Le royaumed'AryonForum RPG light-fantasyPas de minimum de ligne
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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Red et Bridget se transforment en instructeurs de la Garde de la Forteresse pour une journée, en compagnie d'une véritable instructrice...

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    A une journée de cheval de la Capitale, aux abords d'une petit village quelconque, un véritable massacre a eu lieu. Dans les décombres, on trouve pas moins d'une demi douzaine de corps, morts avant l'arrivée du feu. Que s'est-il passé exactement ? Qui a fait tout cela ? Personne n'en sait rien mais chose encore plus étrange : de longues heures après l'événement, un mist blanc à la crinière bleu y a été vu avant d'en repartir aussi vite. Autant dire que cet événement peu commun soulève bien des mystères...En savoir plus...
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    Armes soeurs
    Mysora WeissCroque Chance
    Mysora Weiss
    Informations
    Armes soeurs
    Dim 15 Déc 2019 - 21:04 #
    Armes soeurs Mysoco11


    Une lame ensanglantée, des cris d'horreur, l'affolement, l'agitation, la peur... La pièce se vide rapidement dans le chaos le plus total. Les moins courageux se bousculent, s'écrasent, enjambent leurs camarades tombés au sol lorsque d'autres tentent de ramener un semblant de calme chez leurs congénères. La cohue est si spectaculaire qu'elle en devient captivante ; et pourtant, les yeux de l'assassine ne peuvent se détourner de l'objet de son attention. Une seule personne, une seule individu restée là, devant elle, imperturbable. Ce n'est pas son audace, ce n'est pas son héroïsme, ce n'est pas une volonté de se mettre en travers du chemin d'un meurtrier qui l'impressionne. Ce n'est pas non plus cette énergie qui la survole, faisant virevolter les mèches de ses cheveux et parcourant son corps sans qu'elle ne semble en éprouver la moindre gêne. Ce n'est pas sa posture ni l'évidence qu'elle n'est pas qu'une simple noble...


    Ce sont ces longs cheveux, la couleur de ces yeux, ces prunelles, ce visage aux traits si similaires aux siens. Un miroir lui fait face et si son reflet n'arbore pas la même expression qu'elle, il lui reste en tout point identique. Dire qu'elle est magnifique serait-il se vanter ? C'est pourtant ce qu'elle est et cela ajoute à l'hésitation que ressent Mysora en cet instant. L'inconnue parle enfin, semble lui adresser la parole, mais rien ne parvient jusqu'à elle. Son visage est caché : s'il ne l'était pas, la femme constaterait sans aucun doute son air dérouté. Non, s'il ne l'était pas, elle serait elle même décontenancée...


    Toute animosité dissipée, ce n'est que lorsqu'elle sent l'arme dans sa main échapper à ses doigts qu'elle réagit à nouveau. Par réflexe, elle se penche pour saisir la lame avant que celle-ci ne heurte le sol et son adversaire y voit, à raison, un geste agressif. Avant que son regard ne recroise la femme devant elle, un éclair s'écrase à ses pieds, ne laissant derrière lui qu'une marque noirâtre d'où s'échappe une légère fumée chaude. Instinctivement, elle saisit le cadavre au sol pour se protéger d'un second projectile puis laisse retomber lourdement celui-ci sur le sol. Empoignant fermement sa dague, elle réduit en quelques foulées la distance qui la sépare de l'autre combattante et bondit pour lui asséner un coup décisif.


    ◄►


    « Devant témoins ? N'est-ce pas un peu trop audacieux ? Que faites-vous des gardes du corps, de la garde, des personnes possédant un pouvoir qui pourrait potentiellement me nuire ? »

    Mysora se tenait debout, face au bureau du commanditaire. Plusieurs autres personnes, installées sur des chaises collées au mur, la fixait silencieusement. Aucun n'aurait été assez fou pour interrompre l'homme face à elle, lui même assit dans un fauteuil bien plus remarquable que celui de ses compagnons. Suite à la remarque de la demoiselle, il se mit à rire grossièrement. Il s'interrompit après un petit moment, s'étouffant et peinant à reprendre sa respiration. L'âge et le surpoids ne l'aidant en rien...


    « Ses hommes sont avant tout les miens, ils sont grandement satisfaits des petits... "Bonus" que je leur transmets ces derniers temps. Vous savez, l'argent en ce monde est bien plus important que l'honneur et le courage. Plus puissant qu'une épée, plus influent que les mots. Ils s'enfuiront, comme tout ceux qui seront présents à cet événement. Croyez-vous un seul instant qu'un noble risquerait sa vie pour faire face à un assassin ? Ma fille, n'ayez crainte. Vous le tuerez devant tout ses invités, vous ferez passer un message. Personne n'est à l'abri, pas même au beau milieu d'une foule. »

    Tout en parlant, il sortit d'un tiroir une bourse qu'il vint déposer devant la rouquine.

    « Une patrouille de la garde ne devrait pas être un soucis pour vous et je suis persuadé que vous êtes qualifiée pour venir à bout d'un petit imprévu, s'il venait à y en avoir. J'ai raison ? »

    « Rien ne perturbera vos plans, si la chance vous sourit. Je sais que la mienne ne me fera pas faux bond. » conclut-elle en saisissant la bourse.

    Congédiée, elle fut invitée à sortir par quelques sous-fifres avant de, sereinement, rentrer au domaine Veriano. Un jour de préparation n'était pas de trop pour un tel contrat...
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Re: Armes soeurs
    Mar 24 Déc 2019 - 11:09 #
    « Ma Dame, vous ne pouvez pas… »

    Elle rit, chatoyante et lutin des forêts tout à la fois, un bruissement de jupon dans la vaste cuisine dont elle était propriétaire. Elle goûta les saveurs de la crème du bout de l’index, les yeux rieurs sous le courroux de sa gouvernante. Elle eut un soupir vaniteux, pour une fois ravie de sa préparation.

    « Goûtez donc Malika, je suis certaine que vous saurez me proposer encore quelques pistes d’amélioration ! »

    La dénommée Malika esquissa un recul plus qu’explicite. La tambouille préparée par la maîtresse de maison n’avait rien d’une œuvre pâtissière et le mélange nauséabond trônait dans une débâcle d’instruments de cuisine et d’ingrédients torturés. Pour autant, Luz était heureuse. Heureuse à folâtrer d’un pas dansant parmi les commis dans la lumière paisible de l’après-midi. Il y avait bien des raisons à cette bonne humeur – mais le temps était doux, la chaleur de la maisonnée suave et entraînante, et la soirée s’annonçait peuplée. Malika lui retournait néanmoins pour l’heure un regard profondément désapprobateur. Les filles s’étaient attelées à la préparation de sa tenue durant plusieurs heures, et leur étincelle de patronne s’amusait désormais à recouvrir le fin maillage de dentelles et de perles de son corset d’une couche de farine. Personne n’avait vu noble héritière si indisciplinée !

    « Votre calèche n’est que dans une heure, laissez-moi au moins rajuster vos mèches folles… »

    Oh, Luz comprenait sa tension. Elle n’était revenue au sein de la Capitale que depuis une poignée de mois et n’avait guère orchestré de réelle apparition publique. Mis à part à l’hippodrome des Veriano, Luz avait passé le plus clair de son temps à battre le pavé, à repeindre et réformer la demeure familiale… Les artisans étaient d’ailleurs toujours présents et le son mat d’un marteau résonnait par instant dans le bruissement affairé de la journée, très vite suivi des grognements des jardiniers dont la tâche était de confier une nouvelle vie au parc de la maison. Il était grand temps de s’extraire de ces multiples tâches harassantes et Luz avait fini par accepter l’invitation polie mais amicale d’un ancien ami d’enfance. L’homme s’était marié récemment et jouissait d’une importante position commerciale dans l’alcool. Elle conservait un bon souvenir de lui et ne rechignait pas à l’idée de revoir peut-être des figures qui ne lui avaient pas été inconnues durant plusieurs années.

    Elle fit signe au cuisinier que sa préparation était prête et quitta sur ces entrefaites les cuisines. Elle sélectionna quelques bons crus dans la cave à vin et demanda aux domestiques de préparer tout cela pour son prochain déplacement, tâchant d’avancer malgré les mains intrusives de Malika dans sa chevelure. Cette soirée promettait d’être enthousiasmante !

