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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Le blizzardLes gardes du Blizzard sont de valeureux guerriers. Postés au nord du pays. Pour eux, plutôt mourir que faillir. Voici leur force, voici leur courage
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    On raconte qu’au terme du tournoi organisé par la maison Tanner, les leçons d’escrime connurent un soudain regain de popularité auprès de la gente féminine. La rumeur, récente et grandiose, voudrait que l’épée soit un excellent moyen de donner la chasse aux meilleurs partis du royaume. … Les filles de la cour feront longtemps des gorges chaudes en se rappelant de la souillon (anonyme) qui avait enlacé un conseiller royal (qu’on ne nommera pas).En savoir plus...
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    Nul habit à la main
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    Nul habit à la main
    Mer 25 Déc 2019 - 11:59 #
    -Et pour mon prochain tour, j’aurais besoin de l’aide de quelqu’un dans l’assistance. Quelqu’un pour se joindre à moi ? Je vous laisse cinq minutes pour vous faire une idée !

    Animation du jour : prestidigitation. Le prétendu magicien, un cinquantenaire aux longs cheveux lisses vêtu d’un costume de scène jaune souffre et à pourpoint rouge capucine, avait déjà découpé un chat dans une boite avant de reformer l’animal parfaitement intact quoi qu’un peu perturbé. Ceci avant d’en faire de même avec son propre bras, le sourire aux lèvres. Plusieurs meubles ainsi que le piano (et le pianiste… et la table des joueurs de cartes) avaient changé de place dans la belle salle commune en un simple claquement de doigts pendant que tout le monde regardait le plafond, il y avait bien veillé. Qui que soit l’homme, il venait de faire ses preuves et profitait maintenant de quelques minutes de répit accoudé sur une table avec quelques enthousiastes de son bon public.

    Lieu : une auberge affiliée au réseau des Relais des Merveilles, dans la capitale. Peu réputée pour sa bière davantage passe-partout qu’intrigante, mais ses alcools forts étaient aussi fins qu’abordables et ses mélanges méritaient largement le déplacement. Moins connu était le fait que l’aubergiste, un ancien pêcheur affublé d’une jambe de bois et d’une prothèse en guise de main gauche (qu’il remplaçait régulièrement par un crochet pour se donner un genre et s’amuser des réactions d’autrui), avait gardé tous ses anciens amis et proposait d’excellents fruits de mers et poissons – spécialité de la maison.

    Date : un jeudi, ce qui signifiait que les serveuses étaient toutes vêtues à la manière des figures mythologiques les plus plaisantes à regarder ; nymphes, naïades, avernales pour celles qui gagnaient plus à être mise en valeur par de belles tenues qu’à dévoiler quoi que ce soit… et que toutes savaient se faire parfaitement agréables, même si chacune à sa manière. Un tiers des clients était constitué d’habitués dont les préférences étaient déjà connues, d’autres n’y prêtaient pas la moindre attention ou du moins en donnaient l’apparence de façon convaincante. Les derniers se forgeant leur opinion en même temps que l’équipe en tâtait l’inclination, faisant le tri parmi les expressions hilares et les coups d’œil lancés de biais à la dérobade pour suivre le bon tempo.

    -Bonjour, je peux faire quelque chose pour vous?

    Quelques notables parmi la clientèle. Au plus près de la scène, un médecin bien connu dans le quartier, habitué des lieux et de ses serveuses, présent en compagnie de sa disciple… visiblement ici à contrecœur. Elle reconnaissant volontiers le talent et les qualités humaines de son mentor, mais sûrement pas sa faiblesse devant tant de fanservice.
    Enfin, il avait payé son plat deux fois plus cher pour qu’une dryade lui dépose ses lamelles de poisson dans la bouche, à la baguette ! Elle était morte de honte, l’assistante. Et pendant que l’autre traînait sur son petit nuage rose avec sa dorloteuse préférée qui jouait de ses charmes et de sa conversation pour le maintenir envouté, elle qui en était au café avait eu droit à un nuage de lait en forme de petits motifs fleuris ornementés de cœurs et de petits oiseaux qui flottaient à la surface du breuvage, tous ridiculement bien détaillés – trop bien détaillés, c’en devenait perturbant de tout détruire en buvant le café - mais détestablement trop mignonnets à son goût.

