Zahria s’empresse de m’aider en profitant pour être au petits soins de Shiranai. Avec son aide, donner un peu de liberté à Shiranai est rapide et nettement moins fatiguant que seule. L’Ouranbos a l’air content d’avoir un peu de liberté pour faire sa petite vie sans être harnaché au chariot. Je commente les inconvénients de la grossesse en m'installant à l’arrière du chariot. Il faut l’avouer, la grossesse, c’est plus d’ennuis que de joie… Mais on s’adapte. Sortant mon panier, Zahria fait de même en sortant son déjeuner. Pour le coup, on voit la différence entre son régime alimentaire et le mien. Je ris au commentaire sur les envies de femme enceinte.

C’est tout à fait ça… Bébé réclame du sucre mais je vais me laisser tenter par un morceau de saucisson.

Je prend un morceau tendu par mon acolyte en l’interrogeant sur ses désirs de familier. Elle prend un peu de temps pour réfléchir me laissant du coup de le temps de grignoter le saucisson. Je hausse un sourcil et une oreille à la mention d’un Tsi’ly. Vrai qu’ils font de bonnes montures mais le fait qu’ils dépérissent lentement s’ils sont seul m’a un peu freinée sur l’idée d’en prendre un quand le besoin s’est fait sentir… Ma mine se teinte d’un sourire lorsqu’elle fait remarquer que les limaces nouvellement apparus sur le marché des familiers pourraient plaire au bébé quand il sera là puis la rencontre en pleine nature avec Shiranai. Éclatant d’un rire franc, je tapote l’épaule de Zahria.

Rencontrer dans la nature, c’est une bien grande expression pour ce qu’il s’est passé avec Shiranai. Le vieux grincheux m’a à peine écouté et directement coller les rennes de Shiranai en me souhaitant un bon retour chez moi. Pour mettre un familier entre les mains du bébé, on va attendre qu’il grandisse un peu déjà. Geki sera déjà bien suffisante pour les câlins, elle est déjà un pot de colle ambulant.

J’espère qu’elle veillera autant sur le bébé qu’elle me colle actuellement… Imitant Zahria, je prend une viennoiserie dans le panier et commence à la grignoter en l’écoutant. Je m’amuse des liens qu’elle fait entre nos diverses discussions. Et le sujet m’intéresse tout de même, même si je compte rester le plus loin possible des hommes à partir de maintenant. Une fois, ça m’a suffit ! D’accord, c’était sympa mais ça vaut pas les presque quatre mois de nausés, la fatigue et les douleurs. Rien ne vaut la douceur des bras d’une femme et l’absence de problèmes qui suivent.

Je compte bien ne pas en avoir besoin mais je prend bonne note, sait-on jamais. Et même si je voulais me trouver un mari, qui voudrait d’une femme qui se traine un enfant ?

Là-dessus, c’est une bonne chose. La tentation de jouer avec un homme sera bien réduite s’ils prennent la fuite à l’évocation d’un bébé. Face à l’appréciation sonore de Zahria lorsqu’elle goûte la douceur, je me permet de lui expliquer où je les ai achetée. Pas sûr que cela soit intéressant pour elle d’aller jusqu’à la petite échoppe de mon quartier mais je suis certaine qu’en cherchant un peu, elle pourra en trouver d’aussi bonne autour de chez elle. Continuant de manger, grignoter pour ma part, la discussion s’alimente d’elle-même. Après une pause un peu longue, on décide de ranger le tout et reprendre la promenade. Après avoir remis mon panier en place, je m’approche de Shiranai pour le prendre par les rennes tandis que Zahria détachera la corde. Mais lorsque je saisi sa bride, il secoue la tête en tapant du sabot. Il se débat un peu mais ne semble pas encore prêt à me renverser pour se libérer. Inquiète, Zahria m’interroge sur la possibilité qu’il ait entendu quelque chose qui le dérange. Une main sur sa tête pour essayer de le rassurer, je me concentre sur mon ouïe pour essayer d’entendre les même choses que ma monture. Le bruit des feuilles brassées par l’air, le coeur de zahria et de shiranai tout proche de moi… Des petits “poc” étouffés parfois ponctué d’un froissement de feuille. Quelque chose nous tourne autour mais toujours dans le sens du vent car je ne sens pas d’odeur particulièrement inquiétante… A moins que mon nez ne soit devenu moins sensible avec la grossesse. Habituée à venir chasser par ici lorsque la saison s’y prête, j’essaye de déterminer ce qui pourrait vouloir nous tomber dessus… Peut-être une meute de loupain affamés.

Un ou plusieurs trucs nous tourne autour… Certainement des prédateurs vu comment Shiranai s’affolent.

Tout en réfléchissant à la marche à suivre, je détache la corde au niveau de la bride de l’ouranbos. Je préfère abandonner la corde ici si nécessaire. De toute façon, le combat n’est pas une option dans mon état… Même en me changeant en renarde, je ne serais pas capable d’affronter plus d’un loupain. Usant du peu de force dont je dispose, j’oblige Shiranai à venir jusqu’au chariot où je l’harnache en commentant pour Zahria.

Je pense qu’il s’agit de Loupains. On est encore prêt de la Capitale pour voir de plus gros prédateurs… En temps normal, j’aurai fait le stock de viande mais là. Et je n’ai même pas pris d’armes. Tu as de quoi nous défendre toi ?

Ils ne sont pas très dangereux mais je ne veux pas prendre le risque qu’ils s’en prennent à Shiranai. Heureusement, ces minuscules loups ne sont pas les prédateurs les plus téméraires de la Grande Forêt. Réalisant le dernier noeud, j’interroge ma camarade.

On peut essayer de prendre la fuite. Ils doivent se tenir par-là pour éviter de propager leur odeur vers nous, on devrait pouvoir partir par là sans trop de mal et espérer qu’ils abandonneront rapidement la poursuite.

Et s’il le faut vraiment, je prendrait le risque de me battre sous ma forme lupine pour protéger mon familier.