L'inévitable était que tu allais te perdre dans ces montagnes. Et c'est ce qui était en train d'arriver. Autant la forêt ça allait, autant les montagnes tu ne t'y aventurais jamais. Tu n'avais aucune raison de le faire, après tout.
Il n'y avait rien dans les parages. Genre rien du tout... c'était déstabilisant. Il fallait que tu fasses quelque chose.
« Tutut... tutututut... » ... ??? Siffler comme un oiseau n'allait pas t'aider à retrouver ton chemin. Le mieux -ou le pire- qu'il pouvait t'arriver, c'était d'attirer l'attention d'autres piafs. Mais bizarrement, tu voyais autre chose au loin. Une silhouette humaine.
« Lilium veut savoir qui est là. »
Disais-tu, d'un ton aussi neutre qu'à ton habitude. Ton Gloot était perché sur ton épaule en train de regarder quelque chose semblant plus fascinant que jamais ; le vide. Navy n'était clairement pas d'une grande aide, mais au moins, il te tenait compagnie. Tu te sentais moins seule avec lui à tes côtés.
Tu avais utilisé ton don illusoire afin de camoufler tes cornes. Maintenant que tu savais qu'il y avait une personne dans les parages, tu préférais paraître humaine. Au moins un petit peu, ne serait-ce que pour t'en convaincre toi-même, et éviter d'être dévisagée aux moindres détails...
Aujourd’hui, tu étais un petit riboux, qui voletais à la recherche d’un champignon rare, ou du moins c’est ce que tu t’obstineras à dire si jamais on venais à te poser des question sur ta présence dans les montagnes. Perché sur une branche, tu observais ce petit campement perdu dans la forêt. Lorsque tu te trouvas comme happé, jurant plus fort que tu ne l’aurait voulu devant la surprise du moment.
-FUCCCCCK ! PAS MAINTENANT
Voilà comment tué une filature, bravo Zel ! Enfin, comme il ne verront personne à accuser, peut-être qu’ils se diront naïvement qu’ils ont déliré. Mais, c’est indéniable, les plus parano d’entre eux vont se mettre à psychoter. Du coté de ton corps, il avait continué de marcher en direction de la femme à la chevelure immaculé, ne s’arrêtant à aucun moment, aveugle à sa présence, comme si la demoiselle n’avait jamais existé, comme si elle n’était qu’un fantôme. Lilium va-t-elle réagir ou se laisser percuter ?
« Lilium a posé une question, aurais-tu l’amabilité de répondre ? »
Toujours rien.
Et le pire, c'était qu'il continuait d'avancer, le bougre. Il n'avait pas peur de toi, après tout, à part tes cornes sur la tête, tu n'avais rien de très menaçant. Enfin... tu pouvais aisément créer une menace visuelle autour de toi. S'il ne s'arrêtait pas, c'était ce que tu allais faire, parce qu'il n'avait vraiment pas l'air décidé à t'accorder de l'attention, ni à te contourner.
« Si tu ne souhaites pas répondre à la question de Lilium, aies au moins la décence de t'arrêter... S'il-te-plaît. »
Rien. Que dalle. Même pas un signe, ni même un gémissement. Il te voyait, puisque vos regards s'étaient croisés. Très bien, s'il était décidé à te tenir tête et à jouer au plus malin, il allait devoir défier plus fort que lui.
Un Warg noir venait d'apparaître derrière toi, prenant désormais place entre vous deux. Il n'allait peut-être pas s'arrêter pour toi, mais pour un loup des montagnes aux airs menaçants, allait-il le faire ? Un grognement émanait de la bouche de l'animal, un fond sonore factice qui raisonnait dans vos cerveaux perturbés par cette illusion bien plus que réaliste. Territorial et agressif lorsqu'il se sent menacé, le Warg n'était pas une créature que l'on tentait de déranger par pur plaisir. Tout citoyen qui se respectait connaissait cette information...
Oui, tu faisais une expérience avec ce type. Ce zombie sur pattes qui refusait de te répondre t'avait intrigué, mais il avait également éveillé un sentiment négatif en toi. Un sentiment que tu n'arrivais pas à décrire, ni à comprendre. Peut-être de la provocation, ou même quelque chose de vexatoire ? Tu avais l'impression qu'on te prenait pour une idiote, et tu n'appréciais pas trop, pour être honnête. Malgré tout, ton air restait neutre, et tu observais la scène, en te demandant comment il allait réagir face à son nouvel adversaire.
