"Quelle plaie..."
Cette pensé ne quitte pas l'esprit de Sig. Plus d'une semaine qu'il marche dans la neige et bien que le paysage est agréable, l'activité n'a rien de bien passionnant. Pister sa proie semble des plus complexe cette fois, déjà le terrain n'aide pas et la vivacité avec laquelle la créature se déplace, rend la poursuite coton. A chaque pas que fait le chasseur, la bête en effectue 10. Mais cette course poursuite prendra bientôt fin, demain est le dernier jour de marche si le vieille homme a bien calculé son coup.
Les jambes usées Sigurd décide cependant de faire halte, le soleil entamant doucement sa chute derrière l'horizon. Un petit renfoncement dans le flan d'une falaise sera un endroit idéal pour camper. Après avoir allumé un feu et dressé sa tente, le vétéran attrape une petit casserole qu'il remplit d'eau, la plaçant au dessus du feu, non sans y avoir préalablement plongé quelques morceaux de viandes séchés. Avec le froid sa bouffe est à moitié congelé, obligé de tout faire bouillir et autant dire que le gout n'est pas fameux.
En attendant que son repas soit prêt, l'ancien sort un carnet de son sac. Le bouquin contient le maximum d'informations sur son adversaire, sa taille, son poids, ses trajets, son régime alimentaire et bien d'autre. Sig a glané tout ce qu'il pouvait, en amont de son départ ainsi que pendant sa semaine d'observation.
Le contrat qu'il avait trouvé cette fois valait le détour, un groupe de montagnards avaient sollicités son aide, alors qu'il passait dans la région. Les gars étaient désespérés, leur gibier se fait massacrer par un nouveau prédateur, si bien qu'ils rentrent bredouillent de leurs chasses.
La récompense proposée est clairement insuffisante pour le risque de la mission, mais Sig n'est plus un jeune qui cours après les lauriers ou les bourses garnies. Non, si il a accepté c'est pour faire face à un véritable prédateur, une bête qui causera sa perte au moindre faux pas. L'ivresse de la chasse, une sensation que l'homme d'âge mûr ne cessait de rechercher, une excitation comme celle de ces jeunes années.
Pour coincer son ennemi, Sigurd s'est renseigné sur les zones où le gibier est abondant, le monstre qu'il traque ne chasse pas que pour se nourrir, ses massacres sont un jeu et lorsque ses jouet son cassés, son instinct lui fait ressentir irrémédiablement l'appel du sang. Hors sa prochaine zone de chasse est une foret au milieu d'une gorge encadré de hautes-montagnes escarpés, aussi pour sortir ou entré de cette gorge, un seul point de passage étroit est possible. Sigurd a alors profité de cela pour truffé la zone piège avec l'aide des montagnards. Une fois la bête affaiblis par ceux-ci, le chasseur lui bloquera la route et devra terminer le travail lame à la mains. Même usé son ennemi restera une menace mortelle et le vieillard s'est préparé en conséquence, arbalète, dague, épée, anesthésiant ainsi qu'une petite préparation à base de fange dont il a le secret, qui sera parfaite pour aveugler ou détruire l'odorat de la créature.
Mais il est l'heure de manger, la journée de demain s'annonce longue et difficile, peut être que cette nuit sera la dernière pour le vieille homme, autant en profiter.
Une averse, en ce temps de l'année ; elle avait verglacé les routes et les avait rendues impraticables pour les chariots. Nous avions dû abandonner une partie du matériel à Forteresse, voyageant léger lorsque, pour cette mission, il nous fallait pourtant tout notre équipement.
« - Vous êtes sûr que c'est...
- Sûr et certain, mon Lieutenant. La description donnée par les paysans colle parfaitement à la bestiole. »
La main sous le menton, je demeurais perplexe tout en observant les hommes défaire les charrettes et empaqueter les affaires les plus importantes. D'autant plus qu'on ne partait pas simplement en expédition cette fois-ci : chaque homme se devait d'être parfaitement équipé pour affronter la menace qui nous attendait, quelques kilomètres au nord de notre position.
Au total, nous étions une escouade de sept. Cinq hommes sur le pied de guerre que je commandai directement et une jeune médecin récemment affectée à mon unité, qu'il convenait d'emmener avec nous au cas où les choses se gâteraient salement. La petite rousse grelottait dans le froid et il était évident qu'elle n'avait décidément pas l'habitude de sortir ainsi. Après un temps passé à la regarder se dépatouiller maladroitement, je me rapprochai d'elle et lui offris mon aide, saisissant le sac qu'elle peinait à soulever pour le hisser sur son dos. Une minute après, l'affaire était réglée et seules les températures négatives continuaient de tourmenter notre protégée.
« - Je présume que cela fait longtemps que vous n'êtes pas sortie durant l'hiver, docteur ?
