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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    InvitéInvité
    Anonymous
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    Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Lun 23 Mar 2020 - 21:22 #
    Il pleuvait. Les gouttes d'eau tombaient sans s'arrêter, poursuivant sans cesse leur chute comme si leur vie en dépendait, comme si leur seul unique but reposait en cet acte de la chute. Ainsi tombaient-elles par centaines, par milliers, groupées tels de camarades armés prêts à affronter leur destin de chevalier, faisant face à un ennemi terrible que, pourtant, ils s'apprêtaient, tous confiants qu'ils étaient, à tailler en pièce pour la gloire et l'honneur. Plus loin, plus haut, alors qu'elles s'éloignaient tumultueuses et audacieuses guerrières, les sombres nuages gris et noirs veillaient sur elles en fidèles protecteurs. Ils retenaient encore certaines de leurs comparses, les préparaient à la bataille - bataille rude et difficile. Ils tapissaient ainsi le vaste ciel, comme s'ils cherchaient à empêcher le moindre rayon de soleil de se faire une place en ce bas monde qui subissait ces nombreux assauts incessants, secoué par le vent. Celui-ci accompagnait harmonieusement cette rixe, aidant les chères guerrières à frapper encore plus violemment contre le sol, les murs de pierre et de marbre, les vitres légères et les toits de tuiles. Impossible de savoir avec précision au cœur de cette tempête de larmes ardentes l'heure, la minute, sans même parler de la seconde, en cette journée. L'assaut avait été concluant, les grandes rues qui coupaient les bâtiments et les espaçaient ne présentaient aucune âme vagabonde - hormis pour quelques malheureux qui souvent, n'avaient pas le choix et se résignaient alors sous un abri de fortune, cherchant à tout prix à se sauver. Les heures passaient, terriblement, inlassablement. On voyait, çà et là, des flammes vacillaient au travers des fenêtres recouvertes d'eau, telle une lueur d'espoir au sein d'un tel spectacle. Des âmes peuplaient donc toujours la plus large cité du royaume - autrement nommée Capitale. Les chocs assourdissants de la bataille résonnaient encore et toujours aux oreilles des habitants, créant une symphonie palpitante et ardente où aucun sentiment de quiétude ne semblait avoir sa place. L'eau emplissait abondamment les pavés des rues, recouvrant parfois le sol, faisant perdre tout repère. Et là, au milieu d'un tel spectacle magnifique, magique et magistral, rien. Rien ne pouvait le troubler. Si ce n'était ce bruit. Agaçant. Régulier. Rapide. Ce bruit si particulier des bottes lourdes qui frappaient un sol humide. Floc. Floc. Floc. Une seule âme errait volontairement en ces lieux. Quel fou.


    Une capuche bien en place sur la tête, les bras se balançant le long du corps au rythme des pas - inlassables et téméraires -, les épaules légèrement retroussés, il avançait, déterminé, contre vents et marées. Rien ne semblait prêt à l'arrêter, il ôterait le moindre obstacle sur son passage. Beaucoup se demandaient alors, en cet instant, ce que faisant un Lieutenant, un si haut gradé, en cette heure, seul, dans les rues de la Capitale. En outre, il était loin de son régiment. Bien loin de Grand-Port. En cet instant, il bénissait la téléportation - et le fait d'avoir acheté un pass afin d'en profiter à bon escient et efficacement. Il se rapprochait inlassablement de son objectif. Quelques semaines s'étaient écoulé depuis le début de sa quête personnelle. Sa curiosité piquée à vif, il avait cherché. Aussi loin qu'il le pouvait. Que la loi et son devoir le lui permettaient. Ainsi avait-il réussi à récolter diverses informations bien utiles - d'autres futiles, à quoi cela lui servait-il de connaître un prétendu lieu de naissance ? Ou des rumeurs bien stupides sur un accoutrement en particulier ? - qui le menaient, en cette terrible journée, au sein des murs de la vaste Ville. Malheureusement pour lui, de nombreuses rues séparaient son point d'arrivée du réel objectif. Il se devait donc de braver la pluie, battante et hurlante, coûte que coûte. Ses pas s’arrêtèrent. Nets. Devant lui, impassible, se dressait une bâtisse de pierres sobres parsemées de diverses vitres plus ou moins grandes desquels on pouvait deviner alors une intense activité au sein du bâtiment qui, de fait, portait bien son nom - le terme de guilde ne suggérait-il pas, en effet, une forme d’effervescence accrue en ces lieux ? - et l'arborait fièrement sur sa façade - simple mais élégante. Emeor Calyx ne se fit pas attendre et entra, poussant la large porte. L'intérieur calme et paisible, du moins en apparence, contrastait largement avec la tempête qui sévissait alors en dehors ce ces murs. Les assaillantes gouttes d'eau s'étaient agrippées à ses vêtements et daignaient peu le lâcher, même si, elles devaient bien souvent se résoudre à l'abandon pour former une flaque grandissante aux pieds du grand homme, droit, sévère, froid, impassible. Il s'avança, d'une détermination sans faille et s'approcha alors des quelques personnes présentes.

    " Bonjour. Excusez-moi, connaîtriez vous....... ?