    Ce qui la dégoutait le plus, c’était qu’il n’était pas le seul à s’offrir ce genre de traitement – loiiin de là ! A son grand désespoir, elle était maintenant capable de reconnaître plusieurs autres habitués des lieux, de visu uniquement parce qu’elle ne leur avait jamais parlé.

    Mais il y avait d’autres figures plus honorables même parmi les réguliers. La plus surprenante était un trio d’aventuriers de la guilde installés au milieu de la salle, deux femmes aux allures de combattantes évidentes, un homme qui avait surtout l’air de s’être fait embarquer là sans avoir eu son mot à dire et qui apparaissait comme beaucoup trop innocent et prude pour être distrait par toutes les égéries qui se mouvaient de partout.

    Ou plus exactement, avait compris Presci au fil de leurs échanges, c’était un choix conscient de sa part, il tenait à respecter le code de conduite qu’il s’était érigé en principe de vie. Un choix qui se respectait, elle avait passé le mot aux autres du service. Etre de bonne compagnie sans jouer aux aguicheuses faisait aussi parti de leurs attributions, même le jeudi. L’homme savait l’apprécier. Et puis, il aimait également le décor, agencé de manière à rappeler la féérie des contes de fée, avec des plantes grimpantes sur les murs, au plafond, une fontaine installée dans un coin, une cascade artificielle et des petites créatures colorées qui flottaient dans les airs en adoptant des formes de petits colibris ou d’improbables carpes vertes fluo…

    Bref, le proprio avait mis les moyens sur la déco magique, l’aventurier était fan. Ses coéquipières également.

    -Par contre, je suis désolée mais… c’est quoi ce truc ?, demanda Marguerite aux trois concernés en désignant un sac sanguinolent qui pissait sur la table.
    -Une carcasse de phénix.
    -…
    -Ca n’est pas une blague, on est sérieux.
    -D’accooord. Et qu’est-ce que vous faîtes avec ça ? Vous pourriez le ranger ?
    -Ben en fait, on le surveille. C’est très rare, comme animal, des commanditaires excentriques sont prêts à payer une fortune pour en avoir un. On ne doit pas le quitter, faut toujours le surveiller.
    -Sinon le phénix va revivre et il va s’échapper.
    -Sauf si on le retue avant, précisa une des aventurières sur un air satisfait. Il est faible quand il se réincarne. Du coup on joue au cycle de la vie et de la mort, mais en accéléré.
    -Ou alors il se transforme en œuf, on ne sait pas vraiment s’il revit stricto-sensu.
    -Vous ne le savez pas ?, fit Margot, surprise.
    -Nan, on le squashe dès que ça commence à remuer. Le sac est ignifugé alors on prend pas trop le risque de l’ouvrir parce que c’est un phénix – on s’est déjà assez brûlés pour réussir à l’avoir, je préfère éviter de me refaire momifier à l’onguent et bandages pendant deux jours sans bouger pour me remettre à ressembler à quelque chose.

    Et devant ça, Presci explosa de rire. Ces moments improbables, les rencontres avec les aventuriers qui sortaient toujours des plans et des histoires à dormir debout… c’était un des plaisirs du métier.

    -C’est génial ! Vous pourrez me raconter ?
    -Bien sûr.
    -Merci beaucoup. Par contre, vous êtes obligés de garder ça sur la table ? Je veux dire, la nappe est déjà morte et on la sauvera pas, mais…
    -Bah oui, sinon il va revivre et on le verra pas, ça pourrait être dangereux. Et puis…

    L’une des guerrières se mit à sourire, d’une expression qui indiquait qu’elle avait autre chose en tête, et qu’elle ne dirait rien. Ce qui ne flairait rien de bon. C’est qu’on les connaissait, dans l’équipe, ces trois-là depuis le temps.

