Cela devait faire déjà quelques jours que la bal du Solstice était terminé... Et aujourd'hui était un jour spécial. En effet, Ciel avait invité la Première Ministre à prendre le thé, mais ne l'avait pas proposé sérieusement... Néanmoins, cette dernière avait accepté, proposant de se rendre chez la Ministre de la Magie. Celle-ci, étonnée et honorée, avait tout d'abord paniqué avant de la remercier plusieurs fois. Il serait mentir de dire que la Kyrie Eleison n'avait pas fait en sorte que son manoir soit parfaitement rangé, harmonieusement même. Une odeur de rose submergeait les couloirs, et les domestiques avaient été bien récompensées pour avoir aidé la femme-dragon, qui savait bien les traiter avec respect et amour.
Aperçu du domaine
Un large jardin de fleurs diverses et variées entourait la demeure, grande et spacieuse. À l'intérieur, des tas de bibliothèques. Il y avait des portraits encadrés joliment sur les murs, représentant des membres de la fière famille des Kyrie Eleison. Quelques chandelles par-ci par-là, un majestueux chandelier au plafond... Une ambiance tamisée, qui montrait plus une grande bibliothèque qu'une réelle demeure. Le salon était grand, exprès pour accueillir un grand nombre de personnes. Une table basse au centre, en bois décoré dans un style arabesque, avec un bouquet de roses positionné dessus. Et encore et toujours des petites bibliothèques. Des fenêtres pour aérer, avec des rideaux rouges... Les teintes étaient sombres mais relaxantes, mélangeant la couleur du bois, le rouge, et l'or en guise d'ornements ou autres petites choses. Il y avait des escaliers circulaires pour mener à l'étage, où se trouvait plusieurs chambres, dont une pièce sphérique, avec toujours des livres. Ici était la chambre de la ministre, qui s'amusait à chantonner en jouant avec ses cheveux, et lisant quelques écrits de sa défunte mère.
Ainsi attendait-elle la magnifique ancienne ministre chargée de la culture. Elle l'admirait, d'un côté pour sa beauté, de l'autre pour ses talents dans son domaine. Alors elle ne cessait de rougir face à elle, alors elle ne cessait de se sentir touchée lorsqu'elle la remarquait et accordait de son temps pour elle... Ciel se sentait étrange et honteuse de se comporter de la sorte vis à vis d'elle. Dame Du Lys devait probablement se sentir embarrassée en sa présence... L'Apôtre du Destin se sentait ridicule, et en y pensant, elle ferma son livre d'un coup, cachant son visage pivoine dans ses mains. Ahhh, que pouvait-elle bien penser d'elle ? La femme-dragon ressentait désormais de l'inquiétude... Elle angoissait à l'idée de sa venue. Elle se demandait comment elle devait se comporter, elle se demandait si elle arriverait à se comporter de cette manière... Imaginant tous les pires scénarios possibles, Ciel poussa un long "Hmf !" en gonflant les joues et relevant la tête. Serrant les mains, elle essaya de prendre courage, et se mit debout.
Elle ne devrait pas tarder... Et elle devait se tenir prête ! Alors elle descendit les escaliers, toujours vêtue de son habituel kimono, et prit soin de s'asseoir au salon, sur l'un de ces confortables canapés... En réfléchissant.
Je crois que j’ai trouvé un nouveau jeu depuis maintenant une lune, taquiner la nouvelle Ministre de la Magie était plutôt plaisant maintenant qu’elle était dans la cour des grands. Même si encore j’ai l’impression qu’elle s’est fait propulser du jour au lendemain à ce poste suite au départ précipité de Maes qui y était des années durant, elle a été une merveilleuse assistante mais quand on est derrière un homme qui a fait ça pendant de longues et longues années, être son ombre pouvait être bien difficile. Mais je ne doute pas une seconde qu’elle va arriver à se faire une place, nous étions une équipe qui se connaissaient depuis maintenant un certain temps et nous devons nous faire au changement.
D’ailleurs c’est comme ça que j’ai voulu désamorcer la conversation avec elle qui à chaque entretien que nous avions, elle n’était pas pleinement à l’aise avec moi, je lui ai proposé tout bonnement un rendez-vous enfin plutôt prendre le thé chez elle sur le ton de plaisanterie au début mais j’étais sérieuse quand je lui répondis que je viendrais chez elle le jour qu’elle voudra, nous étions dans un lieu qu’elle connaissait bien et en dehors du boulot, elle était en terrain conquis.
C’est pourquoi en cette si belle journée, je fis quelques détours avant d’aller à son domaine, j’aimais marcher tranquillement dans les rues de la Capitale, je profite de mon “ anonymat “, je n’étais pas la Reine donc personne pour m’agresser et qu’est-ce qu’on pouvait faire à une Première Ministre j’étais remplaçable on va dire et je voulais qu’on me laisse tranquille seul Lancelot était là pour m’accompagner au début de mon parcours puis il restera proche de la demeure de ma collègue au cas où mais plus le temps passe et le Garde n’était pas un simple garde du corps, on prenait toujours un peu le temps de discuter de tout et de rien puis il adorait me raconter les dernières nouvelles de la Caserne, c’est comme ça peu à peu, je commençais à m’habituer aux coutumes de ceux-ci et ils n’étaient pas tous aussi bête que je le pensais.
Nous arrivons enfin devant ce grand portail, je constate qu’elle avait un certain nombre de personnes à cet ordre, bien différent de moi mais c’était si semblable que le manoir de mes parents où j’ai l’impression que le nombre de domestiques et de gardes prouvent sa toute puissance, j’avais préférée un autre chemin et c’était largement suffisant pour moi. Je fis un signe à Lancelot pour le libérer en quelque sorte, je sais qu’il va faire le tour de la résidence et pourquoi pas parler aux gardes à la porte quand ils reprendront leur poste, il avait le don d’être chaleureux et son uniforme de garde royal faisait un peu tout.
Je me présente devant eux et vu que j’étais attendue l’un deux m’accompagne jusqu’à la porte où un domestique ouvre la porte et m’annonce à la maîtresse de la maison. Je pouvais retenir que ses jardiniers faisaient un travail superbe, un jardin drôlement bien dessiné et son intérieur était tout comme à l’image de l’extérieur, divinement bien pensé, on ressent la chaleur des livres ici comme la douce odeur de rose qui se fait sentir. Je sais de mémoire que la mère de la ministre était la préceptrice de la jeune Athéas et d’Aeron au début de leur enfance et j’ai cru comprendre que celle-ci était malheureusement décédée sans aucune information. La domestique m’amène au salon où la jeune m’attendait, encore une fois, je vois des roses sur la table basse, soit elle adorait ces fleurs soit je dois comprendre un message mais si j’étais elle, j’aurai mis des Lys pour le trait d’humour mais je me contente d’apprécier l’attention car tout le monde sait que j’aime particulièrement les fleurs délicates, Nyx avait même fait en sorte de demander à des aventuriers de me préparer un bouquet avec des plantes venant des quatre coins d’Aryon pour mon anniversaire.
- Dame Eleison, ravie de m’accueillir chez vous, c’est ravissant.
C’était un compliment totalement sincère, nul besoin de me forcer, ce n’était pas du tout mon genre de dire des choses que je ne pensais pas, je préférais tout bonnement me taire et éviter d’être désagréable au possible. Je me remercie la dame qui m’a accompagné un signe de tête d’usage et m’approche de la jeune femme à la chevelure émeraude. Elle avait revêtue sa tenue habituelle, ce kimono qui allait avec sa silhouette et qui lui donnait encore un air innocent alors que moi ma tenue était plus sévère avec un pantalon à pince droit d’un noir intense avec une chemise en soie cintrée au col légèrement ouvert, j’avais laissé mon long manteau chaud à l’entrée, tout comme mon châle d’un violet ressemblant légèrement aux nuances de mes cheveux.
- J’ai apporté quelques douceurs avec moi pour cette après-midi si vous le voulez bien ainsi que du thé de la serre des Castalion.
Il était connu que leur thé était les meilleurs du royaume et je m’entends très bien avec la fille de la famille, j’ai pu avoir des thés spéciaux rien que moi d’ailleurs mais c’était notre petit secret à nous deux. Je tendis le sac pour le poser sur le buffet le plus proche et je m’amuse maintenant à regarder l’hôtesse des lieux, elle était paniquée, je le sens mais je n’étais pas là pour la taquiner encore et encore.
- Vous savez Dame Eleison, vous êtes maintenant ministre et vous allez devoir apprendre à ne plus me regarder avec tant d’admiration dans vos yeux, je vais finir par me faire des idées.
Je prends alors la peine de m’asseoir et m’installe confortablement, alors déstresser cette femme-dragon un peu.
Puis, soudainement, des bruits dehors firent redresser la ministre. Était-ce elle ? Venait-elle d'arriver, enfin ? La femme-dragon avait la respiration qui s'accélérait à cette pensée ! Elle l'imaginait déjà à l'intérieur. Elle s'imaginait déjà lui parler avec éloquence. Elle s'imaginait avec elle, en train de rire autour d'un thé... Alors qu'elle n'était pas encore entrée ! Alors même qu'elle ne savait pas encore si c'était vraiment elle ! C'est donc lorsqu'un domestique ouvrit la porte que Ciel frôla l'arrêt cardiaque en inspirant fortement et brutalement. Elle était là, c'était elle ! La première ministre, Haru Du Lys ! Son cœur battait à la chamade, lui faisant même mal à la poitrine ! Main dessus, elle essayait de reprendre son calme pour paraître la plus posée qu'elle le pouvait.
