- Bonjour flammèche, tu as reçu une lettre !
- Hein ?

Revenir de mission après avoir expédié un connard et sa bande pour une poignée de cristaux, c'est ce qui venais de m'arriver. Trois jours en mission, les derniers huit heures à marcher jusqu'ici, lire une lettre c'était bien le dernier de mes soucis. "Pas de nouvelle, bonne nouvelle".

Il ferme la porte derrière lui, puis d'un soupir, il jette son sac sur le canapé de son bureau de Prime, revenu enfin de mission. D'un geste de lassitude il s'en va récupérer le courrier en traînant les pieds vers le bureau où l'enveloppe en question était posé. Tournant la lettre d'un côté, puis de l'autre, le chasseur regarde d'un œil interrogatif sa marâtre et tendre mère. Celle-ci essayait tant bien que mal à balayer l'éternel bazar perpétuellement commis par son fils.

- "Trouver le Grand Amour". C'est quoi c'truc ?
- Euh...Hum, tu te souviens de cette délicieuse personne venue nous rendre visite y'a quelques jours? Elle nous avait remit un formulaire et...
- Ouais ça y est, fallait le remplir et l'envoyer, ouais. Mais ça disait qu'on était invité pour bouffer, par pour voir le grand amour de j'sais pas quoi?
- Eh bien ouvre, tu seras bien fixé !

Intrigué, et légèrement agacé, il déchire l'ouverture de la lettre d'une traite et ses doigts vont caresser la texture cartonnée d'une invitation à un Restaurant, dont le Chasseur ne soupçonnait même pas l'existence. Il pivote la carte dans la direction de son interlocutrice, plus jovial:

- Voilà, comme j'disais, c'était pour grailler.
- Eh bien écoute, va y alors ! Ce n'est pas tout les jours qu'on peut se permettre de manger à cet endroit d'ailleurs.
- Hm ?
- Ce restaurant est l'un des plus réputés de la Capitale, tu ne le sais pas évidemment puisque tu passe ton temps à manger tes grillades atroces ici !
- ... J'dois y être ce soir.
- Alors je te laisse, tu dois te préparer je présume.
- C'est ça, à demain, m'man.

Après un baiser maternelle sur la joue qui agace son enfant, elle quitte l'établissement. Jin seul face à cette carte, se trouve curieusement tourmenté.

Donc, qui dit restaurant de luxe, dit...Noblards. Va falloir peut-être que j'révise deux trois éléments.

Il se regarde, habillé de haillons carbonisés, renifle ses aisselles et en fronçant les sourcils, dégoûté de lui même, s'en va dans la salle de bain. La transpiration, les traces noires sur sa peau, et même quelques plaies partiellement fermées se mélange dans la bouche d'évacuation sur les petits gémissement de douleurs de l'aventurier, à peine reposé de son expédition. Alors qu'il regagne sa chambre, une petite pile de vêtement ainsi qu'une fiole d'un liquide étrange se trouve posé sur son lit. Interrogé, il remarque qu'un petit papier plié en deux y est posé juste à côté.


Il sourit à la lecture, puis pose le papelard sur sa table de chevet. Les vêtements rentrent dans la classe moyenne, presque aisé; un pantalon de costume noire, une chemise blanc crème et un manteau long noire, avec quelques ornements discrète oranges, comme si la tenue était faîte pour lui. Il saisi la fiole, transparente, qui révèle un liquide bleuté. Avec appréhension il s'en applique de chaque côté du col. Devant un petit miroir fixé au dessus du petit meuble, Jin s'attache les cheveux et laisse comme à son habitude sa frange parsemées de mèches rouges tandis que sa queue de cheval tombe en cascade jusqu'au bas du dos.

Bon, j'suis prêt on dirai.

L'heure avait tourné depuis son arrivé, et le soleil orangé balance sa lumière flamboyante dans le ciel, attendant la lune obscurcir le décor. Maintenant à l’extérieur, il saisit sa carte d'invitation. Par chance, l'adresse y est figuré. Il se rendit compte qu'il fallait qu'il marche quelques temps sans se presser toutefois avant d'arriver devant l'établissement luxueuse. Ses yeux s'écarquillent à la vu de cette bâtisse, réalisant à peine qu'il pourra comme peu de privilégiés, y pénétrer l'enceinte. Un homme coiffé d'un chapeau lui propose de récupérer son manteau. Envahit de doutes et n'ayant pas l'habitude surtout, il lui donna timidement et franchit la porte. C'était comme dans un rêve, tant la salle brille de milles feux, des mosaïques historique d'Aryon sur le plafond, le vieux bois impeccable de chaque table et des tapis rouges entre chacune des rangées. Un serveur indique la table spécialement préparé pour lui. Des pétales de fleurs dispatchés sur la table, une chandelle tamisant la lumière et deux cartes indiquant les menus. Deux ? Pour manger ? Le serveur, s'approche du Chasseur. Solennel, droit comme I, le bras derrière le dos, l'autre tenant un chiffon blanc :

- Elle arrive, monsieur.
- Comment ça," elle arrive" ?

La porte s'ouvre, puis...

Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que le temps tourne au ralentit lorsque mes yeux se posent sur elle. Sa démarche légère, ses courbes parfaitement avancées par une tenue sur mesure, même son foulard qui danse au rythme de ses pas fait accélérer mon palpitant. Bordel c'est vraiment c'que je pense ? Un rancard ?! Pourquoi j'ressens tout ça, j'la connaît même pas cette nana. Elle me tend sa main, délicate. Sa voix musicale est envoûtante, j'sais même pas ce qu'elle m'a dit. Ma main se connecte à la sienne, main qui, tanné par les combats, va s'écorcher contre sa paume. Qu'est-ce qui m'arrive... J'ai honte?! Je n'utilise pas mes pouvoirs, et pourtant mon corps tout entier bouillonne.

La peau écarlate, il racle la gorge :

- Hum. Jin Hidoru. Oui, il semblerait.

