Solveig Prudence Prêth

Nom du pouvoir :The spirit of Chiraki
Catégorie : Transformation



D'aussi loin qu'elle se souvienne, Solveig a toujours possédé ces capacités. Elles influent sur elle de manière constante et elle n’a aucune possibilité de les arrêter. Son pouvoir se manifeste de plusieurs façon :

Ouïe → Solveig ne possède pas des oreilles dites « humaines » mais bien des oreilles semblable traits pour traits à celles des chiraki. Au delà de leur apparence, elles lui procurent une ouïe plus fine et plus développée que la majorité de ses paires. Il n’est pas compliqué pour elle de vous entendre chuchoter dans la pièce d’à côté ou lorsqu’il y a suffisamment de silence, entendre les bruits de pas plusieurs mètres à la ronde. Cela est un avantage comme un inconvénient. Lorsque les bruits sont trop nombreux, trop fort et trop présent, cela peut s’avérer être une expérience des plus désagréables voire douloureuse.  

Vue → Son regard est presque immanquable tant il est atypique. En plus d’être vairon, ses yeux possèdent en leur centre une pupille verticale. Cela n’a pas qu’un but purement esthétique, au contraire. Lorsque l’obscurité survient, ses iris s’élargissent et lui confère une meilleure visibilité dans le noir. Moins bonne qu’un véritable Chiraki mais tout de même bien meilleure que celle de l’humain. De jour, elle est capable de saisir des mouvements rapides et de les analyser avec bien plus d’efficacité, elle arrive aussi à distinguer des détails jusqu’à cent mètre sans éprouver de  difficulté. A l’instar de la majorité des félins, il est fréquent de voir ses pupilles s’élargirent sous l’excitation ou l’euphorie.

Odorat → Solveig est un ventre sur patte, aussi, elle se sert fréquemment de son odorat. Il est presque semblable à celui d’un chien. Elle est capable de détecter des odeurs qui ne parviennent pas aux nez de son espèce mais cela implique également une sensibilité accrus à toutes les odeurs. Bonne comme mauvaise. De plus elle peut vite être perturbée par un trop plein et perdre sa piste ou s’en rendre malade si elle ne peut y échapper.  

Crocs et griffes → Sans être disproportionnés, ils sont bien présent. Ils lui permettent de griffer et mordre lors de combat mais aussi de ronger des os de poulet avec une certaine perfection. Plus solide que des ongles normaux, ses griffes n’en sont pas moins incassables et il lui arrive même de les couper de façon volontaire. Néanmoins, à la repousse, elles reprendront leur forme caractéristique. Ses crocs, eux, font quelques millimètres de plus qu’une dent normale et sont aussi aiguisés qu’une lame de rasoir. De véritables atout pour la garde.

Rythme cardiaque et renforcement musculaire → Bien que cela soit une chose invisible, le rythme cardiaque  de la garde est plus rapide. De même ses muscles sont plus épais que ceux de l’Homme. Cela lui permet essentiellement de posséder un corps nerveux, énergique et avec une agilité accrue. Sans être forcément capable de prouesse miraculeuse, se déplacer de toit en toit est une banalité pour elle. A contrario, tout ceci demande certaines ressources énergétiques, aussi elle a besoin de manger et boire beaucoup plus que les gens de son espèce. En plus de sa gourmandise habituelle.       

Physique :

Contrairement à sa sœur Solveig est petite. En vérité pas si petite puisqu’elle avoisine le mètre soixante cinq mais comparée à son mastodonte de sœur, elle ne fait pas le poids. Cependant mère nature lui à peut-être volée quelques centimètres mais il est certain qu’elle les a rajouté ailleurs, faisant de la jeune femme la reine des concours de tee-shirt mouillée. Ce n’est pas pour lui déplaire. Elle n’est pas non plus toute mince, comme l’ont pourrait s’y attendre mais plutôt pulpeuse, le tout tonifié par l’hyperactivité de la demoiselle. Sur son corps au grand complet, des balafres plus ou moins importantes se dessinent donnant l’impression d’une œuvre abstraite. Solveig ne s’en cache pas, quand bien même certaines ne sont pas des plus esthétiques. Surtout celles de son visage, qui, à force de rester au soleil et à la merci des climats, ont finit par blanchir. Si au début, elle a eu du mal à accepter d’être défigurée de la sorte, elle les porte aujourd’hui comme une preuve évidente de sa témérité et de son courage – un peu de sa folie aussi.