    L’air distrait, Marguerite regarda vers les tables alentours, histoire de confirmer la présence de…

    Robby Cedelborde, évidemment. Un autre habitué des lieux, qui venait de quitter la table de jeux de cartes et la salua au passage d’un geste de la main. Elle lui rendit son sourire en s’inclinant de bon coeur. Plutôt bel homme, à l’âge imprécis mais sûrement vers la trentaine. Elle ne savait pas exactement quel était son métier, lui ayant toujours été évasif à ce sujet, mais pour l’attention que lui apportaient ces trois-là elle n’avait jamais rien soupçonné d’autre que du louche. Ils voulaient le coincer, ça ne faisait aucun doute. Et dans ce genre de cas, en savoir le moins possible était la meilleure des choses à faire.
    D’autant plus que c’était un excellent client, toujours agréable, adepte des anecdotes intrigantes servie sur un ton d’autodérision délicieusement maîtrisé, qui ramenait bien souvent des amis à sa table.

    Elle les appréciait tous. Et espérait en silence qu’ils n’en viennent pas à s’étriper pour on ne sait quelle raison.

    -Bon, vous faîtes comme vous voulez mais pas de bagarre ici, hein ?
    -Bien sûr que non, répondirent les trois aventuriers sur un ton entendu.

    Ils disaient ça, et pourtant ils avaient disposé devant eux plusieurs plumes d’un vermeil rougeoyant qui rendaient un effet saisissant, attirant des regards ça et là dans la salle – ce qui était le but, forcément. Elles étaient magnifiques. L’une des aventurières s’en orna les cheveux avant de se regarder dans la glace. Ca valait une fortune, mais ça le valait bien.

    L’espace d’un instant, Marge s’imagina elle aussi avec ça pour orner sa tunique. Mais non, ce ne serait pas assorti. Aussi passa-t-elle sur l’idée et en revint au service. L’équipe était assez nombreuse pour passer du temps auprès de chaque client, ce qui n’empêchait pas de veiller à ce que personne ne soit délaissé trop longtemps. Et au fond, on lui signala qu’une commande de dix pintes était prête.

    Dans un coin à l’écart de tout le reste, une bande d’habitués jouaient au shufflepuck dans un concert de pac-pacs de palet tantôt endiablés, toujours maîtrisés tandis que les joueurs étudiaient le jeu adverse ; depuis la fermeture de l’autre cantina, c’était l’un des rares lieux où l’on pouvait encore pratiquer ce passe-temps vieux d’une trentaine d’années. A nouveau quasiment que des hommes, même si la seule femme de leur groupe valait indubitablement le coup d’œil. Non pas que personne s’en soucie, car tous n’étaient là que pour leur jeu ou leur sport favori.

    Aussi s’en retourna-t-elle vers le centre de la salle, tournant son attention vers quiconque en montrerait le besoin.

    Trivia du jour : l’article maid-cafe sur wikipédia est super mal-à-l’aisement bien documenté xD xD xD

    Je pense que le Shufflepuck va icognito, et le titre mwarharh!