Tout deux s'installent timidement à table, et respectivement brandit en bouclier leurs cartes qui présentent les diverses repas du restaurant. Laissant passer que ces yeux au dessus, et d'une voix tremblante:

- Ca à l'air bien bon tout ces plats, je vais avoir du mal à choisir l'un d'entre eux.

N'importe quoi, Jin !

D'un sourire hébété, il reprend :

- Vous êtes déjà venu ici ?

Il va falloir vite se ressaisir, sinon je vais fondre sur moi-même. Hâte que ces foutus plats viennent meubler la conversation. J'étais quand même venu pour ça, à la base.

Une cliente régulière ? Ça voudrai dire qu'elle peut s'offrir ce genre de repas comme elle le veut ? Si c'était pas offert, je n'aurai jamais franchi le seuil avec mes maigres revenus. Elle doit être une personnalité importante, mais comme j'me suis jamais intéressé au gouvernement, ni au noble, j'pourrai croiser le Chef d'Etat en personne je ne le saurai pas. J'ai déjà du mal avec le Capitaine de la Garde... Et pourtant même si je ne l'a connaît pas, je n'arrive pas à quitter ses yeux. Ma main tremble nerveusement et je peine à trouver des mots, des simples mots pour donner une simple réponse. Comme s'il me fallait utiliser toute mes forces pour bouger mes lèvres dans sa direction. A l'aide, vite. Elle me rend dingue. Beaucoup trop déjà.

- Une femme d'affaire alors, donc vous êtes dans votre élément. J'aimerai pouvoir dire la même chose. En tout cas c'est magnifique, comme endroit.

Comme vous, surtout. L'envie de le dire me brûle les lèvres. Pourquoi?

- Va pour la viande rouge, je vous fais confiance.

Un léger moment de silence sera rompu par les bruit de pas du serveur qui prit commande des deux invités. Ça sera pour Jin, un " filet mignon de veau rôti accompagné d’un fritot de pied de veau aux champignons de saison et d’une pomme de terre farcie". Jin ne comprend pas un traître mot de ce qu'il a commandé, seulement qu'il sait qu'il y'aura de la viande et des patates, à quoi bon faire compliqué lorsque le plat est simple. Le Chasseur eu un regard très intrigué lorsque la jeune femme choisi le vin qui accompagnera le plat. Il sait en revanche une chose désormais; ils ne parlent pas la même langue, et le malaise ne fait que grandir en lui. Il montera davantage lorsque sa main effleure la sienne alors qu'il voulait baisser la température de son corps déjà trop brûlant en buvant un verre d'eau glacé. Ne voulant pas rendre ce moment gênant trop longtemps, il décide la servir. Il ne faut pas une seconde à la jeune femme pour descendre le verre. Un peu amusé il fit de même.

Depuis quand suis-je aussi sentimental ? J'ai jamais vécu une chose pareille. Attend une minute... Le formulaire, le titre de l'enveloppe, la pile de vêtements...Ma mère était au courant depuis le début. Ha, bien joué. J'me retrouve coincée avec la créature la plus mystique et délicieuse qui soit. Ça aurai pu être un énième chef de la mafia qui voudrait me faire la peau, ça me ferai moins flippé cela dit. Des questions/réponses? Très bien, j'adore jouer.

D'un air faussement déterminé, il sourit légèrement:

- Très bien, amusons nous dans ce cas.

Son visage se détendit légèrement à l'écoute de la proposition. Mais son regard, incompréhensif, apparaît de nouveau lorsque le serveur retourne voir le duo en servant le Chasseur de Prime. La posture du serveur laissait deviner qu'il fallait que Jin goûte le verre en premier. Ce dernier en fuitant les yeux légèrement vers Haru attendant qu'il le fasse, décide de saisir le verre et bu une gorgée. Jin devait toujours faire attention avec l'alcool, s'il boit trop vite, l'alcool pourrai remonter et transformer la table ainsi que c'est occupants en torches humaines. Alors d'un geste délicat, et d'une gorgée subtil, il goûte le grand cru proposé par l'établissement.

J'vois aucune différence avec le picrate que j'descend dans la taverne du coin. Mais bon, faut croire que si il coûte l'équivalent d'un bien immobilier, c'est bien pour une raison. Alors je valide silencieusement d'un léger sourire et le serveur sert mad'moiselle avant de prendre la tangente vers les cuisines. 'Fin, sans doute qu'il est parti en cuisine. La première inspiration de la plaisante jeune femme laisse deviné sa première question, alors maintenant... jouons.

- Oh oui, toute ma vie durant. On prend le temps de manger uniquement lorsqu'on a du répit avant de reprendre la route de la mission. Contrairement à ce soir.

J'ignore où cette partie d'échec va me mener, mais chaque fois que je pourrai gratter une seconde à écouter sa voix d'ange, je le ferai. Je ne revivrai peut-être plus jamais cet instant.

Les yeux en l'air, réfléchissant un léger moment:

- Je dirai...Aryon, Moment et... Chaleur.

Chaleur, oui. Et le défi sera de ne pas lui sauter dessus. Mais à mon tour maintenant. N'oublie pas de parler correctement, Jin.

- Et vous ? Je présume que vous êtes de famille Noble ? Vous parlez d'affaires politiques lorsque vous mangez ici je présume. Un métier qui doit demander des qualités de diplomate de tout évidence.

Comment. J'ai. Fais. Pour. Dire. Ca. Sans bredouiller en plus, on reste sur cette lancée.

- Et si vous deviez citer trois mots alors...?

Une aventurière, bien sur que non. Mais si seulement elle ressemblait à quelque chose d'existant. Me tenir là, en face d'une telle personne dans un tel endroit, c'est comme être dans rêve. Jin, tu n'as eu peur de personne jusqu'à présent, pourquoi ça devrai changer ce soir?

Le coude sur la table et la main sous la mâchoire, il tangue légèrement la tête de côté, les yeux rempli d'étoiles. Il expire un petit rire avant de plisser les yeux, cernant autant que faire se peut son interlocutrice, mystique au possible.

