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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Arrestation inattendue
    InvitéInvité
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    Arrestation inattendue
    Lun 17 Fév 2020 - 22:36 #
    " Et on presse le pas soldats, on nous attend sur les lieux de l'incident."


    La lune flamboyait dans un ciel noir d'encre, parsemé par endroit de tâches lumineuses qui formaient des tracés plus ou moins réguliers, ce qu'on avait l'habitude d'appeler constellations, et attiraient les plus rêveurs des hommes dans leur filet, les perdant à tout jamais dans une contemplation infinie du monde, les plongeant dans des pensées mélancoliques entrecoupées de longs soupirs langoureux. Les longues rues du Grand-Port étaient illuminées ça et là, au gré des tavernes, des échoppes, des lieux de perdition et de jeux, faisant face à des maisons aux volets clos qui, bien loties dans leur monde d'innocence, dormaient tranquillement sans se soucier de l'extérieur - douce vie qu'elles menaient, loin de la foule, loin de la houle. Des bruits de pas pressés réveillaient pourtant quelques pauvres petites âmes qui cherchaient sans cesse à atteindre le sommeil, à s'engouffrer dans des rêves toujours plus doux - ou des cauchemars toujours plus tourmentés - pour échapper, ne serait-ce que quelques heures, à cette pensante réalité, ce couvercle qui nous recouvre la tête, nous abaisse et nous condamne, un peu plus chaque jour, à ces activités aliénantes, si bruyantes, si inutiles, si distrayantes. Ils devaient être bien dix hommes et femmes à marcher, d'un pas ferme, d'un pas rapide, d'un pas décidé, prêts à réaliser leur devoir, ce pour quoi ils ont été formé ; la tête haute, les yeux fixes, les bras rigides le long du corps, tous là, serrés, en un rang parfaitement aligné. Par moment, des têtes surgissaient aux fenêtres que les volets ne venaient pas encore aveugler, des petites têtes curieuses, aux regards interrogatifs qui ne savaient que penser d'un tel défilé, fallait-il se rassurer ou être inquiet ? La Garde veillait, voilà tout ce qui comptait. Les clients, déjà assez éméchés, la langue bien pendue, de cette petite taverne au coin de la rue voyaient passer les dix soldats, en posaient leur chope - bien souvent à côté de celles déjà vides, cadavres vitreux, preuves d'une soirée bien avancée - et les questions fusaient entre tous, les paris étaient lancés, certains voulaient même s'en aller pour les suivre, en savoir plus et n'en retirer rien d'autre que ce sentiment d'une curiosité morbide satisfaite qui ne comblera pas leur vide - pas plus que ne le fera leur boisson. De tout ce spectacle, de toutes ces pensées, Emeor Calyx n'en avait que faire.


    Les dernières informations reçues avaient été claires. Les décisions les ont suivi, en parfaite concordance : il fallait agir, ne pas laisser les choses dégénérer mais surtout, faire régner l'ordre. La situation est, au demeurant, on ne peut plus simple : une rixe avait éclatée dans une grande taverne non loin des quais, un peu excentrée, ayant bâtie sa réputation sur de l'alcool de qualité et quelques marchandises de contrebande. L'occasion était trop belle pour le Lieutenant. Il pouvait, avec l'aide de ses neufs hommes, mettre un terme à toutes ces actions, à tous ces actes illicites qui nuisaient à la population avec la prolifération incessante de malfrats - bien qu'ils restent souvent sans grande envergure, sans ambition mais surtout sans compétence. En cette soirée, la Justice marchait d'un pas solennel et impérieux dans les rues de Grand-Port, prête à frapper. Le petit bataillon d'hommes, armés d'épées et couverts d'armures légères - qui leur laissaient la possibilité de faire d'amples mouvements habiles et précis -, arrivait d'un pas lourd devant la taverne. Des cris se répandaient dans la rue, des éclats de verre gisaient au sol, un homme se tenait la mâchoire et tentait de se relever en s'appuyant tant bien que mal sur un tonneau qui, malheureusement pour lui, vacilla et fit tomber son compagnon de fortune. Emeor soupira. Il passe rapidement devant l'homme. Des vitres étaient brisées, laissant apercevoir le chaos intérieur - qui s'était répandu tel un fléau à l'extérieur de la taverne ; des hommes lançaient des chaises en hurlant au ciel - malgré le bas plafond- des injures, d'autres, plus conventionnels il faut croire, se battaient à un main nue, le cri de l'un d'eux fit comprendre que les dents pouvaient tout aussi bien servir d'armes. La porte était, tout naturellement grande ouverte. "Au bon vivant ! Taverne et Auberge". Quelle ironie.

    " On agit rapidement, sans violence. Vous savez maîtrisez et neutralisez les gens. Ils sont à peine plus nombreux que nous. Je dirai une quinzaine à vue d'oeil, sachant que certains sont déjà... En état d'ébriété avancé. Je monte dans les chambres. Soldats, c'est le moment de mettre un terme aux actes illicites qui ont lieu ici, je compte sur vous, la population compte sur vous. "


    Les formalités passées, Emeor franchit le seuil d'entrée. L'enfer : la chaleur insoutenable, le bruit assourdissant, le sol visqueux, le spectacle affligeant. Il eut fallu peu de temps aux clients pour voir l'arrivée de La Garde. Certains tentèrent de fuir. Le Lieutenant pressait le pas, le voilà déjà montant les escaliers. Il avait confiance en ses soldats, forts, bien entraînés. De nombreuses portes étaient fermées, les très chers contrebandiers devaient s'y terrer, sans nul doute. L’œil aiguisé et vif, Emeor parcourra l'ensemble du couloir rapidement, il ne devait pas perdre de temps. Il ouvrit les portes : des chambres vides. Le vacarme semblait cesser au rez-de-chaussé. La Garde tenait l'établissement. Et lui, Emeor, tenait, dans cette petite chambre - qui ne devait pas coûter bien cher bien qu'elle semble apporter un confort agréable - un jeune homme blond, à l'accoutrement étrange. L'action avant tout. Les questions après.

    " La Garde réquisitionne cet endroit pour cause de rixe violente, de tapage nocturne (mais cela va de soi) et d'actes illicites. Je somme de vous rendre. Vous serez interrogé en temps et en heure puis relâché si aucune preuve n'est retenue contre vous. Vos mains et je vous accompagne au rez-de-chaussé. "
    InvitéInvité
    Anonymous
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    Re: Arrestation inattendue
    Mer 19 Fév 2020 - 12:12 #
    *Au bon vivant! Taverne et Auberge… *Charmant, en espérant qu’il leur reste une chambre convenable.*

    Le pas lourd, épuisé par un voyage de plusieurs jours sans une nuit de repos correcte, Eivar avait à peine franchit l’immense porte de la ville marchande au moment ou son corps entier lui fit comprendre qu’il n’irait pas plus loin. Suivant les ruelles les plus éclairées, il avait fini par atteindre les quais, qui tenaient largement leur réputation d’animation touristique, même à une heure aussi avancée. Le jeune homme s’était d’ailleurs presque fait embarqué dans ce qui semblait être une petite fête locale, où la liqueur coulait tant à flot que tout passant était le bienvenue pour aider à vider les fûts. Et bien que n’étant pas du genre à refuser un verre, ses mollets tremblotants le poussèrent à décliner aimablement, avant de s’en retourner vers une rue adjacente.

