Pendant que son majordome finissait de parfaire sa tenue, un sentiment grisant la prit à l'estomac. Oh oui, elle avait hâte d'y être, tellement hâte. De plus, elle avait ouïe dire qu'un concours se tiendrait ce soir là et l'héritière avait un esprit de compétition hors norme. Tout autant, si ce n'est plus développé que son ambition. Pour couronner le tout, elle avait des finances qui lui permettaient mille et une folie. Elle ne s'était donc pas privée et n'avait pas lésiné sur les moyens afin de se fabriquer un déguisement digne de ce nom.
Quand Alphonse lui signifia avoir terminé, elle fit un pas de côté et se regarda dans un miroir plein pied, tournant de trois quart afin d’apercevoir l'arrière de sa robe.
Queen n'avait pas eut besoin d'aller chercher l'inspiration bien loin, elle s'était contenter de prendre quelque chose qui l'avait toujours inspiré. Les contes que lui lisait sa mère lorsqu'elle était enfant. "La légende des quatre" pour être plus exact. Une histoire qui collait parfaitement à sa famille et qui aurait pu être écrite par l'un d'entre eux.
Pour une fois elle avait donc délaissée ses robes rouges, dorées et noires afin d'en revêtir une uniquement faites de blanc nacré et d'argent. Le tissu épousait ses formes avec une perfection surprenante, tant et bien qu'il était possible de deviner les muscles sous sa peau. Le bustier, lui, étaient doté d'un décolleté profond qui ne négligeait en rien la poitrine généreuse de la jeune femme. Et de là, remontant vers ses épaules, des arabesques de tissus venaient lécher sa peau, offrant à la vue de tous des représentations de diviname ornées de perle de nacre.
Par pur plaisir, elle avait également posé sur son visage un masque de dentelle argentée, si clair qu'il pouvait presque paraître blanc. Indéniablement ses yeux azur étaient parfaitement mit en valeur de même que sa crinière dorée qui avait été laissée libre pour l'occasion.
Alphonse, qui s'était éclipsé en vitesse revint prestement pour lui annoncer la venu de son cavalier. Une autre chose qui faisait de cette soirée une bonne soirée avant même qu'elle n'ait commencé. Dans un sourire, elle enfila sa cape d'un noir d'encre et quitta sa maison pour venir s'engouffrer dans la voiture qui l'attendait à l'extérieur. Le trajet se passa dans la bonne humeur, tant et si bien que lorsqu'ils arrivèrent au palais le sourire de Queen ne l'avait toujours pas quitté.
Lorsqu'elle eut quitté sa cape et que les gardes eurent subit suffisamment de regard réprobateur pendant leur fouille, sa main vint se poser sur le bras de son cavalier, auquel elle adressa un sourire amusé.
- Je suis ravie que vous m'ayez accompagnée Keith, je suis sûre que nous allons passer une agréable soirée.
Puis sans plus attendre et alors que les portes de la salle de bal s'ouvraient sous leurs yeux, Queen tira le brun avec entrain et ils entrèrent.
D'une cape rouge vive doublée de fourrure blanche. Un chapeau aux larges côtés, ornementés d'une longue plume tout aussi blanche d'un coq de Léral. Un petit masque noir tombait devant ses yeux, rattaché au chapeau. Le reste de la tenue oscillait entre du rouge, du noir et du gris. Les cheveux du jeune homme étaient malgré tout libre, finement peignait par sa gouvernante Emilia. Il vit Queen arrivait jusqu'à lui et prit le temps de l'observait dans un large sourire et se permit de lui prendre les mains dans les siennes.
"Ma chère ! Vous n'avez pas prit cette invitation à la légère ! Vous êtes resplendissante, Queen. Cette tenue vous va tant à ravir que j'ai l'impression de porter des vêtements désuets."
Puis, il se pencha pour lui faire un baise-main en guise de salutations polies. Leur chauffeur leur tint la porte du carrosse ouvert le temps qu'ils y prennent place, et ils se dirigèrent au palais. Keith n'y avait jamais mit les pieds plus tôt. Ce serait une première pour lui, et il n'était pas franchement emballé par l'idée. Les comportements passés qu'il avait eu avec autrui le hantaient toujours. Un lieu tel que le palais était tel un symbole permanent d'un pouvoir qu'il n'aurait jamais. Que tout ce qu'il accomplit, qu'aussi loin où il irait, il ne sera jamais qu'un Veriano. Un petit Noble qui avait eu quelques succès. Bien loin de prétendre à la gérance d'un royaume. Et à dire vrai, cela l'agaçait d'y penser. De savoir qu'il devait rester dans l'ombre et user de moyen détourner pour mettre à pied d'oeuvre ses objectifs. Soupirant longuement pour se calmer, il offrit subitement un sourire à son amie. Il capta son attention rapidement, et lui expliqua que sa sœur les rejoindrait au palais.