    ◄►

    La nuit avait recouvert l’endroit d’une obscurité ouatée et paisible, éclairée de ci de là de lanternes et de torches délicieusement disposées par l’hôte des lieux. Les fenêtres luisaient d’un éclat vif dans la nuit et la rumeur des rires, des conversations et de la musique se faisait plus prégnante dès lors que l’on posait un pied sur le carrelage frais de l’entrée. Un majordome avait récupéré ses présents pour les faire disparaître en cuisine –probablement à tout jamais pour sa tarte- et elle redécouvrait avec élancement le pétillement du champagne et le rire facile des lendemains lointains. Ses cheveux flammes avaient été relevés sur sa nuque en un soigneux chignon faussement détendu, ourlés de plusieurs perles discrètes. Ranly était tout aussi charmant ce soir et sa femme désireuse de l’accueillir convenablement : ils avaient tâché, à deux, de réintroduire Luz parmi les siens comme une vieille amie perdue la veille seulement.

    La musique s’était tue depuis quelques minutes et Ranly trônait désormais sur une petite estrade, à la tête d’une foule de convives attentifs. Il tenait haut son verre de champagne, souriant et confiant dans cet univers si commun pour lui. Pendant quelques interminables instants, plus personne ne prêta attention à autre chose que la jolie couleur bleue de son uniforme et le pétillement de la boisson dans son verre de cristal. Les esprits étaient légers et embrumés d’une candeur insidieuse, immortelles âmes que la fête avait empoisonnées de son doux parfum de superficialité…

    Oui, elle se remémorait cela, de ces détails cinglants, face au corps sans vie et ensanglanté de Ranly sur son estrade. Séparée d’elle et de soins éventuels par une ombre svelte qui la dévisageait présentement, saisie peut-être par on ne savait quel nouveau plan retors. Les fuyards les contournaient comme d’étranges rochers dans le courant d’un fleuve immuable, et les deux duellistes auraient pu être de mousses si elles n’avaient pas fini pas esquisser un geste. Lentement, presque avec défi, Luz ôta ses talons, la plante de ses pieds nus bien à plat sur le sol. Elle ne se sentait pas effarée, en proie peut-être à une colère persistante pour ce lointain ami qu’elle n’avait pas réellement connu. La robe serait un inconvénient non négligeable, mais pourrait vraisemblablement lui épargner des coups prompts de couteaux…

    Elle s’embrasa. Ses prunelles se parèrent d’une teinte mordorée métallique, un feu vivant d’éclairs torsadés sur sa peau dans un vrombissement qui ne laissait guère de place au doute. L’inconnu –elle ? Lui ?- n’avait pour sa part activé aucun joker…

    ◄►

    Elle n’était parvenue à esquisser ce coup que de justesse. L’inconnue, car c’était une femme elle l’aurait juré, était constituée d’eau et était plus versatile et mouvante qu’une foutue brume matinale. Son corps, beaucoup plus entrainé que le sien aux morsures, ne cessait de venir la houspiller et de la harceler de pas dansants, la lame de rasoir poussant Luz dans ses retranchements. La salle de danse était vaste et vide. Des débris jonchaient d’ores et déjà le sol et les deux femmes se lorgnaient et se contournaient comme deux louves aux abois. Peu persuadée qu’une professionnelle se laisserait avoir par un stratagème aussi basique, Luz tenta une diversion orale. Sa voix ne fut qu’un mince grondement presque craché aux pieds de la meurtrière :

    « Tu es allée trop loin assassine, j’espère que ton commanditaire te paye bien pour ce sacrifice en public ! Pourquoi tuer un pauvre bougre qui ne faisait que gérer sa propre compagnie sans embêter personne ?! »

    Elle prit son élan, envoya d’un savant coup de pied les débris de verre qui trainaient au sol au visage de l’inconnue. La lame la frôla en retour, dessina une ligne cuisante à travers le tissu. L’électricité claqua dans l’air, rebondit étonnement à quelques millimètres de son agresseur sans parvenir à la toucher. Elles tournèrent, échangèrent leur place d’un bond et se ré-écartèrent d’une détente. Les restes de sa robe encombraient ses mouvements et ne cessaient d’intervenir dans ses tentatives. Avait-elle jamais été aussi poissarde… ?

    « Je vais t’arracher ce foutu masque… Si tu veux assassiner quelqu’un, fais-le au moins en plein jour ! »
    Mysora WeissCroque Chance
    Mysora Weiss
    Informations
    Re: Armes soeurs
    Mer 25 Déc 2019 - 3:13 #
    Armes soeurs Mysoco11



    « Vous partez en ballade nocturne, ma Dame ? »

    Elle soupira, mesquine et diablotin tout à la fois, un froissement de cuir dans le sombre espace qui lui était alloué au manoir Veriano. Elle enfila ses gants, releva ses cheveux sur sa nuque en un chignon négligé et noua un morceau de tissu autours de son visage, n'y laissant visible que ses deux prunelles. Elle eut un rire sarcastique, prête à se risquer dans une folle mission pour laquelle elle n'avait eu que peu de préparation.

    « Vous avez l'oeil Rebecca, j'ai besoin de prendre l'air. Je compte sur vous pour prévenir notre bon seigneur de mon absence ce soir. »

    Elle n'attendit pas de réponses de la conseillère et la dépassa, rejoignant l'étage sans se soucier de la présence - ou non - de domestiques dans la pièce principale. Mysora vérifia qu'aucun de ses "outils" de travail ne lui manquait puis, le plus sereinement du monde, franchit la porte d'entrée du domaine. Bien qu'elle ne semblait pas inquiéte d'être apercue dans cet accoutrement, elle décida de se faufiller dans l'obscurité dés qu'elle en eut l'occasion avant d'escalader la muraille qui séparait les jardins du domaine Veriano et le monde extérieur. Elle joua les funambules jusqu'à se rapprocher d'un toit proche qu'elle rejoignit d'un puissant saut : d'ici, il n'était pas difficile d'atteindre d'autres structures en hauteur et l'occasion d'y courir se présenta même à plusieurs reprises. Personne n'aurait jamais vu noble si téméraire !

    Après plusieurs minutes de trotte elle s'arrêta un instant. Au loin, unique en son genre, une gigantesque bâtisse repoussait la noirceur de la nuit à coup de torches et lustres. On y apercevait parfois des ombres dansantes, chantantes, s'amusantes... La vie semblait s'y épanouir sans qu'aucun des soucis du quotidien ne vienne la troubler et nul doute que les convives ne s'étaient pas préparés à ce qui allait suivre, plus tard, en cette soirée festive. Elle sourit à cette seule pensée, satisfaite du futur pavé qu'elle jeterait dans cette mare bien trop tranquille à son goût. La vie de tant d'individus mise en lambeaux par simple caprice d'un homme un peu trop fier, pour le plus grand bonheur de l'assasine...

    Elle se remit en route, ombre parmi l'ombre, le coeur encore palpitant de ses élucubrations macabres. Ses enjambées la menèrent enfin sur place, plus rapidement qu'elle ne l'aurait pensé. Bien qu'elle n'ait pas la moindre idée du programme de Ranly, sa cible, la voleuse ne s'inquiéta pas de la probabilité d'avoir raté le discours de celui-ci ; et même si par malheur celui-ci avait déjà eu lieu, il y avait fort à parier que d'autres opportunités de l'assassiner sous les yeux de tous ses invités se présenteraient. Il n'y avait plus qu'à pénétrer dans le bâtiment et attendre le moment propice...

