« Bonjour. Je viens rendre visite à mon père Bjorn Dragnir, il est bien de repos ? »
« Bonjour mademoiselle Dragnir. Aux dernières nouvelles, oui. »
« D’accord, merci. »
Tysha inclina légèrement la tête puis elle pénétra à l’intérieur. D’un pas assuré, la jeune femme se dirigea vers les escaliers qu’elle gravit sans l’ombre d’une hésitation jusqu’au deuxième étage. Elle ne s’y rendait pas régulièrement mais tout de même assez souvent pour connaître précisément où se trouvaient les appartements de son père. C’est donc au bout d’une poignée de minutes à peine qu’elle arriva devant le seuil de la porte, frappant de trois coups secs sur le bois.
« Tysha ? »
La porte s’était ouverte sur un homme bien bâtit et grand d’au moins une tête et demi de plus que la jeune femme. Il avait de ressemblance sa chevelure d’un même ton cendré, attaché en une queue de cheval souple. L’air interrogateur qu’il affichait sur son visage et ce sourcil haussé en disaient long sur le manque évident de souvenir d’un possible rendez-vous avec son enfant. Tysha fit mine de n’avoir rien remarqué, se contentant de lui répondre avec son calme naturel.
« Bonjour papa. »
« Que me vaut ta visite ? Une urgence ?… C’est Elena ? »
Elena. Evidemment. Quand il fallait être présent pour se soucier de l’état de santé de la cadette Bjorn était aux abonnés absents mais pour s’en préoccuper lorsque c’était de toute évidence d’une inutilité totale, là, il y avait du monde. Tysha croisa les bras, soutenant avec insistance le regard de son paternel.
« Non, Elena va très bien. » Lâcha-t-elle. « Ne me dis pas que tu as oublié que c’est toi qui nous a donné rendez-vous il y a une semaine ? »
« Ah… Je l’avais oublié. Excuses-moi Tysha. Le travail est très prenant tu sais. »
« Je sais. » Elle haussa les épaules. « Tu as de la chance que je tienne de maman sinon on ne se verrai jamais. Je t’ai apporté de la pommeline, à défaut de la présence de ton indisciplinable autre fille. »
Tysha tendit le panier rempli de ce dessert sucré dont son père raffolait. Mais Bjorn se passa une main sur la nuque, une expression gênée faisant plisser son front. Le fait est qu’il n’avait jamais eu la fibre paternelle développée et cela ne s’était pas amélioré à la mort de sa femme. Le mieux qu’il ait put faire avait été d’apprendre à ses deux gamines de tenir une épée et de se débrouiller par elles-même. Ce n’était pas vraiment ce que l’on attend d’un parent. Là encore, il ne fit pas exception sur sa légendaire capacité à fuir ses responsabilités lorsqu’il confia sans détour à Tysha ce qui le rendait peu réceptif aux attentions de son enfant.
« Ecoutes Tysha, je te remercie mais… Ce n’est pas vraiment le bon moment. Comme je te l’ai dis, j’avais oublié et… J’ai d’autres projets. »
« Je vois. »
« Mais je me rattraperai. C’est promis Tysh. »
Pour toute réponse, la jeune femme glissa le panier entre les bras de son père, tentant de contenir le rouge qui commençait à monter à ses joues. Comme toujours, il n’avait pas le temps pour elle… Quand bien même Tysha se donnait du mal pour sa famille le fait est que la pareille n’était que rarement rendue. Aujourd’hui ne faisait pas exception.
« J’ai compris. C’est rien. Écoutes, si tu veux me voir, tu sais où me trouver. Au revoir papa, prend soin de toi. »
« Au revoir Tysh, passes le bonjour à ta sœur. »
Le regard fuyant, la jeune vers tourna les talons, s’éloignant d’un pas qui se voulait paisible malgré son cœur resserré. C’est avec soulagement qu’elle entendit la porte derrière elle se refermer même si cela n’enlevait rien à sa vive émotion. Descendant d’un étage, elle s’immobilisa dans le couloir, s’appuyant contre le mur. Une main posée contre la poitrine, elle sentait les battements effrénés la secouer tandis que ses yeux étaient devenus humides.
Dans quel état tu t'es mise imbécile ? Reprends-toi Tysh... Se sermonna-t-elle, en passa le revers de sa main sur la petite larme traître qui s'était échappée sur sa joue.
Parcourant les couloirs, Arthorias faisait une inspection de routine, la propreté des locaux était aussi une de ses préoccupation. L'hygiène était des plus importante quand on vit en collectivité, et même s'il avait confiance... mieux valait en être sur...