    Quelle réaction bien étrange. Sa réputation serait-elle donc fondée ? Pouvait-on seulement croire toutes ces rumeurs ? Le Lieutenant suivit le regard des deux hommes qui n'osaient guère pointer du doigt l'objet de la question. Il les remercia. Simplement et efficacement. Il s'éloigna, balayant de regard la large pièce. Des flammes rugissaient dans une partie adjacente, ronronnant confortablement dans un âtre taillé à même la pierre. Quelques personnes parlaient. Trônait, fièrement, un tableau où s'éparpillaient en des tâches irrégulières des parchemins colorés d'encre noire. L'on procédait aussi à des échanges. Il n'avait guère le temps de s'arrêter. Aussi se planta-t-il face à l'objet de sa quête, espérant toucher du doigt - pour ne pas dire atteindre directement - sa cible - sa récompense pouvait-on seulement dire ? Il remit ses cheveux en place, tout comme son insigne militaire brillant des nombreux soin qui lui avaient été prodigués, et remonta ses lunettes sur son nez fin, ajustant ainsi son regard bleu glacial - ou bien azur, créant un écho bienvenu avec la ville de son régiment - qui sondait inlassablement l'homme en face de lui.

    " Bonjour. Vous êtes Jin... Hidoru, n'est-ce pas ? Je me présente, Lieutenant Emeor Calyx du régiment Al Rakija à Grand-Port. J'ai entendu parler de vous... Connaîtriez-vous un certain Adjudant Dragmar par pur hasard ? "
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Mar 24 Mar 2020 - 13:25 #


    Une journée pas rentable. Enfin pas rentable, quand il pisse comme ça à l'extérieur je préfère avancer mon deuxième boulot; la paperasse. Comme la Boutique est encore en chantier j'ai ramené mes miches dans la Guilde. Le cadre est sympa, une belle cheminée dans le hall de réception, de l'encre et du papiers à volonté. J'étais seul, comme d'habitude. J'ai pas trop de copains ici. Enfaîte, j'en ai pas tout cours. C'était le risque, passer pour un Chasseur de Prime qui n'éprouve pas de pitié pour ses proies c'est moins agréable qu'un explorateur qui vient avec un butin et des histoires  à raconter. J'ai pas d'histoires à raconter. Je tourne dans un cycle infernal; j'enquête, je traque, je punis, je remet aux autorités. Les visages défilent, les affaires sont différentes, mais le schéma reste le même.

    J'garde cette mélancolie pour moi et je marque une pause sur mes rapports d'enquêtes. Mes yeux vont se balader dans le foyer de flamme qui réchauffe la structure. Un groupe de personne sur mon flanc commence à rigoler. Je capte pas de suite. Pis j'entends mon nom sortir dans leurs conversation, j'manque pas de poser mon regard dans leurs direction. Un aventurier, trempé, avec un contrat signé et tamponné et qui attend d'être transmit avant de récupérer le magot. Il me regarde, narquois.

    - Alors le Chasseur solitaire, on veut pas se mouiller?
    - Non.
    - Et pourquoi ça ? On peut plus utiliser ses flammes, c'est ça? Ca doit être tellement dur...

    Son ton était ironique. J'hausse un sourcil, parce que visiblement les mecs pigent pas trop ce qui m'arrive lorsque je suis sous la flotte. Je me redresse de ma chaise, et lui fait un petit rictus menaçant.

    - Pas d'flammes, ouais. Mais je cogne pareil.

    Son sourire s'efface, puis après un grognement de sa part fait un signe de tête à ses sbires et quittent l'endroit. Je les suit du regard un instant jusqu'à les perdre de vue. Un peu exaspéré je quitte ma chaise à mon tour et m'en vais vers les flammes, mes seuls réels amis finalement. Les paumes de mains plus proche du foyer, n'importe qui pourrai se brûler à cette distance, mais les flammes ne mordent pas ma peau. Je me laisse hypnotiser et j'essaie de penser à des choses plus agréables. M'man, la nouvelle boutique. Haru. Quand on fait le résumé, ma vie n'est peut-être pas si ratée finalement.

    Mais ma transe va s'arrêter lorsqu'on m'interpelle. Pff. Je ne pouvais m'empêcher de rouler les yeux vers le ciel. Droit comme un pilier, les épaules alignés vers l'arrières, même trempé son uniforme sent bon. Je termine de scruter mon vis-à-vis en m'arrêtant au visage. Belle gueule, binoclard, mais sa cicatrice laisse penser qu'il ne reste pas qu'aux archives de la casernes. Et son insigne également.

    Il parle de Dragmar. Soit il a fait une connerie, et ce monsieur cherche des informations, soit j'ai fais une connerie, l'Adjudant a balancé et cet homme vient m'arrêter. Lieutenant hein? Parfois j'me dis que travailler avec la Garde n'était pas la meilleure idée du siècle. Je me frotte les yeux, un peu agacé puis laisse un peu de place pour qu'il se réchauffe aussi. 'Doit quand même cailler dehors, même si il paraît solide.

    - Ouais, c'est moi. Dragmar m'a inspecté y'a une Lune de cela. Y'a un problème?

    Mes yeux se plient davantage, méfiant. J'imagine déjà le pire. Me semblait m'être tenu plus ou moins correctement pendant l'inspection. Bon, même si mes "corrections" étaient "un peu" musclés. Je sens que cette journée va être longue.