    Elle se faufila sans difficulté par l'une des nombreuses fenêtres de la villa après en avoir atteint les murs et tomba nez-à-nez avec l'un des protecteurs de sa future victime. Leurs regards se croisèrent un instant avant que celui-ci ne détourne simplement les yeux, comme s'il n'avait fait face qu'à une hallucination. Les pots-de-vin du commanditaire semblaient faire leurs effets... Elle continua son chemin, ne trouva aucun indésirable sur sa route et tomba sans problème sur l'estrade où un discours, s'il devait y en avoir un, serait certainement pronnoncé. Alors elle attendit, camouflée dans une pièce voisine, la porte légèrement entrouverte. C'en était presque trop facile, commença-t-elle a penser. Après d'interminables minutes d'attente, arriva finalement l'objet de sa venue, un verre à la main et en uniforme reluisant, sa femme à ses cotés. Le moment propice semblait se rapprocher : il consistait à attendre que le discours soit entamé, que l'attention de tous et toutes soit portée vers son unique personne et que la joie et l'admiration naissent dans les yeux de tout les nobles présents. Alors, et seulement alors, la lame transpercerait plus d'un seul homme. Si tout se déroulait selon son "plan", il n'y aurai pas qu'une seule victime ce soir.

    Là, maintenant ! La porte s'ouvre sans la moindre discrétion, sa main vient saisir la dague cachée dans ses bottines et son corps s'élance à vive allure. Le sort de Ranly est scélé, il n'y a plus de retour en arrière possible désormais. L'ombre surgit trop vite pour que quiconque ne puisse intervenir et le bel uniforme bleu arbore bientôt d'une nouvelle teinte...


    ►◄


    La demoiselle flamboyante esquiva le coup, preuve s'il en est qu'elle n'était pas une simple noble ; d'autres en comparaison étaient tout juste bonnes à défiler sous leurs plus belles parrures pour s'attirer les faveurs de la gente masculine... Cette personne était bien différente et succitait chez Mysora un brin d'admiration : elle semblait de celles et ceux pour qui la noblesse n'est qu'un titre, un héritage, et non un mode de vie. Ses bras étaient bien plus robustes qu'une femme lambda, sa façon de se mouvoir précise et réfléchie, sa position tenace et ses yeux ne trahissaient pas la présence d'une once de peur. Elle appartenait au même monde qu'elle. Mais il n'était pas l'heure d'admirer son adversaire et malheureusement, celle-ci semblait déterminer à vouloir se mettre en travers de son chemin...

    Tant pis pour elle, pensa la voleuse, serrant à nouveau la lame dans sa main pour un nouvel assaut tandis que l'autre se lançait dans une tirade. Bien qu'elle ne prêta pas attention à ses paroles, le geste que celle-ci enchaîna fut suffisament surprenant pour décontenancer la rouquine, la dague frôlant alors le corps de l'inconnue sans provoquer la moindre blessure. Un éclair vînt aussitôt la frôler, l'évitant de justesse avant de s'écraser au sol. Elle s'éloigna de quelques pas puis s'ensuivit un échange singulier, calme et pourtant opressant, interminable. Cela n'avait plus rien d'un combat... C'était une danse macabre.

    La femme de foudre reprit la parole avec, cette fois-ci, toute l'attention de son interlocutrice. Arracher son masque ? Si elle avait su... Quelle folie ! La pauvre n'avait pas la moindre idée, et ce serait d'ailleurs un atout formidable au moment venu : elle semblait coriace et Mysora ne désirait pas s'attarder en ce lieu. Aussi aurait-elle certainement besoin d'un effet de surprise lors du combat afin de le faire tourner à son avantage. Elle n'hésiterait pas à se servir de la stupefaction de la combattante pour lui enfoncer sournoisement la dague dans la poitrine et se débarasser d'elle une bonne fois pour toute. Il ne restait plus qu'à créer l'opportunité.

    Les deux adversaires continuaient à tracer un cercle parfait, conservant leurs distances dans une posture défensive - certainement pour mieux répliquer à une future attaque. Une modification presque impecerptible de l'assassine lui permit toutefois de se retrouver, après quelques tours sans le moindre échange de coups, non loin du corps sans vie de Ranly sur l'estrade. Elle escalada celle-ci d'un bond, brisant l'harmonie qu'elles avaient installé jusqu'alors puis se rapprocha de la carcasse. Retournant l'homme à l'aide de son pied sans le moindre respect, elle vint s'asseoir sur celui-ci et placa la lame sur la peau du défunt noble, traçant une ligne ensanglantée sur son trajet sous les yeux de l'autre femme.

    « En plein jour, de nuit, seul ou au beau milieu de la foule, homme, femme, enfant. Quelle différence ? Les faibles meurent, peu importe les circonstances. » répondit-elle tardivement, continuant à souiller le corps de sa victime sous les yeux de la noble. « Ton destin ne sera pas bien différent, si ce n'est que tu mourras à l'abri des regards. »


    [HRP : désolé pour les fautes et tout le reste, je corrigerai demain, mais je voulais poster ça comme un ptit cadeau de nowël ! Huhuhu]
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Re: Armes soeurs
    Dim 12 Jan 2020 - 23:12 #
    « C’est un ch’val, Ovöoni ? »

    Elle retourna l’objet entre ses petites mains, tâtonnant contre la matière rugueuse du bois. Le minuscule destrier arborait encore les quelques tranches qui l’avaient forgé, parfaitement lisse sous la pulpe de son pouce. Les veines de la matière végétale avaient été recouvertes de patientes corolles de vernis et la figurine d’hêtre et de merisier arborait à présent de somptueuses nuances diaprées. Luz n’avait jamais vu pareilles couleurs, ses grands yeux d’opales dévorant la matière dans l’espoir d’en percer le secret. Elle battit des cils, manqua se renverser sur elle-même, toute absorbée dans sa contemplation stupéfaite. Elle ne sauva ses beaux collants blancs que d’un hoquet surpris, si propre aux bambins.

    La grande main réconfortante de son grand-père passa avec affection dans ses cheveux, ébouriffant davantage encore son crin de petite-fille. Il lui sourit, la barbe clairsemée d’une poignée de taches blanches. Les ridules à l’entournure de ses yeux s’étaient accentuées depuis le départ de Maiza, peut-être une encre poivre et sel douloureuse à l’aune de son regard… Il s’accroupit à ses côtés, indifférent aux distances familiales dont aimaient tant se targuer les autres Nobles. Aux juvéniles prunelles de Luz, il avait tout l’air d’un Dieu bienveillant et la jeune timorée vint se lover dans le creux réconfortant de ses bras.

    « C’est un mustang. Tu sais, l’on dit de ces chevaux qu’ils sont indomptables et parmi les plus féroces des plaines… Je crois que ce cheval-ci a déjà sauvé quelques princesses. Il appartenait à quelqu’un que j’aimais beaucoup. A présent, il est à toi. »

    Elle eut un gloussement ravie et traça des arabesques dans les airs avec son étalon de bois nouvellement acquis. Alors, ses sourcils se froncèrent en une moue concentrée et un moment d’intense réflexion la prit.

    « Il s’appellera Tempête. Comme ton ch’val Ovöoni ! »

    Il fut tenté de répondre à la candeur de sa petite-fille, mais une ombre apparut dans l’encadrement de la porte. Marellis les dévisagea durant d’interminables secondes, interdite. La main portée à son cœur, sa bouche se tordit en une intraduisible horreur.

    « Comment pouvez-vous… Jeschen ! Votre fille aurait honte de vos actes ! »

    La veille gouvernante ramassa ses jupons sous ses doigts gantés et s’empressa de rejoindre le cercle familial en une longue enjambée. Luz sursauta lorsque la petite figurine de bois lui fut arrachée des doigts. La main de la matriarche courroucée se saisit de son poignet et la tira contre sa hanche avec la douceur d’un pic de métal habitué à ne jamais ployer. Droite et raide, Marellis jeta un profond regard outré et réprobateur sur l’homme qui se tenait toujours prostré.

    « Marellis, s’il-vous-plaît, calmez-vous… »

    « Maiza n’aurait jamais toléré une telle impudence. »

    Sa voix, à présent, n’était presque plus qu’un long grondement craché.

