Ne me demandez pas pourquoi, je l'ignores totalement, mais aujourd'hui, plutôt qu'une veste ouverte sur mon torse, j'ai décidé de me vêtir d'un t-shirt noir, moulant mon torse musculeux mais surtout me donnant l'impression d'être totalement bloqué! Mes mouvements me semblent totalement limités par ma tenue! Certes, ce n'est qu'une impression, c'est un habit à ma taille et, dès lors, il ne pose aucun problème à mes déplacements mais, je me sens comme à l'étroit et c'est un sentiment que je déteste plus que tout! Sans compter que j'ai chaud! Quand on a l'habitude d'avoir le torse dénudé il faut avouer que le moindre contact d'un textile avec votre peau vous donne l'impression d'étouffer! Peut-être mon désarroi s'est-il fait ressentir? Peut-être mes clients du soir ont-ils comprit ma détresse? Ou, plus vraisemblable il faut l'avouer, ils se sont juste décidés selon leur propre évaluations de leur situation? Quoi qu'il en soit, je suis sortis de ma torture vestimentaire par le bruit de chaises que l'on frotte sur le sol! En effet, mes derniers clients sont en train de se lever. Ils passent devant le comptoir en m'offrant quelques salutations auxquelles je réponds pas un signe de la tête et, la porte se referme sur leur passage. Me voici seul dans la taverne alors qu'un silence de plomb tombe sur le lieu... Bien, il semble que je puisse mettre fin à mes activités pour ce soir mais, avant tout : Sortir de ce satané bout de tissu! Je commence donc à relever mon t-shirt avec difficulté, il me colle véritablement à la peau et, alors qu'il ne reste plus qu'à passer ma tête par l’encolure, un bruit que je ne connais que trop bien se fait entendre : La porte de la taverne grince légèrement pour s'ouvrir. Et merde! Il me faut quelques secondes pour redescendre mon t-shirt afin de cacher mon torse et voir qui vient d'entrer dans l'établissement.
Une gente demoiselle qui m'est inconnue? Bien-sûr, la vue d'une taverne vide et d'un barman semblant occupé à se dénudé comme première image pourrait chasser l'inconnue de cet établissement mais, je suis tout de même un professionnel! Il ne faut pas laisser une mauvaise première impression faire loi dans un commerce! Alors, prenant mon plus beau sourire, ce qui est paradoxale vu mon visage plutôt bourru, je lui indique de la main l'un des tabourets se trouvant devant moi au comptoir. Après tout vu le peu de monde présent, autrement dit juste elle et moi, il me semble que c'est l'endroit le plus judicieux pour qu'elle s'installe, si bien-sûr elle décide de rester.
"Bonjour et bienvenue à l'Aventurier téméraire! Veuillez me pardonner pour l'accueil mademoiselle, je vous en prie prenez place! Que puis-je vous offrir en cette belle soirée?"
Flashback : Mauvaise première impression vous dites?
Deux semaines passées à la capitale. La ville n'est pas familière à la jeune noble, mais elle semble bien s'y sentir: bonne nourriture et alcool à profusion, nouvelles rencontres à tous les coins de rue, combats d'arène et nuits agitées, c'est tout ce qu'il faut pour rendre heureuse une bonne vivante comme elle. Du moins, c'est l'idée qui la berce. Voilà plusieurs mois qu'une certaine frustration l'habite. Depuis sa mission à l'archipel, les aventures lui semblent légèrement vides... Son combat contre le jeune basilic a éveillé en elle plus qu'un désir, un besoin de sensations extrêmes, et il semble qu'aucun homme ne soit en mesure de lui offrir une rivalité exaltante. En effet, c'est avec lassitude et non vantardise qu'elle se plaint de la faiblesse des gens. Aucun signe du garde qui fut le dernier homme à l'avoir défaite en combat, il y a de cela des mois. Elle aimerait bien se mesurer à nouveau à lui, maintenant qu'elle a tant progressé, qu'elle est si équipée... Mais seules quelques bêtes aussi puissantes que terrifiantes arrivent encore à lui donner le sentiment d'être ridiculement faible et insignifiante. D'avoir à progresser encore. Car sous son armure écailleuse, elle se sent tristement intouchable, indestructible. Derrière ses longs et puissants membres marins, elle se sent indéfectible. Alors, encore aujourd'hui, elle revient de l'arène avec cette frustration de ne pas avoir trouvé ce qu'elle cherche. Elle erre dans les rues enjouées de la capitale en attendant de se décider sur la taverne qui aura l'honneur de l'alcooliser jusqu'aux petites heures.