- Oh, c'est à dire que je ne suis pas d'ici à la base. Je viens du sud... Mais ne vous inquiétez pas pour moi, c'est juste une question d'habitude. Vous savez, le froid a de bons côtés aussi : ça nettoie les impuretés, comme on dit. »
Effectivement, on disait cela. Il était en vérité assez rare que des habitants de Forteresse tombent malades, mais bien souvent on mettait cela sur la robustesse naturelle de ceux qui vivaient dans la région.
Après un temps qui me sembla infini, les hommes eurent fini de s’apprêter et nous pûmes finalement nous mettre en marche. Notre destination était à une bonne journée de marche : la bête qui s'était aventurée outre la Frontière avait fini par rejoindre la route menant au Poste-Frontière et avait causé pas mal de grabuge cette dernière semaine. Nous avions dû nous organiser rapidement pour l'occasion et c'était ainsi que notre escouade était née.
« - Bien que vous soyez passée sous mes ordres, nous n'avons pas encore eu l'opportunité d'échanger, docteur...
- Vous pouvez m'appeler Merry. Et non effectivement ; il faut dire que je consacre plus de temps à mes études et à mes recherches qu'aux entraînements routiniers.
- Il faut dire que votre place n'est pas au combat. Toutefois, sachez que l'annonce de votre affectation m'a grandement réjouie. Voilà longtemps que je demandais à ce que le bataillon possède un médecin.
- Ce que vous me dites me touche beaucoup, Lieutenant, et je suis moi aussi heureuse de faire partie de votre compagnie. »
Voilà désormais plusieurs heures que nous marchions et je tuais le temps en discutant avec le docteur Sully, interrompant la conversation de temps à autre pour mesurer notre progression et tenir lieu de l'humeur générale. Non pas que j'étais aux petits soins avec mes hommes, mais je comptais bien à ce que tous ici reviennent en un seul morceau une fois le travail terminé.
Nous quittâmes finalement le chemin pierreux au bout de trois heures de route continue pour nous enfoncer dans l'épaisse forêt en contrebas des pics vertigineux. Même si nous avions une idée du périmètre à couvrir, celui-ci demeurait beaucoup trop important pour sept hommes, du moins sur une seule journée. Aussi décidions-nous de monter un campement provisoire, non loin de la route, pour la nuit qui commençait à tomber.
Tandis que quatre des hommes montaient les tentes, je missionnais le Caporal Briscot et la doctoresse pour venir avec moi inspecter les environs et récupérer du bois pour le feu : il s'agissait de ne pas s'installer à côté d'une tanière de grognours par exemple. Après quelques minutes de marche commune, nous nous séparâmes donc : les deux recrues allant vers l'Ouest alors que je poursuivais en direction du Nord.
Finalement, mon instinct s'était avéré correct, car en remontant un minuscule sentier en côte, je perçus rapidement de la fumée qui s'élevait jusqu'au ciel. Et, en grimpant un peu plus, je découvrais la raison d'un tel signal : un feu de camp sur lequel un vieillard faisait cuir son dîner.
Muette, je demeurai stoïque face à cette rencontre aussi inopportune qu'incongrue.
-Bon..."Bon appétit" comme on dit.
Mais quelques chose d’inhabituel vient perturber le festin.
"Des bruit de pas ?"
A l’entente de ce son, Sigurd se fige, attentif à ce qui va débarquer. Au cas où cela se révèle être une bête attiré par l'odeur de viande, il garde une mains sur son arbalète.
Mais il se détend aussitôt en voyant une jeune femme surgir. C'est pas commun de voir débarquer en pleine montagne une inconnu seule et en arme. Une aventurière qui s'est perdue ? En tout cas probablement pas quelqu'un qui en a après les possessions du vétéran, si c'était le cas elle serrait venu accompagnée.
Elle n'a pas l'air surprise de trouver Sigurd, en même temps le chasseur ne cherche pas vraiment à cacher sa présence, la région est quasiment inhabitée et les animaux n'ont pas encore appris à déchiffrer les signaux de fumée aux dernières nouvelles.
Mais la situation va vite devenir gênante si ils continuent à se fixer de la sorte, alors le vieille homme prend l'initiative.
-Bonjour ? Je peux savoir qui vous êtes ? Je m'attendais pas vraiment à recevoir de la visite au milieu de nul part.
Pourvu que la discussion ne dure pas, le vieil homme avait à faire dès l'aube demain matin et il n'avait pas encore terminé les préparation pour son équipement, l'enduit pour ses armes ainsi que divers matériel pour piège est encore éparpillé sur le sol.
