Tellement de choses en cours… Tellement de choses laissées en plan juste pour une rencontre tant attendue. J’ai tout laissé en plan lorsque le courrier de Carciphona est arrivé. Je l’attendais avec tellement d’impatience depuis qu’elle est venue me voir à la Ville Aquatique. Rien n’est plus important que cette rencontre… Cette femme qui est potentiellement ma mère. Peut-être que je serais déçu mais je ne pourrais pas continuer mes recherches si je n’y vais pas. J’ai tout abandonné sur la table sans même prendre le temps de ranger. Ce n’est pas très prudent mais cette rencontre est beaucoup plus importante ! Je n’ai pas beaucoup de temps pour me rendre à la Capitale… Le voyage jusqu’à la Capitale me semble durer une éternité malgré que les cochers ont poussés leurs chevaux à ma demande, et les cristaux que je leur ai donné en supplément.
Arrivée avec une bonne journée d’avance sur le rendez-vous prévu, je me suis installée dans une petite auberge. Impossible de dormir correctement avec l’excitation qui n’a pas cessé de me gagner… J’ai passé une bonne partie de la nuit à regarder mon livre mémoire… L’image de ma mère lorsqu’elle m’a abandonnée y a été imprimer d’après les souvenir de Daniela. Cela n’a pas été simple de la convaincre de faire ça mais elle l’a fait, c’est tout ce qui compte. L’image est tellement floue qu’elle n’est même pas reconnaissable… C’est à peine si elle a encore des couleurs. Mais je peux voir qu’elle est moi n’avons pas grand chose en commun. Même pas la couleur de nos cheveux… Je dois tenir beaucoup plus de mon père que ce dont j’aurai cru. J’ai tant hâte de la voir. Autant dire que la rencontre avec l’informatrice de Carciphona m’embête plus qu’autre chose mais si c’est nécessaire. Ce rendez-vous préalable, je ne sais pas à quoi m’attendre… Une femme qui essaye de m’éloigner de ma potentielle mère.
L’entrevue avec la fameuse Astrid me laisse une drôle d’impression au final. Difficile de dire si elle essaye de protéger son amie ou était juste curieuse. Toujours est-il qu’elle m’a envoyé vers un autre endroit… Ils en font un sacré secret pour juste une histoire de fille abandonnée… Heureusement, ce n’est pas bien loin. Juste quelques boutiques plus loin. Une main sur le porte de la Taverne, j’hésite un instant. Trop de question m’assaillent… Est-ce qu’elle va être heureuse de me rencontrer ? Est-ce que tout va bien se passer ? Secouant la tête pour chasser ces questions et mes doutes, je pousse la porte. Laissant la porte se refermer, je cherche la tête violette que mon livre me montre.
Discrète, cette dernière alla se poser dans un coin de la taverne, suffisamment proche pour pouvoir intervenir un minimum, mais suffisamment loin pour me laisser un peu de vie privé. Elle était parfaite dans son rôle, une vraie professionnelle lorsque la situation le demandait. Moi, je m’étais pris une Lumineer’s comme d’habitude. La meilleure bière de la capitale de mon point de vue. Celle avec laquelle je passais une partie de mes soirées et aussi celle qui prenait une grande partie de mon argent.
Et il ne me restait plus qu’à attendre, Astrid étant partie indiquer la direction à celle qui voulait me rencontrer. Et le temps passa. Lentement, bien trop lentement. Je me forçais à économiser ma bière, surtout pour le principe de ne pas être complètement bourré quand elle arriverait. Plusieurs clients entrèrent, jusqu’au moment ou une jeune femme aux cheveux blancs entra. Sans doute elle. Je n’avais que peu de détails sur sa personne, je ne connaissais même pas son nom. Ca c’était la faute d’Astrid et de ses mauvaises blagues. Toujours à cacher des trucs justes pour le principe de s’amuser.