Habillée d'une tenue bien plus stricte que celle habituelle de la Kyrie Eleison, on sentait que cette femme du gouvernement prenait bien son image au sérieux... Ou bien était-ce simplement son style vestimentaire ? Enfin, lorsqu'elle salua la cornue, cette dernière déglutit, avant d'afficher un sourire nerveux, encore peu sûre d'elle. La servante qui l'avait accompagnée jusqu'au salon fut remerciée avant qu'elle ne laisse les deux dames seules. La prestance de la première ministre et son regard avaient le don de donner des frissons à la pauvre Ciel, qui tentait tant bien que mal de cacher sa gêne.
Elle mourrait d'envie de lui parler normalement, de converser sans blocage avec cette grande personne qu'elle était... Surtout qu'elle était sa collègue, désormais. Elle allait devoir souvent travailler avec elle... Ce qu'elle ne manqua d'ailleurs pas de souligner, après avoir dévoilé amener du bon thé et d'autres bonnes choses, en posant son sac sur un buffet. Rougissant légèrement, elle laissa la première ministre s'asseoir avant de répondre, mains sur ses cuisses, toute tremblante :
Mes... Mes salutations, D-Dame Du Lys... M-merci pour le compliment et ce geste, je suis vraiment heureuse de vous avoir en ma... En ma demeure...
Balbutiant, elle prit son éventail posée près d'elle, et chercha un peu d'air avant de reprendre, du mieux qu'elle pouvait...
Je... Je suis désolée, c'est juste que... Je suis encore récente à ce post et... Pour moi vous êtes si importante, si mangifique et si talentueuse que je... Que c'est difficile pour moi de... Ah ! Mes excuses, mes excuses...! Je..., elle marqua une pause, cherchant quelque chose pour se rattraper en regardant les alentours. Ahm... Oh ! Je peux nous servir ce thé que vous nous avez apportées ! A-attendez !
Elle se leva précipitemment hors du canapé pour aller chercher des tasses, qu'elle apporta sur un joli plateau, sans même avoir pris le temps de demander à une domestique, bien trop perturbée. Posant tout cela sur la table, elle s'empressa d'aller chercher ce fameux thé qu'Haru avait amené. Sa main toute tremblante, elle s'avança vers la table basse pour les servir mais, bien trop paniquée, elle en reversa sur sa tenue et son visage. Prise au dépourvu, Ciel avait poussé un petit cri de surprise, avant de reposer la bouteille sur la table, toute trempée. Voilà que tout commença bien... Son kimono devenant légèrement transparent au niveau de la poitrine, la peau de Ciel passa du clair à l'écarlate, et elle s'excusa auprès de la première ministre.
M-mes... Mes excuses, madame ! Je... Je ne voulais pas... Je suis vraiment désolée...!
Elle ne remarquait pas tout de suite à quel point le thé sur son corps montrait trop de choses... C'était actuellement surtout la chaleur et l'humidité sur sa peau qui la gênait...
Je pense que la thérapie va être plus longue que prévue, c’était encore pire qu’au Palais, elle était encore plus intimidée que d’habitude maintenant qu’on ne parlait même pas de travail, son assurance sur ses recherches s’est envolée, je ne compte pas du tout parler boulot ici, nous sommes sur notre temps libre, il faut que je trouve une idée pour l’amener sur une discussion où elle pouvait être à l’aise. Ma curiosité hurlait de savoir qu’est-ce qu’il se passait avec le Capitaine de la Garde Royale mais c’était un sujet un tantinet trop personnel et vu les réactions qu’elle a eu au bal, je ne souhaite pas évoquer qu’elle est certainement une maîtresse du beau jeune homme blond au charme certain.
- Vous me faites que des compliments Lady Eleison mais attendez que vous passe une remontrance et vous allez vite comprendre que ce petit côté charmant que vous me trouvez va se transformer en terreur même si je n’égale pas le niveau de certaines personnes cela dit.
Je rigolais discrètement pour moi-même, non je ne dépassais le niveau de la Trésorière Royale qui était aussi mon assistante, elle c’était un monstre à elle toute seule mais bon quand on la connaît, on pourrait presque qu’elle a un coeur.
Nous prenons enfin le thé, ma ministre avait même décidé de prendre le thé, faisant un simple geste pour lui dire que c’était bon pour l’eau dans ma tasse, elle se prends d’un sursaut et renverse l’eau bouillante sur elle sans crier gare de la chaleur, soit elle est résistante à celle-là soit elle ne s’est pas rendu compte de la chose. Je finis de même à me lever pour essayer de faire quelque chose à ses vêtements, lui tendant une serviette qui était à côté, bon peut-être que la nappon n’était pas une bonne idée pour faire ça mais pas grave, sauvons d’abord la maîtresse de ses lieux.
- Arrêtez de vous excuser vous savez, prenez confiance en vous et essayer de me descendre de mon piédestal, je n’ose imaginer si vous avez une entrevue avec la Reine, vous allez détruire tout le royaume avec votre maladresse ?
Je souris à cette idée, si avec moi c’était comme ça, comment ça serait avec la Reine Allys ? Mais un détail me choque, ça me rapelle une scène il y a quelques saisons de là quand nous avons fini dans la mare avec la Reine, toutes les deux trempées de la tête aux pieds, rigolant tout bonnement sur nos sous-vêtements respectifs.
- Je pense que vous devriez vous changer, vous êtes certainement brûlée non ?
Dis-je tout en regardant droit dans ses yeux, oui j’ai regardé ce qu’il se passait plus bas mais à quoi être gêner de regarder la lingerie d’une belle femme mais là nous parlons de Ciel qui va fuir en courant si elle comprends la situation, je ne veux pas la mettre mal à l’aise.
Je me redresse donc aussitôt et je pars rejoindre l’entrée pour interpeller une servante non loin, sa maîtresse avait besoin d’aide de toute urgence avant qu’elle fasse un arrêt cardiaque. Je vois alors une veste accrochée au porte-manteau, pas spécialement jolie mais ça cachera sa soudaine “ nudité “ quand je m’approche de nouveau vers elle.
- Tenez, prenez ça et allez vous changer, vous me devez une discussion sans balbutiement non, nous devons nous entraîner pour que vous assurez au conseil des ministres.
Souriante comme toujours, j’attendis qu’elle fasse le nécessaire.
Oh... Imaginer Haru s'énerver, l'imaginer la regarder froidement, lever la voix... Se comporter avec austérité envers elle... Ciel eut un frisson. Le plus étrange était le fait que cela ne la dérangeait pas tant que ça. À vrai dire, elle eut même l'impression d'y prendre plaisir. Perturbée par ce sentiment, l'héritière des Kyrie Eleison rougit, et tenta d'articuler quelques mots pour lui répondre, alors que sa supérieure riait gaiement :
Une... Une remontrance...? Je... Je suis sûre que vous ne perdrez pas de votre beauté, Dame Du Lys...
En prononçant ces mots, sa phrase devenait de plus en plus faible, se changeant petit à petit en murmure, prouvant qu'elle avait beaucoup de mal à assumer ces paroles. Ahh, la première ministre était réellement splendide. Son charisme, son charme... Tout était si fascinant chez elle. Et il serait mentir de dire Ciel n'avait pas un certain goût pour l'esthétisme. En effet, elle était rapidement passionnée par le beau, cela facilement décrit comme un instinct artistique. Si elle était souvent prise pour muse pour de divers tableaux, Ciel elle-même aimerait un jour tenter de peindre quelqu'un. Et Haru Du Lys serait un modèle parfait pour elle. Cela serait un puissant honneur de partager ce moment avec elle... Mais le proposerait-elle un jour ?
Pour en revenir à Ciel toute trempée, celle-ci ne semblait pas trop gênée par la chaleur du liquide sur sa peau. A vrai dire, c'était si faible comparé à la douleur qu'elle avait lors de ses transformations qu'elle y était pratiquement insensible... Elle aurait probablement préféré avoir ce genre de brûlure plutôt que celle de ses écailles poussant sur sa peau... En tout cas, Haru chercha vite une serviette pour venir sauver la belle Eleison, qui, surprise, ne disait rien alors que la première ministre aux cheveux ébènes lui demandait de cesser de s'excuser autant... À sa manière.
Hm... Ce n'est pas... Cela n'arrivera pas... C'est juste que...
Oh, Ciel ne le prit point mal, mais elle détourna le regard face à cette remarque, rougissant de plus belle, se sentant honteuse d'être aussi peu habile. Haru semblait être quelqu'un de très taquin. Elle riait souvent, et restait franche. L'Ex-Sœur du Culte de Lucy se rendit facilement compte du regard de la demoiselle sur ses vêtements qui dévoilait aisément ceux d'en dessous... Mais elle resta muette. Sa respiration était forte, bruyante et vive. Son cœur s'agitait dans tous les sens et son visage chauffait, mais elle gardait le silence avant de se relever, suite aux paroles de la charmante femme qui l'aidait comme elle pouvait.
Merci pour votre aide, Dame du Lys... Je m'en vais le faire. Mais ne vous inquiétez point, je suis plutôt habituée à la douleur... Ma magie en étant grandement responsable..., avoua-t-elle, toujours aussi mal à l'aise.