    C’était là qu’il avait finit par tomber sur un établissement plus que respectable au premier abord : le rez-de-chaussé avait tout ce qu’on pourrait attendre d’une taverne chaleureuse, plusieurs tablées de clients plus ou moins bruyants, tantôt jouant aux cartes, tantôt réinventant simplement le monde, le tout une choppe à la main. Assis au bar, trois hommes solides - des marins sûrement, aux vues de leur accoutrement – semblaient des habitués de la boutique, leurs voix portant bien au dessus du lot, plaisantant avec le tenancier comme avec un compagnon d’équipage. Au fond de la pièce, deux jeunes femmes, tentaient tant bien que mal de faire entendre un chant mélodieux au milieu de ce joyeux brouhaha.


    En franchissant le seuil de l’établissement, quelques regards se tournèrent vers lui, étrangement méfiants, faisant taire quelques conversations… Mais Eivar n’en tint pas plus compte que ça, et se dirigea simplement vers l’aubergiste, qui le fixait d’un air interrogatif.


    - Je sais qu’il est un peu tard pour ça, mais vous feriez un heureux en m’annonçant qu’il vous reste une chambre pour la nuit.


    Le jeune homme avait à peine eu le temps de ponctuer sa phrases que déjà toutes les conversations avaient repris de bon cœur. Même les traits de l’homme qui lui faisait face semblaient plus serein, et avec un grand sourire et un accent assez typique du coin, il lui répondit qu’en cette saison les clients venaient plus pour la boisson que pour les lits. C’est ainsi qu’il lui proposa sa chambre la plus prestigieuse à un prix cassé, puisque dans tous les cas, c’était de l’argent gagné pour lui. L’occasion était trop belle pour passer à côté, et après avoir échangé une poignée de cristaux contre une clé en cuivre, il prit la direction des escaliers, suivant les indications qui lui avaient été données pour trouver sa chambre.

    On ne lui avait pas menti : si elle ne pouvait être qualifiée de luxueuse, la pièce était aménagée de bien belle façon, et on pouvait voir le soin qui était mis dans son entretien. Sans faire attendre son corps épuisé plus longtemps, il déposa son long manteau sur une chaise, se laissa tomber sur les draps, et ne tarda pas à s’assoupir.


    Il fut extirpé de son sommeil après ce qui aurait pu être quelques minutes comme plusieurs heures, par des cris et le fracas de verre brisé. Sentant bien tout son corps lui criait de rester allongé, il comprit qu’il n’avait que très peu dormi, mais ne pouvant pas rester à rien faire alors que sous ses pieds se tenait une querelle d’une extrême intensité, il prit sur lui et fit l’effort de se dresser sur ses deux jambes. A cet instant la porte de sa chambre s’ouvrit brusquement, laissant apparaître un homme assez imposant, dont l’uniforme trahissait l’appartenance au corps militaire.
    Alors que le garde prononçait sa formule d’arrestation, Eivar, dont l’oreille avait perçu la fin du boucan à l’étage inférieur, comprit qu’il n’était pas venu ici tout seul, et que l’opération semblait d’envergure assez importante. Actes illicites ? Étrange, il n’avait pourtant rien remarqué du genre… enfin il n’avait pas vraiment cherché non plus. La déclaration du soldat était limpide, et si dans un meilleur jour, Eivar aurait pu songer à s’extirper de cette situation autrement que par la voie diplomatique, dans son état actuel, il se voyait mal faire face au soldat qui se dressait devant lui, alors face au régiment qui l’attendrait ensuite...

    Tendant ses mains vers l’avant, paumes ouvertes, et ne quittant pas le garde des yeux, il s’avança douloureusement vers lui :

    - Je vous suis avec bon cœur, mais sachez que je risque d’être un poids pour vous, non seulement je n’ai aucune idée de ce qui se passe ici, mais vous comprendrez qu’après une semaine de marche en provenance de la capitale, je risque d’avoir du mal à tenir la cadence militaire…



    Sentant que son interlocuteur ne serait pas des plus réceptifs à la plaisanterie, Eivar préféra jouer franc jeu, et se laissa escorter, mains liées. Passant sur les lieux du crime, il eut l’occasion de jeter un œil au dégâts causés à cette pièce qui ne ressemblait plus tant à une taverne désormais : le silence s’était imposé en maître alors que seuls trois gardes restaient, tentant de réveiller les quelques soûlards cadavériques couchés au sol. Difficile d’imaginer qu’une demi-heure auparavant, l’endroit avait presque réussi à charmer un ancien noble.

    Ce n’est qu’une fois à l’extérieur, en ressentant la brise fraîche sur ses bras nus, qu’il se rendit compte d’un détail qui pour lui avait plus d’importance que tout le reste de cette histoire.

    -Brön…

    Le majeur droit tendu, discrètement, Eivar prononça simplement son nom, et en un instant, le manteau argenté apparu, recouvrant ses épaules. Tournant son regard vers l’homme qui l’accompagnait, qui malgré sa rigidité paraissait au moins un peu étonné de ce qui venait de se passer, il s’adressa simplement à lui, sans détour.

    -Bien, monsieur le gradé, j’espère que votre poste n’est pas trop éloigné, j’ai payé pour un lit confortable, cette nuit, et il me peinerait de me retrouver en cellule à la place...
    InvitéInvité
    Anonymous
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    Re: Arrestation inattendue
    Mer 19 Fév 2020 - 21:00 #
    L'opération se déroulait exactement comme prévue, les nombreuses personnes en état d'ébriété se trouvaient d'ors et déjà hors d'état de nuire - cela ne demandait pas beaucoup d'effort vue leur état pour nombre d'entre eux -, le tenancier de la taverne était en pleine discussion avec deux soldats - son teint rouge et ses syllabes hachurées par ses incessants bégaiements traduisaient sa culpabilité -, la cave était peu à peu vidée de toutes ses bouteilles et, bien évidemment, des substances illicites qu'elle contenait. Emeor n'en attendait pas moins de ses soldats dont il savait la compétence et les nombreuses qualités et, il espérait à présent, pouvoir, si ce n'est faire fermer cet endroit, au moins, empêcher tout acte illégal de reprendre cours ; le jeune homme était parfaitement conscient que, une fois quelques journées passées, de tels échanges répréhensibles reprendraient aux quais et dans les alentours mais, cette soirée, cette prise, est une victoire inattendue sur ces vulgaires pirates - après tout, ne se nomment-ils pas ainsi ? - terrestres. En sortant de la taverne, où régnait un calme olympien, le Lieutenant posa son regard, non moins empli de mépris, sur les quelques suspects arrêtés et menottés par ses soldats ; ils étaient au nombre de cinq, voilà qui est bien peu face au nombre de clients qui peuplaient l'auberge quelques minutes auparavant, certains avaient dû s'échapper et d'autres avaient déjà dû être jugés par les soldats - jugement bien trop rapide au goût du jeune homme mais il s'en accommoderait. La rue, déserte et silencieuse, où s'étalaient les ombres de la rixe, se mêlant aux inquiétudes des habitants qui là, peuplaient les fenêtres où, par moment, pointaient des têtes curieuses éclairées par de faibles lueurs, qui aussitôt, fermaient d'un coup sec les volets de bois ou les rideaux de toile. Emeor jugea du regard la situation et l'homme - le seul au demeurant qui dormait dans ce sordide endroit - qu'il avait arrêté il y a de ça quelques minutes. Un aventurier insouciant, insoucieux aussi, qui cherchait simplement à dormir, insolent aussi à user de son pouvoir de la sorte - le jeune homme se mordit les doigts de ne pas lui avoir enchaîné les poignets de ces précieuses menottes anti-magie -, voilà donc ce qu'il était. "Monsieur le gradé", quelle expression désuète et sans intérêt, Emeor reconnaissait bien là un comportement qu'il n'avait que trop connu auprès de certaines personnes, cette franchise, cette insolence, cette affirmation de soi, tout ce que, lui, n'était pas et ça ne le dérangeait pas plus que cela.