- Eh bien pour être tout à fait franc, il est impossible de vous caser dans quoi que ce soit. Seulement une intuition, car je ne connais aucun aventurier capable de s'offrir un tel repas dans un restaurant aussi renommé. Mais, si je devais m'écouter...Je dirai que la Déesse Lucy avait omit de dire qu'elle avait une sœur.

Parce que oui, à part une Déesse je ne vois pas qui pourrai rayonner comme elle le fait aujourd'hui. Un autre nom ? Amusant tiens...

- Ne changez pas de nom, ne changez rien tout court. Il y a rien a changer, j'vous assure.

D'après ce que je comprend, ça n'a pas l'air évident, le monde de la noblesse et l'aristocratie. Une partie d'échec géante, savoir mentir, savoir parler, et se protéger de tout ça en plus. Je prend une réelle gifle. Moi qui pensait qu'être une personne de pouvoir ou de haute noblesse était un boulot de feignant, pendant que nous le bas-peuple, nous trimons comme des mineurs pour quelques cristaux. Ils ont leurs combats, nous avons les nôtres.

- Croyez moi, c'est loin d'être de tout repos. Il m'arrive de réfléchir à ma condition d'aventurier. On n'peut pas risquer sa vie, toute sa vie.

Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai faillit mourir, le nombre de fois ou j'ai étais témoin de meurtres sans pouvoir faire quoi que ce soit. Les supplications de mères voulant que je retrouve leurs enfants. Nous nous retrouvons face au dure côté de l'existence. Celle qui fait pleurer, enrager, et nous en sortons transformé. J'ai décider de brûler les méchants, faisant désormais partie intégrante d'un équilibre...Est-ce que sa vaut le coup? J'sais pas. Mais la, maintenant, je n'ai pas besoin de porter le masque du cauchemardesque Chasseur de Prime, juste moi, seulement moi. Avec ma personne, et mes émotions que je n'arrive même plus à contrôler. Ce restaurant reste le seul obstacle qui me permet de tenir correctement, et mes pensées ne vont pas dans l'idée de continuer cette conversation ici, à table.

Les trois mots énoncés par la jeune demoiselle percutent de plein fouet le torse du Chasseur. Il retire sa main de la table désormais sur sa cuisse, serre la mâchoire, puis rougit de nouveau. Il essaie de reprendre sa respiration en raclant la gorge.

- Eh bien, je dirai que ce sont des mots qui résument parfaitement la soirée.

Il ne faut pas se leurrer, elle maîtrise carrément la situation. Après, l'éloquence, ce n'est pas mon arme de prédilection, à part pour les menaces ou bien les tortures ou je peux faire preuve de créativité. Mais là on parle d'une dextérité dont Miss Du Lys a le secret et possède une avance considérable. Mais je n'ai pas dis mon dernier mot.

- Oh, il n'y a pas d'mal, Mlle Du Lys. Si je devais poser une question à la Reine, en tout cas si j'avais l'occasion comme vous dîtes, je lui demanderai si ... Elle arrive a vivre simplement malgré sa vie Royale. Après tout, n'est-ce pas un horrible privilège d'avoir toute une nation sur les épaules.

Il marque un temps, puis pose les bras sur la table avant d'approcher son visage à mi-distance de celui de sa voisine. Sa main droite s'ouvre devant cette dernière.

- Et pour ce qui est de mes yeux...

Ses deux yeux s'illuminent d'un orange flamboyant. Et après un clin d’œil séducteur, une flammes de la chandelle se déplace en virevoltant comme une luciole, avant de flotter au milieu de la paume du Chasseur.

- Le feu se plie à ma volonté. Tout comme je me plie à la vôtre, Haru Du Lys.

Nous sommes désormais face à face, mon coeur s'affole, impossible de gérer ma respiration mais également impossible de regarder autre chose que son sourire perpétuel sur ses fines lèvres, qui avait quelque chose de plus tendre et de plus exquis encore. Mais y'a un truc qui m'interpelle dans ses yeux. Plus tôt dans le repas son regard était remplie d'un violet mystique comme des pierres précieuses. Cette couleur s'est réchauffé dans un jaune ambré plus qu'intriguant. Tiens, tiens...

- Si vous n'avez pas peur mademoiselle du Lys, c'était bien un plan qui commençait à se concrétiser dans ma tête.

Jin répondit d'un sourire carnassier suite au clin d’œil de la jeune femme, un visage prédateur, et c'est une question de temps avant que l'animal sorte de sa cage. Ce sourire disparaît lorsque Haru termine son témoignage sur la Chef du pays.

- Je doute que les choses soient aussi simple. Se lever tout les jours avec de telles responsabilités sur le dos, y'a d'quoi se tourmenter quelques temps. Mais, soit. Notre Reine est l'élue, et peu de gens peuvent prétendre au trône.

Jin se radoucit lorsque le regard de la femme qu'il courtise se pose sur cette petite flamme dansante sur la paume de sa main, interrogative au phénomène.

- Très pratique, c'est le mot. Faire un feu de camp en mission n'est plus un problème, on peut intimider l'ennemi ou le neutraliser. Mais surtout, mon lit demeure toujours...Chaud. Une vraie bouillotte, comme vous dîtes.

Le plus dur, c'est de ne pas cramer la personne qui m'accompagne au pieu. Mon pouvoir est systématiquement influencé par mes émotions, et lorsque je baigne dans mes hormones comme ce soir, je dois faire de gros efforts pour ne pas transformer ce restaurant en tas de cendres. Surtout de conserver cette fleur en face de moi, aux pétales violettes, intacte. Elle paraît si délicate, et si forte à la fois.

- Si vous voulez le savoir, vous savez ce qu'il faut faire. Mais, vous connaissez le dicton sur les personnes qui jouent avec le feu. Vous prendrai un risque.