Elle trouve. Quelques personnes enivrées sortent d'une charmante bâtisse, et elle se dirige vers la porte pour faire son entrée, dans toute sa splendeur. Son nouveau look d'aventurière lui sied bien, original et attirant l'attention. On dit qu'on reconnaît un aventurier au premier coup d'oeil, et elle ne souhaite pas échapper à la règle. De hautes bottes étroites et un pantalon serrant et élastique lui donnent une allure élancée et dynamique, et sa ceinture tient une cape raccourcie, qu'elle portait autrefois aux épaules, ajoutant un côté solennel et charismatique. Son dessus noir et la veste légère qui le surplombe laissent voir son ventre nu, décoré d'un tentacule d'encre noire provenant de son dos et semblant se diriger vers ses parties intimes. Son bras gauche est également dénudé dès l'épaule, lui aussi parcouru d'un tatouage tentaculaire. Celui présent sur son bras droit, en revanche, est caché sous une unique manche, donnant un style particulier. Un dernier tatouage enlace son cou, donnant l'impression de l'étrangler. Elle porte des mitaines purement décoratives, ayant un moyen bien plus efficace de se protéger du froid de par son pouvoir. Finalement, un couvre-chef portant l'emblème de sa famille se dresse fièrement sur son crâne, par dessus l'explosion capillaire qui lui sert de coiffure.
Un bébé griffroid s'accroche à son épaule droite, intimidé et curieux de ce monde qu'il découvre. De la taille d'un écureuil, il profite de ses premières semaines pour pouvoir escalader Arya avant qu'il ne devienne trop grand. Le petit lézard s'amuse à marcher le long de l'unique manche et tombe parfois en se rattrapant à la cape. Il ne se sert pas encore très bien de ses ailes. À l'instar de sa maîtresse, il balaye la taverne du regard en y entrant. L'aventurière hausse les sourcils en constatant que la pièce est bien plus vide qu'elle ne l'avait imaginé, et que le propriétaire des lieux est torse nu, arborant un buste musculeux et volumineux. Un vrai titan, plus de deux mètres à vue d'oeil. Il se dépêche de corriger sa situation en remarquant la présence de la nouvelle cliente. À sa demande, la satyre prend place sur l'une des places au bar, et répond à sa question en observant le corps de l'interlocuteur, du visage au plus bas qu'il lui était possible de voir. Elle a la vieille habitude d'analyser les gens.
- Un peu de compagnie, c'est un bon début... Ensuite, tout ce qui peut m'enivrer fera l'affaire. Je suis certaine qu'il y a une boisson que tu meurs d'envie de me faire goûter.
Comme toujours, le vouvoiement n'est pas de la partie. Une autre vieille habitude qui a toujours su accélérer la mise en place d'une ambiance familière et amicale. Une fois sa requête formulée, elle s'arme d'un sourire en coin et lève la tête pour plonger ses iris de sang dans ceux du colosse. Aujourd'hui, vu le nombre de candidats présents, il n'est pas difficile de deviner qui sera la proie de sa chasse journalière.