Mais plus que le vestige de ses batailles passées, la première chose qui attire le regard sont ses yeux. Rien n’est en adéquation chez elle et son regard en est l’indice le plus flagrant. L’un bleu d’azur, l’autre rouge orangé, le tout mit en valeur par une pupille verticale. Solveig n’a pas non plus les oreilles d’un humain normal. Non, cela aurait été bien trop simple. A la place, deux appendices duveteux trônent sur sa tête et s’agitent constamment au gré de ses humeurs. D’aucun pourrait les décrire comme des oreilles de loup, mais elles sont bien plus longues et effilées, semblable à celles d'un chiraki. A l’instar de ses yeux, la peau et les cheveux de Solveig s’accordent étrangement. Si sa crinière peut faire penser à des origines nordique de par sa pâleur extrême, sa peau vous hurle le contraire. Elle ne laisse aucune place au doute et un regard sur le derme cuivré vous révélera le véritable berceau de la garde.

Solveig a une nette préférence pour les tenues blanche et noire. Elle affectionne aussi les déguisements bien qu’ils ne soient pas franchement apprécié de ses supérieurs. Elle se contente alors de mélanger les genres, ce qui lui donne un style bien à elle. Coquette, il n’est pas rare de la voir porter des boucles d’oreilles ou même des fleurs qu’elle accroche à ses oreilles, des bagues ou des bracelets. Qu’on lui demande régulièrement d’enlever d’ailleurs, à son grand désarroi et même si cela ne l’a jamais empêchée de continuer d'en porter. Pour finir, Solveig possède également un objet qui lui est cher. Un cache œil, taillé dans un métal couleur argent. Elle le porte régulièrement, non pas par soucis d’esthétique mais bien parce qu’il lui est utile lorsqu’elle tire à l’arc ou travaille son lancé.

Mental :

 Le terme « attachiante » est celui qui convient le mieux à Solveig. C’est une femme au grand cœur capable d’aimer son prochain sans jamais lui demander quoi que ce soit en retour. Sa fidélité est indéfectible et parfois même un peu trop simple à obtenir. C’est aussi une grande rêveuse qui se perd souvent dans son propre esprit entre souvenir et espoir. Malgré son âge, elle peut parfois se montrer un peu naïve et gober facilement ce qui lui est raconté. Encore plus lorsque cela vient de l’un de ses proches. Ça ne fait pas d’elle une idiote pour autant, bien qu’en aillant l’air. Son cerveau fonctionne constamment à plein régime et aime comprendre tout ce qu’elle ne comprend pas, observer ce qu’elle ne connaît pas. Son corps et son  esprit sont aussi aiguisé l’un que l’autre, lorsqu’elle se donne la peine d’en faire usage.

Solveig est une personne d’une nature joyeuse. Véritable pipelette en herbe, elle ne se tait jamais et est parfaitement capable de tenir une conversation à elle toute seule. Peu importe la situation, elle ne la boucle jamais. Si elle vient à garder le silence, il y a toutes les raisons du monde de s’en inquiéter.  Thépa prétend même qu’elle parle en dormant, ce que dément formellement sa sœur aînée. Qui dit hyperactive, dit toujours en mouvements et cela n’est que trop vrai. Elle est incapable de tenir en place. Que ce soit un bras, une oreille ou en sautant sur place, Solveig n’est jamais vraiment au repos et cela peut vite agacer son entourage. Mais aussi attachée à eux soit-elle, cela lui est égal. De même que les règles de bien-séance. Si elle respecte la hiérarchie sur son lieu de travail, dans la rue il n’en est pas de même. Noble, garde ou citoyen, chacun est traité de la même façon. Pire encore, Solveig n’a que faire de ce que le commun des mortels qualifie d’espace personnel. C’est une demoiselle tactile, sans doute un peu trop, encore plus lorsqu’elle se laisse transporter par ses émotions. Ne vous étonnez pas, si vous lui annoncez une bonne nouvelle, de la voir vous sautez au visage avec des yeux de merlan frit.

