Le vent était une mystérieuse force de la nature. Parfois présent et parfois absent, il était toujours froid. Cela était agréable durant les saisons un peu chaudes et terriblement dérangeant pendant celles qui étaient froides. Aujourd'hui, ce dernier était levé dans la ville ou j'étais de passage afin de me rendre à la guilde. J'avais des récompenses à récupérer suite à quelques mandats que j'avais validés.

J'étais sorti de la guilde il y a quelques minutes et je partais en direction de la sortie de la ville. En sortant de la guilde, j'avais remis immédiatement ma capuche afin de me fondre dans la foule et pouvoir partir tranquillement. Certaines personnes pouvaient trouver cela ridicule, mais elles n'étaient pas à ma place, c'était facile de porter des jugements sur les autres. Peut-être qu'en réalité, c'était aussi de ma faute, je ne faisais rien pour arranger la situation ou donner de la confiance aux gens envers ma personne.

Le chemin de la sortie de la guilde jusqu'à la moitié de la ville c'était plutôt bien passé, mais le nombre de personnes avait diminué et je continuai toujours mon chemin au milieu de la route. Maintenant, j'avais plus l'air de quelqu'un de suspect qu'une personne normale. C'était sûrement pour cette raison que deux gardes étaient venu m'accoster pendant ma route, afin de me demander de retirer ma capuche et me demander ce que je faisais ici.

Je ne souhaitai pas avoir de problème, surtout en ville, donc je m'étais exécuté à ce moment-là, baissant ma capuche afin de regarder les deux hommes sur mon chemin. Ses derniers avaient eu une expression de surprise, mais pas spécialement de recul. C'était des gardes en même temps, je suppose qu'ils avaient un minimum de sang froid et le cœur solide. Expliquant que j'étais venu à la guilde, j'avais ensuite sorti mes plaquettes accrochées à mon cou pour les montrer aux gardes qui hochèrent la tête et me laissaient passer pour continuer le chemin.

Alors que je venais pour remettre ma capuche, mon regard croisa celui d'un groupe de gamin qui m'observait. Quand les yeux venaient de se croiser, ils étaient devenus tout pâles. Je connaissais ce visage et je savais très bien sur quoi la situation allait mener, sans plus attendre, les enfants commençaient à hurler de toutes leurs voix comme quoi il y avait un monstre en ville. Ce mot m’écœurait au final … C'était sûrement pour ça que je disais créature au lieu de monstre pour mes missions aussi …

…

La capuche de nouveau sur ma tête, j'avais commencé à reprendre le chemin afin de sortir de la ville, je ne me dépêchai pas spécialement, car après tout je n'avais rien fait de mal et les gardes m'avaient laissés tranquille donc aucune raison de « fuir » même si être au calme et à la normale ne me déplaira pas. Mais à peine quelques pas après, j'avais reçu un caillou au visage ce qui m'avait un peu surpris et je m'étais retourné vers les gosses qui avaient soudainement disparu …

Eh … Il y a une limite quand même ...

Un léger filet de sang commença à couler le long de mon visage. Comment je le savais ? Eh bien, un drôle de liquide chaud se répandait sur mon visage, du côté ou j'avais reçu la pierre. Ça avait tapé l'arcade à travers la capuche, une zone sensible, mais pas vraiment dangereuse, j'y survivrai sans aucun problème. Je n'éprouvai pas de colère ou de haine envers les enfants qui avaient fait ça. À vrai dire … C'était assez habituel et à la fin j'avais fini par m'y faire, même si c'était une grande erreur de ma part.

J'étais prêt à repartir de toute façon, ça ne servait à rien de s'énerver, au pire des cas on pensera que j'agresse des enfants et ça n 'arrangera pas mon cas, au mieux, les enfants auront définitivement peur et ça ne me plaisait pas non plus. J'aimai bien les enfants moi de manière générale. Alors que j'allais partir, une personne m'avait interrompu en déclarant une drôle de chose.

- C'est juste, mais ce n'est pas bien grave. Je peux comprendre moi-même la raison.

Moi-même je détestai mes yeux et si j'avais assez de courage ou un peu trop de folie, j'aurais pu me les arracher pour enfin avoir la paix, mais cette solution me paraissait plutôt stupide. Me tournant vers la personne qui avait parlé, je pouvais remarquer un jeune garçon aux cheveux blancs et … une drôle de sensation, je pouvais voir qu'il s'adressait à moi, mais il ne me fixait pas réellement. La façon dont il regardait … Cécité ? Sûrement, mais je ne me voyais pas lui demander directement, ça aurait été impoli si c'était le cas … Sa dernière question me le confirma d'ailleurs. Alors que le sang coulait le long de ma joue, il demandait si je n'avais rien … Mais cette question me troubla. Il demandait ça à cause des insultes ou de la pierre ? S'il était aveugle, ce n'était pas possible.

- Oui ne vous en faites pas. Ce ne sont pas quelques insultes qui vont me blesser. Je suis un fier aventurier après tout ahah ...

J'essayai de rire pour rassurer la personne qui était tout de même sympathique pour s'inquiéter d'un parfait inconnu. Je vérifiai que ma capuche était bien sur la tête, j'avais peur qu'elle ne retombe avec le vent et ça me stressait bien plus qu'autre chose.

- Excusez-moi ce n'est pas très poli, mais … On gêne une charrette, on pourrait se mettre sur le côté ?

Je voyais une charrette arriver derrière le jeune homme et pour le coup … Ne sachant toujours pas avec certitude l'état de l'homme, je préférai quand même le prévenir afin que personne ne s'énerve ou se blesse, ça serait vraiment dommage.

- D'ailleurs je m'appelle Alexander Baskerville enchanté.

Je tendais doucement et lentement une main vers lui, attendant de voir s'il allait avoir une réaction ou non pour être sur de ce que je pensai.