Le royaumed'AryonForum RPG light-fantasyPas de minimum de ligne
AccueilAccueil  
  • RechercherRechercher  
  • Dernières imagesDernières images  
  • S'enregistrerS'enregistrer  
  • ConnexionConnexion  
  • AryonpédiaCarte interactiveDiscord

    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

    En savoir plus

    Accueil Aryonpédia Carte interactive
    Haut de page Bas de page
    Nobles
    Citoyens
    Gardes
    Aventuriers
    RP de la semaineEn lire plus
    Trappe-Trappe Gardé

    Red et Bridget se transforment en instructeurs de la Garde de la Forteresse pour une journée, en compagnie d'une véritable instructrice...

    Administrateurs
    Modérateurs
    Maîtres du jeu
    Luz WeissTeam Mono-compte
    Admin amoureuse du rangement et de l'administratif, venez me voir !
    Message privé
    Nikolaos LehnsherrIvara Streÿk
    Administrateur-MJ, préposé au lore et toutes ses histoires
    Message privé
    Ivara StreÿkNikolaos Lehnsherr
    Administratrice générale, hante ceux qui n'ont pas leur JDB à jour.
    Message privé
    Aord SvennAurélius | Vivianne | Sarah | Silène
    Modérateur RP, prêt à lâcher Sainte Pampersa sur vos bêtises alors attention…
    Message privé
    Kasha ShlinmaRalia
    La modo-caméléon, qui vous guette dans chacun de vos RPs
    Message privé
    Hryfin DanvilWarren | Nephali
    Petit padawan du staff, modérateur général
    Message privé
    Whiskeyjack CallahanNicholodéon
    Chef suprême des glooby
    Message privé
    Olenna BelmontKlarion | Lunar | Iris | Circé
    MJ aussi malicieux qu'un chat pour vous plonger dans de belles féeries !
    Message privé
    Zahria AhlyshTeam mono-compte
    Toujours là pour vous faire rêver et vous shiper
    Message privé
    Les nouveautés deOctobre
    Poster une petite annonce Le Blizzard, Régiment de Forteressse est fait pour vous si voulez répondre à vos propres défis et servir le Royaume !L'Ordre des Célantia recherche encore deux joueurs pour incarner les archontes manquants : Sandro Deketzione et Oscar Gauss.L'Académie des Sciences recherche des érudits ou des individus assoiffés de connaissances.
    Evènement InRPLes rumeurs qui circulent et évènements...
    Devenir partenaire ?
    hall of fame
    ChronologieLes groupes de joueursLes dernières rumeurs
    Nos jours an 1002 saison fraiche
    Empyrée an 1002 saison douce
    Le désert volant an 1001 saison douce
    La cité enfouie an 999 saison fraîche
    La tour en ruines an 999 saison douce
    L'académie des sciencesL’Académie des Sciences est le fleuron de la recherche scientifique au sein du royaume. Entre ses murs, on trouve bon nombre d’érudits soucieux du progrès d’Aryon ainsi que de percer les secrets des arcanes du monde qui les entoure.
    L'Astre de l'AubeL’Astre de l’Aube est une organisation médicale qui prône la valeur de la vie et des sciences : ses membres d’élite ont affiné leurs compétences de soin jusqu’au perfectionnement.
    Le trone d'amphitriteLe trône d'Amphitrite regroupe des chasseurs de monstres afin d'éliminer les créatures qui peuplent le royaume et en récupérer certains composants pour les revendre à ses partenaires.
    L'Ordre des CélantiaDissimulés derrière la compagnie Althair, l'Ordre des Célantia regroupe tous les citoyens, aventuriers, gardes ou nobles à la recherche d'artefacts ou de reliques en lien avec le passé d'Aryon.
    Les belluairesLes Belluaires assurent la sécurité de la forêt du royaume. Réputés pour accueillir les « cas désespérés » de la Garde, mais aussi pour leur polyvalence et leur sympathie !
    Le blizzardLes gardes du Blizzard sont de valeureux guerriers. Postés au nord du pays. Pour eux, plutôt mourir que faillir. Voici leur force, voici leur courage
    Régiment Al RakijaGarde Sud. Multiples unités aux profils colorées, assure avec autonomie et indépendance la sécurité de cette région du Royaume. Atypiques, anti-conformistes, professionnels, à contre-pied de la classique image de la Garde.
    Les espionsRégiment de la garde dont les membres experts en infiltration et à l'identité secrète sont chargés de recueillir des informations sur tout le territoire afin d'assurer la sécurité de tous.
    On raconte qu’au terme du tournoi organisé par la maison Tanner, les leçons d’escrime connurent un soudain regain de popularité auprès de la gente féminine. La rumeur, récente et grandiose, voudrait que l’épée soit un excellent moyen de donner la chasse aux meilleurs partis du royaume. … Les filles de la cour feront longtemps des gorges chaudes en se rappelant de la souillon (anonyme) qui avait enlacé un conseiller royal (qu’on ne nommera pas).En savoir plus...
    A une journée de cheval de la Capitale, aux abords d'une petit village quelconque, un véritable massacre a eu lieu. Dans les décombres, on trouve pas moins d'une demi douzaine de corps, morts avant l'arrivée du feu. Que s'est-il passé exactement ? Qui a fait tout cela ? Personne n'en sait rien mais chose encore plus étrange : de longues heures après l'événement, un mist blanc à la crinière bleu y a été vu avant d'en repartir aussi vite. Autant dire que cet événement peu commun soulève bien des mystères...En savoir plus...
    Une maison supposément abandonnée a pris feu en pleine nuit, dans un village aux abords de la Capitale. Certains témoins racontent qu'un combat sanglant s'y est déroulé avant l'incendie. Plusieurs corps calcinés y ont été retrouvés.En savoir plus...
    La Couronne a annoncé la démission officielle d'Arban Höls au poste de Commandant du Royaume ! Si la fête et le discours donnés en l'honneur de son départ ont été dignes de ses nombreux services rendus à la Garde, la liste des invités s'est révélée étonnement courte et fermée. Il se raconte dans certains couloirs que la date de ce départ a été plusieurs fois avancée sous couvert du secret, et que cette démission ne serait pas aussi volontaire qu'elle le semblerait... On lui prête notamment des atomes crochus avec un écoterroriste tristement célèbre dans nos contrées. La Couronne a du moins assuré qu'Arban Höls pourrait désormais profiter pleinement de sa demeure fermière située au nord du Grand-Port, tel qu'il l'a toujours souhaité. Quelques Gardes seront également dépêchés sur place afin d'assurer sa sécurité. ... Ou serait-ce pour le surveiller ? Le poste de Commandant sera du moins provisoirement occupé par notre souverain, Grimvor Renmyrth, qui a réaffirmé sa volonté de protéger le peuple en ces temps incertains ! Il se murmure qu'une potentielle refonte de la Garde serait à prévoir, et qu'un successeur serait trouvé dans les prochains mois. A bon entendeur !En savoir plus...
    L’Astre de l’Aube au marché noir ? Ce matin, une rumeur des plus sombres se répandait dans les salons de la Capital. La célèbre Luz Weiss aurait été aperçue en train d’acheter des objets illégaux au marché noir ? Simple rumeur, tentative de décrédibilisation ou simple mensonge de couloir ? Impossible de le dire ! L’Astre de l’Aube dément officiellement que sa directrice puisse avoir de telles relations avec la pègre. Une mauvaise pub qui pourrait éclabousser l’organisation médicale si elle s’avérait vraie, mais pour l’instant ce ne sont que des rumeurs. Des rousses, il y en a beaucoup dans Aryon et ce ne sont pas toujours la célèbre Médecin à la chevelure flamboyante. Affaire à suivre.En savoir plus...
    Une flamboyante annonce est venue chambouler les bureaux de la Guilde des Aventuriers : un nouveau Saphir est né parmi l'élite de l'élite. Le désormais célèbre Jin Hidoru s'est ainsi fait connaitre au fil de plusieurs aventures. De la récolte d'herbe blanche, une enquête menée sur l'Île sombre au sujet de disparitions, la chasse d'une immense créature bloquant l'entrée du Grand Port ou même la révélation d'une affaire criminelle derrière un mystérieux pinplume dorée, Jin s'était également démarqué en revenant vivant des Ruines des corbeaux sur le Désert volant. Une étoile montante récompensée par l'insigne des Saphirs à suivre de près !En savoir plus...
    Une œuvre d'art s'arrache à prix d'or au profit d'un orphelinat ! La semaine dernière, la célèbre créatrice C. Cordoula, de la maison éponyme, a une fois de plus créé l'évènement en mettant aux enchères sa toute dernière pièce de collection : une paire de tongs de plage à l'effigie de la mascotte Wougy le woggo. De nombreuses personnalités s'étaient rassemblées en ce jour pour participer à la vente et l'engouement généré a dépassé toutes les attentes, surprenant même leurs organisateurs ! De nombreux noms ont tenté de faire inscrire leur patronyme dans l'histoire de cette transaction, dont une partie des bénéfices a été reversée à l’œuvre caritative l'Arche de l'Espoir et aurait été remportée par une des éminences de la Guilde après un incident impliquant une attaque de dinde.En savoir plus...
    Informations personnages
    Sujets des rumeurs généralesla capitalela gardele palais
    Les péripéties des défis de la saison chaudean 1000an 1001
    Connexion