    " Attendez ici, mes soldats vous surveillent. Pas d'utilisation intempestive de magie. Merci. "



    La froideur et le respecte de l'ordre si propre à Emeor ne pouvaient donc s'empêcher de s'exprimer ici. Il n'allait guère changer son comportement pour un jeune aventurier qui jouait les roublards face à une unité de La Garde. Sans rien ajouter, le Lieutenant tourna les talons, laissant le soin à ses soldats de maîtriser cet énergumène, qu'il savait, au demeurant, trop fatigué pour agir. A l'intérieur, la cave venait d'être entièrement vidée, le tenancier tentait, tant bien que mal, de se dédouaner, de prouver une soi disant innocence qu'Emeor savait inexistante. La rougeur de son teint laissa place à un blanc des plus purs quand le coupable remarqua le grade du Calyx, bien attaché et mis en évidence sur sa légère armure. Il n'avait en aucun cas affaire au lieutenant de seconde zone.

    " Au vue de ce que votre cave vient de nous fournir, monsieur, je suis dans l'obligation de vous emmener avec nous. Inutile de préciser que vous passerez la nuit en prison et que vous serez interrogé. Et, n'appelez pas vos contacts, ils seront d'une inutilité consternante. Suivez-moi. "


    Emeor se tourna alors vers les quatre soldats qui se tenaient avec lui à l'intérieur, et, tout en poussant légèrement la très chère proie du soir, il leur fit un signe rapide de la tête pour qu'ils saisissent aussi rapidement que possibles les nombreuses preuves accablantes qui pouvaient être retenus lors de l'interrogatoire et, parce que le Lieutenant en avait bien conscience et l'anticipait d'ors et déjà dans son esprit, lors du procès.

    " J'aurai besoin de deux d'entre vous pour les escorter jusqu'à la caserne. Arith !

    " Présente ! Oui mon Lieutenant ? "

    " Utilisez votre pouvoir pour contacter des renforts, qu'ils soient ici le plus rapidement possible. On a plus de travail que prévu.


    Simple, clair et rapide. L'efficacité doit primer. Deux soldats accompagnèrent alors Emeor et ses deux prisonniers - l'un bien plus que l'autre - sur le chemin. Le dos droit, l'allure impérieuse et militaire, Emeor se tenait juste derrière la petite troupe, l'aventurier juste devant lui, le tenancier à la gauche de celui-ci.

    " J'espère que vous avez encore de l'énergie monsieur, nous sommes en plein centre-ville. C'est la procédure, nous vous relâcherons une fois que vous serez disculpé. "


    Le Lieutenant n'était pas un idiot profond suivant aveuglément la loi - à vrai dire, il suivait plutôt la justice qui pouvait, de facto, contredire la loi -, il avait l'intuition, peut-être juste ou vraie, que ce jeune aventurier était totalement innocent, néanmoins, il ne pouvait en aucun cas se soustraire à la procédure ce qui serait en contradiction totale avec tous ses idéaux. Non pas qu'il s'apitoyait sur le sort de cet homme exténué, mais, ils avaient bien tout deux autre chose à faire. Le froid s'insinuait peu à peu dans leurs vêtements, mordait leur peau et ne leur laissait aucun répit. La caserne approchait, et Emeor s'en réjouissait.
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: Arrestation inattendue
    Ven 21 Fév 2020 - 17:21 #
    Un soupir d’exaspération fût la seule réponse à laquelle le Lieutenant eu le droit alors que la joyeuse troupe s’était déjà mise en marche. Eivar n’avait passé que peu de temps à explorer le Grand-Port, mais il connaissait sa réputation de ville rayonnante, presque autant que la capitale… Alors devoir le centre-ville ne signifiait rien de bon concernant la distance à parcourir, et a fortiori, concernant ses jambes… Comme il l’avait redouté, ni les deux soldats devant lui, ni l’homme qui lui faisait suite ne firent état de ces dernières. Même le tavernier, malgré son mutisme soudain et ses yeux livides, semblait plus considérer son sort, lui lançant quelques regards de sympathie. Non pas de ceux qui encouragent, ou qui demandent le pardon… on aurait plutôt dit qu’il était heureux de ne pas être seul dans cette épreuve.

    Préférant l’ignorer plutôt que de voir en lui la cause de toute cette mascarade, Eivar se concentra sur le décor de la ville, toujours aussi lumineuse malgré l’heure avancée. Son regard papillonnant de-ci de-là entre les murs colorés, la belle route pavée sur laquelle ils se déplaçaient, et les quelques passants et leur mine interrogative, il finit par en oublier la fatigue. Ce n’est qu’une fois devant un large bâtiment qu’Eivar n’eut de mal à identifier comme étant le poste de garde, que ses mollets et ses cuisses recommencèrent à s’agiter légèrement.

    - S’il se trouve un édifice duquel tout homme devrait tenir ses affaires éloignées…

    Sans vraiment la contrôler, la réplique commença à sortir naturellement des lèvres du jeune homme, comme un précepte qu’on lui aurait fourré dans la tête à force de répétition. Son père, en bon noble qui se respecte, avait trempé dans quelques business peu glorieux durant ses belles années, et s’il ne s’en vantait pas plus que ça, il en avait retenu cette leçon, ce dicton qu’il répétait à sa famille à toutes les occasions… Mais en l’occurrence, la situation n’était pas vraiment convenable, c’est la raison pour laquelle le blondinet se ravisa avant de finir, sentant un regard intense dans son dos.

    - Maintenant que j’y pense, c’est difficile à appliquer à ceux qui travaillent ici…


    Pas étonnant qu’à part de rares exceptions, son père n’avait jamais de contact avec la garde…

    Les cinq individus entrèrent dans la bâtisse, et alors que le Lieutenant à lunette faisait de nouveaux résonner sa voix, donnant leurs instructions à chacun de ses sous-fifres, Eivar ne prit pas le soin de demander l’autorisation pour s’asseoir nonchalamment dans le siège vacant d’une pièce adjacente. Dans d’autres circonstances, il aurait peut-être pris le temps de faire attention à ce qui l’entourait avant d’agir de la sorte, ce qui aurait permis d’éviter le long moment de blanc qui suivit la scène dont aucun des spectateurs ne semblait se remettre. Intrigué par l’ampleur de cette réaction, il finit par jeter un œil autour de lui, découvrant le bureau bien agencé derrière lequel il se trouvait, la pile de dossier qui y régnait, et surtout, une plaque nominative qui mit quelques instants à le faire tiquer.

