Lames et morsures
[PV @Arthorias Hekmatyar]
Luz rajusta la sangle de sa sacoche sur son épaule. L’air glacé de la montagne s’infiltra dans l’échancrure de son col, soulevant quelques mèches flammes à son grand désarroi. Elle espérait s’être suffisamment couverte, ses gants du solstice vissé à ses mains et le cuir de ses vêtements remplumé de fourrure. La météo était toutefois capricieuse en montagne et les lourds nuages qui gonflaient à l’est ne lui disaient rien qui vaille. Si cela n’avait tenu qu’à elle, sans doute aurait-elle repoussé l’opération au lendemain, voire à une autre période de l’année où les températures seraient plus clémentes… Pour autant, la missive enfoncée bien au chaud dans la poche de sa veste ne laissait guère de place au doute : ordre de la Garde royale elle-même. Elle jeta un rapide regard au portail de téléportation qui lui avait permis de se déplacer si vite et descendit quelques marches pour libérer l’espace disponible à l’intention des autres voyageurs. Aussitôt, un jeune homme apparut à ses côtés et lui offrit un rapide salut militaire.
Elle acquiesça et lui emboîta immédiatement le pas. Elle n’était que rarement venue à la Forteresse, et il fallait déjà quitter celle-ci… Une fois encore, elle n’aurait guère la possibilité de profiter des thermes dont la réputation sévissait à travers tout le Royaume. A croire qu’elle n’était uniquement destinée à se rendre dans les montagnes que pour se battre à corps perdue contre des créatures hargneuses ! Un frisson la parcourut lorsqu’elle songea à la Cité Enfouie, dont quelques obscurs boyaux devaient sûrement s’étendre encore sous leurs pas… Fort heureusement, les gardes de la Forteresse n’étaient pas connus pour leur tendresse et elle leur faisait toute confiance pour refouler un potentiel danger de cet acabit.
Ils longèrent les remparts, s’éloignèrent des habitations pour pénétrer dans l’immensité du plateau. Le chemin devenait progressivement caillouteux, un roulis d’arrêtes, de prairies et de lames rocheuses écharpées. L’air était pur et vivifiant, une fraîcheur telle qu’il n’en existait que dans les contreforts des montagnes, là où le vent était libre d’hurler et les éléments plus sauvages et houleux que dans l’intérieur des terres. Sur le chemin, son contact se rapprocha d’elle et lui dressa un nouveau récapitulatif de l’affaire. Sa voix était basse mais il demeurait concentré sur ses pas : ici, mieux valait redouter de mettre la semelle sur un terrain peu sûr.
Il y a une semaine de cela, Luz s’était vue contactée par un émissaire de la Garde royale. Cela avait été aisé pour lui, puisqu’elle travaillait de longues heures durant au palais royal. De toute évidence, un petit groupuscule s’amusait à sévir dans les parages de la Capitale, tantôt contrebandiers, tantôt bandits de grands chemins. Rares étaient ceux qui parvenaient à les prendre sur le fait, et les rares qui réussissaient cet exploit finissaient généralement surinés dans un coin sombre de forêt. Quelques voyageurs s’étaient même déjà retrouvés blessés pour une malencontreuse rencontre avec le destin. Leur équipement n’était pas celui d’une mauvaise herbe hasardeuse et tout portait à croire qu’une organisation plus large, plus tentaculaire, leur accordait des financements moyennant services… En l’occurrence, les lascars s’étaient spécialisés dans la capture et la revente d’animaux rares et féroces, agrémentant leur fin de mois d’un trafic soigneux de plantes médicinales. Certaines d’entre elles étaient hautement toxiques pour le genre humain et se retrouvaient mystérieusement dans la coupe dorée de nobles indésirables. Oui, en somme, il était grand temps de faire cesser leurs agissements.
Luz n’était bien entendu pas au courant des détails, mais une taupe de la Garde était de toute évidence parvenue à s’infiltrer dans leur joyeuse troupe. Celui-ci transmettait par communications hiératiques des informations précieuses sur leurs prochaines actions ou leur localisation. C’était ainsi et ce pourquoi la Garde l’avait à son tour contactée… Une praticienne habituée au terrain pour ses précédents faits d’armes dont le rôle serait d’identifier et de lister très exactement la nature de la cargaison végétale. Certaines plantes demandaient des précautions en matière de manipulation et il faudrait bien nettoyer la zone dès lors que la Garde aurait attrapé et mis au fer ces malandrins. Elle ne doutait pas non plus de l’utilité de son pouvoir de soin, très utile dans une confrontation armée de cet acabit. Son rôle de support lui donnait dans tous les cas un accès privilégié à ce type de missions dangereuses, et elle devait bien l’avouer, ce n’était pas pour lui déplaire…
Son guide s’effaça pour lui laisser place. Le Capitaine de la Garde royale, environné de ses troupes armées, lui faisait à présent face. Elle s’inclina subrepticement, un léger sourire sur le coin des lèvres.
Elle le connaissait d’ores et déjà de vue, privilège acquis par sa fréquentation du palais. Elle n’avait néanmoins jamais eu l’occasion d’échanger personnellement avec lui et n’était pas suffisamment bavarde au quotidien pour désirer déranger un honnête travailleur dans son auguste mission. Enfin, sauf lorsqu’il s’agissait d’une Garde aussi ravissante que Jaina. Cette escouade constituait donc une occasion parfaite pour le rencontrer plus avant ! Elle le détailla soigneusement, revêtu de l’armure propre à son rang et paré de la couronne de cheveux blonds qui avait fait sa réputation. Un bel homme, assurément, à la posture professionnelle.
Cela allait bien entendu de soi, mais elle était désireuse de le rassurer quant au fait qu’elle n’était plus entièrement une civile inéduquée… Ils avaient échangé quelques missives sur leur objectif de ce jour, aussi sortit-elle de son sac sans fond sa carte holographique. Le cristal cubique se mit à luire entre ses mains expertes et elle le déposa sur la terre ferme au centre de leur groupe. La carte d’Aryon se dessina autour d’eux, lignes bleutées épurées qui représentaient avec une extrême précision la topographie du continent et chacune des météos locales. Elle traça un geste dans les airs et zooma sur le périmètre de la montagne.
Le capitaine Hekmatyar vit la médecin arriver de loin. Difficile de la rater tant elle détonnait sur le reste du paysage, ses cheveux rougeoyant ressortant sur la neige blanche.
Madame Weiss était décidément une belle femme, détonant sur la vision plutôt rigide qu'il avait des médecins royaux.
Et alors qu'elle s'approchait du groupe de soldat, s'inclinant légèrement, l'officier retira son heaume distinctif, tendant la main à la jeune femme avant de lui offrir un sourire.
-Madame Weiss, je suis content que vous soyez avec nous aujourd'hui, même si j'aurai préférer vous entraîner dans une entreprise moins hasardeuse
Le nord n'était pas l'endroit le plus accueillant du royaume, ce maudit froid pouvait glacer un homme en moins de temps qu'il fallait pour dire "froid". Et les gardes locaux aussi morne et triste que la neige qui recouvrait tout.
Néanmoins l'officier aimait bien cet endroit, prenant une bonne bouffée d'air frai. C'était tout de même sacrément vivifiant et malgré le rembourrage sous son armure, il sentait tout de même la fraîcheur ambiante.
