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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Lun 17 Fév 2020 - 16:33 #
    Où l'on apprend à manier l'épée

    et la cornemuse



    Dans l’obscurité de la pièce, Luz ressassait ses vieux souvenirs. Son cadre magique demeurait inerte et inutilisé dans ses mains. Elle avait caressé l’espoir de trouver une piste efficace la veille, mais celle-ci ne s’était révélée être qu’une impasse… Elle était donc rentrée tardivement dans la nuit, la mine basse et les traits fatigués. Pourquoi y accordait-elle autant d’importance… ? Elle n’avait pas les mêmes aptitudes en matière de traque que Calixte et Zahria, et pourtant… Elle peinait à leur demander conseil. Non, pire, la perspective de les enjoindre à cette quête personnelle la rebutait, comme s’il se fut agi de la déposséder d’une part de sa personnalité. Elle s’appuya en arrière sur le moelleux de son lit, un froissé de drap qui parvint lointainement à ses oreilles tandis qu’elle levait les yeux vers le plafond. Que faire ? Sa musaraigne était une ombre dans la nuit, guère plus qu’un spectre que nul n’avait entre-aperçu. Elle percevait pourtant son rire glaçant dans l’obscurité, presque une injure à ses compétences. Ou un appel… ?

    Elle plissa les prunelles, et la fulgurance du moment lui rappela que cette autre avait cet exact même visage que le sien, ces mêmes longs cheveux flammes et le vert tendre de ses prunelles. Une mimique différente pour relever un coin de lèvres, certes, mais la mâchoire était indubitablement la sienne. Comment était-ce possible… ? La magie était-elle capable d’un tel forfait ? Elle avait bien tenté d’interroger son grand-père à ce sujet, mais celui-ci avait d’ores et déjà perdu une partie de son esprit… Il ne tenait plus que des bribes de conversation très floues, perturbé chaque fois qu’elle tentait d’aborder la conversation. Elle soupira. Dehors, le petit jour gagnait du terrain dans les rues, glissant la lueur d’une journée fraîche mais lumineuse dans la Capitale.

    L’éclat métallique de son épée de souplesse arrima son regard. Depuis son retour de la Cité enfouie, l’arme antique avait vaillamment patientée dans un coin de la pièce. Elle n’avait d’autre choix que de gérer les priorités en premier lieu, et cela passait par plusieurs semaines d’organisation pour le festival… Cela, et son altercation qui l’avait réduite à un mois de rétablissement. Elle n’avait pas le souvenir d’avoir été secourue, mais les longues journées de difficultés et de lenteur qui en avaient résulté avaient laissé la trace en elle d’une profonde irritation. Toujours était-il qu’elle n’avait guère encore pris le temps de se familiariser avec sa nouvelle arme et que le sujet commençait à devenir important.

    Oh, elle avait bien réfléchi. Dans son état actuel, elle n’était de toute évidence pas en mesure de concurrencer Croque-Chance. Celle-ci l’avait aisément battue, s’amusant de sa supériorité tactique… Et cela ne se reproduirait plus. La ligne de ses sourcils se fronça, tandis qu’elle se rappelait avec véhémence avoir affronté des vestales dans la Cité enfouie et en être ressortie vivante. Ce n’était pas une insaisissable assassine qui lui mettrait des bâtons dans les roues ! Son erreur serait bien de ne pas avoir pensé à l’achever définitivement.

    Elle se releva et inspecta l’anneau fin qui était présentement passé à son oreille, fraichement gravé de quelques runes magiques. Elle n’en avait pas encore totalement la maîtrise, mais l’efficacité viendrait avec la pratique. Son flanc droit se manifesta par une vague douleur issue de ses raideurs, là où la lame de Croque-Chance l’avait justement poignardée. La cicatrice commençait à disparaître avec l’aide de son nouveau pouvoir de guérison, mais son corps avait perdu en souplesse et en énergie après ce dernier mois de rémission. Il était grand temps qu’elle s’administre quelques claques et qu’elle se remette sur le droit chemin.

    Elle traversa la pièce et se saisit de sa boule de cristal. Il ne lui fallut qu’un infime effort pour caresser mentalement l’objet et nouer contact avec la personne de son choix… C’était aisé lorsqu’il occupait d’ores et déjà une grande part de ses pensées au quotidien et qu’elle connaissait par cœur jusqu’au timbre de sa voix.

    « Naë… ? Excuse-moi, j’espère ne pas te déranger mais j’ai un service à te demander… »

    ◄►

    Ils avaient convenu d’un rendez-vous au quartier général de la guilde des Aventuriers. Monsieur disposait de ses entrées et il serait préférable pour l’activité de la matinée d’utiliser une salle d’entrainement en bonne et due forme. Fort heureusement pour eux, l’établissement regorgeait d’une grande quantité de salles de cet acabit… Habillée de cuir fauve et noir, elle avait relevé ses cheveux sur sa nuque en une longue queue de cheval qui serpentait dans son dos, ses mains recouvertes d’un bandage dont le but était de protéger ses jointures. Elle patientait présentement dans le hall d’accueil, n’étant guère elle-même Aventurière. L’épée de souplesse trônait à ses côtés dans un fourreau qu’elle avait fait construire à la va vite pour éviter que le métal ne s’abime davantage dans la poussière.

    Peu à l’aise avec les armes blanches, il lui semblait pour autant essentiel de rendre justice à cette formidable pièce de forgeron. Oh, elle s’adonnait certes à un entraînement quotidien pour maintenir ses capacités, elle était pour autant tout bonnement incapable d’apprendre seule à manier une telle arme… Non, les compétences de Naë’ étaient bien au-dessus des siennes en la matière et il restait son maître d’apprentissage favori lorsqu’il s’agissait de tâcher de l’envoyer au tapis.

    Son visage s’illumina d’ailleurs lorsqu’elle reconnut sa silhouette. Loupiac l’accueillit comme de coutume par une pirouette sur son épaule et elle caressa l’animal du bout du doigt avec un léger sourire amusé. Elle franchit dans le même temps les derniers mètres qui les séparaient encore et s’autorisa une salutation quelque peu alanguie, déposant sur les lèvres de son Aventurier un bonjour des plus enthousiastes.

    « J’espère que tu es en forme, j’ai prévu de tuer trois personnes par accident aujourd’hui. »

    Elle remonta sur son épaule la bretelle de son sac d’équipement et ajouta, à peu près convaincue de sa future réponse :

    « Nous pourrions manger avec Zahria ce midi ? Je sais qu’elle passe par l’appartement aujourd’hui, comme nous sommes en pleine recherche d’un nouvel appart’ à louer. »
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
    Informations
    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Mer 11 Mar 2020 - 17:34 #
    Où l’on apprend à manier l’épée et la cornemuse
    ─ avec Luz & Zah

    La vie est bizarrement faite. Suis-je en train de vivre un retour de bâton ? J’ai voulu fuir ma condition de Noble et surtout les engagements qu’elle implique. Depuis que j’ai renoué avec Luz, mon destin prend un tournant éprouvant. Cela n’a rien à voir, mais la perte de Krysta me hante encore. Plus encore la disparition de ma sœur. Je sais maintenant qu’elle est sûrement en vie, et je suis soulagé de la savoir sauve. Mais dans quelles conditions ?
    Zahria a découvert un lien entre elle et un groupuscule, elle me tient à l’écart, me donnant que trop peu d’informations. L’associable que je suis va s’engouffrer dans le réseau qu’est la Guilde. Et je sais déjà à qui m’adresser pour en apprendre davantage. Il est doué pour faire parler les gens en toute sympathie.

    Pour le moment j’ai d’autres chats à fouetter. Il y a une lune que Zahria m’a prévenue de l’agression de mon amante. Une lune que Luz tente de s’en remettre. Elle parle peu, évitant le sujet. Un soir où nous n’étions que tous les deux la belle aux cheveux fauves m’a confié avoir poursuivi l’assassine de son ami. C’est ainsi qu’elle se sont retrouvées à se battre, « Croque-Chance » comme elle la nomme est Maîtresse dans l’art du combat. Luz a failli y perdre la vie et je ne le permettrait pas ! Pour la première fois depuis nos retrouvailles je n’ai pu m’empêcher de m’énerver contre elle.

    Pourquoi te lancer seule dans cette cavalcade ? Merde Luz tu connais des gardes qui peuvent t’aider et te protéger ! Tu te crois invincible ? C’est pas parce que tu es médecin que tu es increvable ! Pourquoi ?

    Pourquoi ? … Parce que tu en as fait une affaire personnelle. Parce que tu ne veux pas mêler amis et proches dans cette sordide vengeance. Qui suis-je pour te juger alors que je cache ce secret sur Calia ? Je vis ma propre Vendetta, bien entêté à retrouver ma sœur avant quiconque. Bien entêté à supplanter Zahria, quitte à recourir à des méthodes quelque peu limite. Je dissimule mes intentions, oserais-je te mentir une nouvelle fois ? J’aimerais te parler du peu que je sais, te faire part de mes inquiétudes et de mes doutes. Tu as tes propres soucis, pourquoi te rajouter les miens ?

    Une voix me sort de mes pensées, pas n’importe qu’elle voix. Je reconnaîtrais cet air chantant parmi des millions d’autres, l’unique timbre qui résonne en mon cœur. J’attrape mon cristal de communication avant de répondre à ta solicitation.