    - … Moi qui me demandait pourquoi ce siège était si confortable…

    Prenant conscience de la situation actuelle, il essaya de se relever, pour la forme, mais se ravisa rapidement en sentant que ce fauteil ne le laisserait pas partir si facilement.
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    Re: Arrestation inattendue
    Ven 21 Fév 2020 - 21:54 #
    Le comportement de cet aventurier impétueux et vulgaire - il faut bien dire les choses comme elles sont ou, du moins, comme nous les ressentons - ne cessait d'exaspérer, de ronger à chaque minute qui passait, un peu plus, la patience de fer du Lieutenant. En règle général, le sang ne lui monte jamais à la tête. En règle général. Or, parmi les nombreux points cruciaux dans la vie du jeune homme, que l'on qualifierait bien plus aisément d'idéaux - parfois bien ardus à appliquer et encore plus à suivre en toute circonstances -, le respect de la hiérarchie, des aînés, des plus hauts gradés que soi était, sans nul doute, la pierre angulaire dans la vie d'Emeor. Inutile de préciser que ce dévergondé à l'allure scabreuse - le mépris du Lieutenant reprenait bien trop facilement le dessus dans une telle situation - ne suivait en rien cet idéal de respect pourtant si simple, en apparence, à appliquer et à suivre. Cinq secondes. Voilà, en tout, le temps que cet énergumène avait passé seul, avec l'accord du Lieutenant bien évidemment, le temps de dire quelques ordres aux deux soldats quant à la cellule bien appropriée pour le tavernier qui, entre temps, avait perdu toute couleur digne d'un être vivant, la blancheur de son teint rivalisant avec celle de la lune dont les rayons perçants traversaient la fenêtre et les rideaux de satin du bureau du Lieutenant, inondant la pièce d'une intense lumière blanchâtre qui, si ce n'était pas la nuit, aurait pu faire croire à un événement surnaturel ou à l'utilisation abusive de la part d'un citoyen de son pouvoir. La tâche qui salissait le tableau nocturne de l'arrestation n'était pas, croupissante dans le fauteuil, au sein du bureau d'Emeor - Lucy l'en remercie -, mais d'un Garde bien placé, que l'on pourrait assimiler à un officier, proche conseiller - voire ami - du jeune Calyx. Cette tâche ingrate et paresseuse (quelques mois au sein de La Garde ne lui ferait pas de mal), voilà qu'Emeor la dévisageait, le visage froid, les dents crispées, le regard noir.

    " Levez-vous. Suivez moi, dans mon bureau. Que votre cas soit rapide, j'ai mieux à faire. "


    Il se maudissait intérieurement. Il aurait dû être concis, rapide et, en aucun cas, ne laisser transparaître son mépris qui n'apporterait rien de constructif en cette situation. La tâche (surnom qui lui convient étrangement bien) avait eu ce succès, cette réussite de, l'espace de quelques secondes, faire perdre le contrôle rationnel de sa personne à Emeor. Par ailleurs, Le Lieutenant avait bien conscience que, si fatigué soit-il, l'aventurier ne se lèverait pas. D'une poigne de fer, il saisit le bras du jeune homme - moins lourd que ce que l'on pouvait penser, il devrait faire de l'exercice -, et le tira. L'emmena dans les escaliers. Le poussa. L'arrêta. Ouvrit la porte. Le fit asseoir sur un fauteuil, bien que méprisant, il n'est pas inhumain, et s'assit en face de lui. Il alluma une bougie qui éclaira doucement la pièce. Sortit une plume, un encrier, un parchemin. Remonta les lunettes sur son nez. Redressa la tête. Le protocole. Et tout sera fini.

    " Bien, votre nom, prénom, origine, s'il vous plaît. Ensuite, que faisiez-vous dans cette taverne, vous étiez le seul client à avoir une chambre. Enfin, que savez-vous de cette taverne ? "

    L'interrogatoire devrait être assez rapide, en théorie. Même si Emeor restait méprisant - mépris qui pouvait tout aussi bien disparaître dans les quelques minutes à suivre si tout se déroulait à la perfection -, il ne voyait rien de suspect en cet homme. La tâche n'en était pas une aux yeux de la loi, du moins, pour cette soirée. Peut-être avait-il des antécédents, auxquels cas, Emeor devrait sans doute mener enquête pour rétablir la justice... Mais il avait mieux à faire, un meilleur interrogatoire à faire. Tout devrait se passer rapidement avec l'aventurier, si seulement, ô si seulement, le vacarme, qui venait de naître, dehors pouvait cesser en cette heure si tardive...
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    Re: Arrestation inattendue
    Mar 25 Fév 2020 - 11:43 #
    Le chahut ne sembla – dans un premier temps – pas perturber le Lieutenant plus que ça. Il resta stoïque, le regard droit, fixé sur la victime de son interrogatoire, le poignet raidit prêt à imprimer le moindre détail de la réponse qui ne tarda pas à venir.

    -Eivar Neass, de la noble maison Olgierd. Comme je le disais un peu plus tôt, je viens de la capitale, et j’y ai toujours vécu d’aussi loin que je m’en souvienne.

    D’une voix calme et cadencée, faisant légèrement sourciller son interlocuteur qui ne s’attendait sûrement pas à le voir aussi sérieux après les scènes précédentes, Eivar ne faisait qu’énoncer les faits, ni plus ni moins. Lui aussi commençait à en avoir assez de cette histoire qui traînait en longueur sans raison, et ne pouvait s’empêcher de penser que plus vite ils en auraient fini, plus vite il pourrait, enfin, prendre un repos plus que mérité. Après avoir marqué une légère pause pour laisser le temps au soldat de prendre note, il reprit, forçant un peu sa voix pour rester au dessus de l’agitation qui régnait à l’extérieur.

    - Comme vous l’aurez sûrement deviné, je suis aventurier, et la région semble propice à l’exercice de cette profession ces temps-ci. Je suis donc venu vérifier par moi même. Le voyage a été long et éprouvant, j’ai donc demandé une chambre dans la première auberge venue, point final. Quant à savoir pourquoi les autres chambres étaient vides, j’imagine que votre autre prisonnier saura mieux vous renseigner à ce pro…


    **GLANG**

    Le visage des deux jeunes hommes se tournèrent dans la direction du mur en même temps. Ils n’avaient aucun moyen de voir ce qui s’était passé de l’autre côté, mais ce fracas assourdissant n’annonçait rien de bon.

    - Restez-ici, et ne bougez pas !


    D’un bond, le Lieutenant s’était relevé, et d’un pas assuré et ferme, il avait quitté la pièce laissant le blondinet seul. En tendant l’oreille, Eivar pu entendre l’homme demander un point sur la situation, puis lancer ses directives à ses soldats avant de sortir de l’établissement. Entre les cris et les beuglement, il avait cru comprendre qu’une émeute de contrebandiers s’était rassemblée, et cherchait à faire passer un message à la milice après le coup mené plus tôt sur l’un de lieux de rencontre. A l’oreille, il lui était difficile d’estimer leur nombre, mais il ne faisait pas de doute qu’avec le peu d’hommes en poste à cette heure, diriger cette bataille et mater cette bande de voyou ne serait pas une mince affaire, même en étant un chef très capable. Un léger soupir plus tard, se grattant la tête d’une main, Eivar s’adressa à l’homme qui ne pouvait, évidemment, pas l’entendre.