    InvitéInvité
    Anonymous
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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Mar 24 Mar 2020 - 22:48 #
    La chaleur des flammes se répandait dans la pièce, elle venait lécher délicatement la peau d'argile du jeune homme ; il pouvait sentir chaque braise qui palpitait, comme en réponse aux battements calmes et réguliers de son cœur ; ce calme réciproque et intérieur contrastait d'avec la tempête qui rugissait violemment et tonitruait alors à quelques pas de là, juste derrière cette grande vitre, simple protection de verre qui leur permettait de vivre tranquillement, à l'abri, loin de tout assaut inutilement subi et violent. Ainsi l'âtre brûlant venait-il offrir une place chaleureuse, un endroit de réconfort comme il en existait peu de par ce monde si froid, si rude ou, tout au contraire, trop tumultueux. Emeor sentait la délicate chaleur, tandis qu'un spectacle dansant s'offrait à ses yeux ; les flammes tournaient, produisant de grands cercles qui jaillissaient spontanément comme pour enchanter un peu plus l'endroit, comme pour tenter de le raviver, de donner une lueur d'espoir ; ces après-midi passées dans la demeure familiale, à lire, à jouer, à s'entraîner, bien au chaud, alors qu'un léger feu venait le supporter, l'aider ; ces après-midi teintées d'une douce mélancolie et nostalgie dont la douce odeur si particulière qui émanait de la cuisine parce que mère, en ces instants, préparaient avec amour et délicatesse des mets aux saveurs qui viendraient, d'ici quelques instants, toucher le palet délicat de l'enfant, puis de l'adolescent, mais pas celui de l'adulte ; il revoyait, ressentait ces après-midi particulières, lentes mais savoureuses, et, par un élan qui lui était bien étranger, il aurait voulu y replonger, goûter à ces mets, sentir cette douce sentir et ressentir la chaleur intense et réconfortante de ces flammes. La pluie tombait encore. Les flammes dansaient, inlassablement et Emeor se tenait là, droit, les pieds ancrés dans ce sol couvert d'un léger tapis sobre, faisant face à cet homme, inconnu aux longs cheveux noirs, aux yeux scintillants ; un tableau insolite mêlant des sensations si diverses et si variées qu'il ne savait s'il pourrait soutenir un tel enivrement. Il écouta, attentivement, les yeux rivés sur celui qu'il pouvait enfin nommer Jin. Un sentiment étrange de satisfaction parcourra son corps, des frissons s'hérissèrent - à moins que ce ne soit à cause du léger courant d'air qui cherchait, par tous les moyens, à s'infiltrer dans la lourde bâtisse qui voulait résister à de tels assauts. Ces quelques semaines où, négligeant certaines tâches - bien heureusement secondaires - il s'était concentré sur une recherche qui pouvait apparaître futile, portaient enfin leur fruit. Il ne savait que penser de cet homme. Au fond, pourquoi avait-il cherché à le connaître ? Pourquoi avait-il voulu le voir ? Pourquoi en cet instant, se tenait-il, face à lui, déstabilisé, décontenancé, ne sachant que dire de tangible, de cohérent, de sensé ? Voilà qui ne lui ressemblait guère. Son visage, pourtant, restait de marbre - écho plaisant aux matériaux même du bâtiment. Il s'assit. Ne le lâchait pas du regard. Que cherchait-il au fond ? Son devoir reposait en des lieux bien éloigné. Pas ici. Pas face à cet homme.

    " Et bien... Aucun problème en particulier voyez-vous. J'ai travaillé récemment avec lui et, à plusieurs reprises, il a fait mention de vous. Il a notamment parlé de votre manière de réprimer les criminels. Pourquoi vous occupez-vous de les réprimer ? Je veux dire... Ce n'est pas le travail d'un aventurier, n'est-ce pas ? "


    Il avait hésité. Cherché ses mots. Ses pensées affluaient et se bousculaient en un chaos indescriptible. Contraste saisissant avec sa tenure exemplaire, soignée. Il regarda à nouveau les flammes, lâchant enfin son regard glacial de l'homme. Elles s'agitaient, en désordre, et pourtant, il pouvait y apercevoir une harmonie subtile et magnifique. Ce bouillonnement répondant à ses flammes intérieurs, il comprit peu à peu. Ses pensées s'éclaircirent. Lentement. Un voile se leva, dévoilant peu à peu ce qui ce cachait véritablement. Il s'approcha du feu. Comme pour le toucher. Il était bien proche du feu. Il remonta à nouveau ses lunettes. Bas les masques.

    " Comment vous-y prenez vous ? Pour les coincer et les punir je veux dire. Vos méthodes sont peu conventionnels à ce que j'ai compris. Je ne cherche pas à vous coincer... Tant que vous êtes dans la légalité. "


    Ainsi, deux acteurs se détachaient-ils dans ce chaos. La curiosité animait certains de ses pantins, lui faisant perdre ses mots, comme une soif de savoir qui l'empêchait radicalement de parler. Pourtant, de l'autre côté de la scène, son sens du devoir, ce protocole si ancré en lui qu'il semblait même faire parti de son identité lui refusait bien des choses. Il faut y aller progressivement. Ne pas s'attarder trop longtemps ici. Son devoir est ailleurs. Mais son désir, son envie, elles, sont ici. Débat futile aux yeux de beaucoup. Mais pourtant, combat impétueux pour le Lieutenant.
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Jeu 26 Mar 2020 - 14:06 #


    Alors Dragmar lui a rien dit. Enfaîte, il a même mit en avant mon travail. Pourquoi ? C'était d'abord ma question. Mais je vois que ce bonhomme a l'air d'avoir plus d'interrogations. Il est habité par quelque chose, quelque chose qui va au-delà de son métier. Il y a un truc qui le transcende, je le sais, je le sens. Ma manière de réprimer les criminels n'est pas très différente des criminels à se réprimer entre eux. Je n'ai pas voulu répondre toute de suite. Je me contente de regarder ce feu. Cette flamme a bien plus de sens pour moi que pour n'importe qui. Elle ne fait pas que m'écouter, ni même se plier à ma volonté. Elle habite mon âme. Commande mes pulsions, mes envies, mes haines, mes peines et tout le reste qui fait que ce que je suis maintenant. Je n'suis pas un taré, je sais qui je suis et ce que je vaux. Et mon pouvoir je l'utilise pour faire Mal. Pas pour faire le Mal. Je me retourne vers mon interrogateur, en tournant ma tête d'un quart de tour.