    - Je suis à la guilde, tu n’as cas m’y rejoindre.

    Je dois stopper mon enquête le temps de te retrouver. Assis dans la salle des archives je range le dossier que j’ai en main. J’expire longuement, balançant la tête en arrière. Jusqu’ici mes lectures n’ont rien donné. Je tente de trouver des missions ayant un rapport de près ou de loin avec des associations plus ou moins louches. Rien. Il serait logique que ce genre d’informations soit consigné à la Caserne de la garde. Vais-je me résigner à en rester là ? Ah ! C’est bien mal me connaître. Ce qui demeure inquiétant sont mes intentions pour la suite de mon enquête. Soit je m’introduis illégalement dans les bureaux des militaires, soit je soudoie un de ses aspirants. La deuxième solution est moins risquée pour mon avenir pénal, mais à qui puis-je faire confiance ?
    L’heure est certes grave mais pas perdue. Calia est en vie, Luz aussi. Je ne permettrais à aucune des deux de souffrir, il faut que j’agisse. Je passe la main dans les cheveux, me frotte les paupières avant de quitter la salle, saluant l’archiviste en le remerciant d’un signe de tête pour son petit coup de pouce.

    _______________

    Je te retrouve dans le hall, Loupiac me dépasse heureux de te revoir. Pas autant que moi bien que mes effusions soient moins expressives. Je retrouve ta bonne humeur qui balaye en quelques secondes mes maussades pensées. Tes lèvres sur les miennes, ma main ne peut s’empêcher de venir te plaquer un peu plus contre mon torse.

    - Rien que ça? répondis-je à ta plaisanterie.

    - Oui bien sûr contacte la, ça fait un petit moment que je ne l’ai pas vu en plus. Ça me fera plaisir aussi.

    Malgré les tensions qui m’animent quant au silence de la Garde sur la Cabale, elle n’en reste pas moins une agréable amie, et surtout une protectrice pour mon amante. Les deux ensemble est un combo qui mériterait parfois de disparaître pour ne pas être pris pour cible de leurs taquineries. Une rare complicité belle à voir.

    Je te fais signe de me suivre, proposant de porter ton équipement connaissant bien évidemment ta réponse. Oui je sais Luz, tu n’as pas besoin d’être maternée. Dans ton ambition de vengeance tu as oublié la peur de te perdre que nous avons vécu. J’essaie de rester indifférent à tout cela pour ne pas t’agacer, mais les marques d’attention multipliées ne trompent pas. Je sais que tu les as remarqué, et dans ta joie habituelle tu acceptes de me laisser prendre un peu plus soin de toi.

    - Poses tes affaires là bas. On va d’abord s’échauffer.

    Une étincelle de malice traverse ton regard alors que tu ondules contre moi. Je ris, libérant un peu de ma tension intérieur avant de t’embrasser.

    - Non pas comme ça Mademoiselle Weiss ! Pour la peine vous me ferez un tour de salle supplémentaire !

    Tu me regardes interrogatrice, ma main vient tapoter ton séant.

    - Je suis sérieux, allez on trottine !

    Je t’accompagne dans les différents échauffements avant d’entamer le vif du sujet.

    - Nous allons commencer par la défense. Je vais te montrer comment bien te placer pour protéger tes parties vitales. Ensuite je te chahuterais, il faut que ça devienne un réflexe pour toi, peu importe comment je t’attaque.

    Après une heure de technique je vois que tu en veux encore. Je te propose quelques combats à l’arme pour voir comment tu te débrouilles et te corriger. Et l’heure suivante s’écoule sans que nous la voyons défiler. Je te propose un étirement final où je prends le temps de parler avec toi.

    - Comme à ton habitude je pense que tu vas vite progresser. Mais n’oublie pas de toujours revenir à ta garde. Quand tu seras contre Elle, il n’y aura plus de règle. Ce genre de personnes n'a pas d’honneur et tous les coups seront permis. Alors protège toi, toujours.

    Ma référence à Croque-Chance te fait légèrement tiquer. Comme une perche que tu saisis, tu me parles alors d’un détail que tu as gardé pour toi même tout ce temps. Je t’écoute attentivement, laissant le silence qui suit me permettre d’assimiler tout cela. Je me rapproche de toi, déposant un baiser sur ton front salé.

    - Luz, je ferais n’importe quoi pour toi. Je sais que ça reste ton combat … je suis là, je peux t’aider tu sais.

    J’expire longuement, mon regard cherchant le tien. Je sais la confiance que tu places en moi, preuve en est, c’est avec moi que tu t’entraînes alors que tu connais des gens bien plus compétent dans ton entourage au combat à l’arme blanche.

    - Pourquoi ne pas en parler à Zahria ? Et pourquoi ne pas lui demander de t’entraîner, non pas que je ne veuille pas, au contraire. Mais ma technique est lointaine, la sienne quotidienne.

    Nous papotons ainsi un moment avant qu’un groupe d’aventuriers ne réquisitionne le dojo. Je te propose une douche avant de retrouver notre amie commune, un moment d’intimité où nos corps s’entremêlent pour une détente absolue. Après l’effort, le réconfort.

    code ─ croquelune

    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Sam 21 Mar 2020 - 19:21 #
    Ah, que tout son corps lui faisait mal ! Fourbue comme une petite vieille, elle ne cessait de frotter le bas de son dos qu’une mauvaise chute avait quelque peu chahuté. Pour autant, si son corps demeurait plus faiblard qu’une pâte pétrie par un ours en colère, son moral était au beau fixe. Plus beau à vrai dire qu’il ne l’avait été ces dernières semaines. S’entraîner était décidément une excellente idée : elle pouvait sentir l’adrénaline parcourir à nouveau ses veines, et l’énergie déployée pour se sortir d’une situation dangereuse était venue contrarier et secouer ses muscles ankylosés par l’apathie. Dans une rixe, inutile de penser à la couleur des yeux et des cheveux de Croque-Chance, car seul subsistait la nécessité de réagir. Ses prunelles glissèrent sur la silhouette de Naëry qui l’accompagnait dans ces derniers étirements. Elle n’en croyait pas sa chance, cet homme était décidément bien trop bon pour tout individu vivant dans ce Royaume… Non content de la choyer, il ne l’avait pas non plus ménagée. Il la connaissait sans doute beaucoup trop bien pour lui faire cet affront, et les rudesses de l’entrainement qu’il lui avait imposées cachaient en réalité une bien plus grande tendresse. Dans le silence de la salle, Luz se fit la réflexion qu’elle aimait cet homme plus qu’aucun autre en Aryon. Cette pensée la rassura, et une chaleur bienveillante s’empara de sa poitrine tandis qu’il poursuivait ses encouragements, inconscient de la profondeur du regard qu’elle posait sur lui en cet instant. Si cela n’avait tenu qu’à elle, peut-être l’aurait-elle débarrassé dès à présent de ses vêtements pour mieux lui faire part de la profondeur de sa reconnaissance…

    Elle n’en fit rien pour l’heure, et ses lèvres s’ourlèrent d’un sourire charmant tandis qu’elle se saisissait de ses mains, relevant les yeux pour mieux détailler son visage. Il y avait là dans ses prunelles la fragrance d’une confiance damnée, témoignage bien plus fort de ses émotions présentes que ne l’étaient les mots. Elle tâcha pourtant de répondre à son amant, car les paroles avaient bien souvent cette saveur inimitable de la confirmation et de l’apaisement. Il était toujours agréable d’entendre que l’on était aimé.

    « Je le sais, crois-moi, mon Naë’. C’est bien pour cela que je ne t’ai rien caché. Je crois… Je crois qu’il ne m’arrivera rien. »

    Ses sourcils se plissèrent, à la fois sceptique et crédule. C’était étrange. Elle avait une absolue confiance en cette affirmation, et une vérité que sa conscience ignorait semblait s’être ancrée dans sa chair. Elle ne craignait rien de cette Croque-Chance. Celle-ci ne l’avait pas tuée sur ce toit lorsqu’elle aurait eu tout loisir de le faire. Sa raison ne pouvait toutefois s’empêcher de la seriner pour ce comportement stupide : quel herbivore idiot tend son cou au prédateur, convaincu jusqu’à la moelle qu’il ne daignera pas y refermer ses crocs ? Pourquoi diable ses parents ne lui avaient-ils pas donné meilleur instinct de survie ? songea-t-elle, un brin amusée malgré elle par ses propres déboires.

    « Quant à Zahria, ajouta-t-elle, un brin plus préoccupée, tu sais comme moi qu’elle ne cesse déjà de courir par monts et par vaux pour gérer ses propres problèmes. Je voudrais d’abord démêler le fin mot de cette histoire. J’ai la conviction que tout ne tardera pas à être beaucoup plus clair. Et puis… Je t’ai toi. »

    Cette fois-ci, elle ne le taquina pas d’une dérobade lorsqu’il la plaqua contre lui. Trop désireuse de s’adonner à ses caresses et de lui transmettre un peu de ce qu’elle-même ressentait, cet infini désir de le faire Roi en son Royaume, elle le suivit avec enthousiasme lorsqu’il la guida jusqu’aux douches.