Ses hommes n'avaient pas comme lui opté pour une armure de plaque, s'équipant plutôt avec du cuir de très haute qualité renforcé d'acier aux points les plus important, et surtout couvert de la tête au pied pour résister au froid.
Seul l'officier disposait de sa tenue habituelle, allégée comme elle l'était pas son pendentif plume, il était bien plus léger qu'eux et son pouvoir l'immunisait au froid.
-Même si nous avons déjà échangé par lettre je ne vous imaginais pas si.... jeune
Au vu de sa renommée il aurait imaginé quelqu'un de moins dynamique. Et surement pas aussi belle...
Secouant doucement a tête il préféra s’intéresser à la carte reconnaissant par la même les alentours tout en étudiant la carte et les informations.
Sortant de son sac sa plume magique, il traça dans les airs les indications orales de leur informateur pour résumer ce qu'il disait.
Réfléchissant quelques temps, il finit par s’intéresser au sujet de la traque
-Un Warg, un spécimen solitaire donc.... Qu'est ce qu'on sait sur leurs habitudes ? Si on arrive à traquer la bête, on pourrait suivre le même cheminement qu'eux. Et peut être arriver à les trouver facilement.
Connaitre son ennemi pour le coincer, c'était une vieille habitude, mais qui pouvait se montrer utile.
Et finalement alors que l'écriture restait dans les airs, l'officier se tourna vers le médecin.
-Qu'en dites vous madame Weiss ? De ce que je sais vous avez vous même un peu d'expérience dans le milieu.
Pour l'instant tout était flou, malgré les informations, et progresser dans ces montagnes allait être un vrai calvaire, le dénivelé rendrait chaque pas compliqué.
L'officier vérifia une dernière fois son matériel avant de reprendre.
-Pour le camp de civil on est sur qu'ils sont innocent ? Et que ce n'est pas la base arrière de nos braconniers ?
Si sa chevelure blonde était maintes fois contée dans les anecdotes, nul ne faisait mention de ses yeux verrons. Une particularité rare dans le règne du vivant que Luz ne manqua guère de noter, son regard médical aiguisé appréciant ce type de divergence génétique. Il arborait qui plus est un visage tout à fait sympathique sur lequel elle n’aurait pas parié de prime abord. La Garde était connue pour sa sobriété et sa rigueur d’action, non pour ses sourires et sa sociabilité. Il était donc parfaitement agréable de rencontrer un Capitaine capable d’exprimer une once d’amabilité à l’égard de ceux qui se joignaient à lui. C’est qu’il devait avoir l’habitude de fréquenter des nobles bien plus teigneux qu’elle, songea-t-elle, un brin compatissante pour cet homme qui devait parfois gérer des convives aussi peu raisonnables qu’une armée d’enfants.
Elle se reconcentra sur la situation présente lorsque le Capitaine Hekmatyar se retourna vers elle, quêtant son opinion. Elle s’étonna de cette marque d’attention, elle qui n’était dotée que d’une expérience parcellaire au regard de gardes entraînés et armés jusqu’aux dents qui les environnaient. Ce témoignage de respect était toutefois gratifiant et elle sentit la nécessité de faire pleinement honneur au rôle qui lui était dévolu.
Elle fronça les sourcils, concentrée sur les replis de mémoire à sa portée. Ces longues heures passées à lire des bouquins de zoologie à la lueur d’une bougie portaient désormais leurs fruits !
Si j’étais eux, je crois que je longerais leur territoire tout en positionnant à la périphérie de celui-ci la carcasse d’un animal massif. Avec ou sans somnifère, les wargs seront à peine en mesure de réagir une fois rassasiés jusqu’aux oreilles. Leur organisme n’aura pas l’habitude d’accueillir autant de nourriture en une seule fois. De quoi transformer un canidé territorial et féroce en chaton irritable. Cela signifie qu’ils devront attendre patiemment en hauteur de la scène, sur un promontoire face au vent. »
Enfin, elle espérait qu’ils n’auraient pas à croiser de warg blanc. Si c’était là leur cible, l’affaire se complexifierait sensiblement…
Nous n’avons en tous cas noté que des allers retours ponctuels et rares entre nos bandits et ce camp. Probablement pour monnayer et échanger des ressources, telles que de l’alcool. Nous n’excluons pas non plus que nos contrebandiers aient laissé dans ce camp un ou deux complices, ne serait-ce que pour s’assurer du silence des villageois là-bas.
Nous avons constaté qu’ils s’autorisaient quelques largesses ces derniers temps. Eux qui étaient auparavant si prudents commencent à devenir plus tapageurs et moins méfiants. Nous avons de bonnes raisons de croire que les financements et la soit disant protection accordée par une autre organisation les poussent à pêcher par orgueil et à commettre davantage de fautes. »
Laissant le soin au Capitaine de déterminer la suite des opérations et de lancer le feu vert pour la troupe, Luz tâcha d’extraire de sa besace un chaud bonnet de cuir et de fourrure qui lui permettrait d’évoluer dans la blancheur de la neige sans perdre toute sensation sur son visage. Heureusement, ses bottes hautes la maintenaient parfaitement au sec. Plusieurs chevaux patientaient également à quelques mètres de là, plus trapus et plus costauds que leurs congénères du sud. Ils étaient recouverts d’un manteau épais et paraissaient à première vue d’un tempérament calme et réfléchi. Elle comprenait – avoir le sabot nerveux par ici les aurait rapidement conduits au fond d’un précipice. Allaient-ils les utiliser ou laisseraient-ils leurs montures à cette étape située à mi-chemin de la Forteresse ?
Arthorias notait les conseils dans un coin de son esprit, prendre une spécialiste dans le groupe aidait considérablement. Et même s'ils étaient de ceux qui traquaient, il aurait été faux de dire qu'ils étaient de grand spécialistes.
Les connaissances de la garde était limité en terme d'animaux sauvages. Et mieux valait ne pas y aller à l'aveugle, surtout dans un environnement aussi hostile
Il rougit presque sous les compliments avant de rajouter avec un petit sourire
-Dans ce cas je me permet de vous féliciter sur les illusions que vous choisissez, elles sont du plus bel effet.
Vous êtes bien trop aimable.
Pour la suite, il prit un petit carnet, notant les conseils du médecin, un promontoire, face au vent.... Et de préférence avec une source de nourriture importante.
En comparant les lignes de relief sur la carte, il pouvait arrêter certaines zones d'avance, les notant dans les airs avant de reporter chaque zone sur son carnet
-Hum nous avons quelques zones de moins, mais je pense qu'il faudra envisager certaines simplifications.... Si nous voulons passer le moins de temps possible dans ces montagnes, n'oublions pas chaque jour passé nous rapproche d'une rencontre.... compliquée.
Les wargs blancs n'étaient pas les seuls prédateurs du coin, et Arthorias tenait à éviter les zones les plus dangereuses, pour la sécurité de tous.
Se tournant vers le guide, il indiqua une des première zone identifiée sur la carte holographique, l'entourant de sa plume.
-Vous pouvez nous conduire ici ?
-Oui. Cela dit nous n'y serons pas avant quelques temps, il faut prévoir de quoi dormir pour la nuit, et éventuellement charger nos chevaux avec de quoi faire, je m'en charge.
Quelques minutes après le petit groupe partait en direction de la première zone, le guide en tête avec quelques soldat à côté alors qu'Arthorias marchait avec le médecin, les chevaux chargés suivant paisiblement derrière
-Je ne pensais pas que certaines organisations pouvaient se montrer aussi imprudente, à croire que l'influence de la loi s'estompe quand on s'éloigne de la capitale.