J’affichais un sourire sur mon visage histoire de faire bonne figure et redressais les épaules. Oui, je devais paraître forte, un minimum, et comme disait Astrid, j’avais bien pu faire face à ma famille que j’avais retrouvée. Je pouvais bien faire face à ma fille qui avait fait de même. Je lui adressais un signe de la main pour qu’elle me rejoigne. J’étais sur le côté gauche de la taverne par rapport à elle, contre un mur, sans personne autour de moi. Un endroit où nous serions tranquilles pour discuter dans ce moment calme de la journée.
Beaucoup d’hésitations, une pointe de peur d’être rejetée s’il s’avère qu’elle est bien ma mère… Le ventre nouée et la tête embrumée par un gros brouillard de scénarios tous plus effrayants les uns que les autre, j’entre dans la taverne où je suis censée rencontrer cette femme. Je balaye du regard les gens présents à la recherche de la tignasse violette. A cette heure, les ivrognes sont encore en train de décuver alors c’est plutôt calme. J’avise deux personnes qui bien qu’assise un peu loin l’une de l’autre semblent être ensemble. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres en étudiant la jeune femme aux cheveux blancs… De longues oreilles de renard, ça me rappelle des souvenirs même si la probabilité que ce soit elle est mince. Mais la façons dont elle fixe l’autre jeune femme… Je doute que ce soit une simple façon de la reluquer. Mon regard se pose plus longtemps sur la seconde jeune femme. Et surtout sur sa tignasse violette… Nettement plus foncée que celle de mon livre… Mais le souvenir est vieux, la couleur est certainement altérée par le temps. Mais elle est trop jeune… Ma mère a au moins quarante ans maintenant, pas la vingtaine comme cette fille. Alors que je m'apprête à me désintéressé d’elle, elle me fait signe. Je me retourne croyant qu’elle fait signe à une autre personne mais il n’y a que moi…
Ce doit être elle du coup… Les membres soudain en coton, je m’avance jusqu’à sa table. Un peu isolée du reste des clients de la Taverne, sa table sera au moins un peu intime. Je m'arrête, poliment, à un pas de la table pour la questionner.
Bonjour, je dois rencontrer madame Hel Gher ici. Serait-ce vous ?
Politesse et calme, j’essaye d’appliquer les même règles que lorsque je dois faire face à un client important ou particulièrement compliqué.
Je me nomme Lin Gher. Dame Dalgaard m’a dit de venir la rejoindre ici.
Sous ma cape, je triture mes mains clairement angoissée par cette situation où je ne sais pas à quoi m’attendre...
Intérieurement, je m’encourageais, je devais être forte, ici, c’était moi la plus vieille, c’était à moi d’inspirer confiance. Surtout dans ce genre de situation. Et en plus elle avait bien était envoyé par Astrid. J’étais certaine que cette dernière devait être dans un coin en train de rire en imaginant la scène. Je souris doucement.
- Hel Gher, assis toi et prend toi quelque chose à boire n’hésite pas.
Je faisais un effort pour parler correctement et ne pas couper les mots comme j’en avais l’habitude. J’attendis quelques secondes en reprenant une gorgée de bière avant de continuer.
- Détends-toi hein, Astrid m’a dit que tu avais des choses importante à me dire. Mais comme d’hab elle a quasi rien dit de plus.
Maladroite, oui c’est ce que j’étais dans mes paroles, je ne savais pas vraiment comment aborder le sujet ni comment réagir en fonction de ce qu’elle me dirait. Tout ce que je savais, c’est qu’apparemment, elle était ma fille, et je voulais savoir ce qu’elle savait sur moi.