    Whiskeyjack CallahanLe glooby de toutes les femmes et la femme de tous les glooby
    Whiskeyjack Callahan
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    Re: Nul habit à la main
    Dim 29 Déc 2019 - 23:48 #
    Pour l’instant, je n’ai pas besoin de ses services. Je vide mon godet de bière dans un grognement de mi-satisfaction, parce que j'ai soif, parce qu’elle n’est pas bonne. Que fait Whiskeyjack dans un débit de boisson qui ne sait pas faire de la mousse hydratante et satisfaisante en même temps, vous dites-vous ? C’est qu’il travaille. Pas pour la guilde, pour lui-même. Posé à une table non loin des joueurs de shufflepuck, que je regarde de tant à autre avec une envie toute particulière, parce que je suis plutôt joueur, je partage la soirée en compagnie de quatre individus. Le premier, à ma droite, n’est pas un inconnu, au contraire. Il s’agit de Domovoï, ce qui se rapproche le plus de mon bras droit, actuellement, dans une entreprise qui ne contient que deux employés. Lui et moi. Le temps passe vite, hein ? C’est ce qui arrive quand on laisse traîner des histoires sans les finir, les temps changent. Je disais donc, mon activité que j’entreprends dans l’instant présent à faire grandir mais dont la croissance ne changera pas la position de Domovoï, car il est fidèle. Et la fidélité, c’est important. Domovoï, c’est un grand gaillard, au trait buriné par les travaux physiques. Il a bossé à la forge, il a fait bûcheron, il a beaucoup fait porteur. Massif, il a pris un peu de gras au prix d’une reconversion demandant moins d’effort, mais vingt années à soulever des trucs ne s’effacent pas si facilement. Peu causant, il apprécie le calme, mais il écoute toujours tout. On s’est connu quand on marchait pas encore, maintenant, il marche dans ma combine. C’est lui qui centralise l’offre et la demande d’information. Pour l’instant, dans sa piaule, mais ça ferait plaisir de lui faire un bureau. Et peut-être bien de lui trouver une secrétaire, même s’il est plus habile des cristaux que des mots dans ce domaine.

    Spoiler:

    A sa droite, changement d’ambiance. Un poil moins grand, mais davantage gringalet, c’est Jikhar. Je ne sais pas si c’est l’ambiance de l’établissement qui veut ça, mais le bougre a un physique très étrange, dissimulant son corps et ses bras sous un long vêtement fait de nombreuses bandes de tissus sombres. Et puis, ce visage. Je dirais bien que son pouvoir a eu une influence sur ses yeux, mais je n’en sais plus. Il cause pas des masses non plus, préférant faire roussir sa tige à tabac dans l’obscurité, un sourire en coin, comme s’il en savait bien davantage que toi sur les choses qui se trament. Ce qui peut être vrai, puisque Jikhar sait traîner ses oreilles du côté des trucs louches. On lui prête l’oreille de quelques mafieux sur le retrait. Il ne faut pas trop le chercher. Quand il a quelqu’un dans le nez, il est infatigable.

    Spoiler:

    En suivant, c’est une femme bien vêtu du nom de Vesna. On ne saurait dire véritablement son âge, mais tous ceux ici présents savent qu’elle prend un temps infini pour dissimuler les signes de ses quarante ans passés. A l’aise dans n'importe quelle situation, elle ne déroge pas à la règle dans cette ambiance ou les charmantes demoiselles sont nombreuses. Il pourrait y avoir une orgie en arrière boutique, elle n’en a cure. Elle garde précieusement son passé en dehors des affaires et connaître son histoire est une information qui coûte cher pour les quelques admirateurs aisés, autant vénérable que jeunot, qui sont tombés sous son charme magnétisant. Et pour être en ma compagnie, elle tient plutôt bien à la boisson.

    Spoiler:

    Enfin, il y a le bellâtre, Bloud. Enfin, moins beau que moi, mais avec un charme ingénu et mystérieux qui a déjà attiré l’attention de plusieurs dames de compagnie. Attentions qu’il a décliné avec politesse, mais un certain pétillement dans le regard n’est pas passé inaperçu chez les intéressées concernées. Aussi aisément bien habillé que Vesna, il fréquente des cercles plutôt aisés et se plaît à intégrer les plus intimistes par ses talents et ses charmes. Probablement celui qui tient le plus à l’alcool autour de cette table puisque nombreuses (et moins nombreux) ont été les individus à essayer de le faire boire pour faire profiter desdits charmes. Rares sont ceux à avoir réussi. On dit que Vesna y a goûté. Mais c’est des on-dit et dans ce métier, ça ne veut rien dire du tout.

    Spoiler:

    Donc, je finis mon godet et Jikhar finit une conversation animée avec Vesna.