En parlant de bonne humeur c’est bien la seule chose constante et qui ne fluctue pas chez elle. Il est même assez compliqué de la mettre véritablement en colère tant sa bonne humeur est présente. Quelques petits boudins par ci par là tout au plus. Cependant, si vous réussissez cette prouesse, il est fortement conseillé de s’éloigner sans geste brusque et de se mettre rapidement à l’abri. Lorsque ses tendances ne sont pas au beau-fixe, elle est capable de devenir une véritable tornade de morosité qui ne laisse pas subsister grand-chose sur son passage. Capable d’aller jusqu’à la fourberie afin de faire payer ce qui lui semble nécessaire. De même si quelqu’un la trahit ou trahit l’un de ses proches. Si Solveig n’est pas de nature à désobéir et respecte les règles, il n’en est pas de même dans certain cas et chez elle, la vengeance est un plat qui se mange froid.    

Solveig est une fouine. Une vraie. Elle aime tout savoir sur tout. Vos petits secrets ne feront pas long feu si elle est dans les parages. Que cela soit grâce à ses charmes, qu’il lui plaît d’utiliser régulièrement d’ailleurs ou ses yeux de chiens battu, elle n’a pas de mal a obtenir les informations que cela soit par la personne en elle-même où d'autre de son entourage. Mais cela ne se résume pas uniquement aux potins de la garde. Tout attire Solveig allant des armes, aux plantes, en passant par la recette secrète de votre grand-mère. Éveiller son attention n’est pas une chose compliquée. C’est aussi une maladroite qui s’ignore, non pas dans ses gestes mais dans ses mots. Si l’occasion de mettre les pieds dans le plat se présente, elle y sautera à pieds joint.

Le dernier trait très facile à observer chez Solveig, c’est sa témérité. Parfois comparé à de la folie. Ce qui n’est pas complètement faux. Le combat est comme une seconde nature chez elle, de même que l’aventure et la bagarre. Sans ordre strict, voir un frère ou sœur d’arme pour la retenir, elle fonce tête baissée dans la bataille. Quitte à y laisser sa peau. C’est ainsi que d’après ses dires, elle combat le mieux. Cependant, cela n’a jamais plut à ses supérieurs qui la qualifie d’inconsciente ou de folle. Elle s’en accommode très bien et cela l’amuse plus qu’autre chose. Mais ceci explique aussi pourquoi à trente deux ans, c’est sa cadette qui est sa supérieur et non l’inverse. Il n’est d’ailleurs pas rare que les gens pensent que Thépa est son aînée et cela à le don de la mettre en rogne.

Pour finir, Solveig est une femme qui cache des dizaines de facettes bien différentes les unes des autres et même une vie ne suffirait pas à les découvrir toutes.       

Tout est calme, le vent s’est tut, les oiseaux de nuit rentrent se terrer dans leur nid et les oiseaux de jour n’ont pas encore ouvert l’œil. A l’horizon, par delà la mer, calme et infranchissable, un rougeoiement scintille faiblement. Il fait sourire le petit être qui se cache sous sa cape d’un noir d’encre. Elle se fond à merveille dans les ombres encore bien tenace de la ville. Rien ne trahi sa présence, si ce n’est le claquement de ses bottes de cuir sur le sol. Solveig aime ce genre de moment. Le calme avant la tempête, le monde entre sommeil et éveil. Elle s’arrête un instant à l’angle d’une rue et fouine dans ses poches. A gauche ou à droite ? Elle tourne et retourne le plan. Son sens de l’orientation laisse à désirer… Tant pis ! Sans crier gare, elle effectue une longue pirouette sur elle-même les bras tendu et s’arrête tout aussi brusquement, ses membres pointés vers l’une des rues.

- Ce sera donc par ici ! Claironne-t-elle tout en repartant de son habituelle démarche sautillante.

Le port. Qui aurait cru qu’elle y finirait un jour. Après plusieurs minutes de marche, se dessine sous ses yeux ce qu’elle est venu chercher. La caserne. La-bas dans ce bâtiment encore endormit, se tapissent deux âmes qu’elle n’a pas vu depuis bien trop longtemps. Avant qu’elle ne puisse amorcer le moindre mouvement, un vent glacial soulève sa cape qui claque dans l’air et dévoile son visage au paysage désert. Comme si l’univers tient à lui rappeler tout le chemin parcourus. Fermant ses yeux vairons, elle en accepte la sentence et laisse les images prendre possession de son esprit.

