrit une nouvelle note dessus qu'elle "m'invite" ensuite à prendre. Voici donc comment contacter la jeune personne? Parfait, bien-entendu ses explications sont parfaitement logiques et, de toute manière, je fais bien trop confiance aux gens pour me poser la moindre question! Je plie le petit bout de papier et le glisse dans la poche intérieure de ma veste, c'est sans nul doute possible l'endroit le plus sûr si je ne désire pas perdre quelque chose puisque ma veste de cuir ne me quitte que rarement! J'hôche la tête en signe d'accord, maintenant je sais comment la contacter et j'ai déjà signaler que je comptais le faire lorsque cela serait nécessaire alors je ne vois pas l'utilité de l'affirmer à nouveau. Je suis parfois un homme de peu de parole mais je suis surtout un homme qui va toujours droit au but et qui ne désire pas perdre du temps inutilement!
La jeune fille m'affirme ensuite devoir retourner à la guilde, me remerciant avec une sincérité visible pour mon accueille et je lui souris doucement, pour être honnête cela me fait de la peine de la voir partir si vite, sa curiosité et sa sympathie faisait de ma soirée une agréable soirée justement, cependant je comprends parfaitement que parfois, les affaires les plus urgente pressent notre pas. J'accepte donc les cristaux qu'elle me donne, après tout c'est tout de même mon commerce, et je lui fais un petit signe de tête comme une salutation avant de rire à sa dernière remarque.
"Tous le plaisir est pour moi Psolie, je n'hésiterai en aucun cas faites-moi confiance! De plus, vous pouvez bien-sûr revenir comme cliente et n'ayez crainte, à l'Aventurier Téméraire nous avons tout ce que vous pouvez demander! Si cela ne prend que quelques tonneaux pour vous revoir, j'irai en acheter doublement dès demain!"
Je ris doucement suite à mon affirmation même si, en réalité, je suis assez sérieux. Il y a des gens que l'on apprécie après une simple rencontre, Psolie en fait partie je n'ai aucun doute sur cette affirmation alors, cela serait réellement plaisant pour moi de faire de la jeune fille une cliente régulière de mon établissement. Je reprends le verre qui est sur le comptoir, le mettant sur le côté avec l'intention de le laver lorsque la jeune fille sera partie, je me vois mal le faire devant elle j'aurais l'impression de la chasser. Cependant, je me souviens qu'elle a affirmé devoir se rendre à la guilde alors, sans la presser, j'ajoute en souriant.
"En tous les cas, je vous souhaite une agréable soirée ma jeune amie, au plaisir de vous revoir dans mon établissement!"
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