Elle s'installe, me répond et je ne peux m'empêcher de hausser un sourcil suite à sa phrase... Réellement? Suis-je légèrement troublé pour une raison inconnue ou est-ce que cette phrase est pleine de sous-entendus? Mon regard ne peut que s'encrer dans le sien alors qu'elle relève le visage et qu'elle arbore un léger sourire... Quelque chose me dit que cette soirée ne va pas être aussi calme qu'escompté! La demoiselle semble être un drôle de numéro en son genre mais soit, elle désire que je lui offre une boisson enivrante de mon choix? Fort bien, je ne suis jamais contre ce genre de petit jeu! Après tout, inutile de trop brusquer les choses, commençons en douceur. Je sors donc plusieurs bouteilles, surtout du jus en réalité, ainsi qu'une bouteille d'eau et commence à verser avec maîtrise et précision dans un shaker : un peu "d'eau" ou en tout cas un liquide qui reste clair, du sirop de melon, de nouveau de l'eau coulant cette fois-ci d'une couleur pourpre intense, du jus d’ananas et finalement, du jus de canneberges. Je mélange le tout, tel un véritable professionnel, et sort ensuite un verre tulipe que je pose devant la demoiselle avant d'y verser le contenu du shaker. J'ajoute une cerise confite en souriant légèrement avant de plonger mon regard dans celui de la jeune fille.
"Commençons donc en douceur mademoiselle... La soirée est encore jeune, inutile de trop s'enivrer tout de suite n'est-ce pas? Je pense que vous apprécierez ce "Sex on the beach"."
Après tout, il faut être deux pour jouer à un jeu, c'est toujours plus amusant. Quel serait l’intérêt de la laisser mener la danse alors que l'on se trouve dans mon établissement? Je suis parfaitement capable de répondre du tac au tac alors pourquoi m'en priverais-je? Je dépose mes deux coudes sur le comptoir, liant mes mains ensembles avant de déposer mon menton sur ces-dernières. Je ne quitte pas la demoiselle des yeux, la détaillant légèrement plus qu'à son entrée. Après tout, je peux faire semblant de rien mais, je sais qu'elle m'a également analysé précédemment! Je dois cependant avoué que, malgré moi, mon regard se pose à nouveau sur l'emblème. Je suis persuadé de l'avoir déjà vu et sa provenance potentielle ne colle pas vraiment avec la jeune cliente... Je secoue doucement la tête, comme pour chasser une idée et recule doucement mon visage, après tout ce n'est pas très respectueux de ma part de la fixer ainsi.
"Tout est à votre goût mademoiselle...?"
Encore une question tout à fait professionnelle, que je laisse cependant en suspens afin de lui laisser l'occasion de se présenter si elle le désire. Contrairement à elle je ne laisse pas tomber le vouvoiement par contre, non pas que je désire imposer une distance entre nous, c'est plus une question d'habitude de travail, ne jamais se montrer trop familier avec les clients, pas s'ils ne sont pas encore fidélisés à l'établissement!
Flashback : Mauvaise première impression vous dites?
Arya regarde la préparation se faire devant elle avant d'atterrir sous son nez. Lorsqu'elle glisse ses doigts sous le verre, elle en approche son museau pour humer l'odeur fruitée et légère de la boisson. Elle laisser échapper un petit rire du nez suite à la remarque du serveur, contente de voir qu'il entre dans le jeu. Pourtant, pendant quelques secondes, une pensée semble lui traverser l'esprit. Un vieux souvenir vient de remonter à la surface, tiré par une étrange synesthésie... Rapidement chassée.
Il adopte une position curieuse pour me regarder à son tour, perdant un instant le tact professionnel dont il semblait faire preuve. Mais le moment ne dure pas, et il se réarme en s'inquiétant des goûts de la jeune femme. Il est amusant. Elle pense à ce moment que la partie est déjà gagnée, comme si la route qu'ils venaient d'emprunter ne conduisait qu'à une unique destination. Sans doute l'homme ne s'en rendrait-il pas encore compte, mais déjà il s'embourbait dans la toile. Arya dépose le verre, déjà délesté de quelques gorgées, pour poursuivre la conversation.
- C'est "Arya", pas "mademoiselle". Nous sommes amis, laisse donc tomber ces formules. En trempant de nouveau ses lèvres dans le cocktail, elle mime une grimace visiblement artificielle. Mais il manque quelque chose...