C'est alors que Haru s'empressa d'aller chercher une veste pour la mettre sur les épaules de la ministre de la magie, après avoir demandé une servante pour venir l'accompagner. Le sourire de la Du Lys et son comportement si princier eut le don de pousser Ciel à poser une main contre sa bouche, son regard d'or évitant le sien, timidement.
J-je... Merci encore, Dame Du Lys..., elle marqua une pause, ses prunelles toutes brillantes. ...Vous pouvez m'appeler simplement "Ciel", mademoiselle...
Ces mots dits, la domestique s'avança, essuyant encore un peu sa maîtresse, avant de la diriger vers l'étage pour qu'elle aille se changer. Oh, mais qu'allait-elle porter désormais ? Elle se devait d'être suffisament élégante pour sa supérieure... Que porter, que porter ? Ciel paniquait, Ciel réfléchissait... Jusqu'à venir demander de l'aide à sa servante, qui, toute aimable, lui sourit et lui proposa plusieurs tenues en les posant sur le lit, la réconfortant de sa voix douce. Les employés de la famille Kyrie Eleison étaient si bien traités qu'ils étaient toujours ravis de servir cette noblesse.
Finalement, après quelques temps, l'Apôtre du Destin redescendit enfin. Une veste tombant de ses épaules en accentuant parfaitement sa féminité, l'ancienne Secrétaire Générale de Maes s'approcha à nouveau de la première ministre, quelque peu stressée vis à vis du jugement de celle-ci. Allait-elle aimer ? Elle l'espérait... Mais maintenant, il fallait éviter de balbutier, et prendre un minimum confiance en soi...
Tenue.
Ahm... Veuillez m'excuser pour l'attente., dit-elle alors que les servantes venaient de nettoyer le sol et la table basse. L'une d'elle servit finalement le thé pour les deux demoiselles, avant de quitter la pièce pour les laisser seules. Ciel les remercia d'un charmant sourire et signe de la tête, avant de s'asseoir aux côtés de la première ministre, à nouveau. ...Dame Du Lys, dites-moi, aimez-vous lire ?
Il fallait bien changer de sujet... Et puis, elle voulait bien savoir ce que pensait sa supérieure de cela, elle qui adorait tant lire...
Je ne sais pas où va mener cette discussion, peut-être ne se rendait elle pas compte que certaines de ses paroles avaient des sous-entendus plus qu’évident mais avec le fait qu’elle n’arrive pas à tenir trois mots alignées, rendaient la chose plus amusante que séduisante. Elle a du redoutable avec le Capitaine si elle a réussi à capturer en quelque sorte le coeur du jeune homme et pour le peu que j’ai entendu avant que j’arrive, elle arrivait à parler normalement, je pense que c’était juste avec moi, on devait donc soigner le mal par le mal.
- Je ne suis pas sûre que parler de ma beauté soit un argument de taille quand je fais mes petites… remontrances, en tout cas, n’essayez jamais avec moi.
Certains ont essayé et ça m’a plus énervée qu’autre chose mais là n’était le sujet, il fallait que la demoiselle se change avant que je ne découvre chacune des parcelles de son corps et mon imagination n’a pas besoin de beaucoup d’efforts pour faire le reste. J’essaye de venir à son secours et indirectement l’ordonne de se changer avant que mon esprit dérape réellement, j’ai beau me dire que les cornes sur sa tête me fait penser un peu à la forme bestiale de Nyx, je me dis que c’était de même étrange que j’apprécie quand elle prends cette forme mais ma compagne m’a toujours dit que ça ne lui faisait rien de prendre celle-ci alors que mon Ciel, ça a l’air bien différent, je ne connais pas toute l’histoire mais son pouvoir était dangereux pour lui donner le tatouage de ministre.
- Allez-y, je reste ici, je ne compte pas m’enfuir.
Je la laisse se changer pendant que je m’amuse à regarder les livres qui se trouvaient dans la bibliothèque, il y en avait de tous les genres, des livres plus ou moins anciens, et je reconnus même des livres d’une certaine Lyn Regan, je ne pus que sourire quand je vois les policiers qu’elle a pu écrire et je me demandais si elle avait ceux de son autre collection, celle qui concernait surtout les adultes.
J’entendis des pas et je finis par retrouver ma place, je ne voulais pas qu’elle me prenne en train de fouiller et déguster mon thé qui a fini par se refroidir légèrement. Je tourne la tête quand je vis sa tenue, mon expression était la même, aucune rougeur mais peut-être ce petit sourire en coin pourrait trahir le fond de ma pensée, la jeune femme innocente avait fait place à autre chose et finalement, je trouvais ça plutôt amusant de la voir ainsi, elle avait une tenue plus provocante, peut-être que ça lui permettra de revêtir une autre personnalité, nous allons bien voir ça.
Je voulais faire la remarque à voix haute comme quoi qu’il manquait peut-être un peu de tissu sur elle mais je ne fis rien, c’était tout aussi plaisant de la voir vêtue comme ça, ça en devenait presque une prédatrice et sans le vouloir, je l’oppose à Nyx qui pouvait enfiler aussi ce genre de tenue pour me faire tourner la tête.
- Moi aimer lire ? Je pensais que mes livres dans mon bureau ne servait que comme décoration.
Posant alors doucement ma tasse sur la table, je me fis une joie de la taquiner, c’était tentant cette petit pique mais je repris aussitôt mon sérieux d’une voix plus enjouée.
- Comme vous le savez, j’ai été Ministre de la Culture, j’ai passé beaucoup de temps pendant ma jeunesse à faire plusieurs études sur l’histoire de notre Royaume, la royauté était mon sujet préféré et j’ai même réussi à trouver des textes exclusifs sur certains faits de nos rois et reines d’antan.
Même beaucoup, lire des journaux intimes de serviteurs ou même du monarque lui-même était intéressant, j’en apprends tous les jours et j’avais quelques histoires que je tenais beaucoup à coeur.
- Mais je vois que vous aussi avez garder l’état d’esprit de votre défunte mère, je l’ai pu connu mais la princesse m’a toujours raconté du bien de sa préceptrice tout comme la Reine Allys, une femme aimante et elle ne s’est pas raté avec vous non plus.
Oui sa petite fille avait franchi de nombreuses étapes, leur famille était connue pour leurs recherches magiques ainsi qu’un art ancestral sur les vitraux mais Ciel avait réussi à obtenir un des rôles les plus importants pour un enchanteur, en faite c’était surtout que Maes était dur à pousser du poste.
- Même si j’adore les livres d’histoire et autres livres sérieux, j’aime tout autant les livres sur les romances, quelques policiers et sans vous mentir j’ai vu que vous avez des livres Lyn Regan, cette femme a une plume magnifique et j’ai pu la rencontrer également, c’était marrant de voir son idole, il faut dire.
Très peu de gens savaient qui était Lyn Regan, ce n’était qu’une couverture pour elle, elle voulait être tranquille et que personne ne sache qu’elle écrivrait des romances érotiques, certains de ses romans policiers étaient sous le nom de Nyx Anger mais le reste était sous son autre nom.
- D’ailleurs, qu’elle est votre oeuvre préférée de cet auteure ?
Ahh, cette tenue ! Il fallait avouer que Ciel elle-même s'était posée plusieurs questions avant de la porter. Le manque de culotte, notamment... Mais la servante avait garanti qu'elle ferait fureur ! Mais ce n'était pas étonnant, car c'était la même servante qui l'avait choisie, lorsque la Kyrie Eleison cherchait de quoi s'habiller, au moment où il fallait en acheter. Mais la ministre de la magie lui faisait confiance, visiblement très naïve, bien qu'elle se demandait si sa supérieure n'allait pas la voir autrement en se présentant ainsi...
Néanmoins, elle n'avait pas osé lui demander son avis vis à vis de ce qu'elle offrait à ses charmants yeux. Ce serait vite pris d'une manière "étrange", qui déplairait fortement à la pauvre femme-dragon, qui ne cherchait nullement à montrer ce genre d'intention à Dame Du Lys. Enfin... Il serait vraiment mentir de dire qu'elle ne ressentait pas une certaine... Hm. Attraction envers cette femme aux cheveux sombres, mais elle ne préférait pas rêver : elle semblait inaccessible, bien trop parfaite pour elle. Argh, mais à quoi pensait-elle ? Même se résoudre de cette façon était inacceptable ! Elle ne devait pas ressentir ce genre de choses pour elle, voyons ! Gardant tout cela pour elle, Ciel resta silencieuse jusqu'à se poser sur le canapé. Le sourire particulier de la première ministre lui avait à la fois tout et rien dit. Et cela lui suffisait pour rougir, et se sentir flattée et heureuse.
Celle-ci vint donc lui répondre, n'hésitant pas à faire preuve d'ironie, qui fit rire également la demoiselle aux cheveux émeraudes. Oh oui... Elle était très taquine. Mais cela avait réussi à amuser l'Apôtre du Destin, qui, petit à petit, très lentement certes, prenait confiance en elle. Peut-être que ce petit rendez-vous allait véritablement lui servir, pour enfin ne plus paniquer en la présence de cette charmante dame...