Mysora allait être de la partie, cette fois-ci. Il fallait bien cela pour favoriser la face publique des Veriano. Un tel événement, ne pas voir la famille au complet, Keith aurait vu cela comme un signe de faiblesse à jeter aux autres Nobles et aux amateurs de commérages. Comme la Dame Milan qui l'accompagnait, d'ailleurs. Il était important pour lui de conserver son statut de famille qui prenait de la puissance, et se présenter seul aurait nuit à son image. Oui, prendre Mysora était le bon choix. Cherchait-il à se convaincre, ignorant quel Diablesse allait sortir de sa boîte. Les consignes qu'il lui avait donné était simple : ne pas tuer, ne pas faire de vagues, et chaque secret ramassé était autant de cadeaux à ses projets. Cette soirée devrait lui permettre de croiser d'autres personnes, peut-être de nouveaux alliés...? Il expliqua ensuite qu'ils la retrouveraient sur place, qu'une autre voiture l'avait amené. Après tout, il devait passer au travail avant. L'hippodrome demeurait sa principale source de revenue et il était très pointilleux sur son bon fonctionnement.
Sur place, Queen et Keith marchèrent l'un à côté de l'autre, et après une brève inspection de sécurité, ils purent entrer. Le jeune entrepreneur ne transportait toujours aucune autre arme que son élocution, et il rendit son sourire à sa cavalière en lui tendant son bras.
"Vous voir aussi souriante me permet déjà de l'affirmer, mon amie." Le jeune Veriano jeta un regard dans la salle autour de lui et put reconnaître certaines personnes, soit par habitude, soit grâce à leurs déguisements manquant d'imagination. Il se retint avec force de ne pas aller saluer tout le monde comme à son habitude pour ne pas laisser son amie en plan. Le connaissant, saluer toute la salle pourrait lui prendre une précieuse partie de la nuit qu'il avait déjà choisit de réservée à la Milan. "Vous semblez plus qu'enjouée à l'idée de ce bal. Je suis charmé de le découvrir, j'avais peur qu'une telle ambiance mondaine vous ennuie, comme lorsque je vous ai trouvé à notre première rencontre !"
Et sans en avoir le choix, il la suivait à travers les convives. Certains s'écartaient devant la Trésorière ou la Secrétaire du Premier Ministre. Des postes aussi prestigieux à un âge aussi jeune. Du coin de l’œil, il cherchait sa sœur qu'il n'avait que croisé plus tôt dans la journée. Bien avant qu'ils ne se fussent affairés à la préparation du bal. Il se demandait comment elle vivait d'être privée de sa chance dans l'enceinte de ce château, elle qui a toujours vécu avec. La principale raison de la venue de Mysora était peut-être l'amusement de Keith, de la voir bien se comporter le temps d'une soirée et de supporter l'absence de sa capacité naturelle. Un spectacle dont il n'avait pas su se priver.
Sans attendre réponse de la part de la noble, la gouvernante attrapa son bras et l'emmena à l'étage où elle insista pour s'occuper de sa toilette. Malgré son désaccord initial, la rouquine ne pu qu'admettre que se présenter à des festivités à caractère si exceptionnel habillée comme une aristocrate de bas étage ne desservirait pas les intentions de Keith. Elle se fit raison, pour le plus grand bonheur d'Emila - celle-ci crû avoir réussi à toucher une corde sensible chez la détestable demoiselle - et, bientôt, elles passèrent dans une pièce voisine où un domestique l'aida à s'occuper de la mise en place de la tenue.
On lui présenta une robe spécialement confectionnée pour l'occasion par le "bienveillant maître Veriano", aux teintes vertes infinies, recouverte de motifs dorés de vignes et d'un nœud du même coloris enserrant sa taille à la manière d'une ceinture. Le haut du vêtement offrait aux yeux de tous les épaules dénudées de la jeune femme, le reste épousait les formes de sa propriétaire jusqu'à la taille où la robe s'élargissait enfin. Différents accessoires l'accompagnaient, tel un petit diadème - qu'on déposa sur sa tête à la fin de cette véritable séance de torture - et quelques colliers, bagues et autres bijoux dont Mysora avait hâte de se débarrasser...