Elle laisse le doute en suspens durant plusieurs secondes, comme pour laisser au gaillard le temps de s'interroger en faisant mine de chercher elle aussi. Mais avant qu'il ne propose quoi que ce soit, elle relève la tête et hausse légèrement les sourcils en revenant à son interlocuteur.
- Ton verre!
Si d'une part, il est triste de boire seule, l'alcool a aussi toujours été un bon moyen de faciliter l'entente et l'accès au lit - quoi qu'on entende par là, d'ailleurs. Le regard insistant, elle attend qu'il se serve à son tour, espérant qu'il ne dégaine pas une excuse bateau du genre "je ne bois pas pendant le service". Aujourd'hui, elle joue le jeu, car il lui arrive de porter l'amulette Okrot certains soirs. En effet, en protégeant des toxines, ladite amulette semble inhiber les effets de l'alcool... Ce qui peut se montrer bien pratique. Mais ce soir, l'objet est resté dans la chambre avec les armes et autres babioles inutiles. Il est agréable de voyager léger, parfois. D'autant qu'elle n'a pas vraiment besoin de ses lames pour se défendre...
Voilà qu'Azel se rapproche de son cou, probablement pour essayer de lui escalader la tête. Mais au-delà de ses petites griffes, la température corporelle du petit reptile compose un réel danger contre la peau. Non-désireuse d'attraper des engelures, Arya laisse apparaître des écailles violettes sur son cou, dont l'isolation thermique performante permet le contact avec le griffroid. La satyre lève sa main droite, elle aussi maintenant recouverte d'écailles, pour saisir le familier et le poser sur le tabouret d'à côté. De l'autre main, elle découvre son crâne et met rapidement le chapeau sur le même tabouret, de façon à enfermer l'animal bien qu'il n'y restera pas bien longtemps. Les écailles disparaissent aussitôt, et Arya laisse Azel jouer tout seul pour ne plus être ennuyée.
La noble aime parler, elle aime même beaucoup parler d'elle, elle a tant de choses à dire. Mais elle préfère attendre qu'on lui pose des questions pour ne pas paraître trop égocentrique. Puis, c'est mieux si l'homme en face donne l'impression de s'intéresser à elle.
Je vois, ainsi ma cliente du soir n'est pas décidée à boire seule? Et bien, il serait malvenu de ma part de lui fausser compagnie n'est-il pas? Je souris donc doucement avant de me saisir d'un grand verre, je prends ensuite la bouteille d'eau toujours devant moi et je me sers un plein récipient de... Et bien d'eau! Oh, je ne doute pas que cela risque de décevoir la belle mais que voulez-vous? Il faut bien se faire désirer, ce serait trop simple si j'accédais directement à toutes ses requêtes non? Mais plus sérieusement, je ne comptes pas lui mentir ou sortir une excuse aussi inutile que stupide, je vais juste faire preuve de la plus simple et grande sincérité pour expliquer ce choix de breuvage non-alcoolisé.
"Bien que ce ne soit pas l'envie de t'accompagner qui me manque, cela m'est impossible! Mon pouvoir est certes utile pour tenir une taverne mais il vient avec un énorme inconvénient : je ne tiens pas du tout l'alcool... Une simple gorgée et je ne serai plus en état de faire quoi que ce soit et je doute que ce soit ce que tu recherches..."