Il faut dire que la ville concentrait bien plus de garde au mètre que n'importe quel endroit. Ces montagnes étaient en plus proche d'une frontière des plus dangereuses
Avec un air taquin, il demanda à Luz
-Si vous avez effectivement le déguisement d'une vieille dame, supporterez vous de marcher ? Ou bien dois-je demander à mes soldats un cheval en plus ?
Avec un clin d’œil il avisa le long chemin qui s'annonçait, des nuages menaçant s’amoncelant au loin, signe qu'un orage éclaterait dans la soirée
-Hum... Cela s'annonce mal...
Les montagnes n'étaient pas connues pour leurs clémences. Inutile de préciser qu'une avalanche était aussi risquée. Et en la présence d'un civil... tout devenait encore plus compliqué, même s'il avait l'habitude et que madame Weiss n'était visiblement pas plus incommodée que cela
-Vous avez l'habitudes de ce genre de sorties ?
Elle leva une main au ciel, signe bref d’impuissance. La neige épaisse crissait sous ses bottes, d’une blancheur laiteuse qui réverbérait une étonnante lumière blanche et crue omniprésente. La matière duveteuse absorbait les autres sons et il était étrange de parler dans ce décor cotonneux si anormalement silencieux. La nature avait absorbé les sons habituels de la forêt et elle n’entendait plus que le souffle des hommes et des bêtes qui peinaient de concert dans la neige. Elle rit pour autant de sa boutade, un léger nuage cristallisé sur ses lèvres et les joues bientôt d’une jolie couleur rosée provoquée par l’air vivifiant de la montagne.
Au loin, un grondement craqua dans les pics rocheux qui les surplombaient. Elle leva brièvement les yeux, plissant les paupières pour mieux détailler les renflements tempétueux des nuages qui s’amoncelaient dans les hauteurs, une lame de fond qui écrasait sans pitié les alentours d’un voile opaque. Elle ne pouvait percevoir le tonnerre de sa position, mais celui-ci faisait trembler la roche sous leur semelle et résonnait déjà dans leurs entrailles par hasardeuse intermittence. Voilà qui serait fortement contraignant. Un fin sourcil plissé en une courbe agacée, Luz n’hésita pas une seule seconde. Elle effleura des doigts le bras d’Arthorias afin d’attirer son attention et d’un geste souple ôta le gant qui recouvrait sa dextre.
Oh, il devrait probablement déjà disposer de l’information en tant que Capitaine de la Garde royale. Elle désirait toutefois faire preuve de bonne foi et ne pas risquer d’être jugée indigne de cette sortie au grand air. Ses prunelles d’un vert sombre s’emparaient déjà d’une lueur plus ambrée, presque un éclat métallique. Elle pouvait sentir l’énergie fourmiller sur sa peau en réponse à l’appel des cieux, une condensation phénoménale qui longeait sa chair d’excitation et apparaissait par légers fourmillements bleutés. Ces étincelles étaient presque imperceptibles, mais elles n’iraient pas en s’améliorant…
A cet instant, de très légers flocons vinrent se poser avec douceur autour d’eux. Une danse légère et silencieuse qui vint bientôt se mêler à leurs cheveux en amples torsades mouillées, sous la forme d'une couronne de glace blanche et chatoyante. La neige allait forcir. Cette averse d’hiver était annonciatrice de la nuit trépidante qu’ils s’apprêtaient à passer. Luz qui avait jusqu’alors les prunelles levées vers le ciel, revint s’ancrer dans le regard du Capitaine. Elle lui sourit, et se fendit d’une véritable révérence cette fois-ci.
La chevelure blonde d’Arthorias n’était pas passée invisible dans la foule qui patientait ce jour-là à l’entrée du goulot. Suite au discours du Roi, Luz n’avait pas manqué de remarquer l’air revêche de Zahria, puis l’armure de la Garde royale qui l’accompagnait… Elle plaça sa main en poing sur sa poitrine et reprit avec sincérité :
Certes, l’escouade d’Arthorias n’avait pas croisé la sienne, mais que signifiaient les distances sur un terrain en guerre… ?
Ils marchèrent ainsi longuement avant que la neige ne soit trop drue et que l’on signale un arrêt forcé du groupe. Méthodiquement, chacun s’affaira alors à préparer les menues fortifications qui permettraient à tous de survivre le temps de cet orage. La neige avait forci et la poudreuse s’encombrait prestement sous leurs bottes. Leur guide les avait entraînés loin dans les dédales de la montagne, négligeant le versant d’un plateau pour abriter la troupe sous un promontoire rocheux. L’espace s’enfonçait sensiblement dans la roche et prenait la forme d’une petite grotte d’appoint. Des restes de cendre noircie au sol attestaient de l’utilisation régulière de cet endroit par les autochtones. Dehors, la nuit s’ajouterait bientôt à l’orage – au moins seraient-ils ici à l’abri de toute potentielle avalanche…
Luz qui avait déjà juré trois fois en tentant de se saisir d’une tasse en métal, son pouvoir claquant dans l’air avec un brin trop d’enthousiasme, avait inondé de remerciements le vaillant garde qui avait consenti à lui prêter une tasse en terre cuite contenant du thé. Leur installation était parcellaire et la nourriture rudimentaire, mais la chaleur du liquide contre ses mains lui procuraient d’ores et déjà un profond réconfort. Puisque le moment était à l’attente, Luz n’hésita pas et vint s’asseoir aux côtés du grand blond, les lèvres pleines d’une multitude de questions.
Elle avait naturellement adopté un ton de plaisanterie douce, atténuant sa véritable curiosité sous les abords d'une cordialité amusée.
La montagne était une rude maîtresse, et elle n'hésitait jamais à rendre la vie de ses amants difficile. Le vent glaçait les os, et semblait tout faire pour faire chuter les marcheurs qui à chaque pas prenaient le risque de tomber, dans une chute aussi rapide que mortelle. Les sentiers n'étaient pas les plus dangereux qu'abritaient les pics néanmoins il était impossible de les qualifier de sûr.
Malgré ça, la petite troupe avançait à bon pas, le guide étant au moins sûr de ce qu'il faisait.
Mais Luz semblait tout faire pour alléger le voyage, discutant avec un entrain plus qu'inhabituel avec l'officier en charge. Et Arthorias était ravi de pouvoir donner le change. Et même s'il ne sentait le froid et la morsure du vent, il était ravi de s'occuper l'esprit en si plaisante compagnie.
-Fort bien, je donnerais des consignes pour qu'ils s'occupent de vous telle la personne que vous voulez être.
Dit il avec un sourire amusé, curieux de cette plaisanterie.
Mais son visage se fit plus sérieux quand le médecin commença à faire part d'un problème. Un pouvoir en rapport avec l’électricité ? Il en avait lu quelques lignes oui, mais n'était pas au courant de ce désavantage. Et même s'il ne comptait pas sur elle pour se battre, c'était un facteur en plus à ajouter à l'équation.
-Je vois.
Dit il en recalculant ses plans en fonction de cette nouvelle donnée avant de jeter un coup d’œil à sa propre cuirasse, et de se frapper doucement le front.