« Emilia ? Où en êtes-vous avec la préparation de mademoiselle ? Il est temps pour elle de partir. »
Il ouvrit la porte sans attendre l'approbation de sa semblable, ce qui ne fut pas sans l'énerver. Après avoir dévisagé la noble et reçu confirmation qu'elle était prête, il l'invita à le suivre en direction de l'entrée où un carrosse l'y attendait. Elle y grimpa avec difficulté, légèrement perturbée par cette robe bien trop encombrante à son goût, si éloignée des tenues souples et légères dont elle avait l'habitude dans d'autres circonstances...
Le voyage jusqu'au palais ne fut pas bien long. Arrivée devant le bastringue, la sécurité la réceptionna avec une inspection qu'elle se garda de commenter, préférant ne pas attirer l'attention sur elle avant même son arrivée au bal. Une fois à l'intérieur, elle fut immédiatement alpaguée par un groupe de bourgeoises aux joues rosies par l'alcool qui ne tardèrent pas à lui raconter les derniers cancans en vigueur ; elle jura, intérieurement, et maudit son frère de l'avoir obligé à venir s'afficher ici... Elle pria pour qu'il ne tarde plus, son arrivée pouvant lui servir de prétexte pour se défaire de ces noblettes désopilantes.
Elle dissimula sa joie et se contenta de tourner la tête pour confirmer les propos de son idiote d'interlocutrice.
Après à peine quelques pas effectués en direction de l'entrée, elle retourna sur ses pas et fit signe à ses camarades de s'approcher d'elle.
- Allons, allons, Keith, j’ai moi-même participé aux préparatifs de ce bal. Aucune chance que cette soirée m’ennuie vous pouvez me croire ! Puis à son tour, elle daigna poser son regard sur les alentours. Beaucoup d’inconnu. « Beaucoup de plébéien » pensa-t-elle. Elle dû se mordre la lèvre afin de ne pas en faire la remarque. Elle ne se souvenait plus de l’idiot qui avait proposé d’ouvrir le palais à tout un chacun, la seule chose dont elle se souvenait s’était de s’y être fermement opposé et elle y avait mit du cœur. Toutes les excuses possible y étaient passées, allant de la capacité de réception de la salle aux risques d’attentats. Elle n’avait pas obtenu gain de cause. Maintenant qu’elle y pensait cette idée ne pouvait venir que de cette idiote d’Haru, rien de bien surprenant. D’ailleurs à force d’observer la foule, son regard finit par tomber sur elle et elle s’en détourna la seconde suivante. Même si son envie de la ridiculiser dans l’instant était forte, Queen ne voulait pas voir sa soirée gâchée tout de suite. - De plus un bal au palais ou chez ce petit aristocrate en herbe...Je pourrais presque dire que les deux sont parfaitement incomparable. Elle eut de nouveau un rire, plus léger cette fois.
Alors qu’elle allait reporter son attention sur son cavalier, son regard fut attiré sur le côté. Non loin d’eux, une femme marchait dans leur direction. Si au début la jeune Milan crut que ce n’était qu’un hasard, elle dû rapidement se rendre à l’évidence. La rouquine avait le regard braqué sur eux et marchait dans leur direction d’un pas déterminé. Sans grande réaction, Queen pencha la tête pour l’observer à son tour puis pour lui indiquer l’arrivée de la nouvelle venu elle serra deux fois le bras de Keith tout en lui adressant à voix basse sur un ton taquin.
- Je ne crois pas avoir déjà vu ce visage au palais. Serais-ce l’une de vos anciennes conquêtes ? Elle pouffa légèrement tout en attendant la réponse du jeune homme.
Oula, la dernière rumeur était un peu glauque, elle espérait qu'aucun truc du genre arriverait.
Outre les rumeurs, c'était aussi le moment pour Astrid de converser avec la noblesse du coin pour choper des informations quelconques. La taverne c'était en effet bien pour trouver des infos, mais les chercher à la source c'était pas mal non plus.
-Alors mon brave ami, comment va la vie ? Vous mangez 5 fruits et légumes par jour ? Vous avez entendu des choses sur la famille Balakyn ? Ou la femme LeStylo ?
-Euh...j'ai un ami qui m'attend par là-bas.
-Mais attendez voyons ! Mon cher ami !
Damn. Qu'est-ce qui n'avait pas fonctionné ? Son approche trop directe ? Sa question bizarre sur les fruits et les légumes ? Sa beauté et ses formes sans pareilles? Ou....
-Son déguisement...Qu'est-ce que c'est ? Quel mauvais goût.
-La banane ça a pas mauvais goût pourtant. Rétorqua la jeune femme en se grattant la tête.
Hein ? Comment ça la cause était son déguisement foireux ? Pfff. Balivernes! Un costume de banane, des lunettes de soleil, et des pantoufles roses ! C'était pourtant le summum de la classe!
Non?
Ah.