En effet, ceci est ma malédiction, condamné à servir de délicieuse boisson éthyliques sans jamais pouvoir y goûter. Aurais-je bu avec la jeune fille sans cette faiblesse ridicule? Sans aucun doute, après tout une conversation s'accompagne toujours bien d'alcool mais cela m'est impossible. J'observe ensuite la scène qui se déroule devant mes yeux avec une certaine attention : des écailles? Un pouvoir de transformation? Intéressant, c'est sans doute le genre de pouvoir qui aurait pu m'être utile dans ma vie passée, enfin... Je n'aurais sans doute jamais eu ma taverne avec un tel pouvoir alors, c'est sans doute mieux ainsi? Quoi qu'il en soit, la jeune fille dépose son animal sur le tabouret à côté d'elle avant de "l'enfermer" dans son chapeau. Naturellement, mes yeux suivent ce mouvement et je repose une nouvelle fois mon regard sur l'emblème qui orne le couvre-chef... Cette fois, je dois avouer que ma curiosité est une nouvelle fois mise à mal cependant, avant d'aborder ce sujet il convient de mettre une autre ambiance en place, puisque ma jeune amie ne dirige pas la conversation, je me décide à faire le premier pas.
"Dis-moi Arya, loin de moi l'envie d'être indiscret mais... J'avoue qu'il y a quelque chose qui m'intrigue et, de plus, j'aime connaître mes amis... Puis-je te demander ce que fait une jeune fille telle que toi pour gagner sa vie?"
J'avoue que ma question a ici plusieurs objectifs : bien-sûr, je désire surtout faire sa connaissance et en apprendre plus sur elle, après tout c'est présentement ma cliente ainsi que la compagnie de ma soirée, mais aussi je veux savoir si j'ai vu juste et si elle est aventurière ou pas car, si effectivement elle l'est, je pourrais ensuite en savoir plus sur la raison de cet emblème. Après tout, ce n'est pas tous les jours que l'on voit une aventurière avec le signe d'une maison noble avouons-le.
Flashback : Mauvaise première impression vous dites?
Une petite victoire s'annonce lorsque le serveur prend un verre, et le remplit... D'eau? Arya hausse un sourcil en écoutant ses explications. L'excuse semble trop grossière pour être sérieuse. Ce doit être triste de ne pas pouvoir profiter de l'alcool, mais peut-être que le pouvoir derrière en vaut la peine? L'indice est trop faible pour deviner. Cela dit, le noble se fit une remarque intéressante: le pouvoir semble dicter l'avenir des gens. La majorité des gens vont vers un métier facilité pour leur pouvoir, ce qui en soi, est assez logique. Plus étonnant, c'est à la garde que cet effet est le moins présent... Peu rassurant, quand on y pense. Même certains haut-gradés ne dépendent que de leurs capacités au combat nu ou armé. Pourtant, beaucoup de dons magiques suffisent aisément à dépasser ces aptitudes... Ironique.
L'aventurière se recentre sur la conversation: un tel gaillard qui ne tient pas l'alcool, c'est surréaliste. Mais une idée lui vient. Elle dispose depuis peu d'un atout dont elle se sert bien rarement. Un atout qui, à petite dose, peut très bien servir de substitut à l'alcool. Il aurait ses raisons de refuser un produit douteux venant d'une inconnue, mais c'est une offre qu'Arya se doit de faire. Puis, il n'aurait pas totalement tort de se méfier: si la jeune femme a choisi un tel atout, c'est avant tout pour que ses proies soient désinhibées.
- Je donne mon corps. Tu veux le prendre?
Elle garde un air sérieux plusieurs secondes, statique, avant de se mettre à rire et de terminer son verre. Est-elle seulement crédible? Elle n'a pas l'allure d'une prostituée, c'est un fait. Non, c'est elle qui choisit ses clients, pas l'inverse. En déposant son verre vide, l'avançant vers le barman pour qu'il s'en occupe, elle daigne répondre un peu plus sérieusement.
- Je n'ai pas besoin de gagner ma vie. J'ai un château au village perché, assez d'argent pour vivre le reste de ma vie dans le luxe et aucune descendance à assurer.
Les informations données sont suffisantes pour qu'un homme particulièrement cultivé devine de quelle famille elle vient. Il n'y a pas mille Arya qui ont un château au village perché à cet âge. D'ailleurs, il n'y a pas mille châteaux au village perché... En effet, la mort de son père étant récente, on pourrait faire le rapprochement sans trop de difficulté en étant bien au jus des rumeurs du royaume.