    - Ma manière de réprimer les criminels, elle est très simple. On ne peux pas briser un homme comme  on pourrai briser un chien ou un cheval. Plus vous frappez un homme, plus il se tient droit. Pour briser la volonté d'un homme, pour le soumettre, il faut d'abord briser son esprit. Les hommes pensent qu'ils peuvent se battre dignement, qu'il y a une façon "humaine" de tuer quelqu'un. C'est absurde, ça nous anesthésie. On a besoin de cette idée pour endurer l’horreur sanglante du meurtre.

    Je tend la main, et une mèche ardente de la cheminée s'envole pour arriver sur la paume de ma main. Dansante, instable, libre.

    - Vous devez détruire cette idée. Montrez leur à tel point le meurtre est une chose terrible et sale, et ensuite, montrez leur combien vous aimez ça. Tirez pour blesser et après allez exécuter les blessés : brûlez-les, prenez-les en combat rapproché, détruisez leurs idées toutes faites et vous deviendrez leur monstre.

    Ma haine monte, et la flamme double de volume. La puissance, quand le contrôle n'est pas là il devient inutile. Alors je prend une respiration et renvoie mon regard ardent vers mon vis-à-vis.

    - Quand ils vous craignent, vous devenez plus fort, vous devenez meilleur, mais n’oubliez jamais que c’est du bluff. C’est une posture, comme le rugissement d’un Smilodon ou comme un grognours qui se cogne la poitrine...

    La flamme augmente encore en taille et je vois le soldat devenir méfiant. Je souris et j'arrête mon spectacle en fermant le poing, étouffant la flamme sous ma volonté, mais la chaleur reste encore présente.

    - ... Si vous oubliez ça, si vous succombez à l’horreur, vous devenez le monstre. Vous vous retrouvez diminué, et vous ne valez pas mieux qu’un homme. Et ça, ça peut être fatal. Et c'est toute la particularité de mon métier Lieutenant. Je suis Chasseur de Primes. Quand la garde rame, c'est à moi qu'ils font appel.

    J'me redresse et baigne à nouveau mon regard vers mes amis. Le regard absent, j'prend une inspiration, me perdant dans mes pensées.

    - La légalité ? Elle a des limites, et elle n'est pas parfaite. Mais vous faites vot' boulot parfaitement, hein Lieutenant?

    J'espère qu'il n'est pas naïf et qu'il comprend que chaque situations est singulière. Elles sont parfois similaires, mais la Loi n'est pas forcément la première solution. Enfin, la vie me l'a éduqué ainsi. J'ai une mission, laissez-moi l'accomplir. Si vous m'aviez demandé avant, je vous aurai sûrement dit que j'étais exactement comme tout le monde. Mais aujourd'hui les choses ont changées.