Sa main vient doucement s'approcher de la mienne. Douce, légèrement froide. Ou peut-être que j'atteint déjà une température fiévreuse. Son contact m'envahis de bien-être, puis son souffle aéré et infime vient balayer la flamme sans que je lui en empêche. Ce souffle, qui parcours entièrement mon bras, puis mon corps, et me hérisse le poil. Son visage se rapproche, nos dextres se lient et ses yeux retrouvent les miens. Toujours cette couleur étrange

Puis, avec un sourire carnassier, et d'une voix bestiale :

- Il faudra plus que montrer les crocs. Et ne de pas vous louper si l'idée vous prend de me mordre.

J'aurai pu garder cette tronche de prédateur prêt à sauter sur sa proie, mais c'est tout autrement lorsque je vis la main de ma convoitise s'extirper de la mienne et qu'un plat apparaît ... Suivi de plusieurs fourchettes d'un côté, plusieurs couteaux de l'autre, des cuillères juste au dessus et un deuxième verre, différent, à côté de celui que j'avais entamé. On attend du monde ? Le serveur avait oublié qu'on était que deux ? C'est quoi ce bordel ?! Mademoiselle a l'air sereine, c'est la que j'ai compris. Une autre foutu manière de grailler à la Noblarde. J'vais faire comment sachant que je mange les trois quarts du temps avec les mains.

Jin fronce les sourcils, bougonne à la vue de toute cette attirail dispatché sur la table, qui pour lui, prend plus de place qu'autre chose. Il regarde sa viande, prend le couteau le plus aiguisé selon lui ainsi qu'une fourchette à deux branches comme ce qu'il pourrai utiliser lors de barbecue. Il tranche dans le milieu d'un geste vif et sans finesse. A la première bouchée, toute les saveurs du plat l'envahit, jamais il aurai mangé une pareille chose dans sa vie avant ce soir. Une découverte gustative qui lui fait fermer les yeux quelques secondes. En les ouvrants, il accompagne sa viande en reprenant une gorgée de vin. Se rappelant des manières formelles à table que sa mère lui avait apprit, il se saisit d'un mouchoir et tapote brièvement sa bouche avant de se tourner de nouveau vers la jeune Illustre.

Parlons peu, parlons bien.

- Ce qui me plaît chez une femme, c'est celle qui surmonte leur difficultés, qui, paradoxalement, n'a pas besoin d'un chevalier Blanc. Une femme téméraire, indomptable, mais qui apporte de la douceur autour d'elle. Qui garde également une part de mystère. Une femme qui pourrai enfin contenir mes flammes avec seulement un regard. Comme le vôtre. Je suis fatigué de jouer les Phoenix cruels et sans pitié.

Il marque un temps :

- La chose qui a le plus de valeur... Et bien vous allez rire, mais c'est ma mère. C'est tout ce qui me reste d'une famille puisque je n'ai nul amis, nul attache.

Son regard s'attriste une seconde, puis en agitant le visage une seconde, le chasseur affiche un sourire jaune.

Allez, parlons un peu de vous. Surtout d'un truc en particulier. J'ai observé des dizaines de suspects en interrogatoire essayant de me mentir, en vain. Mais ça ne marche pas avec elle. Mais je sais que ces yeux n'étaient pas tout à fait pareilles, je le sais maintenant.

- Puisque qu'on parlé de mon pouvoir, pourriez-vous me parler du vôtre? Ça ne serai pas vôtre genre de... tricher? En l'utilisant sans que je le sache par exemple?

Il approche sa main droite de l'une des bougies désormais éteinte en fixant toujours son vis à vis. D'un claquement de doigt, une flamme apparaît sur le bâton de cire.

- A moins que je me trompe peut-être. Quand est-il de vos critères chez un homme? Avez-vous quelque chose en particulier que vous n'échangerai pour rien au monde?

Dans le mille. Son sourire, même si je suis sur qu'elle l'a fait exprès, l'a grillé surplace, et sans mauvais jeux de mots. Son pouvoir est actif et elle doit sans doute être capable de discerner des choses en moi...Je me sens nu désormais. Voit-elle ce que j'imagine de faire avec elle ?! Oh non... Bon, j'ai l'air de m'en sortir, mais ça explique pourquoi elle maîtrise la situation comme moi avec cette bougie. Sauf que je suis SA bougie.

Un peu déstabilisé :

- Peur? Non. Mais vous êtes particulièrement unique. Et vôtre dextérité, divertissante d'ailleurs, à jouer avec moi sur ces questions-réponses, m'a intrigué. Suffisamment pour suspecter un pouvoir derrière tout ça.

En parlant de suspicions, ça commence à faire un p'tit moment qu'elle me parle de la Reine, de son travail. Elles se connaissent ? Peut-être plus que ça ? Arrêtes Jin, tu commence à te faire des images plus qu'irréaliste. Elle a l'air de connaître le monde du gouvernement. Connaissances personnelles ou elle bosse carrément avec la Reine? Et si c'est le cas, elle occupe quel poste ? Ça voudrai dire que j'taille un bout de graillon avec une femme importante du pays? Si elles sont toutes comme elles, je suis ravi d'être aventurier; j'aurai perdu la tête depuis longtemps déjà. Néanmoins, mon cœur se réchauffe à nouveau lorsqu'elle me parle du sien. Malgré nos différences, nous partageons quelque chose de singulier, et elle me fait comprendre que le jeu n'est pas fini, et va devoir faire mes preuves.

- Je ne connais pas les vôtres, mais il en est de même pour vous.

Toutes les conditions sont là pour être aussi méfiant que possible. Un restaurant de luxe, un repas parfait et une femme mystique qui m’envoûte comme personne n'a pu le faire auparavant. M'a t'elle lancée un sortilège ?

- Voler vôtre cœur me paraît un peu prétentieux, mademoiselle Du Lys, disons que j'essaie de vous le prendre en essayant de vous convaincre...De me le donner.