    ◄►

    Ils marchaient sur le chemin du retour, leurs doigts entrelacés. La journée s’annonçait belle pour les quelques heures encore à venir, malgré l’ombre de plusieurs nuages qui s’amoncelaient à l’Est. Les yeux longuement fermés sous la caresse du soleil, Luz se fiait à la démarche si familière de Naëry pour les mener dans le dédale des pavés. Combien de temps était passé… ? Elle réfléchissait à cela sous l’obscurité de ses paupières, se rappelant brièvement la justesse de leur rencontre bien avant que l’enfer de la Cité enfouie ne débute. Lucy l’avait ramené vivant, certes, mais heureux, pas tout à fait… Elle soupçonnait bien là la présence de quelques traumatismes, ce que confirmait le nombre irrégulier de son escouade lorsque Calixte et lui étaient remontés à la surface. Pour ce deuil-ci, elle ne connaissait pas d’autre remède que la chaleur d’un corps contre le sien et l’action d’un quotidien mêlé de missions.

    Pour cet autre deuil, qu’elle ne percevait que succinctement dans sa voix et dans les absences qui le saisissaient parfois, elle manquait d’éléments. Imaginait-elle des choses ? Comme en cet instant, eux dont le chemin venait de croiser celui d’une petite boutique de brochettes qu’elle s’était empressée de désigner, le sourire aux lèvres.

    « Tu te souviens lorsque nous en prenions avec ta sœur à la fin de nos cours particuliers ? »

    Le souvenir des trois adolescents n’aurait d’ordinaire pas manqué de lui arracher un rire. Elle n’eut pour toute réponse qu’un maigre sourire. Une façade, devina-t-elle, car celui-ci ne gagnait pas son regard. Ses yeux se froissèrent de ce fantôme qu’elle apercevait parfois chez lui depuis quelques temps et l’une de ses absences le prit. Etait-il nostalgique ? Quelque chose s’était-il produit ? Luz creusa sa mémoire. Elle qui ne fréquentait plus les salons des nobliaux échoua à créer un rapprochement logique entre la disparition récente de jeunes filles et l’héritière des Dewig. Elle avait sciemment omis de prononcer le nom de Calia, car elle savait combien le secret de sa véritable identité était précieux à son Aventurier. Elle plissa sensiblement les yeux, percevant les signes avant-coureurs de la fatigue sur son visage. De toute évidence, elle n’était pas la seule en ce moment à utiliser indignement ses nuits.

    A quelques mètres de la porte de son appartement, Luz l’arrêta d’une légère impulsion du poignet. Il lui retourna un air surpris, intrigué par son geste doux mais soudain. La rue était déserte à cette heure et l’on entendait par quelques fenêtres ouvertes le bruit d’une multitude de couverts s’affairant à la cuisine du midi. Zahria n’arriverait elle-même que dans quelques instants.

    « Naë… Ces mots que tu m’as dit tout à l’heure, je te les retourne à présent. Tu n’as pas à soutenir tout seul les problèmes qui environnent notre couple. Nous sommes deux dans cette histoire, et ce qui te chagrine me chagrine également. »

    Elle caressa le dos de sa main de son pouce, attentive à ce qu’il pourrait lui apprendre. Malheureusement, le poids qui occultait son esprit ces derniers temps n’étaient nullement à l’échelle d’une fadaise…

    « Calia ?! Disparue… ? »

    Elle baissa immédiatement d’un ton, se rabrouant elle-même pour sa maladresse. Elle dut faire plusieurs allers retours d’un pas vif dans la rue pour recouvrer son calme, le cerveau fonctionnant à pleine allure pour reformer les pièces du puzzle. Naëry, lui, ayant assimilé cette sinistre découverte depuis quelques temps déjà, demeurait immobile sur le pavé, comme saisi d’une souffrance rentrée. Calia s’était évaporée depuis la 2ème lune de 999… Peu de temps, et tout un monde à la fois. Quel était le pourcentage de survie d’une personne kidnappée, passées 24 heures… ? Le patriarche Dewig avait-il reçu une demande de rançon ? Comment se portait-il, lui qui avait déjà perdu un fils aîné, et prenait désormais toute la mesure d’une fille disparue… ? Avait-elle imité son frère ? Etait-ce une fugue ridicule ? Une affaire grave… ? Toutes ces questions, Luz tâcha de les retenir pour le moment, ne demandant à Naë que l’essentiel. Zahria… Zahria savait des choses. Ce qui était rarement une bonne nouvelle. Si les espions étaient directement impliqués…

    Elle qui le serrait présentement contre elle avec toute la force qu’elle pouvait lui transmettre, s’écarta d’un pas pour faire courir sur sa joue la caresse d’une main aimante. Ah… Lucy ne les avait guère dotés d’une vie facile. Elle l’embrassa avec douceur, bien loin de leurs fougueuses étreintes habituelles. De la colère perçait en demi tons dans sa voix lorsque cette fois-ci, elle reprit la parole en un murmure grondé :

    « Je chercherai toutes les informations qu’il me sera possible de trouver. Je travaillerai Zahria au corps s’il le faut. De nombreux patients peu recommandables passent ma porte… S’il y a quelque chose à apprendre, ils le sauront. Et je te promets, mon Naë’, que si quelqu’un a fait le moindre mal à ta sœur, ils vivront là les derniers jours de leur existence. »

    Croque-Chance passerait secondaire. Si quelqu’un s’amusait à courir la Cité avec son visage, cela pouvait bien souffrir quelques semaines d’attente… Luz se radoucit néanmoins. Dans l’espoir d’alléger l’atmosphère et de tranquilliser son cher Aventurier, elle ajouta avec assurance :

    « Crois-moi sur parole, ta sœur est d’une engeance extrêmement têtue et débrouillarde, pire que du chardon. Si quelqu’un peut s’en sortir, c’est bien elle ! Elle ne laissera certainement pas l’héritage des Dewig lui filer sous les doigts de cette manière. »

    C’est probablement avec encore plus à penser qu’ils rejoignirent tous deux la chaleur de l’appartement. Il leur fallait encore s’affairer à de menus travaux de cuisine avant que Zahria n’arrive.
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Mer 25 Mar 2020 - 17:44 #
    Où l’on apprend à manier l’épée et la cornemuse
    ─ avec Luz & Zah

    J’ai beau ne rien dire, mon masque ne peut retenir l’affliction qui me hante. Et cela ne t’échappe plus ma belle Luz. Quel affreux compagnon je fais là, laisser mes peines entacher ta joie. Tu as raison, je ne peux laisser mes humeurs t’atteindre sans que tu n’en comprennes la raison. Le doute est le pire ennemi des relations humaines.

    - Calia a disparu Luz.

    La sentence tombe, sans préavis, sans préparation, sans empathie. Un fait, dit avec détachement. Je suis devenu un simple narrateur, et c’est avec cette même abnégation que je t’explique un peu plus en détail. La disparition de Calia, mon inquiétude, l’enquête avec Höls avant que Zahria ne prenne la relève. Notre découverte, et la façon dont l’espionne m’a gentiment écarté de l’investigation dès la prononciation de certains noms. Noms auxquels je m’accroche pour me renseigner de mon côté. Le marcheur et Krasarc. Sont-ils une seule et même personne ? La métisse me cache quelque chose, j’en reste persuadé, et je te le confie une nouvelle fois.

    - Je travaillerai Zahria au corps s’il le faut.

    Je ne peux empêcher un sourire étirer mes lèvres à ces mots. Ta sollicitude me touche Luz, ton énergie me requinque, peut-être le poids de la confidence qui vient d’alléger un tant soit peu mes épaules. Pour te remercier d’être là j’attrape tes bras, arrêtant ton agitation, pour t’attirer tout contre moi dans une étreinte passionnelle.

    - Rentrons, Zah ne devrait pas tarder, préparons un petit repas.

    Nous avons la chance Luz et moi d’être libres en ce moment, plus que la garde. Chacun occupé par sa quête personnelle.

    - Si je peux t’aider avec Elle, tu sais que je le ferais Luz. Je n’aurais pas de mots aussi bien placés que les tiens, mais le cœur y est. Tout pareil, s’il faut que j’use de mon bavardage légendaire pour faire sortir les vers de quelques uns, je n’hésiterais pas.

    Souris-je. La légèreté est revenue la fleur au fusil, discrète et agréable. L’avantage d’être aventurier est bien mon accès à la guilde où l’on retrouve de tout et de tout endroit. Avec son lot de rumeurs et d’anecdotes. Il va de soit que si j’entends quoi que ce soit sur celle qui t’a blessée, tu seras la première informée. Je n’ai pas besoin de te le dire car tu le sais déjà.

    Alors que dans un parfait duo d’acrobates cuisiniers, l’un coupe pendant que l’autre boue les légumes, l’un choisis les épices tandis que l’autre les doses, l’un attrape la taille de l’autre pour déposer des baisers dans sa nuque … Une soupe aux légumes voit le jour accompagnée de son poisson finement pané aux épices.

    C’est pile à ce moment là que la garde choisis de faire son entrée, tout est millimétré à la perfection. Nous aurions voulu le faire exprès que nous n’y serions pas arrivés.
    Je laisse les deux colocataires se retrouver et palabrer entre elles avant de les inviter à manger avant que le plat ne refroidisse.