Et alors que sa ronde continuait il tomba sur une silhouette qu'il connaissait bien et qu'il aurait sans doute reconnue entre mille.
La fille du garde Dragnir... Tysha.... la belle Tysha, son ancien amour de jeunesse.
A la voir, l'officier eut un petit souvenir nostalgique, se rappelant de ces moments passés avec elle. Mais ils étaient si lointain.... une dizaine d'année, voir même plus une quinzaine...
Le jeune homme connaissais les soucis de sa famille, après ton son père était son subordonné.
Il était d'ailleurs étrange de commander des gens aussi vieux... Mais la commission avait ses raisons que la raison ignore.
Mais même sans sentiments amoureux, l'officier restait attaché à elle, et ne manquait jamais une occasion de demander de ses nouvelles. La voir ici était tout de même inhabituel et amicalement, il pausa sa paume blindée sur son épaule.
-Salut petite tempête, cela fait longtemps que je ne t'ai pas vu ici.
Comme pour souligner le fait qu'ils se connaissaient bien, Arthorias retira son heaume, enlevant le masque de fer pour dégager ses longs cheveux et ses yeux vairons, offrant un peu mieux qu'une face inexpressive à son amie.
Mais quand elle se retourna, il devina que tout n'allait pas si bien que cela, et il pencha la tête sur le côté, à la fois curieux et malheureux de la voir ainsi.
-Laisse moi deviner, ça ne c'est pas bien passé avec ton père ?
Soupirant doucement pour lui même, il serra un peu plus fort l'épaule de son amie, posant une de ses mains sur sa tête, lui offrant un sourire sincère.
-Tu veux en parler un peu ? Je sais que je ne suis pas ta moitié, mais si ça peut t'aider ...
Il avait toujours essayé de l'aider du mieux, même si leurs chemins c'étaient séparés, Tysha faisait partit de ces rares personnes à avoir connu Arthorias avant la garde, et rien que pour cela... elle restait spéciale à ses yeux
-Je sais que tu déteste venir ici.... quelque chose ne vas pas ?
« Arthorias… ? »
La jeune femme rougit légèrement la vue de son vieil ami. Il avait été son premier et seul petit ami lorsqu’ils n’étaient que des adolescentes et même si les choses n’avaient pas durées entre eux leur amitié était restée forte, c’était même la raison principale de leur séparation. Ils se connaissaient depuis bien trop longtemps et se connaissaient que trop bien pour se voir autrement. Mais malgré leurs sentiments platoniques, Tysha restait toujours sensible au charme naturel du capitaine, celui-ci s’étant même embelli avec le temps.
Sans surprise, Arthorias comprit immédiatement que la jeune femme était troublée, ça avait toujours été son super-pouvoir que de lire à travers le masque naturel d’impassibilité de Tysha. Et il connaissait le contexte familiale compliqué de son ami. Lorsqu’il émit une hypothèse, l’herboriste ne put réprimer un soupire défaitiste avant de faire mine de le bousculer lorsqu’il accentua son accolade, un léger sourire esquissé étirant sa joue droite.
« Tu sais bien que je ne peux rien te cacher de toute façon. »
Surtout pas lorsqu’il s’agissait de sa famille. Arthorias était le seul à en connaître tous les détails. Même si elle venait soudainement à rencontrer l’amour, victime du coup de foudre, elle aurait probablement toute la misère du monde à parvenir à s’ouvrir à ce sujet. C’était son fardeau personnel qu’elle trainait tel l’énorme boulet qui l’empêchait d’avancer convenablement. En faite, c’était même ce qui l’empêchait réellement de s’investir dans une relation. Elle n’en avait ni le temps, ni la force, ni le courage.
« Excuses-moi de ne pas d’avoir prévenu que je passais Arth. Pour tout te dire, c’est le seul moment et le seul endroit où j’avais l’espoir irréel de rassembler mon ingrate famille et je… Je n'ai pas pensé à te voir. »
Dit comme ça, c’était assez stupide. Elle aurait d’ailleurs perdu moins de temps et d’énergie à fréquenter son vieil ami mais le sujet-même de sa visite était somme toute assez épineux… Même si c’était en partie, en grande partie même, ce qui l’affectait ainsi.
« Ça aurait été l’anniversaire de maman aujourd’hui. Mais… Ma sœur préfère son temps à fuir papa et jouer avec sa vie qui est déjà assez branlante comme ça et père, lui… Il a juste complètement oublié qu’on devait se voir et n’en a tout bonnement rien à faire. Je suis même prête à parier que le morceau de tissu rouge que j’ai vu sur un meuble devait être une petite culotte. »
A la réflexion, c’était plutôt de la frustration et un brin de colère qui animait la cendrée. Elle se bornait à rassembler sa famille du mieux qu’elle pouvait et il était clair que tout le monde s’en moquait.