    Récupérer mon mot de passe



    Le deal à ne pas rater :
    Cartes Pokémon 151 : où trouver le coffret Collection Alakazam-ex ?
    Voir le deal

    Sang sur le sable, les yeux dans l'eau
    Olenna BelmontGrande couturière royale
    Olenna Belmont
    Informations
    Sang sur le sable, les yeux dans l'eau
    Jeu 2 Jan 2020 - 17:27 #
    Sang sur le sable, les yeux dans l'eau Tumblr10

    Lunar était arrivé le premier, comme d’habitude. La ponctualité avait toujours été son fort, surtout quand il s’agissait d’une mission. Le jeune homme était accoudé à un poteau de bois, pourvu d’une cloche rouillée, qui servait à appeler aux embarquements. Il était arrivé depuis une poignée d’heures déjà mais ne pouvait pas encore partir accomplir ce pourquoi il était venu. L’impatient commença à taper du talon sur les planches humides de l’embarcadère, l’air salé de la côte lui chatouillant les narines. Il zyeutait les voyageurs qui descendaient d’une caravelle aux voiles éclatantes, guettant si par hasard son équipier du jour comptait ne plus tarder. Oui, cette fois Lunar avait eu droit à un partenaire pour sa mission. Le Fielleux ne se faisait pas vraiment d’illusions, il savait pertinemment que cet autre aventurier n’était pas un simple partenaire. Les coordinateurs de la Guilde avaient décidé de lui coller un limier dans les pattes pour surveiller ses faits et gestes Il avait mauvaise réputation au sein de son organisation, on aimait pas vraiment avoir affaire à lui. Il faisait nul doute qu’on avaient dû penser qu’il filoutait à l’extérieur et était susceptible de verser dans l’illégalité.

    Lunar était venu en mission car, soit disant, une bête attaquait les vacanciers et travailleurs se baladant un peu partout sur l’île. L’endroit n’était pas bien grand, il ne fallait que quelque heures pour la traverser de bout en bout, mais ce petit coin paradisiaque à la mer turquoise amassait bon nombre de touristes. Bête sauvage, égarée, apeurée, ou simple malfrat qui profitait de la crédulité de gens pris au dépourvu, Lunar était là pour le découvrir. Toutefois, il était un zoologue très talentueux et donc le parfait candidat pour remplir une quête impliquant une créature. En attendant son partenaire dont il ignorait tout, Lunar avait réussi à entendre quelques échos ça et là de dockers amateurs de cancans. Certains parlaient de griffes, d’autres de lames ou de crocs. Personne n’avait le même témoignage. Mais peut être que chacun détenait une part de vérité… Il y avait beaucoup trop de possibilités, la faune de l’Archipel étant très diverse en raison des microclimats des îles qui le composaient.

    - Papa ! On peut aller se baigner ? Geigna une petite blondinette qui tirait son paternel par le bras.

    - Plus tard… Grommela son père, avant qu’ils ne dépassent tous les deux Lunar.

    Ils ne possédaient pas de bagage, étaient déjà en tenue de bain et, soudain, sautèrent du ponton pour atterrir sur le sable blanc. Le jeune homme fut quelque peu interloqué, ne s’attendant pas à une réaction pareille malgré la réponse négative du père. Les éclats de rire gras de gros bourgeois de la Capitale incita Lunar à s’en retourner vers le débarcadère. Des taches de graisse maculaient leurs pourpoints et leurs fraises à demi cachées sous leurs triple mentons tandis que derrière eux, au loin, plusieurs serviteurs s’affairaient à porter d’immenses malles. Lunar les toisait d’un regard à la fois amusé et empli de pitié. Sa condition était-elle meilleure ? Pas forcément, il n’était après tout qu’un mercenaire, un type envoyé pour faire le boulot sale et dont personne ne veut. En plus, personne ne viendrait le pleurer s’il échouait, et certainement pas ses précieuses collègues…

    - Je peux vous aider, monsieur ? Vous êtes là depuis un paquet de temps… Fit soudain une voix qui interrompit les pensées du garçon.

    Lunar constata qu’il s’agissait d’un jeune marin au teint de bronze, le visage trempé de sueur. Le pauvre sentait le poisson et le sel, il avait les mains et les jambes usées. Sa peau marquée par le travail rendait impossible toute estimation de son âge, mais il se tenait là avec son air penaud, visiblement d’humeur serviable.

    - J’attends quelqu’un. Répondit-il tout simplement.

    - Vous êtes envoyé par la Guilde c’est ça ? J’ai vu votre plaquette ! Vous venez vous occuper du monstre ? Continua l’homme, avec un léger accent local.

    - Je suis là pour ça, en effet. Vous pouvez m’aider ? Des infos utiles sur ce “monstre” ?

    - Un collègue à moi s’est fait bouffer, c’était pas vraiment un ami. Mais on est une petite île, on se connaît un peu tous alors ça fait quelque chose.

    - Il a été consommé… Quelqu’un a vu la créature ? Continuait Lunar, fronçant les sourcils.

    - On a repêché ses restes un matin sur les docks. On lui avait pris un bras, et une jambe. Des traces de griffes, de dents et même des entailles ! Y a un touriste qui s’est fait attraper dans la lagune derrière l’île y a une semaine, on l’a toujours pas retrouvé. Sa femme s’est échappée, elle a dit qu’elle avait entendu rire.

    - Un monstre qui rit, ça n’a aucun sens.

    - Bah ouais. Mais c’est les gars à la taverne qui ont dit ça.

    - Je vois. Merci bien, mon partenaire et moi on va s’en charger.

    Le marin remercia humblement l’aventurier avant de repartir vers le port, laissant Lunar avec encore plus de questions. Un animal pareil, qui apparaît sans crier gare, et se met à attaquer étrangers comme autochtones, ça pouvait arriver. Mais un animal qui se mettait à rire et laisser des marques de lame en plus, c’était bien trop suspect. Il y avait manifestement anguille sous roche, et le jeune homme était persuadé que ce bête, quoi qu’elle soit, n’agissait pas seule. Il s’apprêtait à sortir un de ses carnets pour passer en revue les créatures connues de l’Archipel, les îles pouvaient bien cacher quelques bestioles coriaces qu’il valait mieux ne pas contrarier. Un smilodon en vadrouille, une sirène téméraire, un groupe de fées farceuses ? Ces éventualités étaient possibles mais restaient pour l’instant maigres. Une voix rauque vint cependant briser sa réflexion.

    - Lunar Le Fiel.

    Levant le regard, se tenait devant lui un homme le dépassant de plus d’une tête. Tout de noir vêtu, il avait une barbe noire étonnamment soignée et bien taillée ainsi que des cheveux tout aussi sombres correctement peignés. Lunar n’avait aucune idée de qui pouvait bien être ce type, mais visiblement il avait cru amusant d’user de son surnom pour l’alpaguer. Le plus curieux restait son visage qui, malgré la rudesse de ses traits et la noirceur de son apparat, restait assez expressif.

    - C’est vous mon chaperon, c’est pas trop tôt. Lui lâcha Lunar en croisant les bras. Je vous attends depuis des heures.

    - Vrenn Indrani, vous pouvez m’appeler Vrenn. Et c’est normal, la Guilde vous a fait prendre le navire précédent. On m’a dit que c’était juste pour vous agacer.