C’est elle ! Mon coeur se met à battre la chamade, c’est elle la fameuse Hel Gher. Celle qui porte le même nom que moi et qui est peut-être un membre de ma famille… Assurément pas ma propre mère vu son âge mais peut-être une soeur ou une cousine ! Je quitte ma cape lorsqu’elle m’invite à m’asseoir à la table avec elle. Révélant ma tunique grise unies et mes mains un peu tremblantes, je prend place face à elle. J’essaye de lui sourire lorsqu’elle m’invite à me détendre. J’aimerai bien me détendre mais je suis tellement stressée par cette rencontre. C’est un peut-être un véritable ras de marré qui s’apprête à bouleverser ma vie entière… Je hausse tout de même les yeux aux ciel lorsqu’elle m’annonce que personne ne l’a vraiment informé des raisons de cette rencontre. Mon impression se confirme, il y a au moins une personne dans le tas qui s’amuse beaucoup de tout ça… M'apprêtant à répondre, je m’interromps pour commander un hydromel léger lorsque la serveuse débarque.
Comment dire… C’est compliqué. Je suis à la recherche de ma famille en fait, ma mère en particulier. C’est elle qui m’a laissé au temple de Lucy de la Ville Aquatique avec la promesse de revenir me chercher…
Je m’interromps le temps de réceptionner ma boisson et d’en prendre une gorgée. Je bois rarement des boissons alcoolisée mais là, cela s’impose, je crois. J’en profite pour essayer de déchiffrer son expression.
Je n’ai pas grand chose la concernant, juste le nom qu’elle m’a donné, Lin Eudia Gher, et la description faite par la soeur qui m’a recueillie.
Une description qui collerait bien à elle si elle avait au moins quarante années… Elle est trop jeune. Je trifouille dans ma cape à la recherche de mon livre mémoire. Même si elle est floue, peut-être que l’image tirée du souvenir de Daniela lui dira quelque chose. Je pose le livre sur la table et l’ouvre à la première page, la seule qui soit utilisée pour le moment… L’image est clairement peu exploitable, c’est extrêmement flou et les couleurs ternes…
C’est tout ce que j’ai pu récupérer auprès des soeurs… Après une vingtaine d’années, les souvenirs sont flous… Elle avait l’air très jeune à l’époque, même pas la vingtaine d’après les soeurs et de très longs cheveux violet.
Déjà quand j’ai été en âge de poser des questions et d’avoir des réponses, les souvenirs étaient déjà floues dans leurs mémoires...
Sans un mot, je me penchais pour regarder l’image. Elle était flou, très peu précise, mais je savais à quoi je ressemblais avant. Cela faisait peu de temps que j’avais changé d’apparence. Très peu de temps comparer à ma longue vie et, elle était encore dans ma mémoire. Une chance pour elle. Et en effet, cela pouvait être moi. Je ne pouvais discerner correctement l’image, loin de là, mais une jeune fille à la longue chevelure violette correspondez à ce que j’étais avant. Je murmurais à moi-même.
- C’est possible.
Oui, c’était possible que ce soit moi, tout comme le fait que j’ai oublié. Je n’avais pas encore trouvé de livre récent sur ma vie, rien qui indiquer que j’avais de la famille. Encore moins une fille. Mais, elle était là, devant moi à chercher la même chose que ce que j’avais cherché des années durant. Relevant les yeux, je la regardais.
- Ça peut être moi.
Je pris une grande inspiration avant de continuer.
- La première chose qu’tu dois savoir, c’est que j’ai plus de 500 ans.
Oui, je devais lui expliquer ma situation pour qu’elle comprenne l’ampleur du problème. Ce n’était pas vraiment un secret de toute façon. Le secret concernait mon appartenance à la famille royale, et ça, pour le moment elle n’avait pas besoin de le savoir.
- Le souci, c’est que mon pouvoir efface ma mémoire tous les 5 ans. Il y a peu, mon apparence à changer pour une raison inexplicable mais, je suis resté sous l’apparence d’une adolescente pendant très très longtemps.
Je soupirais en reprenant une gorgée. La situation était compliquée. Ce basé sur une image aussi flou ne permettait pas de savoir la vérité. Et maintenant que mon apparence a changé, peu de gens pouvait réellement me reconnaître. Je lâchais pour finir.
- Est-ce que tu penses que les sœurs pourraient reconnaître une image d’mon ancienne apparence, si on en trouve une.