    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Ven 27 Mar 2020 - 21:15 #
    Silencieux, droit, le regard rivé sur l'homme, la tête haute, les pieds solidement ancrés dans le sol, Emeor écoutait, assimilant chaque parole, chaque geste, chaque information ; il ne devait rien perdre de cet échange, ne voulait pas - certainement à cause d'une déformation professionnelle. La pluie battante frappait à grands ébats sur l'immense vitre qui séparait les deux interlocuteurs de l'extérieur. Le feu ronronnait, bien à l'abri de son ennemi fatal et haï, et formait des cercles hypnotiques qui happaient le regard de quiconque serait assez innocent pour laisser ses yeux se poser sur elles et ainsi, entrer dans un spectacle sans fin, se laisser embarquer, sans ne rien pouvoir faire. Les paroles qui sortaient naturellement - il ne semblait pas réellement réfléchir à chaque mot, les peser comme s'ils avaient un poids exceptionnel qui se forment au moment où il dépassaient la langue, les distinguant de tout bruit banal, de tout gargarisme, de tout cri animal et barbare - de la bouche de l'homme sauvaient le Lieutenant d'un tel emprisonnement ; elles lui permettaient de s'ancrer à plein dans la réalité, de prendre conscience de sa décision en cet instant ; il avait laissé son régiment de côté en cette journée pour des affaires personnelles, voilà bien longtemps que cela ne lui était pas arrivé ; pour être exact, un tel événement, s'il recouvrait une portée extraordinaire, ne s'était produit qu'une seule fois dans l'ensemble de sa brillante - nous pouvons bien l'appeler ainsi - carrière militaire, de l'Académie à tous ces régiments qu'il avait traversé jusqu'ici. Il remonta ses lunettes sur son nez. La chaleur du feu paraissait croître et la proximité n'arrangeait rien à la situation, aussi pensait-il voir les flammes grandir, rugir, s'exprimer, ne cherchant qu'à se libérer de leurs liens. Il tenta de faire abstraction de ces sensations bien futiles face à la conversation et les réponses délivrées par l'homme. Il se refusait à l'appeler familièrement Jin ; en effet, le Lieutenant n'appelait que les membres de sa famille ou de très proches amis - ce qu'il n'a pas - par leur prénom. Or, il ne voyait pas de relation amicale particulière se développer avec cet interlocuteur qui n'était encore qu'une ombre inconnue parmi une masse noire et où des têtes, indistinctes, se mêlaient dans l'indifférence la plus totale. Néanmoins, des mots et des phrases se détachaient de l'amas, et retenaient, attrapaient, prenaient contre elles, l'attention du jeune homme ; ainsi l'inquiétude et le soupçon s'évanouirent-ils puisque l'homme n'était pas de ces barbares qui agissent purement par violence, sans réfléchir, ses impulsions n'étaient pas animales, elle paraissaient animées par une principe bien plus puissant, bien plus humain, et, peut-être, plus noble. Pourtant, tout n'était pas si simple. Les paroles mutaient, se mêlaient entre elles et le sens même se mouvaient en serpent insaisissable qui attaquait et fuyait en même temps. Emeor fronça les sourcils, ignorant presque la petite danse des flammes auquel son interlocuteur prenait part, ou plutôt, menait d'une main de maître, tel un chorégraphe expérimenté et consciencieux. Les frontières se brouillaient, les couleurs du tableaux se rapprochaient pour fusionner et former un amas étrange, attirant, où l'on ne pouvait distinguer réellement les éléments primaires, comme si le peintre, ce maître en son oeuvre, en son art, se perdait lui-même entre les couleurs, ne parvenait plus à établir des frontières nettes et précises. Ces pulsions que le Lieutenant croyait noble ainsi restaient-elles profondément violentes. Il n'était pas naïf, ni manichéen, mais, son envie - ou il serait plus juste de parler de soif - de justice tronquait de manière cinglante sa vision du monde. Un seul homme, une seule situation, une seule parole et cette vision s'écroulait aussi facilement que l'on brise une bulle magnifique et réconfortante mais terriblement fragile et éphémère. Emeor croisa les bras. Droit. Détacha le regard de son interlocuteur pour lever la tête. Une légère éclaircie à travers les nuages et un faible rayon de soleil s'infiltra en ce bas monde, pour toucher l'humanité, pour dévoiler toute sa splendeur mais aussi pour révéler toute sa monstruosité. Ne pas devenir le monstre ? Bien étrange question.

    " Je fais mon travail comme tout bon soldat. Je respecte les ordres et mes supérieurs. J'agis selon mon devoir et je rends justice. Mais, à quel point pensez vous appliquer la justice ? Je ne parle pas des lois, mais de la justice entre les hommes, pour réparer les torts, protéger ceux qui doivent l'être. "


    Emeor comprenait parfaitement qu'un lien bien étrange les unissait mais les séparait. Sensation unique mais puissante. Malgré sa clarté militaire et sa réflexion protocolaire, cet homme lui échappait totalement. Il ne savait qu'en penser. Ainsi, certainement que son aspect académique le bloquait-il. Enfoncé dans des schémas usés et utilisés nombre de fois, il ne pouvait s'en extirper, pris à son propre piège ; la conception du monde du militaire se montrait bien arrêté et bien borné, comme si elle ne dépassait pas son épée, son armure, ses yeux glacials, sa coupe de cheveux parfaitement arrangée - où, pourtant, des gouttes perlaient encore -, pour ne pas voir la réalité. La voir de ses propres yeux. Était-il judicieux de voir le monde autrement ? En quoi cet homme s'approcherait-il plus de la vérité ? Au fond, malgré la multitude des approches, elle nous reste inatteignable, absolu infiniment recherché, accrochée au soleil que les hommes se contentent d'admirer mais sont bien incapables d'endurer la dureté et la lumière frappante de ses rayons pourtant salvateurs. Le Lieutenant baissa la tête, regardant ses pieds, le sol. La tête baissée, voilà bien longtemps qu'il n'avait pas eu cette attitude bien honteuse. Cela ne dura que quelques instants. Il plongea son regard dans celui de l'homme en face de lui. Jin Hidoru, qui es-tu ? Que veux-tu ?

    " Le feu vous apprécie à ce que je vois. Avez-vous déjà tué non par devoir, non par justice, non par nécessité vitale mais parce que quelque l'imposait, comme un instinct animal ? Vous ne tuez pas gratuitement, je me trompe ? Tuer gratuitement, quelle idiotie. Rien n'est gratuit ici. Je l'ai bien compris. "
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Sam 28 Mar 2020 - 20:21 #


    Droit, obéissant, protocolaire et rigoureux. Ainsi sont les adjectifs de ce mec en face de moi. Bien sur, il en faut. Des gens qui, à l'intérieur d'une constitution sont les armes du gouvernement, pour faire régner l'ordre et garder un cadre paisible. Préservant l'harmonie et apporter l'équilibre. Bien sur que je crois en tout ce merdier. Mais dans une autre perspective que lui. C'est quoi cette journée putain, et c'est qui ce type. Il parle de rendre justice. C'est là toute la question. C'est quoi, la Justice? Des mecs en costard qui écrit des règles dans un bouquin et qui demandent de les respecter? Un code moral ? Une éthique ? Une religion? Ou peut-être alors qu'elle n'existe tout simplement pas? Pas une seule journée passe sans que ces questions me traversent la caboche.