    Je reste assez silencieux tandis que je déguste notre préparation, Luz comblant le vide de mes mutismes par une énergie enjouée. Zahria nous régale de quelques historiettes sur les recrues qu’elle a pu former, ou perdu …
    A la fin du repas, alors que Luz est occupée à retrouver quelques affaires médicinales pour la garde, cette dernière vient me trouver, la douceur de ses gestes et de sa voix ne sont pas de bon augure quant aux révélations qu’elle s’apprête à me faire. Du moins, c’est ce que mon obscur esprit de ces derniers temps semble interpréter.

    code ─ croquelune

    Zahria AhlyshOmbre
    Zahria Ahlysh
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    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Mar 31 Mar 2020 - 16:55 #
    C'est plutôt agréable, d'être en compagnie d'amis, de gens avec qui elle peut être honnête, partager un repas sans arrière-pensées et sans se demander quel mensonge elle va devoir inventer pour expliquer ceci ou cela. On prend goût, parfois, à la simplicité de la véracité. Et si les circonstances dans lesquelles elle a dû dire la vérité à Luz et Naë n'ont pas été des plus joyeuses, maintenant qu'un semblant de paix est revenu dans sa vie, Zahria peut enfin en profiter. Les deux jeunes gens, eux-mêmes très authentiques et fidèles à ce qu'ils sont, ne voient de plus pas de mal à partager un repas et une conversation avec le maître-espion, ce qui ne serait pas le cas de tout le monde.

    Et puis elle est heureuse de les voir ensemble. Ils forment un couple accordé, et c'est un plaisir à voir. Si elle les a connu intimement séparément, elle n'aurait pas pu souhaiter meilleur partenaire pour l'un ou l'autre. Zahria qui n'est pourtant pas très portée sur les idées de couple stable, fidélité et le tintouin, se met à espérer qu'ils resteront ensemble, un peu comme un enfant imagine que ses parents s'aimeront pour toujours. Avec la dimension légèrement incestueuse. Alors en voyant Naë si éteint, ce midi, Zahria se met à se poser des questions. Il y a à peine trois lunes, il était encore si épris de Calia, se lasse-t-il déjà de la rousse flamboyante ? Cela fait quelques temps qu'il a cessé de lui poser des questions au sujet de la noble, heureusement. Faut-il qu'elle revienne aux mensonges, qu'elle lui annonce que la fille Dewig est décédée ? Lui parler de la Cabale n'est certainement pas une bonne idée pour l'instant, et s'il tient toujours autant à la jeune femme, qui sait ce qu'il serait capable de faire ?

    Alors après avoir demandé à Luz si elle peut la dépanner de quelques herbes pour ses potions, Zahria profite d'un moment seule avec Naë pour éclaircir une fois pour toute la chose. Elle pose une main amicale sur son bras, et un sourire doux sur son visage, avant de prendre la parole, d'un ton calme.

    « Ça va, Naë ? T'as pas l'air dans ton assiette aujourd'hui... Ça se passe bien avec Luz ? »

    A son air surpris, Zahria comprend tout de suite qu'elle n'a pas misé sur le bon cheval. Bon, quelque part, ça la rassure, ce n'est un problème de couple, et ses amis filent toujours le parfait amour. Tant mieux. Elle le questionne alors quelques minutes, insistant, lui offrant son assistance s'il s'agit d'un problème de travail qu'elle peut aider à arranger, mais il nie de la tête. Puis le nom maudit finit par sortir, et Zahria comprend qu'elle n'était pas si loin de la vérité finalement. Elle soupire, se détache de Naë et lui tourne le dos.

    « Elle est au courant, Luz, de l'amour que tu portes pour cette jeune femme ? Je ne peux pas te laisser continuer à te morfondre en attendant que je te donne des nouvelles d'un fantôme, alors que tu pourrais vivre une superbe histoire avec une femme en or ! Oublie Calia, Naë, elle a choisi une voie où tu ne peux la suivre. »

    ... Pas sans devenir l'ennemi de Zahria, tout du moins, et elle ne souhaite ça pour rien au monde. Elle s'apprête à enchaîner quand elle voit Luz revenir, d'un air sérieux. Mince, qu'a-t-elle entendu de leur conversation ? Zahria lève les mains en faisant un pas en arrière, se préparant à se justifier, à protéger le secret de Naë, mais elle n'a pas commencé à parler que déjà en face on lui coupe la parole. Alors Zahria écoute, car il n'y a que ça à faire, quand la vérité est sur le point d'être exposée...
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Sam 18 Avr 2020 - 12:35 #
    Perdue dans ses pensées, Luz fouillait sans réelle conscience ses tiroirs de réserves médicales. Accaparée par les dernières révélations de Naë’, elle peinait à lire les simples étiquettes de ses flacons ou à mettre un nom sur les herbes soigneusement emmaillotées pour leur conservation. Que lui avait demandé Zahria déjà… ? Elle dut faire un effort pour se reconnecter au temps présent. Allons, mieux valait profiter de la présence de sa colocataire, tel que le voulait le programme initial. Les moments de candeurs et de légèreté étaient rares pour eux ces derniers temps – et pas uniquement pour Naë’ et elle. Elle ne connaissait que trop bien l’état dans lequel le travail de l’espionne la mettait régulièrement… En tant que personne responsable et sociable de ce groupe, Luz se sentait en charge de la bonne humeur et des temps de récupération de chacun. Elle tâchait donc de prendre sur elle pour continuer à mener le troupeau d’un sourire vaillant et rassurant, Tout irait bien. Ce sourire devenait plus complexe à assumer lorsque son cerveau commençait à jongler entre deux affaires sordides, et que l’une d’entre elles touchait directement la personne à laquelle elle tenait le plus en ce monde…

    Nul doute qu’une séance de réflexion serait essentielle à la fin de cette journée. Il lui faudrait probablement recouvrir son bureau de papiers, de pistes, d’hypothèses et de réflexions sur le parcours de Calia Dewig. Elle ne mettait d’ordinaire jamais les pieds dans les affaires de Zahria. Ses dossiers étaient classifiés secrets défense et Luz était trop respectueuse de cet équilibre qui s’était dessiné entre elle et sa colocataire… Elle ne savait que trop bien que leur colocation n’était possible que grâce à sa propre discrétion à l’égard des activités de l’Ombre, et à son aptitude à ne pas poser de questions. Trop de questions, du moins. Et sans insistance lorsque Zah lui faisait les gros yeux. Quel groupuscule, quel crime, quelle pression politique pouvait pousser l’Ombre à détourner Naë’ de sa propre sœur ? Vu l’affection qu’elle lui portait, elle ne devait pas bloquer ses tentatives pour le simple plaisir de l’irriter.

    Ce n’est que lorsqu’elle manqua de faire tomber un précieux flacon de panacée que Luz se morigéna et se contraignit à cesser de réfléchir à tout cela. Elle rangea prestement ses tiroirs et noua les bouquets de plantes séchées réclamées à l’aide d’une ficelle et d’un torchon. Elle s’apprêtait à s’écarter lorsqu’elle aperçut une bouteille de whisky posée au coin de la réserve. Ah, oui. Elle avait tendance à se débarrasser des bouteilles dans cette pièce plus fraiche et abritée de la lumière. Elle haussa finalement les épaules, et s’empara de sa trouvaille. Elle n’avait encore jamais bu de whisky avec Zahria et Naë, cela ne pouvait pas faire de mal non… ? Peut-être que cela aiderait son lynx de compagnon à se détendre un tantinet…

    Elle remontait seulement lorsqu’une intonation de voix étouffée lui parvint. Curieuse par nature, mais sans chercher à se cacher pour autant, Luz surgit dans le salon armée de ses plantes et de sa bouteille de whisky. La tirade de Zahria prit à peu près consistance après le « morfondre », juste avant que la jeune femme ne s’aperçoive de la présence de la praticienne. Ah. Guère préparée à une scène tout droit sortie d’un roman d’adolescence, Luz mit un premier temps infini à réaliser qu’il s’agissait de Calia, et une autre longue seconde à identifier la teneur du quiproquo. Merde. Un brin paniquée, menteuse peu aguerrie, Luz opta pour la seule solution possible en cet instant : improviser et mettre son trouble sur une lente apparition de suspicion. Elle fronça les sourcils en un pli délicat et fit mine de chercher à comprendre ce qu’il se passait.

    En son for intérieur, elle récita une nuée d’excuses envers Naë’. Elle ne voyait pas d’autres manières de préserver son secret qu’en poursuivant le rôle que Zahria lui avait donné. Une note d’attendrissement la parcourut également, car sa délicieuse amie avait naturellement cherché à défendre ses intérêts. Et cela, c’était précieux dans une amitié ! Malheureusement, ce secret-ci ne dépendait pas de Luz, mais de son Aventurier. Ce n’était pas à elle de donner les clés de son existence à autrui, surtout pas lorsqu’il travaillait à préserver son identité actuelle depuis plus de dix ans.

    « Calia… ? répéta-t-elle, l’air de ne pas tout à fait comprendre. »

    Elle déporta son regard sur Naë’ et se composa une mine tout d’abord interrogatrice, puis soudainement un peu plus détendue.

    « Ah ! N’est-ce pas cette jeune femme dont tu m’as parlé la dernière fois ? »

    Elle vint poser la bouteille sur la petite table du salon pour se contraindre à retrouver du mouvement, briser le rythme de cette scène. Elle réfléchissait à toute allure. Luz n’était pas jalouse, surtout tant que le cœur de Naë’ lui restait destiné. Il ne serait guère logique qu’elle s’applique à créer une scène d’hystérie qui paraîtrait tout à fait superficielle.