Du vol, clairement. Elle me fait marrer sur ça façon de détruire les clichés autour de l'archétype Noble féminin. Je me rend compte qu'ils sont comme nous, à deux trois détails près évidemment. Mais je ressens en elle un profond désir de se retrouver avec soi. Un ancrage et un alignement sur sa façon de pensée avec c'qu'elle aimerai faire, vraiment. De la détresse, voir de l'impuissance pourrai être perçu, notamment quand elle parle de sa mère. Ma mère n'oserait jamais penser une chose pareille. Elle me botte surtout le cul pour que j'me trouve quelqu'un, pour ça qu'elle met dans des situations pareils. C'est une manière de forcer l'échange tu m'diras. En tout cas ses critères sont très intéressants, mais, me connaissant pas avec une nana, j'ignore si j'en ai les épaules. Peut-être que c'est comme mon boulot ? Sauf que là, au lieu de déchirer mes ennemis, je veux déchirer ses vêtements. Mais sa nouvelle révélation marque un temps dans mon esprit brûlant. Elle connaît l'amour maternel, et pour ma part, c'était inattendu.

Ses yeux s'agrandit à l'entente de cette révélation, non anodin. Il marque un petit moment d'absence, alors que la Noble donne davantage de précisions sur sa jouvencelle. Son visage se détend, et un sourire, plus simple et sans dangerosité contraste son visage pourtant réputé dangereux. Il pose ses couverts et approchent ses deux mains au milieu de la table, ouvertes, et accessibles à nouveau.

- Alors cette jeune fille est la plus chanceuse de vous avoir à ses côtés. Vous êtes une femme accomplie, et j'admire ça. Non, soyez rassurée. Vous ne me faîtes pas fuir. A vrai dire, rien de ce que vous ferai me donnerai l'idée de partir.

Il concentre son énergie en plissant les yeux redevenant flamboyant et une petite spirale de flamme apparaît en lévitation au dessus de ses dextres. La spirale se déforme, laissant un arc de cercle, puis un autre. Les deux s'arcs se rejoignent et forme ainsi un petit cœur de feu. Son attention reviens vers le phare de ses désirs.

- Plus j'en apprend sur vous ma chère, plus le désir de rester à vos côtés grandi en moi. Vos mots et vôtre histoire alimentent la flamme qui m'anime. Mais je commence à rassembler les pièces du Puzzle Mad'moiselle Du Lys. Voyez, en tant qu'aventuriers et traversant le pays de part en part l'idée de m'intéresser à la Noblesse ne m'a pas traverser la caboche depuis ce soir. Vous connaissez la Reine, de près où de loin je l'ignore mais c'est un fait. En plus de ça vôtre nom paraît assez prestigieux pour penser que vous participez activement aux gouvernement. Si c'est le cas, vous ne parlez pas au monsieur le plus sage du pays.

D'habitude mes investigations concernent des chasses à l'homme, de recherches d'enfants disparus ou bien d'enquêtes pour meurtre. Donc il est compliqué d'avoir cette habileté de réflexion pendant que je taille le bout de gras avec une personne qui n'a commis aucun crime. Mais il est sur désormais, que j'ai le privilège d'échanger sans nul doute à l'une des personnes les plus importante du pays. Étrangement, elle demeure simple, joueuse et délicieuse. Encore une fois, j'me suis fourvoyé sur l'image que j'avais des Noblards. Tout lui dire? Espérons de ne pas la faire fuir...

Il rejoint ses deux mains, puis le cœur hardent s'étouffe en laissant échappé une légère fumée blanche.

- Que vous dire? Rien de plus que je vous ai dis déjà. Je suis simple, j'aime une mère encore vivante, et mon métier me demande de faire du mal à des gens. Des gens à punir. Je dois me montrer sans pitié et refuser mon humanité, au contraire de ce que je suis devant vous. Et j'aimerai éviter de poursuivre l'explication, avant de réellement vous faire fuir. Je suis un homme de flammes Dangereux, Haru Du Lys.

Son ton était sombre, mais bienveillant. Un peu gêné il commence à retirer ses mains du milieu de la table, tourmenté. Les prunelles orangés dans son assiette, les épaules relâchés d'un poids cependant.

- Un pouvoir de persuasion? Étonnant de la part d'une personne qui peut envoûter n'importe qui.

Son sourire malin s'affiche naturellement à la suite de cette réponse. Un sourire qui, pourrai confirmer une certaine assurance qu'il n'avait pas eu au début du repas. Le temps de s'habituer au cadre, et évidemment de connaître davantage le personnage envoûtant dont Jin peine à quitter des yeux. Ce qu'il pensait avant que la jeune femme reprenne la parole.

Qu'est-ce qu'elle veut dire? Un homme, ou une femme qui sait, a le privilège de faire battre son cœur comme elle fait battre le mien? Qu'est-ce qui m'arrive...Mon pouls s'accélère, j'ai mal à la poitrine et ma voix est tremblante...Je suis triste ?! Pourquoi est-elle comme ça avec moi dans ce cas?  

Il garde le silence quelques secondes, la mâchoire serrée. Sa confiance en lui disparaît au compte goutte dans les méandres du temps qui défilent. Mais au delà de la confiance, du chagrin gangrenant son palpitant, une chose demeure; l'emprise de la jeune femme qui entrave son esprit et chamboule ses sentiments.

- Tout les aventuriers sont différents, je dirai un peu comme avec vous et vos semblables Noble. Je dirai même que je n'ai pas besoin de discuter avec eux pour comprendre que vous êtes unique, mon amie.

Définitivement unique. Rien à carrer qu'elle soit noble, elle pourrai être fermière cela ne changera rien à comment je perçois son aura, son charme, ses yeux...Sa peau d'une blancheur de craie, soyeuse et délicate. Alors que la peur d'avoir évoquer mon travail montait en moi, son discours à ce sujet décontracte mes muscles alors que j'étais tendu comme une crampe.
Finalement rien de mieux qu'une personne du gouvernement pour comprendre les enjeux et le "mal nécessaire" de se salir les mains pour que la bonne cause subsiste. Mais je vais peut-être éviter de parler de comment je prend un plaisir sadique à les tabasser, après tout, elle est forte... Mais pas impassible à la torture.