    -Vesna, ma petite, je ne voudrais pas te paraître vieux jeu ni encore moins grossier… L'homme de la frontière, parfois rude, reste toujours courtois, mais la vérité m'oblige à te le dire, ton Rossignol commence à me les briser menues !
    -Jikhar, ta jalousie est déconcertante. Tu me déçois grandement, puisque vous ne jouez pas dans la même cour. Il sait très bien chanter, mais aussi écrire pléthore de textes qui plaît à beaucoup, dont moi. Je ne crois pas que tu sois doué d’un quelconque talent artistique.
    -Artistique ? Il n’a de rossignol que le pseudonyme, oui ! Et c’est juste des récits de types qui ne pensent qu’à la force et pas à la destinée.
    -Monsieur Jikhar, vous faites sans doute autorité en matière de déguisements comiques, mais vos opinions sur la musique moderne et sur l'art en général, je vous conseille de ne les utiliser qu'en suppositoire. Voilà, et encore pour enfants !
    -Vous pouvez peut-être vous calmer et discuter de tout plus tard. Vous ternissez l’ambiance de la soirée.

    Vesna et Jikhar échangent un regard froid, mais suivent le conseil de Bloud.

    -Whiskeyjack, de quoi parlions nous déjà ?
    -De rejoindre ma petite entreprise à moi et Domovoï. De devenir plutôt partenaire. Vous n’êtes pas du genre à rester en cage, mais un accès privilégié à vos informations. Des échanges de bons procédés. Ce genre de choses. Je suis sûr que ça peut vous intéresser.
    -Peut-être. Mais j’ai déjà un … partenaire.
    -Et qui donc, Bloud ?
    -Cedelborde.
    -Sérieusement ? Si j’étais toi, je ne m’approcherais pas de lui. Il sent les emmerdes.
    -Je ne suis pas toi, Jikhar.
    -Tu marches, donc Jikhar ?
    -T’es bien sympathique, Jack, mais t’as quoi en stock si c’est juste pour faire ce qu’on fait déjà et nous piquer un pourcentage ?
    -J’ai un contrat officieux avec le commandant de la garde.

    Je fais mon petit effet chez Jikhar et Vesna. Le premier réfléchit un instant avant d’afficher un sourire carnassier.

    -C’est que j’ai toujours deux ou trois tuyaux qui vaudront cher pour la maréchaussée. Et y a deal dans le sens inverse ?
    -Il y a de l’idée. Mais rien de volontairement criminel, hein.
    -Noon. Bien sûr. Mais j’en connais qui serait ravi de faire tomber des voisins… gênants.
    -Je vois. Deal ?
    -Deal.
    -Et toi Vesna ?
    -Je dois y réfléchir. Je n’ai pas ce niveau d’autorité dans mes relations. Tu fais fort, Jack.
    -Je sais me plier en quatre pour satisfaire tout le monde.
    -Je m’en doute. On verra.
    -Bon, Jack, est-ce qu’on ne nouerait pas ça dans de l’alcool fort.
    -Tu veux mettre de côté les autres ?
    -Oh, ils peuvent suivre, même s'ils sont trop égoïstes pour partager. Hein, Bloud ?
    -Tu es vraiment con.
    -Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.
    -Bien dit Vesna.
    -Mais… putain… vous êtes… mais vraiment…
    -C'est curieux chez les frontaliers ce besoin de faire des phrases, non ?
    -Les écoute pas Jikhar. Hé ! Ma petite dame ! Dites moi, vous avez quoi comme alcool ici ?
    -Nous faisons de nombreux cocktails aussi légers que fruités.
    -Tu es bien mignonne ma petite, mais ici, on cherche du rude, celui qui râpe le palais. Celui qui soigne de la bronchite ou qui te fait cracher le gosier si t’est trop sain. De la bonne gnôle.

    La serveuse en tenue beaucoup trop légère pour la température extérieure ne sait pas trop comment réagir. Elle se fait venir à la rescousse par une modèle un plus sûr d’elle-même et non moins séduisante. Elle commence à faire l’étalage d’une carte beaucoup trop fine et assemblée pour l’esprit du moment. Ça sent le sapin mes amis. Jusqu’aux mots magiques.

