- Dans quelques minutes, Mademoiselle. Répondit précipitamment le blond tout en sentant un frisson de frayeur parcourir son corps. Queen avait toujours eut le don de le mettre mal à l’aise lorsqu’elle était en colère et même toutes ces années n’avait pas changé cela.
- Quel toupet ! Monsieur ne donne pas de nouvelles pendant des mois et le voilà qui me demande une entrevue, en semaine en plus ! Elle reprit sa marche. - Primus est peut-être mon frère mais je ne compte pas tout lui passer pour autant ! Et puis quel genre de frère laisse un membre de sa famille sans aucune nouvelle pendant autant de temps hein ? Il vaut mieux pour lui qu’il ait une bonne excuse auquel cas je me chargerais personnellement de lui tordre le cou. Pesta la blonde alors qu’Alphonse hochait frénétiquement la tête, plus par habitude que par véritable affirmation. - En plus en semaine ! Il me met en retard sur des dossiers ! Oh par Lucy faites que je ne l’étrangle pas. Enfin, elle s’arrêta de marcher et se laissa choir sur le canapé blanc cassé. Il valait mieux pour lui qu’il ne soit pas en retard. Avantage, Primus était réglé comme une horloge aryonnienne. Il n’était jamais en retard. La jeune femme se redressa dans le canapé.
- Alphonse. Prépare de quoi manger, du thé et du café. Sort aussi les bouteilles. Mes humeurs ne m’empêcheront pas de le recevoir correctement. Puis elle soupira en époussetant sa tenu avant de croiser les jambes. - Lance aussi le feu de cheminée, je n’aime pas ça mais le temps ne nous permet pas encore de nous en passer. Le majordome courba l’échine et disparut dans l’embrasure de la porte. Quant à elle, elle retourna à ses papiers afin de faire passer le temps plus vite.
Toc toc toc.
- Va ouvrir. Marmonna-t-elle simplement. Immédiatement des bruits de pas se dirigèrent en direction de l’entrée, la porte s’ouvrit et se referma. Il était enfin là. Queen referma calmement le dossier qu’elle était entrain d’éplucher jusque là, donna un dernier coup de propre sur sa tenu puis se dirigea à son tour vers les deux hommes qui se tenaient dans l’entrée. Cela lui fit bizarre. Elle avait l’impression de ne pas avoir vu ton aîné depuis une décennie. Cependant, cela ne l’empêcha pas de l’accueillir avec un air acariâtre.
- Combien de temps comptais-tu encore attendre avant de te manifester, Primus ? Et ne me fait pas la morale en me disant que tu as été prit par le travail. Son regard dévala la personne de son frère qui la dépassait de bien une tête et elle se pinça l’arrête du nez. - Enfin. Au moins tu as daigné donner signe de vie. Vient. Il y a de quoi se sustenter au salon. Alphonse se chargera de tes affaires comme toujours. Sans attendre sa réponse, elle tourna les talons et retourna dans la pièce principale avant de prendre place sur le canapé qu’elle occupait auparavant. - Que me vaut ta visite, mon cher frère ?
Le jour J est enfin arrivé, le jour de l’entrevue d’Andra avec sa sœur. Elle attrape la potion lui servant à changer son apparence et la vide d’une traite en pensant à l’apparence de Primus. S’observant dans le miroir, Andra constate avec joie que la potion a bien fonctionnée sans le moindre problème. Elle ressemble désormais trait pour traits à son frère aîné. Il ne lui reste plus qu’à prendre la route menant chez Queen. Primus n’est semblerait-il jamais en retard, Andra doit donc en faire de même.
Quelques minutes de marche plus tard, la jeune Milan arrive enfin devant la porte de la trésorière. Prenant une profonde inspiration pour se concentrer, elle se décide finalement à toquer et c’est le majordome de Queen qui vient lui ouvrir, rapidement suivit par Queen elle-même. Comme sa sœur le lui a indiqué, Andra se débarrasse de ses affaires, les tendant au majordome à ses côtés. Puis elle suit Queen jusqu’au salon, prenant place à son tour. Andra est tout de même bien surprise d’apprendre que Primus n’a pas donné de nouvelles à sa sœur depuis un bon moment. Mais ça devrait servir les intérêts d’Andra, ou du moins ça justifie que "Primus" ait voulu voir Queen.