    - Désolé Monsieur le gradé, mais je me vois obligé de vous désobéir


    En entendant les premiers signe annonciateur de la bataille de rue qui avait déjà commencée, il frappa chacune de ses cuisses de la paume de ses mains, toujours menottées.

    - Encore un petit effort !


    Il parvint à se redresser, et sans prendre le temps d’y réfléchir plus longtemps, il se rua vers la sortie de la pièce puis à l’extérieur du bâtiment. D’un coup d’œil, il estima les forces scélérates à une trentaine d’hommes. La garde, de son côté se composait d’une dizaine de soldats, parmi lesquels des épaules solides, et de jeunes recrues moins sereines. Un peu en retrait, le Lieutenant, toujours aussi droit, s’appliquait à veiller sur les plus faibles, couvrant leurs flancs découverts. Il avait beau avoir un tempérament peu ouvert, il n’était pas difficile, à le voir en action, de comprendre qu’il se souciait réellement de ses hommes et prenait son rôle de supérieur très au sérieux. C’est d’ailleurs le fait que son attention se portait plus sur ses hommes que sur lui même qui l’empêcha de remarquer l’un des brigands qui s’était glissé entre les rangs pour s’en prendre directement à lui. Prenant un appui à peine fluide, Eivar se rua droit dans sa direction pour lui asséner un de coude brutal au visage, mettant le bandit au sol, plié de douleur les deux mains sur le visage ensanglanté. Levant les yeux vers lui, il ne laissa pas le temps au soldat de prononcer le moindre mot, et s’inclina légèrement.

    - Lieutenant, vos hommes ont besoin de vous, et je suis disposé à suivre vos ordres pour cette bataille si vous acceptez de me relâcher sans charge.


    Le jeune homme savait qu’au fond de lui, le soldat était certain qu’il n’avait aucun rapport avec cette histoire de toute façon...
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    Re: Arrestation inattendue
    Ven 28 Fév 2020 - 20:39 #
    Le jeune aventurier coopérait de manière efficace en répondant succinctement aux questions du Lieutenant sans rien ajouter de superflu, ce qui était, bien évidemment, agréable pour ce dernier, dont la plume produisait un léger son qui, à lui seul, emplissait toute la pièce. Les soupçons d’innocence que portait Emeor envers Monsieur Neass s'avérèrent fondés puisque, effectivement, il ne semblait pas concerné par toute cette affaire de contrebande qui s'était développée dans cette maudite taverne et qui vomissait son produit sur les quais, inondait les marchés de choses infectes et nuisaient au bon fonctionnement de cette cité. Le Lieutenant écrivait rapidement, s'attarder sur les détails serait bien inutile. Néanmoins, il n'avait pas l'intention - pour le moment - de relâcher ce jeune homme qui, malgré son innocence, pouvait s'avérer précieux dans cette affaire en fournissant quelques détails qui, s'il pouvait paraître insignifiants, seraient sans aucun doute d'une grande aide pour La Garde. Emeor n'était pas stupide pour autant et ne comptait nullement poursuivre l'interrogatoire de manière aussi poussée en sachant Monsieur Neass exténué par son voyage et sa journée : un témoignage, pour être parfaitement exploitable et efficace devait être recueilli dans les meilleures conditions possibles. Alors que l'idée d'indiquer une taverne adjacente à la Caserne pointait doucement dans la tête du Lieutenant - et donc contre cette information, l'aventurier témoignera après une bonne nuit de sommeil -, un bruit sourd coupa toute discussion possible. Il fallait agir, immédiatement. La réaction du Lieutenant ne se fit pas attendre et, ordonnant à Monsieur Neass de rester assis - pas question qu'un témoin précieux ne s'évapore dans Grand-Port -, il quitta la pièce. Quelques gardes regardaient, inquiets, par des fenêtres depuis lesquelles on voyait des torches enflammées danser, passant parfois devant quelques têtes qui, soudainement éclairées, dévoilaient des sourires revanchards, des grimaces de dégoûts ou simplement des traits rougies par l'alcool et la colère - un mélange bien peu appréciable. Un tel vacarme, qui était bien impressionnant pour un ville à présent, du moins en théorie, pacifiée comme Grand-Port, ne faisait que confirmer les soupçons d'Emeor : ils avaient frappé un grand coup. En effet, au vue du nombre d'hommes et de femmes - elles étaient minoritaires -, la tavernier et sa place forte étaient importants. Rapidement, le Lieutenant organisa ses soldats - il en manquait beaucoup trop en cette heure si tardive -et fit un état rapide de la situation. Trente idiots, prêts à se battre, brandissant leurs épées et leurs pouvoirs. La Garde ne se composait, à cet instant, que de dix soldats. Les hommes étaient prêts à défoncer la porte. Un frisson général parcourra le dos des soldats, Emeor, lui, resta de marbre, analysant la situation. La confrontation était inévitable. Il ordonna à deux des soldats - en envoyer qu'un seul serait trop risqué - de sortir par l'arrière du bâtiment pour rapatrier le gros des troupes.

    " Bien. On ne tue ni ne blesse mortellement. Votre objectif est simple : ne pas se faire toucher. On attend les renforts en les contenant et en leur donnant de quoi s'occuper. Je ne veux AUCUNE tentative hardie et insensée. Soldat, au travail ! "


    Un travail bien dangereux. Comme le Lieutenant s'en doutait, malgré les gros bras, les pouvoirs et les épées, un seul homme ne faisait pas le poids face à un bon soldat, même si certains n'étaient encore que des recrues. Prenant les devants, Emeor fit tout son possible pour protéger ses hommes. Il calcula rapidement : si tout se passait bien, les renforts arriveraient dans maximum vingt minutes. Elles seront longues et épuisantes mais, ce ne sera qu'une petite bataille. Alors que le jeune homme esquivait habilement un coup bien maladroit par un énorme géant à la moustache noire pleine de saletés - quelle horreur -, un bruit sourd et un choc le firent se retourner rapidement. Monsieur Neass. Il avait désobéi. Pour une bien meilleure action.

    " On se bat et on se tait Soldat. Aucune charge ne sera retenue contre vous, vous me l'avez déjà prouvé.


    D'un coup sec, Emeor enleva les menottes, ce qui fut difficile dans ce chaos ambulant, et para un coup, toujours aussi maladroit mais venant d'une femme à l'embonpoint... Proéminent. N'a-t-on jamais dit aux femmes enceintes de ne pas se battre ? Sans rien dire, le Lieutenant donna un dague à l'aventurier, pas question qu'il ne se batte sans arme. L'espace, juste devant l'entrée de la Caserne, était restreint, d'autant plus que les brutes formaient peu à peu un cercle autour des soldats - monsieur Neass étant considéré comme tel par Emeor. Celui-ci combattait non sans mal, préférant agir sur de nombreux fronts pour protéger ses soldats. Malheureusement, un coup bien trop placé fit un tenaille dans le bras d'une soldate qui recula vivement, cédant du terrain à l'ennemi. Ce fut de trop pour le Lieutenant, il fallait se sortir d'une telle situation. S'il connaissait ses soldats et leurs compétences, il avait un atout majeur dont il ignorait encore tout : Eivar. Le style du combat de l'aventurier sera sans nul doute un avantage pour surprendre les ennemis qui sont peu habitués à devoir se battre de deux manières différentes. La stratégie était risquée mais, il n'était pas question que ses hommes ne soient plus blessés.

