La jeune femme était assiégée de document en tout genre qu’elle analysait avec la plus grande attention. Elle avait avec elle une tasse de thé de sa composition et quelques petits biscuits achetés à la pâtisserie du coin, histoire de se tenir éveillée pendant ses longues heures de travail. Elle ne put pousser qu’un petit soupire alors qu’elle observait la lune par la fenêtre. La rousse était habituée à peu dormir mais il fallait avouer que la paperasse n’était pas ce qu’elle préférait. Mais il fallait bien que quelqu’un s’en occupe après tout ! Et puis comme ça, elle pouvait gérer les choses comme elle le voulait ! C’était assez agréable étant donné que la demoiselle avait tendance à être assez exigeante. Elle réfléchissait tellement à chaque petit détail que sans s’en rendre vraiment compte, la demoiselle avait décoiffé sa chevelure dont la couleur était semblable à celle des pommes.
Mais ce soir, Wendy n’avait pas seulement de la paperasse de prévu. Elle recevait Yoligan Niveren qui sera en charge très prochainement du génie, le département de recherche qui fera la fierté de la forteresse. Les deux lieutenant allaient travailler ensemble à plusieurs reprises, étant les représentants des départements scientifiques. La jeune femme se demandait tout de même quel genre d'homme pouvait bien être son collègue. Elle n'avait pas eu l'occasion de le rencontrer lors de la soirée organisée pour officialiser la promotion de la commandante et la sienne par la même occasion.
Le regard de la rousse se porta sur la fenêtre, observant l'obscurité de la nuit. Il n’allait pas tarder … Il fallait qu’elle finisse au moins de remplir ce papier avant son arrivée ! Elle se replongea donc dans le travail à coeur perdu, sa main maniant le crayon avec habileté, bien que cela ne puisse rivaliser avec son usage du scalpel ...
Se faisant, à peine mon service officiel le Génie pouvait entrer en activité pleine, ayant déjà commencé à ériger une liste de scientifiques formateurs éligibles qu’il fallait encore présenter au capitaine Elina le moment venu.
En parallèle, le projet Millénium était quasiment prêt : C’était un programme censé permettre une collaboration étroite entre les institutions signataires parmi la Confrérie Niveren et les dernières recherches du Génie, dans le cas où celles-ci pouvaient être rendues publiques – de nouveaux châssis pour les véhicules, des équipements en tout genre pour se protéger de la faune et de la flore… – et ainsi garantir une certaine proximité avec un retour financier et scientifique sur l’investissement, pérennisant l’indépendance du régiment et ajoutant du crédit à la Garde auprès de la population civile. Une sorte d’extension de la Forteresse qui évitait un investissement des deux côtés en restant modifiable, suivant les circonstances. Je me devais par ailleurs en discuter avec notre capitaine et potentiellement la Couronne au vu de l’impact organisationnel, mais il était clair que les Ministres avaient leur mot à dire à minima.
Millénium et Génie étant donc en attente, j’avais du temps devant moi. Temps que je passai alors à préparer quelques dossiers pour la pauvre Wendy, dont j’imaginais déjà la montagne de paperasse jonchant son bureau à l’heure qu’il était, à savoir la fin de journée.
Quelques heures défilèrent, et celle du rendez-vous avec la lieutenant approcha. Mes documents prêts et organisés en fonction des notions que nous allions aborder, si nous suivions l’ordre que j’avais établi cela devait se passer sans trop d’encombre. Cependant, avec la Commission et sa capacité à s’informer des failles de sécurité révélées par les espions, le règlement lui-seul de tels soucis constituait une variable aléatoire qui pouvait aisément allonger notre rencontre. Il fallait donc prendre tout cela en compte, et rien qu’y penser révélait le casse-tête en devenir.
Satisfait de mes préparations, je posai une valise à main en bois épais sur la table se trouvant face à moi. En l’ouvrant, cette valise découvrait trois compartiments : une partie creuse à gauche, sous la forme de boîte pour ranger les documents, un espace central accueillant une face extérieure de la valise pour écrire, cette dernière une fois installée étant montée sur mécanisme afin de pouvoir ajuster le format – portrait ou paysage – de la surface, et la dernière pour accueillir les outils tels que l’encre, la plume et quelques feuilles vierges. Je rangeai alors mes affaires dans le compartiment de gauche puis refermai le tout, me levai de ma chaise qui grinça sur le sol de pierre de la pièce où la présence de meubles de travail était quasi-absente. Il y avait une cheminée – que j’éteignis au passage – mais le reste devait arriver peu après mon affectation officielle, je quittai ensuite la pièce en emportant le petit cristal de lumière portatif pour me diriger vers le lieu de rendez-vous.
À part quelques soldats faisant la ronde et d’autres appréciant en petit comité leur soirée autour d’un repas du soir, je me rappelai avoir mangé un petit casse-croûte avant d’entamer mon travail. Les saluant d’un « Bon appétit. » chaleureux après les avoir rassurés que j’avais déjà mangé, je me demandai si j’avais suffisamment mangé puis finalement acceptai un bout de pain que l’on m’eut proposé généreusement, continuant ma marche nocturne dans les couloirs du château en mangeant le morceau de pain. Fort heureusement il n’y avait pas beaucoup de marche à faire, quelques lacets tout au plus, j’arrivai donc au moment convenu et rangeai mon trognon de pain dans mon manteau, avant de toquer à la porte.
Le médecin en chef s’était alors dirigé vers la porte pour tendre la main au fameux Yoligan Niveren. Il était assez impressionnant à voir. Très, très grand avec un air dur. Le contraire de Wendy en outre. Ils formeraient un duo des plus intéressants sur des projets tout aussi intéressants, elle l’espérait. Les deux chefs des départements scientifiques se serrèrent donc la main tranquillement.
- “ Enchantée, je suis Wendy Waltz, le médecin en chef ! Vous êtes Yoligan Niveren, c’est ça ? Je suis désolée de ne pas avoir eu le temps de vous saluer avant ! Je suis un peu .. “
Elle jeta un oeil sur son bureau encore couvert de document en tout genre et échappa un petit rire gêné.
- “Débordée ”
Elle lui fit signe de prendre place sur une des chaises face au bureau et en profita pour soulever une dernière pile de document qu’elle posa sur le haut d’un meuble, nettoyant enfin le bureau pour leur laisser un peu de place. La rousse ne tarda pas à prendre place à son tour dans son siège, de l’autre côté, faisant alors face à son futur collègue.
- “ Alors, par quel sujet voulez-vous commencer ?”
La jeune femme attendait de voir quel genre de personnage était le futur chef du génie. Elle li'imaginait calme, réfléchit mais qui sait ? Peut-être était-il impulsif ! Ou bien têtu ? Il fallait l'être un peu pour défendre ses opinions dans le domaine scientifique ! Et en même temps s'avoir faire preuve d'humilité. Mais après tout, c'était le capitaine Von Andrasil qui l''avait choisit. Wendy avait toute confiance en son jugement. Ils arriveraient donc certainement à travailler ensemble !
De ses yeux verts, elle le fixait, attendant sa réponse. C'était en partie ses projets après tout. Et puis, en dehors de la médecine, Wendy était loin d'être une pro. Alors il vallait mieux que ce soit lui qui aborde le sujet.