La vie est nulle. Mais tellement nulle ! Pourquoi faut-il qu'elle soit toujours aussi nulle ?
Nulle. Nulle. Nulle
N.U.L.L.E
Voilà. Point. Est-ce qu'il faut vraiment raconter quelque chose de plus ?
J'vous entend déjà dire : "Mais pourquoi ?". Oui ! Pourquoi ? Pourquoi le monde est-il si cruelle ? POURQUOI ?
Boarf. C'la faute des hommes tout ça. Le monde se porterait teeeellement mieux sans eux. Un monde entier rien que de femmes, de gentillesse, de féminité, de boobs. Aaah, si seulement ce monde magnifique existait vraiment...
Ouais, comme vous avez pu l'voir, j'me sens pas bien. Mais c'pas ma faute, là ! C'est l'autre là, Arthorias de mes noix. Môsieur a décidé TOUT SEUL d'arrêter notre relation. Donc si MÔSIEUR a choisi d'arrêter, la volonté de MÔSIEUR doit être faite. Raaaah, qu'est-ce que j'ai envie de l'enterrer vivant, moi, ce gars...
Donc bon, j'avais plus envie de voir sa tête de faux gentil. Donc j'suis partie. Pas partie loin, hein, j'suis pas folle à c'point là. Naaaan. J'ai vu un p'tit bar, pendant ma marche forcée. Le joyeux saltimbanque, j'crois. Fin, on s'fiche un peu du nom, tant qu'il y a de l'alcool.
Et de l'alcool, y'en avait teeeellement beaucoup ici ! Le paradis des ivrognes, on adore. Donc bon, j'suis là, assise au bar. Depuis combien de temps ? J'sais plus, trop longtemps j'pense. Mais boarf, c'pas important tout ça. Là, la seule chose qui compte, c'est l'nombre de verre vide devant moi. Et y'en a pas assez à monde goût !
Yo, ma p'tite dame. Faudrait se calmer sur l'alcool là, non ?
Est-ce que j'te pose des questions sur ta mère, moi ? Non, alors garde ta solititude...ta sotisidute...BREF ! ta gentillesse pour quelqu'un d'autre.
Ouais, c'est vraiment pas l'moment pour commencer à m'parler de se calmer. J'ai pas envie de m'calmer ! J'ai envie de m'noyer dans c'verre jusqu'à...jusqu'à....bah la noyade. J'ai plus envie de penser à l'autre là, capitaine de la royale. S'il s'casse, ça m'fera du point, ouais ! J'aurai plus à repasser derrière lui.
J'continuais à boire et à boire. Je faisais pas forcément attention à c'qui m'entourait, j'men fiche pas mal. Mais bon là, fallait que j'regarde. J'avais la concurrence. Elle était assise un peu plus loin sur l'comptoir. Quoi ?! J'comptais rapidement ces verres. Purée... trois d'plus que moi. J'peux pas me laisser battre comme ça.
Hé chef ! Donne moi trois verres d'plus ! On s'dépêche ! J'ai un homme à oublier ce soir !
Ça s'voyait qu'il était pas pour. Mais là, j'avais un record de soirée à gagner. Et cette p'tite dame là bas aller pas commencer à me chiper mon prix.
Quand les verres arrivèrent enfin - Il était temps, chef ! - un partie illico presto dans l'estomac. La p'tite dame croisa enfin mon regard. Oula, elle avait l'air d'être dans le même état qu'moi. M'dit pas qu'on a toutes les deux le même problème, hein ! J'suis pas là pour faire la conversation. J'suis là pour boire, moi, BONDIOU !
Quoi ? T'as un problème, toi ?
Normal, il était vide.
« - T-TABERG...GNER ! Z'une nautr'... »
Ma main se posa avec le Lagavulin disparu. Disparu, comme mes souvenirs, mes émotions. Avec le temps, tout passait, tout trépassait et nous étions renvoyés vers nos démons intérieurs. Nous finissions avachis sur nous-même à nous regarder le nombril, emportant les autres dans notre abysse de noirceur.
Je savais que c'était ce genre de soir où je préfèrerais normalement m'isoler. Où personne ne devrait me parler sous peine de finir au fond du trou, englué dans la vase jusqu'au cou avec moi. Une vase sombre, chimérique un peu, l'expression de mes sentiments peu distingués.
« - Monddemerd'. »
À quoi cela était-il dû ? Une mission qui avait cafouillé ? Une détresse amoureuse ? Je ne savais pas vraiment, fallait-il une raison pour broyer du noir et songer à la mort comme à une forme de délivrance ? Juste des blessures mal cicatrisées des fois, un manque d'attention, une angoisse qui nous tiraille de l'intérieur et nous fend les tripes, ça suffisait.