    -Sinon, il y a bien une bouteille qu’on ne sort jamais. Un breuvage étrange où macère plusieurs frelons…
    -C’est bien ce que je vous dis. Le tout venant a été piraté avec des goûts de mômes. Faut que ça frétille au fond de la gorge maintenant, il n’y a plus de tord-boyaux.
    -C’est malheureux Domovoï. Oui. Qu’est ce qu’on fait ? On se risque sur le … bizarre ? Ça va rajeunir personne. Ce truc.
    -Je ne suis pas si vieille.
    -Mon œil.
    -Pff.
    -Va pour les frelons.

    La demoiselle passe la commande et c’est le patron en personne qui vient nous servir avec un alambic qui ne laisse guère passer la lumière, mais qui permet de constater la couleur jaunie et la véritable présence des frelons. Engoncé dans son costume de capitaine crochet, le propriétaire de ce joli petit endroit expose son antiquité.

    -Il date de mon père, du temps de la grande époque. Seulement, on a dû arrêter la fabrication. Y’a des gens qui devenaient aveugles, alors ça faisait des histoires.
    -Parfait !
    -Prometteur, même.

    Ils débouchent le réceptacle et avec une précision infinie, il remplit six petits verres d’une lichette ou deux, parce qu’il ne peut s’empêcher d’y goûter, c’est l’occasion. Je tique sur la quantité, mais diplomate, je ne dis rien.

    -Tenez mes bonhommes. Et madame ! Vous m’en direz des nouvelles. J’espère qu’il n’a pas trop perdu.

    Il boit d’une traite son verre et lâche un soupir d’aise. En confiance, on se lance chacun notre tour. Les réactions sont partagées. Bloud blêmit, la main tenant son verre faiblissant, manquant de peu de le lâcher. Domovoi avale difficilement, des larmes lui venant aux yeux. Il est obligé de se frapper le thorax d’un coup de poing puissant pour faire passer le breuvage. Pour sa part, Jikhar est en apnée total, cherchant désespérément de l’air à travers son larynx en position latérale de sécurité. Personnellement, je le prends plutôt bien. J’ai juste des milliers d’épées qui viennent de me perforer l’intérieur du crâne et c’est comme si on m’avait versé de la lave en fusion directement dans le gosier. Je salive comme pas possible que j’en avale de travers et je me mets à tousser légèrement. Il y a juste Vesna qui semble plutôt indemne. Je la soupçonne d’avoir fait semblant de boire, parce que là, c’est pas possible.

    -J’ai connu une fille de la forteresse qu’en prenait au petit déjeuner… Faut quand même admettre, c’est plutôt une boisson d’homme…
    -Faut reconnaître… C’est du brutal.
    -Oui…
    -Bon, mes amis. Je vous laisse. J’ai d’autres clients. Vous en revoulez une goutte ?
    -Non. Sans façon.
    -Merci.
    -ça ira.
    -Où sont les toilettes ? C’est pour…
    -Prenez cette porte.
    -Merci.
    -A toute, Vesna.
    -Je dois voir… mon partenaire.
    -D’accord Bloud.
    -Je vais sortir prendre un peu d’air. J’ai chaud.
    -Noté, Domovoï.
    -Je vais rentrer chez moi. J’ai un truc à faire.
    -Bonne soirée Jikhar.