    Ça doit faire 5 minutes qu'on est planté comme des légumes dans le Hall d'entrée à prendre la chaleur de la cheminée. Finalement, on va peut-être passer plus de temps que prévu. Il me pose ses questions, attendant mes réponses comme si elles allaient apporter du sens à quelque chose, un je n'sais quoi. Peut-être que j'arriverai à mettre un mot dessus. Il serait peut-être temps qu'il m'explique réellement pourquoi, si il a quitté le Sud exprès pour voir si je tortille un peu trop du cul avec la justice. Je réponds pas de suite, l'espérant pas l'agacer, et là me vient une idée.

    - Vous avez ramassé une grosse pisse dehors, ils font des laits d'chèvres chauffés à la Taverne de la Guilde. Suivez moi.

    Il marque une pause une seconde, relève ses lunettes et acquiesce silencieusement. Cette même intuition qui me casses les valseuses depuis qu'il est là me disent qu'il va rester encore un petit moment. Mais il pleut dehors, je peux pas sortir de suite et on peut s'installer dans un lieu pour réellement discuter, alors autant faire d'une pierre plusieurs coups. Dans le Grand Hall Mezzanine de la guilde qui peut accueillir facile une centaine de personnes comme c'est le cas aujourd'hui au vu de la météo, une espace taverne accueille les connards comme moi et viennent se désaltérer après une mission un peu piquante ou bien se retrouve avant de décoller. Moi j'y vais pour travailler pénard quand je suis ennuyé de la boutique ou comme là, parce qu'elle est en chantier. Je récupère ma paperasse, met tout ce merdier dans ma besace et on se rapproche d'une des dizaines de tables dédiées à la boisson et la bouffe. Les gens qui sont ici commencent à me regarder de travers, je pige pas de suite. Puis je me retourne vers mon binôme. Ouais, ça y est je remets. Les mecs voient un gars, tous les jours, seul, et la seule fois où il se trouve accompagné, c'est avec un gradé de la Garde. Tu parles qu'ils sont paumés les mecs.

    On s'installe et le tavernier vient prendre notre commande. Un ton grave, le mec ne m'a jamais blairé de toute façon. Il fait en revanche une révérence vers l'homme à lunettes, solennel et rapide. Puis il reprend son ton bougonnant vers ma tronche.

    - Tu bois quoi, Hidoru.
    - Deux laits d'chèvre. C'est moi qui paye.
    - Tu payes pour les gens maintenant ?
    - Rien à foutre.

    Il s'en va sans demander son reste et retrouve son comptoir pour préparer notre commande. La pluie continue de faire tomber des tonnes d'eau dans la Capitale, au point d'entendre les gouttes marteler le plafond. Il y a une broche avec de la viande qui cuit pas loin du comptoir qui fait réchauffer la pièce, un mec qui joue de la flûte avec un chapeau par terre et un Lieutenant en face de moi qui attend toujours que je réponde à ses questions. Pourquoi j'en ai envie? Allez questionner à cette foutue intuition qui me demande de continuer.

    - Alors...

    Je me frotte les yeux, comme pour me réveiller et essayer de remettre ses dernières phrases en tête.

    - Avant de protéger les gens, je protège ma famille. C'est tout ce qui compte. Nous ne faisons pas le même métier Lieutenant. Les gens comptent sur vous pour que les habitants ne s'entretuent pas, que le Royaume puisse faire tourner la boutique sans une guerre civile par semaine. Ma justice est appliquée envers les primes que je traque, essentiellement. Ils ont eu leurs chances, Lieutenant Calyx. Ils recommenceront leurs conneries à l'instant où ils quittent vos prisons et faudra encore, encore, encore les chercher pour les refoutre en taule. J'ai pas le temps pour ça.

    Les chopes se posent entre nous. Mes mains vont enlacer le récipient et je me contente de profiter de la chaleur qu'il véhicule dans mes paumes de main.

    - Je me charge de les briser. Oui... Petit bout, par petit bout. Au début c'est toujours pareil. À l'interrogatoire, ils n'ont pas peur de la mort. Soit parce qu'ils ne l'ont jamais connus de près soit parce qu'ils savent que vous ne pouvez pas les exécuter sur commande...

    Je bois une gorgée, parce que je commence à beaucoup parler et que ma salive ne suit pas le mouvement. Le lait est bon, la chaleur fait son travail, et je m'essuie la bouche pour éviter d'avoir une moustache ridicule.

    - ... Alors je leurs fait mal, très mal. Les punir. Enlever leurs espoirs une par une. Finalement je ne les tuent pas. Non...Je leurs donne une bonne raison de vivre. Et là, c'est la panique. Ils veulent que j'arrête, me supplient, mais haha...C'est trop tard. Leurs âmes sont en miettes et ils rentrent quand même en prison, sages comme des images. 'Pas belle la vie?

    Je bois une gorgée à nouveau, prend le soin d'enlever la mousse de ma bouche et me rapproche de mon partenaire de table. Mes yeux oranges se reflètent dans ses verres, incandescents.