    « Elle vous a spécifiquement demandé de tenir éloigné sa progéniture des déboires de cette… Créature impie. Je lui ai juré de veiller à ce que Mademoiselle grandisse dans un environnement sain et civilisé. Elle n’a guère besoin de ces joujoux souillés. »

    Elle regarda avec dégoût l’animal de bois qui reposait dans sa paume. Sa dernière réplique fut, quant à elle, quasiment inaudible :

    « Nous aurions dû brûler ses jouets le jour où nous l’avons abandonnée dans cette maudite rue. »

    ◄►

    Gagner du temps. Lutter contre la déveine. Luz jetait des coups d’œil en tous sens, alternant ses appuis à la manière d’un fauve en cage. Ses longues mèches flammes s’étaient déroulées en ample corolles sur sa poitrine rehaussée d’une respiration saccadée. Elle avait brièvement porté la main à son flanc touché, une grimace sur ses traits face à l’hémoglobine qui maculait désormais ses doigts. Deux ou trois points de suture seraient les bienvenus. Rien de profond, toutefois. Une chance que cette adversaire plus que récalcitrant ait manqué sa cible !

    Elle fronça les sourcils, tâchant de réfléchir à la situation présente, de faire abstraction de l’évidente provocation façonnée pour elle. L’inconnue était redoutable. Beaucoup plus redoutable qu’elle. C’était indubitable : Luz perdait du terrain. Elle… Volait au-dessus du sol, presque une danseuse sinuant au-dessus du vide, le bras adroit, toujours à sa juste place. Elle était vive, précise. Le plus terrible des serpents dans un gant ouaté et l’apparence obscure d’une acrobate évoluant sur son propre terrain. Une assassine, forte de son expérience dans l’art de tuer. A vrai dire, peut-être jouait-elle encore seulement avec elle…

    Qu’importait. Luz n’avait pour unique objectif que de gagner du temps. Allons, les invités iraient bientôt chercher la Garde, l’on remarquerait forcément quelque chose d’anormal… Cette bâtisse elle-même ne disposait-elle pas de sa propre milice ? Oui, elle n’avait d’autre choix que d’attendre les renforts armés. Faire mordre à l’appât son serpent dans l’espoir que leur prédateur n’échappe guère à la main du chasseur… Ranly –pauvre de lui- était déjà mort de toute façon. Rien ne pourrait présentement le ramener à ses sens et il ne souffrait vraisemblablement plus de l’affront perpétré à l’encontre du monceau de chaire froide qu’était dorénavant son corps.

    Elle jura, tâcha de faire croire à son adversaire que la provocation avait porté ses fruits. Peut-être tenterait-elle de se saisir d’une faille trop visible, jusqu’à esquisser un pas qui se retournerait contre elle… Son énergie se ramassa en elle, gros chat feulant fourmillant sous le grain de sa peau. Alors, l’électricité explosive jaillit sous ses semelles tandis qu’elle s’élançait d’une formidable détente décuplée par son pouvoir.

    Son talon heurta l’estrade, à l’exact emplacement où l’assassine se tenait une fraction de seconde plus tôt. Le bois explosa en une nuée de copeaux, rebondit de toute part jusqu’à écorcher son mollet. La douleur la saisit l’espace d’une fraction de seconde, un souffle raté qui lui fit manquer le visage de son adversaire d’un seul battement de cœur. Sa dextre se referma sur du vide, suivi par son corps, et elle dut amorcer quelques pas pour rétablir son équilibre et briser son élan.

    Elle pivota, craignant sans l’ombre d’un doute une contre-attaque. Le dos fuyant de son adversaire lui répondit, veule tromperie –ou traquenard… ? – visant à l’entraîner dans un environnement plus favorable… Avait-elle saisi que Luz perdait sciemment du temps ? Espérait-elle s’enfuir ? Etait-ce un piège ? Elle gronda, et un cri de frustration rauque franchit ses lèvres. Dans un pur geste d’irritation versatile, elle projeta une lame de foudre hasardeuse dans la direction approximative de sa cible. L’énergie qui n’avait pas été suffisamment ficelée se disloqua à l’angle du couloir, rebondissant à un cheveu de distance de l’assassine qui disparut en trombe dans le couloir.

    « Je t’interdis de t’enfuir ! »

    Elle s’élança à sa poursuite, aveugle flammèche abrasée par cette odieuse indésirable. En cet instant, un membre tranché n’aurait pu la dissuader de poursuivre la meurtrière. L’alcool, la fatigue, l’engourdissement de ses sens… Luz ne voyait plus que la tâche sombre et dansante de cette silhouette recouverte de noir.
    Mysora WeissCroque Chance
    Mysora Weiss
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    Re: Armes soeurs
    Mar 14 Jan 2020 - 0:02 #
    Armes soeurs Mysoco11


    « Je l'aime pas ! »

    Elle croisa ses bras à la manière des adultes puis baissa la tête, gonflant les joues dans une moue exagérée dont les jeunes enfants semblent partager le secret. Elle n'était plus de bonne humeur depuis que l'attention de tous s'étaient portés sur "la nouvelle arrivée". La main de Jeschen vînt se poser sur ses cheveux flamboyants, les ébouriffant avec l'affection qu'on lui connait. Il se baissa pour se retrouver au niveau de sa petite-fille et, lorsqu'elle daigna croiser son regard, il lui adressa son sourire le plus compréhensif.

    « C'est normal, je le comprends. N'importe qui réagirait comme toi après tout.  » commença-t-il pour la rassurer. «  C'est ta petite sœur. Tu ne veux vraiment pas lui accorder une chance ? Regarde comme elle est jolie... »

    « Non elle est moche et elle sent mauvais. Je l'aime pas. »

    Le grand-père éclata de rire. Les paroles des enfants pouvaient parfois être très dures et il n'aurait décidemment pas aimé en être la cible. Il cessa de rigoler lorsqu'il vit les sourcils de sa protégée se froncer, ses mains se posèrent alors sur les épaules de la petite fille alors qu'il s'agenouillait, les yeux toujours plantés dans les siens.

    « Tu es peut être trop petite pour comprendre ce que je vais dire... »

    « Non je suis une grande ! » l'interrompit-elle, provoquant un sourire chez son interlocuteur - sa princesse tombait toujours facilement dans les pièges qu'il lui tendait...

    « Oh ? C'est vrai, excuse moi ! Alors puisque tu es une grande fille, je vais te dire un petit secret... Mais ça doit rester entre nous. »

    L'expression sur le visage de Mysora changea pour la première fois depuis de longues minutes. Intéressée, elle tendit l'oreille tout en se rapprochant du vieux médecin. Un secret en commun avec lui, c'était toujours ça de plus que "l'autre nulle" - comme elle aimait l'appeler - n'aurait pas...  

    « Tes parents t'aiment autant qu'ils aiment Luz. Mais comme tu es une grande et qu'elle est encore un bébé, ils ont besoin de s'occuper un peu plus d'elle. Et surtout, SURTOUT ! » marqua-t-il en levant le doigt, finissant de capter l'attention de son public. « Ils ont besoin de toi également. Tu te rends compte ? Je n'imagine même pas comment ils s'en sortiraient si tu n'étais plus là... »

    « Tu dis des mensonges Ovöoni... » râla-t-elle, très peu convaincue.

    « Tu es une vraie tête de mule. » lui fit-il remarquer dans un soupir, espérant que sa petite sœur n'hériterait pas d'un aussi mauvais caractère. « Mais tu peux être au moins sure d'une chose... »

    « De quoi ? »

    Il tira avec douceur l'une de ses mains, elle n'eut pas de mal à comprendre ses intentions. Mysora vînt instinctivement l'enlacer au maximum que ses petits bras le permettaient puis blottit sa tête contre sa poitrine. Son grand-père l'entoura également, l'air ravi, savourant chaque instant partagé avec sa petite-fille. Il n'arriverait pas à la persuader aujourd'hui que sa sœur était un don du ciel - tout comme elle l'était-elle même - et non pas une erreur de la nature, une alliée plutôt qu'une ennemie. Elle finirait par le comprendre seule.

    « Alors ? » demanda-t-elle, curieuse.

    « Ton grand-père t'aimeras toujours. »


    ►◄


    La femme aux cheveux de flammes protesta par des injures lorsque Mysora souilla le corps de son défunt ami. Celle-ci pensait que la combattante finirait par perdre le contrôle pour, très prochainement, agir avec précipitation et entraîner sa propre perte... Pourtant, cela n'arriva pas : elle se contentait de jurer sans effectuer le moindre geste. Bientôt, la meurtrière eut le pressentiment que quelque chose se tramait. Au delà du temps évident qu'elle semblait vouloir gagner, son regard s'électrisait et son corps entier l'imitait, la rendant plus menaçante qu'auparavant.