…
Après réflexion, c'est vrai qu'elle faisait tache un peu au milieu des autres gens bien habillés. HmMmMmm. Bah. Elle l'avait fait exprès, heh. Provoquer les gens, c'était sa spécialité.
Avec une assiette remplie de bouffe en tout genre et une bouteille d'alcool à la main – délicieux tout ça, terriblement délicieux -, elle passa devant divers personnes tout en les observant, et s’arrêta un moment devant un couple, s'attardant sur le décolleté d'une jeune blonde aux yeux bleus. Ah oui tiens. L'avantage avec les bals, c'était que les nanas étaient moins habillées qu'à l'accoutumée, pour le plus grand plaisir des yeux. La citoyenne ne put s'empêcher de siffler un coup pour montrer son admiration, et ce faisant, elle lâcha également un rot par inadvertance.
-Pas mal pas mal mademoiselle ce décolleté. Dit-elle avec un sourire narquois, trop occupée à regarder sa poitrine plutôt que son visage, ne la reconnaissant donc pas du tout. C'est le gamin à côté de toi qui doit avoir la banane avec tout ça ! Et une grosse banane, on espère ! Bwahaha !
Et sur cette remarque grossière et sans délicatesse, la jeune femme reprit son chemin tout en dévorant une tarte à la fraise et zieutant les autres personnes autour d'elle.
L’homme pousse un soupir et secoue la tête. C’est déjà la cohue pour pénétrer dans le palais, et Lucy sait qu’il n’aime pas la cohue. C’est bien pour ça qu’il a mis toutes ses règles en place, n’en déplaisent à ses clients, qui s’y prêtent d’ailleurs avec une bonne grâce assez hypocrite. Ils ne supportent pas d’attendre, mais ricanent de voir attendre les autres, leurs rivaux, leurs adversaires. Il secoue à nouveau la tête, donnant l’image d’un cheval qui s’ébroue, impression renforcée par son visage tout en longueur, aux yeux gris un peu tristes.
Son voisin le bouscule, et lui jette à peine à regard. Ariend, malgré sa taille assez sensiblement inférieure à la moyenne, lui pose la main sur l’épaule, jusqu’à ce que l’inconnu se retourne. Puis il serre. Fort. L’homme veut d’abord lutter, se plaindre, puis il voit les épais avant-bras de son vis-à-vis, le cou de taureau, et les petites marques de brûlures, mais surtout le symbole de marteau brodé au fil d’or sur sa chemise de lin.
« Pardonnez-moi de vous avoir poussé, monsieur.
- Aucun problème, jeune homme. »
Ariend a un sourire aimable, et relâche sa prise. Malgré ses cheveux blanchis sous le harnais, il a gardé le physique de l’artisan actif, et la forge ne pardonne pas. Cinquante ans qu’il est entré comme apprenti, et il a fait de la forge de son maître un endroit incontournable de la Capitale, qui fournit les plus grandes familles, ou en tout cas les plus riches, en armes uniques, parfaitement équilibrées tout en étant des bijoux d’un esthétisme rare.
Dans la foule massée là, il reconnaît bien sûr certains clients, et la plupart ont la politesse de le saluer.
C’est que le maître-forgeron a cultivé une réputation d’homme fantasque, qui ne tolère pas le manque de respect, et qui refuse des clients sur un coup de tête. Aucune importance, il en aura toujours trop malgré tout. C’est le fardeau de la qualité, une de ses plus grandes fiertés. Quand c’est enfin son tour d’entrer, il se dit qu’il a hâte de pouvoir jouer de nouveaux tours aux nobles, afin de s’amuser un peu. Et pour voir jusqu’où il peut aller.
Sa barbe se creuse un sourire de petites dents blanches au milieu de sa barbe poivre et sel, moins blanche que ses cheveux, et dévoile une petite fossette sous le menton. S’il n’y avait ni blancheur, ni rides, on croirait voir le sourire un jeune garçon.
"J'imagine que l'anonymat donne à certains des ailes de comique. Un divertissement parmi d'autres ! Et une ancienne conquête, dites-vous ?"
Curieux, il jeta un regard circulaire dans la pièce, mais l'attention du jeune Veriano se retrouva ensuite partagée. Entre "l'ancienne conquête" et un homme qui attirait un peu l'attention non loin d'eux. Il détailla l'homme, mais l'ennui avec les costumes, c'est qu'il était très ardu de déterminer qui était qui, et parler devenait risquer. Même s'il n'était pas lui-même le plus connu, il avait désormais une notoriété grandissante. Son hippodrome, inutile d'en revanter plus les mérites, avait surtout un gros facteur de propagande à la disposition de Keith. Certainement un atout plus conséquent encore que tout l'argent que cette entreprise lui offrait. Il ne serait pas surpris que l'on vienne le trouver une fois identifié. Bref, l'homme avait une certaine prestance et il fut reconnu. Ou alors, était-il très bon pour intimider les gens, aller savoir. Son attention dû vite se recentrer sur les deux femmes qui étaient autour de lui. Il avait tant prêté attention à cet homme, que Mysora était apparue devant lui. Keith la regarda dans sa superbe robe qu'elle devait détester et lui offrit son plus beau sourire.