- Faut-il une raison particulière pour venir voir sa sœur ? Je viens prendre des nouvelles après des mois d’absences. Il s’est certainement passé bien des choses depuis ma dernière visite.
Heureusement pour Primus, Alphonse revint les bras chargés avant que la blonde n’ait pu répliquer. Dans un calme olympien, il déposa le tout sur la table et se tourna avec Queen. - Que voulez-vous boire, Mademoiselle ? D’un coup de nez elle lui désigna un thé aux fleurs qu’elle affectionnait tout particulièrement. L’heure n’était pas encore aux boissons fortes, cela viendrait plus tard. Le majordome se tourna ensuite vers son frère et le servit lorsqu’il lui eut répondu. Après cela, il fut congédier d’un geste sec qui ne laissait pas place à la tergiversation.
- Tu viens prendre des nouvelles après des mois d’absences ? Elle bu une gorgée. - Et tu ne crois pas qu’avant toute chose, il serait bon de me dire où tu étais allé te cacher ? Dit-elle sur un ton grinçant. - T’excuser de t’être presque fait passer pour mort ? C’est une manie chez toi de t’enfuir sans laisser de trace hein ? Son regard glacial passa sur celui de Primus et elle se tut, le temps de siroter sa boisson. Elle dû prendre sur elle afin de ne pas le traiter de tout les noms. Mais dans le fond, elle était bien contente de revoir son frère, pendant quelques temps, elle avait cru devoir affronté de nouveau la vie sans lui et le voir dans la même pièce qu’elle lui réchauffait indéniablement le cœur. C’est donc après un long soupire qu’elle poursuivit. - Il s’est passé beaucoup de chose. Comme par exemple, une cité. Enfouie. Terrifiante. Elle se pencha brusquement en avant, comme si elle allait lui faire une confidence. - Pire encore, j’ai rendu visite à mère dernièrement, il semblerait que notre cher microbe de sœur ait enfin quitté le domicile familial ! Par Lucy j’espère qu’elle se trouve au fin fond de l’archipel. Cela fait 5 longues années que j’ai réussi a m’en dépêtrer, ce n’est pas pour la retrouvé ici. Prenant un air de dramaturge, elle se laissa retomber en arrière dans un long soupire. - Et toi alors, qu’as tu à me raconter ?
Queen parait bien remontée contre son frère, vis-à-vis de sa longue absence. Une absence d’ailleurs toujours d’actualité puisque c’est Andra et non Primus qui se tient devant elle. La cadette se demande bien elle aussi ce que peut faire son frère et pourquoi il a ainsi disparu de la circulation. Que même Queen n’ait aucune nouvelle de lui est assez étonnant. En tout cas Andra va devoir inventer un mensonge à présenter à sa sœur, un mensonge assez crédible pour qu’il passe comme une véritable excuse de Primus pour son absence. La blonde sent bien qu’elle ne va pas pouvoir y échapper, aussi elle commence déjà à réfléchir à quelle excuse inventée elle va pouvoir dire à sa sœur tandis que celle-ci continue de parler, daignant enfin répondre à la question qui lui a été posée, daignant enfin parler d’elle. Bien qu’Andra tâche au mieux de ne rien laisser paraître telle une véritable joueuse de poker professionnelle, la remarque de sa sœur sur la cité enfouie ne manque pas de la faire tiquer. Alors toi aussi tu es allée t’aventurer là-bas ? Qui l’aurait cru ? se dit-elle silencieusement, repensant à ladite cité enfouie tandis qu’un frisson glacial vient lui parcourir le dos en même temps que les souvenirs encore frais émergent dans l’esprit de la jeune noble. "Terrifiante", oui c’est le mot. Bien qu’Andra était bien entourée lors de l’exploration de la cité elle aurait clairement pu y laisser la peau. Andra repense d’abord à la goule lui ayant laissée un mauvais souvenir à la jambe après l’avoir prise par surprise. Puis ses pensées se dirigent vers les terribles vestales, ou plutôt les Wardans puisque tel est leurs noms. Ces monstruosités guerrières avaient bien failli venir à bout de l’escouade d’Andra. Et que dire des gigantesques statues que la blonde avait réveillées en ramenant l’orbe de l’autel du temple à sa place. Les cauchemars de la jeune Milan étaient hantés par ce qu’elle avait vu dans la cité depuis qu’elle en était sortie. Et Andra se demande si Queen a vu les mêmes choses qu’elle, si elle a approché la mort de près elle aussi. Mais la suite des paroles de sa sœur fait de nouveau réagir Andra qui se mord la lèvre inférieure pour dissimuler au mieux ses émotions. Le "microbe de sœur" qu’évoque Queen n’est autre qu’Andra. Et bien que depuis le temps elle ait l’habitude de se faire insulter et mépriser par sa grande sœur, la remarque qu’elle vient de faire ne pouvait que faire tiquer -et amuser- la cadette. Si tu savais à quel point je suis proche de toi en ce moment même Queen… se dit-elle simplement, amusée par la situation cocasse ayant lieu.