    - Je n'ai jamais tué, Lieutenant. Parce que, j'ai eu la chance d'avoir un mentor qui m'a expliqué que ça pouvait me coûter de me retrouver avec ces enfoirés au placard. Mais croyez-moi sur parole, si je pouvais, je les tuerais tous. Et j'ai tout le sang-froid nécessaire pour faire la part des choses, Lieutenant. Je n'suis pas comme eux. Mais vous... Vous vous êtes déjà retrouvé dans une situation où tout est flou, où la mort toque à votre porte, obscurcit votre jugement? L'impression que tout devient insignifiant si vous n'avez pas buté cette personne? Vous avez raison, rien n'est gratuit. Mais la question est de savoir si ça vaut le coup.

    Pis je ris nerveusement, au même moment que le fracas du tonnerre qui a dû zigouiller un arbre en deux à quelques kilomètres d'ici. J'adore cette ambiance, et je commence à apprécier ce mec. Pour la première fois depuis des lustres, j'ai l'impression de me sentir compris.
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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Mar 31 Mar 2020 - 18:17 #
    Il le regardait, sans rien ajouter, aucun mot ne venait franchir ses lèvres. Il attendait, patiemment, une réponse qui, peut-être, l'éclairerait, lui permettrait de mieux saisir la situation, de comprendre les motivations profondes de son interlocuteur ; le Lieutenant ne bouillait pas d'ardeur et savait, bien au contraire, se montrer attentif et respectueux au fil de la discussion, sans jamais brusquer la personne face à lui ; s'il tenait à obtenir une réponse, il ne s'évertuait en rien à ce que celle-ci soit précipitée - sinon la qualité en subit les coups des caprices de notre intelligence qui, mêlée à notre cerveau, peut bien rendre des conversations ennuyantes mais surtout, vides de sens. Ils se ressemblaient. Cela ne faisait aucun doute. Silencieux, face à un feu - qui ne cessait de vouloir les entraîner dans ses entrailles brûlantes et ardentes -, plongés dans des réflexions qui outrepassaient ces pensées vides et vaines de simples gens dont la seule occupation reposait en des actions futiles et fortuites, un silence calme et docile, bien loin d'être pesant, les unissait dans une communion contemplative. La pluie, battante pluie au cœur lourd et pesant, s'apaisait légèrement ; de temps à autre, les rayons daignaient descendre en ce bas monde pour apporter un instant de répit ; le bruit si régulier des gouttes qui tombaient en dures épées de métal sur les larges vitres de la Guilde s'estompait, doucement, mais rythmait la conversation silencieuse de ces deux hommes que l'on dévisageait de loin, sans oser s'en approcher, ni même en parler. Il finit par lâcher quelques mots, brisant, comme d'un commun accord tacite, leur contemplation. Emeor acquiesça - réflexe qu'il avait adopté depuis le début de sa carrière militaire, pour éviter le moindre mot inutile et, pourtant, afficher pleinement son avis - et se contenta de suivre Hidoru. Devait-il l'appeler Monsieur Hidoru ? Chose bien étrange que cette formalité qui ne convenait guère à ce chasseur de primes - puisqu'il se nommait ainsi, une telle appellation pouvait être usitée -, comme s'il ne pouvait rentrer convenablement dans ces cases toutes faites bien utile à nombre de personnes et le militaire gradé s'y comptait ; il trouverait bien une manière exacte, précise - pour ne pas dire parfaite, malgré tous ces efforts, Emeor ne daignait en aucun dire qu'il touchait, ne serait-ce que d'un doigt, la perfection que tant d'hommes s'évertuent à trouver, à attraper comme pour la ramener auprès d'eux, telle une couverture que l'on relèverait sur nous, pour nous protéger de l'extérieur, agressif, violent, étranger - pour nommer cet homme. En effet, jamais dans sa vie courte de Lieutenant avait-il eu affaire à une personne de cette carrure ; il ne savait s'il pouvait réellement affirmer avec force que tous deux se comprenaient, ce serait exagérer une rencontre encore courte et fragile. Il leva son regard, balayant ainsi la vaste pièce qui s'offrait à lui ; par le passé, il avait eu l'occasion de venir, une fois et une seule, dans cette bâtisse mais n'en retenait que de vagues souvenirs ; son père - Rolmann, un bibliothécaire passionné par les récits d'aventures et les diverses bêtes qui parsèment ce monde, passion qu'il n'a daigné partager avec personne - l'accompagnait en cette journée où seule l'odeur de vieux tapis, d'alcools mélangés restaient dans la tête d'Emeor ; une autre sensation, celle du soleil qui le frappait à travers ces grandes vitres et ne le laissaient guère en paix - étrange ironie. Les lieux n'avaient peut-être pas changé. Il n'aurait pu le dire. Les hommes et les femmes les regardaient. Il n'en prêtait guère attention. On lui avait donné une instruction, il la suivait, déformation professionnelle. Ainsi donc, suivant l'ordre des événements et des choses, il s'assit. Ecoute. Attentivement.