"Mysora ! Cette robe ! Elle te va parfaitement bien ! Je suis ravi de ta venue. Laissez-moi vous présenter mesdames. Mysora, voici Queen Milan. Notre trésorière nationale et secrétaire du premier ministre Haru du Lys. Mais surtout, Queen est une amie proche. Queen, j'aimerais vous présenter quelqu'un de spécial pour moi, ma sœur. Mysora Veriano elle-même, herboriste de son état."
Keith eu un frisson le long de sa colonne. Il connaissait très bien Mysora. Son caractère de façade contre sa version profonde. Et même s'il n'avait pas vu Queen fidèle aux rumeurs qui la suivaient, elle avait également son caractère. Si les deux venaient à se parler sans détour, un carnage pourrait avoir lieu. Retenant un soupir, il espérait que ce jour ne vienne jamais. Il attendit qu'elles se saluent avant de rebondir.
"Les festivités se passent bien pour toi, Myso ? Tu es arrivée de bonne heure, et j'ai cru entendre des gloussements t'accompagner en chemin."
Faisant demi-tour pour retourner vers le cœur des festivités au sein de la salle de bal, il laissa son regard parcourir à nouveau les silhouettes costumées. Ses mains et son estomac n’étaient pas déçus de rester à flirter avec le buffet, mais s’il voulait ne pas se prendre un nouveau sermon du Maître-Espion le lendemain, il allait falloir qu’il fasse bosser plus que ses intestins. Et puis ses doigts s’arrêtèrent au-dessus de mignardises aux allures feuilletées, et ses yeux ambrés sur les contours d’une banane aux pantoufles roses. De tous les déguisements loufoques qu’il avait aperçu le temps de cette soirée, il devait avouer que celui-ci remportait le pompon. Il devait d’ailleurs s’étonner de ne pas l’avoir remarquée plus tôt, car entre la couleur pouvant faire retrouver la vue à un aveugle, et le comportement allègre et vif du costumé, elle ne passait pas inaperçue. C’était une banane qui avait la banane.
Suivant les déambulations de la masse jaune s’imposant comme un fenrir dans un nid de pinplumes à travers la foule, son regard – tout comme la banane – finit par tomber sur un trio distingué. Se rapprochant doucement de sa nouvelle cible tout à restant à porté du buffet – à la fois par soucis de discrétion et d’intérêt gustatif – il ne mit pas longtemps à mettre quelques noms sur ces silhouettes endimanchées. Non seulement car leurs traits ne lui étaient pas inconnus, mais aussi car il n’était pas le seul à s’intéresser à elles. Des murmures surpris, jaloux, circonspects, calculateurs, admiratifs… Le trio ne semblait pas laisser indifférent son entourage. Et puis, s’étant suffisamment approché pour percevoir une bonne proportion des propos échangés au sein du petit groupe, Calixte avait rapidement vu ses doutes éclaircis. Keith Veriano, Queen Milan, et Mysora Veriano. S’il devait avouer ne pas avoir beaucoup de données sur cette dernière personnalité, les deux premières ordonnaient son attention. Depuis le temps qu’il cherchait un moyen d’approche de l’homme à la tête de l’empire Veirano, depuis le temps que les secrets de la famille Milan faisaient de l’œil aux espions !
Son excitation fut cependant de courte durée, car un duo de jeunes femmes passant à ses côtés – le bousculant – en gloussant le rappela à la réalité. Un chouilla trop près, un chouilla trop suspect. Un chouilla trop dans la sphère directe d’influence du trio ; il ne tenait pas à se faire réduire en charpie par les groupies de ces trois personnalités. Dans un soupir ennuyé, il reprit un peu de distance tout en continuant à longer les tables garnies de mignardises. Il espérait que de son nouveau point d’observation il percevrait toujours correctement les propos de ses nouvelles cibles. Et sinon tant pis, il retournerait faire un tour en ville, à l’affût de potins autres.