Le vent lui semble tout de suite moins froid, presque chaleureux. Sous ses paupières se dessine la ferme familiale. Ses parents, encore jeune l’attendaient sous le porche. « Solveig ! Arrête de jouer, vient manger ! » Lui criaient-ils. Solveig, bien que taquine était encore obéissante à cet âge et elle accourut vers ses parents. Immédiatement, son père la souleva de terre tandis que sa mère, dont le ventre s’arrondissait déjà à vu d’œil embrassa sa joue avec tendresse. Qu’aurait-elle donné pour revenir à cette époque. Pouvoir se réfugier dans les bras de son père et ne se soucier que de savoir dans quel champ elle allait jouer. Comme dans un kaléidoscope les images se mettent à filer, bouger, lui donnant presque le tournis. Mais le souvenir qui lui vient ensuite, vaut tout l‘or du monde. Même des années plus tard, elle peut presque se souvenir des gémissements de sa sœur, des cris de joies de ses parents. La naissance de Thépa. La première décision importante de Solveig. Lorsque cette petite fille était entrée dans sa vie, la première fois qu’elle avait posé ses yeux clairs dans ceux dépareillés de son aînée, le demi-chiraki s’était promis de veiller sur elle jusqu’à son dernier souffle. Et c’est ce qu’elle avait toujours fait.

Solveig avait toujours gardé un oeil sur sa cadette. De près comme de loin, elle avait botté les fesses des petits voisins lorsqu’ils avaient déchirés sa poupée, elle était d’ailleurs rentrée avec un bel œil au beurre noir ce jour là. Elle s’était aussi fait punir à sa place, lorsque cette goulu avait eut la bonne idée de voler un des biscuits préparé par leur mère. Plus tard, lorsqu’elle eut 12 ans, Thépa souhaita s’engager. Pourquoi ? Solveig ne le comprit jamais. La seule chose qu’elle sut, c’est qu’elle la suivit. Malheureusement, ce ne fut pas aussi simple. Sans grande surprise, elle passa les premiers test sans trop de difficulté mais déjà âgée de seize ans, elle ne pouvait suivre un cursus normal. Alors elle fut prier de suivre la dernière année de classe là-bas, le tout agrémenté de cours intensif. Une année entière où la blanche travailla d’arrache pied, où elle ne vit sa sœur que de rare fois. Elle se contentait de demander de ses nouvelles lorsque le sommeil ne venait pas la faucher avant qu’elle n’ait eut le temps de discuter. Mais tout ceci, elle ne le faisait pas pour rien. Elle le faisait pour l’avenir. L’avenir de sa sœur. Avec brio, elle réussit à intégrer la garde. Mais le couperet tomba. La punition fut plus dure que tout ce qu’avait pu rencontrer la jeune femme. Le lendemain de sa fin de classe, sa mutation fut prononcée. Direction, la forteresse.  

La jeune femme, grimace, même si le soleil commence enfin à caresser sa peau basanée, elle arrive à sentir le froid mordant et mortel qui régne à la forteresse. C’est une période de sa vie bien sombre. Une période qu’elle préfère taire mais c’est aussi sa vie. Elle ne peut fuir cette vérité éternellement. Alors, prenant une grande inspiration, elle plonge à nouveau dans la part d’ombre qu’elle garde toujours cachée dans les tréfonds de sa mémoire.

Les débuts à la forteresse n’avait rien de simple, les monstres que l’ont y rencontrait non plus. Son séjour à la capitale qui lui avait semblé si compliqué était en fait un véritable moment de détente. Les mois passant, Solveig finit par se faire à ce lieu morne mais elle ne put jamais l’apprécier réellement. Tout lui semblait si sombre, si vide. Elle était sombre et vide. Même les heures à s’entraîner, le coin de feu qu’elle occupait lors de ses permission, rien n’arrivait à combler ce manque qui se creusait toujours un peu plus à mesure que les mois défilaient. La seule chose qui arrivait à calmer son esprit furent les combats. Affrontements après affrontements, la jeune garde se forgea une réputation de tête brûlée. Et pour une fois, rien n’était qu’invention. Solveig était toujours la première à se jeter dans la mêlée, elle était aussi la plus balafrée. Mais rien n’ébranla jamais son impulsivité. Peu importe les façons dont elle se mettait en danger, elle y retournait toujours avec deux fois plus d’audace. «  Un jour, tu te feras tuer » tentait de la raisonner son supérieur. « Pas tant que j’ai quelque chose à perdre » lui avait répondu Solveig alors que sa face droite dégoulinait de sang, entachant son sourire d’un blanc immaculé. C’était ainsi qu’elle vécu ou plutôt, survécu pendant deux longues années.