    L'instinct - ou la chance - la sauva. Elle réagit avec une vitesse qui la surprit elle-même, bondissant sur le coté lorsque son adversaire s'élança vers elle propulsée à une allure qui à elle seule aurait suffit à lui asséner un coup décisif et imparable... Son poing fut esquivé de justesse mais l'électricité produite par son ennemie marqua son visage d'une brûlure malgré la présence de son masque. Elle n'eut pas besoin d'un rappel pour s'enfuir à toutes jambes, admettant qu'elle avait affaire à une femme bien plus dangereuse qu'elle ne l'aurait pensé. Sous-estimer son adversaire était pourtant une erreur que Jørg lui rappelait, autrefois, lors de leurs entraînements. La protection de son pouvoir, souvent infaillible, n'était pas une excuse pour prendre perpétuellement des risques. Elle tâcherai de s'en rappeler à l'avenir...

    Elle sauta de l'estrade tandis que la farouche tentait de retrouver un semblant d'équilibre. Elle venait de dévaster l'ancien emplacement de sa cible, aussi devait-elle se sentir légèrement confuse. C'était une opportunité pour reprendre le contrôle de la situation... Les personnes possédant ce genre de facultés étaient bien souvent moins endurantes sur le long terme, un problème auquel Mysora n'était jamais confrontée. Un long combat ne semblait pas réellement profitable à l'assassine, la garde pouvant débarquer d'un instant à l'autre, mais sa jumelle bienveillante s'épuiserait plus rapidement qu'elle. Un peu de poison sur sa lame l'aiderait très certainement et se démasquer serait alors la meilleure manière de clore ce combat. Fuir ? Bien que l'idée lui traversa d'abord l'esprit, elle se rappela la précision dont la noble avait fait preuve lors de son premier coup. Un éclair vînt d'ailleurs la frôler au moment ou cette pensée lui traversa l'esprit, confirmant que la dérobade était une bien mauvaise idée.

    Elle profita d'être à l'abri de son regard pour imbiber la dague d'un poison paralysant, parcourut d'une traite le long corridor par lequel la plupart des invités s'étaient précipités puis gravit le premier escalier qui se présenta à elle. Ce n'est qu'une fois parvenue en haut qu'elle aperçue sa poursuivante, déterminée comme jamais, qui se décida à emprunter le même chemin. Quel lien partageait-elle avec Ranly pour vouloir à ce point venger sa mort ? A moins qu'elle ne fut une justicière désireuse de mettre fin aux manœuvres d'une désaxée... Qu'importe, au final. Elle finirait elle aussi dans un cercueil, comme son camarade.

    Mysora franchit la porte suivante sans la moindre précipitation, laissant l'écart entre elle et sa poursuivante se réduire sans même chercher à le lui cacher. Elle pénétra dans une grande chambre dont elle ouvrit la fenêtre avant de la dépasser, se retrouvant à l'extérieur. Luz choisit ce moment pour y faire éruption et avant qu'elle ne puisse agir, la voleuse se précipita sur les toits. Elle n'avait désormais qu'une hâte : voir à quel point la chance pouvait être du coté de la belle rousse.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Armes soeurs
    Mar 4 Fév 2020 - 12:05 #
    Armes soeurs Ic2y

    Il est dit une comptine, loin sur le continent,
    La ballade de Croque-Lune et Croque-Chance,
    Fortune contre déshérence,
    Dont le destin fut déterminant.

    Forgé de bien belle naissance,
    Croque-Lune bâtit nuit et jour sa puissance,
    Assaillant des Royaumes entiers
    Sculptant sa félicité.

    Roi d’un peuple sacré,
    Tous ployaient genoux devant lui,
    Mais fort de ses bravades et de ses succès,
    Croque-Lune en vint à perdre ses appuis.
    Et la lune sa belle amie,
    Fut croquée pour son amabilité.

    Fou sont les sourds dans pareille opportunité,
    Et nanti de sa simple verve acérée,
    Croque-Chance demanda audience
    A la plus haute de toutes les radiances.

    « Mon Roi, Votre Grandeur,
    Vous ne craignez plus aucune terreur,
    Et un être de votre courage,
    Ne saurait tomber dans mon filoutage.

    Accordez-moi un humble pari,
    Sur la face brillante de cette pièce,
    Je remporterai votre patrie,
    Votre puissance et votre richesse.

    Si ma tendre amante, la Chance
    N’est guère avec moi,
    Je vous accorderai toute mon essence,
    Et tous écouteront votre voix. »

    Flatté par ces minauderies,
    Croque-Lune s’enorgueillit
    Et lança la piécette.

    Il perdit ainsi sa patrie,
    Sa puissance et sa richesse.

    Il est dit une comptine, loin sur le continent,
    La ballade de Croque-Lune et Croque-Chance,
    Fortune contre déshérence,
    Dont le destin fut déterminant.

    Mieux vaut avoir de la chance ;
    Car le travail et le courage sont errance
    Sans la houle bienveillante de la chance.


    « Mademoiselle, vous connaissez déjà cette histoire par cœur. »

    La petite fille fronça les sourcils et son doigt se posa sur la dernière illustration. Elle leva alors un regard interrogateur mais soucieux vers sa nourrice. Elle commençait à savoir déchiffrer les entrelacs de l’écriture avec plus ou moins d’adresse, l’exercice demeurait néanmoins une prouesse complexe et elle devait s’aider de son index pour ne pas perdre le fil.

    « Oui, mais qu’est devenue Croque-Chance après ça ? Elle est heureuse ? Son pays est grand ? Les gens l’aiment ? »

    Sa nourrice s’esclaffa doucement derrière la paume de sa main, désireuse de ne pas faire trop de bruit.

    « Comment savez-vous que c’est une fille ? »

    Luz eut un léger recul, presque catastrophée. Elle prit ce ton docte si propre aux enfants et énonça avec toute la lenteur du monde comme s’il se fut agi d’informer un ignorant :

    « Voyons, c’est évident ! Croque-Chance est forcément une fille, c’est elle qui gagne à la fin. »

    Sans se soucier le moins du monde des petits crocs de sa jeune élève, sa nourrice lui débroussailla les cheveux et l’invita à se glisser sous ses draps.

    « Vous apprendrez, ma chère Mademoiselle, que le monde est beaucoup plus complexe que cela. Allez, au lit ! Vous devriez être couchée depuis longtemps déjà et je vous ai déjà lu cette histoire un nombre incalculable de fois. Faites de beaux rêves, Mademoiselle. »

    Elle déposa sur son front un léger baiser maternel et referma la porte de la chambre sur ses talons. Sous ses draps, Luz rouvrit les yeux dans l’obscurité de la pièce. Faire de beaux rêves…

    Où qu’elle soit en ce monde en cet instant, Croque-Chance faisait-elle de beaux rêves… ?

    ◄►

    Elle jura, à nouveau. L’air frais qui se précipita dans la pièce ne put lui cacher la semelle de l’assassine, disparaissant à l’entournure du verre. Elle se précipita donc à son tour vers la fenêtre entrebâillée pour se pencher par l’ouverture. Elle leva les prunelles et constata avec irritation que son adversaire grimpait présentement le mur avec l’adresse d’une habituée. Les toits… Les tuiles rouges lui renvoyèrent son regard, vaste pente instable baignée de nuit. Mais puisque Luz était Luz et qu’elle n’avait de noble que le titre, sa témérité fut à nouveau d’un indéniable mauvais conseil : elle arracha ce qu’il restait de son jupon et enjamba le rebord de la fenêtre dans le plus simple appareil de ses bas en soie. Fort heureusement pour elle, la fraîcheur du climat et la mode de l’époque tendaient davantage au port de bas plutôt chauds, ne laissant presque pas dévoiler la peau.

    Elle ne jeta pas même un regard vers le bas, teigneuse volonté électrisée d’un entêtement servile. Les paumes et la plante des pieds aimantés tant que faire se peut par son pouvoir, elle s’élança donc pour agripper le rebord du second étage et se hisser d’une traction douloureuse. Elle remercia silencieusement le nombre d’entraînements menés jusqu’à présent… Elle avait pour elle le bénéfice de muscles souples et vifs, capable de se contorsionner pour mieux s’épargner quelques points d’appui trompeurs.