    - Fumiers

    Lunar pesta encore, sous le regard vraisemblablement désolé de son nouveau compagnon.
    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
    Informations
    Re: Sang sur le sable, les yeux dans l'eau
    Lun 6 Jan 2020 - 12:21 #

    J’mate le collègue qu’on m’a refilé. J’pense qu’on veut se venger de moi, pour me donner un dossier à faire sur Lunar qui s’présente lui-même comme le fiel. Ou alors c’est plus ou moins communément admis que j’suis une belle saloperie, et qu’il en faut une pour en identifier une autre. Puis la mission colle bien aux attributions de l’excellent examinateur que j’suis. La principale qualité d’un examinateur de la guilde ? La méfiance, évidemment.

    Parce que les meurtres perpétrés par des bestioles bizarres, d’expérience, c’est plutôt des trucs scabreux en famille, ou des fraudes à l’assurance. Y’a pas tant de monstres que ça, qui s’en prennent aux humains, même dans les coins reculés du style des îles de l’archipel. Bon, évidemment, faut aussi que j’évalue si Lunar est un dangereux dégénéré désagréable. Il en a la réputation, mais, hé, ça se trouve il est juste un peu caractériel.

    J’en pense pas un mot, bien sûr.

    Mais ça m’empêche pas d’être poli, alors même que jamais la guilde m’a forcée à arriver à la bourre. Nan, j’aime bien asticoter les gens, surtout quand j’dois rédiger des rapports, et qu’on me fait voyager au bout du monde. La guilde me paye même pas la carte de portail de téléportation, c’est dire à quel point ils sont pingres. Ça doit être un plan pour pas voir ma gueule pendant le temps du boulot, j’suis sûr.

    « Maintenant que les présentations sont faites, comme on est collègue et qu’on va travailler ensemble, je propose qu’on se tutoie ?
    - Ca me convient, Vrenn.
    - Parfait. T’as profité du bateau d’avant pour commencer à te renseigner, ou pas ? »

    Ça, c’est le moment où j’évalue si c’est un branlos attentiste ou pas. Sachant que normalement, on est droit dans son domaine de compétence, j’espère bien ne pas avoir à lever le petit doigt de la mission.

    « Un marin a été retrouvé sur la plage un matin, à moitié dévoré. Un bras, une jambe. Et un touriste a disparu, sa femme a entendu un rire.
    - Y’a des monstres qui rigolent, genre des hyènes ?
    - Pas vraiment.
    - Ha. »

    Bon point, il a fait quelque chose au lieu de boire un noir et un jaune au petit matin. J’l’avise à nouveau. L’est pas dégueulasse, le p’tit jeune, s’il était sympa, il aurait sûrement pleins de touches à la guilde. M’enfin, le taf d’abord.

    « Bon, le monstre qui bouffe quelqu’un c’est un classique. La seconde mort derrière, ça pourrait être quelqu’un qui en profite pour régler des comptes et lui foutre sur le dos. On commence par la piste du monstre, du coup, d’acc’ ? »

    Evidemment, il est d’accord. De toute façon, faut bien commencer quelque part.

    Il attrape ses affaires, moi j’ai tout dans mon petit sac sans fond. J’passe ma main sur mon anneau d’invisibilité, simple assurance des fois que les choses dérapent. Du ponton, on peut voir les autres jetées, avec généralement des canots ou des petits bateaux de pêche. Vu l’heure, la plupart des navires sont déjà revenus avec leurs prises du jour, qu’ils sont en train de vendre au marché. On pourra faire un tour si on trouve pas notre bonheur à la taverne, mais à mon avis, la plupart des pêcheurs vont se trouver là-bas.

    Le bled fait un mix bizarre entre une station balnéaire et un vieux village dédié à la pêche, en tout cas. Sur le bateau pour venir, le capitaine racontait que y’avait quelques belles plages de sable blanc de l’autre côté, à même pas une heure de carriole. Et une source chaude un peu plus haut dans la montagne, aussi. J’pense que les grosses bourges qu’on vient de doubler d’un pas vif viennent pour ça. C’est même pas eux qui portent leurs valises, alors qu’ils ont évidemment les moyens de s’acheter un paquet de sacs sans fond. J’hésite à les bouscules par principe, pour voir s’ils tombent à l’eau, puis j’me retiens. Faut faire bonne impression devant Lunar.

    La taverne, c’est tout ce qu’on peut en attendre. Y’a des grands filets de pêche accrochés aux murs, avec des harpons, un squelette d’un truc qui pourrait être un requin, un narval géant, enfin bref, un truc.

    « Thogosus.
    - Ah ? Cool.
    - Enfant, manifestement. On voit l’endroit où le harpon l’a planté, au niveau de l’os, là.
    - Hm. Tu maîtrises ton sujet, je vois. »

    Mais pas le temps de disséquer des rats, ici. Les poteaux dressés dans la taverne n’empêchent pas de voir les marins en train de jouer violemment aux dominos tout en buvant du rhum et en mangeant du féroce. Le claquement sec des pièces sur les tables ponctue les secondes. On fait comme chaque étranger qu’arrive dans une taverne : on va voir l’aubergiste.

    « Deux verres.
    - De quoi ?
    - La même chose que les autres.
    - C’est parti. »

    J’avale cul sec l’alcool fort, et j’regarde mon compagnon y aller aussi, mais un peu plus lentement. Faut se mêler, faire partie des leurs, dirait ce bon vieux Jack.

    « On est les aventuriers que la Guilde envoie pour votre problème de monstre.
    - M’doutais. »

    J’lui montre quand même ma plaque, ça fait toujours bien.

    « Nous voudrions davantage d’informations sur le monstre qui a dévoré le marin. Consulter ses collègues, aussi. Et éventuellement voir le corps du marin si possible. »

    Tout un programme, pour mon petit Lunar.

    « L’mieux, c’serait de voir avec Pétaure, là derrière. Il avait commencé à enquêter.
    - Sûr. Mets-en trois.
    - Trois, ça arrive. »

    J’lâche les cristaux sur le bar, et je ramasse deux des verres. Lunar se trimballera le sien comme un grand. A la table que le tavernier nous a indiqué, y’a un groupe de quatre hommes bourrus. J’pose le verre destiné à notre premier interrogatoire sur la table.

    « On cherche Pétaure. Pour le monstre. On est la Guilde. »

    Ils nous jaugent tous en prenant l’air pas impressionné. Franchement, j’sais pas pourquoi, vu qu’on sait déjà qu’ils vont payer si on réussit la mission. Mais j’suppose que c’est important d’asseoir son autorité. Y’en a un que j’fixe droit dans les yeux, en prenant la mine patibulaire. Après quelques instants, il se lève et deux de ses camarades le suivent, pour nous laisser en tête-à-tête avec celui qu’on cherche.

    La trentaine encore fringante, avec les cheveux longs et la barbe pas rasée, une chemise en lin entrouverte sur une poitrine velue, les mains couvertes de cals… Un marin, quoi. Il avale une bouchée de féroce, suivi d’un coup de son godet.

    « Asseyez-vous, asseyez-vous. J’suis Pétaure. C’est Lan qui vous a dit ?
    - Que vous aviez commencé à chercher ? Ouais.
    - Oui, bon. Au début, c’était un de mes potes. On pensait juste qu’il était tombé de son bateau, quelque chose comme ça. C’est qu’il picolait sec. »

    Il descend tout net ce qui reste dans son verre, attrape celui que j’lui ai pris.

    « Mais ensuite, y’en a eu d’autres. On a commencé à s’inquiéter, donc j’ai creusé un peu plus. Ma femme m’empêche presque de partir en mer le matin, maintenant, de peur que j’y passe aussi.
    - Et ça a donné quoi ?
    - Rien du tout. Que dalle. Bézef. On a juste un cadavre qu’est revenu avec la marée, à moitié bouffé.
    - J’ai entendu parler de morsures, de traces de griffes, et d’entailles.
    - A vue de nez, ouais. Dur à dire, après un séjour dans l’eau, évidemment.
    - C’était y’a combien de temps, le cadavre ?
    - Quelques jours. On avait déjà fait mander la guilde. Pourquoi ?
    - Moyen d’examiner le corps ?
    - Hm… Faudrait voir avec Hyléna. La femme du mort.
    - Il est pas enterré, encore ? Au bout de quelques jours ?
    - Non, on devait faire le bûcher funéraire ce soir. »

    Il descend son autre verre cul sec. Et c’était l’autre l’alcoolo ? Ca fait peur.