Elle s'était approchée du couple sans que celui-ci ne la remarque. Ce n'était pas surprenant venant de la jeune Milan, le visage de Mysora lui étant certainement inconnu, mais plus étrange de la part de Keith. Même de loin l'homme semblait ailleurs, sans doute attiré par un événement proche - où peut être simplement une opportunité qu'il souhaitait saisir - si bien qu'il ne remarqua la présence de sa soeur adoptive qu'un petit moment après son arrivée. Il l'observa dans une robe qu'il avait lui même fait confectionné, lui offrit un sourire qui donna envie à la voleuse de le brutaliser devant sa cavalière puis s'accorda même le plaisir de la complimenter, tout en sachant qu'il titilait la patience de son amie.
Il présenta finalement Queen, présentations de courtoisie puisque l'assassine n'était nullement ignorante du statut de la demoiselle et de ses prérogatives. S'ensuivit sa propre présentation, désignée comme sa soeur et simple herboriste - ce qui la fit très légèrement sourire. Elle ne possédait probablement pas encore la confiance totale de Keith, aussi ne pouvait-il la mettre au courant des véritables occupations de la Noble... Le lieu et les festivités, de toute manière, ne se prettaient pas à ce genre de révélations !
Mysora saisit les pans de sa robe et fit une révérence à l'attention de la Milan. Se relevant, elle lui offrit son plus faux sourire tout en la dévisageant.
Un silence s'installa pendant d'interminables secondes avant qu'un éclat de rire ne s'empare de la rouquine, bousculant Keith du coude, toujours ilare.
Un serveur choisit cet instant pour s'approcher d'elle et lui tendre une coupe de champagne.
- Oui une conquête. Marmonna-t-elle alors que son compagnon scrutait l’horizon afin de voir de quoi il retournait. - J’avais pourtant prévenu la première ministre que laisser l’accès du palais au peuple était une fort mauvaise idée. Enfin… Je ne suis pas décisionnaire sur ce genre de cas. Le silence retomba ensuite entre eux et Queen se contenta de regarder les alentours, détaillant les tenues d’un œil presque professionnel. Rapidement, lorsque la rouquine entra dans leur sphère, Keith reprit la parole indiquant la nature de leurs liens. Elle eut un mal fout à retenir un hoquet de surprise. Cela faisait quelques temps qu’ils se fréquentaient tout les deux et le jeune homme n’avait jamais cru bon de mentionner sa petite sœur. Le regard de la blonde en disait long sur ce qui lui traversa l’esprit à l’instant mais elle préféra se taire et garder ses réflexions pour plus tard. De même que la Veriano, Queen effectua une révérence. Qui se résumait simplement à pencher très légèrement la tête vers l’avant avec un sourire en coin. Les véritables révérences étant uniquement réservées aux personnes qu’elle savait au dessus d’elle.
Avant que quiconque ne puisse poursuivre la conversation, une tête blonde tituba jusque devant ses pieds, pas suffisamment pour la bousculer ou se faire remarquer de tout trois mais suffisamment pour que Queen pose les yeux dessus avec un air réprobateur. - De nos jours les gens ne tiennent plus l’alcool. Marmonna-t-elle à l’attention du jeune homme qui prenait déjà ses jambes à son cou. Après cela, elle ne lui prêta plus aucune attention, ça n’avait aucun intérêt.
Ce fut Mysora qui reprit la première et si la conversation commença du bon pied, cela tourna vite au vinaigre. Si la trésorière avait eut un verre à la main, il n’y aurait eut aucun doute quant au fait qu’elle en aurait vidé le contenu sur le délicieux visage de cette cueilleuse de fleur en culotte courte. A mesure qu’elle débitait ses phrases, le regard de Queen se faisait plus acéré et son aura plus menaçante. Si elle voulait jouer, elles allaient jouer et ce n’était pas ses petites excuses de pacotille qui allait lui sauver la mise. Alors, elle laissa son visage se décorer d’un doux sourire et, occultant presque complètement la présence de Keith elle reprit la parole.
- Ne vous en faites pas ma chère, je côtoie chaque jour de petites gens dont les goûts laissent à désirer. Je ne peux vous en vouloir de vous laisser influencer par ce genre de personne. Elle donna un petit coup de nez en direction du groupe de jeune femme qu’elle venait de quitter. - Concernant ma situation, j’ai la chance de ne pas avoir à dépendre de mon frère, ni du votre d’ailleurs. Elle laissa échapper un petit rire amusé, puis, se saisit d’un verre lorsqu’un serveur passa à proximité. Reposant ensuite son regard sur Keith, qui, si il lui avait échappé jusque là, n’allait être en reste. - Je suis étonnée Keith, depuis que nous nous sommes rencontré vous n’aviez jamais mentionné l’existence de votre sœur. Tant et si bien que je vous pensais fils unique ! Son regard passa de Mysora au brun. - Enfin, je suis également enchantée de vous rencontrer Mysora, j’espère que nous passerons… Une bonne soirée. Et elle lui fit un sourire splendide qui en disait long.