    « Je crois que tu te méprends Zah’, il me semble que leur relation est un peu plus complexe. ... Je crois… ? »

    Elle retourna à Naë’ un regard qui se voulait cette fois-ci un peu plus inquiet. Allez, Luz, tu peux le faire, joue les anxieuse, imagine que ton couple est en danger. Ajouter un zeste de gêne en supplément… ? Après tout, Zahria se retrouvait prise dans une potentielle dispute de couple. La plupart des gens n’appréciaient pas de laver leur linge sale en publique. Et puis, cela passerait également comme quelqu’un tentant de se rassurer soi-même…

    « Nous sommes un couple assez… Libre, dirons-nous, tenta-t-elle de se justifier d’un léger sourire auprès de Zahria. Même si bien sûr, je donnerai ma vie pour cet homme. Je lui fais entièrement confiance. »

    Cette fois-ci, elle ne put restreindre le regard de passion enflammée qu’elle posa sur Naë’, le vert de ses prunelles embrasé d'une légère inflexion sulfureuse. A ton tour, mon cher lynx, je te laisse affronter l’Ombre…
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Mar 21 Avr 2020 - 12:04 #
    Où l’on apprend à manier l’épée et la cornemuse
    ─ avec Luz & Zah

    Perdu dans mes pensées c’est lorsque la main de Zahria touche mon bras que je capte enfin sa présence à mes côtés. Elle s’inquiète de ma léthargie. Bien que je ne sois pas un grand bavard, je suis habituellement plus énergique, la bonhomie marquant mes traits en sa présence. Mais pas aujourd’hui. Non, car ce jour est celui qui a vu naître ma petite sœur il y a 23 années.
    L’espionne insiste, je sens qu’elle souhaite réellement m’aider, en commençant par comprendre mon trouble. Je nie d’abord ses suppositions, je préfère me taire et profiter de ce moment. Puis elle continue, je m’entends lui citer les noms qui me rattachent à la seule piste pour retrouver Calia.
    Zahria garde contenance mais je vois bien à ses micro-expressions son ennui face à mes doutes. J’insiste, et l’espionne s’agace. Elle ne révèle rien, s’inquiétant plus encore pour son amie, Luz. Cette dernière arrive alors que Zah m’enjoint d’oublier Calia pour vivre pleinement mon histoire avec mon amante.

    Je vois à ton regard que tu ne sais sur qu’elle pied danser. Tu prends vite ton rôle d’actrice, tu te souviens, comme à notre rencontre avec les gardes ? Sauf que cette fois c’est face à ton amie et confidente. Et je sais qu’il t’en coûte de lui mentir. Si on y réfléchit, tu t’en sors plutôt bien car tu ne lui mens pas réellement. Ma relation avec Calia est bien plus complexe oui car elle est ma sœur. Nous sommes réellement un couple libre bien qu’éperdument attaché l’un à l’autre. Je ne t’en voudrais pas de prendre du bon temps de ton côté tant que je reste maître de ton bonheur. Et je sais que la réciproque est vraie aussi, bien que ton corps et ton esprit me suffisent amplement.
    Lorsque tu dis me faire entièrement confiance, ton regard s’embrase, si nous étions seuls je te sauterai probablement dessus à la seconde.
    Bien sûr, toutes ces vérités mises bout à bout semble en annoncer une autre, celle que Calia est mon amante, que tu es au courant et l’accepte. Toujours aussi fine ma Luz.

    Je sens le regard de l’Ombre me fixer, prête à en découdre pour protéger son amie. Je la remercie intérieurement d’ainsi prendre soin de Luz, je sais que les deux jeunes femmes veillent l’une sur l’autre et cela à quelque chose de rassurant. Je m’en vais chercher trois verres avant de les poser sur la table à côté du Whisky, les remplissant en suivant sans rien demander à quiconque. Une fuite qui me permet de rassembler mes esprits. Je me sens affreux d’infliger ça à Luz, plus encore de mentir ouvertement à Zahria maintenant qu’elle est devenue une camarade dont la présence devrait me réjouir. Calia m’a éloigné d’elle ces derniers temps, Calia m’a éloigné de tous …
    Je bois cul sec ce qui sera mon verre avant de mettre fin à cette mascarade.

    - Zahria, Calia est ma …

    Les yeux de Luz s’agrandissent, je sens presque son coeur accélérer au rythme du mien. L’attention de l’espionne est à son paroxysme, gardant le silence elle boit mes paroles, attendant la suite patiemment. Une suite que je n’arrive pas à sortir, les mots restent bloqués dans ma gorge.
    Ma mâchoire se contracte d’agacement, je détourne le regard. Et si tu apprenais Zahria que je ne suis pas Naëry Wig, mais un p*tain de Noble qui n’a pas assumé sa naissance ? Et si cette révélation t’obliger à me dénoncer à l’Ordre des aventuriers ? Et si tout cela m’amène à être confronté à mon père ? Je ne supporterai pas sa déception, car il n’en sera autrement. Je ne peux qu’imaginer la peine que je lui ai fait subir. A mes yeux ce n’est qu’un juste retour de bâton vis-à-vis de l’ignorance qu’il a fait vivre à ma sœur.

    - Calia m’a aidé dans une période compliquée de ma vie. Et rassure-toi, il n’y a que Luz qui a cette place si particulière dans mon cœur.

    J’attrape la main de mon amante pour la ramener contre moi, embrassant du bout des lèvres son front. Si on m’avait dit que je deviendrai si niais je vous aurais rit au nez !

    - J’ai gardé contact avec Calia, en toute … amitié. On se retrouve, on se donne des nouvelles. Nous ne sommes pas du même milieu tu sais.

    Je me ressers un verre, y trempe les lèvres avant de poursuivre.

    - Sauf que sa disparition m’inquiète, ça ne lui ressemble pas. Et le fait que tu me caches des informations m’alarme d’autant plus. Cette histoire pue, et moi je suis comme un lion en cage à attendre sans rien comprendre à ce qu’il se passe. Pourquoi me faire tant de cachotteries ? Ne me fais-tu pas confiance?

    Cette fois tu te laisses tomber sur le fauteuil derrière toi, excédée. Je viens de retourner la situation comme je l’ai pu, je crains cependant que tu reviennes à la charge d’une prouesse qui t’es propre. Tu n’es pas l’Ombre pour rien.
    Le silence s’installe, chacun à présent assis à ressasser cette scène. Le Whisky descend petit à petit, et son effet commence à se faire sentir. Il est sacrément bon et c’est presque un outrage de le boire ainsi sans le déguster plus encore. La brume d’alcool fait son effet, je glisse ma tête dans le cou de Luz pour lui glisser un « désolé » discret avant de déposer un baiser sous son oreille. Je sens son frisson de plaisir avant de me retirer. Je vais alors voir Zahria sur son fauteuil, me mettant à hauteur je lui prends la main pour la caresser machinalement, sans me rendre vraiment compte du geste que je fais.

    - Nous avons chacun nos raisons de nous taire, je te fais confiance Zahria, mais comprends que la situation me frustre. Je m’excuse et je te promets d’aller mieux.

    Je dépose un baiser sur le dos de sa main avant de vouloir retrouver ma place initiale. Mais une force m’en empêche, Zahria agrippe ma dextre, m’observant de ses intenses prunelles bleus azur.

    code ─ croquelune

    Zahria AhlyshOmbre
    Zahria Ahlysh
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    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Mer 29 Avr 2020 - 21:18 #
    Luz arrive, et il ne fait aucun doute qu'elle l'a entendue. Zahria se mord la lèvre, mais écoute, d'abord en silence, la justification de son amie. Il y a un trouble, une hésitation dans sa voix, et la brune ne la lâche pas du regard, cherchant à déterminer de quoi il s'agit. Il lui est dur d'imaginer que la belle rousse puisse s'avérer jalouse, et elle espère ne pas avoir semé le doute dans son esprit. Naë et Luz sont des amis chers pour Zahria, et elle n'a aucune envie de planter les graines de la discorde entre eux. Au contraire, elle souhaitait seulement pousser l'aventurier un peu plus loin dans les bras de la doctoresse. Luz annonce qu'ils sont un couple libre, et si ça n'étonne pas Zahria, il y a quelque chose qui ne cadre pas dans cette histoire. Les amants se regardent, et on peut lire la passion et l'amour qui les anime, mais alors quoi ? Quelle est cette ombre qui plane sur eux ? Elle est sur le point de prendre la parole quand Naë se sert un verre du whisky ramené par la rousse et que sa voix s'élève. Calia est sa... quoi ?

    Le regard de Zahria le presse de continuer à parler, mais un échange entre les deux amants semble tout changer. Naë détourne le regard, comme s'il s'apprêtait à mentir, et Zahria lâche un léger soupir. Elle a trop vu ce genre de réaction. Et elle ne peut pas être complètement honnête au sujet de Calia non plus, alors elle ne peut pas forcer Naë à dire tout ce qu'il sait, même si cela l'aiderait dans sa quête. Il essaye de la rassurer, d'être léger, mais la brune voit bien qu'il y a quelque chose d'autre. Ils sont tout proches, tous les deux, comme unis contre elle dans cette mascarade qu'ils essaient de monter, et si leurs petits gestes sont attendrissants, Zahria ne peut s'empêcher de réfléchir à comment leur faire sortir les vers du nez sans les brusquer ni se fâcher avec eux. D'agacement, elle se laisse tomber dans un fauteuil. Elle boirait bien un verre, elle aussi.