Non, je repensais à tout ce qui s'était passé. C'était cette femme et son allure provocante, son charme, la douceur de ses baisers. Cela me manquait. Quand bien même ce bon vieux Jack m'avait contacté récemment et j'appréciais sa présence sympathique. Mais pourquoi donc me parlait-il de satisfaire des besoins naturels dans ses lettres ?
Je voyais soudainement mes pensées éclaircies par un visage proche. Celui d'une femme qui me zieutait avec un regard mauvais et dégageait une odeur familière...
« - B-bfokda ? »
Non, ce n'était pas une invitation à consommer plus, mais peut-être l'avait elle saisi comme cela. De toute façon je n'avais rien compris à ce qu'elle venait de me dire. J'étais déjà recroquevillée sur moi-même au-dessus du comptoir, le regard dans le vide, le verre de whisky dans la main.
Bah, ça se valait, alcool fort pour alcool fort. Un mouvement de compassion s'échappa de mon esprit, je me retrouvai bientôt à cogner mon verre contre celui qui venait d'être servi.
« - Un whisky, une vodka. Vous comptez payer bientôt ?
- Gh... t'en pauz' d-des guessions ? A-allez... tdjin ! »
Hop, une petite rinçade pour la route. Les yeux qui cherchent les bouteilles au fond, à la poursuite d'un prochain whisky. Un bon bourbon ?
« - Brpp... Enj... Enjachez-f-vous qu'y d-dzaient... D-des vois j'gregrette bi-bien... d'aboir djit o-oui bour l-le bposte de... eu c-captain hein ! »
C'était une façon de faire les présentations avec la femme qui m'avait rejoint dans mon malheur. Tiens, elles étaient deux maintenant ?
- Hein ?!
Rien capté. J’avais l’impression d’parler avec un gamin de deux mois. Quoi ? Elle avait trop bu ? bondiou, j’suis vraiment en retard là ! Fallait que je rattrape tout ça. J’lève le bras pour une autre tournée. Allez, j’suis pas mauvaise joueuse, j’lui paye aussi un verre, et j’me rapproche d’elle.
- Qu’est-ce qui s’passe, hein ? T’es pas sûr d’avoir le bon poste ?
J’pris une autre gorgée. Waouh ! La tête tourne, les étoiles arrivent par centaines. Je me sens tituber légèrement, mais j’suis encore apte à boire encore.
- T’crois y’a pas d’autre emmerdes dans l’monde ? J’viens de m’faire larguer ! Moi !
Le barman arriva pout débarrasser les verres qu’il y avait devant nous. Je faisais exprès de ne pas remarquer le regard de travers qu’il pouvait nous lancer. Ah non, chef ! C’est pas l’moment de me faire des reproches, là ! Manqué plus qu’un mec commence à juger mon comportement.
- Et me parle pas d’capitaine, hein ! J’en ai plein la bourse des capitaines. Capitaine par-ci, capitaine par-là, blablabla et blablabla. IL SAIT MEME PAS RANGER CES CALECONS DANS LE BON SENS !
J’accompagnais mon exclamation d’un coup de poing sur le bar. Non mais c’est vrai, quoi ! Il croit vraiment qu’il va pouvoir vivre sans moi ?!
- J’m’appelle Rebecca !
C'était bien ça, non, des problèmes d'ordre sentimentaux ? J'avais aussi les miens... Bon c'était pas plus se faire larguer que de se sentir mise au pied du mur, devant le constat évident qu'une relation ne pouvait marcher, malgré des émotions évidentes.
Puis était venu son pamphlet sur les capitaines. J'essayais tant bien que mal de la regarder dans les yeux, mais la vision trouble de sa silhouette m'amenait souvent sur le côté, ou ailleurs. Bon sang, l'alcool m'était monté à la tête et je ne pouvais me concentrer trop longtemps sans tourner de l’œil.
« - Uu-j-chuis g-gabitaine b-moi... e-et gueuh b-peux... bi-ier doute zeule-uh mes cu-culot... » tentai-je, sans trop être sûre de percevoir une lueur de compréhension dans le regard, inatteignable, de mon amie.
Ah, le mal. Je le soignai par l'alcool, mais je me sentais encore plus mal. Le verre fut finit prestement une fois de plus et je manquai de tomber de mon tabouret, me rattrapant au comptoir in-extremis. Ailleurs, ils avaient des cordelettes à s'attacher autour de la taille pour éviter ça...