    « On peut y aller maintenant ?
    - Oui, bien sûr. Je vais venir avec vous, c’est encore le plus simple.
    - Et le vacancier disparu, ça vous dit quelque chose ? Sa femme aurait entendu des rires.
    - Oui, vaguement. Elle est partie se réfugier aux sources chaudes, dans la montagne.
    - Bon, commençons par Hyléna. »

    J’suis p’tet pas le meilleur pour reconnaître les traces de griffures et de morsures d’une bestiole par rapport à celles d’un monstre, mais si y’a des entailles qui viennent d’outils humains, ça, j’devrais davantage m’en sortir pour les identifier. Ça nous donnera tout de suite davantage d’éclairage sur tout ce bouzin. Et Lunar s’occupera de la partie sauvage.
    Olenna BelmontGrande couturière royale
    Olenna Belmont
    Informations
    Re: Sang sur le sable, les yeux dans l'eau
    Sam 11 Jan 2020 - 23:23 #
    - C’est là ?

    - C’est là, confirma Lunar d’un soupir las.

    La maison d’Hyléna et de feu son mari n’était pas bien grande. C’était une cahute de bois vermoulu par endroits, au toit pointu. La façade était décorée de plusieurs coquillages et de flotteurs de pêche en verre, attachés par des cordelettes vieillottes qui menaçaient à tout moment de céder. Malgré ces maigres décorations, la bicoque était bien piteuse et n’avait rien de charmant. C’était sans doute l’apanage de n’être qu’un simple pêcheur, la vie devait être plus belle et calme en mer que sur terre. La vue était magnifique, juste l’océan et le sable, juste le bruit des vagues qui allaient et venaient en cadence ainsi que le rire de quelques mouettes qui volaient à leur guise au dessus de leurs têtes. Aux côtés de Lunar, Vrenn scrutait les alentours sans trop se distraire. Étonnamment, Lunar trouvait que le chaperon qu’on lui avait imposé n’était pas aussi inquisiteur qu’il l’avait imaginé. Sans doute Vrenn devait-il trouver le corvée également fastidieuse, ou peut-être avait-on décidé de le punir lui aussi. Lunar trouvait les deux perspectives ravissantes, en collaborant effectivement avec Vrenn et en trouvant en plus le moyen de copiner avec lui, le jeune homme trouverait ainsi le moyen d’emberlificoter royalement la Guilde.

    - Allons-y, on va pas glander là comme des idiots.

    - Hm…

    La veuve Hyléna accepta d’inviter les deux aventuriers après les présentations d’usage, ravie de trouver un peu soutien suite au décès de son époux. L’intérieur de la maisonnée était du même acabit que la façade, une décoration très pauvre et artisanale. Ils entrèrent directement dans une pièce à vivre où le mobilier était entièrement fait en bois sculpté grossièrement. Tout était brutal, rustique mais si authentique à la fois, de la table à manger qui avait l’air si lourde aux petits mobiles d’os taillés qui bougeaient avec les courants d’air. La pauvre femme avait l’air gênée face aux mercenaires, comme si elle voulait à tout prix cacher la misère des lieux en se hâtant une autre porte. Elle les conduisit directement vers une pièce réaménagée en salon funéraire. Dedans, le corps de son mari avait été recouvert d’un linceul et étendu sur une simple table, attendant le jour fatidique où il serait inhumé. Lunar demanda la permission d’examiner le corps, ce qu’Hyléna accepta sans hésitation. Le jeune homme s’avança vers le mort avant de soulever délicatement le suaire tandis que Vrenn restait aux côtés de la veuve.

    - Vous savez comment votre mari est mort ou non ? Lui demanda-t-il.

    - Non… On est venu m’annoncer que mon époux était mort en mer, il y a quelques jours. On a fait les rituels nécessaires, mais j’ai demandé à ce que l’inhumation soit repoussée en attendant votre passage.

    - Nous vous remercions, vous n’étiez pas obligée.

    - Si, je l’étais. C’est la moindre des choses pour que vous puissiez découvrir qui a fait ça, pour l’arrêter. Pour sauver notre île. Je suis désolée, je ne sais rien, je ne peux pas vous aider davantage.

    - Vous avez déjà fait beaucoup.

    Lunar n’écoutait pas ce que la dame expliquait à Vrenn, il avait les yeux rivés sur le cadavre étendu devant ses yeux. Il n’était pas beau à voir. Comme les pêcheurs leur avait raconté, il lui manquait un bras ainsi qu’une jambe. Plusieurs herbes aromatiques ainsi que divers bâtons d’encens brûlaient autour de la table pour tenter de masquer l’odeur de putréfaction qui embaumait néanmoins la salle. Il se pencha vers les blessures pour les examiner de plus près. Le bras avait été sectionné d’un seul coup net, l’humérus brisé en son centre. Il eut moins de chance sur sa jambe sur laquelle la bête avait dû s'acharner un peu plus avant d’arriver à la faire partir en délogeant son fémur droit. Le plus curieux restaient les marques sur son torse et son ventre, des marques qui ressemblaient étrangement à celles d’un couteau.

    - Du nouveau, Lunar ?

    - Les deux membres perdus sont le résultat d’une morsure. À en juger par les marques laissées sur la chair et la cassure de l’os, on a affaire à une créature qui possède une mâchoire très puissante. Quelque chose qui s’apparente à un crocodile, voire un jagras.

    - Ça vous dit quelque chose, madame ?

    - Je sais qu’il y en a sur certaines îles voisines. Vous pensez que l’un d’eux aurait pu nager jusque sur la notre ?

    - C’est possible. Mais ça n’explique pas ces marques.

    - Quelles marques ? Enchaîna Vrenn.

    - Les pêcheurs disaient vrai. Il y a plusieurs traces semblables à des coups de couteau partout sur le reste de son corps. Aucun animal n’a ce genre de comportement. Des griffes lacèrent, des crocs déchiquettent, une mâchoire broie, une corne empale, mais aucun des quatre ne donne de fins coups d’estoc.

    - Étrange. Tu constate autre chose ?

    Plissant les yeux sur les blessures, un éclair traversa les pensées de Lunar. Cherchant une pince à épiler dans son sac, il approcha doucement l’ustensile du torse du macchabée avant de délicatement retirer un fil doré d’une des incisions. Un cheveux, un cheveux humain. Lunar jeta un regard à Vrenn qui comprit presque immédiatement. Hyléna paraissait perdu, profondément affaiblie. Les deux aventuriers la remercièrent et la laissèrent à sa peine, dans sa petite maison. Une fois dehors, ils purent échanger à nouveau :

    - Je ne connais pas beaucoup de crocodiles avec des cheveux.

    - Parce qu’il n’y en a pas.

    - Un gros reptile en vadrouille, des cheveux blonds. De plus en plus bizarre… Une idée d’où chercher à présent ?

    - On peut aller aux sources chaudes voir la bourgeoise survivante. Je suis curieux d’avoir son témoignage, surtout après notre dernière trouvaille.
    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
    Informations
    Re: Sang sur le sable, les yeux dans l'eau
    Lun 13 Jan 2020 - 17:18 #

    Franchement, j’vois pas de quoi les autres se plaignent vis-à-vis de Lunar, pour le moment c’est un chic type, et en plus, il fait son boulot, ce qui signifie que j’ai pas encore à faire le mien. Bon, enfin, si j’écris juste ça dans mon rapport, ils vont gueuler derrière, alors faut que j’trouve des saloperies à dire. Des p’tits trucs, s’il reste sympa, histoire de faire genre j’me suis investi. C’est qu’après, sinon, ça risque de retomber sur moi, et une des premières choses que t’apprends quand t’es examinateur, c’est bien à pas te faire remarquer.

    Sinon, t’es parti pour aller examiner les traces des monstres le long de la frontière, dans la neige et le froid, à te rappeler avec nostalgie de l’époque où t’avais des orteils.

    En tout cas, les cheveux blonds et les coups de surin, on est plutôt d’accord que c’est louche.