« - Lieutenant Von Andrasil du Corps des Ours de Forteresse. Écoutez, la zone est en quarantaine, vous ne pouvez pas chasser ici. Je vais vous demander de pa-
- Lieutenant ! »
L'appel venait de derrière moi, en contrebas de la petite montée que j'avais gravi plus tôt. Je reconnaissais la voix fluette du Médecin Principal et devinai, sans le voir, la présence du Caporal à ses côtés.
« - L'un des hommes a trouvé une piste de la bête. Des traces montrent qu'elle s'est écartée de la route et a bifurqué vers l'ouest.
- Hmm... » fis-je tout en me calant le menton entre le doigt et l'index, les yeux rivés vers la petite marmite en fer qui relâchait des panaches de vapeur, au-dessus du feu.
Car nous n'avions pas beaucoup de temps pour rebrousser chemin et rejoindre le campement pour décider de la marche à suivre, je lançai simplement à l'inconnu :
« - Vous ne pouvez vraiment pas rester ici, faites vos affaires et rejoignez Forteresse aussi vite que possible. Ordre de la Garde. »
Sur ces mots, je me précipitai aussitôt à la suite du médecin et de mon échanson qui avaient déjà taillé la route. Les ténèbres s'étaient largement épaissies depuis notre départ du campement et il était clair que si l'un des soldats avait retrouvé les traces du monstre, c'est que celles-ci devaient être assez marquées pour être visibles même dans la nuit. Tout semblait nous rappeler que nous n'étions pas sur une simple traque de coeurl ou de warg, mais bien une bête venu d'au-delà des frontières.
Toutefois, après dix minutes de marches, je notais la présence de quelque chose qui se faufilait dans notre dos depuis un petit moment déjà, passant d'arbre en arbre. Et c'était un véritable coup de chance si j'avais perçu l'ombre la première fois, car celui qui jouait à ce petit jeu n'était clairement pas un novice.
« - Je croyais vous avoir ordonné de faire demi-tour ? » hasardai-je au chasseur en faisant volte-face en direction des arbres suspects.
"Compte là-dessus"
Partir d'ici ? Comme si le chasseur allait faire ça. Mais si la zone est en quarantaine surement que les empoté de la garde sont aussi sur le coup. Quelle plaie. Si ces idiots se lancent à la poursuite de la bête de nuit et alors qu'elle est en pleine forme, ils vont finir les tripes pendus au arbre.
Plus personne ne sait chasser correctement de nos jours. L'ancien soupir et prends son matériel avec lui pour talonner le petit groupe, en se faisant discret, mais après quelques instants la femme de tout à l'heure ne tarde pas à l'identifier. Le chasseur sort de sa cachette et n'hésite pas à répondre à la femme.
-La bête que vous poursuivez comme des idiots va vous découper si vous vous amusez à la talonner d'aussi près. Je la traque depuis des jours et croyez-moi que vous n'êtes clairement pas assez préparé ou expérimenté pour vous en occuper.
Le vieux fixe la gradée, si sa chasse capotait à cause de garde trop zélé, tout le plaisir serrait gâché.
-Je m'en fiche pas mal que vous y passiez, mais si ma proie goûte au sang humain, elle va surement changer de cap pour se diriger vers la ville la plus proche et tout mes préparatifs auront été inu...
Sigurd s'interrompu, sa mains se posant sur son arbalète, avec sa vue hors-norme, il a aperçu une silhouette se déplacer furtivement avant de disparaître.
-Chiure...
Le monstre est sensé à être a bonne distance d'ici, elle a fait demi-tour ?
La bête l'a bien eu sur ce coup, après quelques jours elle a du finir par comprendre que le vieux la poursuivait et a fait mine de se diriger vers son prochain garde-mangé. Si il était resté au camp elle lui serrait probablement tombé dessus.
Le vétéran reste silencieux, cette histoire sent mauvais. Il avait été probablement le seul à apercevoir la créature fureter avec son pouvoir, et le groupe de garde ne semble en effet pas très au fait de la situation.
Impossible de vaincre la la bête maintenant, il faut trouver un moyen de fuir. Mais la distancer n'est même pas envisageable. Sigurd a heureusement pris avec lui sa préparation à la fange, l'odeur infecte suffira à perturber les sens du prédateur assez longtemps pour se planquer, mais il ne faut pas rater son coup.
Plus aucun bruits nocturnes ne se fait entendre et l'atmosphère en devient extrêmement pesante. Mais le vieillard commence à la sentir, son cœur bat à toute vitesse, la douce ivresse de la chasse est de retour.
« - Ne faites aucun geste à moins que j'en aie donné l'ordre, » imposai-je à mes camarades, dont les regards semblaient eux aussi fouiller les environs à la recherche de l'objet de nos craintes.
Nous n'avions que très peu d'informations au sujet de la bête que nous chassions mais il était évident qu'à un nombre aussi réduit, il nous serait impossible de la neutraliser. Nous devions rebrousser chemin et regagner le camp illico.