- J’ai eu quelques désaccords et autres altercations en tout genre avec d’autres commerçants qui devaient initialement faire affaire avec moi. C’était suffisamment important pour que j’en vienne à devoir me faire oublier un moment, même de toi, pendant que j’agissais en secret. Mais je compte bien revenir sur le devant de la scène incessamment sous peu.
Andra marque une pause, reprenant quelques gorgées du thé qui lui a été servi avant de reprendre.
- Tu dis qu’Andra a quitté le domicile familial. Mère ne t’as pas dit où elle se rendait ? Ni même pourquoi elle quittait la maison ? Cette peste n’est sûrement pas partie sans raison ou objectif en tête. Elle cherche peut-être à te mettre des bâtons dans les roues, elle ne te porte pas vraiment dans son cœur après tout. Tu n’as rien remarquée ? Il ne t’es rien arrivé d’étrange puissant être l’œuvre de ce qui nous sert de sœur ?
Primus n’a aucune considération pour Andra, alors cette dernière tente au mieux de jouer le rôle de son frère. Il serait étrange que l’aîné de la famille ait soudainement gagné du respect pour la cadette. Queen le remarquerait sans nul doute directement.
Lorsqu’il choisit de poursuivre sur la même lancé qu’elle au sujet de leur sœur, elle eut un léger sourire. Avec grâce elle se pencha vers l’avant et déposa la porcelaine sur la table tout en se saisissant d’un petit gâteau au passage. Après l’avoir observé un moment, elle croqua dedans. Primus avait raison, que voulait Andra ? Elle aussi s’était posée cette question sans jamais y trouver de réponse. De plus, si elle n’avait pas été rendre visite à sa mère, elle n’aurait jamais apprit le départ de sa cadette. Cela ne lui disait rien qui vaille. Andra était un aimant à problème et Queen pressentait que ceci n’était pas vraiment anodin. Elle afficha cependant un sourire avant de parler.
- Et à aucun moment il ne t’es venu à l’idée de me demander de l’aide ? Je t’ai toujours soutenu. Je ne vois pas pourquoi cette fois aurait-elle été différente. J’ai comme l’impression que tu me mens mon cher frère mais je n’arrive pas vraiment à comprendre pourquoi. Si son visage affichait un sourire délicat, ses yeux lançaient des éclairs et il était certain que si elle avait pu, elle l'aurait foudroyé sur place. - Concernant Andra… Mère ne m’a rien dit. Je la soupçonne même de ne pas s’être rendu compte tout de suite de sa disparition. Cela n’aurait rien d’étonnant tu me diras, elle ne s’en est jamais soucié. Elle rit doucement tout en passant un doigt sur ses lèvres. - Soyons honnête, je ne connais pas bien ma sœur mais je la connais assez pour savoir qu’elle n’est pas assez sotte pour partir sans aucun but. Maintenant de là à te dire lequel… Tu me surestimes Primus. Tout ce que je peux dire, c’est que d’une manière ou d’une autre, elle cherchera à influer sur ma vie. C’est comme ça qu’elle a toujours fonctionné. A croire que sa passion première est de me pourrir la vie. Ses yeux disparurent derrière la paume de sa main alors qu’elle riait. - Je ne vois rien d’étrange qui est put m’arriver, ou du moins, rien qui puisse être du fait d’Andra. Elle n’est pas si maline.