Puis il y eut cet homme. Il n’avait rien de plus que les autres, rien de moins aussi. Toujours est-il que Solveig se laissa aller dans ses bras bien volontiers. Elle ne savait trop dire comment, mais il arrivait a combler ne serait-ce qu’un peu le vide qu’avait laissé l’absence de sa sœur. Il la faisait rire, la retenait lorsqu’elle fonçait tête baissée et lui offrait la chaleur de ses draps lorsqu’elle se sentait trop seule. C’est seulement à ce moment, qu’enfin, la jeune femme réussit à vivre réellement au sein de la forteresse. Elle se souvenait de ces années simple mais inoubliable, les caresses sur sa peau, ses paroles a ses oreilles. Elle aurait presque pu se mettre à danser tout de suite tant ces pensées la rendait heureuse. Comme à l’époque. Mais comme tout bonheur, il était éphémère. Lucy fit un cadeau à Solveig, comme un pied de nez à sa solitude. Un bébé. Pire encore. Deux. Ce jour là, elle ne sut pas si il fut mieux de se jeter par la fenêtre ou de sautiller dans tout les sens comme elle savait si bien le faire. Les émotions s’entrechoquaient, se heurtaient les unes aux autres. Elle pleurait, elle riait. Elle avait envie de mourir. Elle avait envie de vivre. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Ses mutations pour rejoindre sa sœur au village perché était toutes refusées, comment la prochaine pourrait-elle être acceptée si elle était enceinte. Impossible. Non. Non, elle ne voulait pas. Elle refusait de laisser grandir ces choses qui la mangeaient de l’intérieur. Ces démons qui allaient dévorer tout ce pour quoi elle s’était battue. Solveig avait pensée au pire, tapit, dans un recoin sombre de sa chambre. Mais était-elle seulement capable de commettre l’irréparable ? Qu’allait-il dire lui, lorsqu’il l’apprendrait ?

De l’air, elle a besoin d’air. Ses yeux s’ouvrent brusquement sur la caserne maintenant baignée par un soleil timide. Une larme dévale sa joue et elle l’arrête d’un coup de poignet avant même qu’elle n’ait eut le temps d’arriver jusqu’à la commissure de ses lèvres. Elle sourit. Et reprit le fil de ses souvenirs là où elle l’a arrêté.

Le géniteur avait finit par apprendre la nouvelle mais ils n’eurent jamais l’occasion d’en parler. Le lendemain, il fut envoyé en mission. Il n’en revint jamais. Solveig l’attendit, des jours, des semaines tant et si bien que son ventre finit par s’arrondir. Elle était seule, tellement seule. Un soir, elle prit sa décision. Cette mascarade n’avait que trop durée. Elle avait prit ses affaires et avait tourné les talons, décidé à se rendre dans le premier village où elle trouverait une sage femme. Peu importe la méthode, il fallait qu’ils sortent de là. Mais Lucy se joua d’elle une nouvelle fois et elle croisa un garde. Yuduar. Son prénom était gravé dans sa mémoire. Elle ne l’avait vu que quelques fois, ils s’étaient parlés de temps en temps, lorsqu’il lui parlait de son ancienne vie, lui contant mille et une de ses aventures. Pourtant ses paroles changèrent le cour de sa vie. C’était une femme têtue comme une mule, pourtant il réussit à faire germer la graine de la raison dans son esprit et inverser le cour des choses. Solveig qui s’était toujours vu comme une personne aventureuse, presque sans attache allait devenir mère. Mais quelle mère… ? C’était ça, qui lui faisait le plus peur. Quelle genre de mère tente de mettre fin à la vie de ses enfants ?

Une semaine plus tard, à la fin de l’an 993, elle quitta la forteresse, mise à pied.

Rien ne fut simple lorsqu’elle retourna dans les terres. Sa grossesse était compliquée, douloureuse et l’hyperactive qu’elle était dû rester alité des semaines durant avec pour seule compagnie, la tenancière de l’auberge qui prenait soin d’elle. Refusant d’admettre son état, elle continuait d’écrire à sa famille, à sa sœur, sans jamais accepter de les recevoir. Elle prenait du repos disait-elle. Comment aurait-elle pu affronter leur regard alors même qu’elle n’était pas capable de soutenir le sien dans un miroir ?