« - B... Mo-i zc'est Eli... lina F-vonantrassile... »
Merde, pas exactement ça. Difficile d'être intelligible après avoir bu. Je ne pensais pas que mon nom sonnerait des cloches cependant, j'étais encore nouvelle dans les rangs des capitaines. Mais vu le ressentiment de ma collègue envers eux, il valait peut-être mieux.
« - V'ne-ez... zoubent i-ici... ? »
- Elinaaaaaaa
Puis, à ce qu'elle a pu comprendre, elle lui a demandé si elle venait souvent ici. Bien sûr que oui elle vient souvent ici ! Où est-ce qu'elle peut être sinon ? Chez elle ? POURQUOI FAIRE ! Pour plier des slips et ranger son bordel de la journée ? Hmm, très peu pour elle.
- Baaah ouais ! T'voudrais que j'fasse quoi d'autre, HEIN ?
Sincèrement, elle se sent plus à l'aise chez elle. C'est pas une femme de ménage non plus !
- Mais j'suis pas là pour parler d'ma vie de tous les jours. J'suis là pour boire !! Et critiquer mon ex. Mais surtout pour boire !!
Reprenant une grosse gorgée de sa boisson tout sauf soft, elle en commanda une deuxième, et une autre pour sa coupine.
- Et toi alors ? Rien n'a dire sur des relations post apocalyptiques ? P'ce sinon, j'peux parler toute la nuit !
« Z'a-ai engo..reuh renc-contré gu-guegun... E-et... »
Une larme coula sur ma joue et avant que je m'en rende compte, des sanglots venaient. C'était beaucoup trop difficile de taire mes émotions dans ce contexte si particuliers. Cette femme à côté de moi m'inspirait un sentiment de sécurité, de stabilité. Je pouvais tout lui dire, après tout...
En pleurant sur son épaule.
« - Bouhou...hou... Zeuh zui zi... dristeuh... » m'étalais-je honteusement en frottant ma joue mouillée par les larmes et la morve jaillissant de mes narines ; je ne m'en rendais même pas compte.
Tout comme je ne voyais pas le regard désapprobateur du barman qui commençait à dissimuler certaines de ses bouteilles de whisky pour que nous cessions de commander.
« - E-elle éd-dait j-joulie... et f-vorte... D-d'abord on z'e-est emb-brazées... O-on... Mais z'et-tait bas bossib-ble end... re bous. Z-che chuis un gabit-taine e-et edde u-un so... ldat... »
Cruel dilemme, tragédie grecque. Les mots continuaient de sortir et je racontais, difficilement, à celle à qui je me livrais avec conviction, comment mon histoire d'amour ne pourrait jamais fleurir avec ma subalterne. Je lui confiai le drame de nos ébats dans les moindres détails, consciente que si Zahria apprenait mon intimité avec cette amie et mes petites cachotteries, elle en deviendrait jalouse.
Et ce ne fut qu'une fois que tout fut finie que je me demandais... N'avais-je pas été un peu trop fort ?
- Ze comprend tellement biiiien....
Elles continuèrent toutes les deux à boire. C'était sûr, plus la soirée allait continuer, plus les réserves du bar allaient s’amoindrir...Bon, arrêtons de boire et de se lamenter sur son sort.
- Allez, ma belle ! Faut arrêter de pleurer pour un coeur brisé ! Barman : UNE AUTRE TOURNÉE ICIII !!
Elle proposait la boisson à la jeune femme. Ne pensons pas aux dépenses. Qu'importe l'argent ! Le principal, c'est qu'elles arrivent toutes les deux à faire une crois sur leur vie antérieure.
- Tiens ! Faisons un jeu ! Chacune son tour, on va dire un adjectif sur notre ex, dans l'ordre des lettres de l'alphabet. J'espère que t'as un bon vocabulaire, hein ! Elle prit une bonne grosse gorgée. Adjectif, phrase...qu'importe, en faite. Tant que tu te débarrasses de ce que tu as sur ton coeur. Allez je commence : ABRUTI !
« - O... Obz-édée... hic ! »
Quoi, c'était un adjectif comme un autre ? Après tout, nous avions passé un long moment dans cette cellule. Bon, j'étais un peu coupable moi aussi, au final. Et puis je n'arrivais pas à lui en vouloir, j'étais juste triste...
Mon amie semblait dubitative de ma réponse. Il fallait y aller plus fort, je pense, alors je me risquai :
« - And... ouilleuh... ? »
Non, c'était le moment où j'étais censée me défouler. Ma main se crispa sur mon verre comme je le soulevais et projetais du liquide en direction du barman qui commençait salement à tirer la tronche. Notre consommation continuait à chiffrer et il ne voyait toujours pas la couleur d'un cristal. Mais alors là c'était le pompon.