Un zombie, oui tu étais un zombie ! Les yeux à demi clos, vide de vie, tu déambulais droit devant toi, errant sans repère puisque ta conscience s’en été allé bien loin d’ici. Tu n’entendais Que des murmures incompréhensibles mais tu ne voyais rien ! Ta vue n’étais plus mais tes autres sens étaient loin d’être éteint, ils avaient même décuplé. Toucher, ouïe, odorat, gout, tout étais exacerbé en en ultime sens bien compliqué à cerner qui les associait tous, les combinait pour permettre au somnambule de tout percevoir en dépit de ne rien voir. Le problème c’est qu’un cerveau endormi a bien du mal à analyser et utiliser de manière complexe un tel point de convergence dans un afflux massif de perception, du coup… Cela donne le genre de marionnette que tu étais, se déplaçant de manière instinctive tel un prédateur chassant sa proie. Ton ouïe te révélait que dans cette direction tu trouverais une forme de vie, un guide, alors tu te dirigeait vers ce son sans savoir vers quoi tes pas te mener, sans même pouvoir te le demander d’ailleurs, tu n’es qu’une machine guider par l’automatisme de son corps !
Lilium aura beau crier, s’énerver, elle ne saurait te faire dévier de ce chemin invisible sur le quel tes pas étaient tous tracé ! Et son pouvoir, comment dire… Il aurait fallu que tu ais une activité cérébral moins primaire. C’est pas avec un cerveau sur veille et une conscience en grève hors du corps que tu vas être impressionner par le grand jeu des illusions de la reine mentaliste. Alors oui, traversant ce grand Warg noir comme tu avais l’habitude de traverser les murs et les humains dans tes rêves semi-réel (oui c’est compliqué okay ?!). Alors tu percutes inévitablement la jeune femme, et ton corps réagit dans la seconde. L’instant d’après tu la rattrapais de manière gentlemen avant de sortir une lame courte pour plaquer la lame froide de l’arme contre la nuque blanche de l’illusionniste. Quand soudain… Tu reviens à toi en hurlant -nécessairement au creux des oreilles de Lilium, sinon c’est pas drôle…-
-FUUUUUUUUUUCK
Et ta déception est loin d’être fini, lorsque tu comprends que tu es revenu à ton corps et que tu remarques que tu menace une jolie jeune femme, contre ton grés. Tu te mets alors à bafouiller ,en lâchant ta dague, des excuses que tu espérais suffisante car tu n’es pas d’humeur à expliquer une fois de plus ton pouvoir et sa complexité qui te rendait compliqué à cerner.
-EUH… Excuses moi, je suis somnambule… J-je voulais pas te menacer… Pardon ! Quand je m’endors j’ai du mal à me contrôler
« Lilium va te tuer. »
Ah. Oh, tu n'y vas pas un peu fort, là ? Lilium... pourquoi tu viens de le frapper ? Avec cet air toujours aussi dénué d'émotions... Il venait de dire qu'il ne voulait pas te faire de mal et voilà qu'il gisait au sol, laissant tomber une gourde par la même occasion. Tu t'étais penché pour la ramasser et sentir son contenu. Une odeur amère, mais plus agréable... Une boisson chaude ? Voilà que tu sirotais ce qui te n'appartenais pas. Tu n'avais vraiment aucun savoir-vivre, parfois.
« Du café ? »
Ce n'était pas étonnant. Souvent, les aventuriers traînaient du café ou d'autres boissons avec eux, un petit remontant quoi.
Enfin... aussi bizarre que cela puisse paraître, cette boisson t'avait remise sur les rails, et tes pulsions agressives avaient cessées. Tu tendais ta main vers le somnambule qui venait de décrédibilisé ton pouvoir. Tu lui en voulais encore, mais il ne l'avait pas fait exprès, n'est-ce pas ? Il fallait vérifier...
« Derrière toi. »
Maintenant que tu l'avais aidé à se relever, tu voulais qu'il voit à nouveau le Warg noir. Il était toujours là. Tu voulais qu'il le voit et qu'il réagisse. Le loup des montagnes s'approchait lentement, il grognait. Il allait disparaître dès que le zombie prouverait que tes illusions n'étaient pas bonnes qu'à être traversées nonchalamment. Comme c'était irrespectueux...