Une autre révélation arrive comme un éclair qui pourfend l'esprit du Châtieur. Ses yeux rond comme des billes, la rétine vacillante, un second silence regagne le repas, sous le regard amusé de la demoiselle. La respiration de Jin augmente légèrement, puis racle la gorge avant de terminer son verre de vin cul-sec.

Elle bosse directement avec la Reine. Je parle avec une personne qui pourrai me remettre à la garde et me foutre au trou sur un coup de tête. Les enjeux de ce repas deviennent de plus en plus dangereuses. Prendre un râteau est une chose, finir à la grande Instance Royale pour manque de respect envers un ministre en est une autre. J'me suis foutu dans une sacrée mouise, merci M'man. En tout cas son discours réchauffe le brasier qui me motive à poursuivre mon travail. J'aurai du m'douter qu'elle était une femme importante, c'est une oratrice incroyable. Et rien qu'avec ça, j'pourrai aller où bon elle lui semble.

- Merci, Haru Du Lys. Un honneur de recevoir de vous un discours aussi inspirant. Je me sens idiot, vous, la Première Ministre en personne. Pardonnez mon manque de culture. J'aurai du poser le genou à terre à l'instant où nos yeux se sont croiser. Acceptez mes excuses.

Les mains sur les accoudoirs, il fit d'un geste solennel une révérence de la tête qui touche presque la table. Son visage se lève subitement, alors que sa peau devient écarlate :

- Mon pre..premier rend-d-dez-v-vous? Et b-bien...Ahem.. Disons...

Olalala, la galère ! Bah oui cocotte ! Je chasse des criminels, j'ai pas tellement le temps de faire du violon dans un restau' de luxe ! Ressaisis toi, Jin...

- ... Oui, c'est ma première fois. Mon travail ne me permet pas d'accorder du temps à mon cœur de battre pour une personne.

Alors oui, elle a bien quelqu'un. Que veux-tu Jin... Peu importe, pense au moment présent. Et prend ce qu'il y a prendre.

En passant les mains derrière ses mèches rouges, il prend une grand une inspiration en fermant les yeux. Armé de courage, ses prunelles s'ouvrit de nouveau.

- Je vais vous dire la vérité, et rester transparent comme je l'ai toujours fais depuis le début de ce repas étrange et mémorable. Oui, c'est mon premier rendez-vous. Oui c'est la première fois que je met un costard, pas confortable en plus. Non, j'ignore si je suis capable de suivre l'étiquette Noble sans brûler le tissu d'une bourgeoise parce qu'elle m'aura scié les nerfs, où bien de vexer la Reine en personne parce que je suis plus maladroit avec les mots plutôt qu'avec une arme. Je passe mon temps à lire des bouquins parce que je ne suis pas aller à l'école, juste pour ne pas être exclu du monde. Pourtant c'est le cas, et ça fais des années que je le sauve de bandits et de malfrats.

Il marque une pause puis reprend avec un léger rictus:

- En résumé, Mademoiselle la Première Ministre. Mes Flammes, et mon corps tout entier, sont là pour vous servir. Pour vous protéger, pour accéder à vos requêtes...Ou bien passer du bon temps, si mademoiselle le souhaite. Rien de ce que vous pourrai dire ne ternira quoi que ce soit, encore moins atténuer ce que je ressens pour vous. Considérez dès aujourd'hui que vous avez assez de puissance de feu pour réaliser ce que vous désirez, tout, ce que vous désirez.

Son pied effleure délicatement le sien avant de revenir sous son assise.

Ma main prend la sienne, et nous quittons la table pour allez vers l'extérieur. J'avais l'impression d'être des adolescents qui veulent fuir l'endroit pour être enfin pénard. La porte s'ouvre puis...

Tout est immobile, la nuit retient son souffle. L'au-delà se découvre, derrière les milliers de trous laissés par les étoiles brillants de mille feux comme des particules d'or. Les deux personnes sont seuls devant l’établissement. On entend même leurs propre respiration tant le silence est devenu maître dans la capitale. Un arrêt dans le temps, un arrêt nécessaire pour Jin, qui se trouve dans la confusion la plus totale, à sa plus grande surprise. Haru Du Lys devant lui désormais, et sa question raisonnant toujours dans la tête.

Qu'est-ce qui m'arrive...? Pourquoi j'ai l'impression d'avoir perdu un poids, d'avoir laissé quelque chose dans ce restaurant ? Le Premier Ministre est devant moi. C'est bizarre, elle brille moins que tout à l'heure. Mon Dieu, je lui ai raconté ma vie sans filtre, lui ai dis tout ce que je ressentais sans retenu... La honte ! Est-ce qu'elle me plaît vraiment ou on m'a jeté un sort?!

Sans lui répondre, Jin tourne la tête vers le serveur qui rebrousse chemin vers les cuisine. Les réflexes de chasseur d'homme reprend son territoire dans son analyse :

- 1m80, 75 kilos, cheveux court brun. Pas de mimiques particulières sur sa démarche qui pourrai correspondre à une gestuelle militaire ou d'un assassin. Le pas est équilibré, pas d’antécédent musculaire, osseux, ni même de blessure. Sa main droite est propre mais abîmé, sans doute le savon des cuisines qui agresse la peau et crée des irruptions cutanées. Ce n'est juste qu'un simple...serveur.

Qui m'a transformé en lopette?

Son bras touche l'épaule de la demoiselle qui le fit légèrement sursauter, un peu gêné il se gratte l'arrière de la tête et sourit jaune :

- Oh, pardonnez moi. Déformation professionnel.