Elle écouta donc ensuite l'ex-ministre de la culture, qui lui expliquait son amour pour les livres qui semblait déjà bien dater. Elle lui montra de cette manière à quel point elle s'y connaissait dans son domaine, sa passion... Et Ciel n'en fut point surprise. Elle était tout simplement admirative. Mais elle faisait de son mieux pour n'afficher qu'un tendre sourire. Cela ne devait pas être très agréable d'avoir quelqu'un d'aussi fasciné par soi-même... Ou du moins, qui le montrait autant.
...Je vois. Vous êtes réellement passionnée par votre expertise. Je ressens la même chose pour ma part. C'est merveilleux de pouvoir vivre de ce que l'on aime...
Et voilà qu'elle lui parla de sa chère mère, Gabriel Kyrie Eleison, ancienne préceptrice royale. Visiblement, la princesse Atheas en avait bon souvenir, tout comme la Reine. Ainsi était-elle décrite comme une femme aimante... Et Haru ne se gêna pas de dire qu'elle avait transmis également tout cela à sa fille. Rougissant légèrement, Ciel ne paniqua pas cette fois. Le simple fait de lui rappeler sa mère la rendait heureuse. En effet, savoir qu'elle n'était pas oubliée, et qu'elle reposait probablement en paix... Tout cela lui faisait du bien. Un grand bien.
Cela me touche beaucoup, Dame Du Lys. J'espère honorer ma mère - qu'elle repose en paix -, et réussir à suivre les traces de l'ancien ministre, Maes. Je rêve et je suis bien déterminée à vous rendre fière, tout en faisant de mon mieux pour aider le peuple avec mon savoir et mes recherches sur la Magie.
S'en suivit alors un petit rire tout innocent et si pur. Un rire plein d'espoir, un rire fragile et précieux. Les rêves... C'était ce qui la motivait, et ce qui avait motivé sa belle génitrice aux yeux de saphir...
Oh. Et voilà que la première ministre lui parla de ses goûts littéraires. Livres de romance et policiers ? Voilà qui était étonnant... Ciel préférait les mêmes choses, bien que la romance soit réellement quelque chose d'incroyable pour elle. Elle cherchait souvent à le cacher par gêne, mais pourquoi le faire lorsque l'autre partageait cet intérêt pour ces ouvrages ? Lorsqu'elle cita Lyn Regan et avoua l'avoir déjà rencontrée, les prunelles d'or de l'ex-Sœur brillèrent. Elle connaissait cette auteure, elle avait même plusieurs livres écrits par elle.
Oh ? Vraiment ? Lyn Regan, elle-même ? J'aimerais un jour la rencontrer, moi aussi..., dit-elle, un peu envieuse.
Au moins, elle avait maintenant un titre suffisamment important maintenant pour qu'on ait du mal à lui refuser ce genre de choses, n'est-ce pas ?
Enfin, Haru Du Lys demanda alors quelle œuvre de cette grande dame Ciel avait pu préférée. Posant son index sur son menton, elle se mit à penser. Puis d'un coup, une idée. Elle sourit, prit une gorgée de thé - qu'elle n'hésita pas à dire à quel point il était délicieux -, et répondit de sa voix naturellement douce et mélodieuse :
Je dirais... Celle avec le meurtrier qui cherche à se repentir en voulant éviter l'exil. J'avoue avoir été touchée par la manière dont la fatalité de cette homme avait été mise en avant. En tant que pacifiste, je cherche à ce qu'on puisse privilégier la réhabilitation. Car à mes yeux, aucun de nous n'est parfait, et chacun de nous peut changer et s'améliorer pour le bien d'autrui, comme de lui-même.
...Un jour, peut-être, elle en parlerait à la si imposante Ministre de la Justice, Nyx Anger... Après tout, elle allait intervenir pour toutes les histoires tournant autour de la Magie...
Toisant la belle Du Lys, Ciel commençait à ne plus être trop bloquée par l'embarras.
Et vous, Dame Du Lys ? Quel est votre ouvrage favoris, de cette même écrivaine ?, elle marqua une pause, Et dites-moi, que faisiez-vous avant d'être ministre de la culture ?
Est-ce ma tenue ou elle a pris le taureau par les cornes mais elle a pris de l’assurance, la discussion plus normale dirons nous, je pense surtout que nous parlons d’un sujet simple sans incidence pour la suite. Comme toujours le thé que m’a préparé la fille Castallion était excellent, ça faisait bien longtemps que je n’avais pas vu le fils, le futur héritier de l’affaire mais j’ai cru comprendre qu’il était encore reparti en voyage pour découvrir de nouvelles saveurs laissant sa jeune soeur faire tout le travail mais bon tant que j’avais ces précieux mélanges, cela me suffisait mais il faut avouer que le pouvoir de Lerin pouvait modeler les fleurs à sa façon et je m’en souviendrais longtemps des fleurs qui étaient des représentations de notre ciel étoilée lors d’une belle nuit de la saison chaude.
- Je ne sais pas si on peut parler de vivre ce qu’on aime Ciel mais oui quand j’étais Ministre de la Culture, j’étais plus dans ma passion mais j’aime bien mon poste actuelle, ne vous inquiétez pas.
Elle m’avait proposé gentiment que je pouvais l’appeler ainsi mais je fais la politesse de lui dire qu’elle pouvait de même mais imaginer qu’elle puisse dire “ Haru “ d’un ton beaucoup trop aiguë me passe par le tête, ça serait terrible pour ma fierté.
- Dame Du Lys, vous pouvez m'appelez Dame Haru ou simplement Haru si vous le souhaitez, on m’appelle à longueur de journée ainsi, si entre collègues on pouvait s’en passer déjà dans un cadre privé si vous voulez continuer au Palais, faites le moi savoir. Puis comme je vous le dis, pas besoin de me rendre fière moi, il suffit de faire votre travail correctement et ne pas faire regretter le choix de la Reine mais je sais que vous êtes tout bonnement capable de ça, Maes a eu une longue carrière, c’est toujours dur au début.
Notre discussion se tourne vers les livres, sur Lyn donc sur Nyx, savoir qu’elle appréciait cette auteure et qu’elle souhaite la rencontrer me fit sourire, elle était tout bonnement dans mon lit assez souvent mais je ne préfère pas le dire, c’était notre secret à nous surtout quand on s’amuse à faire ses histoires ou tout bonnement d’en créer d’autres.
- Si vous saviez ce qu’on compte faire notre ministre de la justice… elle veut ré-instaurer la peine de mort.
Mais c’était plus pour protéger les gardes qui escortent le condamné que la sanction en elle-même, trop de gardes ont perdu la vie à cause de gens qui ne méritaient, je n’étais pas favorable mais à moins d’inventer un portail qui mène directement au grand gouffre, c’était une solution viable.
- Mais je suis d’accord, les différentes sanctions et les procès sont rudement bien menés, elle cherche toujours la sanction la plus juste et équilibre les peines mais si le crime est trop effroyable, elle ne montre aucune pitié car certains crimes ne méritent aucune pitié.
J’adorais les analyses de Nyx sur ce point, elle avait un avis tranché sur certaines choses mais ces livres pouvaient nous tenir en haleine pendant de nombreuses heures. Puis la question tombe, mes livres préférés, j’en avais plein, Escote-Moi, Nouvelle page, Rien qu’à toi...
- Je dirais l’étrangleur du temple, il y avait cet aspect sur le culte de Lucy qui m’intéressait beaucoup, elle s’était beaucoup documentée sur ce point, elle a voulu sortir des sentiers battus.
Elle m’a racontée toute sa démarche et je ne fus qu’admirative de mon amante d’avoir tenté la chose et ce livre m’avait réellement plu.
- Avant d’être Ministre ? J’étais assistante de diverses cabinets, j’ai fais aussi quelques années avec l’écrivain royal et les érudits de la bibliothèques, j’ai suivi quelques historiens à travers certaines expéditions, on va dire que ça ne fait pas si longtemps que je ne bouge plus trop de la Capitale mais à un certain âge, il faut se calmer dirons nous.
Rien d’extraordinaire pour une fille dont les parents étaient une grande fortune de la Capitale, j’avoue que je pouvais avoir tout ce que je voulais mais j’ai préféré montrer à Mère que je pouvais être indépendante et pas besoin de leur argent, enfin au début pour acheter ma demeure mais maintenant je n’avais plus besoin d’eux et je me sentais vivre avec ma pupille.
- En tout cas, vous me posez beaucoup de questions sur moi, je n’ai pas l’habitude de subir les interrogatoires, c’est même plutôt l’inverse.
J’aurai voulu lui demander pour Arthorias mais c’était indiscret alors je devais aller taper sur quelque chose mais qui pouvait être marrant.
- Pourquoi aimez-vous porter des kimonos au Palais ? Je peux voir que vous pouvez autre chose ? On dirait que vous cachez bien votre jeu finalement.
Bon, c'était trop tentant de la taquiner mais elle le cherche avec sa tenue et je n'ai pas envie d'être sérieuse tout le temps.
Oh... Voilà qu'elle disait préférer tout de même son ancien poste... Bon, elle aimait bien son poste actuel, mais cette révélation eut le don d'intriguer la femme aux cheveux verts, qui n'en dit pas plus, préférant répondre par un simple acquiescement et un "Je vois", cette fois-ci. Vu la façon dont elle s'était expliquée au sujet de son amour pour la lecture juste avant, il n'était pas si étonnant que ça qu'elle vienne à dire ceci.