    L’escalade fut malgré tout épuisante et c’est un tantinet haletante qu’elle s’échoua sur le rebord du toit. Elle prit le temps de se relever, son regard mordoré déjà posé sur la silhouette qui la narguait avec tant d’impudence… Dans la pâleur de la lune, le toit de tuile leur renvoyait à toutes deux le mirage glacé de la nuit, reflets sombres qui gommaient les aspérités du matériau et les distances entre leurs deux corps. Il y avait quelque chose d’irréel à contempler cette forme féminine, droite et alanguie sur ce sommet du monde, presque auréolée d’une aura mystérieuse. Etait-elle Croque-Lune ? Etait-elle Croque-Chance ? La lune et la chance semblaient toutes deux la servir, étalant son ombre sur le pavé jusqu’au point où Luz pouvait peut-être l’effleurer d’un simple pas.

    Elle avança, posa la pointe de son pieds dans l’ombre de Croque-Chance – car elle avait déjà dévoré la lune en assassinant ce soir la vie d’une jeune famille. Elle se mit en garde, prépara son pouvoir à un nouvel assaut. Un éclair dans la nuit noire.

    Cette fois-ci, elle tenta de se fendre vers l’avant, balayant les jambes de son adversaire. Le stratagème fonctionna à sa plus grande surprise et la silhouette parut tomber à la renverse. Elle roula pourtant immédiatement, se soustrayant à l’emprise d’une Luz électrisée. De nouveau, une lame de foudre jaillit dans un angle improbable, et elle ne sut dire si celle-ci parvint à atteindre sa cible. Car, pour la première fois, l’étrange meurtrière avait réagi. Elle ne vit pas le reflet métallique de la lame changer de main, ni même le geste qui passa sous sa garde pour y dessiner un trait luisant. Elle sentit en revanche la douleur fulgurante qui traversa son corps d’adrénaline et eut pour réflexe animal de bondir en arrière avec l’essor de son pouvoir.

    L’électricité la projeta un peu plus loin que prévu et elle glissa sur les tuiles d’ombre, tâchant de freiner son élan vers l’arrière. Le silence revint, calme et impénétrable sur le large toit de la demeure. Un simple coup d’œil vers le bas lui permit d’apprendre qu’une chute serait fatale et qu’il s’en était fallu de peu pour que l’un de ses pieds ne glisse et l’entraine sur une pente douteuse.

    Elle respira profondément. La lame ne l’avait qu’effleurée, elle était à peu près intacte. Un fin semi sourire gagna ses lèvres et elle se redressa, d’autant plus affirmée dans sa volonté de faire tomber cette autre droit vers l’abime.

    « Hé, pas si habile finalement ! lui lança-t-elle, volontairement moqueuse et provocante. »

    Alors, un pétillement étrange gagna son flanc, étira ses anneaux doucereux vers son bras. Sa jambe droite faiblie et la stupeur gagna ses traits. Qu’est-ce que… Une compréhension vive passa en un éclair dans son regard, tandis qu’elle relevait des prunelles pleines de fureur vers son adversaire. Un poison paralysant ! Une erreur impardonnable de néophyte qui déjà gagnait son corps d’une rigidité désarmante.

    Un grondement de frustration et de colère contenu au bord des lèvres, Luz invoqua l’entièreté de son pouvoir pour se projeter droit sur l’impudente. Elle feinta toutefois sur la gauche, et lança son poing électrisé vers son estomac dans un ultime effort.
    Mysora WeissCroque Chance
    Mysora Weiss
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    Re: Armes soeurs
    Mar 18 Fév 2020 - 17:02 #
    Armes soeurs Mysoco11



    La noble prouva à nouveau sa témérité lorsqu'elle s'élança à la suite de sa cible sans sourciller. L'escalade n'était plus un réel soucis pour la voleuse, devenue simple action du quotidien, mais ce n'était probablement pas le cas de sa poursuivante. Aussi fut-elle impressionnée de la voir apparaître si rapidement, malgré son apparente fatigue et le manque de grâce par lequel elle termina l'ascension. Au sommet, Mysora demeurait simplement immobile, le dos tourné en direction de la lune et les yeux rivés vers sa sosie.

    C'est lorsque son visage lui apparut à nouveau qu'elle fut frappée par quelques souvenirs depuis longtemps oubliés : ceux d'une famille, d'un père et d'une mère, d'un grand-père aimable et d'une petite peste détestable qu'elle s'était surprise à aimer de tout son cœur. Quel était son nom, déjà ? Quel était leur nom ? Comment s'appelait ce grand-père, comment s'appelait cette sœur ? Etait-elle... Non, il n'y avait pas la moindre chance.

    Le temps des réflexions prit fin lorsque son adversaire fondit sur elle avec l'intention de la faire chuter ; ce qu'elle fit, intentionnellement, afin d'échapper à une attaque électrisée à laquelle elle ne souhaitait guère goûter. Elle n'attendit pas la seconde et se précipita à son tour, usant d'une feinte pour parvenir à entailler le flanc de sa proie à l'aide de la lame qu'elle avait préalablement empoisonnée.

    Le fou prend la Reine, échec au Roi.

    Ses réflexes - impressionnants au demeurant - n'avaient pas suffit à empêcher le poison d'infiltrer la blessure que Mysora venait d'occasionner. Bien qu'elle lança d'abord une provocation à l'attention de la meurtrière, peu impactée par ce qu'elle venait de subir, les effets du poison se firent ressentir physiquement l'instant d'après. Elle lui jeta alors un regard haineux : il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour qu'elle comprenne, mais il était trop tard pour espérer renverser la situation...

    Ce fut sans compter sur la détermination incroyable dont semblait faire preuve la belle inconnue. Lucide, elle semblait réaliser qu'il n'y avait plus la moindre chance de l'emporter si le combat venait à s'éterniser. Aussi sembla-t-elle rassembler son énergie pour un assaut décisif, ce qu'elle fit en la forme d'une nouvelle attaque de front. "Eh ! Aucune chance qu'un tel coup puisse m'atteindre." pensa Croque-chance, prête à neutraliser définitivement la femme.

    Quelle ne fut pas sa surprise lorsque celle-ci se décala au dernier moment pour viser son estomac ! Même au fond du gouffre, la combattante semblait posséder d'étonnantes ressources. Par automatisme, Mysora eut l'instinct de pivoter et placer ses bras en croix devant elle tout en se recroquevillant afin d'absorber le choc, mais la force naturelle de la demoiselle et l'énergie du désespoir avaient donné à son coup de poing une puissance surprenante. Les bras de la voleuse percutèrent violemment son masque, lui même s'écrasant contre son visage sans la moindre délicatesse. Par chance, les gants en cuir semblaient avoir absorbé la majeure partie de l'électricité et elle n'en ressentit qu'une faible partie parcourir son corps. Ne jamais sous-estimer son adversaire, lui rappelait pourtant Jørg...

    Haletante, elle laissa retomber ses bras endoloris tout en prenant ses distances. L'adrénaline l'empêchait de ressentir autre chose qu'une simple douleur diffuse, mais elle savait pertinemment qu'elle n'échapperait pas à de jolis hématomes douloureux... Et ce n'était pas là l'unique blessure dont elle s'était vue gratifiée : son masque se brisa en deux morceaux qui vinrent trouver le sol et, sous celui-ci, un visage presque identique à celui de l'autre rouquine, si ce n'est le flot de sang frais qui s'écoulait de ses lèvres...

    « Plus habile que je ne le pensais. » lui lança-t-elle, mauvaise.



    Son atout était entré en jeu sans qu'elle ne l'ait décidé. Elle ne chercha pourtant pas à mesurer la surprise de son adversaire, visiblement épuisée par le poison, et s'approcha d'elle afin de lui asséner un coup au visage qui la fit chuter et rouler sur l'extrémité du toit. Elle vînt la rejoindre à nouveau et la poussa négligemment du pied pour la précipiter dans le vide, lui laissant le soin de se raccrocher à  la bordure afin d'éviter une chute mortelle. Enfin, elle plaça sa botte sur l'une des mains de la noble avant de s'accroupir pour lui souhaiter un bon voyage.