« Donc, oui, en résumé, ça ne va pas fort. Mais je suis contente de te voir. Ça te vas bien ce nouvel uniforme, d’ailleurs, capitaine. »
Levant les yeux, elle adressa un clin d’œil à son ami avant d’afficher une expression qui se voulait douce, un peu comme si changer de sujet était le chemin naturel de la conversation.
Arthorias balaya les excuses d'un geste de la main avant de produire un petit rire qui se voulait rassurant. Il était bien incapable d'en vouloir à Tysha. Pour une raison ou pour une autre, et même si ses sentiments avaient disparus, il était toujours extrêmement attaché à la jeune femme.
-Allons, allons... tu sais bien que ce n'est pas un soucis, et puis le principal c'est qu'on se voit au final non ? Même par surprise.
Car il était toujours heureux de la voir, même si parfois, il avait envie de lui dire d'arrêter de trop en exiger d'elle même.
Et en même temps, devant la raison, il ne put que faire une légère grimace...
Décidément son père n'était pas fait pour en être un... même s'il était un bon élément. Pour Arthorias, le garde Dragnir était de ceux condamnés à stagner, oubliant qu'il avait vieilli et que ses mœurs ne pouvaient plus être les même...
Mais le jeune homme était officier d'un régiment, pas conseiller de vie. Et n'avait de toute façon pas le cœur à sermonner quiconque.
Pire que ça, il savait pertinemment que ça ne servirait à rien...
-Ah... Difficile....
Mais bon... autant aller de l'avant, la prochaine dit le moi, je le convoquerai moi même pour pas que tu ai ce genre de soucis.
Quand aux fréquentations de père... malheureusement il était bien mal placé pour lui dire quoi que ce soit. Et il n'était personne pour empêcher ce dernier de voir d'autres femmes, soit son deuil était fait, soit il tentait de l'oublier. Mais ce n'était pas son rôle une fois de plus.
-Allez Tysha, autant voir les choses du bon côté, met donc un sourire sur ton visage, on va profiter que tu sois là pour rattraper le temps perdu !
L'officier tentait tout de même de transformer sa journée, supportant difficilement tout les malheurs que la jeune femme pouvait accumuler
Et il rougit légèrement quand elle le félicita, cette dernière étant la rare à pouvoir le toucher ainsi, vestige d'une relation enterrée
-Merci Tysh, j'espère pouvoir en être digne, même si c'est pour le moment difficile de voir quoi que ce soit !
La prenant par le bras, il l'emmena dans les couloirs, commençant à monter les marches pour atteindre les murailles de la forteresse royale, un peu d'air frai leurs feraient le plus grand bien, et la vue serait bien mieux de la haut.
-Parle moi un peu de toi ! Cela fait trop longtemps... beaucoup trop, alors ou tu en es maintenant ? Toujours pas décidée à rejoindre la garde ?
Il rigola doucement, sachant pertinemment qu'elle ne le serait jamais, mais Arthorias aimait la taquiner un petit peu
« Ah ! Non non, ne prend pas cette peine, c’est pas grave, j’ai l’habitude de toute façon, ahah. »
Bredouilla-t-elle aussitôt en sentant ses joues s’empourprer lorsqu’il évoqua l’idée de convoquer son père. C’était gentil. Terriblement gentil. Rien de surprenant de sa part mais ce serait bien trop exagéré d’en arriver là… Et ce n’était pas à son ami de chapeauter les réunions de familles, aussi catastrophiques soient-elles. Glissant nerveusement une main dans ses cheveux, elle adressa tout de même un sourire au capitaine qui se voulait rassurant.
« Bonne idée. »
Acquiesça-t-elle à l’idée de se changer les idées. Elle tendit le bras d’instinct, se laissant guider par son ami jusqu’aux murailles. La proximité avec lui ne la dérangeait pas, c’était bien l’une des rares personnes à pouvoir se montrer aussi affectueux sans qu’elle ne se sente mal à l’aise. Une fois en haut, la jeune femme inspira profondément l’air frais. Il faisait beau et la brise était douce, le tout avec une vue imprenable, oui c’était l’endroit idéal pour s’aérer l’esprit.
Arthorias en profita pour lancer les hostilités. Si la jeune femme avait entendu parlé de la promotion fulgurante de son ami grâce à son père et les bavardages environnants, l’inverse n’avait pas été aussi simple. Il était grand temps de remettre les choses en ordre. Et n’en déplaise à son adorable ami, la belle n’avait pas choisit la voie qu’il n’avait eut de cesse de tenter de l’y faire rejoindre.