    Et quand après un baiser à sa douce, l'aventurier s'avance vers elle et que ses yeux dorés s'accrochent à elle, la traversant comme une flèche, le coeur de Zahria se met à battre plus vite. Comment peut-elle espérer lui faire entendre raison... Il prend sa main, dans une douceur qu'elle lui a déjà connu, dans d'autres circonstances, et ce contact trouble l'Ombre, qui se déconcentre pendant une seconde. Elle entend tout de même son excuse, et un léger frisson la parcourt quand il embrasse le dos de sa main. Il est sur le point de s'éloigner, mais par réflexe plus qu'autre chose, Zahria l'arrête. Ses yeux, bleus dans la lumière ambiante, sont fixés sur le visage de son ancien amant. Elle porte une main au visage du jeune homme, la posant doucement sa joue légèrement barbue, avant de prendre enfin la parole.

    « Vous savez tous les deux bien plus que vous ne devriez à mon sujet, et je vous fais confiance sur un tas de choses. Vous m'êtes précieux et je ne souhaite que votre bonheur. Je vois bien que vous me cachez quelque chose, et j'espère que vous en viendrez à me le confier de vous-même, au nom de cette confiance que je vous accorde. Et je suis désolée de ne pas tout pouvoir te dire, Naë, mais comprend bien que ce n'est que pour ton bien. »

    La pulpe de sa dextre dessine une fine caresse sur l'arête de la mâchoire du jeune homme, avant de le lâcher en lui offrant un doux sourire. Elle se lève en même temps que lui, puis le prend dans ses bras, croisant ses mains dans son dos. Tout contre son torse, elle reprend dans un souffle.

    « Je n'aurais pas tenu l'épreuve qui s'est présentée à moi ces dernières lunes sans l'aide de Luz. Elle m'a accueillie, a soigné mon coeur, m'a accompagnée comme elle le pouvait dans ma traque, a gardé mon familier pendant les longues nuits que j'ai passé à vadrouiller... Je t'aime aussi, Naë, mais si tu t'avisais de lui faire du mal, rien ne pourrait arrêter mon courroux... »

    Elle se détache enfin de lui, puis lui sourit, exprimant ainsi le contraire de ce qu'elle vient de dire: elle leur fait entièrement confiance pour compter l'un sur l'autre, comme ils le font en ce moment dans leur mensonge. Mais le moment n'est pas à la zizanie, et elle est trop contente de les savoir unis pour oser rompre cet instant. Elle reviendra à la charge sur le sujet de Calia, plus tard, un autre jour. En attendant, il y a un whisky qui ne demande qu'à être goûté...
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Dim 3 Mai 2020 - 19:25 #
    Luz avait repris son souffle, par trop inquiète d’assister à un déchirement qu’elle n’aurait su gérer. Si Naë’ et Zahria venaient à se détester, cela aurait dressé sur son monde une ombre considérable… Incapable de prendre parti pour l’un ou pour l’autre, coincée dans son état d’individu neutre, elle ne savait que trop bien combien ils avaient tous deux de précieux secrets à conserver. Elle qui se tenait à la lisière de leurs orbites respectifs, les observait d’autant mieux sous le filtre de sa conscience aimante. Elle s’était servie un verre de whisky pour soulager son angoisse subite, ne s’étant guère préparée à gérer une situation de cet acabit dès aujourd’hui. Le liquide abrasif avait dévalé sa gorge et la praticienne en ressentait d’ores et déjà les bienfaits.

    Un fin filet de lumière perçait des fenêtres, un rai de poussières chatoyant qui tapissait la peau de Zahria de soie solaire. Tout contre Naë’, ce velours caramel se mêlait à la peau plus blanche de l’Aventurier. Elle entrapercevait l’éclat de leurs yeux dans ce clair-obscur filé d’ombres. Un bleu d’azur parsemé d’un éclat gris noisette dans le regard de « la fille chocolat », et le mordoré si caractéristique de Naëry lorsqu’il la couvait des yeux – un quelque chose proche du miel brûlant. Sa langue pointa sur sa lèvre inférieure tandis qu’elle les regardait, tapie à l’orée de la petite cuisine comme quelque félin scrutateur. Elle sut précisément en cet instant qu’elle ne saurait plus jamais alors se lasser de ce tableau. Ce double corps incarné par deux êtres si intimement précieux qu’ils ne cessaient de la défendre et de la protéger malgré tous les non-dits et les incertitudes. Le dévouement de Zahria et la tendresse de Naëry se fichèrent dans la voilure rêveuse de son regard, et elle papillonna un bref instant des yeux avant de prendre sa décision définitive. Un spectacle si cru, si parfait dans la lueur du jour, se devait d’être croqué d’une bien plus jolie manière qu’en public silencieux.

    Elle posa son verre sur la table basse tandis qu’elle s’approchait d’un pas souple. Son regard confiant se posa tout d’abord sur Naë’ qu’elle vint ébouriffer d’une main tendre et aimante. Il n’y avait probablement qu’une seule manière de les remercier. Sa dextre frôla la joue de Zahria, s’aventura dans sa chevelure brune et sauvage pour en repousser les mèches folles derrière son épaule. Son index vint caresser la pulpe de ses lèvres et c’est avec une douceur consommée qu’elle l’embrassa tout d’abord. La scène lui rappela brièvement cette ancienne soirée, et plus récemment encore la traque effrénée qu’avait mené Zahria pour retrouver Vrenn. Là, son front posé contre le sien, son murmure ne fut plus qu’un chuchotement ouaté :

    « Je n’aurais pu rêver amie plus proche. Nous ne décevrons pas ta confiance. »

    Sur ses propos sibyllins, elle recula légèrement et pencha la tête de côté à la manière d’un animal interrogateur. Quelques mèches flammes glissèrent d’un même mouvement, et ses prunelles vinrent entièrement s’ancrer dans le regard doré de son amant. Un échange silencieux, une note musicale vibrante qui coula entre eux comme une symphonie maintes fois répétée, si connue d’eux qu’ils pouvaient en fredonner les airs les yeux fermés. Un semi sourire matois étira ses lèvres d’un rouge saisissant, et une nuance plus électrisée longea la tenture de ses longs cils sombres. Voilà bien une partition qu’elle désirait jouer en toute connivence avec lui. Un tintement délicat tout d’abord, tandis qu’ils glisseraient les doigts sur les cordes familières de leurs corps instruments… Et peut-être une concordance de sons inédite, un assemblage somptueux de notes lorsqu’il s’agissait de mêler la cornemuse aux basses plus souples de son Lynx ?

    Cela te plairait-il, mon tendre Aventurier ?

    Tout, pourvu que cela puisse le satisfaire ! La main tendue vers lui, elle lui murmurait son désir de se plier à ses plaisirs. Un chef d’orchestre et maître d’ouvrage ne saurait négliger la qualité du nouvel instrument qui leur était présenté. Eux qui avaient tous deux connus le goût et la musicalité de Zahria, ne pouvaient décemment se détourner de ce joyau savoureux sans le regretter plus tard. Naë’ accepterait-il de l’accompagner dans cette exploration exquise du genre musical ? Un jeu à trois voix, pourvu qu’Aryon les laisse encore en paix… Ce geste dessiné par Luz à travers l’espace n'avait d'autre but que d'inscrire définitivement ce moment dans le temps afin d'en conserver la trace. Une après-midi heureuse, où aucune fausse note délavée de pluie et de larmes ne viendrait émailler la finesse de leur concerto. Quant aux gammes de Fa majeur, il y avait là des glaçons dans leur verre dont elle pensait tout à fait pouvoir tirer quelques tonalités arrangeantes… Elle se mordit suavement la lèvre inférieure, une nuée de tactiques peu recommandables effleurant d'ores et déjà son esprit et picotant sa peau de quelques espoirs enflammés et chamarrés.
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Lun 11 Mai 2020 - 23:12 #
    Où l’on apprend à manier l’épée et la cornemuse
    ─ avec Luz & Zah

    Une volupté enivrante emprunt de douceur s’attarde sur la scène. Une pause dans le temps corps et esprits se figent durant ces secondes si précieuses de nos relations mutuelles. Une bulle de certitudes nous lie comme un pacte de sang silencieux. La certitude que nous serons là les uns pour les autres, quelque soit les épreuves et les secrets. Le lien qui nous réunit Luz et moi est promesse de cette amitié triangulaire. Zahria le confirme, un pas à l’encontre de sa protégée et je ne donnerai pas cher de ma peau. N’aies crainte chère Ombre, comment oserai-je briser mon second souffle ? Je ne crois pas au coup de foudre, je n’y croyais pas. Jusqu’à ce qu’il me foudroie, dans toute sa dangerosité.
    Le courant passe si bien, n’oublions pas que l’électricité reste incontrôlable, un électron libre que je ne veux emprisonner, aussi dorée soit la cage. Non. Personne ne peut appartenir à quiconque, nous ne dépendons que de nous-même. Ton bonheur est mien, et il ne pourra s’épanouir qu’en laissant la liberté posséder chaque geste, chaque pensée qui t’animent.