    Échec et mat.

    Dans l'action, la pièce confectionnée par Leyo s'échappa de sa poche et fut sauvée in extremis par sa propriétaire avant qu'elle ne tombe plus bas. Sa chance semblait dysfonctionnelle aujourd'hui. Ou peut être se méprenait-elle simplement ? Et si...

    Elle l'observa ainsi un moment, certainement bien trop long au goût de sa pauvre victime. Puis elle chuchota quelques mots inaudibles et, comme si de rien n'était, lança en l'air la piécette qui retomba dans sa main. Son regard se tourna vers la noble, puis elle réitéra l'opération une seconde fois. Puis une troisième, et une quatrième. La cinquième tentative fut apparemment déterminante puisqu'elle se releva et retira son pied. Elle hésita même à l'aider à rejoindre le toit, mais elle décida que son destin n'était plus de son ressort : si sa détermination était aussi forte qu'elle l'avait démontré, il n'y avait aucun doute sur le fait qu'elle réussisse à se sortir de cette situation.

    « Là bas, sur les toits ! » entendit-elle plus bas.

    Une demi-douzaine de gardes venaient de faire leur entrée dans la propriété et il y avait fort à parier que d'autres arriveraient prochainement. Il n'était plus l'heure de tenter la chance ! Elle courut rejoindre le coté non visible du toit et entreprit une descente jusqu'à l'étage le plus proche. Quand elle l'eut rejoint, elle visa une haie bien garnie et s'y précipita malgré la hauteur restante. Elle n'eut pas grand mal à se dépêtrer des branches et feuilles qui en aurait retenu d'autres prisonniers et gravit sans difficulté le mur qui encadrait le domaine de Ranly. Suivie de prêt, elle asséna un coup de pied à l'un de ses poursuivants qui tomba sur ses camarades, faisant gagner à Mysora une considérable avance. Elle profita de celle-ci pour s'engouffrer dans les ruelles sombres de la Capitale et, lorsque les gardes eurent rejoint l'autre coté, il ne purent que constater la disparition de l'assassin. L'un des leurs, resté en retrait, vînt s'adresser à son supérieur par delà le mur.

    « Chef, nous avons trouvé un corps sans vie à l'intérieur et une femme est toujours présente sur le toit, hors de danger. Des témoins affirment qu'elle a combattu la meurtrière jusqu'à notre arrivée. »

    « Plutôt que de parler, allez la récupérer sur le champ ! » ordonna l'homme, furieux de voir sa cible lui échapper.

    « Deux des nôtres sont déjà à l'œuvre. » répondit-il au tac au tac.

    « Son état ? »

    « Légèrement amochée et épuisée, mais elle semble surtout choquée. »


    ►◄


    Maman elle va pas dans des endroits comme ça d'habitude. Enfin je crois. En tout cas moi j'ai jamais été dans des endroits comme ça. C'est pas très beau et ça pue et puis surtout y'a jamais personne. On dirait que c'est tout abandonné. Y'a même pas de lumière. C'est tout triste et sombre et des fois on croise des chats et des chiens, mais ils sont pas très beaux et eux aussi ils sont tout tristes et sombres on dirait.  

    « On fait quoi maman ? »

    Maman elle me répond pas depuis tout à l'heure. J'ai du faire un truc de pas bien parce que d'habitude elle est pas comme ça. J'ai dis que c'est moi qui ait cassé le vase qui coûtait cher mais en fait c'est pas moi. C'est Luz qui l'a cassé, mais comme c'est une petite et qu'elle comprend pas grand chose j'ai dis que c'était moi. Papa il avait crié un peu mais grand-père lui a dit que c'est pas grave. Maman elle était pas énervée et ça la faisait rire même. C'est bizarre quand même non ? Du coup là elle est énervée. C'est nul les gens qui sont pas content à retardement...

    Je sais pas pourquoi elle regarde tout autours d'elle. Moi je m'en fiche parce que j'aime bien marcher. En plus elle me tient la main. Plus tard moi je marcherai avec Lulu en lui tenant la main. Pis c'est moi qui dirait où on va et elle devra me suivre sinon je dirai à Papa qu'elle m'a pas écouté et ce sera bien fait pour elle. Mais vu qu'elle est petite pour l'instant bah je peux pas. Mais c'est pas grave parce que on a le temps. On sera comme les deux doigts de la main quand on sera des grandes.  

    Là où on est y'a trois murs et on peut pu marcher du coup. Alors maman me dit de rester là et qu'elle va revenir. Elle doit être malade parce qu'elle renifle tout le temps. Et elle veut pas que je sois malade parce qu'elle met une couverture sur moi pendant que j'attends. Je suis triste moi. Je veux qu'elle revienne vite parce que j'aime pas être seule. En plus il fait froid. Maman elle a pas dit ou elle allait, si ça se trouve elle va oublier que je suis là. Zut !! C'est pas grave papa et grand-père ils vont venir me chercher de toute façon. Ovöoni il a dit qu'il m'aime beaucoup fort alors si maman elle m'oublie, bah lui il viendra. Et puis j'aime bien marcher avec Papy parce qu'il dit tout le temps des bêtises et moi ça me fait bien rire. Plus tard avec Lulu on ira se promener avec lui et on va bien rire tout les trois !

    En fait c'est pas grave de qui vient me chercher parce que je les aime tous. J'ai juste hâte d'être avec Lulu parce que je vais lui apprendre tout plein de choses en rentrant. Et puis plus tard on se battra toutes les deux et je gagnerai tout le temps et elle voudra que je lui raconte tout comment je fais. Je suis sure ça sera super rigolo.

    Maman met du temps à revenir. Je suis un peu triste mais pas trop. C'est pas grave si on m'a oublié. Papy il m'a dit qu'il m'aime pour toujours alors il va venir.

    Je suis un peu triste maintenant. Ça fait trois fois l'horloge que maman est partie et elle est pas revenue. Et Papy il est pas là. J'ai un peu froid mais c'est pas grave je vais attendre. Les toutous tout maigres eux ils disent rien alors moi je dis rien non plus.

    Je pleure un peu parce que je suis toute seule et il fait nuit. Je sais pas comment on rentre à la maison alors je reste là. Et puis si on vient me chercher et que je suis pu là on va me disputer. Mais j'ai peur et j'ai faim. Y'a une personne qui m'a donné de l'eau mais je bois pas parce qu'on m'a dit qu'il faut pas boire ce que les étrangers ils te donnent. Alors du coup j'ai bu juste un peu mais pas tout comme ça c'est à moitié une bêtise. J'ai envie de retrouver Papy et Lulu. J'espère que la punition elle va pas durer encore longtemps.

    Maman, Papa, je suis désolée d'avoir cassé le vase.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Armes soeurs
    Dim 23 Fév 2020 - 20:12 #
    Ses jambes faiblirent sous elle. La part encore vivante de son visage se mua d’une intense surprise tandis que son souffle se ramassait dans sa gorge, muré dans ses poumons par une indicible stupeur. Le bras droit ballant, son genou manqua céder à son tour. Elle se rattrapa pourtant d’un frisson animal et sa semelle revint crocheter les tuiles avec un aplomb qui n’était déjà plus que théâtral. Son cerveau avait peine à analyser le spectacle qui s’offrait à ses sens, cette parodie de visage qui lui renvoyait son exact même regard ourlé d’un sourire plus cruel, plus mordant qu’elle n’en avait jamais eu. Elle fut tenté de lever sa dextre à la rencontre de cette autre pour mieux en tâter la réalité, mieux en comprendre les entournures – mais un coup la cueillit au menton, droit sous le visage, et l’envoya valser en arrière bien malgré elle et ses maigres résistances. L’humidité du toit la gagna tout d’abord, puis la sensation vertigineuse du gouffre sous ses omoplates. Un verrou animal sauta dans son esprit. Les frasques de ses vêtements se prirent dans les rebords de tuile coupante et les impuretés de la structure : la souffrance de sa peau râpée à vif ne fut pourtant qu’une très lointaine sensation face à la peur imminente de la chute. Les abdominaux bandés à leur maximum, elle eut pour réflexe de se contorsionner sur elle-même à la manière d’un chat pris dans les élans du vide. Elle se retourna avec une vivacité inouïe pour mieux happer le rebord du toit, ayant pour elle le désespoir d’une âme humaine qui ne sait comment résister à l’attraction du néant.