« Ah ça, ça ne risque pas ! » La jeune femme esclaffa à son tour. « J’ai fais bien pire… Je me suis enrôlée chez les aventuriers dans l’espoir irréel de pouvoir effréné les ardeurs de ma casse-cou de sœur. Je sais, je suis irrécupérable. »
Elle roula des yeux, s’appuyant contre la crénelure de la muraille.
« Cela ne m’empêche pas de toujours me consacrer à ma boutique d’herboristerie. Enfin. Voilà. »
Et c’était tout. En faite. Comme quoi la jeune femme était bel et bien une ermite invétérée. Sa vie ne tournait pas bien loin malheureusement. Il était tant que les choses changent, probablement, mais ce ne viendrait surement jamais de son propre fait.
« Ouais… Je sais c’est bien pauvre comme nouvelles. Je devrais vraiment sortir de ma grotte plus souvent hein ? Ahah... »
A nouveau elle se passa la main dans les cheveux. Cela ne dura qu’un brève instant car elle avait déjà dans l’idée de lui retourner la question. Ses yeux s’allumant d’une étincelle curieuse, elle battit des cils sursurrant d’une voix enjoleuse, bien que taquine en réalité :
« Et toi dis-moi ? Un aussi jeune et beau nouveau capitaine, il doit y avoir beaucoup à raconter... »
L'officier guida son amie sans faille jusqu'aux remparts de l'île royale, de là, on pouvait voir toute la capitale et le palais. De lourd fanions pendaient des murailles et de grand drapeaux, proclamant haut et fort la puissance du régime flottaient paresseusement sur les vents de l'après midi.
Le jeune homme prit une bouffée d'air frai, et c'était peut être bien ici qu'il préférait être. Son bureau avait ce même genre de vue, mais rien qui ne lui laissait ce même sentiment de liberté.
Amusé par la réponse de Tysha il fit mine d'être déçu avant de reprendre.
-Tu fais bien, te connaissant, cela ne te réussirait absolument pas et puis.... certains oiseaux ne sont pas fait pour être en cage
Et Tysha était un de ceux qui voguaient au gré des courants aériens, les enchaîner quelques part aurait été aussi cruel qu'inutile. Et il fut sincèrement heureux qu'elle se soit trouvé une voie, même si de son propre aveux, elle était semée d’embûche en tout genre.
Sa chère sœur était sans doute la pire de la famille toujours ailleurs, toujours dans les pire coup. Et parfois.... Il se demandait comment elle faisait pour la suivre ainsi.
Mais peu importait, tant qu'elle s'en sortait. Il aurait été faux de dire qu'il oubliait aussi facilement son premier amour. Leur séparation, loin de les rendre ennemis les avait rapprochés d'une façon aussi inattendue qu'importante
-Il faudrait que je passe te voir sur ton lieu de travail, j'aurai toujours besoin de tes talents, surtout au vu de tout ce qui s'annonce.
Enfin on discutera de ta boutique une autre fois
Haussant les épaules, il lui offrit un petit sourire. Pas de nouvelles bonne nouvelles non ? L'important était qu'elle aille bien.
Il espérait qu'elle n'hésiterait pas à venir si ça n'allait pas, c'était tout, et surtout qu'elle faisait attention à elle.
-Oh tant que tu me reviens toujours entière je vais pas me plaindre !
Devant sa question, il resta un moment interdit avant de finalement soupirer doucement, s'appuyant sur les créneaux de la forteresse, regardant dans le vide avant de se retourner vers elle avec un haussement d'épaule.
-Peu de choses en réalité, les choses se font, se défont, j'étais marié, je ne le suis plus...
C'était presque dit sur un ton fataliste, mais il c'était remis... Tant bien que mal. A vrai dire, il avait tant de choses sur le feu qu'il aurait risqué de se perdre s'il c'était laissé emporté par le courant.
L'important était le présent. Et il fini par rire doucement.
-Je vais devoir te décevoir... Les capitaines n'attirent pas les foules, au contraire, ça les fais fuir... Enfin disons que les nobles n'aiment pas qu'un roturier leurs donnent des ordres. Et je ne sort pas souvent en dehors du palais. A peine pour faire quelques courses avant de revenir dans mon propre petit royaume
Mais bon... là ou pour certains leur royaume se contentait d'être une petite maison avec des enfants, lui avait une forteresse et les meilleurs soldats imaginable, qu'importe que son lit soit froid non ?