En tout cas, le fait que la première ministre vienne à enfin l'appeler "Ciel" fit tressaillir cette dernière. Elle ne pensait pas que juste prononcer son nom lui ferait autant de bien... Du moins, que sa supérieure prononce son nom. C'était différent. Particulier. Agréable. Étrange... Cela allait prendre plus de temps que prévu pour qu'elle s'y habitue. Et ce qui vint ensuite le serait encore plus... Car l'ancienne ministre de la culture lui proposa de l'appeler "Haru". Par son prénom, donc. Le cœur de la ministre de la magie s'emballa, alors qu'elle imaginait déjà, de manière très exagéré, les deux, proches l'une de l'autre, prononçant chacune leur nom respectif, d'un ton suave. Les joues de la Kyrie Eleison devinrent roses quelques instant, avant qu'elle ne reprenne vivement son calme.
...Haru..., sussura-t-elle d'une voix particulièrement lascive, sans s'en rendre compte, C'est un nom plutôt agréable à prononcer. Et joli... J'aimerais vous appeler ainsi même au palais, si vous le voulez bien...
Ladite Haru lui expliqua ensuite que la fille de l'ancienne préceptrice royale n'avait pas besoin de chercher à la rendre fière. Tant qu'elle faisait du bon travail et ne décevait point la Reine, c'était déjà très bien à ses yeux, bien que le parcour de Maes soit encore un poids qu'elle devra surpasser. Récente à son poste, Ciel devra tout faire pour se démarquer, er sortir de son ombre... Et elle en avait conscience. Elle était optimiste.
Après avoir parlé de son objectif de réhabilitation, la demoiselle Du Lys parla du plan - sombre et choquant - de la ministre de la justice, Nyx Anger. Réinstaurer la peine de mort ? Ciel écarquilla les yeux à ce moment précis, avant de soupirer. Comme si l'exil n'était pas déjà une sanction atroce... Envoyer des hommes dans la gueule du Fenrir, ce n'était qu'une mise à mort cachée, après tout...
Elle laissa donc Haru tenter de défendre la fameuse dame chargée des lois de ce Royaume, en compagnie de la Famille Royale, avant de répondre, un sourire nerveux sur les lèvres :
Je ne doute pas des talents de Dame Anger... C'est une personne qui prend son travail très au sérieux, et qui le fait avec maestria. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de me sentir mal à l'aise à propos d'une soi-disante légalisation de la peine de mort. Mon parcours en tant que religieuse du Culte de Lucy m'a poussée à aimer autrui, et à toujours croire en lui pour qu'il puisse réussir. Alors je ne peux qu'être angoissée à l'idée de voir ceci se faire...
Avoua-t-elle sérieusement, mais toujours en restant respectueuse envers cette femme, désormais sa collègue, qu'elle admirait aussi. Si les paroles de la Kyrie Eleison pouvaient sembler très naïves et utopistes, elle en avait conscience et l'acceptait. Pour elle, ce n'était pas une mauvaise chose de penser ainsi. Et elle croyait fermement que si le monde venait à croire comme elle, il changerait. Pour le bonheur de tous.
De retour sur les œuvres de Lyn Regan, Haru dévoila son œuvre favorite, "L'Étrangleur de Temple". Oh, ce livre-là...! Ciel le connaissait bien, et l'avait tout autant adoré ! En même temps, cela touchait le culte de Lucy, donc c'était facilement une création qui allait plaire à la jeune ministre.
Oh ? Vraiment ? J'ai également lu ce livre, et je l'ai grandement aimé. Il se trouve actuellement dans ma chambre, à l'étage. Il m'arrive de le lire de temps à autre. En tant qu'Ex-Sœur, j'ai bien vu à quel point elle s'était si bien documentée... C'est une écrivaine de talent, il est certain.
Puis, Haru parla de son chemin avant d'être ministre. Ce qu'elle racontait réussit à faire avancer légèrement l'Apôtre du Destin, toute attentive et curieuse. Sans nul doute, Dame Du Lys était quelqu'un d'expérimenté et intelligent. Tout ceci lui rappelait ses années dans la Grande Bibliothèque Kyrie Eleison, aux plaines. Sa famille avait une notoriété toute particulière pour ses hauts chercheurs. C'est pourquoi de nombreux visiteurs y allaient, pour dévorer tous les livres d'études scientifiques qui s'y trouvaient. Parfois, il y avait des ingénieurs du Génie de la Forteresse qui y allaient. Quel honneur... Quelle fierté...
La première ministre vint alors soulever le fait que Ciel posait beaucoup de questions à son sujet, allant même jusqu'à parler d'interrogatoire. Gênée, Ciel joua avec une mèche de ses cheveux, souriant du mieux qu'elle pouvait.
Ahm... Oui, excusez-moi... Vous m'intriguez beaucoup, et j'apprécie vous entendre parler. Vous avez une certaine éloquence, votre voix est belle à entendre, et vous savez comment pousser autrui à vouloir vous écouter pendant des heures...
Son assurance grandissait tellement qu'elle fut surprise d'avoir dit de telles paroles aussi sincères. Cependant, elle n'en montra rien. Elle cherchait à tout prix à montrer qu'elle pouvait éviter de balbutier, et perdre son sang froid.
Puis, vint une question au sujet de son accoutrement habituel. Clignant des yeux, dubitative, Ciel eut une nouvelle fois, un petit rire d'embarras.
Ahhh... Il est vrai que je porte uniquement des kimonos au palais. C'est quelque chose de très traditionnel dans ma famille. Nous nous montrons habituellement dans ce genre de tenue. On raconte que cela porte bonheur, et nous offre sagesse, même si je n'y crois point. À vrai dire, je le porte surtout parce que j'ai été éduquée ainsi, mais aussi parce que j'apprécie me vêtir de la sorte., elle marqua une pause, prenant sa tasse et buvant un peu avant de reprendre avec un sourire plus franc et chaleureux. Il m'arrive de porter d'autres tenues en allant me promener à la Capitale, ou alors aux plaines, près de la résidence principale de ma famille. En tout cas, il semblerait que tenue vous plaise, cela me rend ravie...~
Elle reposa sa tasse, puis pencha légèrement sa tête sur le côté en regardant la belle Du Lys avec un sourire.
...Cette tenue est bien plus extravagante de ce que j'ai l'habitude de porter. Mais ce n'est pas si mal..., sa voix devint plus grave. ...Si je peux vous plaire, Haru...~
Allait-elle regretter ses paroles ?
Peut-être.
Sûrement.
Moi qui pensait qu’elle allait tremblé encore quelques temps, je vois qu’elle commence déjà à prendre ses marques et elle semble plus heureuse que m’appeller Haru. J’étais toujours fascinée d’entendre que tel ou tel prénom est joli ou non, c’était quelque chose qu’on ne choisissait pas, une chose que nos parents nous donne et qu’on doit assumer, il est vrai que j’avais eu de la chance, le son était agréable et encore plus quand Nyx me le murmure dans mes oreilles mais ce n’était pas un détail que je compte lui partager non plus.
- Vous devriez voir le problème autrement si vous devez faires les condoléances aux familles des gardes qui ont fait parti de l’expédition d’exil d’un homme qui a tué une dizaine d’enfants en les torturant et les violant, je pense que toute la miséricorde au monde ne peut pardonner à cet âme autant de morts même après ses méfaits. Je ne suis pas forcément pour mais l’exil est une peine de mort déguisé, la prison a vie quand les faits sont vraiment avérés, c’est qu’une longue mort également puis si on regarde bien, nous pratiquons déjà peu l’exil, ça restera certainement pareil, je pense que vous vous inquiétez pour rien.
C’était un sujet délicat, j’ai déjà expliqué plusieurs fois mon point de vue avec la Reine, oui il y a une amendement que c’était interdit mais à l’heure actuelle, le système ne fonctionnait pas non plus, nous avons perdu trop de gardes pour de choses aussi inutiles, il faut juste définir quel type de crime permet la peine de mort mais il faut avouer que nous faisons déjà la prison à perpétuité depuis un certains temps donc il nous restait à convaincre tous les conseillers royaux de la chose mais ce n’était qu’une question de temps et Nyx pensait y arriver un jour.
Puis Nyx l’évoquait déjà cette histoire dans ses bouquins qui se trouvent dans un autre monde, des fois plus moderne, d’autres avec la même avancée technologique, il y avait un peu de tout, c’était ça son point fort, la diversité de ses bouquins et tout le reste.
- Vous étiez une soeur de Lucy ? Je ne le savais pas, pourquoi ne pas avoir continuer ?
Dis-je stupéfaite car c’était un curieux virage mais bon chacun avait ses raisons cela dit comme au sujet de ses tenues, je n’avais aucunement un look rentre-dedans, plutôt sobre et professionnel, il y avait que pendant les bals où je me permettait plus d'extravagance mais cela dit, en privé, je sais me mettre à l’aise au plus grand plaisir des yeux de mon amante, les longues chemises de soie qui laisse un soupçon du bas de mes fesses, le nombre de fois que j’ai pu l’entendre dire que je devrais aussi venir comme ça lors de mes réunions, tout le monde m’écouterait !
- Je mentirais qu’elle ne vous mets pas en valeur mais j’aurai dû garder cela pour moi mais la Reine me rappelle souvent que j’ai le don de dire tout ce qu’il me passe par la tête quand je ne suis pas en mode travail dirons-nous, elle aime bien mon honnêteté.