- Cela dit... La vie serait bien ennuyante si je me contentais de pourrir sur un fauteuil confortable, entourée de servants, de murs solides, de nourriture et de belles filles. Je m'occupe en voyageant et, récemment, en faisant des missions à la guilde. Bon, remet-moi quelque chose, je veux en voir de toutes les couleurs ce soir. D'ailleurs... Il se pourrait que j'aie quelque chose qui permette des effets similaires à l'alcool. Une occasion de se faire plaisir... Tenté?
Le ton devenait de plus en plus mielleux au fur et à mesure qu'elle parle. À côté, on entend le griffroid gigoter en essayant de trouver une sortie.
Je m'apprête à commencer un nouveau cocktail en écoutant le reste du discours de la demoiselle. De toute les couleurs? Fort bien, je crois que de toute manière je commence à cerner ma cliente et, si elle veut réellement que je lui offre cela je peux le faire sans la moindre difficulté. Tout d'abord je prends un shooter vide dans lequel je verse une première quantité "d'eau", je prends ensuite une autre bouteille d'eau pour y ajouter à nouveau de "l'eau" coulant bleue cette fois-ci. Je pose le shooter sur le côté, rince le verre tulipe utilisé précédemment et je verse dedans : Du sirop de grenadine, je remplis ensuite le verre de glace avant d'ajouter doucement dans l'ordre : du jus d'orange, du jus d'ananas et finalement le shooter. J'ajoute une tranche d'ananas sur le bord du verre, une paille, et je le donne à la jeune fille.
"Et un rainbow cocktail pour la belle!"
Moi? Prendre son affirmation de vouloir en voir de toutes les couleurs trop littéralement? Sans doute, mais je peux aussi m'amuser après tout non? Cependant, je n'ai pas encore répondu à son offre, je suis quelqu'un de prudent et je ne suis pas le genre d'homme qui se laisse manipuler sans aucune réaction alors, je ne vais sans doute pas me jeter dans la gueule du loup sans préparation! J'ignore ce que la noble aventurière désire mais je n'ai pas l'impression qu'elle soit là uniquement pour l'alcool! Sa voix mielleuse, ses blagues concernant le fait de donner son corps... Elle est plus dangereuse qu'elle ne veut le faire croire je n'ai aucun doute là-dessus et pourtant, j'avoue que le challenge à quelque chose d'attirant. Certes, ce n'est pas suffisant pour m'avoir, j'ai fait une sorte de vœu de chasteté à la mort de mon épouse mais je me demande ce qu'elle m'offre exactement. Je reprends appuie sur le comptoir, me penchant légèrement vers la jeune fille et plonge mon regard dans le sien. Après tout, autant jouer franc jeu non?
"Je tiens cette taverne depuis presque dix ans tu sais... Des effets similaires à l'alcool? Sur moi cela signifie surtout de vomir mes tripes et d'être à l'état de cadavre le lendemain, c'est ce que l'alcool me fait personnellement et, sur d'autre... J'ai vu des hommes ne rien ressentir, d'autres être incapables de se relever seul et d'autres encore ne se souvenir de rien le lendemain... Pourquoi ais-je l'impression que je ne tirerai rien de bon à accepter ton offre? Que veux-tu réellement Arya?"
Flashback : Mauvaise première impression vous dites?
Le barman semble avoir pris la demande au sens littéral lorsqu'il apporte à la jeune noble un cocktail plus coloré qu'une peinture. Il semble également fort prudent face à sa proposition, lui faisant part de ses craintes de manière bien franche. Il voit l'alcool comme n'importe quel non-initié voit l'alcool. Cette sainte boisson ne peut héas pas être entièrement comprise sans avoir été expérimentée convenablement, et la situation particulière du colosse lui bloque l'accès à cette expérience. Arya ne tarde pas à défendre avec ferveur cet alcool qu'elle aime tant. Adoptant la même position que son compagnon du soir, c'est avec une touche de sarcasme qu'elle répond.
