SOREN RIVY

le vilain petit canard.
ardue est la tâche pour Soren de raconter avec aisance ce qu'il a pu vivre dans le passé. Trop longtemps sa perception du monde n'a été que sons et odeurs, tout le reste n'était que ténèbres, qu'obscurité complète au sein de laquelle il avait bien du mal à se mouvoir. Depuis qu'il avait pu pousser son premier souffle le jeune garçon n'avait pu déceler une seule once de lumière ; ses parents affirmaient une maladie touchant certains individus de la lignée maternelle tandis que de son côté, Soren se contentait de subir sans chercher à déceler le vrai du faux.

car de toute évidence il ne serait jamais le centre de l'attention, pas une fois il ne pourrait imaginer devenir quelqu'un en qui l'on peut croire. Sa famille était composée de riches marchands depuis des générations, ils se targuaient tous sous de grands airs parvenir à faire vivre certaines rues de la capitale. Aveux qui ne cessait de faire rire Soren, lui qui avait pris goût à déceler les mensonges quand ils sont prononcés. Ils en faisaient trop, beaucoup trop mais cela semblait monnaie courante dans la famille. Son frère aîné en personne usait de la même verve à contrario de lui et sa discrétion qu'il prenait soin d'utiliser à longueur de temps avec les siens.

jamais il n'avait porté un réel intérêt à l'image qu'il pouvait offrir à l'attention d'autrui, il n'était qu'un infirme entouré d'individus le prenant comme tel. Son père n'avait jamais décelé un quelconque potentiel à son égard et lui-même possédait le même avis que ce dernier. Il n'était que réalisme tandis que sa mère essayait tant bien que mal de prendre soin de son enfant adoré qu'elle tentait de protéger du monde extérieur. Vaine tentative, le monde prendrait soin de lui faire comprendre sa différence ; rejets amicaux ou autres difficultés à s'intégrer ont été monnaie courante pour Soren bien qu'il ne s'en soit jamais plaint.

le destin se voulait rieur.
sa situation avait beau ne pas être agréable, le jeune garçon s'était fait à l'idée de devoir vivre dans cet état. Même sans son pouvoir éveillé, il n'avait guère d'espoir de le voir changer sa vie. Certains le percevaient comme défaitiste lui criait au réalisme, il clamait ne rien attendre de spécial de la vie, de l'avenir ou quoique ce soit d'autres et pourtant, voilà que les choses allaient prendre un bien étrange tournant. Même aujourd'hui Soren a encore bien du mal à se souvenir de la première fois où il a eu conscience de son don mais les ténèbres dont il avait si peur se mirent à se dissiper. Cette sensation n'était pas concrète et pourtant, il avait enfin conscient des choses, il cernait les environs, certains visages. Il percevait.
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« hey, tu pionces ? » Son coéquipier du jour ne pouvait s'empêcher de vérifier son état en accompagnant ses paroles de petits coups de coude plus agaçant les uns que les autres. « encore une fois non. » Un rire en guise de réponse de cet imbécile tandis que Soren se redressait un peu sur son assise. Il ne voyait pas ses yeux et prétendaient qu'il voulait s'assurer qu'il ne soit tombé dans les bras de Morphée. Rester calme. Le jeune homme se devait de l'être, il ne s'agissait que de sa troisième mission, de la simple reconnaissance. Faire profil bas et se contenter d'accomplir la tâche demandée et ce même si un agaçant l'accompagnait.

Les préjugés avaient la vie dure ; malgré sa réussite dans certains domaines, son aisance avec son don ou son implication pour son rôle d'aventurier, Soren restait encore et toujours un simple aveugle aux yeux de certains. Il avait quitté les siens il y a quelques mois, d'un besoin vital plus que d'une nécessité. Tous refusaient sa nouvelle image qu'il offrait, celle du garçon s'assumant d'avantage, du jeune homme préférant opter pour une vie de danger, de découvertes. Malgré son handicap Soren faisait d'avantage preuve de courage que son entourage et certains avaient du mal à l'avaler. Enfin, il pouvait se targuer d'être libre.

il voyage beaucoup — l'usage de son don est devenue une chose commune pour lui — il a peur de sa cécité et ne supporte plus de ne pas pouvoir utiliser son pouvoir pour distinguer ce qui l'entoure — il ne montre l'apparence de ses yeux qu'aux quelques personnes en qui il a le plus confiance — il a un pied à terre chez une tante qu'il apprécie à la capitale — il fuit un quartier bien précis de cette dernière pour esquiver ses proches — il possède une dizaine de dagues disposées entre sa ceinture et sa sacoche — il rêve d'apprendre le combat à l'épée mais ne trouve pas de professeur — sa mère lui contait des histoires d'aventuriers quand il était jeune ce qui l'a poussé à le devenir une fois l'âge atteint et en possession de son don — il souhaite découvrir le monde maintenant que son pouvoir lui offre cette renaissance — il ne parle que rarement de son enfance — il est mature malgré son âge.