Non Andra n’était pas assez maline et surtout pas assez aisée pour se permettre de déranger la vie de sa sœur comme bon lui semblait et c’était bien la seule chose qui permettait à Queen de ne pas s’inquiéter d’elle. Cependant, elle restait sur ses gardes. Les Milan étaient réputés pour leur machiavélisme et même si sa sœur était encore jeune, la noble ne la sous-estimait pas. Cela aurait sans doute été sa plus grande erreur.
- Mais si elle décide de se frotter à moi, il faudra qu’elle en accepte les conséquences.
La discussion se reporte sur Andra. Queen n’a aucune idée précise d’où peut être sa cadette et pourquoi elle est partie. Et si Queen n’en sait rien ça signifie très certainement que la matriarche Milan ignore également tout. Il faut dire qu’Andra a prit le soin de filer en douce lorsqu’elle a quitté le domicile familial. Après tout sa mère ne lui avait jamais accordée la moindre attention comme le souligne si bien Queen alors à quoi bon prévenir sa génitrice de son départ. Combien de temps a pu mettre la mère Milan à se rendre compte du départ de son dernier enfant et que peut-elle penser de cette histoire ? Ce sont là des questions que se pose la cadette de la famille mais auxquels elle n’aura sûrement pas de réponse de sitôt. En tout cas Queen et sa mère ignorent de toute évidence toutes deux les raisons précises du départ d’Andra, bien que Queen se doute que sa petite sœur va chercher à lui mettre des bâtons dans les roues. Comme toujours. Et elle a bien raison de penser cela. Elle ignore simplement que les ennuis ont déjà commencés.
Le visage d’Andra se crispe légèrement à la remarque -ou plutôt menace- de sa sœur. "Il faudra qu’elle en accepte les conséquences"… Les mots de la noble résonnent dans l’esprit d’Andra qui tâche de se contenir au mieux. Du calme Andra. Tu ne dois rien laisser transparaître. Et c’est elle qui devrait s’inquiéter des conséquences. se dit-elle. Elle doit maintenant relancer la conversation avec sa chère sœur et tâcher d’en apprendre plus. En apprendre plus sur la discussion qu’elle a bien pu avoir avec leur mère. Andra se demande bien ce que ces deux là ont pu se dire.
- Je doute que mère et toi n’aient parlé que de notre sœur. Qu’es-tu retournée faire là-bas ? De quoi mère as-t-elle bien pu vouloir te parler, hormis le départ d’Andra ?
Andra marque une courte pause et en profite pour reposer sa tasse sur la table.
- Mère trouvait la maison trop vide avec le départ de la dernière né Milan ? ironisa-t-elle alors.
Cela aurait sans doute dû lui mettre la puce à l’oreille mais Queen n’arrivait pas à soupçonner son frère et c’était la sa plus grande faiblesse. Elle n’avait jamais douté de lui et n’avait pas envie de commencer maintenant et cela malgré le fait qu’elle savait pertinemment qu’il était entrain de lui mentir. Alors lorsqu’il se tut après avoir lancé une petite boutade ironique, ce fut elle qui prit la parole.
- Mère m’a parlé d’Andra, rien de bien intéressant. Et puis comme je te l’ai dis, mère ne s’est jamais vraiment inquiété pour elle ce n’est pas aujourd’hui qu’elle allait commencer. Elle m’a juste prévenu de son départ. Je ne peux rien te dire de plus à ce sujet. Imitant son aîné, elle déposa la tasse de thé sur la table. - Je suis retournée la bas avant de me rendre ailleurs, notre domaine était sur la route, je me suis dis qu’il serait bon d’y faire un saut. Surtout depuis que j’ai du drastiquement diminuer mes contact avec elle. Elle était d’ailleurs dans une colère noire, je l’ai rarement vu dans un tel état. Et c’était la stricte vérité. Nienor avait toujours été une femme imposante pourtant, la dernière fois qu’elle l’avait vu, elle avait eut l’impression de s’entretenir avec une demi-morte. - Mère ne va pas bien. Je ne sais pas encore ce qui se trame mais quelque chose cloche, Primus. Le départ d’Andra a sans doute été la goutte d’eau qui fait déborder le vase mais ce n’est pas tout enfin… Je ne t’en dirais pas plus. Il y a certaines informations que tu préféreras ne pas entendre et que je n’ai pas envie de te faire partager. Sans compter que… Son regard s’intensifia, son air faussement jovial s’effaça totalement. - Tu ne t’es jamais intéressé aux échanges que mère et moi pouvions avoir, encore moins a ce qu’il pouvait advenir de notre sœur. Tu es même le premier a prétendre que je suis la seule. Que t’arrive-t-il ? Qu’est-il advenu de mon frère tant aimé ? Cette dernière question était parfaitement rhétorique, la trésorière ne supposait même pas que ce puisse être une autre personne que lui qui lui faisait face et pourtant… Son regard planté dans celui de son vis-a-vis, elle attendit fermement une réponse.