Puis vint l’épreuve. Solveig aurait payé cher pour affronter un fenrir plutôt que de donner la vie. C’était une souffrance sans pareille, comme si du haut de leurs quarante centimètre, ils tentaient de la déchirer de l’intérieur, de la faire hurler jusqu’à ce que même son âme s’échappe de sa gorge. Ce fut long, éprouvant et elle cru ne jamais en venir à bout. Mais elle y parvint et rien ne lui sembla plus doux que le cri de vie qui s'échappa des lèvres encore pâle de son fils que l’on fit reposer sur sa poitrine une fois délivré. Tremblante et sanglotante, elle avait caressé son visage du bout des doigts. Un trésor qu’elle pouvait briser au moindre faux mouvement, voilà ce qu’il était. Un petit être, qui n’avait jamais demandé à ce retrouver ici et qu’elle avait faillit malmené bien avant de le rencontrer.

Ce jour là, Solveig Prêth. Devint mère. Mais elle devint aussi Mam’ange. Si son fils était en bonne santé ; son frère lui n’eut pas cette chance. Porter la vie, porter la mort. Telle a été la punition de la jeune femme. Son esprit, torturé, ne se souvient que du noir, de la souffrance mais aucune image de son deuxième enfant ne perce à travers ces ténèbres. Et elle veut, que jamais ce voile ne se soulève.

Malgré ce qu’elle pouvait ressentir, elle devint jour après jour une bonne mère. Mettant entre parenthèse sa carrière de garde, elle décida de consacrer ses prochaines années à Samaël et seulement à lui. Elle jongla entre biberon, couche et renvois. Sonnant à la porte de la tenancière avec son meilleur air de chien battu parce qu’il refusait de dormir. Pire encore, il avait de qui tenir, dès qu’il pu se tenir à quatre patte il gambada dans toute l’auberge, Solveig sur ses talons. Ce n’était pas non plus un enfant silencieux, toujours entrain de gazouiller, il se mit très vite à parler. Ou du moins a baragouiner des choses que seule sa mère était en mesure de comprendre. Ils coulèrent des jours heureux tout les deux.

- Je te présente Samaël, maman ! La garde pouvait encore se rappeler des yeux ronds de sa propre mère lorsqu’elle avait débarqué, baluchon sur l’épaule, morveux accroché à la jambe après des années sans s’être jamais vu. Son père, lui, l’accueillit avec un air maussade qu’il quitta dès que le petit garçon lui accorda un de ses sourires dont il avait le secret. La vie était paisible ici, tout était simple. Une bulle de bonheur dans un océan de complexité. Malheureusement, si Solveig avait pu refréner ses envies jusqu’ici, elle ne teint plus et c’est seulement quelques mois après son arrivée qu’elle repartit. Il était temps qu’elle retrouve sa sœur, elle l’avait laissé pendant bien trop longtemps. Samaël fut confié à ses parents et elle prit la direction du village perché au début de l’an 997.


Là-bas, elle put enfin s’épanouir en tant que guerrière. Elle affina sa lame et profita des instants passé en compagnie de sa cadette. Bien entendu, elle revenait régulièrement auprès des siens. Gérer son poste et son fils n’était pas une mince affaire compte tenu de la distance à parcourir mais elle le faisait de bon cœur. Cela dura deux années bien trop courte. Thépa fut mutée au port. Cette fois Solveig se promit de la suivre. Elle redoubla d’intensité lors de ses entraînements, fit des pieds et des mains afin d’obtenir ne serais-ce que l’ombre d’une opportunité de rejoindre à son tour l’escouade au sud. Cela paya, puisqu’un an après, elle reçu enfin le sésame tant attendu. Sans regret, baluchon à l’épaule,  elle avait reprit les chemins de sa démarche sautillante caractéristique.


- Et quel chemin…  Murmure Solveig tout en ouvrant lentement les yeux sur ce qui allait être sa nouvelle vie. Un sourire mesquin étire ses traits et elle se frotte les mains. - Mais pour l’instant… Thépa Prêth, tu vas amèrement regretter de m’avoir laissé derrière toi ! Et sans plus attendre, elle s’élança en direction de la porte d’entrée. «  Je suis de retour. » Pensa-t-elle simplement.