    " Je passe derrière, là à gauche, vous attaquez brutalement du même côté, mes soldats vous suivront. On perce leur formation. "


    Emeor comptait en effet rompre l'arc-de-cercle formé par les assaillants en tentant une prise en tenaille rapide sur le flanc gauche. Le Lieutenant avait son point d'arrivée en ligne de mire. Parfait. Il disparut du champ de vision des ennemis pour se retrouver derrière certains, à leur grande surprise. Même si Emeor n'avait réussi qu'à se tourner de moitié, étant de profil quand il arriva, il se tourna rapidement pour asséner un coup massif sur la nuque d'un homme par son épée. Le but n'était pas de créer un chaos indescriptible mais de perturber ces idiots qui n'y connaissaient rien à l'art si subtil du combat à l'épée.
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    Re: Arrestation inattendue
    Dim 1 Mar 2020 - 15:09 #
    Eivar n’était pas des plus à l’aise dans cette formation serrée, mais il avait bien conscience que c’était la façon la plus optimale de combattre dans cette situation de sous-nombre, et avec l’interdiction d’asséner le moindre coup potentiellement létal. A sa gauche comme à sa droite, chaque soldat tenait fermement sa position, ripostant aux assauts répétés et incessant, qui aurait mis à l’épreuve l’endurance de tout un chacun. Armé de sa simple dague, le jeune homme tachait d’en faire autant, soutenant au maximum ses voisins les plus proches qui commençaient à laisser du terrain. L’arme de fortune que lui avait tendu le Lieutenant était idéale dans ce contexte, mais à force de parer et dévier les coups, elle commença rapidement à s’émousser.

    Un gémissement de douleur à tout à droite du rang, et la soudaine progression de la vague de bandits me fit rapidement prendre conscience de ce qui venait de se passer, et en tournant la tête un instant, je ne fus pas étonné de voir le visage de l’homme au commande crispé. Il étudiait les possibilités le plus calmement possible, mais pas besoin d’être un génie militaire pour comprendre que la formation actuelle ne pourrait plus tenir avec des effectifs réduits. Alors qu’il s’apprêtait à proposer une alternative, la voix du Lieutenant résonna derrière lui, indiquant des directives pour le moins audacieuses. Il ne lui laissa pas le temps de répondre, ou même de penser à un éventuel désaccord : en un battement de cil, il avait complètement disparu, semant l’incompréhension dans les premières lignes ennemies. Eivar lui-même perdit son attention une seconde, ce qui faillit lui être fatal.

    L’homme qui lui faisait face, un large sourire planté sur ses lèvres, venait d’utiliser son pouvoir pour allonger la taille de ses ongles, et avait tenté de les planter directement dans son torse. Par reflexe, l’aventurier avait réussi à limiter les dégâts, les 5 lames se logeant directement dans son épaule, lui arrachant un léger cri de douleur, et le forçant à lâcher son arme. Il se repris rapidement, malgré la blessure, et assena une violente droite en plein dans le visage du bandit, qui ne réussit pas à rétracter ses ongles à temps.

    -Sui ! Rena !

    En un scintillement, ses deux Odachi signature apparurent au creux de ses mains, son bras droit tremblant légèrement à cause de la blessure ouverte à son épaule. A la vue de ces deux armes les soldats qui l’entouraient s’écartèrent du mieux possible pour lui laisser la place d’agir, et sans même dégainer, Eivar usa de leur allonge pour mettre à terre un autre opposant d’un coup de fourreau dans l’abdomen. Il ne mit pas longtemps à noter un léger mouvement à l’arrière de la foule, sur la gauche, là où devait se trouver le Lieutenant, et d’un signe de tête entendu avec l’un des gardes à ses côtés, il prit appui sur l’une de ses jambes, et s’élança directement dans la foule, prenant la tête du bataillon. Ce soudain renversement de situation insuffla le doute dans les rangs adverses, et percer leurs lignes désorganisées n’avait rien de compliqué.

    Eivar n’avait jamais combattu au sein d’une armée auparavant, mais la stratégie adoptée se rapprochait des règles d’un jeu de plateau dont il était adepte. Le but était d’avancer le plus rapidement possible, sans marquer le moindre arrêt, droit vers leurs lignes arrières, qui nous tournaient désormais le dos puisqu’occupées par le Lieutenant. Cela permettait à la fois de se repositionner à notre avantage et de réduire l’effectif adverse en surprenant les troupes éloignées du front. Mais la réussite de cette manœuvre dépendant surtout de la capacité des gardes à suivre le rythme de l’avancée sans se noyer dans la masse. Ouvrant le chemin pour eux, Eivar n’avait pas le temps de se retourner pour vérifier, et ne pouvait que leur faire confiance, sans quoi lui aussi finirait absorbé.

    Il lui fallut une bonne minute pour finalement apercevoir des ennemis qui lui tournaient le dos : essoufflé par son effort, Eivar parvint à asséner un coup puissant dans les côtes de l’un deux, et à casser la jambe d’un second, avant de se retrouver face à un visage familier.

    -Lieutenant, ça fait plaisir de vous revoir

    Se retournant pour la première fois, aperçut les premiers soldats sortir de la foule à sa suite, pour vite reprendre position. Avaient-ils tous réussi à passer ?
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    Re: Arrestation inattendue
    Dim 1 Mar 2020 - 21:49 #
    Le début de la stratégie s'avéra beaucoup plus ardu que ce qu'avait pu prédire le Lieutenant. A sa grande surprise, les brigands furent nombreux à se tourner vers lui - bien que leur réaction se fisse attendre, l'alcool dans le sang n'aidant point. Malgré les effets de la boissin sur leurs esprits et leurs corps, ils ne restaient pas moins forts sur leurs appuis et violents dans leurs coups. Ainsi, Emeor-dû-t-il s'y prendre à plusieurs reprises avant d'assommer ce gros balourd qui ne devait pas tout saisir de la situation. Le combat se révélait encore plus complexe en sachant qu'il n'avait pas intérêt à blesser mortellement quiconque et, il se refusait à faire une telle chose. Il évitait les taillades, la moindre de goutte de sang, préférant assommer, étourdir, immobiliser ses ennemis : tâche bien complexe. Le sueur perlait sur le front d'Emeor ; ses mains, peu à peu, devenaient moites ; ses lunettes glissaient doucement sur son nez, l'obligeant d'un geste rapide à les remonter ; ses muscles chauffaient sous la tenue légère du Régiment. La solitude pesait, lourde, sur les épaules du Lieutenant dont l'aide des soldats ne serait que très précieuse dans une telle situation. Il percevait déjà, un peu loin derrière la foule, un mouvement brusque. Bien. Monsieur Neass devait faire son travail ; Emeor n'avait nullement douté sur la capacité du jeune homme qui, malgré la fatigue, semblait se surpasser. Il avait peur de la réaction de ses hommes qui ne connaissaient absolument pas l'aventurier et le suivre pouvait leur paraître bien étrange, surtout pour les moins expérimentés. Un coup siffla à côté de l'oreille du Lieutenant, il l'esquiva rapidement, perdant momentanément l'équilibre, ce qui faillit lui être fatal. Heureusement, il se remit d'aplomb pour immédiatement faire face à ses adversaires. Il ne devait en aucun cas montrer des signes de faiblesse, la victoire était psychologique. Face à ces novices en l'art du combat, le moindre coup porté à leur moral pouvait leur être fatal. Les cris et les injures accompagnaient les bruits d'épées, résonnant durement dans la nuit et dont les échos s'entendaient dans les lointaines rues de la ville, faisant frissonner les citoyens qui; malgré ce vacarme, tentaient de dormir. Emeor se battait pour eux, pour ses soldats ; une ferveur sans nulle autre pareille l'animait. Soudain, la foule se scinda. La tactique fonctionnait à merveille, déjà les visages des ivrognes s'éclairaient d'une lueur de stupéfaction idiote reflétant leur incompétence notoire en de telle situations. D'un coup sec et violent, le Lieutenant fit vaciller son adversaire et, profitant de cet instant de faiblesse, le fit tomber lourdement au sol. Un tel combat n'était pas à leur portée. La Garde gagnera.