La jeune noble obtient vite une réponse à ses questions. Elle a commis une nouvelle erreur. Visiblement Primus ne s’intéresse d’ordinaire que très peu aux échanges entre Queen et sa mère. C’est là tout le problème du plan d’Andra : elle ne connait malheureusement pas assez Primus ce qui la pousse à commettre des erreurs comme celle-ci. Des erreurs que sa sœur ne manque pas de remarquer. Elle semble pourtant toujours croire qu’il s’agit bien de Primus et non quelqu’un d’autre en face d’elle mais Andra voit bien qu’elle n’a vraiment plus droit à l’erreur. Combien de temps de temps encore va-t-elle pouvoir faire perdurer cette mascarade ? Combien de temps encore va-t-elle pouvoir mentir à sa sœur sans que cette dernière ne comprenne le petit jeu de sa cadette ? Dur à dire. Impossible même. Andra sent le stress et la peur de se faire démasquée monter en elle. Elle se mord légèrement la lèvre inférieure, cherchant une réponse à offrir à sa sœur. Elle se saisit d’un petit gâteau et le mange en soutenant le regard insistant de sœur, profitant de ce court laps de temps pour réfléchir.
- Ce n’est pas d’Andra dont je m’inquiète, mais de toi. Tant qu’elle était encore au domaine, elle pouvait difficilement nous nuire. Mais maintenant qu’elle est partie on ne peut malheureusement se contenter d’ignorer purement et simplement son existence.
Andra évite volontairement de parler de son intérêt pour les échanges entre Queen et Nienor, ne sachant comment justifier cela sans éveiller encore plus les soupçons de sa sœur. Elle hésite un bref instant à demander à cette dernière comment lui prouver qu’elle est Primus mais se ravise bien vite. Queen ne semble pas encore se douter que Primus puisse être en réalité quelqu’un d’autre ayant prit son apparence, une telle proposition ne ferait donc que trahir bêtement Andra. La blonde opte plutôt pour un changement de sujet.
- Il ne m’est rien arrivé, rassures toi ma chère sœur. Mais puisque je vois que cela te perturbe parlons d’autre chose. J’ai cru apprendre que tu avais obtenu une promotion récemment, dis m’en plus. Comment t’es-tu débrouillée pour l’obtenir ?
Andra se demande si Queen va accepter ce changement de sujet brutal sans broncher ou si elle va continuer d’insister pour avoir des réponses.
Ses traits se tendirent de manière imperceptible et elle se rapprocha de l’accoudoir tout en laissant pendre sa main dans le vide, de façon à ce qu’elle ne soit pas visible. Puis elle écouta l’intrus parler. C’était terrifiant, de voir à quel point il était possible d’imiter une personne. C’était sa voix, ses yeux, ses mains, tout chez lui était son frère pourtant son comportement n’allait pas. Ses expressions non plus… Non, rien chez lui n’allait. C’était une grossière imitation. Comment avait-elle pu louper cela… Se faisant, elle laissa des myriades de filament de sève s’échapper de sa main.
- Tu dis vrai. Mais je doute qu’Andra soit actuellement une menace réelle. Elle reste une enfant. Une enfant capricieuse qui plus est. Elle n’a rien d’un leader. Toutefois, je suis d’accord, il vaut mieux tuer la menace dans l’œuf. Il est bien trop facile de se faire les bons amis à la capitale et de devenir redoutable.