C’était ma proposition du moment, ne sachant pas véritablement si c’était possible, mais, je voulais l’aider pour la simple raison, qu’on m’avait beaucoup aidé dans la même situation qu’elle il y a peu. Et si réellement c’était moi, j’avais une erreur importante à réparer. Lentement, je repris une grande gorgée pour faire passer la pilule. Oui, si elle était réellement ma fille, mon erreur avait été immense, quelle que soit la situation. Et il me faudrait assumer derrière.
Hel m’écoute sans dire un mot. Elle ne montre pas vraiment d’expressions… Je ne sais vraiment pas à quoi m’en tenir. Lorsque je lui tend mon livre mémoire, elle se penche pour regarder l’image floue sans dire un mot. Elle ne laisse pas grand chose transparaître hormis quelques mots certainement destiné à elle-même. Tout de suite, ma tête se met en route. Qu’est-ce qui est possible ? Qu’elle soit ma mère, une soeur ou quoi que ce soit d’autre ? A t-elle l’impression de reconnaître quelqu’un… Enfin, elle lève les yeux vers moi pour me lâcher le simple fait qu’il s’agit peut-être d’elle. Je reste pantoise de cet aveu. Elle ? Elle, la jeune femme de cette image ? Celle qui avait aux alentours de 17 années à cette époque ? Avant que je n’arrive à reprendre consistance, elle reprend la parole. J’écarquille les yeux de surprise à l’information suivante. 500 ans ! Comment c’est possible un tel truc… Au fond de moi, mon côté carrée d’enchanteresse me hurle au mensonge mais quelque part, mon coeur me dit d’y croire…
Comment ?
J’ai besoin de comprendre, de savoir pourquoi elle m’aurait oublié dans ce cas ! Mes doigts se serrent autour de ma chope à l’évocation des conséquences de son pouvoir… Un pouvoir qui donne une telle conséquence mais dévore sa mémoire… Si tout cela est vrai et qu’elle est effectivement ma mère, cela implique tellement de choses. Au moins, elle se souvient que son apparence à changée assez récemment… Une chance pour moi, elle aurait pu avoir tout oublié de mon existence à l'existence de cette femme qu’elle a été…
Je vois…
Beaucoup trop d’interrogations se bousculent dans ma tête… Pourquoi elle m’a abandonnée ? Comment se fait-il qu’elle ne soit pas revenue en cinq années ? Comment fonctionne son pouvoir dans le détail ? Sa question me coupe dans ma réflexion… Oui, avant de chercher à comprendre, il faudrait être certaine qu’il s’agit bien d’elle. Et les seules à pouvoir le dire, ce sont les soeurs du temple de la Ville Aquatique. Je ne sais pas si elles se souviendront assez d’elle pour l’identifier après toutes ces années, même avec une image plus précise. Peut-être que cela leur fera remonter des souvenirs plus anciens.
Je ne sais pas… Cela date de plus de vingt années… Mais on peut essayer, ce livre est enchanté pour copier les souvenirs. Il suffit de le coller contre votre front et de penser à ce que vous voulez y retranscrire.
Parler de ces choses que je maîtrise et plus rassurant et m’oblige à laisser de côté mes doutes et interrogations. Mais tout de même, la question fatidique passe mes lèvres…
Pourquoi ? Pourquoi m’auriez-vous abandonner comme ça ?
Plus que de me rapprocher de ma mère, je me rend compte que je veux savoir pourquoi elle m’a abandonnée. Pourquoi elle n’est jamais revenue me chercher comme elle l’avait promis...
- J’sais pas, j’me souviens d’rien.
Lentement, je tournais la page du livre pour aller sur une page vierge. Oui, il était désormais temps de faire remonter un souvenir. Le problème était que je n’en avais pas des masses me représentant. Du moins pas de ce que je savais. Posant le livre contre ma tête, fermant les yeux, je me concentrais et quelques secondes plus tard, je le retirais. Rater, ce qui c’était posé dessus était un souvenir de moi, oui, mais de moi en train de pourchasser des bouctons quelques mois auparavant. De quoi me nourrir un coup, mais aussi d’en apprivoiser un si je pouvais. Un échec total. Je fronçais les sourcils.