Oui Luz risquait fortement d'être telle une pile par ce temps d'orage, mais fort heureusement, le groupe disposait d'une solution qui lui permettrait de ne pas l'abandonner à la solitude.
Après quelques instant il revint vers elle avec des nouvelles qui se voulaient rassurante
-J'ai peut être une solution Miss Weiss, je vous expliquerait tout une fois au campement, d'ici là tachez de garder vos douleurs articulaires sous contrôle.
Il eut un petit rire alors que la troupe commençait à rencontrer des masses toujours plus importantes de neige. Et le rythme accusa encore une fois le coup. Les soldats n'étant pas des montagnards nés, ils ne pouvaient suivre le rythme du guide qui dut faire quelques arrêt pour attendre les soldats.
Arthorias lui était en plein souvenir. De mauvais souvenirs mais qui ne l'empêchèrent pas d'hocher la tête avec gravité
-Hum... Je suppose que vous devez faire mention de Zahria, mon ex-femme n'était pas très familière avec grand monde.
Je serais curieux de connaitre l'histoire que vous avez avec elle.... Elle à toujours eu le chic pour avoir des histoires aussi inattendue que fascinante.
Zahria.... Cette femme était une source de fascination pour lui. Toujours dans la garde, maître espion, et aussi insaisissable que la fumée. Parfois il enviait sa liberté et sa façon de vivre.
Au contraire de sa colocatrice, lui était aussi rigide qu'une enclume. Parfois il se prenait à prendre la noiraude pour son reflet inverse.
-Vous êtes donc vous même une héroïne Luz, peut sont revenus entier de cette cité, et même parmi ceux là.... beaucoup ont souffert après coup. C'est une tragédie que nous ayons perdu autant de gens en bas. Une tragédie... oui....
Secouant la tête pour chasser ces mauvaises pensée, il tenta de reprendre d'un ton plus léger.
-Mais reconnaissez votre propre valeur, vous avez survécu aux périls de ces caveaux enténébrés, parfois je me dis que nous avons réveillé ce que l'homme aurait du laisser dormir dans les confins de la terre.
Et que nous n'avons pas fini de voir les effets de ces expéditions
Et voilà qu'il semblait presque faire des prophéties, à croire que le décalage chronologique du médecin avait des effets sur lui.
-Enfin, écoutez moi à parler comme un ancien !
Je suis heureux d'avoir quelqu'un d'aussi valeureux avec nous pour cette expédition miss Weiss
Et après des heures, le campement fini par apparaître sous la forme d'un abris, et surtout d'une grotte que les soldats investirent rapidement, commençant par la même à monter un camp de fortune, séparant les quartiers à l'aide de toiles de tente colorées pour les différencier.
On ne pouvais pas dire que c'était conventionnel, mais chaque personne avait ses propres quartiers, et le feu de camp était au centre de tout.
L'officier vit de loin le médecin, son pouvoir lui causant bien des soucis ici....
Dans son espace personnel, il ferma et ouvrit plusieurs fois son gantelet... Il avait profité du temps pour relire une partie de l’encyclopédie qu'il avait laissé dans son sac sans fond.
Il y avait peut être quelque chose à tester.
Et alors qu'il s'installait près du feu, il fut surpris par la question.
-La chaleur d'une demeure ? J'en ai eu une jadis, mais la cité enfouie à prélevée son due sur cette dernière. Ma seule demeure se situe dans mon bureau sur l'île royale, et si je n'y manque de rien... il est vrai que cela reste un lieu froid.
Un lieu de fonction plus que de personnalité, et je me sens parfois écrasé par le poids des hommes de plus grande valeur qui l'ont occupé.
Quant à sa promotion.... Elle lui était arrivée dessus plus qu'il ne voulait bien l'admettre et s'il se faisait au poste... Il profita de l’inattention de ses hommes pour se confier quelque peu
-Je ne l'ai pas appelé de mes vœux à vrai dire. J'étais un simple garde, jeune et sans réelle famille noble. Mais la commission m'a donné ma chance.
Disons que quand je suis devenu capitaine.... je m'attendais à beaucoup de choses, plus de.... grandiose diront nous. Un peu comme lorsque nous écoutons les fables des chevaliers d'antan. Mais ce poste n'offre que peu de gloire personnelle. C'est un fardeau et une lourde responsabilité.
Néanmoins.... je l'apprécie grandement... Cela doit vous paraître étrange j'en conviens.
Remettant son casque, il se concentra quelques instant pour chasser son corps de sa cuirasse, ses yeux vairons remplacés par deux orbes dorés.
-Me permettez vous ? J'ai lu des choses sur la foudre et je crois pouvoir alléger votre peine pour ce soir du moins.
D'un geste doux, il saisit la main de la jeune femme, un arc électrique se formant entre la chaire et l'acier alors que l’électricité se mettait à parcourir l'armure de l'officier. Déchargeant provisoirement le corps de Luz
-On m'a souvent parlé de soldats en armure frappés par la foudre.... Je suppose que je peux vous servir au moins pour ce soir
Question parfaitement sotte, tu peux mieux faire Luz. Elle se tordit le cou, s’agitant en tous sens pour détailler du regard chaque recoin extérieur de cette mystérieuse armure.
A cette parole, elle retourna sa main gantée dans la sienne et mima une poignée de main plus appuyée. Son regard était celui d’une scientifique en pleine découverte majeure et la curiosité paraissait lui brûler le corps tout entier. Possédée par le démon du savoir, elle ne put résister à l’envie d’étendre ses doigts jusqu’à son plastron. Des fois que ce simple contact lui permette d'appréhender la nature même de sa magie, heh.
« Tenez, votre ration. »
Elle attrapa la tambouille qu’on lui tendait, une moue d’enfant tordant ses jolies lèvres. Le coup d’œil fortement amusé du soldat ne lui avait guère échappé, et nul doute que ses petits excès de curiosité feraient bientôt des gorges chaudes parmi ses compagnons d’aventure. Cela ne l’empêcha nullement d’écouter religieusement les réponses du Capitaine et de le relancer autant que possible sur de potentielles anecdotes croustillantes. La magie était un élément fascinant de ce monde, et elle ne se lassait jamais d’en découvrir les multiples nuances.
Dehors, la neige avait achevé de couvrir l’horizon et la nuit se déchirait pas instant d’éclairs véloces, arrachant loin dans la montagne des pans entiers de gravats. De leur grotte, ils ne percevaient que le bourdonnement de la montagne, presque une lente digestion interrompue de flash lumineux. Peu importe où se trouvaient leurs cibles en cet instant, ce n’était pas une soirée de toute façon à capturer du warg… Finalement, cet orage leur offrait peut-être une avance non négligeable sur leurs adversaires, contraints de patienter en faveur d’un temps plus clément.
Bien plus tard cette soirée-là, Luz se lova dans les couvertures qui lui étaient allouées, ayant pris soin de chasser un maximum de l’humidité qui s’était prise dans ses vêtements. Les remous du feu achevèrent de la tranquilliser, tout à fait confiante entourée telle qu’elle l’était en cet instant de gardes armés jusqu’aux dents.
Au matin, le ciel était d’une clarté si violente qu’elle en heurtait les sens. La tempête avait chassé au loin les roulis des nuages et n’avait laissé qu’un vaste et immobile manteau blanc à perte de vue.
Vide ? En un sens oui, elle l'était, mais pour autant.... pas vraiment... C'était une question à laquelle il était difficile de répondre.