Elle fit mine de se concentrer sur les paroles qu’il prononçait. Alors qu’en vérité son esprit était entièrement tourné vers les filaments de sève qui courraient maintenant sur le sol du salon, évitant soigneusement les zones à découvert, faisant des détours afin de ne pas se faire repérer. « Nouvelle erreur » pensa-t-elle lorsqu’il l’a qualifia de « chère sœur » avant de lui demander comment elle avait eut sa promotion. Cette fois, il ne faisait plus aucun doute, cette personne était un imposteur. Plusieurs fois, elle resserra les mâchoires, ayant du mal à maintenir ce masque d’impassibilité qu’elle revêtait depuis tout à l’heure.
- Bien mon cher frère. Souffla-t-elle. - Je crois que nous avons beaucoup de chose à nous dire toi et moi. Tu ne crois pas ? Son sourire s’étira mais cette fois il sonnait faux, ce n’était ni un sourire de courtoisie, ni d’accueil chaleureux. Non cette fois il était synonyme de nervosité et de colère. Qui avait pu osé usurper les traits de Primus et pénétrer dans sa maison ainsi ? Elle avait été beaucoup trop crédule, naïve et elle se détesta pour cela. D’un geste rapide mais net, elle plia son bras pour le faire passer devant son visage. La réponse ne se fit pas attendre et des dizaine de petites pointes acérées se dressèrent face à l’intrus. Bouger reviendrait à se blesser et il ne faisait aucun doute quand au fait que la trésorière était prête à l’étriper sur place en cas de besoin. Sa main droite toujours tendu devant elle, la gauche se mit à pianoter machinalement sur sa cuisse, prête à intervenir si le besoin s’en faisait sentir.
- Mon frère était encore au gouvernement lors de ma promotion et il emploie mon surnom la plupart du temps. Qui es-tu ? Demanda-t-elle plus tranchante et glaciale que jamais.
Les mots qui suivirent confirmèrent les doutes d’Andra. Elle avait été démasquée. Enfin, pas totalement. Queen venait de lui demander qui elle était. Elle n’avait donc que découvert qu’il ne s’agissait pas de Primus, mais n’avait pas encore trouvé qui en avait pris les traits. Andra enrageait de s’être fait avoir pour une chose aussi bête. Primus était encore au gouvernement lorsque Queen avait obtenu sa promotion. Andra aurait dû le savoir, elle aurait dû se poser la question avant de venir à ce rendez-vous avec Queen. La jeune blonde s’en voulait pour ses erreurs commises. Des erreurs qu’elle aurait pu, selon elle, largement éviter. Sa sœur aussi semblait enrager. Après tout même si elle avait finit par découvrir le pot aux roses, elle s’était tout de même fait avoir un certain temps. Connaissant sa sœur, Andra était persuadée que cela devait l’irriter au plus haut point. La colère de sa sœur se voyait d’ailleurs très bien aux piques de sèves pointées face à la blonde.
- Du calme Queen, du calme. Je ne suis pas venu ici pour me battre avec toi. Tu n’oserais d’ailleurs quand même pas retirer à mère sa plus jeune fille, n’est-ce pas ?
Les pointes de sève générées par Queen semblaient prêtes à transpercer sa cadette à la moindre occasion. Et bien qu’Andra doutait que ça sœur ne tente de la tuer elle préféra user de son pouvoir pour se repositionner. La blonde décomposa son corps en une multitude de grains de sable pour se replacer derrière le fauteuil qu’elle venait de quitter. Puis elle reprit forme humaine. Elle jeta un bref coup d’œil à son bracelet. Devait elle utiliser le verre pour menacer sa sœur à son tour et la remettre à sa place ? Non, si par malheur les deux sœurs devaient en venir aux mains Andra avait tout intérêt à garder cet atout dans sa manche pour le moment.
Les pensées se bousculaient à toute vitesse dans l’esprit d’Andra. Elle se disait que maintenant que Queen savait qui elle était, elle allait la mettre dehors. Mais la blonde avait encore un méfait à accomplir. Elle réservait encore une petite surprise pour sa sœur. Une potion qu’elle avait spécialement achetée pour l’occasion. Andra voulait la mélanger aux affaires de Queen pour qu’elle la boive par inadvertance et se retrouve bien ridicule. Ladite potion la transformerait en lumios pour un petit moment. Andra avait aussi une autre potion piège, mais celle là elle comptait faire en sorte que Queen la boive directement sur son lieu de travail. Restait maintenant à mélanger la potion de lumios aux affaires de Queen. N’ayant pas le temps d’élaborer de grands plans, la jeune Milan opta pour la première idée qui lui vint en tête.