    Il nous faut quelques heures pour atteindre les sources chaudes de l’île. Y’a un petit hôtel construit à cet endroit-là, avec une route caillouteuse plutôt praticable, et pratiquée au vu des ornières que les charrettes creusent dedans. On a Pétaure toujours avec nous, qui sert de guide et nous raconte des platitudes sur son bled. J’écoute d’une oreille distraite, des fois qu’il laisse échapper une information intéressante, mais les histoires de pêche, bon, j’veux pas dire, mais on fait vite le tour. Même quand c’est avec les gars qu’on retrouve comme cadavres au petit matin, pour illustrer à quel point ils savaient nager, pêchaient bien, et étaient de grands compagnons de fête.

    Le bâtiment en bois qui nous fait face est bien entretenu, ce qui prouve que les sources doivent rapporter un paquet de pognon. Faut dire, si c’est les bourgeois qui y vont, ça se tient. On est accueilli dans la petite cour de l’entrée par une quarantenaire avenante, qu’est en train de s’assurer que tout est bien rangé pour notre venue. J’suppose qu’elle doit voir arriver les gens par une des fenêtres de la façade.

    « Bonjour, messieurs.
    - Salut, Lyna.
    - Oh, Pétaure. Tu guides ? C’est uniquement pour les sources, ou vous prendrez deux chambres ? Une peut-être ?
    - Ce sont des aventuriers de la Guilde.
    - Oh ? Qu’est-ce qui vous amène ?
    - Ils enquêtent sur les… problèmes que nous avons actuellement.
    - Les meurtres, en fait, et les cadavres que vous retrouvez au gré des marées.
    - Une véritable horreur, ça, abonde-t-elle. »

    Elle a pas l’air touchée plus que ça.

    « Vous n’imaginez pas, si cela commençait à se savoir partout, l’impact sur le tourisme. Plus personne ne voudrait venir. Cet hôtel est dans ma famille depuis quatre générations, et…
    - Et on voudrait parler à la femme qui a entendu son mari se faire enlever, s’il vous plaît, que j’coupe gentiment mais fermement. »

    Elle ravale son laïus, et nous guide jusqu’à un petit salon meublé avec goût. Puis Lyna nous prévient qu’elle va aller chercher sa cliente, si toutefois celle-ci consent à nous voir. Elle a plutôt intérêt, ça ferait mauvais esprit de refuser, après tout.

    « T’en penses quoi, Lunar ?
    - Pas grand-chose, elle a l’air assez déconnectée.
    - C’est sûr, faut voir ce que dira l’autre. Déjà des idées ?
    - Une ou deux peut-être.
    - Pareil, on en recause alors. »

    C’est qu’on entend des pas dans le couloir, puis la porte s’ouvre sur un petit brin de femme, mon âge environ, à vue de nez, toute menue mais très mignonne. J’suppose que c’est comme ça qu’elle a pu faire un beau mariage, d’ailleurs. Encore que j’suis un peu injuste, ça s’trouve c’est elle qu’avait les pognons. A force de choisir d’épouser des gens beaux, les riches tendent à le devenir, après tout. Comme quoi la vie est injuste jusqu’au bout. Cela dit, ils sont aussi cons que les autres, ce qui est un bon point.

    « Bonjour. Je suis Léra de Hauroupio. Vous êtes des enquêteurs de la Guilde ?
    - C’est ça. Voici Lunar le Fay, un zoologue, et j’suis Vrenn, un examinateur.
    - Je suppose que vos questions portent sur la disparition de mon mari ?
    - En l’occurrence, oui. J’vais laisser la parole à Lunar. »

    Il se racle la gorge avant de se pencher en avant, vers Léra. Pétaure et Lyna observent avec attention, et j’essaie de mon côté de tout voir. Les histoires sont rarement aussi compliquées qu’on croirait.

    « Pouvez-vous nous détailler exactement ce qui s’est passé le jour où votre mari a disparu ? »

    Elle renifle bruyamment, dans une belle expression de tristesse. J’ai connu des putes qui simulaient moins mal.

    « Nous sommes venus en vacances ici pour passer un peu de temps ensemble. Son travail de marchand fait qu’il est tout le temps absent, en déplacements ou à son hôtel particulier d’affaires, vous comprenez. Et avec les enfants…
    - Les enfants ?
    - Oh, nous les avons laissés à leurs grand-parents à la Capitale.
    - Et donc, ce jour-là ?
    - Nous avons cherché une lagune un peu isolée pour être juste tous les deux. »

    Et baiser dans le sable sous le soleil des tropiques ?

    « A un moment, il est allé nager tout seul pendant que je prenais le soleil. Puis, comme il ne revenait pas, je suis allée voir. Il était censément de l’autre côté d’un rocher. C’est là que j’ai entendu un genre de… rire. Mais je n’ai jamais revu mon mari.
    - Un rire ? Vous pourriez le définir ?
    - Hm… »

    Elle se plonge en pleine réflexion.

    « Je ne saurais pas dire de quel type de monstre il s’agissait.
    - Si vous deviez dire, vous diriez un rire d’homme ou de femme ? Ca pourrait être celui de votre mari ?
    - Non, ce n’était pas mon mari, mais je ne sais pas si ce serait une femme ou un homme. Je croyais que c’était un monstre, cet horrible monstre qui attaque les pêcheurs.
    - C’est bien l’objet de l’enquête, Madame. D’autres informations qui vous viendraient en tête ? Des traces sur la plage, par exemple ?
    - Je, non, c’était simplement une plage de sable blanc. »

    On s’arrête quelques instants pour réfléchir. Personnellement, j’ai pas trop de questions qui m’viennent, mais p’tet que Lunar en a d’autres.
    Olenna BelmontGrande couturière royale
    Olenna Belmont
    Informations
    Re: Sang sur le sable, les yeux dans l'eau
    Dim 26 Jan 2020 - 18:37 #
    Dans l’expectative, Vrenn fixait Lunar depuis plusieurs secondes comme s’il espérait une intervention de sa part. Que voulait-il de plus exactement ? Cette bourgeoise ne leur était d’aucune utilité, ils avaient fait toute cette route pour rien. Les aventuriers n’avaient pas appris grand chose de plus que ce qu’ils savaient déjà. Cette ingénue faisait bronzette et avait juste entendu son mari hurler pendant qu’elle se dorait la pillule. Les racontars des pêcheurs avaient sûrement été plus concis, avec le même niveau d’informations que cette parfaite idiote. En plus de ça, cette femme était sensée être en deuil et avait l’air d’être plus préoccupée par son prochain bain de boue que la mort de son époux. Sans doute devait-elle être bien heureuse de récolter le pécule dûment gagné et tout droit sur l’entreprise de son marchand de mari. Lunar plissa les yeux. Peut-être n’était-ce pas un hasard ?

    - Ce n’était pas vous qui riait, à tout hasard ? Fit Lunar, catégorique, son regard perçant pointé droit vers la veuve.

    Vrenn était quelque peu surpris de la question, mais n’intervint pas. Au contraire, il tourna la tête vers l’intéressée en attendant lui aussi sa réponse. La dame, quant à elle, était complètement hébétée. La mâchoire grande ouverte et ses yeux écarquillés, elle ne s’attendait manifestement pas à être confrontée de la sorte. Le jeune homme n’en démordait pas et continuait de la fixer impérieusement. Après quelques secondes d’incompréhension due à la surprise, le visage de la veuve commença à se crisper. Ses pommettes s’empourprèrent en même temps que ses lèvres minces se pincèrent. Serrant les poings, elle tâchait tant bien que mal de ne pas trembloter.

    - Comment osez-vous…? Souffla-t-elle. Insinuez des choses pareilles !

    - Navré de faire mon travail. J’essaie de sauver une île pendant qu’on vous palpe la surcharge pondérale qui vous sert de fessier.

    - Lunar… Fit Vrenn, le plus calmement du monde.

    - Vous pensez que je suis responsable de ces meurtres ?! Explosa la femme en éclatant en sanglots, furieuse.

    - Je pense que vous avez surtout profité de ce qu’il se passe ici pour vous improviser veuve noire. Vous prenez la mort de votre mari relativement bien.

    - Il n’a pas tort sur ce point. Votre attitude laisse à désirer.

    - Vous n’avez aucune preuve. Répondit-t-elle en serrant les dents.