Tout est confus dans ma tête. On nous a ensorcelé ?! Je ne me reconnais pas.. C'est ça d'être attiré par quelqu'un d'autre?! Elle est devenue un peu plus méfiante, depuis mon analyse. Etre Chasseur de Prime demande d'être aussi physionomiste qu'un médecin, et il était important pour moi de chercher une réponse quelque part. Mais je trouve que-dalle. Elle demeure tout de même jolie, attirante, un charme qui me tourmente encore. Quelque chose au fond de moi me dit qu'il y a une part de vraie. Mais aussi que je n'étais pas moi-même dans cet établissement. Mais nous y voilà, et je dois lui répondre.

Jin prend une grande inspiration puis avance d'un pas vers la Noble. Son regard est légèrement triste. Plus froid que dans le repas, plus blindé, son visage ne trahis plus ses émotions tout comme son sourire beaucoup moins expressif. Il penche la tête d'un côté et constate qu'Haru Du Lys a également moins d'entrain dans sa façon de le voir. Les choses sont plus claires désormais. Mais des vestiges de ce qui s'est passé flotte encore autour du duo, Jin met ses mains dans les poches.

- Je ressens un gros relâchement, l'impression d'avoir repris le contrôle de moi-même. C'était bizarre. Ce rendez-vous cache des choses qui ont eu une emprise sur nous, sur moi du moins.

Il marque une pause, puis s'approche davantage:

- Mais, pour être tout à fait honnête, je pense qu'il y a un peu de vrai dans ce que je ressens. Peu importe ce qu'on m'a infligé dans ce restaurant, je déteste mentir.

Sa main droite sort de sa poche puis à l'aide de ses dextres appuie sur le menton de la jeune femme qui incline son visage vers le haut. Désormais son regard rencontre celui du Chasseur. Puis, il pose un baiser chaleureux sur la joue.

- Ce rendez-vous ne m'a pas tant aveuglé que ça, finalement.

Il recule d'un pas, quitte son manteau et prend l'initiative de couvrir sa protégée du soir aux épaules. Il lève le coude dans sa direction attendant la main de la femme de s'y accrocher et affiche un sourire charmeur.

- Puis-je avoir l'honneur de raccompagner la Première Ministre en personne? Belle Demoiselle ? Il y a un joli ciel, en plus.

En lui posant la question, je me suis rendu compte que, même lucide, son contact me faisait du bien. Et que jouer avec elle ne me déplaît toujours pas. Qui sait? Peut-être que l'homme de braise que je suis peut la réchauffer encore quelques temps.

Je n'étais pas trop sur quand je lui ai donné mon manteau qu'elle allait accepter, ou pas, ma proposition. Après tout, elle savait depuis le début que quelque chose clochait. Son artefact doit posséder un immense pouvoir et moi je n'y ai vu que du feu. Le cas d'le dire tiens. Elle serre l'étreinte avec mon vêtement et serpente son bras autour du mien. Je concentre alors mon pouvoir pour chauffer mon corps, diffusant ainsi la chaleur dans sa direction et pour rendre le trajet le plus confortable possible. Elle voulait une bouillotte, elle l'a.

- Il vous arrivera rien.

Si vous saviez...Chaque fois que je quitte la maison, le quartier entier se vide. Même si j'ai pas l'habitude de marcher dans ce coin, je devrai être assez persuasif pour être tranquille.

Le duo marche dans la direction souhaité par la Noble Illustre de la Reine. Le trajet introduit en premier lieu une place en demi-lune, devant les grilles cadenassées d'un jardin public. Il y a des arbres au feuillage clairsemé , des massifs fleuris dans les allées, un bac à sable et des balançoires à péage près d'une fontaine. En longeant un peu plus loin on massacre la reprise d'une musique dont Jin a oublié le nom lorsqu'ils passent devant une taverne. Les échanges entre la Ministre et le Chasseur sont désormais plus naturelles, plus saines également. Jin paraît plus sur de lui maintenant qu'il a un contrôle sur ses émotions. Ils se taquinent, rigolent, et ne passe pas à un moment sans se regarder dans les yeux. Mauve Mystique d'un côté, Orange Flamboyant de l'autre.

- Ravi de savoir que vous passez un bon moment.

Et enfin Au delà, s'étend une zone pavillonnaire, perdue aux confins du quartier. Les maisonnettes sont regroupées en pâté compact cerné par des maisons à étages ; elles résistent vaille que vaille à la voracité des marchands de béton isolé au cœur de la cité. Ici aussi les fenêtres sont illuminés par les palpitations des bougies, mais celles de la bâtisse dont Haru Du Lys se dirige l'est tout autrement. Éteinte et obscur. Jin fronce les sourcils et son instinct refait surface.

C'est quand même bizarre, maison éteinte. Personne. Une soirée qui commence bizarrement et maintenant me voilà avec une donzelle dans un coin paumé de la Capitale. Ce n'est pas chez elle. Veut-elle cacher notre rencontre? Ou bien c'est un piège? Voyons un peu...

D'un regard furtif, son œil analyse plusieurs points précis sur les hauteurs des maisons annexes.

Angles de tir potentielles. Embuscade à envisager.

Puis, il balaye la zone dans les ruelles séparant les habitations. Certaines fermées par des palissades.

Fuite possible. Hauteurs franchissables.

Puis, les voilà enfin devant de la demeure. C'est une maison assez petite qui ne devait avoir que deux ou trois pièces. Elle est faite de très grosses pierres entassées les unes sur les autres et de tailles différentes. On pouvait voir du ciment qui dépassait des pierres. Deux petites fenêtres sont encadrées de bois, ainsi que les volets et la porte. Les vitres sont grandes et impeccables, mais l'obscurité empêche d'y voir à travers. A certains endroits, le bois était vermoulu. C'était une maison de plein pied. Pour accéder à la porte d'entrée, il y avait 3 marches usées par le temps et l'usure. Le toit couvert de tuiles orangées est couronné par une cheminée longue et tigeuse. Dame Du Lys se met en face de son invité, malicieuse et souriante, et demande de poursuivre leurs amusante discussion à l'intérieur. Jin reprend son attendrissant visage qu'il avait précédemment, puis sourit.