- Avant de ma jeter dehors, ma chère sœur accepterait-elle que j’utilise ses toilettes ?
Il ne fallu pas très longtemps avant que des signes de nervosité viennent troubler l’attitude de cet intrus. Toutefois, au lieu de réponse à sa question. Il garda le silence. Tant et si bien que Queen supposa qu’il était temps de recourir à la manière forte. Elle allait amorcer un mouvement sec lorsque la voix de Primus retentit une nouvelle fois, la stoppant dans sa lancée. Pire encore, elle manqua de perdre contenance ainsi que l’influence qu’elle soufflait à son pouvoir.
- Retirer à maman sa plus jeune fille ? Cracha la trésorière en manquant de s’étouffer. - Andra. Siffla-t-elle les dents serrées. Elle aurait dû se douter que cet avorton aurait tenté une chose aussi stupide. Elle aurait également dû s’attendre à ce qu’elle se loupe aussi lamentablement. Diantre ! Pourquoi fallait dit-il que ses parents eut enfantés une créature aussi ratée et peu intelligente ? Sans doute avaient-ils espoir de pouvoir un jour remplacer l’aînée avec la cadette si il lui arrivait quoi que ce soit. Malgré tout cela, la blonde ne pouvait se résoudre à assassiner sa sœur et de toute façon vu les capacités de cette dernière c’était quasiment impossible sans une certaine préparation. Le repositionnement d’Andra en sable derrière le canapé ne fit que le confirmer.
- Hein ? Avait-elle répondu. - Utiliser mes toilettes… ? Mais tu as été élevé chez les gloot ma sœur ? Tu ne pouvais y penser avant de préparer ton assaut ? Laissant retomber ses piques de sève elle passa une main agacée sur son visage. - Va donc faire ce que tu as à faire et quitte les lieux. Ou je trouverais un moyen de botter ce postérieur, sable ou pas ! Par pitié, qui mérite une sœur aussi idiote ? File espèce d’idiote, tu ne t’attend tout de même pas à ce que je vienne te tenir la main. Hors de ma vue ! Tonna-t-elle. - Alphonse, accompagne notre invitée et assure toi qu’elle reparte ensuite. Immédiatement le majordome apparut et tendit un bras en direction du couloir, non sans lancer des regards assassin à la cadette.
- Quel enfer… Soupira la blonde en se laissant retomber mollement dans son canapé.
- Chez les gloot oui… Mais je n’ai pas choisi d’être élevée avec toi figures toi. On ne choisit pas sa famille… Cracha Andra à la suite de la remarque de sa sœur.
La blonde suivit ensuite le serviteur de la maîtresse de maison, Alphonse, jusqu’aux toilettes de la maisonnée. Andra entra dans la pièce et, lorsqu’elle en ressortit, indiqua qu’elle allait se laver les mains. Elle profita alors de ce moment pour vite mélanger sa potion de transformation en lumios aux affaires de Queen. Elle étouffa son sourire satisfait et revint près d’Alphonse qui la raccompagna vers la sortie. Repassa non loin de sa sœur, Andra s’arrêta pour lui adresser un dernier mot.
- Au fait Queen, j’ai moi aussi mis les pieds dans cette Cité Enfouie et suite à cette aventure j’ai décidée d’améliorer mes capacités. Alors me "botter le postérieur" ne sera pas chose aisée. Sur ce je ne te dis pas adieu mais au revoir. Soit assurée qu’on se reverra ma chère sœur.
Sur ces mots prononcés d’un ton glacial, Andra quitta le domicile de son aînée et reprit la route vers son propre logement. D’une part en colère contre elle-même de ne pas avoir réussi à soutirer plus d’information à la trésorière mais d’autre part contente de s’être tout de même rappelée au bon souvenir de cette dernière. Et d’avoir pu déposer la potion dans les placards de sa sœur.