    C’est fou tous ces gens qui s’en vont soudainement. Je vais pouvoir dissimuler le fait que j’ai pris un petit coup sur la tête. Je regarde mon verre vide avec l’air suspicieux de celui qui s’attend à le voir se lever sur des nouvelles pattes pour qu’ils continuent son œuvre jusqu’à ma mort définitive. Pas de menace, visiblement, à l’horizon. Je regarde la salle, goûtant de loin à l’ambiance assez particulière. Faut dire que pas mal de membres du personnel sont assez plaisants à regarder, à défaut d’avoir une carte comme je les aime, mise à part les expériences gustatives comme celle que je viens d’avoir. Je regarde du coin de l’œil Bloud et Jikhar qui déambulent dans la grande salle, discutant à certaines personnes, faisant marcher leur propre réseau. Une plus grande association de ces individus à mon réseau pourrait être très profitable, surtout qu’ils ont chacun des domaines d’influence dans lesquels les petits potes n’ont peu d’emprises jusqu’à maintenant. Puis, ils sont réglos. Et c’est important. Pas question d’introduire des gens du mauvais côté de la loi dans l’organisation. On bosse pour les gens biens. Jikhar est un peu à la frontière, mais ça reste un bon bougre. Domovoï le connaît mieux que moi, il s’en porte garant. Je revois Vesna qui éconduit un prétendant avant de me lancer un long regard soutenu, esquissant un sourire intriguant. Au milieu de l’assemblée des serveuses bien appareillées, elle pourrait passer pour la patronne, de l’établissement, le joyau de la rivière de diamant. Certainement le plus poli d’entre eux.

    -Elle te bouffe du regard.

    Je sursaute et je lâche son regard en levant les yeux vers Domovoï qui me file un sourire narquois. Il met dans ma main une bière clairement pas assez bonne pour le prix qu’elle coûte, mais ça fera passer l’arrière goût du bizarre. Il vient se poser à côté de moi alors que je redirige mon attention vers Vesna qui s’est mise à parler avec un autre inconnu, mais on sent que du coin de l’œil, elle me surveille.

    -Déjà tout à l’heure, elle te faisait du rentre dedans, avant que Bloud arrive.
    -C’est qu’elle est pas désagréable, c’est sûr.
    -Et puis, c’est un fait connu qu’elle a des aventures avec pas mal de gens.
    -Toi Dom’ ?
    -Tu rigoles ? J’ai le charme d’une armoire.
    -Un petit côté rustique qui plaît à certaines.
    -Mouai. Surtout contre des cristaux. Mais la Vesna, c’est gratos. Je pense que tu vas passer une bonne soirée, Jack.
    -Je ne crois pas, non.
    -Tu vas lui dire non ?
    -Tu sais ce qu’on dit ? Je ne mélange jamais pro et perso.
    -Ouai, j’ai entendu des gens dire ça. Avec plus ou moins de succès. C’est juste pour un soir, te met pas la pression.

    Je la regarde encore un instant et quand elle me retourne son regard, je baisse les yeux, brièvement dans mes songes.

    -Je suis trop fleur bleue pour tenter le diable, Dom’. Dès qu’on met du cul dans une histoire, je ne peux pas m’empêcher d’avoir des sentiments. « On sait jamais », que je me dis.
    -Mais ça arrivera pas.
    -Oui. Et du coup, je finirais par en souffrir d’une façon ou d’une autre. Partant de là, j’évite de tomber dans les histoires d’un soir. Je préfère construire quelque chose.
    -Pour ça que t’es célib’.
    -Tu penses pas pareil mais t’es célibataire aussi.
    -On n'a pas les mêmes emmerdes.
    -Ouaip, mais on a les mêmes remèdes. Au moins, au bordel, t’as aucune chance de te faire des idées. En mettant de l’argent dans l’histoire, t’es sûr de corrompre l’histoire de sorte que tu ne puisse jamais te dire qu’elle est sincère.
    -Et tu sombres pas.
    -Voilà. Peut-être que ça ne m'emmenera jamais à rien cette histoire et que je briserais cette règle un jour, mais jusque là, j’y tiens. Je veux pas savoir ce que ça fait de te faire jeter d’une situation amoureuse. Ça peut arriver, mais j’ai clairement pas envie que ça se produise parce que j’aurais vu l’espoir là où il n'y en a pas. Et puis, y’a suffisamment de jolies lots dans les maisons pour pas s’en lasser, pourquoi s’emmerder sur des histoires avec des connaissances ?
    -Ouaip. Ça se tient. Du coup ?
    -Il est temps de trouver comment occuper la nuit.
    -Bonne chasse, Jack.

    J’avais justement repéré une donzelle. Marguerite qu’elle s’appelle. Vous connaissez ?