    - En effet. Mais au moins deux personnes dans cet infâme royaume saurons ce que vous avez fait et seront prêtes à vous fondre dessus tels des rapaces si besoin est.

    - On s’en va, Lunar, inutile d’épiloguer. Au revoir, madame. Conclua Vrenn.

    Lunar soupira en levant les yeux au ciel avant de suivre son collègue pour quitter le complexe de plaisance. Ils laissaient derrière eux une femme en colère, mais aussi profondément anxieuse. De rage, elle envoya valser au sol un plateau d’argent sur lequel reposait plusieurs serviettes chaudes et peignoirs de bain. La pauvre hurla à nouveau à l’attention des aventuriers sur le départ :

    - Vous ne savez rien de moi !

    - Je reconnais un monstre à l’instant où je pose les yeux sur lui.

    Vrenn et Lunar étaient revenus dans le hall de la station balnéaire, laissant derrière eux leur seule piste susceptible de leur apprendre quoi que ce soit. Les deux aventuriers s’étaient assis dans un patio, sur un canapé en osier installé sous une magnifique glycine fleurie de rose et de pourpre. Vrenn se versa une coupe d’eau fraîche d’une carafe posée sur une table devant eux. Lunar tapotait nerveusement le sol du talon, le regard dans le vide. Ils étaient toujours au même point qu’à leur arrivée, avec si peu d’informations. La dernière veuve qu’ils avaient vu était plus une fausse piste qu’autre chose et ils continuaient de faire chou blanc.

    - Bien. La veuve du pêcheur, fait. Celle du marchand, aussi.

    - Du travail d’amateur, on avance pas d’un pouce. Aucun idiot sur cette fichue île n’a quoi que ce soit d’intéressant à nous apprendre.

    - Pas de panique. On a encore la lagune à aller visiter.

    - Et quoi ? Faire le tour de l’île entière ? Ratisser chaque parcelle jusqu’à ce qu’on tombe sur cette chose ?

    - Tu as une meilleure idée ?

    - Ce que je ne comprends pas c’est le comportement de cette bête. D’ordinaire, un animal a un territoire de prédilection, un terrain de chasse duquel il ne sort que rarement ou sous certaines conditions. Là, elle a l’air de pouvoir frapper n’importe où, aux quatre coins de l’île.

    - Une attitude inhabituelle, donc. On ne va pas pouvoir le débusquer et le piéger là où chasse.

    - Effectivement, on va devoir adopter une autre tactique. L’un de nous va devoir servir d’appât pour provoquer le monstre.

    - Je suppose que tu ne vas pas te proposer volontaire.

    - Tu supposes bien. Si tu es blessé, je pourrai aisément te soigner grâce ma magie, tu seras un appât bien plus convaincant que moi. Je suis plus utile vivant que mort. Tandis que toi, je l’ignore.

    - Je commence à comprendre pourquoi on m’a envoyé te chapeauter. Personnellement je pense que l’expert en animaux devrait être celui qui appâter l’animal et risquer de mourir.

    - Et moi je comprends pourquoi on s’entend si bien. On est aussi pourris l’un que l’autre…
    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
    Informations
    Re: Sang sur le sable, les yeux dans l'eau
    Sam 8 Fév 2020 - 10:00 #

    On s’jauge pendant de longues secondes, aucun des deux prêt à servir d’appât à un monstre potentiellement dangereux, et dont on sait finalement pas grand-chose pour l’instant. Puis, tout doucement, un sourire naît sur nos deux visages. J’sais que le sien est assez carnassier, et j’peux supposer que le mien est dans la même veine. Après tout, aucun problème n’est insurmontable pour celui qu’est capable de penser un peu plus loin que le bout de son nez.

    On hoche tous les deux la tête, et on sort de l’hôtel pour retrouver notre guide favori, Pétaure. Sur nos visages, il n’arrive à lire que le souci, l’inquiétude, et une réflexion intense.

    « Alors, comment ça s’est passé ?
    - Pas terrible, Pétaure, que j’commence.
    - Elle n’avait rien d’intéressant à nous apprendre, ajoute Lunar.
    - Vous pensez qu’il y a un lien avec l’autre bête ?
    - Impossible d’en être sûr à ce stade.
    - Mais vous avez trouvé des indices ? »

    Grand silence. Il cherche nos yeux, mais on l’esquive avec application, et après être allé de l’un à l’autre pendant quelques temps, il lâche un soupir un peu désespéré.

    « Donc vous n’avez rien, et n’avez aucune idée de ce dont il s’agit, ni comment faire pour que ça s’arrête ?
    - J’dirais pas ça. On a p’tet une idée, que j’lâche.
    - Mais ce sera dangereux.
    - Donc la Guilde n’abandonne pas encore ? »

    C’est beau de voir la flamme de l’espoir briller comme ça. J’prends l’air gêné.

    « On a encore besoin de ton aide, Pétaure.
    - Bien sûr, dites-moi. Je vais faire de mon mieux.
    - Il nous faut un appât. »

    Le silence s’étire un peu davantage.

    « On va t’expliquer sur le chemin. »

    Il a l’air secoué, mais il discute pas quand je le guide doucement pour qu’on redescende de leur petite montagne. Et qu’on lui explique précisément ce dont on a besoin. Et qu’on le rassure, évidemment : l’élite de la Guilde sera là pour s’assurer qu’il ne lui arrive rien de grave, parole d’Aventurier, n’est-ce pas, on est là pour les aider, tout ça tout ça…

    Il en faut pas beaucoup pour le convaincre : cette histoire le bouffe, et il sent que ça dévore aussi l’île. Si ça continue, ils risquent de tous se retrouver cannés ou destitués, et faut penser aux femmes et aux enfants, hein. Donc il ravale ses craintes, hoche la tête fermement, gonfle les joues et le torse, et accepte tout ce qu’on lui demande. Adorable, le gars, même s’il a pas inventé l’eau tiède.

    Le lendemain, après plusieurs heures de préparation et de sommeil, on est dans une des criques proches de celles où le gros bourgeois a fait une belle rencontre, pendant que sa femme faisait bronzette un peu plus loin. Pétaure est tranquillement sur la place, en train de se reposer, de profiter du soleil, du sable chaud. Il attend encore un petit peu avant d’aller faire trempette. Nous, on est planqué à deux endroits différents, sous le sable, et dans un rocher. Sans bouger, comme ça, il fait une chaleur à crever.

    Y’a bien un truc dont y’a que le pêcheur qui s’est pas rendu compte, quand on lui a expliqué le plan. Si la bestiole lui saute dessus pendant qu’il est dans la flotte, y’a pas une chance, mais alors vraiment aucune, qu’on arrive à temps pour le sauver, à moins qu’il s’agisse d’un escargot mutant. Mais c’est finalement assez secondaire, par rapport au fait que j’suis en train de mourir de chaud et de suer toute l’eau de mon corps alors que j’suis tapi sans remuer.

    J’prends une gorgée de ma gourde, quasi-tiède maintenant, et pourtant bien plus fraîche que moi. Les yeux qui regardent tout autour, j’distingue toujours rien. A l’heure dite, Pétaure se lève, s’étire, se passe la main dans les cheveux. J’ai l’impression que ça tremble un peu, mais avec la distance, difficile d’en être certain. Il doit nager dans des cercles concentriques, de plus en plus loin, pour voir s’il arrive à faire venir le monstre.

    Si j’arrive pas à venir à temps, j’ai un cadre magique, au pire, ça servira de preuve.

    Il va doucement dans l’eau, son corps athlétique de pêcheur assez tendu. Il joue pas très bien le gars qui se méfie pas, à jeter des regards à droite à gauche, mais j’mise pas sur le fait que la bête soit une spécialiste des comportements humains. Après la trempette, il commence à nager un peu paresseusement, et s’éloigne petit à petit. De plus en plus loin, évidemment. J’ose pas trop remuer, des fois que ça nous observe déjà.