« - Mesdames, je vais devoir vous demander de sortir ! De toute façon le bar va fermer. »
Fermer ? Quelle drôle d'idée, nous étions là pour la nuit... Mais c'est vrai qu'il ne restait plus grand monde dans ce bouge : juste nous deux en vérité et celui qui cachait ses bouteilles. Je ne sus alors pourquoi, mais cela attisa soudainement ma nervosité et me redressant sur mon tabouret, les mains campées sur le comptoir, je lui hurlai au visage :
« - S-ZALAUD !! »
Reb' me regardait d'un air contentée, mais je savais aussi que notre départ n'en devenait que plus éminent.
Et, dans un éclair de génie --vraiment ?-- elle se souvenait qu'elle avait quelque chose de fort intéressant chez elle. Oui, depuis qu'Arthorias et elle se sont séparés, la maison lui appartient entièrement. Adieu, horribles armures sans formes ! Adieu armes éparpillées partout dans le salon ! Bonjour propreté et rangement.
- Hey...psssst...PPSSSSSTTT. J'ai une caisse remplie d'alcool à la maison...Ca t'dit de continuer ça chez moi ? Histoire de ne plus embêter môsieur le barman
Parce que oui, Rebecca n'avait pas finie de critiquer la gente masculine. Il y avait tellement de chose à dire ! Déjà, on pouvait commencer par leurs cadeaux, quel manque d'originalité ! Après, ne les critiquons pas trop quand même : ils arrivent à peut près à se souvenir de votre mois de naissance, les filles. C'est déjà un bien grand effort de leur part ! Pour les cadeaux, donc : soit chocolat, soit fleurs. Bravo l'objet unique ! Plus question de se faire valoir auprès des autres femmes par rapport à ça...
Ensuite, tout ce qui était cuisine. Ah bah oui, parlons-en de la cuisine ! Pour être absent, ils sont champions ! Pas d'homme quand il faut faire le repas. Pas d'homme quand il faut mettre la table ou pour la débarrasser. Et encore moins d'homme pour faire la vaisselle. Mais pour se plaindre qu'il n'y a pas assez dans leur assiette, ils sont tous présents !
Bon, arrêtons nous là pour l'instant. Rebecca aurait pu en dire beaucoup plus, comme la cuvette des toilettes jamais baisser ou leur incroyable pouvoir pour mettre le bazar deux secondes après avoir tout ranger. Mais elle préférait garder tout ça pour pouvoir en discuter avec sa nouvelle amie Elina et connaître son point de vue sur la question.
Accompagnant ses gestes dudit ustensile, le barman nous avait poussées jusqu'à la sortie et tirait désormais avec véhémence le rideau pour nous empêcher de rentrer. Quand bien même, il n'avait pas compris que l'on comptait partir en after de toute façon, car ma nouvelle amie me proposait de déboucher quelques bouteilles chez elle.
Évidemment, j'avais accepté derechef.
« - Bbh a-alors... z'est ba-ar o-où ? »
La Capitale était vaste et j'espérais que l'on n'aurait pas trop à marcher. Mon état ne me garantissait pas de rester debout très longtemps encore et celui de Reb' ne valait pas mieux, à vrai dire. Mais, épaule contre épaule, nous nous aidions comme de béquilles pour avancer, accompagnant nos pas de chansons populaires bien déformées.
Nous fîmes un bon bonhomme de route durant laquelle nous ne fûmes arrêtées qu'une seule fois : devant une boutique de la fameuse marque de vêtements « Totoroboy ». Admirant le style imparable des mannequins qui détonnait incroyablement avec le notre, nous en vînmes un moment à les insulter avant de continuer notre chemin.
Finalement, sans trop savoir ni comment, ni pourquoi, tout cela nous mena jusqu'à une maison assez spacieuse, même pour un couple, me faisant me souvenir de l'identité de l'ex de mon amie. N'avait-elle pas parlé d'un Capitaine de la Garde... ?
« - Ez-z'est v-bajement grrrand... » constatai-je, une fois à l'intérieur de la demeure au style épuré. Il y avait de quoi être jaloux, même si Forteresse et ses murs rustiques, ses cheminées pierreuses, avait su me séduire.