Alors que je m'apprêtais à faire signe à mes deux compères de reculer lentement, je perçus un craquement entre deux arbres, devant nous. Progressivement, le chasseur nous avait rejoint et se tenait devant nous, immobile, mais pourtant bien plus alerte que nous l'étions tous.
« - Nous possédons un campement plus au sud où se trouve du matériel et des hommes. Il nous faut fuir... »
D'abord stoïque, l'homme accepta de nous suivre et commença a poser un pied derrière l'autre. Les bruissements dans les fourrés aux alentours s'accentuaient toutefois et quelque chose semblait se rapprocher depuis notre ancienne position ; nous ne la voyions pas, mais nous pouvions encore l'entendre... Petit à petit toutefois, notre vitesse s'accéléra et bientôt nous nous retrouvâmes tous les quatre à courir. Quelque chose nous coursait à présent, invisible, guettant son repas et avançant à la même vitesse que nous, sinon plus lentement.
« - Cette bête ne nous chasse pas, elle nous traque. Elle sait que là où nous la menons, le festin sera plus important... »
Était-ce une chance ou bien une malédiction ? Il fallait que les hommes soient prêts à nous accueillir car, proies que nous étions, nous apportions la mort à nos trousses. Je poussai légèrement le Caporal Briscot pour l'inciter donc à aller plus vite, lui demandant :
« - Allez avec la Miss au campement prévenir les hommes pendant que nous essayons de gagner un peu de temps. »
Après m'être assurée que le message était bien passé et vu les deux jeunes recrues accélérer soudainement, je m'arrêtai, bientôt suivie par le chasseur qui n'était pas resté sans rien faire durant ce temps, l'arbalète désormais armée.
« - Mes hommes se trouvent à dix minutes à pieds d'ici, il va falloir l'occuper pendant ce temps... »
Et ce quand bien même la bête était toujours dissimulée... du moins jusqu'à ce qu'un grognement se fasse ressentir à quelques pas de nous et que l'air commence à se charger d'une odeur nauséabonde.
[b]NDLR : Je clôture le RP comme vu avec Sigurd, incapable de RP jusqu'à nouvel ordre.[b]
L'ambiance était tendue. Dos au chasseur, je me tenais immobile pendant un temps qui me sembla infini. La bête semblait toujours nous toiser depuis sa cachette, mais ne bougeait pas. Elle attendait, sans trop que nous sachions pourquoi. J'avisai finalement les ténèbres qui s'épaississaient et usai de mon pouvoir pour éclairer les alentours ; cela eut visiblement un effet des plus efficaces sur le monstre qui nous coursait. Alors que la lumière émise gagnait en puissance dans ma main et ricochait sur les troncs des arbres alentours, le prédateur lâcha un rugissement rauque et plaintif.
Comprenant là que je possédais un moyen efficace de nous faire gagner du temps et saisissant la position de la bête grâce aux bruits qu'elle émettait, j'accentuai l'intensité lumineuse et la taille de l'orbe au prix d'un effort énergétique important. Si bien qu'après deux minutes, l'éclat dans ma main illuminait toute la zone, servant de signal à ceux qui étaient à nos trousses, non loin. Avançant lentement en direction de la menace, je la poussai ainsi à battre lentement en retraite.
Puis des bruits de pas m'informèrent de l'arrivée des renforts. Bientôt, des flèches passèrent au-dessus de ma tête, finissant à quelques pieds de moi, là d'où provenaient les hurlements.
À l'image d'une battue organisée, nous continuâmes à repousser le monstre ainsi pendant vingt minutes, si bien que j'étais à bout de force lorsque celui-ci battit définitivement en retraite, blessé et apeuré. Certes, cela n'avait pas été une victoire écrasante et l'ombre était loin d'avoir fini de nous causer du tort, mais c'était une bataille que nous avions remportée aujourd'hui et qu'il nous faudrait continuer à mener le lendemain.
Rejoignant le camp avec le chasseur, nous nous reposâmes donc pour la nuit. Ultimement, Merry raccompagna le civil à Forteresse tandis que nous poursuivions les recherches le lendemain, à l'aube, seulement pour découvrir des empreintes sur le sol mêlées au sang de la monstruosité blessée qui, après quelques jours de pistage, nous informèrent de son retour par-delà le Gouffre. Peut-être s'agissait-il d'un jeune individu qui venait d'apprendre une leçon importante et y réfléchirait à deux fois avant de s'aventurer à nouveau dans le Royaume à présent ?
Finalement, car la mission était dûment remplie, sans la moindre perte, nous levâmes le camp. Par la suite, je continuais toutefois longuement à m'interroger sur la façon dont la bête était parvenue à passer la frontière...