Les pensées les plus intimes de Keith durent s'arrêter quand un blanc de quelques secondes se fut installé. Il regarda soudainement les deux Dames qui l'accompagnaient, tour à tour. Il redressa les épaules, s'apprêtant à parler, quand il but une belle gorgée. Parfait, ça fait gagner du temps ! Réfléchis, il faut dompter ces fauves et vite ! Une seule chance ! Keith fini par passer une bref coup de langue sur ses lèvres avant de se remettre à sourire le plus naturellement du monde.
"Cette cérémonie s'annonce déjà pleine de promesses ! Mais je vous en prie, ne vous arrêtez si vous ressentez le besoin de continuer. Mais n'oubliez point que vous êtes toutes deux chères à mes yeux. Vous aurez sans nul doute l'occasion de continuez vos babillages à loisir. En attendant, je vous invite à profiter de cette soirée et de ses bienfaits, qu'ils soient en nourriture, rencontres ou divertissement." Il marqua une petite pause, allégeant ainsi son propos et sa voix. "Mais je confirme que ma sœur a un humour bien à elle, j'espère que vous saurez la pardonner. Navré que vous m'ayez cru fils unique."
Keith faillit rajouter qu'il était bien fils unique, car ayant une sœur adoptive, issue de "plus basse lignée". Mais se rappelant de l'attitude détestable de son amie envers les plus démunis, il s'abstint bien de le faire pour ne pas rajouter de l'huile sur le feu. Il était difficile de trouver un sujet serein à aborder après l'entrée en matière extravagante qui eu lieu. Et quelque chose donna envie à Keith de soupirer : L'impression que ce n'était pas fini pour autant. Peut-être à tord, mais sa nature prudente lui susurra dans un frisson Hééééé ! Qui sait !" avec une certaine moquerie.
Keith reprit alors une gorgée.
Elle se redressa et porta le verre à ses lèvres, profitant du breuvage subtilisé à une certaine Weiss qu'elle s'amusa à imaginer, attendant probablement un verre qui ne parviendrait jamais jusqu'à elle... Elle profita de la présence d'un serveur pour lui confier sa coupe une fois terminée, refusa une seconde qu'on lui proposait puis se tourna à nouveau vers Keith.
Grimaçant, elle désigna les concernées d'un geste de la tête.
Elle rit à nouveau et donna un très léger coup de poing dans l'épaule de son bienfaiteur, bien qu'elle fut tentée de lui en donner un véritable. Elle planta ses yeux dans ceux de son interlocutrice, prête à recevoir la réponse aiguisée de celle-ci. Keith devait certainement la maudire, et cela ne faisait qu'ajouter à sa satisfaction : peut être aurait-elle l'occasion aujourd'hui de révéler au monde les mauvais cotés de son frère adoptif !
Il n’était pas commun pour la trésorière, de rencontrer des personnes qui pouvait tant lui ressembler. Évidemment, la sœur Veriano, ne lui arrivait pas à la cheville mais elle devait avouer qu’elle retrouvait chez elle un petit quelque chose qu’elle connaissait déjà et d’une certaine façon ce n’était pas pour lui déplaire. Lorsqu’elle put de nouveau reprendre la parole, elle ne le fit pas immédiatement. A la place, elle posa son regard sur Keith, cherchant à se souvenir la façon dont ils s’étaient rencontrés. Leur rencontre n’avait rien d’extraordinaire, mais aucun d’eux ne pouvait nier avoir passé une mauvaise soirée. Détournant le regard pour le poser sur son interlocutrice, elle fit pianoter ses ongles sur son verre par deux fois et ouvrit enfin la bouche.
- Il semblerait que vos fréquentation aient fait plus que vous influencer. Enfin… Elle avala une rasade de boisson. - J’ai rencontré votre frère au détour d’une soirée chez un noble que nous fréquentons tout deux. Et en dehors, de sa mémoire semblable à une passoire, il a bien plus de qualité que vous ne sembliez bien vouloir l’admettre. Riche, bientôt l’un des hommes les plus puissant du royaume, noble et beau garçon par dessus le marché. Que demande le peuple ? Il aurait été néanmoins malvenu de prononcer sa vision des choses à voix haute. - Voulez-vous savoir autre chose, où ai-je réussit a satisfaire votre curiosité, mademoiselle Veriano ? Ses yeux passèrent sur Keith une nouvelle fois, qu’elle invita du regard à prendre part à la conversation. Sous peine d’en entendre parler pendant encore un moment.