Physiquement.... oui.... pour le reste non. Arthorias reprit doucement remarquant l'intérêt de la jeune femme pour ce pouvoir.... atypique.
-Physiquement, oui elle est vide
Tout en parlant il ouvrit la visière du heaume, ne révélant que du métal ordinaire derrière le masque de fer, preuve supplémentaire que l'homme avait disparut.
Doucement il hocha la tête avant d'ajouter
-Je perçois comme si j'étais dedans oui, je ressens la pression sur le métal comme si c'était ma peau, néanmoins, pas de douleur, pas de faim, de froid ou de fatigue. Je suis comme libéré de mon corps mortel tant que je suis sous cette forme.
C'était un avantage indéniable, et si certains de ses prédécesseurs étaient mort en service, cela ne pouvait pas lui arriver. Il était un être capable de se réincarner, une sorte d'immortel lié à son éternelle cuirasse.
Jusqu'à présent il n'avait jamais ressenti de contrainte à ce pouvoir. Il faut dire que c'était quelque chose de subtil, différent des habituelle débauche de puissance magique
Mais peut être ne valait-il mieux pas parler de son désavantage.
Et alors que les mains du médecins remontaient le long du plastron, il eut un sourire intérieur.
Beaucoup voyaient ce pouvoir comme une curiosité alors que lui même l'utilisait désormais comme une chose naturelle.
-Si cela peut vous rassurer, oui je suis toujours vivant, je peux réapparaître dans cette armure, ou une autre que je vois... en fonction des besoins.
Un de ses soldats intervint de justesse pour donner à manger à Luz, qui semblait en cet instant ne se nourrir que de savoir à l'état brut, oubliant ses besoins physiologiques.
Le reste de la soirée fut plus calme, et Arthorias sortit quelque fois pour admirer la vue avant de plonger dans le sommeil, les gardes veillant comme les éternelles sentinelles qu'ils étaient.
Morphée vint rapidement le prendre, et il n'ouvrit les yeux que tôt le lendemain alors que les premiers rayons du soleil venait éclairer les pics montagneux.
Tout semblait calme, et on pouvait voir aussi loin que le permettait les monts, une bonne journée pour chasser.
-Une journée idéale ! L'orage nous a fait place nette pour travailler
Remarquant le médecin, il lui fit un petit signe de la main, le soleil jouant sur ses cheveux d'or
-La nuit à été douce ?
Elle aida les soldats de la compagnie à ranger leurs maigres affaires, repliant les duvets en polochons beaucoup plus transportables. Les sacs sans fond étaient une véritable bénédiction dans ces moments.
Si cette annonce n’était pas très encourageante, l’air vivifiant de la matinée acheva de la réveiller. Le paysage était splendide dans cette lumière irréelle, et la montagne pesait plus que jamais par-dessus leurs crânes comme quelque divinité supérieure et patiente. Le souffle long et profond, leur chemin fut sans heurt jusqu’à la troisième heure environ. D’ordinaire si vastes qu’il était compliqué d’y croiser quoi que ce soit, les flancs de la montagne leur offrirent un présent étonnant. Ils s’apprêtaient à franchir un petit col pour regagner un terrain plus propice aux conifères lorsqu’un grondement sourd se réverbéra en écho contre la roche. Un osarex venait de débouler, tout aussi surpris qu’eux, à une poignée de mètres seulement de leur groupe. Le spécimen était encore remarquablement jeune, tel qu’en attestait sa taille raisonnable, et il tenait présentement entre ses crocs la carcasse sanglante d’un talbuk.
Le silence revint sur le chemin. Le souffle suspendue à ses lèvres, Luz n’osait détacher son regard de la créature pour interroger des yeux leur Capitaine. Fort heureusement pour eux, l’incident ne dura qu’une poignée de secondes : l’énorme bête jugea que son repas valait bien mieux qu’une nuée de petites souris indésirables, et après un grondement d’avertissement, l’osarex reprit pesamment son chemin perpendiculaire au leur. Non sans laisser une charmante traînée d’hémoglobine et de touffes de poils brunes dans la neige. Chacun se détendit imperceptiblement. Ils n’étaient pas équipés pour gérer la hargne d’une troupe de contrebandiers et la folie passagère d’un osarex un peu trop territorial.
Elle allongea son pas, revint se glisser aux côtés du Capitaine à l’avant de leur troupe, détaillant cette fois-ci pleinement du regard les environs. Nul ne voulait être la proie miracle d’on ne savait quelle bestiole encore.
Elle évita d’un pas plus ample l’arrête rocheuse qui affleurait d’un tas de neige et repris ses élans habituels de curiosité :
-Parfaitement oui ! Cette grotte est une bénédiction !
Plus que ça d'ailleurs, car tout les soldats avaient pu s'offrir une nuit de confort avec suffisamment d'heure pour être d'attaque. La garde étant la spécialité de la royale, une nuit au sec à observer une entrée à flanc de falaise était presque une blague pour eux.
Comme tout le monde Arthorias mit la main à la patte, pressé d'arriver jusqu'au point indiqué. Cinq heures.... C'était bien moins qu'hier, et le temps semblait bien plus dégagé que la veille.
Il fit simplement signe à ses hommes de se munir de leurs lunettes de glacier, pour ne pas être aveuglé par la cécité des neiges. Il n'était pas temps de ramener un blessé à la forteresse du blizzard.
En armure complète, Arthorias avait abandonné son enveloppe mortelle pour profiter du confort de la vacuité que lui offrait son pouvoir.
Avançant de ses grandes enjambées, il était en tête de colonne. Et aux premières loges pour découvrir l'ossarex.
L'officier resta stupéfait de la rencontre,mais eu comme réflexe salvateur de lever un bras pour enjoindre les hommes à garder leurs armes au fourreau.
Ces créatures étaient dangereuses... mais n'attaquaient que rarement, et l'officier ne voulait en aucuns cas leur donner des idées.
Et lorsque la créature finit par se désintéresser d'eux, il eut un soupir de soulagement, ne désirant nullement affronter ce genre de monstre, surtout à flanc de falaise.
Le médecin se glissa à ses côtés, toujours aussi curieuse sur tout, ce qui lui tira un sourire invisible alors que ses pupilles de lumières se braquaient sur elle.
-Malheureusement, je suis resté le plus souvent à la capitale, et les créature dangereuses la bas ne sont pas légion, ce sont surtout des humains plus ou moins bien attentionnés, même si un ancien capitaine peut se targuer d'avoir vu un Fenrir.... mais pas d'y avoir survécu.
L'histoire était connue, et le précédent commandant, paix à son âme, n'avait pas vraiment apprécié la rencontre.
Décidément, elle aimait poser des questions. Mais comme le voyage était long, Arthorias se faisait une joie d'y répondre au mieux à chaque fois.
-Bien sur si ! Mais sitôt incorporé à la royale, mes envies ont été supplantées par des impératifs plus urgents. Même si j'avoue toujours vouloir explorer les lieux de légendes. Comme les îles ou suivre les étoiles.
Peut être lorsque le temps me le permettra j'y songerai. Seriez vous de ces gens qui souhaiteraient venir avec moi ?
Sa voix métallique avait des accents amusés. L'officier avait beaucoup lu sur les mythes et légendes, et avait toujours voulu explorer ces dernières. Il ne lui manquait souvent que des gens motivés...