    Elle demeura là, suspendue à ce toit en lames de rasoir, malgré le sang qui commençait à perler à ses jointures blanchies par la pression. Ne lâche pas, ne lâche pas, ne lâche pas… S’entendait-elle distraitement répéter, gagnée par la torpeur terrible du poison. Presque extérieure à elle-même, ses prunelles croisèrent les semelles de son adversaire, remontèrent sur sa cheville, longèrent ses hanches pour mieux contempler son visage défiant. L’ironie belle et entière de la situation vint la frapper de plein fouet. Voilà qu’elle allait mourir par son propre forfait, assassinée par elle-même sous la bénédiction de la lune. Tous les mourants avaient-ils le bon plaisir d’agoniser sous les traits criards de leur propre visage ou était-ce un privilège dont elle pourrait bientôt se vanter parmi les autres mânes ?

    Ce visage, cette bouche… La chevelure flamme de l’étrangère coulait sur ses épaules, désormais libre de toute entrave. Ses prunelles d’un vert de lagon ombrageux la contemplait, présentement prise d’un doute. Cette lueur n’allumait que davantage sur son visage cet aspect victorieux qu’elle portait comme une couronne dans la nuit, fière et souple panthère qui tenait son adversaire à sa griffe. Oui, elle était magnifique, et ses lèvres rouges sombres dessinaient un sourire en tout point similaire au sien. Il y avait certes là une étincelle plus belliqueuse, mais au cœur d’un combat, qui pouvait se targuer d’un esprit en paix ?

    Loin dans la nuit noire, iront en paix les enfants de nos enfants…

    Elle avait clos ses propres prunelles, peut-être pour se soustraire à ce bien étrange spectacle. La prière funèbre des parents en deuil lui était revenue spontanément, murmure entrecoupé de ses ahanements tandis qu’elle perdait sa propre bataille contre l’emprise du vide. Elle l’avait entendu naguère, il y avait fort fort longtemps, mais le souvenir demeurait flou, parsemé d’une vieille saveur iodée sur sa langue… La main chaude de sa mère s’était glissée autour de la sienne ce jour-là, et elles avaient toutes deux fait face à l’indifférente tranquillité de l’océan.

    Que la lumière porte leurs pas et apaisent leurs esprits…

    Elle avait rouvert les yeux, à présent. Son mirage s’était enfui.

    Ils arpenteront le monde quand nous ne serons plus que cendre...

    Elle hurla, un long gémissement douloureux, un râle venu du fond des entrailles tel un fauve en proie à la plus brutale des luttes. Elle se hissa. Les dents plantées dans sa lèvre inférieure, savourant le sang chaud qui y bouillonnait, ouvrait ses sens à une douleur bien réelle, hors de cette implacable paralysie qui achèverait bientôt son œuvre. Ses avant-bras raclèrent le rebord du toit, ses griffes vinrent y déraper à traits saccadés, deux ongles bientôt arrachés tandis qu’un grondement, plus profond et plus buté, venait se glisser par l’interstice de ses lèvres.

    Joyeuses âmes sœurs nouées d’un fil rouge…

    Sa poitrine était passée, reposant présentement sur les arrêtes coupantes des tuiles, et elle aspira l’air à grandes goulées affamées. Son bras droit ne bougea pas cette fois-ci lorsqu’elle voulut agripper la tuile suivante. Elle tendit la nuque à s’en rompre les os, tachant d’extraire son corps du vide mortel, vite, vite, avant l’inconscience ! Sa main gauche parvint à ferrer une prise, un ressac qui la soustrairait au vide.

    Pour que jamais plus la solitude ne les heurte…

    Elle pleurait. Distraitement. Peut-être. Sa tête refusa de se soulever, et elle sentit lointainement la matière glacée sous sa joue. Il lui semblait, vaguement, qu’autour d’elle une légère bruine commençait à s’étendre en une douce mélopée sur la campagne.

    Il y avait là-haut, tout là-haut, Croque-Lune et Croque-Chance. Etait-elle heureuse ? Qu’avait-elle fait de son existence ? Les lueurs des étoiles s’évasèrent à sa vue et il n’y eut bientôt plus que l’obscurité pour leurrer ses sens abattus.

    ◄►

    « Prenez-votre temps… Nous ne sommes pas pressés. Réfléchissez tout d’abord et ne vous brusquez pas si cela ne vous revient pas naturellement. »

    Un homme était assis sur la petite chaise de bois qui accompagnait son lit d’hôpital. Il tenait un calepin d’une main, quelques lignes griffonnées à la va-vite et un point d’interrogation surligné dans un coin. Il avait l’air affable, généreux même. La quarantaine, un beau profil, le regard conciliant et la voix grave d’un infirmier habitué à tranquilliser les âmes en peine. La Garde ne l’avait pas dépêché à son chevet pour rien, nul doute qu’il devait recueillir les témoignages des victimes comme personne en ce monde, désireux même d’en rajouter une couche dans son métier pointilleux.

    « Je crains de ne plus me souvenir de grand-chose… L’assassin était masqué, je l’ai poursuivi sur le toit et… »

    Elle se tut, passa sa main dans ses longs cheveux flammes, désordonnés et laissés sans soin depuis plusieurs jours. Ses deux mains étaient bandées et sa poitrine se soulevait encore difficilement pour respirer. Deux côtes cassées. Un flanc suriné. Des éraflures par dizaine et des conséquences inhérentes à une violente paralysie qui avait manqué entraîner un arrêt cardiaque. Nul ne savait comment elle avait survécu : vous avez fait l’objet d’une chance indécente, lui avait pourtant dit l’infirmière. Lucy elle-même veut que vous restiez en vie.

    A la bonne heure.

    « Je comprends… Il vous faudra plusieurs semaines pour vous remettre de cet épisode traumatisant. J’ai vu dans votre dossier que vous avez récemment servi la couronne dans l’une des escouades de la Cité Enfouie. Soyez assurée que nous déploierons tous les moyens nécessaires pour mettre la main sur ce dangereux criminel. »

    Il lui sourit et tapota doucement le fin drap blanc de son lit. Elle n’eut guère trop de mal à prendre un regard navré, car elle regrettait en réalité de devoir lui mentir :

    « Je suis désolée de ne pouvoir vous être plus utile… J’imagine qu’il avait très bien prévu son coup et fait en sorte de ne laisser dévoiler aucun indice sur son identité… »

    Le Garde hocha plusieurs fois la tête en signe d’assentiment.

    « C’est assez courant en effet. Ne vous sentez coupable de rien. Un crime d’une envergure publique est généralement bien préparé. Ayez toutefois confiance en nos capacités, vous pourriez être étonnée ! »

    Il se leva et la salua d’une chaleureuse révérence. Ils s’enjoignirent mutuellement de se tenir au courant si du nouveau survenait et sa ravissante infirmière acheva de le chasser pour venir prodiguer à sa patiente ses soins journaliers. Le regard perdu dans le vague, Luz réfléchissait.

    Où que Croque-Chance se trouve en cet instant, elle la ferrerait. Elle, et nul autre qu’elle. Elle n’avait pas eu l’ombre d’un doute, sa décision prise dans les replis de son inconscient bien avant de percevoir les bottes ferrées de la Garde volant à son secours sur ce lointain toit. Nul ne saurait. Elle avait avalé ce secret et le terrerait dans les méandres de son esprit jusqu’à en démêler tous les nœuds. Qui était-elle ? Pourquoi lui ressemblait-elle comme deux faces d’une même pièce ? Pourquoi ne l’avait-elle pas tuée ? Et quel était ce goût atrocement désagréable dans sa bouche, un frisson qui enserrait ses anneaux dans le creux de son dos, la conscience d’un bouleversement imminent… ?

    Elle retint un gémissement de souffrance lorsque son infirmière ôta ses bandages. Elle se donnait trois semaines pour récupérer, et Croque-Chance aurait à ses trousses tous les crocs de foudre de l'enfer.
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    Re: Armes soeurs
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