Kyrie Eleison Ciel

Savoir. Magie. Bonté. Patience. Générosité.

...Rêve.

Voilà ce qu'étaient mes maîtres-mots. Mes yeux brillent toujours en y pensant. Mais si je dois raconter mon histoire, ce qui m'a permise d'atteindre cette notoriété, ce qui m'a permise d'avoir autant d'importance pour le monde… Pour Aryon… Alors permettez-moi d'en parler avec fierté. Alors permettez-moi de voir cela comme une prophétie… Car je crois, je crois vraiment que… Je crois que Lucy m'a apporté chance. Qu'elle m'a guidée pour devenir ce que je suis, et que je n'ai pas hésité une seule seconde à lui prendre la main…

Regardez-moi, droit dans les yeux. Souriez, puis fermez vos paupières… Imaginez un nuage de couleurs douces, représentant prospérité et joie. Vert, or, rouge, rose… Des fleurs. Un champ de fleurs, autour d'un manoir. Puis un chant, une mélodie pure et harmonieuse. Une voix féminine. Ce que vous entendez, c'est ma mère. Celle qui m'a mise au monde, celle qui m'a conseillée et fait croire en la Magie.
...Comment ? La Magie existe depuis des années ? Probablement dès l'apparition de ce monde ? Ah, jeune étourdi, allons ! Je ne parle point de cette magie-là… Je parle de la vraie Magie. Celle qui fait croire aux miracles. Celle qui semble à la fois si puissante, et si douce… Comme une douce caresse de la main de la Fortune… Ressentez-vous ce vent froid mais si réconfortant ? Laissez-vous bercer par ces merveilleux frissons… Et continuez d'écouter cette mélodie que je vous chante. Imaginez-la plus aigue, plus fragile…

À l'intérieur de ce manoir, tout le monde criait. Non pas d'horreur, mais d'espoir. Domestiques comme serviteurs, tout le monde s'agitait avec gaieté. Un enfant venait de naître dans la noble famille des Kyrie Eleison. Sur ces terres luxuriantes se situant près du Temple de la Déesse de la Chance, au cœur d'une forêt et au sein d'une belle clairière… C'était ici que nous habitions depuis des années. C'était ici que j'avais grandi… Car cette naissance que je vous conte est la mienne. Un enfant, dans les bras d'une femme qui avaient des saphirs en guise de prunelles, avec une chevelure vert d'eau tombant en cascade sur son dos. Un enfant, une fille. Avec ce sourire sur les lèvres de ma mère, et ce sourire chez les autres... On m'a dit que j'avais souri en retour ce jour là. Que je riais.

Hehe… Ce ne serait pas étonnant…
Je crois que cela a provoqué un déclencheur chez moi.
Je crois que… C'est ce que nous pouvons appeler le… "Destin".

Je grandis donc là bas, sans père. Je n'ai jamais su les raisons de son absence, mais si ma mère l'a gardé au silence, cela doit être pour une raison. Alors je n'avais sagement rien demandé à ce sujet. Lorsque nous parlions de lui, c'était pour me raconter ses aventures. C'était un noble, oui, mais un noble aventurier. Courageux, brave, néanmoins très maladroit… Mes parents s'étaient rencontrés sur ce même endroit… Et ma mère appelait cela un "coup de foudre". Je ne sais point si cela est vrai, mais je suis heureuse que l'on m'ait parlé de cet événement ainsi, car les miracles font rêver…

Ma génitrice travaillait en tant que précepteur royal, à la capitale, sous le règne d'Allys Renmyrth. C'était elle qui s'occupait de l'éducation des enfants de la Reine et du Roi d'Aryon. C'était un véritable honneur d'avoir du sang de quelqu'un d'aussi important… Et connaître cela m'avait rapidement poussée à apprendre. Et dire qu'elle avait connu le règne de Melvis Renmyrth, l'Invincible...
C'est de là que ma passion de la Magie provient.
Tous ces livres que ma mère possédait… Cette immense bibliothèque… Je l'utilisais, jour et nuit, avec le sourire. Tous ces textes, toutes ces différentes écritures, toutes ces théories, toutes ces observations… Avaient rendu ma vie merveilleuse.

J'ai découvert ma propre magie en arrosant les fleurs de notre jardin. Je me souviens... J'étais si heureuse de voir de nouvelles fleurs pousser que j'avais tourné plusieurs fois sur moi-même, laissant mon esprit s'ouvrir, en faisant apparaître des cornes sur ma tête et en devenant bien plus rapide dans mes mouvements. En remarquant ces changements, j'étais prise d'une curiosité puérile, et j'ai directement cherché tous les potentiels de ce pouvoir, courant plus vite, transformant mes mains en griffes monstrueuses... Cependant, en croyant que cela était sans risque, je fus terriblement épuisée. Mes muscles me faisaient mal, et une migraine me torturait le crâne à un tel point que je m'en évanouis. Lorsque ma mère me retrouva, elle m'apprit rapidement à comment l'utiliser en faisant bien attention à ne point en abuser. J'avais onze ans lorsque j'ai provoqué pour la première fois mon pouvoir...