    Un baiser reconnaissant d’une Flamme pour une Ombre, un contraste saisissant d’antagonisme, une aquarelle harmonieusement conflictuelle. L’une révèle l’autre, l’autre inspire l’une. Je reste admiratif, loin de cette complicité lumineuse, car oui, il est bien là l’élément qui les jumelle. Et l’air vibre d’une tendre mélopée, une première note qui se prolonge, invitant les autres à la rejoindre, hésitante.

    Une main se tend à mon égard, ton regard émeraude me fixe de tous ses éclats dont je connais chaque sens. Tu me questionnes sans un mot, à quoi bon, tes prunelles parlent pour toi. Je ne réagis pas, comme ankylosé, engourdi par un spectacle si prometteur. A moins que ça ne soit les vapeurs de l’alcool qui endorment mes instincts ? Comme mu par un appel d’urgence mon corps se mouve, répondant à ton invitation. Je me glisse à tes côtés, laissant mes doigts glisser sur les cordes musicales de ton corps, les faisant vibrer d’un son raisonnant appelant ta jumelle à nous rejoindre. Comment pourrais-je te refuser cette symphonie ? Un cadeau mutuel que nous sommes prêts à nous offrir. Reste à savoir si l’Ombre aime l’orchestre que nous pourrions former ?

    A mon tour mon bras s’allonge pour épouser les reins de la musette au regard azur. Viens avec nous Zahria, contre nous. Mes lèvres se posent sur le bois de cette cornemuse pour y insuffler un souffle de désir. Très vite nos échanges timides prennent en assurance pour en oublier les notes parfois discordantes de ce début de concerto. Les gestes retrouvent de leur expertise, les doigts glissent, pressent, s’ajustent à ce troisième instrument que chacun de nous représente pour le binôme qui lui fait face. Ou dos, selon les secondes qui s’écoulent d’une sensuelle lenteur. Nous harmonisons nos instruments et la mélodie qui en découle n’en est que plus délicieuse.

    Pour en apprécier encore plus les sonorités je m’éloigne, vous laissant jouer de ce duo que vous appréciez tant. Pas besoin de chef d’orchestre, chacun s’écoute pour complaire la symphonie des autres. Une pause prolongée m’invite à nouveau dans ce concert aux notes étonnantes. Mon souffle chaud rajoute ce son grave qui accélère le battements des cœurs. Une basse discrète qui s’accorde à merveille aux chants de vos corps.

    Plus qu’un refrain, un poème :
    Récit d’eau
    Récit las
    L’amie dorée
    L’âme isolée
    S’y mire effarée.
    L’art est docile à l’amie,
    facile à dorer.

    Et la cornemuse reprend de plus belle pour accompagner cette ode enflammée.

    code ─ croquelune

    Zahria AhlyshOmbre
    Zahria Ahlysh
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    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Mar 19 Mai 2020 - 22:22 #


    Le pas sensuel de Luz qui s'avance, sa douce main dans ses cheveux, et Zahria frisonne. Les souffles se mêlent, les lèvres se pressent, et elle accepte ce remerciement. Une main métissée parcourt par réflexe le dos de la rousse, avant qu'elles ne se séparent et que le Lynx soit invité dans ce tango à trois. Prédatrice avisée, Luz ouvre la danse pour ses proies consentantes, avant que la main tendue de Naë ne fasse rejoindre ce ballet improvisé à une Zahria conquise.

    Le violon entame sa lente agonie, l'archet caressant suavement les cordes dans un frottement d'abord erratique, puis gagnant petit à petit en confiance au fur et à mesure que le bois de l'instrument se réchauffe, pour en tirer des notes mélodieuses. Un luth commence à pianoter, donnant le rythme à cette douce symphonie, les doigts parcourent les courbes, les langues se délient. Le prélude s'achève alors que les musiciens quittent les coulisses pour entrer en scène dans la chambre, et le bruissement des vêtements qu'on effeuille résonne comme un battement sourd.

    L'instrument à six mains, accordéon ou bien cornemuse, se laisse entendre à travers toute la salle de spectacle, alors que lentement, doucement, le chef d'orchestre, de son geste habile, dirige sa compagnie, entamant le changement de rythme qui mène au mouvement central, intense et profond, que l'on peut sentir jusqu'au plus profond de notre coeur, et qui donne la chair de poule. Et dans toute la sensualité et la volupté de ce terzetto aux sonorités si accordées, dans toute la lenteur des gestes des musiciens, découvrant et redécouvrant des instruments déjà si familiers, qu'ils mènent peu à peu vers le climax de la mélodie, avant de conduire la symphonie jusqu'à son extase.

    Et alors que les souffles sont repris, que les musiciens cajolent les instruments épuisés, l'espoir d'une nouvelle mélodie se lève, et l'orchestre reprend de plus belle, comme s'il n'y avait plus rien d'autre, que le monde autour n'existait plus, que ce moment de musique et de danse n'était que le dernier soupir avant la petite mort. Les corps se mêlent et s'entremêlent, les peaux nues des tambour aux tonalités diverses, et jamais aucun des solistes ne semble jouer faux, comme s'ils avaient atteint une harmonie bénie. La nuit se passe, alors que jamais l'orchestre ne fatigue, tenant concert tant que la lune danse avec les étoiles, pour ne finalement trouver le repos qu'à son zénith, les uns contre les autres, les doigts entremêlés et les corps enlacés, ne formant plus qu'un.

    Faut-il qu'un rayon de soleil viennent perturber ce fragile équilibre, cette tierce majeure à la consonance si douce, pour briser enfin le rêve et ramener les trois amis dans le monde réel. Un ultime baiser, comme une promesse, celle d'un avenir radieux, celle d'une soirée inoubliable. Celle d'une sensualité jamais égalée, et l'accord tacite d'une alliance inébranlable scellée durant la nuit, comme un pacte entre ses protagonistes. Repus et sereins, tout ce qui a été tu est oublié, pardonné; tout ce qui a été dit et fait est cristallisé. Dans une caresse, ils se séparent enfin, pour se retrouver dans les coulisses, quelque drap posé sur des épaules qui ne demandent qu'à être embrassées, l'odeur fumante du café torréfié réveillant les papilles et les sens encore embourbés de nos instrumentistes.

    Passant un doigt endormi sur les lèvres de l'un, puis l'autre, Zahria prononce les premiers mots dans un souffle, dans un sourire: « Nous sommes beaux. »

    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Ven 5 Juin 2020 - 12:17 #
    Luz s’était éveillée dans la tiédeur de la matinée, de prime abord désorientée. Elle ne s’en inquiéta guère, car son corps exprimait la langueur agréable d’une fatigue physique bienfaitrice. Elle se sentait en sécurité, protégée, et environnée des meilleures âmes que ce monde ait pu confectionner… Non, elle n’avait décemment aucune raison de regretter les troubles fumées de son esprit et de chercher à les précipiter en se heurtant de force à la réalité du monde. Elle s’éveilla pleinement en papillonnant des paupières à l’odeur du café chaud, et roula sur le flanc dans un doux soupir apaisé. Elle chassa tout à fait les draps qui s’étaient empêtrés contre son corps et avisa les visages de Naëry et de Zahria qui lui renvoyaient sa propre bonne humeur. Elle se redressa, s’étira comme un chat au long dos creusé, ses reins dérobés d’une courbe féline. Zahria leur tendit à tous deux une tasse de café fumante, bienvenue en ce lendemain difficile. Déposant le contenant sur la table avoisinante, Luz salua Naëry d’un fugace baiser et, mutine, se faufila d’un bond jusqu’à la salle d’eau :

    « Première au bain ! »

    Elle ne fut pas mécontente de sentir l’eau chaude couler sur sa peau frottée de rougeurs pour la débarrasser tout à fait des élans de la nuit. Elle secoua son ample chevelure pour en chasser les dernières gouttelettes suspendues, écoutant d’une oreille distraite les voix graves et voilées de Naëry et Zahria qui discutaient dans la pièce d’à côté. Ses propres intonations s’étaient quelque peu ébréchées, car sa voix s’était rouée de soupirs durant la nuit… Fort heureusement, elle n’avait pas de rendez-vous prévus aujourd’hui. Elle espérait pouvoir consacrer cette journée à un repos appréciable ainsi que peut-être à une visite immobilière ou deux… Tout dépendait de l’emploi du temps de Zahria qui n’était pas connue pour lambiner au quotidien. Ah que le métier de Maître Espion devait être pénible…

    Lorsqu’elle les rejoignit enfin, Luz s’était revêtue d’une simple tunique blanche qui effleurait ses cuisses et tenait entre ses mains un écrin de velours ouaté. Un sourire paisible glissa sur ses lèvres, un brin démentit par son air pleinement sérieux à présent. Au regard interrogateur qu’ils lui retournèrent tous deux, elle se plaça devant Naëry et amorça l’esquisse d’une explication :

    « J’aimerais faire cela en ta présence, Zahria. Cela me semble important, car tu es la meilleure amie que j’ai toujours espéré avoir… Je n’imagine pas de témoin plus adéquat que toi. »

    Elle passa doucement une main sur son bras en témoignage de son propos, et se tourna vers son cher Aventurier. Lui qui était si fin observateur n’avait pas manqué d’analyser son visage. S’il avait compris que rien de grave ne se produisait, sa posture présentait tous les signes d’une curiosité croissante. Luz remit de deux doigts habiles derrière une oreille les longues mèches flammes qui lui chatouillaient la joue, et s’agenouilla devant Naëry. Son Naëry. Un homme dont elle s’étonnait chaque jour de la présence à ses côtés, un homme qui avait hanté ses nuits depuis son adolescence et qui n’avait jamais cessé d’embraser ses jours. Un homme qu’elle ne désirait plus perdre, par tous les moyens en sa possession, et dont l’existence était plus importante que la sienne ou celle du reste du monde. Son précédent décès l’avait marquée à tout jamais d’une hantise douloureuse qu’elle s’était jurée de combattre et de rouer de coups jusqu’à son dernier souffle : nul ne poserait plus jamais un seul doigt sur Naëry, et elle comptait pleinement s’en assurer. Il demeurerait sauf. Peu importe le coin de continent au sein duquel il se trouverait à l’avenir.