- L'alcool m'a fait voir du paysage aussi, tu sais. Il m'a déjà fait vomir mes tripes. Il m'a déjà changée en cadavre. Il m'a déjà rendue zombie, il m'a déjà clouée au sol, il m'a déjà fait oublier des soirées entières... Et il m'a encore fait bien des choses, pourtant, je n'ai pas un seul regret, et je parie que tous ces gens que tu as vu diraient pareil. Tu ne t'es jamais demandé pourquoi les gens continuaient de boire tant qu'ils en avaient l'occasion malgré les effets indésirables? Ce serait trop facile s'il n'y avait que du positif. La gueule de bois vient avec l'alcool comme la blessure vient avec le sport, comme l'indigestion vient avec la gourmandise, comme la maladie vient avec le sexe... Enfin. Si le contre-coup de ton pouvoir ne fonctionne qu'avec l'alcool, tu n'as rien à craindre de moi.
Elle se met à s'avancer lentement, toujours en regardant Devon dans les yeux, pour rapprocher son visage du sien, jusqu'à sentir son souffle. Un air rebel donnant un certain éclat à ses iris sanguins, elle finit par répondre à la question qui lui était posée, d'une voix devenue suave.
- Mais rien ne t'y oblige, bien sûr... Tu peux tout à fait t'en tenir à tes principes, refouler des désirs primaires et regretter de n'avoir rien fait plutôt que de risquer de regretter d'avoir fait. Ou tu peux laisser couler... Te contenter de profiter des petits plaisirs de la vie, profiter du moment présent et de cette belle jeune fille qui semble vouloir passer une nuit agitée et en bonne compagnie...
Elle se retire tout aussi lentement, revenant à sa position assise pour enfin mettre les lèvres au verre fraîchement rempli devant elle. Visiblement, le degré était plus élevé qu'au premier verre. Tant mieux. Par une fente parcourant verticalement ses vêtements au niveau du dos, une protubérance écailleuse émerge, apparaissant à l'homme au moment de longer l'épaule de l'aventurière. L'extrémité du tentacule s'ouvre comme un bourgeon lorsque que les écailles qui le recouvrent s'hérissent, exposant ainsi de manière invisible des cnidocytes prêts à délivrer un venin aux effets dignes d'une fille comme Arya.
"Pourquoi continuent-ils de boire? Parce que l'alcool est une drogue voyons! Comme toute drogue, elle agit sur notre organisme et notre cerveau afin de créer une dépendance... Il est difficile d'arrêter de boire de l'alcool lorsque ton cerveau pense être en manque d'une substance qui lui est nécessaire... Quant à ta dernière affirmation... J'ai l'impression que j'ai plus à craindre de toi que de tout ce que l'alcool pourrait me faire Arya..."
Soyons honnête, j'ignores tout d'elle, elle se rapproche de moi, son souffle glisse sur mon visage alors que nos yeux semblent refuser de se lâcher... Je l'écoute de manière presque religieuse il faut l'avouer. Profiter de cette belle jeune fille? Pourquoi ais-je l'impression que ce n'est pas réellement moi qui profiterais de l'autre? Arya me donne l'impression d'être une chasseuse dont je ne suis que la proie. En étant totalement honnête avec moi-même, il faut avouer que l'idée est tentante, j'ai face à moi une demoiselle désirable qui sait parfaitement l'être et il est impossible d'affirmer que l'idée n'est pas attirante cependant... Elle se recule doucement pour venir goûter le breuvage que je lui ai offert, j'observe son visage un instant en soupirant doucement avant de remarquer le tentacule... Je n'ai pas réellement de doute concernant l'intérêt de la chose : Je suppose que c'est cela qui devrait m'apporter les effet de l'alcool sans le mauvais côté? Je secoue doucement la tête, j'ai fais un choix il y a bien longtemps et, je suis un homme de principes qui a sans doute faux sur de nombreux points mais... Que regretterais-je le plus le lendemain?