Ahh... Maintenant je suis condamnée à manger de la viande crue de temps en temps !...
Enfin...

...Tous ces gens, qui pourtant n'étaient pas nobles, présents dans notre domaine… Nous les traitions comme des membres de notre famille à part entière. Et c'est cela qui m'avait éloigné de l'orgueil, et c'est cela qui m'avait permise d'aimer le monde. De le traiter avec égalité et amour. J'aidais ceux qui étaient censés faire leur travail, et c'est ainsi que j'avais compris ma place. Mon rôle, mon devoir, ma destinée. Mon rêve… Mon utopie ! Je voulais aider le monde, je voulais… Faire de chacun quelqu'un d'heureux, pouvant réaliser ses rêves sans faire de mal à son prochain…

Tout ceci ébloui par la philosophie de Lucy, je menais une vie sans malheur, je menais une vie sans jamais ressentir de maux… Mes larmes étant uniquement versées par la joie. Lorsque ma mère poussa son dernier souffle après avoir succombé de la maladie magique du Cancer Gigantis, ce n'était pas de la tristesse que je ressentais. Ni du désespoir. J'étais heureuse. Je lui avais tenu les mains ce soir-là, elle m'avait souri, je lui avais souri en retour. Je savais que c'en était fini pour elle, mais jusqu'au bout, elle me faisait voir que ce n'était pas un mal. Qu'elle avait, de toute manière, réalisé ses rêves. J'avais compris. La mort ne devrait pas être quelque chose de tabou. La mort… Ne devrait pas être décrite aussi froidement. Car la mort n'était qu'une fin. Et c'était le devoir de chacun d'entre nous de faire qu'elle soit une bonne fin.

J'étais déjà adulte à ce moment-là, et je travaillais même sous le titre de conseillère pour le Ministre de la Magie à la capitale. Mais avant mes vingt-cinq ans, je faisais Sœur au Temple de Lucy. Ce parcour liturgique m'a permis de vivre en totale harmonie avec moi-même, tout en apprenant à guider les autres. Tout en apprenant à leur faire ouvrir les yeux face à un miroir… Tout en leur disant "C'est vous". C'est toujours aussi fabuleux et adorable de voir la personne sourire suite à ces mots. Après tout, il faut s'aimer soi-même avant d'aimer les autres, n'est-ce pas ? Alors, malgré le fait qu'il y ait quelques problèmes qui me font parfois du mal, je m'aime. Je m'aime comme je suis, et je souhaite que chacun puisse le ressentir… Cette joie d'avoir parfaitement confiance en soi.

Lucy... Je crois en elle. Déesse de la chance, je ne peux pas m'empêcher, même aujourd'hui, de garder un comportement très religieux, des manières que j'avais en tant que Sœur... Ma tenue a été d'ailleurs confectionnée durant cette période de ma vie. La trouvez-vous jolie ?~

...Oh ? J'aurais oublié quelque chose ? Oh, oui, évidemment ! Comment puis-je rater cela !
Ce jour où la famille royale me demanda… Ce jour où, en face de la Reine et du Roi, j'avais les yeux qui brillaient. Ce jour où, on me présenta comme… Le nouveau Ministre de la Magie. Le peuple faisait l'éloge de mon savoir dans ce domaine, ce savoir que ma mère m'avait offert… Et que j'avais embelli. Mon cœur brûlait ce jour-là, et de chaudes larmes ruisselaient sur mon visage. C'est, jusqu'à maintenant, l'un de mes plus beaux souvenirs. Je me souviens admirer le précédent ministre depuis des années, Maes Aldrah, qui avait désormais laissé son post vacant pour des raisons que je ne connaissais et ne connais toujours point, et ce même malgré avoir été sa conseillère depuis cinq ans...

...Ce que je fais actuellement ? Eh bien, je continue de travailler. Je fais mes recherches autour de la Magie, sans oublier mon rêve. Souvent je viens voir les médecins, pour m'intéresser à tout ce qui tourne autour des maladies magiques, et aux écrits de Jaim D. Cooper. Il serait mentir de dire que la mort de ma mère ne m'ait pas rendue curieuse à ce sujet hehe. Normalement je ne devrais pas tarder à travailler en compagnie des autres ministres ! Je serai aussi en charge de la Justice, en compagnie de la fameuse Nyx Anger, mais aussi de la famille royale pour les décisions importantes.

Je dois malheureusement vous laisser maintenant, histoire que je puisse étudier davantage les écrits de Moral et Philosophie d'Aryon. Oh ? Vous souhaitez lire avec moi ? Êtes-vous sûr que le prêtre Joaquim d'Istrée vous intéressera ? Hehe… Revenez vite me voir, je réside principalement toujours dans la demeure de ma famille, ce sera probablement le parfait moment pour venir lire avec moi, vous ne pensez pas ?~

Que Lucy puisse vous apporter chance dans votre vie...