Le promontoire en vue, ils accélérèrent le pas pour arriver tant que la vue était dégagée, s'installant sur les rochers, ces derniers offrant une vue sans pareille sur la vallée.
Plus qu'à attendre donc
Elle laissa filer un léger soupir, réellement compatissante. La vie était à ce point faite de ressacs, de tours et de détours, qu’il était presque impossible de déterminer de quoi serait fait le lendemain. Nombreux étaient les Hommes qui nourrissaient des rêves justes et démesurés, peu parvenaient à s’extraire de la roue imperturbable du quotidien pour se donner les moyens de les réaliser. Il fallait sans cesse s’occuper de ses proches, et de sa carrière, et que ferait-on de sa demeure, et il y avait ces papiers urgents à rédiger, cette mission trop importante pour être ignorée… En somme, la plupart se réveillait au beau matin de leurs soixante-dix ans avec la vague sensation d’avoir passé leur existence à courir pour des résultats finalement entièrement différents de ceux escomptés ! Luz ne dérogeait pas à cette règle. Presque un an qu’elle venait de remettre les pieds à la Capitale, et les derniers événements s’étaient enchainés avec une remarquable rapidité… Où était passée sa tranquillité des grands chemins avec pour toute compagnie que sa besace et son calepin pour noter ses découvertes ?!
Elle ouvrit les bras dans un mouvement d’humeur extatique, probablement trop enthousiaste à cette perspective pour son propre bien.
Cela valait peu pour un homme capable de s’absoudre des réalités humaines pour ignorer à souhait des sensations telles que le froid ou la mort, mais elle comptait bien lui garantir au moins une partenaire de bonne compagnie !
Lorsqu’ils atteignirent enfin le promontoire sélectionné, Luz laissa les hommes d’armes se positionner selon les consignes de leur Capitaine. Elle se dégotta pour sa part un espace pas trop mal dans la neige, creusant sous elle un cocon de fraicheur tandis qu’elle s’installait à plat ventre. Les paupières plissées pour mieux détailler les environs, elle ne percevait pour le moment aucun mouvement à la lisière de la forêt en contrebas. Une grande clairière leur faisait front, longeant la ramure de quelques arbres clairsmés…
Ce fut ainsi une longue attente qui débuta. Luz eut l’occasion d’admirer l’incroyable sérieux des Gardes royaux qui s’astreignirent à la plus parfaite discipline malgré l’inconfort de leur position et la nécessité de fouiller des yeux les environs ennuyeux. Puisqu’ils ne devaient pas être malencontreusement aperçus par les malfaiteurs, leurs corps étaient contraints à une immobilité partielle.
Ce ne fut finalement qu’au bout de deux longues heures qu’un mouvement presque imperceptible fit remuer quelques buissons teigneux sous le couvert des arbres.
Un homme seul parut alors s’extraire des arbres. De là où ils se tenaient, il avait l’apparence hirsute d’un voyageur dont les vêtements avaient maintes fois faits le tour du continent. Nul ne put toutefois manquer l’éclat acéré de la machette qui ceignait ses reins. Il adressa en tous cas un regard à la cantonade, parut satisfait de ce qu’il voyait, et fit un signe à d’invisibles accompagnateurs. Trois hommes sortir à sa suite. Deux d’entre eux tenaient une carcasse de cerf à bout de bras, la trainant sur le sol pour mieux laisser une trace fraiche d’hémoglobine dans la neige. Ils s’étaient probablement dotés de gants afin de ne pas laisser d’odeur humaine sur ce charmant présent. Le troisième sembla glapir un ordre et deux contrebandiers supplémentaires rejoignirent le groupe. Finalement, les six hommes s’avancèrent sur un promontoire rocheux un peu plus à l’est du leur, et beaucoup plus bas que celui-ci, se préparant également à l’attente d’une proie. Ils n’avaient rien vu de l’escadron armé qui patientait en surplomb de leur cachette.
Les têtes se tournèrent bien entendu vers le Capitaine, dans l’attente de consignes.
Ainsi donc le médecin se portait volontaire pour être une éventuelle alliée dans des aventures plus hasardeuses. Quelqu'un d'aussi qualifié qu'elle était toujours le bienvenue, les blessures en tout genre était si vite arrivé, et pour quelqu'un dont la survie dépendait de la lumière.... Mieux valait être prudent, surtout quand on rit à la chasse aux étoiles.
Mais cela serait vu en temps voulu, pour le moment.... ils avaient des braconniers à attraper.
Après quelques heures passées à observer la plaine, ils finirent par voir l'objectif, sous la forme des braconniers qui traînaient une carcasse de gibier fraîche.
Nul doute que l'escouade était tombée sur les braconniers qu'ils cherchaient.
Alors que tous attendaient la décision de l'officier en chef, celui ci fit signe d'attendre et d'observer. Ils voulaient capturer le plus de bandit possible. Autant attendre qu'ils leurs montrent, la cachette en question.
Comme les soldats, les braconniers se mirent en position à l'abris du vent après avoir déposés la carcasse. Sans doute voulaient ils une proie conséquente.
Une autre longue heure se succéda et les deux groupes eurent la surprise de voir une meute de warg débarquer, commençant à arracher de gros quartiers de viande à la carcasse.
C'étaient l'équivalent d'énorme loup, mais aucuns d'entre eux n'égalaient la taille de l'alpha, ce dernier se servit en premier, mais il était clair que la meute en avait trop.
Comme prophétisé les wargs finirent par s'endormir devenant des chatons inoffensifs comme prévu. Même l'alpha s'endormi au centre de sa meute. Et alors que tout les prédateurs dormaient, ce fut à ce moment que les braconniers entrèrent en action, se faufilant entre les loups endormis.
Quand ils furent à portée, le chef sortit une sarbacane tirant une petite fléchette dans l'animal qui ouvrit un œil fatigué avant de finalement se rendormir sous l'effet de l'anesthésiant.
Quelques filets plus tard, le groupe traînait l'animal enchaîné avant de le poser sur un traîneau, et repartir de là ou ils venaient. Ce ne fut que là que le capitaine donna l'ordre de bouger.
-Nous les suivons jusqu'à leurs bases, pas la peine de le faire de trop près, leur traîneau laisse bien assez de trace
Tout le monde leva le camp, faisant bien attention de ne pas réveiller les autres animaux. Arthorias eut un regarde vers le médecin avant de lui dire à voix basse.
-En espérant que tout le monde y sera
Intriguée, Luz observait avec attention l’escouade œuvrer en silence et se mouvoir comme un seul homme. La discipline et l’entraînement avaient fait d’eux une machine bien huilée, un piège à ours tendu sur l’ensemble de la clairière. Elle ne doutait pas que les dents qui se refermeraient ce jour-là sur les contrebandiers seraient plus efficaces que l’acier… Elle qui n’avait jamais prêté d’attention particulière au langage militaire, était admirative de l’efficacité de leurs communications silencieuses. Oh, Arthorias avait pris la peine de lui donner quelques consignes avant qu’ils ne débutent leur descente, et elle qui était bonne élève tâchait de son mieux de rester en retrait et de suivre les indications qu’on lui fournissait. Le Capitaine parut d’ailleurs faire un mouvement du poignet à l’égard de ces hommes et ceux-ci se mirent immédiatement en mouvement. Accroupis et silencieux comme des panthères, ils se répartirent de manière à encercler ce camp pris dans les méandres de la forêt. La neige était une excellente matière pour amortir les sons !