C’était même amusant de parler aussi libre avec la Reine et même si je n’ai jamais dis qu’un jour j’ai tout bonnement essayer d’embrasser son mari pour tester sa fidélité mais aussi pour l’embêter plus qu’autre chose, j’ai failli lui avouer que cette séance de shopping avait failli faire exploser mon petit coeur quand nous étions rapprochées.
- On me dit souvent que j’ai le don de rassurer et on a tellement confiance en moi que les gens finissent par se laisser faire. La preuve, vous voyez, vous prenez de l’assurance avec moi, je ne vous mangerai pas, je ne suis pas comme ça et je n’ai rien d’un Fenrir, je suis une femme calme.
Posant le coude sur l’accoudoir, posant mon menton sur mon poing, je me demande qu’est-ce qu’elle mijote alors que mon pouvoir était encore là en train d’examiner la moindre de ses réactions et de ses émotions. J’apercevais la sensualité et la séduction prendre le dessus de la peur, un petit sourire carnassier se pointe mais a demi-camouflé par mes doigts, je crois qu’elle ne vit rien quand elle lâcha sa bombe que j’avais prévu de toute façon mais je ne fis rien, gardant la même émotion, peut-être plus amusée mais cette petite commençait à prendre ses aises, je pourrai tout simplement durcir le regard et lui faire comprendre que je n’étais pas ce genre de femmes même si en réalité j’adorais ce petit jeu mais je ne voulais pas commencer cette relation de travail de la sorte vraiment pas surtout avec une Nyx qu’elle pourrait voir tous les jours ou plutôt Nyx qui pourrait voir son petit jeu et lui faire mordre la poussière car elle sait très bien que j’aime séduire mes “ proies “ mais ça en restait là depuis maintenant quelques lunes.
- Oh donc nous venons de sauter plusieurs étapes d’un coup à ce que je vois...
En laissant ma main retrouvée mon genou, je me contente de sourire et poser mon dos sur le dossier du fauteuil confortable.
- Je ne vous ai déjà dit que vous n’avez pas besoin de me plaire pour votre travail non même si je doute que le plaire que vous venez d’évoquer concernait certainement un tout autre domaine.
Prenant appui sur les accoudoirs, je me lève et me place devant elle, les mains sur ses accoudoirs mon visage près du sien, je pouvais aisément sortir son parfum mais aussi entendre son corps battre.
- N’essayez pas de jouer dans la cour des grands ma chère Ciel, vous allez vous y brûler vos ailes surtout si vous ne connaissez pas l’adversaire qui a devant vous, vous ne connaissez que la Haru la ministre mais pas l’autre.
Me redressant, j’attrape la bouilloire, lui tournant légèrement le dos et me sers un nouveau thé.
- Un peu de thé pour vous refroidir Ciel ?
Dis-je d’un ton espiègle.
Oui... Elle était au courant que certains crimes pouvaient sembler inacceptables. Mais... Elle ne pouvait pas s'empêcher de vouloir aider autrui, peu importe ses actes. Car eux aussi, étaient des créations de Lucy. Ses frères, ses sœurs... Elle ne voulait que leur bien. Que leur bonheur. Elle voulait tous les aider, et leur faire découvrir la lumière. Alors, lorsque Haru lui donna son avis et ses explications, Ciel n'était pas surprise, non. Poussée par une confiance en soi soudaine, elle lui répondit, fièrement :
Je crois que chacun puisse changer. Je crois que chacun puisse évoluer. Là est ma voie, là est mon objectif, Haru. Vous pouvez me prendre pour une naïve, puérile... Mais je crois en ce rêve. Je crois que je peux pousser tout le monde à vivre heureux. Je veux fonder un monde merveilleux sur Aryon. Un monde parfait. Car, à mes yeux, nous sommes tous des créations de Lucy, et nous devons ainsi nous aimer les uns les autres. Nous entre-aider, le comprenez-vous ?
Choisit-elle de dire, les yeux brillant d'espoir. Oh oui, Ciel croyait en son rêve qui ne semblait qu'être une utopie. Un jour, elle regarderait le ciel étoilé en compagnie de tous, le sourire aux lèvres de chacun. Elle se l'était jurée, car c'était également le rêve de sa défunte mère, Gabriel K. Eleison. C'était là sa destinée, ainsi marquée par ce nom symbolique : Ciel. Elle devait donc servir d'exemple chaleureux. Elle devait donc sourire, rire, être plus tolérante que n'importe qui... Et connaître la paix intérieure. Elle apprenait de jour en jour pour toucher cette perfection religieuse, sans jamais avoir encore atteint ce niveau tant souhaité.
Bien curieuse, la première ministre Du Lys demanda à l'ancienne Secrétaire Générale de Maes pourquoi elle avait quitté son rôle de Sœur au Temple. Ciel eut un petit rire tout gai et doux, avant qu'elle ne soupire avec le sourire, et vienne à répondre à la belle aux cheveux ténébreux :
À vrai dire, je n'ai pas vraiment quitté ce rôle... Je l'ai certes officiellement laissé pour devenir Secrétaire Générale du ministère de la magie sous Maes, mais je garde encore le comportement qu'une Sœur doit avoir, et je ne perds pas une seule once de ma foi. Si je suis partie, c'était pour poursuivre mes études en magie, et voir plus en détails. C'est une réelle passion pour moi, et c'est certainement ma mère qui me l'a transmise...
Ceci avoué, Ciel ne s'en plaignait pas, et n'en voyait aucune honte non plus. Elle était, bien au contraire, très fière de tout ce chemin parcouru jusqu'à maintenant. Car aujourd'hui, elle pouvait vivre de ce qu'elle aimait, et continuer de progresser en finançant des projets pour le peuple entier vivant sur ces terres. Un jour, elle le croyait, elle ferait avancer la science, pour le bien de tous. Elle découvrira le secret de Labyrinthia, aidera aux recherches au Génie... Elle l'espérait. Et tout cela lui donnait des frissons...
...Du moins, pas autant que sur le moment où Haru la flatta sur sa tenue. Celle-ci dit qu'elle était bien trop franche, mais que la Reine l'appréciait pour cela... Mais encore, elle se montra comme quelqu'un de digne de confiance. Restant dans le silence, Ciel la regarda soutenir sa tête, la toisant d'un regard brûlant qui fouetta son cœur. La ministre de la magie tenta du mieux qu'elle pouvait de garder son assurance, mais les paroles qui suivirent... La firent presque sursauter. Mais lorsqu'elle se leva et se pencha devant elle, Ciel se sentit mourir intérieurement. Sa respiration s'affolait, alors que sa poitrine montait et descendait au même rythme. La chaleur montée d'un cran, elle comprit vite face à quel genre de personne elle faisait affaire... Sa supérieure était quelqu'un de très particulier... Et tout cela faisait tourner la tête de la pauvre femme aux cheveux d'émeraude qui essayait de garder son calme.
H-Haru... Vous..., tenta-t-elle d'articuler, avant que la demoiselle en question ne la coupe en lui proposant, comme si de rien était, du thé. "Pour la refroidir". Ahah... Elle se moquait vraiment d'elle...
Plissant des yeux, Ciel prit son courage à deux mains, et se redressa à son tour, passant ses bras près de la taille de la première ministre, attrapant la tasse qu'elle tenait en mains, sentant l'odeur de son cou si près de son nez. Ce genre de comportement ne lui était clairement pas habituel, il était même certainement nouveau, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se prêter à ce petit jeu.
...Certes, je ne vous connais point, Haru. Mais vous ne savez pas non plus à qui vous vous adressez. Mes excuses, chère supérieure, mais dans ce domaine, vous ne savez rien de moi. Cela dit, j'aimerais bien voir cette "autre Haru" dont vous me parlez...
Était-ce son instinct qui la poussait à prendre un ton aussi séducteur et sensuel ? Ses mouvements suivaient la même ambiance, et alors qu'elle relâcha sa tasse après s'être bien collée à la lady Du Lys, elle s'écarta avec un sourire, et se reposa à sa place. À vrai dire, malgré tout cela, elle commençait à aimer ce petit jeu. Même si, au fond, elle stressait encore un peu, et se demandait bien ce qu'elle venait de faire... Et ce qui lui avait pris.
J'aimerais bien un peu de thé, oui, merci mademoiselle.., dit-elle d'un ton plus gai, amusée.
Voir ses réactions, même les ressentir grâce à mon pouvoir était toujours aussi plaisant, ça me rappelle mes jeunes années quand je me suis amusée encore et encore à déterminer ce que voulait dire ses courbes qui s’affichaient devant moi car bien évidemment, on ne m’a jamais fourni la notice mais à force de persévérance ainsi que des études du comportement dans les bouquins que j’ai pu feuillette, je pouvais bien dire que ma chère collègue vient de comprendre qu’elle est tombée dans la gueule de loup et elle fera tout soit pour s’en sortir soit se laisser manger.
D’un côté, si elle voulait s’en sortir, elle devait se monter encore plus convaincante que moi donc elle devra montrer ses dents elle aussi, montrer qu’elle pouvait faire mieux que moi, qu’elle pourrait me déstabiliser mais en serait-elle capable ? Je n’attendais que ça et sans le vouloir mon double anneau de pouvoir brulait sur ma main, je le touchais sans m’en rendre compte, je voulais l’utiliser sur elle à défaut de mes expériences sur Nyx, voir l’effet que ça faisait mais je n’en avais point le droit, le faire avec mon amante était normal mais elle n’était pas éthique.