    " Les renforts arrivent d'ici peu, on neutralise le groupe séparé. "


    Le moindre mot comptait, le moindre souffle importait comme s'il pouvait tout aussi bien faire gagner comme faire perdre cette petite bataille. Emeor jeta un coup d'oeil rapide ses troupes. Certains étaient déboussolés, ce qui pouvait s'avérer dangereux en une telle situation. Cherchant à insuffler du courage et la bravoure à ses soldats, le Lieutenant repousse à nouveau un ivrogne, sans chercher à se mettre en danger pour autant. Le petit groupe qu'ils avaient réussi à isoler en brisant la formation adverse était ébahi, comme étourdit par un tel renversement de situation. Certains reculaient même déjà. La victoire était psychologique. L'heure n'était pas à la réjouissance, encore moins à la victoire. Ils avaient beaucoup à faire durant les quelques minutes qui les séparaient de l'arrivée des renforts. Alors que l'aventurier semblait assez bien se débrouiller. Pourtant, deux soldats se trouvaient encore à la lisière des ennemis, peinant à rejoindre le groupe qui formait un cercle parfait et renforcé. Les ennemis, idiots mais pas bêtes, cherchèrent à profiter d'une telle situation et l'un d'eux se précipita, tel un animal chargeant sa proie, sur l'un des deux soldats. Sa massue voulut frapper violemment l'un de deux pauvres soldats. Il en était hors de question. Emeor se risqua à une nouvelle téléportation alors qu'il venait à peine de récupérer. Sa réussite ne fut que mitigée : le coup se partagea entre le soldat et lui-même, atterrissant sur le dos de l'un et l'épaule de l'autre. Le soldat mit le genoux à terre, grimaçant de douleur. Grimace reprise par le Lieutenant lui-même, en bien mauvaise posture. Au moins, il avait pu éviter le pire. Il se releva d'un bond, malgré la douleur lancinante, et renversa l'assaillant en le frappant violemment de son autre épaule dans le ventre. L'ivrogne en eut le souffle coupé. Il n'avait pas encore ce qu'il méritait. Tous, n'avaient pas encore eu ce qu'ils méritaient. Deux de ces hommes étaient blessés, c'était trop. Il tentait de se résonner, luttant contre son appétit de justice. Il tenta un autre coup, violent, sur un autre ennemi. Il cherchait à reculer, il ne fallait pas s'isoler du groupe... Au loin, déjà, on entendait des bruits de pas saccadés. D'où venaient-ils ? Qui étaient-ils ? Des renforts, certainement. Mais, pour qui ?
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    Re: Arrestation inattendue
    Mar 3 Mar 2020 - 16:15 #
    D’un côté comme de l’autre, les combattants semblaient perdre en vivacité à mesure que le temps passait. La fatigue commençait à se faire ressentir, et même s’il avait jusque là été stimulé par la situation désespérée, Eivar ne tenait plus debout que par un miracle à présent, et savait qu’il ne se relèverait plus s’il venait à plier le genou. Malgré ses jambes chancelantes, il continua a serrer les dents et à soigneusement dévier chaque coup qui lui était destiné. Maintenant qu’ils avaient rejoint leur Lieutenant, les huit soldats encore en état qui avaient traversé la mêlée derrière lui avaient retrouvé un peu  de leur fougue. Cet homme était décidément un dirigeant très compétent, capable d’insuffler de l’espoir même pour une bataille impossible.

    Cependant même dans sa droiture et sa fermeté, il n’en restait pas moins un homme fier, et d’un simple coup d’œil, Eivar avait remarqué une pointe d’agacement dans ses mouvements. Il prenait plus de risque, s’exposait beaucoup plus qu’au début du combat, ce qui était compréhensible : n’importe qui, si patient soit-il, commencerait à perdre son sang froid face à cet affrontement qui n’en finissait pas, d’autant plus alors que deux membres de son unité avaient été incapacités, et pas un seul n’était indemne. L’aventurier fit un pas en avant vers le Lieutenant qui s’était écarté du rang, il comptait l’interpeller, l’aider à reprendre son calme, au moment où un son salvateur se fit entendre. Le bruit à peine organisé d’une trentaine de paires de bottes sur le sol aurait pu laisser présager le pire, mais le regard paniqué des brigands, et le murmure émanant de leur amas ne laissa aucune place au doute : ils n’attendaient aucun renfort, nous si.

    D’un coup brutal, et comme un seul homme, l’escouade s’arrêta net, et les trente gardes firent trembler le sol d’un coup de lance, avant de les tendre vers l’avant. Les contrebandiers étaient désormais pris en tenaille, et n’avaient plus nulle part où fuir. Les plus couards lâchèrent leurs armes dans la seconde avant de se mettre à terre, mais quelques-uns, plus vaillants - inconscients peut-être - se ruèrent droit vers le côté le plus fragile et à même de céder. Le lieutenant et l’aventurier échangèrent un regard entendu, et dans un effort ultime, Eivar s’élança vers l’avant, se retrouvant à son niveau, quelques mètres devant leurs camarades à bout. La scène suivante ne dura pas dix secondes, un talon contre un visage, un coup de paume droit dans un plexus solaire, une dague chutant au sol… un genou fourbe dans l’entrejambe - vilain celui-là - et pour finir, le chuintement d’une lame finalement sortie de son fourreau, glissant juste sous la barbe du dernier malfrat encore debout, s’arrêtant contre son cou, y déposant une légère coupure. Et un échange de regard plus tard, l’homme qui se tenait devant Eivar, menacé de la sorte, se laissa tomber au sol comme tous ses compères.

    Les trente gardes arrivés en renfort avaient déjà commencé à passer le fer et à appréhender chaque homme présent, notant leurs noms un à un avant de les regrouper contre le mur du poste de garde. L’aventurier n’avait pas bougé d’un pouce, essoufflé lame tendue vers l’avant, ne menaçant désormais plus personne. Il fit l’effort d’abaisser l’arme et de la ranger dans son fourreau, avant de s’en servir comme d’un appui pour se redresser. Jetant un regard victorieux sur le champ de bataille, il glissa sa main sous son manteau, et grimaça en sentant la plaie ouverte qui avait été infligée à son épaule un peu plus tôt. Il se retourna vers ses camarades, et se fit la réflexion que certains étaient dans un état bien pire que lui, l’une en particulier semblait endurer une souffrance intense, gémissant de douleur au sol.