    « Naë’… J’aimerais t’offrir ceci. »

    Elle dévoila le contenu de ses mains, ouvrit l’écrin de velours dans ses paumes. La pierre de lien leur renvoya la lueur fugace du soleil sur sa surface mate. Elle délogea de ses doigts d’hirondelle l’un des deux fragments, attrapa délicatement la dextre de Naëry et vint y déposer l’objet minéral.

    « Les deux fragments de cette pierre de lien sont liés. Où que tu sois dans le monde, je saurai te retrouver. Je ne veux plus m’inquiéter de savoir si ma famille est en sécurité, car vous l’êtes pour moi. Des membres de ma famille. »

    Ses prunelles d’un vert chatoyant se parèrent d’étincelles. L’émotion couvrait sa voix d’une tonalité fébrile, mais ses propos avaient toute l’ampleur d’une conviction profonde et d’un attachement irrévocable. Elle sentit que cet aveu comportait d’autant plus d’importance que Zahria était présente, témoin de cet instant et gage absolu de sa sincérité. Ce n’était plus là une parole qu’elle glissait au creux de son oreille dans le silence de la nuit, à demi assumée, mais bien l’entièreté d’un cri cinglé au visage de l’univers :

    « Je t’aime, Naëry. Je ne sais plus comment je me retrouve capable d’aimer autant. Mais quoiqu’il t’arrive à l’avenir, je veux en être si tu m’acceptes à tes côtés. Pour les bons et les mauvais moments, et pour tout ce que nous devrons affronter jusqu’au crépuscule de nos vieux jours. »
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Jeu 11 Juin 2020 - 9:40 #
    Où l’on apprend à manier l’épée et la cornemuse
    ─ avec Luz & Zah

    Les premières lueurs du jour caressent nos visages endormis. La chaleur des corps à mes côtés me rappelle la réalité de cette douce nuit aux mélodies tumultueuses. J’ouvre un œil pour y découvrir les mèches de feu entourant le visage paisible de ma belle Luz. Tournant la tête, j’y découvre la bienveillance de Zahria qui nous observe. Je lui souris tendrement tandis qu’une douce odeur de café vient éveiller nos papilles. Est-ce cette dernière qui a raison des dernières secondes de sommeil de ma douce ?
    La féline médecin se mouve, s’étire, et s’éveille à son tour, je vois à son premier regard sa désorientation jusqu’à se qu’il se raccroche à nous tel à une ancre en pleine mer. Et déjà sa bonhomie transcende son visage très vite rattrapée par ses humeurs mutines. Elle file se rafraîchir tandis que je sirote le café fraîchement torréfié par la troisième membre de notre trio nocturne.

    Zahria et moi apprécions le silence de la chambre avant que sa voix n’en vienne troubler la constance. D’un geste, elle me caresse la joue.

    - Tu es l’amant dont je n’aurais pu tant espérer pour Luz.

    Je lui souris, nulle réponse est attendue. La métisse poursuit.

    - Même si elle ne m’exprime pas tout ce qu’elle ressent pour toi, son regard ne peut le cacher Naë. Et je vois cette même étincelle dans ton regard lorsque tu l’aperçois. Vous êtes beaux tous les deux.

    Je sens un message entre les mots de la brune, je ne sais exactement où elle veut en venir. Qu’est-ce qui t’inquiète Zahria ? Je tente de te rassurer sans réellement connaître le trouble qui s’insinue en toi.

    - Luz est merveilleuse, tu n’es plus sans savoir notre passé commun. Rassure-toi, je ne compte plus disparaître.

    Comme une confidence, je baisse le timbre de ma voix. Zah est la seule personne à qui j’exprime mes sentiments si profond pour Luz, à cette instant elle devient confidente de mon coeur.

    - Je n’ai jamais aimé comme je l’aime, je crois, non, je suis certain que mon cœur lui a toujours appartenu. C’est insensé, peut-être nié, je l’aime plus que tout. Je ne permettrais pas qu’elle souffre d’aucune façon. Et je crois que nous sommes deux dans ce cas. Je compte bien sur toi pour me remettre sur le droit chemin si je dérive. Et si c’est le cas, c’est qu’une affection obscure s’est emparée de moi, je le crains.

    Je prends délicatement la main à la peau mate dans la mienne, le contraste en est saisissant.

    - Au delà de l’amour que je porte pour Luz, je vous ai vous. Toi Zahria. Mais aussi Carci, Calixte … Vous êtes la famille que j’ai choisi, je ne peux décemment pas vous abandonner. Je serai là pour vous comme pour elle.

    Un baiser sur son front et la porte de la salle d’eau se ré-ouvre sur une Luz des plus sensuelle. Son regard est intense, quelque chose se passe dans son esprit et nous n’allons pas tarder à savoir ce qu’il en est. Incrédule, je la vois s’agenouiller devant moi, un écrin entre les mains. Curieux mais patient, je la laisse s’exprimer. Alors une pierre de lien se dévoile à mes yeux, plus précieuse que la richesse d’une bourse. Car c’est celle de son cœur qu’elle me présente, et l’émotion palpable de ses mots me touchent au plus profond de mon être. Je m’agenouille à mon tour en face d’elle, le silence de mes lèvres ne traduisant que la symbiose de mes sentiments pour cette femme à la crinière de feu. Alors, témoin de nos vœux, Zahria devient la gardienne de notre amour indéfectible, garde-mémoire de cette scène onirique qui scelle cette bulle de quiétude qui nous préserve depuis la veille.

    Un trouble bien plus profond me transperce, les mots de Luz finissent d’éclater la carapace de mon cœur et d’une longue inspiration j’empêche une larme de bonheur de naître au coin de mon œil de lynx. Mes mots ne seront pas aussi beaux que ceux de ma belle, alors j’exprime tout mon amour dans ce baiser au goût unique de la promesse que je te fais, celle d’être toujours à tes côtés, de t’aimer un peu plus chaque jour, de faire ton bonheur, de veiller sur toi.

    - Pour le meilleur et pour le pire

    Glissé-je dans un murmure à ton oreille, enlaçant mes doigts aux tiens, les pierres de lien au creux de nos paumes.


    code ─ croquelune

    Zahria AhlyshOmbre
    Zahria Ahlysh
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    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
    Jeu 2 Juil 2020 - 16:12 #


    Une larme échappe à Zahria, alors que ces précieux amis font d'elle le témoin du profond amour qu'ils se portent l'un à l'autre, après l'avoir invité dans leur intimité et partagé avec elle tous les secrets de leurs instruments. Et quand son doigt, fébrile, vient cueillir la gouttelette au coin de son oeil, la commissure de ses lèvres se soulève dans un sourire rayonnant de joie, et elle sait que ce moment restera gravé dans sa mémoire pour les années à venir, comme celui d'un magnifique moment de bonheur, celui d'une étreinte gravée au fond de son coeur, un réconfort à aller pêcher pour se redonner de l'espoir dans les instants les plus sombres de son existence.

    Et si Zahria est loin de s'imaginer à quel point sa vie va s'obscurcir bientôt, elle apprendra bien vite que ce souvenir aura effectivement le pouvoir de toujours allumer une étincelle au milieu des ténèbres, et la vue de la chevelure rousse cascadant sur la peau hâlée de l'aventurier alors qu'ils tombent dans les bras l'un de l'autre sera à toujours une prise à laquelle se raccrocher dans la descende fulgurante aux enfers qu'elle va connaître d'ici peu.

    Au-delà de ça, pour la première fois, Zahria pourrait presque ressentir une pointe de jalousie. Pas pour Luz ou pour Naëry, d'avoir avec eux une personne formidable, car jamais elle ne les imaginerait avec quelqu'un d'autre que l'âme soeur qu'ils ont trouvé, mais pour le couple qu'il forme, et l'amour qu'il se partage. Eternelle solitaire après quelques déceptions et la constatation que son métier ne lui a jamais permis d'être complètement honnête et se consacrer à quelqu'un, papillon voletant au gré des aventures éphémères et des romances fugaces, Zahria sent pointer en son coeur une envie, un désir, un vide à combler, un besoin d'aimer, une faim d'être aimée, d'avoir pour elle que ces meilleurs amis ont su trouver pour eux.

    Fermant son corps et son coeur à ces lubies inassouvissables, Zahria embrasse chacun de ses deux amants sur le front, puis, sans un bruit, les laissant profiter de leur déclarations embrasées soufflées dans le creux d'une oreille gourmande, disparaît, comme une Ombre au soleil levé.

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    Re: Où l'on apprend à manier l'épée et la cornemuse
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