- Attends, j’recommence, j’te jure que je vais y arriver.
Posant mon front sur la page d’après, je me concentrais, oui, un souvenir plus récent, de moi devant un miroir, chez Aube. J’en avais un, précis en plus. Fermant les yeux, je restais quelques secondes coller au livre, l’image de se souvenir bien en tête. Et lorsque je relevais la tête, je le vis. Moi, vue dans un miroir, de face. Un petit sourire aux lèvres. Dans mes habits d’aventurier. Propre, pour une fois. En même temps chez Aube, je n’avais pas eu le choix. Je souris à mon tour en attrapant ma pinte et tendis le livre à la jeune femme.
- Tiens, j’pense pas que j’pourrais te faire un truc plus net.
Lentement, je pris une gorgée. La situation était compliquée, je ne voulais pas entraver les recherches mais, si elle s’avérer exacte et que j’étais bien sa mère. Cela aurait des conséquences importantes sur ma vie. Surtout que je ne savais pas du tout ce qu’elle attendait de moi. Mais pour l’heure, ce n’était pas le sujet. Non, loin de là.
Je comprend…
La voyant chercher une page vierge, je la laisse se concentrer en silence. Fixer un souvenir sur le livre n’est pas un acte aussi aisé qu’il peut le paraître. Je souris lorsqu’elle révèle le résultat de sa première tentative. La scène est amusante. J’ai bien affaire à une aventurière pas une femme de la ville comme moi. On est si différente pour une mère et sa fille… Même courir le boucton ainsi n’est pas une chose qui m’attire… Encore moins depuis l’expédition de la Cité Enfouie, mon laboratoire est le seul endroit où je me sente vraiment en sécurité…
Vas-y, il y a largement de quoi faire.
Elle peut faire autant d’essais que nécessaire pour arriver à un résultat convenable. Le livre n’est qu’un vecteur sans grande valeur à mes yeux… Tout au plus, il me permettra de garder une trace du visage de celle qui m’a donnée la vie… Tout comme je prévois d’y stocker rapidement l’image de cette femme ainsi que quelques notes pour sauvegarder ce souvenir dans un coin. Je la laisse essayer une nouvelle fois profitant de l’occasion pour l’observer plus en détail. Difficile de reconnaître des traits physiques communs entre nous… Peut-être que c’est juste à cause de ce changement d’apparence dont elle m’a parlée plus tôt ou juste que je ressemble plus à mon père qu’à ma mère… Finalement, elle me tend le livre en affirmant ne certainement pas réussir à faire mieux avec plus d’essais.
D’accord. Je peux regarder ?
Je préfère lui demander, elle pourrait préférer ne pas se voir exposée ainsi… Tenant le livre en main, j’hésite vraiment à l’ouvrir pour voir si je retrouve une partie de mes traits chez elle… Peut-être même que je suis sa copie conforme au même âge. Au final, je ne résiste pas à la curiosité et ouvre le livre pour chercher l’image imprimé à partir de son souvenir. Avant de tourner la dernière page, je soupire un peu inquiète concernant ce que je vais découvrir. Mon regard analyse rapidement l’image, il s’agit clairement d’un reflet dans un miroir, je vois la pièce derrière elle. Et je reste un moment fixé sur le visage d’Hel… Elle paraît si jeune sur cette image. J’essaye de me souvenir de mon reflet peu après mon arrivée à la Capitale. Peut-être un mauvais réflexe vu mon état moral et physique de l’époque. Sans une image de moi à l’époque, c’est compliqué de dire si je lui ressemble mais je doute que mes souvenirs permettent une image assez claire pour comparer… Pourtant, je porte quand même le livre à mon front pour tenter le coup. Je me suis presque toujours vue dans des miroirs, ça facilite les choses. Je grimace en découvrant l’image imprimée par mon souvenir. C’est pas aussi flou que je le craignais mais me voir en image, ça a un quelque chose de perturbant.
