Là, quelques soldats s'agitaient, certains parlaient à des civils - rien de grave en ces temps pour troublés au Nord du Royaume -, d'autres rangeaient des armes et, bien courageux et audacieux, deux autres rigolaient, assis côte à côte. La simple vue du regard froid, mais étrangement empreint de chaleur, suffit à les faire se lever, se dresser tout droit comme des piquets et saluer leur Lieutenant. Leur supérieur haussa un sourcil. Ils partirent. Le comprendre n'était décemment pas complexe. Il regarda cette douce activité à laquelle il était tant attachée et qui rythmait la vie de tous ces hommes et de toutes ces femmes. Son œil s'accrocha sur un détail. Surprenant. Une jeune femme se trouvait là, à quelques pas. Rien d'inquiétant, rien de suspect. Aussi soigneux et attentif soit-il, Emeor ne la reconnaissait guère - son simple esprit de déduction lui fit comprendre qu'elle ne pouvait être un civil de par son accoutrement et surtout, son arme. Comment pouvait-il, malgré le grand nombre de soldats qui servaient la Garde en ce Régiment, ne pas connaître un homme sous son commandement ? Il doutait bien que la jeune femme soit sous le commandement direct d'un de ses collègues, aucun des deux n'étaient encore pleinement revenus de leur mission, à présent achevée, dans le Nord. Leur arrivée se faisait attendre et était prévue d'ici quelques jours au grand maximum. Bien qu'il tentasse de le cacher, le Lieutenant en charge de la Logistique s'en réjouissait ; un attachement certain ou une envie de ne plus être le seul à commander ? Il faudra trancher. Quoi qu'il en soit, cette inconnue intriguait et piquait à vif le sens du détail de son - peut-être était-elle réellement sous ses ordres - Lieutenant. L'air grave, un air bien habituel qui revient sans cesse - quand Emeor n'est-il donc pas grave... ? -, il s'approcha d'elle et la salua vivement.
Ayant dissimulé son épée dans ses bagages, il était facile pour Euthalia de se présenter comme une couturière sans paraître trop suspecte envers ceux qui seraient récalcitrants à parler avec une garde des rumeurs qui couraient dans la ville. Certains marchands avaient l'information plus facile après qu'on leur achète quelque chose, donc c'est les bras un peu plu chargés que la jeune garde entra dans la caserne de Grand-Port.
S'asseyant dans un coin de la bâtisse, Euthalia commença à faire l'inventaire de ses bagages et de ce qu'elle avait acheté pour s'assurer de ne pas trop s'encombrer de choses inutiles durant son voyage de retour. Bientôt, tout était en ordre dans ses affaires, son carnet trônait sur la table maintenant rempli de ses observations du jour tandis qu'elle commençait à prendre soin de son épée, s'assurant que la lame était débarrassée des pauvres bêtes lui ayant servi de repas hier soir et que la gravure familiale soit impeccable. Enfin, elle le serait si Euthalia n'avait pas été dérangée dans sa tâche.
Enchantée Lieutenant, mon insigne se trouve dans mes affaires, car je voulais visiter la ville un peu hors de mes fonctions. Je suis Euthalia Kimimela, garde personnelle du prince, même si depuis sa disparition je suis plutôt une trappeuse je dirais.
Elle rit doucement à sa propre comparaison, gardant toujours un ton clair et enthousiaste malgré la pointe d'irritation qui menaçait de transparaître quand elle mentionnait la disparition du prince, mais il fallait garder un visage poli devant un collègue, quel que soit son rang.
Il faut dire que depuis l'incident de la tour, quelque chose l'empêche de revenir, alors je le cherche dans le royaume pour l'aider à revenir
Il ne pouvait pas être mort, c'était hors de question. Mais, peut-être que lui pourrait éclairer l'une de ses lanternes sur la question, après tout personne ne s'était gêné pour lui donné jusqu'à maintenant alors bon...
D'ailleurs lieutenant, j'ai une question pour vous: si on vous donnait un ordre allant à l'encontre de votre devoir, comment vous réagiriez?
Je crois avoir un début de réponse, merci. C'est simplement que parfois j'ai l'impression son Altesse essaie de tester ma loyauté et chaque fois ça se transforme en dilemme. Si je n'obéis pas ça lui donne une raison de me renvoyer pour insubordination et j'aimerais l'éviter autant que possible. La théorie ne s'applique pas avec un maitre qui rechigne à se faire garder, mais un jour je suis certaine que l'on finira par s'entendre.
Un jour peut-être ne sera-t-elle plus obligée de le surveiller dans l'ombre de ses pas et pourra lui poser des question sur ses études ou l'aider à surmonter les visions qui le hantent. Elle l'avait laissé seul au palais pour essayer de trouver une solution dans cette ville qui était source de ses propres hantises. Elle protégeait le prince en était loin de son chevet, mais est-ce que cela allait à l’encontre de son devoir ou était-ce une bonne chose?
Justement, je me demandais si les apothicaires de la ville vendaient des cachets de Villaope ou de la poudre de Grandalue quoique que des feuilles de Weissium pourrait faire l’affaire...
Rangeant ses affaires dans son sac avec grand soin et en mettant son épée à sa ceinture et dépoussiérant son haori au passage, les fils d’or faisant briller légèrement le tissus à la lumière du soleil qui filtrait par la fenêtre.
La ville à l’air d’avoir changé depuis la dernière fois que je suis venue, je suis certaine que vous ferez un guide parfait!
Sourire charmant et battement de cils calculé, Euthalia se garde de dire qu’elle avait deja fait un petit tour, car peut-être que la version des faits d’un membre de la garde aura des détails différents que celle de la population. Elle aimerait aussi éviter qu’on lui rappelle l’incident d’il y a trois ans dans lequel elle a été impliqué.
Je suis prête à partir!