Je me dégage rapidement d’elle, ne la faisons pas suffoquer tout de suite, donnons lui une chance de souffler et de réfléchir à sa stratégie mais j’eu rapidement ma réponse quand je sens son corps se coller contre le mien dans mon dos. J’adorais cette proximité soudaine autre que mon compagne, je trouvais ça toujours plus excitant les prémisses de la séduction que le passage au lit, les sous-entendus, les attentions et j’en passe. Mon corps frémissait légèrement, je peux me contrôler sur pas mal de choses mais les réactions de celui-ci, je ne pouvais pas tout contrôler malheureusement mais je gardais toujours le même timbre de voix ainsi que la même expression d’une femme intéressée mais qui veut encore avoir le dessus.
- On ne m’appelle plus Mademoiselle depuis longtemps vous savez, c’est souvent Dame ou Madame mais je crois que plus personne ne m'appeler par ce “ titre “.
Regardant sa course jusqu’à son fauteuil, je me délecte de ce que je vois, c’est vrai, c’est bien mieux que ses kimonos mais je finis de servir mon thé pour reprendre aussitôt ma place qui du coup instaure une trop longue distance entre nous mais ce n’est pas grave, le but c’est qu’elle vienne à moi non ? Croisant mes jambes délicatement, je me contente de tenir l’anse de la tasse d’une main et l’autre en-dessous pour soutenir la coupelle, je ne voudrais pas renverser du thé sur moi, je tiens à ma tenue.
- Donc je crois que nous avons des choses à nous dire non ? Vous voulez connaître l’autre Haru et moi l’autre Ciel, alors je vais commencer par poser des questions plus pertinentes mais sachez que demain, nous allons nous revoir au bureau et vous allez devoir assumer pleinement vos dires.
Oh que oui, d’habitude elle était mal à l’aise, était intimidée mais si elle commence à montrer son autre facette, elle va devoir assumer qu’elle était aussi une femme pleine de “ vices “ dirons-nous.
- En vue de vos dires, je peux certifier que vous n’avez pas que les romans policier de Lyn Regan non ? Dites moi votre oeuvre préférée, celle de son autre collection.
Je les connaissais par coeur et en aimer une par rapport à une autre va tout de suite me dire ce qu’elle préférait...
Note de l'auteur : Passage à la 1ère personne, histoire de tester un peu de nouvelles choses.
J'ai pu sentir ses frémissements contre mon corps... Cette chaleur, cette proximité... Qu'est-ce que j'étais en train de faire ?... Ce jeu... Je voulais m'y prêter pour ne pas la décevoir, mais aussi pour espérer avoir la chance de quitter cette prison d'angoisse qui me bloquait à chaque attirance... Les femmes me faisaient peur, autant qu'elles me fascinaient. Elles arrivaient- Haru arrivait actuellement à me faire ressentir des choses... Qui faisaient battre mon cœur, qui me faisait mal dans la poitrine... Tout se mêlangeait dans mon esprit. Terreur, nervosité, désir et admiration... Je voulais continuer- non, mon corps me chuchotait de continuer, d'une voix suave et hypnotisante. "Prend-la. Garde-la. Joue avec elle.", je déglutis, mais encore, je me forçais à garder ce masque de personne confiante. Elle était curieuse, autant que je l'étais. Elle voulait voir cette "Ciel" qui n'existait pas encore... Que je ne connaissais pas encore.
Réagissant à ma nouvelle façon de l'appeler, elle m'avoua que personne ne l'avait appelée ainsi depuis longtemps. À vrai dire, c'était venu si naturellement que cela m'avait surprise moi-même. Je plongeais doucement dans les crocs de l'attirance, du goût physique qui m'étranglait et m'effrayait. "Les femmes sont dangereuses.", me disais-je toujours, "Elles me veulent du mal. Ce qu'elles créent chez moi... C'est une Magie inconnue à mes yeux. Une Magie terrifiante.", mais l'était-ce réellement ? Plus je regardais ma supérieure, plus je me disais qu'elle était magnifique. Mes yeux brillaient devant elle, et ce sentiment interdit m'étouffait, me brûlant les entrailles et enflammant mon cœur. Le désir était terrifiant. La tentation était manipulatrice et insistante... Je n'étais pas habituée à tout cela. Mais plus le temps passait, plus j'y prenais goût, et dans ces doux gestes que faisaient la belle dame que j'avais invitée, je pouvais y voir du réconfort. Son sourire me rassurait, et je ne voulais qu'une chose : plonger dans ses bras. Elle cherchait à me guider, cela n'en faisait aucun doute. Elle était si intelligente que cela ne devait pas être bien difficile de me comprendre. De me dicerner.
Lorsqu'elle s'assit à nouveau à sa place, croisant les jambes d'une élégante manière, je reprenais silencieusement mon calme. J'étais sous son charme, elle me manipulait comme un pantin sans même lever le petit doigt. Sa simple prestance s'occupait de tout. Charismatique et confiante, Dame Du Lys donnait l'impression de tout contrôler sans problème, ce qui faisait serrer mon cœur, et me poussait à ressentir de la... Frustration. S'en suivit de la colère... Je voulais secouer cette autre moi, la pousser à prendre ma place, à sentir mes membres et à les utiliser. A les utiliser pour lui faire du bien. À les utiliser pour l'entendre gémir. Pour enfin savoir ce que cela pouvait me procurer, pour savoir tout le potentiel de cette Magie...
...
Mais à quoi pensais-je ?! Je ne pouvais... Je n'avais pas le droit de songer de telles choses ! Penser pouvoir, faire tout cela à la première ministre... J'avais honte. Honte. Vraiment honte. Et peur. Très peur.
Pourtant, je continuais de sourire. Elle me disait que j'allais devoir la voir dans on bureau, demain. Elle me disait... Que j'allais devoir "assumer mes dires". Je me doutais bien de ce qu'elle insinuait par là. Du moins, les réactions incontrôlées de mon corps me l'avaient rapidement fait comprendre. Elle était... Irrésistiblement terrifiante.
...J'assumerai mes paroles, chère Haru. Avec plaisir.
...
Un sentiment ambivalent entre terreur et joie tournait en mon être. J'avais peur, mais je continuais de me laisser bercer par ses mots. Et je la suivais. Je parlais comme je ne l'avais jamais fait auparavant. Je devais réaliser mes rêves... Me surpasser. Rester optimiste... Poursuivre, sans crainte... Me forcer, pour être libre.
"Haru... Apprenez-moi à battre des ailes. Faîtes-moi voler. Ouvrez cette cage... Et faîtes-moi savoir qui je suis.", pensais-je secrètement.
C'est alors qu'elle me parla à nouveau de la fameuse Lyn Regan... Me rappelant cette "autre collection" de livres qu'elle écrivait. Oui... J'avais bel et bien lu quelques unes de ces "œuvres érotiques" dont elle faisait implicitement mention d'un ton taquin. Cela eut le don de me faire rougir, et même de me faire paniquer un instant. Mais je me devais de garder mon calme... Me relever, et sourire. Pour lui montrer que j'étais forte. Et que je ne baisserai pas les bras. Elle souhaitait connaître mon livre favoris de ce côté-là. Cette question, extrêmement personnelle, me fit détourner le regard un moment, le temps de réfléchir et reprendre de mon assurance brutalement perdue... Mon index contre une joue, je me lançai :
...Hm. il y a bien ce... Ce livre.
...Il était si incroyable de voir à quel point même un ensemble de mots écrits et sans voix pouvaient nous faire du bien...
Je lui lançais quelques regards timides.
Le Désir Interdit... Où la passion est si bien décrite qu'il est si tentant de vouloir connaître les sensations réelles. Cette œuvre parle de fantasmes, de plaisirs sombres mais agréables..., je fermai les yeux. Je ne pense pas qu'il y a un mal aux désirs... Tant que nous nous offrons du bien, et ne venons à nuire à personne. Mais... Pensée et sentiment sont souvent opposés, et je-
...Mais que disais-je ?! Rouvrant les yeux en me tournant d'un coup vers la première ministre, je ris nerveusement.
Je... Je voulais dire... J'ai beaucoup aimé ce livre. À vrai dire, c'est une des raisons pourquoi je me suis intéressée à tout ceci. N'ayant jamais... Hm... Pratiqué, je reste curieuse à ce sujet. Et vous, quelle est votre œuvre favorite, de cette "fameuse" collection ?
Elle assumerait, voilà ce qu’elle a dit, on était bien loin de la jeune femme qui m’idolatrait il y a encore quelques minutes, ça me va, je note le challenge dans ma tête même si j’ai peur que le jeu n’aille trop loin. Pour moi, elle était encore la jeune femme sans expérience, enfin s’en avait tout l’air, je savais m’arrêter mais elle ? Il y a des limites à certaines choses si on travaille ensuite ensemble si je ne le vois comme un jeu, que penses-t-elle ? Poser la question, refroidirait l’atmosphère et mettrait un blanc à notre discussion mais je peux tout bonnement le faire comprendre autrement qu’elle doit vraiment faire attention à ce qu’elle compte faire.