    - Occupez-vous du soldat Leanort ! Ne voyez-vous pas dans quel état elle se trouve ? 

    Eivar releva les yeux, et ne pu s’empêcher de sourire : le Lieutenant était entrain de sermonner une recrue, un jeune médecin apparemment, qui avait sûrement cru se faire bien voir en s’occupant en priorité de son officier. La tête basse, il se rua sur la soldate et commença à lui prodiguer des soins, s’aidant de sa magie pour créer un onguent qui possédait sûrement des vertus régénératives. Boitant, sa longue épée sous son épaule sauve, il s’approcha, et signifiant la blessée du menton, il s’adressa simplement au Lieutenant, énonçant une évidence.

    - Elle s’en sortira sans soucis, je l’ai vue se battre, elle ne se laissera pas mourir aussi facilement


    Alors qu’il ne s’attendait pas forcement à une réponse, l’officier acquiesça en fermant les yeux, démontrant à nouveau la confiance qu’il avait en ses hommes. Quelques nouveaux hommes arrivèrent en courant, équipés de trousses de soin, venu quérir leurs ordres.
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    Re: Arrestation inattendue
    Sam 7 Mar 2020 - 17:40 #
    Un à un, ils tombaient, lâchement, tandis que les menottes venaient se fermer solidement sur leurs poignets. Les renforts de la Garde furent efficaces et étaient arrivés au parfait instant, alors que les brigands commençaient à se démoraliser, à perdre foi et à être désorientés. Une telle agitation nocturne était bien rare et ne se déroulait que très rarement. Cela ne pouvait confirmer que les soupçons de beaucoup : la Garde avait frappé un grand coup dans le commerce illégal qui sévissait sur toute une partie de Grand-Port. Le combat ne fut pas d'une ampleur exceptionnel bien qu'il pût être relaté par bon nombre de personnes - autant civils que gardes et aventuriers. Quelques rebelles grognaient, la face livide ou rouge, la colère pouvant toujours se faire sentir. Un étrange calme sévissait sur la place là où, quelques instants auparavant, du choc des fers naissait une symphonie brutale et inquiétante. Droit, massant son épaule blessée, le Lieutenant surplombait les hommes de sa haute taille, regardait d'un air grave les alentours. Le médecin de la Garde, obéissant aux ordres, soignait la soldate blessée. Aussi superficielle fusse-t-elle, cette blessure ne témoignait pas moins du combat acharné et de l'échec provisoire d'Emeor. Il n'avait pas su, au plus profond de la bataille, protéger ses hommes. Il s'assurerait que la soldate se porte relativement bien dans les prochains jours, quitte à la convoquer au sein de son bureau. Les renforts maîtrisaient les ridicules assaillants. Ils les accompagnaient déjà à l'intérieur. Le Lieutenant les dévisageait, l'air placide. Il ne comprenait pas. Pourquoi avaient-ils attaqué ? Que pensaient-ils ? Si cette manœuvre était une distraction afin de sauver le tavernier - cette grosse prise capturée plus tôt dans la soirée -, alors, l'échec était total. En effet, deux gardes veillaient personnellement sur ce si précieux prisonnier, tandis qu'un troisième se chargeait de surveiller les environs et, même au sein de la bataille, aurait prévenu la Garde d'une éventuelle tentative d'évasion. Emeor savait sa proie en sécurité derrière des barreaux. Mais alors, pourquoi ? L'alcool avait-il de tels effets sur ces hommes et ces femmes ? Essayaient-ils de tester la résistance du corps militaire ? En cette nuit noire, le Lieutenant ne pouvait formuler que de simples hypothèses. Une légère brise marine souffla sur la place, faisant vaciller les flammes des torches. Le silence régnait en maître. Emeor respirait, doucement, sentant l'iode marin qui s'infiltrait dans ses poumons. La nuit fut longue.

    " Assurez-vous de ramasser toutes les armes. Nous organiserons rapidement un relais pour établir des rondes durant le reste de la nuit. Occupez vous des quelques blessés. Soldats, je suis fier de vous, tout comme les habitants de cette ville. Vous avez prouvé votre valeur. Rentrons.


    Tous les assaillants gisaient, tant bien que mal, dans les petites cellules étroites - il en manquait, assurément, ce qui provoquait des entassements peu charmant d'hommes et de femmes fatigués, las, et éméchés. Peu à peu, les soldats rentrèrent dans la Caserne. Le bâtiment de pierre trônait fièrement. Ses pierres blanches immaculées restaient intouchées de l'assaut, comme s'il fallait à tout prix préserver leur pureté, si chère aux yeux d'Emeor. Celui-ci, après avoir aidé quelques hommes à se relever - il fut bien tenant de s'asseoir quelques secondes -, se dirigea d'un pas rapide vers l'aventurier. Malgré la fatigue, il avait vaillamment combattu. Cette aide précieuse était, sans nul doute, appréciée à sa juste valeur par le Lieutenant. Le jeune homme remontait dans son estime - bien qu'il n'eut, jusqu'ici, pas formulé de jugements définitifs à son égard. Emeor remonta ses très sobres lunettes et vint se planter face à monsieur Neass dont la fatigue semblait accabler les épaules.

    " Je vous suis intimement reconnaissant pour votre aide, Monsieur Neass. Ce n'est pas n'importe quel homme qui aiderait ainsi la Garde. Je ne vous aucune raison de vous garder, rassurez-vous ? Voyez-vous ce grand bâtiment ? dit-il en pointant une large bâtisse de pierres brunes parsemées de nombreuses belles fenêtres ouvragées C'est une auberge. Dîtes-leur que vous venez de la part du Lieutenant Emeor Calyx du régiment de la Garde en place à Grand-Port. Je vous paye votre chambre pour la nuit, c'est la moindre des choses que je puisse faire pour vous remercier à la hauteur de votre service. Reposez-vous bien, bonne soirée.


    Emeor, peut-être était-ce à cause de la fatigue suite à cette nuit ou simplement en simple signe de reconnaissance, sourit à Eivar. Un léger sourire, respectueux mais pas froid, amical mais pas chaleureux. Le militaire tourna les talons et fit quelques pas avant de, brusquement se retourner, l'air à nouveau grave.

    " Par contre, j'aurai besoin de vous dans cette affaire. Un tel événement cache bien des choses, on ne voit pas de tels combats dans le royaume quotidiennement. La moindre aide, la moindre chose dont vous avez été témoin, est la bienvenue. Sur ce, je vous laisse !


    Le buste droit, la tête haute, les yeux marrons lacérant l'air, Emeor retourna vers le bâtiment de la Garde, laissant Eivar seul. La nuit s'achèverait d'ici quelques heures. Le soleil se lèvera enfin. Un nouveau jour adviendra à Grand-Port. La grande porte en bois de la Garnison se ferma lourdement. La place, vide, semblait n'avoir rien connue en cette nuit. La douce brise marine soufflait, présageant des vents plus lourds et plus violents pour le lendemain. Un jour chargé. Cette affaire n'en était qu'à son début. Là était le pressentiment du Lieutenant.
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