C’est pas top pour essayer de voir si on se ressemble…
Je lui montre l’image de moi sur la page juste à côté de la sienne. La mienne étant beaucoup moins jolie que la sienne, ce serait mentir de dire que l’on se ressemble.
ça va être compliqué bien plus compliqué que je ne l’aurai cru de trouver ma mère… Vous n’avez vraiment aucun moyen de vous souvenir de la période datant de 24 ans ?
Sait-on jamais, elle a peut-être prévu des choses avec le temps...
- J’ai p't-être une solution mais ç'risque d’être compliqué à trouver.
Je fermais les yeux quelques instants avant de poser ma pinte sur la table et de la regarder dans les yeux.
- Apparemment, j’ai passé des moments régulier dans ma vie à écrire d'livres pour raconter c'que j’avais fait. Pour pouvoir m'souvenir. Sauf qu'la plupart d'ces livres sont actuellement disparus, quelque part, chez quelqu’un.
Je dévoilais mes bras, découvrant quelques tatouages.
- J’ai un certain nombre d'tatouages sur moi qui sont sensés donner l’emplacement d'ces livres, pour le moment, j’en ais r'trouver trois. Mais, si on d'mande à un tatoueur, quels tatouages sont les plus récents, il y a p't-être moyen d'trouver la localisation des derniers livre que j’ai écris, et d'savoir ce qu’il c’est passé à l’époque.
Oui, c’était la seule et unique piste que je pouvais lui offrir, une piste qui m’intéressait aussi, maintenant que je savais qui j’étais, je pouvais retracer ma vie, retrouver les détails de ce qu’il s’était passé. Et aussi, les gens que j’avais connus.
- C’tout ce que je peux te proposer pour l'moment, j’ai rien d’autres. Mais, p't-être que ça pourras t’aider si on r'trouve un d'ces livres.
Un style de livre que je devrais peut-être commencer à écrire maintenant, je n’avais aucun souvenir d’en avoir écrit, et maintenant que j’avais retrouvé ma famille, il serait peut-être temps d’écrire tout ça, de le graver dans mon histoire.
Je ne sais pas trop comment interpréter le fait qu’elle ne me réponde pas franchement… A-t-elle un moyen de faire remonter les souvenirs qui pourrait répondre à mes questions ? Peut-être ne veut-elle pas s’en servir pour moi. Son silence me laisse perplexe, comment peut-elle ne pas avoir la curiosité de chercher un moyen de savoir si nous sommes réellement apparentées ou pas du tout… Ma patience touche à ses limites lorsqu’elle ouvre enfin la bouche. J’hausse un sourcil lorsqu’elle évoque une “solution”.
Chercher des solutions complexes, c’est mon travail.
Je sirote une dernière gorgée de mon verre en attendant qu’elle décide de continuer. Son histoire de livre me fait sourire. En effet, cela promet d’être complexe si elle a semée ses souvenirs partout dans le royaume. Je me penche lorsqu’elle remonte ses manches pour me montrer ses tatouages et m’expliquer. Une méthode intéressante pour sauvegarder ses souvenirs qu’elle a employée, un peu hasardeuse mais relativement efficace.
ça pourrait être une bonne solution. Il faut juste espérer que le bon livre n’a pas été détruit ou perdu dans un incendie.
Je soupire. Comme elle l’a dit, cela risque d’être long et compliqué mais le jeu en vaut la chandelle pour moi. Au mieux, j’aurai une réponse définitive sur notre lien de parenté, au pire, la situation sera la même qu’actuellement.
ça me va, je tente le coup si tu es prête à le faire. Cela fait un sacré nombre de tatouage quand même… J’espère qu’un tatoueur pourra faire une distinction correcte pour nous éviter de chercher dans le vent.
Je pose mon verre sur la table tout en réfléchissant à cette situation pour le moins cocasse. A force de chercher ma mère, je suis là avec une étrangère qui pourrait potentiellement être celle que je cherche depuis si longtemps à parler de trouver un livre contenant ses souvenirs.