Avisant un canapé dans ce qui pouvait être le salon, aucune idée, je m'y affalai librement, oubliant presque la raison de ma venue à cause du confort du mobilier. Finalement, levant une main molle vers le plafond, je demandai :
« - B-beuzoin d'ai-ide bourrr z-sordir l-les... pouteilles, hic... ? »
- Allez viens ma p'tite dame ! Direction : réserve d'alcool !
Le trajet jusqu'à chez elle n'était pas franchement loin. Mais en faisant un pas en avant et six pas sur le côté... et bien, ça fait rallonger le temps de trajet par beaucoup. Bras dessus bras dessous, les jeunes femmes marchaient tant bien que mal dans les rues de la ville.
Alors qu'elles essayaient tranquillement de ne pas tomber, deux colombes passaient au-dessus d'elles. De jolies colombes, bien belles, bien blanches. Elles virevoltaient tranquillement dans les airs, roucoulant avec légèreté.
Et puis un piano leur tomba dessus, et adieu les colombes. Pas un petit piano, hein. Un gros truc, imposant, lustré et noir. Au moment de l'impact sur le sol, on pouvait entendre un mélange entre le craquement des colombes et un magnifique do-mi-fa de l'instrument de musique. Rebecca restait...perplexe par rapport à ce qui vient juste de se passer devant ses yeux. Au loin, elle aurait jurer voir un homme avec une pipe et une espèce de guitare dans le dos.
Continuant comme si de rien n'était, les deux jeunes femmes n'étaient pas au bout de leur surprise. Un peu plus loin, deux personnes s'embrassaient sur un pont, et jeter quelque chose dans le fleuve. Une clé ? Bonjour la pollution.... Quelques mètres après, un bouquet de fleurs et une boite rouge en forme de cœur étaient posés sur le pas de la porte d'une maison. Rebecca se souvenait alors qu'Arthorias aussi lui avait offert des fleurs un jour, pour s'excuser. Il avait osé manger dans son assiette. Mais qui ose faire quelque chose d'aussi cruelle ?!
Elina et Rebecca arrivèrent enfin chez la conseillère. En rentrant, elle indiqua la localisation du canapé, et Elina ne s'est pas faite prier pour l'occuper de tout son long.
- Naan t'inquiète pô. C'juste lô !
Et aussi tôt dit, aussi tôt fait ! La caisse d'alcool était déjà sur la table basse, prête à être entièrement vidé.
- Depuis l'début, tu raconte rien sur t'ex ? M'dit pô t'en as pô eu, HEIN ?!
Ça serait quand même étonnant !
« - Z-z'est g-compliq-qué.... »
Qu'est-ce qu'il y avait à dire en réalité ? Une passade, un simple coup de tête, une faiblesse. En vérité, l'alcool me faisait avoir des idées sombres, mais parfois m'aidait aussi à me rendre compte de ce qui pouvait m'atteindre ou pas. Cela, en réalité, n'était qu'une aiguille dans la botte de foin de mes véritables problèmes.
Ah, l'amour. Ou plutôt des besoins physiologiques sans intérêt.
Mais à ce moment précis, ce qui occupait le plus mon esprit était la nausée grandissante et ma peur de fâcher mon hôte en dégobillant sur son canapé ou son splendide tapis.
« - A-as-du d... des doil-lettes ? »
Vite ! Mais mon expression était assez claire, rapidement Rebecca m'indiqua sa pièce d'aisance dans laquelle je me précipitai, balayant la porte sur mon chemin pour vider mon estomac... malheureusement sous ses yeux. Mes cheveux tombèrent sur le côté de mon visage et, tandis que je me débarrassais des derniers verres d'alcool, se recouvrirent tristement du produit de mon malaise.
« - B-merd-de... »
Prenant connaissance du mécanisme permettant d'expédier loin le contenu recraché, grâce à un réservoir d'eau, je me relevai après quelques minutes de vide cognitif. Mes mains m'aidèrent ainsi à me guider vers une seconde pièce dans laquelle se trouvait une baignoire et un bac d'eau froide en hauteur. J'y plongeai ma tête sans me poser de question, démêlai mes cheveux en vitesse pour ne pas me retrouver avec des restes séchés dans la crinière le lendemain matin.
Le temps de faire tout cela, je retournai enfin dans le salon pour découvrir mon amie endormie sur le canapé. Ne connaissant pas bien la maison et n'ayant pas l'impudence de me coucher dans le lit de la propriétaire à sa place, je m'allongeai donc simplement à ses côtés, comme le sofa semblait assez large pour deux. Une tête sur l'accoudoir, je regardai le plafond un moment.
Quand mes yeux se fermèrent enfin, cette étrange soirée, riche en défis arrivant à son terme.