- Oui ce livre, expliquez-moi, je suis curieuse.
Je lui laisse le temps de trouver les mots pour l’oeuvre, ce n’était pas toujours facile mais elle parle alors de désir interdit, rien que le titre est évocateur et il est vrai que la passion est partie prenante de bouquin, ce n’était pas mon préféré mais voir l’héroïne succomber à ses tourments et ses passions étaient amusants.
- Non, il n’y a jamais de mal à ça, tout est une question de consentement et aussi comprendre les enjeux d’une situation.
Puis là, tout s’arrête dans mon cerveau, comment ça jamais pratiquée ? C’est quoi cette blague, elle me dit ça comme ça, un truc aussi personnelle, je dois avoir les yeux grands ouverts mais j’essaye au possible de reprendre un visage neutre, je ne m’y attendais pas et je comprends maintenant son comportement, elle ne connaît pas les règles finalement et elle va se mordre les dents plus tard.
- Vous essayez déjà de changer de sujet alors que vous venez de m'annoncer une vérité déroutante ma chère Ciel.
Oui plus que déroutante, que je croise mes jambes dans l’autre sens.
- Je crois que je vais émettre une petite remarque avant que je vous réponde à votre question. Sachez que la pratique est bien meilleure avec des sentiments autour, prendre exemple sur ses bouquins ne sont pas forcément tous des bons exemples, beaucoup parlent de passion dévorante, infidélités, triangle amoureux mais peu du premier amour, c’est généralement des cas de désirs sexuelles donc j’ai vraiment peur que vous vous méprenez.
J’observe ses réactions, est-ce que je l’avais offensé ? Aucune idée.
- Je dis ça bien sûr pour vous mais vu que vous avez ouvert la brèche, votre relation avec le Capitaine ? Je vous ai vu proche de lui, il semblait avoir un petit quelque chose entre vous quoi je ne sais pas mais mon instinct me dit que vous semblez l’apprécier.
Je ne vais pas lui dire que mon pouvoir m’a montré les courbes de l’amour mais si je peux dévier la conversation de pratique sur ma personne car le seul truc que j’ai entendu qu’elle veut servir de moi pour essayer les différents bouquins.
- Mais bon on peut changer de sujet si vous voulez et je peux revenir sur votre question, comme vous voulez.
"N'ayant jamais pratiqué". "N'ayant jamais pratiqué" ?! Mais qu'avais-je osé dire ! Quelle imbécile, quelle idiote ! Me rendant vivement compte de mon erreur, je me sentais toute gênée d'avoir avoué quelque chose d'aussi personnel, et voilà qu'au lieu de me répondre, elle vint me dire que j'essayais de changer de sujet après avoir prononcé une vérité surprenante. Quelle imbécile... Je voulais me cacher le visage derrière mes mains. Je voulais plonger ma tête dans le sol. Je ne voulais plus rien entendre ni voir... Voilà qu'elle savait ! Quelque chose qu'elle n'était pas censée savoir... Quelque chose qui la pousserait certainement à me voir autrement après tout ceci. Quelle imbécile...! Tout ceci me faisait oublier de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler !
AH ! Ah... Ahm...! Je voulais dire... Ahm..., commençai-je à balbutier en perdant progressivement mon calme.
...Non, il était bien trop tard. Je voulais me griffer les jambes, je voulais me mordre la lèvre inférieure, mais je m'efforçais à ne rien faire. Pour paraître tranquille, du mieux que je pouvais. Malgré tout. Même si il était évident que j'étais plutôt perturbée par ce qui venait d'être dévoilé...
Ma supérieure vint donc m'expliquer qu'il n'était pas vraiment sain de se baser sur des écrits, car tout cela semblait être très différent des sensations procurées par la pratique réelle. Je déglutis en guise de réponse. Si j'avais su qu'un jour, j'aurais un conseil de ce genre de la part de la première ministre... Ugh. Tout ceci était si ridicule ! Qu'avais-je donc fait ? Quelle maladroite j'étais...!
Puis, sujet inattendu. Haru Du Lys souleva ma relation avec Arthorias, curieuse de notre complicité réciproque, osant même dire qu'elle pensait que je "l'appréciais bien". Comprenant facilement où elle voulait en venir, je soupirai. Si au bal du Solstice, j'avais rapidement paniqué lorsqu'on m'avait prise pour son épouse, désormais je demeurais froide. M'accoudant à l'accoudoire du fauteuil, je fixai le vide, le temps de lui répondre, sans nulle once d'émotion :
Ne vous méprenez point, Haru. Nous sommes uniquement bons amis, le capitaine et moi-même., je reposai mes prunelles d'or sur la femme aux cheveux noirs, lentement. Je ne ressens aucune attirance pour les hommes, c'est quelque chose que j'ai appris très vite. C'est pourquoi, j'essaie d'éviter d'avoir une relation avec quelconque être de la gente masculine. Mais...
Je me remis droite, remettant une mèche derrière mon oreille, la fixant d'une intensité que je ne saurais moi-même expliquer. Je ne souriais même plus, sérieuse.
...Je la ressens avec les femmes. Il m'arrive d'avoir ces sensations étranges au cœur, la respiration qui s'affole... Comme avec vous, actuellement. Je crois... Que c'est une Magie. Une Magie que je ne comprends pas, et que je cherche à étudier tant bien que mal, bloquée par une peur, une angoisse indescriptible.
...Une Magie. Oui, c'était pour ça que je reprenais rapidement mon assurance. En parler de cette manière me faisait retrouver mon professionnalisme, ma passion habituelle. Je croyais que l'attirance était une Magie. Je croyais un jour pouvoir la dresser, la contrôler... Ce que je n'avais pas su faire, même à ce jour. C'était si insensé... Je n'arrivais pas à trouver d'explications, à comprendre son fonctionnement, précisément, à moins d'entrer dans tous les caractères biologiques, qui n'étaient pas réellement ma spécialité, bien qu'il m'arrivait d'étudier là dessus de temps à autre pour les magies de soin ou maladies magiques.
Dîtes-moi, miss Haru... Faîtes-moi part de votre avis à ce sujet. C'est important. Pensez-vous que c'est une Magie, vous aussi ?
Mon regard se faisait insistant et terriblement profond, s'opposant parfaitement à mon faciès que le monde voyait souvent : un sourire gai, un visage lumineux.
Cette femme est déroutante, elle m’avoue tout ceci de but en blanc, elle peut passer de la femme sûre d’elle à une femme innocente et influençable, comme si une magie était à l’action, les érudits ont toujours compris que c’était une certaine alchimie, une sorte de réactions de nos cellules de nos coeurs, des récepteurs en nous qui se mettaient en action.
- Je ne sais pas si on peut appeler ça une magie comme telle, peut-être que si vu que c’est quelque chose de naturel, une chose qu’on produit nous-même, ces artefacts que notre corps libèrent attirant l’autre et un peu comme les animaux prouvent qu’on veut aller plus loin. Puis il y a notre cerveau qui réceptionne ces informations, ces artefacts nous simulent, la joie, l’envie, le désir, le coeur qui s’accélère comme si un enchanteur jouait avec nos émotions. Il peut même arriver que la personne qu’on le déteste le plus au monde soit la plus désirable à nos yeux, une alchimie tout aussi étrange car ces artefacts sont des traites à notre cerveau.
Je sais que des études sont encore en cours si un enchantement peut rendre insensible à tout ça, surtout imaginer si l’homme en général n’est plus atteint par son désir et autre sentiment, imaginer un garde qui avait cette possibilité, les interactions humaines en moins et ça devient la meilleure marionnette au monde.
- Mais bon Mademoiselle Ciel, je ne suis pas sûre que ce sujet doit être une priorité pour autant, je pense qu’on devrait laisser faire nos émotions, l’amour et le désir sont bien des choses complexes et peut-être qui si nous essayons de ne pas maîtriser cela, ça rendrait les choses faciles, savoir que tout ceci est le hasard et ne peut pas être manipulé, nous modifieons tellement de choses déjà pourquoi s’attaquer à ce sentiment, n’êtes vous pas heureuse de savoir que je vous attire alors que je ne fais rien de particulier mise à part jouer de mon charme ?
Finissant par me lever, me dirigeant vers son siège, la main sur son accoudoir pour m’approcher d’elle, je pose délicatement ma main libre sur sa joue.
- Trouvez vous pas ça plus drôle que je puisse vous faire autant d’effets en caressant simplement votre joue sans avoir prononcé une seule parole magique. Jouer sur la tonalité de ma voix, jouer sur la façon dont je vous regarde, entendre votre corps qui bat et essayant d’imaginer ce que vous pensez de moi maintenant…. Est-ce que je me trompe.
Je me penche plus alors plus près de son oreille.
- Peut-être c’est mon pouvoir qui sait, je vous ai ensorcelé, vous êtes tombé dans mon piège Mademoiselle Ciel ou simplement je joue de vous.
Je m’écarte affichant le plus grand sourire qu’il se doit.
- Vous devriez faire attention à vos paroles, peu de prédateurs vous aurez laissé filer de la sorte vous savez...
Me retournant, je m’intéresse à la bibliothèque et cherche un ouvrage qui pourra nous faire changer de sujet.
- La légende des quatre, j’aime bien cette histoire, ma mère me la lisait beaucoup plus jeune, est-ce que vous la connaissez ?