- Maison secondaire? C'était plutôt ça, ma question.

Il ne lui faut pas longtemps avant que sa main se glisse derrière ma nuque avant que nos lèvres se connectent pour ressentir son désir. Notre désir. La pointe de la langue d'abord, puis le baiser devient de plus en plus langoureux. Il y a rien de plus savoureux de ressentir une autre chaleur que la sienne, en particulier quand on possède mon pouvoir. Un moment interminable, et trop court à la fois. Je me rend vite à l'évidence que ses idées sont plus que limpides et que finalement, c'est mon instinct qui m'a aveuglé.

- Sans hésitation. Mais, rendez-moi service...

Il approche son visage à l'oreille de son hôte, et dans un murmure:

- ...Ne criez pas "au feu", ce soir.

Dans un grognement animal, il la saisit, puis la soulève en agrippant ses mains aux cuisses d'un geste féroce, avant des les entourer autour de sa taille tandis que la Dame du Gouvernement enlace sa nuque, surprise et amusée. Et d'un coup de talon, il ouvrit la porte... et le duo disparaît dans la demeure.

Quelle étrange soirée. Il y a quelques heures auparavant, je revenais de mission, endoloris par le combat, courbaturé par le voyage. Maintenant je me retrouve avec une femme dont je me suis fais un plaisir de goûter sa chair. Un moment unique, alors qu'elle faisait des dessins imaginaires sur mon torse cicatrisé, j'immortalise le moment dans ma tête. Ces cheveux mauves recouvrant mon épaule, ses yeux, dont il est impossible d'en percer le mystère. Ces courbes, ayant la forme d'un sablier, allongé sur le canapé. Sa respiration, qui dégage un souffle chaleureux contre ma peau, hérissant le poil. Sa petite vanne me fait timidement sourire.

- Vous dégagez plus de chaleur que je le pensais. Bravo, Haru.

Cette proximité désormais franchi me réconforte, un peu comme être dans une bulle ou personne peut y entrer, sauf elle, cette femme que je connais depuis quelques heures seulement. Mais cette bulle doit éclater ce soir, je le sais. Et elle également.

- Il semblerai.

De son côté, Jin saisit son sous-vêtement ainsi que son pantalon. Il met ensuite ses chaussures et choisi de mettre sa chemise à la ceinture, pendante le long de sa jambe. Ses cheveux, détachés, le manteau à l'épaule, il se tourne à nouveau vers sa partenaire d'un soir. Il l'a regarde d'un sourire moqueur alors qu'elle ramasse les morceaux du vase qui n'a pas su résister au duo. Il s'accroupit puis termine de ramasser les fragments avant de les poser sur la table.

- Si je vous accompagne jusqu'à votre "vraie chez vous", ça voudrai dire que j'ai mis un pas dans votre vie. Le mieux serai que je vous laisse.

Il s'approche de la femme Mauve, et tend sa main indiquant le ruban que Jin utilise pour attacher ses cheveux, un tissu Rouge Flamme.

- Permettez seulement ceci.

Ses mains vont se balader derrière son chignon et créer un joli nœud papillon, la couleur contrastant sa capillarité violacée.

- Vous connaissez mon Nom. Si je peux rendre service à Sa Majesté ou bien à vous, vous saurez me trouver. Je ne suis pas connu comme vous, mais j'ai une petite réputation à la Capitale.

L'homme lui vole un ultime baiser, discret, puis ramasse son manteau pour le remettre à l'épaule, le torse toujours nu. Il fait volte face vers la porte et, après l'avoir ouverte se tourne une dernière fois. Le regard mélancolique, un sourire véritable.

- Adieu, mon amie.

Puis il quitte la demeure. La ville dormait entièrement, on entendit rien hormis le souffle du Chasseur de Prime. Un léger vent décolle ses long cheveux obscurs et rouges, tandis qu'il jette un dernier regard vers la maison. Le chemin du retour se fait en marchant, une main tenant le manteau, l'autre dans la poche. Son regard se perd dans la constellation illuminant le Royaume d'Aryon. Sans s'en rendre compte, le voilà enfin arrivé dans son quartier. Son Bureau de Prime est toute de suite perceptible, sale, en bois, taché de cendres, et une enseigne qui manque des lettres. Il ouvre la porte et profite d'une agréable surprise.

Je savais qu'elle m'attendrait.

Sa fulgurante mère, dort à poings fermés, allongée sur le canapé troué du salon. Un journal est posé sur la table basse ainsi que ses lunettes. Elle était jolie; Jin avait sa chevelure sauf qu'elle possède des mèches blanches. Malgré son âge elle demeure et reste une belle femme, les traits du visage fin, un teint radieux et de grands yeux noisette. Jin prend le soin de quitter ses chaussure, et marche furtivement vers la direction du canapé. Il s'allonge près d'elle, et instinctivement cette dernière se blottit contre lui. L'esprit toujours endormi, elle prend une inspiration.

- Ton fils n'est pas encore rentré, mon chéri.

Même mort, il est toujours auprès d'elle dans ses rêves. Ha.

Mais l'odeur de Jin va vite le trahir lorsqu'elle renifle le derme de son fils. Les yeux toujours fermés, elle sourit.

- Je la connaît, Jin?
- Si j'te disais, tu me croiras jamais.
- Je la verrai ?
- Possible. Mais pas ici.
- J'espère que tu as passé une bonne soirée, ma Flammèche.
- Ouais m'man. Ouais.

En ouvrant une paupière, l’œil du jeune homme se posa sur le journal en question. L'ironie du sort lorsqu'il lit l'intitulé de la première page ; "Sa Majesté la Reine, accompagnée du Premier ministre lors du Festival du Solstice". L'homme rigole nerveusement avant de poser sa tête dans les cheveux de sa marâtre, tout en étalant le manteau sur le duo familial. Il eu une dernière pensée avant de clôturer cette nuit.