Du reste de l’action, Luz n’en suivit que des bribes. Accroupie dans son propre buisson, civile qui ne devait pas prendre part au danger, elle n’entendit brusquement que des cris brefs, la rumeur du métal heurtant la lame d’une autre arme et le chahut indissociable des hommes se heurtant les uns aux autres. Des jurons lui parvinrent et durant plusieurs instants une succession d’ordres volèrent en tous sens tandis que les mercenaires donnaient l’alarme à grands cris. La débandade était lancée.
Ne résistant guère à la curiosité qui était la sienne, Luz se faufila promptement jusqu’au bois d’un chariot plus imposant que les autres. Il prenait la forme d’une cage recouverte d’une immense bâche et lui permettait de se maintenir cachée à la vue des combattants tout en lui offrant une bonne visibilité sur les altercations. Elle qui s’apprêtait à évaluer la situation fut pour autant saisie d’un frisson lorsqu’un souffle chaud souleva légèrement le pan de la bâche et se faufila dans l’ouverture proche de sa manche. Quelle pauvre bête était enfermée ici… ? N’y tenant plus, enfant d’ores et déjà indifférente au chaos qui l’environnait, Luz se redressa et souleva d’un geste délié tout un pan de la bâche. Elle n’était alors pas suffisamment grande pour la repousser entièrement de la cage de sa position présente.
Un regard ambre, fendu d’une iris féline, répondit à sa curiosité. Le museau cerclé d’un arceau de métal, un dragon se tenait cloué au fond de la cage. Le mist devait bien mesurer trois mètres de long, jaugea-t-elle de prime abord. Il s’était enroulé sur lui-même, le bleu de ses écailles d’ordinaire irisé recouvert d’une pellicule de poussière et de multiples plaies bégnines marbrant ses flancs et son museau. Un instant, Luz demeura interdite. Pourquoi diable l’animal ne s’était-il pas transformé en brume ? Par quelle magie les contrebandiers l’avaient-ils convaincu de se laisser malmener et encager ?
La créature ne gronda pas lorsqu’elle passa prudemment la main entre les barreaux, mue par un étrange instinct. Il ne pouvait guère mordre attaché comme il l’était, mais un animal de trois fois sa taille restait une source immanquable de danger.
Autour d’elle, l’agitation se calmait rapidement. Les contrebandiers, peu équipés pour faire front à un assaut direct, n’étaient pour la plupart que des petits bandits de grands chemins dont la chance résidait principalement dans leur discrétion et leur réactivité… Puisqu’ils avaient sauvagement abandonné la première, leur destin avait rapidement été tracé face à une escouade aussi entraînée que la Garde royale.
Elle plaça sa dextre sur le grand front de l’animal. Ses oreilles duveteuses ne bougèrent pas. Elles frémirent à peine lorsqu’elles perçurent le son de sa voix. Le mist releva toutefois vers elle un regard attentif et, le crut-elle, d’une intelligence aiguisée. Elle dut s’étirer autant que possible pour atteindre l’écorce du premier arbre à sa proximité directe. Une main posée sur l’un et sur l’autre, elle activa son pouvoir et tâcha de mener l’énergie du végétal vers l’animal. Les prunelles mi-closes, concentrée dans son labeur, elle ignora l’étrange curiosité qui parut saisir dès lors le dragon attaché. Ses paumes se mirent à luire d’une douce lumière chaude et ses plaies légères commencèrent à se refermer. L’arbre sembla pour sa part se rabougrir à grande vitesse, perdant les dernières feuilles que l’hiver n’avait pas encore chassées… Elle dut s’ébrouer lorsque les soins s’achevèrent, et elle épousseta sa main que l’écorce avait marquée d’un brin de résine.
Les iris reptiliennes du mist suivirent ses mouvements sans lui répondre. Repassant cette fois-ci ses deux bras à travers les barreaux, elle tâcha de soulever l’imposante clenche de métal qui retenait le museau du dragon. Après plusieurs manipulations et de multiples ahanements et jurons, la muselière tomba sur le fond de la cage dans un cliquetis de métal désagréable. Le mist, pour sa part, ne bougea pas d’un iota. Quel était donc ce foutu lézard qui était si peu préoccupé par sa survie ?! Luz rouspéta, malgré tout heureuse de ne pas perdre ses deux bras dans le procédé.
Elle sursauta, ayant oublié jusqu’à l’environnement dans lequel elle se tenait. Leur guide la regardait avec la moue d’un homme contemplant une folle. Incrédule, il poursuivit néanmoins l’air de rien :
Le groupe de soldait avait fini par découvrir le camp de braconnier et avait par la même occasion commencé l'encerclement, attendant quelques heures supplémentaires avant de lancer l'assaut.
Lorsque le moment fut venu, le courroux de la garde fut annoncé par le son d'un cor de guerre qui résonna dans tout le camp. Ils n'était pas des infiltrateurs de talents, et si les espions se vantaient souvent d'être les plus discret de la garde, la royale ne voyait pas l'intérêt de les concurrencer.
L'assaut fut bref, car personne parmi les criminels ne s'attendaient à voir des garde royaux débarquer. Et à leur crédit, peut tentèrent de résister.
La situation fut rapidement maîtrisée, et Arthorias se retrouva bien vite à inspecter les cages découvrant un spectacle orrifiant.
Après quelques instant, il retrouva le warg capturé, ce dernier saignant abondamment d'une blessure pour le moment invisible.
Sans vraiment réfléchir, il fit sauter le verrou, s'avançant vers la bête blessée alors qu'un soldat tentait de le mettre en garde
-Ce n'est pas un chien mon capitaine.... c'est bien plus gros... et c'est un alpha....
L'animal était sans commune mesure aux molosses des maître chien, et au vu de sa musculature, bien plus féroce. Pourtant, Arthorias pénétra dans la cage, déclenchant d'instinct un grognement agressif. L'instinct des espèces de meutes étaient toujours la loi du plus fort, mais dans ce cas précis, l'officier ne tenait pas à blesser d'avantage l'animal.
Il se grandit donc, jouant de sa taille pour l'observer de haut, mais jamais, ses mains ne se portèrent à la poignée de son épée.
Le soldat avait vu dans cet alpha une lutte contre l'inévitable qui l'avait touché, et s'il ne pourrait jamais retrouver sa meute... Peut être pourrait-il reprendre une vie normale.
-Allez, soit gentil et détend toi, sinon je ne pourrais jamais te soigner d'accord...
Le warg tirait sur ses liens, tout en gardant le soldat à l’œil, acculé comme il l'était, sa dangerosité n'était que plus grande.
Un pas après l'autre, Arthorias s'approcha de lui, sentant les grondement se faire de plus en plus fort à mesure que la distance se réduisait.
Et comme il s'y attendait, l'animal tenta de le mordre, morsure qu'il évita de justesse, même si, cuirassé comme il l'était, il n'y avait pas grand risque.
Et à mesure que le temps passait, l'animal commençait à se fatiguer jusqu'à ce que.... fatalement, il tombe sur le côté, incapable de lutter d'avantage contre ses liens
Arthorias en profita pour s'approcher d'elle, s'agenouillant sans lâcher la créature des yeux, son regard vairons plongés dans celui de l'animal qui le regardait avec des yeux suppliant.
Ses gantelets parcoururent la fourrure de l'animal, à la recherche d'une blessure quelconque, mais en première inspection ne trouva rien.