"Je suis un piètre menteur, il est donc inutile d'essayer de faire comme si de rien n'était. Il est vrai Arya que tu es une fille superbe, ce ne serait que mentir d'affirmer que ton offre n'a rien de tentant! Cependant... Je me dois de la décliner! Accepter m'apporterait sans doute une satisfaction immédiate et une "nuit agitée" mais que restera-t-il le lendemain si ce n'est les regrets justement? Je préfères passer à côté de cette occasion, même si elle est unique, mais rester en accord avec mes principes."
Mauvaise première impression vous dites?
La discussion devient un peu ennuyante pour Arya. Si elle a bien changé au cours des derniers mois, l'aventurière est toujours déçue de ceux qui se complaisent dans leur médiocrité. La médiocrité peut prendre bien est forme et à ses yeux, le simple fait de se tenir à des principes en est une. En revanche, cette fois, elle va épargner le barman de ses monologues philosophiques. Fini le temps du forcing. Si quelqu'un a le malheur de faire l'erreur de refuser une proposition unique, il vivra heureux dans l'ignorance de ce qu'il a raté. Fini de perdre son temps avec ceux qui n'avancent pas.
- Peu de gens souffrent de dépendance.
Le tentacule disparaît dans son dos, emmenant avec lui la chance offerte au géant. Au fond, elle ne lui en veut pas vraiment. En ce qui la concerne, il suffit de passer à la porte d'à côté pour trouver quelqu'un d'autre. La déception de cet échec sera rapidement oubliée.
- Qui sait ce que tu as à craindre de moi? Qui sait ce qu'il te serait resté demain s'il y avait eu prolongations? En tout cas, en s'arrêtant maintenant, on sait ce qu'il te restera demain: rien. Rien de plus qu'aujourd'hui, rien de moins. Voilà le seul aboutissement de tes principes: "rien".
Elle termine son verre, lentement, mais sans interruption, avalant une gorgée toutes les quelques secondes. Une fois le verre vide, elle laisse-celui-ci sur le bar et va rechercher son chapeau pour le remettre à sa place. Après avoir plongé sa main dans sa poche, la satyre retire une petite poignée de cristaux, suffisante pour payer les boissons. Elle quitte son tabouret en laissant la poignée à côté du verre pour rejoindre l'encadrement de la porte, rapidement suivie par le griffroid qui saute de son perchoir et réussi un bel atterrissage avec ses ailes. Avant de disparaître du bâtiment, elle offre un dernier sourire au géant.
- Vivre, c'est laisser entrer le diable lorsqu'il frappe à la porte.
L'aventure, c'est frapper à la porte du diable.
Bien-sûr je ne doute pas que cela n'est qu'un passage, les blessures peuvent toutes se guérir, il n'est juste pas encore temps pour celle-ci de cicatriser, j'ignore si cela arrivera un jour mais je sais que ce n'est pas dans les bras d'Arya que cela arriverait, elle croque la vie à pleines dents, elle vie d'aventures en aventures comme le veut la fougue de la jeunesse et ce n'est pas ce que je recherche, je ne recherche rien en réalité mais surtout pas cela. Je prends donc les cristaux qu'elle m'a laissé, les range à leur emplacement et lance juste avec un petit sourire.
"Merci d'être venue, j'espère vous revoir à l'aventurier téméraire..."
Je le pense, je suis sûr qu'elle et moi pourrions reprendre cette discussion une autre fois, lorsque je serai prêt ou lorsqu'elle cherchera autre chose, j'ignore lequel de nous deux doit changer pour que l'on puisse réellement s'entendre cependant, je n'y crois pas trop, la première impression est sans aucun doute la plus importante et je ne doute pas que cette fois, je n'en ai pas fait une bonne. Quoi qu'il en soit, elle quitte l'établissement, cette fois ma soirée est réellement terminée. Je remets mon établissement en ordre, ferme la porte et je rentre chez moi avec un léger arrière goût en bouche, ce n'est pas de la déception... Plutôt de la résolution, je suis résolu à ce que je suis et cela n'est pas forcément agréable mais je sais que je dois m'y tenir voilà tout.
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