Tysha écarquilla soudain les yeux. Un passage du récit de son ami lui avait fait l’effet d’un électrochoc. Marié ?! Marié, divorcé ?! De quand tout cela pouvait bien dater ?! La jeune femme ne l’avait que peu croiser dernièrement mais de là à rater à ce point… ? Il ne mentait pas, ce n’était pas son genre, et cela se voyait à son expression qu’il n’était pas spécialement heureux et ce même s’il fit mine de rire par un léger rire. Tysha le laissa terminer sa tirade, toujours bien trop choquée. Mais lorsqu’il se tut, elle ne put s’empêcher de s’écrier vivement :
« Marié ?!… Tu t’es marié ?! »
Asséné comme ça, cela transpirait d’émotion. Elle venait de pousser un cri du cœur. Tysha s’en rendit compte, ses joues s’empourprant vivement et sa main venant se plaquer sur la bouche comme si elle se retenait de déblatérer de possibles inepties.
« N… Non pas que je sois jalouse. Non, je t’assure ! »
N’était-ce pas pire ? Se justifier ouvertement était exactement le genre de chose qu’elle aurait dû éviter. Avec leur passé en commun ce n’était vraiment pas malin de sa part. D’autant plus que leur relation était particulière et qu’ils ne devaient pas être indifférents l’un pour l’autre. Quelle idiote de ne pas avoir réfléchit ne serait que quelques secondes avant de parler… C’était plus le seul à la rendre aussi spontanée. Glissant nerveusement la main dans ses cheveux, elle prit un instant, tâchant de poser des mots plus sensés, histoire de ne pas plonger plus en profondeur dans l’ouverture béante d’un malaise à venir qu’elle s’était créée.
« C’est que… Je ne le savais pas, ou ne ne m’en souviens pas. Merde, je suis une si mauvaise amie que ça ? C’est pas rien pourtant. Je… Je suis navrée que ce soit terminé. »
Avait-elle été au courant ? Après tout cela faisait cinq ans qu’elle était revenue d’entre les morts. Ça plus ses deux années de coma. Il s’était sûrement marié avant ou pendant son absence. Arthorias était son plus vieil ami d’enfance, il lui en aurait forcément parlé… A moins qu’ils ne se soient à ce point perdus de vu ? Cette pensée attristait la jeune femme. S’ils s’étaient éloignés était probablement de sa faute. Il aurait pourtant eu besoin d’une amie plus que quiconque. Etre aux commandes en étant si jeune et de naissance modeste ne l’avaient pas aidé à se faire une place dans ce milieu difficile. Tysha n’en avait même pas idée, elle regrettait sa désinvolture.
« Tu sais quoi ? Je devrais passer te voir plus souvent… Et te sortir de cette grosse prison dorée ! Ça ne te ferai pas de mal de sortir un peu. »
C’était une bonne résolution en tout cas. S’ils se retrouvaient de temps à autre, ils pourraient briser leurs routines respectives et retrouver leur complicité qui s’était entachée avec le temps. Que ce soit simplement marcher un peu, se retrouver sur les rempares ou boire un verre, cela leur ferait du bien. C’est du moins ce qu’elle en pensait.
Arthorias laissa échapper un petit rire devant l'incrédulité de son amie. Oui il l'avait été, mais visiblement... elle n'avait pas manqué grand chose, comme il ne l'était plus désormais. Haussant doucement les épaules il tacha de se retenir de lui caresser doucement la joue.
-Allons, allons petite tempête, ce n'est pas grave, les choses vont et viennent, c'est ainsi. On a eut des vies occupés. Et puis ça permet au moins de te raconter une chose, au lieu de simplement te parler du travail.
Posant sa main sur le sommet du crane de la jeune femme, il lui offrit un petit sourire avant de continuer à observer les alentours, sincèrement heureux de retrouver son ami ici.
il eut même un petit rire quand elle parla de le sortir de sa prison.
-Et bien, je ne dirais pas non ! Passer un peu de temps hors d'ici me fera pas de mal, et aussi pouvoir observer qui tu es devenue depuis tout ce temps !
Malgré tout ce qu'on pouvait dire, il était toujours curieux de la nouvelle vie de son amie. Entre les potions et l'aventure, ce n'était pas une vie de tout repos, et Arthorias aurait bien aimé savoir comment elle gérait tout ça.
Il releva néanmoins la fin et regarda son corps caché par sa cuirasse avec un air curieux
-Pourquoi ça me ferait pas de mal, j'ai grossi depuis ?
Vu qu'il passait moins de temps à courir partout, c'était malheureusement possible, cela faisait bien trop longtemps qu'il n'avait pas pu s'entrainer.
Et le tournoi qui approchait n'allait pas aider