    Allez, ramène-toi, sale créature de merde, qu’on puisse boucler la mission. Et si c’est trop velu pour nous, on enverra les exterminateurs à notre place.
    Olenna BelmontGrande couturière royale
    Olenna Belmont
    Informations
    Re: Sang sur le sable, les yeux dans l'eau
    Jeu 13 Fév 2020 - 15:33 #
    Lunar et Vrenn restaient planqués derrière de la bruyère, les pieds dans le sable, sous le cagnard. La situation n’était pas des plus agréables, mais la manœuvre était classique. L'appât batifolant tout seul en plein terrain ouvert tandis que les trappeurs patientaient nonchalamment en observant d’un œil léger. Le piège était relativement archaïque, mais restait le b.a.-ba de la traque et du pistage. Au bout d’une dizaine de minutes sans que rien ne se soit passé, Pétaure commençait à apprécier un peu plus sa séance de trempette. Comme si, dans son esprit de petit paysan des îles, il avait oublié qu’il barbotait pour attirer un monstre mangeur d’homme. Mais, avant qu’il ne soit trop à l’aise, une étrange masse noire arriva à toute allure vers eux, débarquant du versant de la baie qu’ils ne pouvaient pas surveiller. En un instant, Pétaure fut projeté en l’air pour atterrir lamentablement sur le sable en un hurlement d’effroi, son flanc gauche lacéré par un coup de griffe.

    Les deux aventuriers sortirent de leur cachette, dégainant leurs armes. Lunar se précipita vers Pétaure pour refermer ses plaies. Tendant sa paume gauche vers sa blessure, sa main s’illumina et un filet d’énergie lumineuse vint serpenter sur les blessures béantes qu’il avait sur le torse. En quelques secondes, sa peau était redevenue normale. Vrenn, quant à lui, se dressait face à la forme toujours sous l’eau. Cette dernière se décida à en sortir, mais aucun des deux ne s’attendait à trouver telle créature. Émergea de l’onde un colosse couvert d’écailles verdâtres. Il possédait des mains pourvus de cinq doigts griffus, une peau muqueuse qui semblait pourtant aussi dure que du cuir. Sa mâchoire carrée avait l’air de pouvoir briser en deux un tronc d’arbre d’un simple coup. Ses pupilles, de petites billes perchées au dessus de fentes qui lui servaient de nez, brillaient d’un éclat céladon.

    - C’est quoi ça ?! Lança Vrenn à l’attention de Lunar.

    - Évidemment, voilà pourquoi pister cette chose était invraisemblable… ça n’est pas une bête, c’est un métamorphe !

    Un humain capable de se transformer en hybride crocodile, c’était le scénario qu’ils n’avaient pas prévu, pensant qu’ils poursuivaient un animal et non un être doué de raison. La créature commençait à attaquer Vrenn, ce dernier esquivant pour l’instant avec aisance. Lunar s’apprêtait à lui venir en aide mais des bruissements en provenance des buissons derrière lui éveilla son attention. Une petite femme blonde, pas plus grande qu’une enfant, venait d’émerger de la brousse. Elle n’était pas une enfant, plutôt atteinte de nanisme et armée de deux grand coutelas. Le zoologue comprenait enfin d’où provenait les entailles sur les cadavres. Un éclair traversa son esprit, il reconnut par la même occasion la silhouette de la petite fille et de son “père” qu’il avait vu sur la jetée avant que Vrenn n’arrive.

    *Deux tueurs en série… Génial… *

    - Encore à nous de faire le boulot de la Garde. Bande d’incapables !

    Le jeune homme reprit sa rapière en main avant de dégainer sa dague, se dirigeant vers la naine pour lui faire face.
    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
    Informations
    Re: Sang sur le sable, les yeux dans l'eau
    Dim 16 Fév 2020 - 10:02 #

    Le monstre est assurément humain, et c’était bien ce sur quoi on tablait, avec Lunar, même si on se l’est pas dit. J’jauge ses mouvements, j’essaie de voir si y’a des trucs bizarres de monstres, de bestioles, des articulations qui vont agir différemment de celles dont j’ai l’habitude chez moi, ou quand j’fréquente mes congénères, ceux qui se transforment pas en crocodile géant. Flippant, les crocos, en plus. Quelque chose dans la gueule, ça leur fait un sourire bizarre. Mais là, on est sur terre, il est à moitié transformé, et même si je déteste le sable, parce qu’il est rugueux, ça serait dix fois pire si on était dans l’eau.

    Derrière moi, Pétaure se remet de sa blessure, et de son soin par mon binôme. En voilà, un pouvoir utile, le genre dont j’espère ne pas avoir besoin. Regard derrière, mais le Fay est occupé avec autre chose, un genre de nabote. Elle est pas très mignonne, et le rictus qu’elle a sur le visage l’embellit clairement pas. Enfin, quand on s’bat pour sa vie, on est rarement très séduisant, faut dire. Bien loin des représentations, des peintures, et des descriptions des livres à l’eau de rose pour les adolescentes et les femmes frustrées.

    J’recentre mon attention sur le gros machin qui me fait face. Le style armoire à glaces, le gars que, si tu le croises dans une taverne et qu’il te met un coup de poing, t’arrache littéralement la tête. Le genre que j’crois que dans des ruelles sombres, par derrière, si ça s’avère nécessaire, quoi. Plusieurs fois, j’passe sous sa garde, et j’plante un couteau dans le cuir épais de son flanc, mais impossible de l’entailler sérieusement.

    Lunar a sorti sa rapière et une dague, et profite de son allonge considérable pour maintenir la naine à distance. Les lames virevoltent, mais elle est suffisamment agile rester loin, sans toutefois parvenir à passer sous sa garde pour le planter définitivement. Il s’en sort pas mal, le zoologue, l’air de rien. Et qu’il occupe la meurtrière, c’est bien tout ce dont j’ai besoin, le temps que j’me dépatouille du gros bourgeois.

    Une patte griffue passe à quelques centimètres de mon visage, et il pousse un grognement, avant de tomber à quatre pattes. Sa gueule se tend vers mon mollet, mais j’saute brusquement en arrière. Le sable, putain. J’mets deux secondes à retrouver mes appuis, mais il est déjà sur moi. Pas l’choix. J’active mon anneau d’invisibilité, et j’me laisse tomber en arrière, tout l’inverse de ce que j’voulais à la base.

    Son attaque frappe le vide juste devant moi, et il est momentanément déstabilisé. J’sais que y’a un gros creux dans le sable, là où j’suis, mais il a pas dû faire gaffe, dans le feu de l’action. J’reprends mes appuis, et avant qu’il puisse repérer quoi que ce soit, j’saute sur son dos. Ça a toujours été le point faible des crocodiles, à ma connaissance. Et, effectivement, ses bras un peu courts l’empêchent de me déloger. Par contre, s’il roule sur lui-même…

    J’profite de ma position pour frapper à la nuque, mais pareil, la peau est trop épaisse. Et il roule, évidemment. J’saute dans l’autre sens, avant de me dire que j’aurais dû profiter du ventre découvert pour viser la gorge, où ça a l’air moins épais, plus fin, moins résistant. J’suis même plus invisible, en plus. Les yeux, faut que j’vise les yeux, pas de doute.

    Derrière, ça virevolte, pendant que Pétaure, maintenant debout, cherche comment il pourrait aider. Il doit pas avoir un pouvoir très utile, style remonter les filets de pêche, ou quoi. Mais Lunar se débrouille bien, et la nabote a une estafilade sous la joue, là où elle a réussi à esquiver de justesse une attaque. Lui, à part des vêtements un peu coupés, on voit pas grand-chose. Bon, il va p’tet finir et venir m’aider, à ce rythme, ça serait parfait.

    Le crocodile se redresse, revient en position debout. Ça tombe bien, moi aussi.

    On se jauge, en plein cagnard. On se tourne doucement autour, puis j’incline légèrement le poignard de ma main droite pour lui refléter le soleil dans la gueule. Il ferme les yeux par réflexe, et j’saute, invisible. J’attendais que ça. Mon pied trouve prise sur son genou cagneux, et j’plante un des surins au niveau de la clavicule. C’est davantage pour me hisser qu’autre chose, parce que j’arrive au niveau de la tête, et il ouvre les mirettes juste à temps pour voir la pointe de mon planteur en gros plan.

    J’l’enfonce jusqu’à la garde, histoire d’être sûr.

    Il titube quelques secondes, me griffe le dos comme il peut. C’est douloureux, mais j’y fais pas attention dans la panique. Puis il tombe en avant. J’m’écarte tant bien que mal de la chute, et j’ai que ma jambe droite coincée sous l’imposant cadavre.