Le warg était passé de grognement a des supplications difficile à entendre. Et si l'officier savait appliquer les premiers soins à un humain.... pour un loup.....
Une idée lui vint, et il se mit à frénétiquement chercher dans son sac, en tirant un parchemin qu'il déroula sous l'oeil étonné du guide.
-Mais.... c'est un parchemin de télépathie.... je ne pensais pas que ça existait pour de vrai ! Qu'allez vous en faire ?
-Cet animal est en train de mourir sous mes yeux, et je ne tiens pas à le laisser dans cet état.... je veux comprendre !
-Une fortune gaspillée pour un simple warg ?
L'officier ne répondit, retirant son gantelet, s'entaillant un doigt pour laisser une goûte tomber dessus. Il ne fut pas difficile de trouver le sang du warg et Arthorias fini par sceller le contrat, apposant le parchemin sur l'animal.
Un flash de lumière bleuté se produisit, et au début, il pensa que rien ne s'était passé puis...
*Humain*
La voix résonna dans sa tête, une voix résolument féminine, qui sonnait bien différente d'une voix humaine.
Se concentrant, il tenta de joindre cet esprit avec le sien.
*Soigner*
Le loup bougea doucement la tête comme surpris fixant Arthorias qui répondit en hochant la tête
*Oui*
Il connaissait les effets du parchemins, et n’essayait pas de parler comme à un humain, il tentait plutôt de faire passer des notions, sachant pertinemment que des choses trop complexes ne seraient pas comprises
Mais visiblement le loup comprenait les bases de ce qu'il voulait transmettre. Et dans un effort, se retourna pour montrer une plaie sans doute infligée par un braconnier énervé.
Se saisissant du matériel de premier soin dans son sac sans fond, il commença à travailler pour empêcher l'animal de se vider de son sang.
Partout ailleurs les soldats finissait de mettre aux arrêt les braconniers et l'officier eut une brève pensée pour la médecin, avant qu'un petit cris de douleur ne le fasse revenir à la réalité.
Se débarrassant de ses gantelets, il dut fermer son esprit pour ne pas entendre la douleur du warg qu'il tentait de sauver.
Elle arracha une page de son carnet et tendit au Garde référent une feuille annotée de nombreuses indications. Les pages restantes conservaient la liste exhaustive des marchandises présentes. Elle traça un trait à l’encre et fit signe à son interlocuteur qu’elle était prête pour la suite de leur travail. Ils entreprirent alors de se ménager un aperçu du contenu de chaque autre cage. Au total, six animaux locaux patientaient dans des cages de toute taille amarrées à des charrues. Les contrebandiers ne devaient pas s’apprêter à partir dans peu de temps, car ils avaient détachés les chevaux en charge de l’équipage et les animaux grignotaient l’herbe à proximité, attachés à des arbres.
Hormis le mist et le warg, l’animal le plus notable fut probablement le smilodon fuego qui fulminait dans sa cage, gros matou en colère qui n’avait en rien perdu de sa verve malgré les chaines. Celui-ci serait aisément relâchable sur son territoire après moult précautions et quelques soins… Une telle créature n’avait en tous cas rien à faire en ville et le félin semblait encore tout frais. Outre cet irritable invité, Luz nota la présence d’un obscuris en faible état sous sa bâche mal protégée de la lumière du soleil, un talbuk plutôt passif et un griffon commun fort occupé à mâchonner diligemment la longue corde en lin qui avait été passée au tour de son cou. Deux gardes se chargèrent d’extraire l’un des brigands du groupe, et c’est pieds et poings liés qu’ils l’interrogèrent pour retracer le lieu de capture et l’histoire de chaque animal. L’homme avait les épaules abattues et répondait raisonnablement aux questions qui lui étaient posées. Peut-être pensait-il pouvoir réduire sa peine grâce à sa collaboration, songea Luz, très intriguée par un détail particulier.
« Oui M’dame… Le gros chien là, ce sont les gens du coin qui nous l’ont dit. C’t’un familier. J’suis pas sûr de comment il a perdu son ancien maître pour se retrouver à la tête de cette meute… Le mist aussi. Mais lui on l’a pas chopé dans la nature… C’est un vieux gars qu’a clamsé de vieillesse dans la campagne, c’était son Maître. La bestiole se laissait mourir de chagrin quand on l’a récupérée. Ça aurait fait un foutrement beau prix en duo. »
Au regard noir qu’il reçut en échange de cette remarque superflue, le bonhomme se tassa soudainement dans la neige avec une mimique de profonde contrition. Puisque la gestion de la situation ne concernait plus Luz, ses listes transmises à qui de droit, elle se dirigea à grands pas vers le Capitaine de la Garde royale. Elle ne s’attendait guère alors au spectacle qui l’accueillit.
Un sourire amusé la saisit. La proximité entre le warg noir et le Capitaine était explicite. Aucun animal sauvage non intelligent ne resterait ainsi calmement positionné aux côtés d’un être humain. Elle désigna pour sa part la cage du grand mist qui patientait toujours à l’orée de la clairière :
Il avait fallut un certains temps pour stabiliser l'animal, ce dernier ayant manifestement été bien entaillé. Mais le temps que tout les gardes réunissent le matériel du camp, le warg c'était remis sur pied, ayant laissé l'officier le détacher.
Et alors qu'il pensait que l'alpha allait repartir dans la nature, l'animal resta à côté de lui, frottant le sommet de son crane contre sa main, alors que son esprit s'ouvrait au sien
*Maitre*
Il apprit plus tard que cet animal était un ancien familier. Le reste fut donc de la logique, le warg s'étant trouvé un maître à son insu.
Et il ne cessait de le suivre, et l'officier finit presque par ne plus y faire attention. Après tout... la nature était indomptable.
Arthorias avait commencé à faire l'inventaire de ce qu'ils avaient récupérés, le warg assis à ses côtés sans bouger, sa queue s'agitant en signe de joie. La bête était immense, mais semblait regarder son nouveau propriétaire avec joie.
Ainsi quand le médecin revint vers lui, avec une demande plus qu'originale.... il ne put vraiment lui refuser. Prenant le recueil des saisis dans les mains, il avisa les pages avec attention
-Ce n'est pas très habituel.... réclamer un animal aussi rare... cela pourrait être vu comme du vol néanmoins....
Il fixa son nouveau familier, flattant le crane du loup qui se leva doucement sur ses pattes pour mieux toucher l'officier
-Je serais bien hypocrite de vous le refuser. D'après les déclarations des braconniers, ces deux animaux étaient des familiers.... Et je pense que vous êtes plus que compétente pour posséder une telle créature.
Notant dans le carnet la récupération de l'animal par le médecin, il le referma d'un geste de la main avant de soupirer
-Très bien docteur Weiss,tachez de prendre soin de ce Mist, je devrais simplement le signaler à mon retour à la capitale, mais c'est tout. Vous êtes lire de récupérer cette créature
Avec un petit sourire, il commença à se diriger vers elle, le warg le suivant à la trace alors qu'il posait une main sur son épaule.
-Tachez simplement de ne pas faire de bêtises avec
Sur ses mots, il reparti, le loup sur les talons pour superviser les derniers détails. Ils ne resteraient ici que le temps que des gardes du blizzard arrivent pour relâcher les animaux et nettoyer le camp, la garde royale avait donné le coup, aux autres de finir le travail