J’étudie la magie, chercher des livres anciens, c’est mon quotidien… On arrivera à trouver le bon livre et on aura une réponse à la question qui se pose suite à cette rencontre.
Je vais donc devoir me lancer dans la recherche d’un nouveau livre. Mais cette fois, ce livre n’est pas qu’un simple outils de travail, il sonnera peut-être un changement important dans ma vie...
- Y’a pas d’raison qu’on l’trouve pas, j’en ais bien trouver un qui avait 300 ans y’a pas longtemps.
Gardant mon sourire je continuais de la regarder. Non, elle ne me ressemblait pas, pas d’un poil, mais cela ne bloquer pas la piste que je sois sa mère, ou quelqu’un de proche. Tout était possible. Au vu du bordel qu’avait été ma vie jusqu’à présent, je ne m’étonnais plus de rien et n’excluais aucune possibilité. Je rajoutais.
- Y’a un endroit ou j’peux t’contacter autres qu’pars Astrid ? La guilde est l’moyen le plus simple pour moi vue qu’je bouge pas mal mais bon.
Oui, je n’avais pas le droit de dire que je pouvais loger au palais, ou chez Aube. Je n’étais pas encore dans une situation suffisamment stable et je n’étais pas encore assez sûr de moi pour pouvoir révéler ce genre de chose. Et, je comptais garder mon habitude de passer régulièrement à la guilde. C’était un endroit que je connaissais bien. Un endroit où l’on me voyait depuis longtemps. Et si cela pouvait permettre de ne pas passer par Astrid, cela me convenait très très bien.
Lucy m’en soit témoin, je trouverai ce livre. Cette rencontre m’a donné un espoir de retrouver un morceau de ma famille. Si le seul moyen de confirmer ou non cet espoir est de trouver un simple livre, il est hors de question que je la laisse passer ! Je hausse un sourcil quand elle me fait part de sa découverte récente d’un de ses livres daté de plus de 300 ans. Après tant d’années, c’est impressionnant qu’il n’ait pas été détruit pour une raison x ou y…
300 ans… J’espère que le livre sera en aussi bon état lorsqu’on le trouvera.
Maintenant que je prend la mesure de son âge, j’en viens à m’interroger sur la taille de ma famille… En oubliant régulièrement sa vie, elle a sûrement eu d’autres enfants avant moi… Peut-être même ai-je un frère ou une soeur quelque part ? Tout ça prend une telle ampleur d’un coup. Je regarde le fond de mon verre vide, je crois qu’il va me falloir un remontant ce soir calmer la tempête qui se forme dans ma tête. Hel me demande ensuite comment elle pourrait prendre contact avec moi sans avoir à passer par son amie. C’est vrai que cela est assez compliqué comme façon de se contacter surtout que Astrid doit passer par Carciphona.
J’habite à la Ville Aquatique. Tu peux envoyer un courrier portant mon nom au centre du courrier, j’y passe régulièrement pour vérifier mes missives. Sinon, directement chez moi.
Je sort un crayon et une feuille de papier de mon sac sans fond. Je note rapidement l’adresse de ma maison puis celle de mon futur laboratoire avant de lui tendre.
La première, c’est chez moi. La seconde, c’est pour l’instant encore un chantier mais c’est mon futur laboratoire. Tu peux m’envoyer des courriers à ces deux adresses. Si j’ai besoin, je vise uniquement la Guilde du coup.
Je m’interroge sur le fait qu’elle ne me propose pas d’adresses plus personnelle mais je peux le comprendre quand même… On ne se connait pas et on découvre que l’on est peut-être mère et fille… Me levant, je lâche quelques cristaux sur la table pour payer nos consommations.
Je ne connais pas bien la Capitale, on devrait peut-être chercher un bon tatoueur maintenant ?
Comme cela, je me mettrais en recherche dès maintenant de ce livre mystérieux qui est peut-être la clef de mon histoire.
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