    Bon, Lunar et Pétaure, ils branlent quoi, merde ?
    Olenna BelmontGrande couturière royale
    Olenna Belmont
    Informations
    Re: Sang sur le sable, les yeux dans l'eau
    Dim 1 Mar 2020 - 15:24 #
    La naine s’était mise à courir vers Lunar et Pétaure en braillant, ses couteaux pointés droit vers eux. Elle avait la nette envie de taillader le pêcheur en pièces, mais le zoologue ne la laisserait pas faire. Lunar poussa Pétaure, le faisant reculer de plusieurs pas avant de le voir s’affaler derrière un rondin de bois couché au sol, disparaissant dans la brousse. Le pauvre devait être terrifié, il ne risquait pas de bouger de sa nouvelle cachette. Avec un peu de chance, il fuirait à toutes jambes pour rentrer chez lui, ou alerter les autorités. Mais Lunar n’en espérait pas trop, Pétaure n’était pas le plus intelligent des environs, loin de là. La petite femme se jeta sur Lunar mais ce dernier la repoussa d’une taillade de sa lame. Elle retomba en arrière sur ses pieds nus avant de repasser à l’assaut, aussi rapide et furieuse qu’une bête affamée. À se demander qui était la vraie créature dans leur duo…

    - Pourquoi est-ce que vous tuez ? Les gens de cette île n’ont rien fait. Lui lança Lunar entre deux chocs de lame.

    - Pourquoi pas ? C’est ce que font les monstres ! Répondit-elle d’une voix railleuse.

    Lunar n’aurait pas plus de réponse. Il aurait dû s’en douter après tout. Cette femme était suffisamment folle pour servir de concubine à un transformiste reptile. Cet hybride crocodile avait dû souffrir de sa difformité, tout comme cette femme avait dû être moquée de la sienne. Il ne fallait pas être grand érudit pour deviner que leur méchanceté venait de celle des autres. Malheureusement pour elle, Lunar était un expert en monstres… mais aussi un bretteur talentueux. En moulinant un coup d’estoc, il réussit à la désarmer d’un de ses couteaux qui partit se planter dans le tronc d’un palmier. Attrapant son second coutelas à deux mains, la femme se mettait à taillader grossièrement l’air face à elle pour espérer toucher l’aventurier. Il était parfaitement clair que cette adversaire ne savait pas se battre et avait l’habitude de compter sur la force de son comparse écailleux pour triompher. Dommage pour elle, ce dernier était aux prises avec Vrenn et ne pourrait venir à son secours.

    Elle plongea en avant sur Lunar pour espérer le transpercer mais le garçon esquiva élégamment d’un pas de côté. Il sortit promptement sa dague décorée d’aigue-marine et piqua le flanc droit de la naine, l’entendant éructer un cri douloureux. Elle tomba lamentablement au sol avant de se relever, des taches rougeâtres maculant peu à peu sa tunique. Suant à grosses gouttes, elle bougeait difficilement mais s’avança à nouveau vers Lunar. Il n’eut pas à effectuer de grand effort. Le zoologue se contenta d’avancer vers la femme. Il para le coup qu’elle voulut lui porter à l’aide de sa dague avant de l’assommer grâce à la garde de sa rapière.

    La pauvre était enfin vaincue. Elle tomba au sol, inanimée, son poignard gisant dans le sable. Lunar se baissa et dirigeant sa paume vers la blessure qu’il lui avait infligé, la referma grâce à sa magie. Elle n’était pas trop profonde, il avait fait attention. La soigner ne lui coûterait pas grande énergie. Il voulait en préserver au cas où Vrenn était dans la panade. Levant les yeux Lunar se rend compte que Vrenn avait réussi à abattre la créature, mais était tombé au sol à son tour, coincé sous l’imposant reptile.

    - C’est le grand amour entre vous ! Lui lança-t-il avant de se diriger vers lui pour l’épauler, et le soigner à son tour.

    Une nouvelle question traversa son esprit. Comment allaient-ils transporter ces deux idiots… ?
    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
    Informations
    Re: Sang sur le sable, les yeux dans l'eau
    Lun 2 Mar 2020 - 19:23 #

    Lunar rend service, au moins : il a fait sa part du turbin, en gérant la naine agressive, et vient même m’aider et me soigner. Y’a pas à dire, c’est rudement pratique, comme pouvoir. On peut pas lâcher les mêmes compliments vis-à-vis de Pétaure, qu’a globalement été assez inutile. En même temps, j’me dis alors que j’m’exhume de sous le crocodile, le gars est pêcheur sur une île paumée et moisie, alors il a des capacités en adéquation avec son boulot… Et c’est plutôt le nôtre, de gérer les problèmes des gens et buter des monstres dangereux.

    Enfin, les monstres, ça n’a jamais été trop mon truc, cela dit.

    Du coup, voir les deux humains laids étendus là, finalement, ça m’fait dire que j’suis en plein dans mes spécialités, à savoir les ressources humaines. C’est juste que j’m’attendais pas à ce que ça se matérialise sous cette forme, donc j’suis un peu surpris. Le crocodile anthropomorphe se relèvera pas, déjà, ce qui règle la moitié du problème. Il reste donc la naine. Elle pourra gentiment passer aux aveux, et la Guilde aura à nouveau réussi avec brio une quête alors que la Garde aura pas été foutue de se sortir les avant-bras de là où ils sont profondément enfoncés.

    On attache quand même la naine hargneuse. Faudrait pas qu’elle s’excite ou essaie de tuer quelqu’un. Pétaure revient comme un merdeux.

    « Hé, t’inquiète pas. Chacun son boulot, Pétaure, et les thons seront bien gardés. »

    Et garde-toi tes moches, hein.

    « je suis désolé, j’ai paniqué, je voulais aider mais…
    - On ne l’a pas trop senti, commente Lunar.
    - C’est pas grave, on s’en est bien sorti. C’est ce qui compte.
    - Mais quand même, c’est bizarre, comme histoire. Je ne comprends pas pourquoi…
    - On va leur demander, on sera vite fixé, que j’réponds. »

    Mais d’abord, j’vais me passer un peu d’eau sur le visage, histoire de me rafraîchir. Entre le cagnard, et le combat, j’ai l’impression qu’il fait dix mille degrés. Lunar fait de même.

    « On va faire quoi de la naine ?
    - Ben on va la balancer à la garnison de la Garde la plus proche et ils se démerderont.
    - On va devoir la trimballer en bateau ?
    - Tu veux la laisser à Pétaure, cette p’tite merde hargneuse, à la p’tite merde peureuse ?
    - Oui, bon… »

    Une fois revenu à côté de la nana attachée, j’lui verse un peu d’eau sur la gueule, mais elle cille pas. J’lui fous négligemment un coup de pied dans les côtes.

    « Allez, grouille, on a autre chose à foutre. »

    De mauvaise grâce, elle ouvre les mirettes, et nous jette un regard haineux.

    « Bon, pourquoi vous butiez des gens ?
    - J’ai jamais tué personne.
    - Pénible…
    - Je t’ai entendu dire que les monstres tuaient. On vous traite comme des monstres, c’est ça ? »

    Silence.

    Bon, allez, il a tapé juste.

    « Allez, on fout tout ça au trou à la première garnison qu’on croise, que j’lâche.
    - Attendez, fait la naine.
    - Quoi ? Demande Lunar.
    - Vous voulez pas… me relâcher ? J’admets que c’était une erreur, les meurtres. Mais dans notre jeunesse, on était dans un cirque, dans des attractions pour faire peur. José s’est retrouvé coincé très jeune dans cette forme hybride énorme, et moi… moi… Voilà, quoi. »

    Oh, j’vais pleurer.

    « C’est fascinant. On lui met un baillon ?
    - Excellente idée, Lunar. Sur ce, Pétaure, on va essayer de chopper la marée. Les Examinateurs viendront prendre le paiement d’ici quelques jours. »

    Et n’empêche, on dira ce qu’on veut, mais Lunar était pas du tout casse-couilles. J’vais lui mettre une bonne appréciation, dans mon rapport, tiens. Ça fera les pieds au prochain qui tombera avec lui.
    Contenu sponsorisé
    Informations
    Re: Sang sur le sable, les yeux dans l'eau
    #