Fait plus surprenant, Queen énonça quelques qualités du jeune homme. Celui-ci apprécia, certes, mais il était trop concentré sur la tournure des phrases et la situation en cours pour être pleinement reconnaissant. Il devait faire attention au retour de sa sœur, et il redoutait le jour où ces deux-là se rencontreraient. Peut-être aurait-il mieux fallut le faire au manoir, en privé ? Allez savoir... Et bien que ses oreilles se concentraient sur la Rousse et la Blonde, son regard se perdit l'espace d'un instant dans la salle. Tant de mondes, tant de déguisements. Il était ardu de trouver quelqu'un. Il voyait une banane au loin, mais à part cela...
Keith reporta ensuite son attention sur ses amies. Il avait une mine un peu blasée, et le sourire peinait à regagner ses lèvres. Tant pis, il ferait ainsi l'espace d'un moment. On allait pas lui reprocher de ne plus sourire pendant un petit quart d'heure, quand même.
"Ne t'en fais pas Mysora, je sais que cet endroit a de quoi t'horripiler et je sais comment rattraper ça. J'ai entendu parler de plantes qu'il te serait utile de quérir pour ton travail. Je t'en parlerais loin de ces lieux, quand mon pouvoir pourra à nouveau fonctionner, nous épargnant ainsi une longue conversation sur ce que sont ces herbes." Un peu tendu, il reprit une gorgée, toujours en essayant de ne pas trop forcé pour garder la face en public. Il ignorait quoi répondre à la Trésorière à ses côtés, mais un petit mot serait tout de même le bienvenue. "Je vous remercie ma chère, mais inutile de me défendre face à ma sœur, ce ne sont que taquineries entre nous. Il n'y a point de rivalité malsaine là-dessous, je puis vous l'affirmer."
Comme la conversation risquait de s'atténuer, il essaya de trouver une raison, même factice, pour relancer le bavardage de manière plus légère. Il serait malheureux que les Veriano et la Dame Milan donnent mauvaise impression. Reprenant une gorgée pour gagner du temps en complimentant faussement le breuvage, il finit par dire ce qui lui venait.
"J'attendais votre rencontre avec impatience, vous avez chacun quelques traits de caractère qui me rappellent l'autre. Ma curiosité quant à votre première rencontre s'en trouverait presque satisfaite. J'avoue que j'avais plus envisagé de rhétoriques entre vous deux, mais je n'irais pas m'en plaindre."
Bientôt il déclara qu’elles avaient de quelconque traits de caractères commun. Et la jeune Milan ne pouvait le nier puisqu’elle s’était elle même fait la réflexion un peu plus tôt. Cependant, elles n’en auraient le cœur net que lorsqu’elles se connaîtraient. Autrement dit pas ce soir et puis, elle ne garantissait pas que toutes les attaques de la Veriano soient parfaitement tolérées. Aussi, le noble qu’elle reconnu du coin de l’œil ainsi que la musique qui s’éleva lui donnèrent une excuse de premier choix. Glissant son bras autour de celui de Keith, elle sourit à a sa sœur. - Mademoiselle, veuillez nous excuser, je dois emprunter votre frère quelques instant. Nous avons à faire. Pour certains, les bals de la cour ne sont pas que divertissement. Je vous souhaite une bonne soirée et au plaisir de vous revoir. Après cela elle entraîna le brun dans son sillage sans laisser le temps à qui que ce soit de la contre dire. Elle n'avait plus qu'à lui faire rencontrer quelques personnalités, faire bonne figure et ils pourraient ensuite s'échapper en toute quiétude.
Les deux ne s'entendaient pas si mal, mais il ne prit pas cela pour argent comptant. Sans nul doute que l'une étriperait l'autre si une raison lui était donnée. D'instinct, il parierait sur Mysora. Elle n'hésiterait pas à tuer. Ça donne un avantage certain dans un affrontement. La Dame Milan passa son bras autour du sien le plus naturellement du monde et lui demanda de les excuser. Elle n'avait pas fini de parler qu'elle cherchait déjà à entraîner le malheureux entrepreneur ! Keith termina son verre et eu un regard pour Mysora.
"Je te dis à plus tard, cherches tout de même à profiter de la soirée. C'est toujours bon de te savoir proche, ma sœur." Se faisant tirer avec bonne humeur par la Demoiselle blonde, il reporta son attention sur elle. Adressant quelques signes de têtes amusés aux gens qui voyaient l'attention de la Milan pour le Veriano. "Queen, enfin, je vous suis ! Je ne vais pas m'enfuir !"
Son ton était sur la plaisanterie, après tout, c'était le thème de la soirée. Il n'allait pas quitter son alliée d'une semelle, tant que cela bénéficierait à leurs affaires et proximité.