    Ponctuant l'admirable discours - jamais une discussion ne fût aussi passionnante aux yeux d'Emeor -, d'autres conversations animaient le lieu, tentaient - en vain, l'attention du Lieutenant se fixait fermement aux paroles de son interlocuteur - de se fondre dans la leur, écho à tous ces regards assassins et stupides. Il saisit son verre, sentant la douce chaleur se répandre dans ses mains et, comme par un effet magique, couler le long de son corps, se mêlant à son sang, pour remonter le long de ses bras où des frissons virent le jour, atteignant les épaules, touchant son cou et assénant le coup fatal à la tête. Un sentiment apaisant. Une bulle de réconfort. Qu'il ignorait. Qu'il voulait ignorer. L'homme, en face de lui, était bien plus important que toutes ces sensations pourtant merveilleuses qui auraient pu, s'il avait été attentif, le plonger dans une douce mélancolie lancinante, plongeant dans des souvenirs lointains d'un jeune enfant, souriant, riant avec sa famille bien au chaud dans cette grande maison chaleureuse où il régnait une ambiance unique et apaisant ; il aurait pu, ne serait-ce qu'un instant, retrouver cet Emeor qu'il a perdu depuis bien longtemps, qu'il dénigre ainsi depuis l'entrée à l'âge adulte comme si cette étape n'était qu'une vulgaire mue qu'il souhaitait jeter tel un horrible déchet puant ; certes n'avait-il pas la force, le courage, la droiture d'esprit d'aujourd'hui ; mais cet esprit rieur, ce sourire charmeur, ces yeux pétillants formaient une part inhérente de sa personne. Qu'il reniait entièrement à présent. Il écoutait l'homme. Intégrait, comme il l'avait fait, chacune de ses paroles. Cette conception bien étrange l'intriguait, l'attirait dans des abysses de pensées, de réflexions infinies. Il ne pouvait accorder une affirmation à l'ensemble du discours, en effet, des points le rebutaient. Mais, il tentait de cerner cet homme, de le comprendre.

    " Pour la famille... Je pense comprendre. Passons la mienne, c'est peu intéressant. Mais, de ce point de vue, on peut considérer la Garde comme ma famille alors. J'ai bien conscience que beaucoup ne comprennent pas les choses en sortant de prison. Je ne peux pas les y laisser indéfiniment, la loi s'y oppose. "


    Fallait-il passer outre la loi ? Non. Ça n'était pas de son rang, pas de son rôle. Il n'enfreindrait pas ainsi la légalité ; il se devait se contenir l'anarchie ; à quoi bon établir des lois s'il peut ainsi les briser et punir tous ces criminels qui ne comprennent décidément rien à la société civile ? Emeor comprit une chose, important sans doute : tous deux n'avaient pas le même rôle. Aussi proches soient-ils, leurs missions divergeraient légèrement. Si leurs conceptions pouvaient s'épouser adroitement, jamais le Lieutenant n'enfreindrait cette loi - presque divine - qu'il doit faire respecter. Il but une gorgée, ignorant ce goût si particulier qui lui caressait la langue, chatouillait son palais.

    " Presque. Je n'étais pas encore assez fort, assez grand, assez entraîné. Mais si un idiot s'en prendrait à un de mes soldats... Je ne pourrai le tuer, j'en suis peut-être incapable au fond. On ne me le demande jamais, on ne me le demandera jamais. Je ne pourrai jamais faire comme vous, tout comme vous ne pourrez pas faire comme moi. Et... Votre motivation, quelque chose de particulier vous pousse ? "


    Les hommes et les femmes autour discutaient eux aussi. Par moment quelqu'un criaient. Ou la flûte jouait une note plus haute. Plus basse. Un groupe entra. Trois femmes et un homme. Ils parlaient fort, se dirigeaient nonchalamment vers le bar. Emeor ne leur prêta aucune attention. Peut-être devrait-il. Car leur conversation attirait les foudres de tous, par le bruit immonde qu'ils produisaient. Ils avaient bien repéré les deux acolytes, notamment le Lieutenant avec son uniforme toujours tacheté de gouttes qui perlaient pour s'échouer au sol. Ils rigolaient. S'approchaient doucement, leurs boissons à la main. Comme pour faire un coup brutal et idiot. S'en prendre à un Garde - un haut gradé qui plus est -, mais qui en aurait l'idée ?
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Mer 1 Avr 2020 - 23:13 #


    Je les reconnais. Ces gens qui, s'effacent pour se concentrer sur une chose, essentielle à leurs yeux. Pour certains, c'est leurs familles, d'autres leurs passions... Et comme lui et moi, leurs boulots. Tels des instruments, on se refuse tout le moindre sentiment pour faire ce que nous savons faire le mieux. Comme si, les astres, le destin où je n'sais quelle connerie nous a façonnées dans un but très précis. On dors avec, on mange avec, on baise avec. Tous les gestes du quotidien convergent dans un seul et même but.

    Faire notre boulot.

    C'est comme ça qu'on devient les meilleurs, qu'on devient plus fort. Gagner du pouvoir pour travailler plus vite, travailler plus vite pour terminer le boulot avec ce sentiment de satisfaction inlassable. J'avais un héros. Père. Le meilleur explorateur qu'il m'est arrivé de connaître. M'man pouvait dire ce qu'elle voulait, faire ce qu'elle voulait... Il pensait qu'à une seule chose, l'aventure. Je devais être comme lui. Mais on me la prit, et mon boulot est désormais de retrouver ces ordures qui l'ont butés pour une poignée de cristaux. Va savoir qui je devais être avant ça. Un explorateur comme lui? Eh merde, c'est trop tard de toute façon. Je sais que je commence à broyer du noir, alors je décroche le regard pour me perdre dans ma chopine. Mon reflet s'affiche sur le liquide opale qu'on m'a servi. Qui est ce type avec ses yeux oranges qui brûle des gens? Un tortionnaire? Un criminel ? Un justicier? Peut-être les trois à la fois.

    Le Lieutenant Calyx est toujours attentif pendant que je blablate comme un moulin. Concentré, il dissèque mes mots comme je le ferai en plein interrogatoire. Au début c'était pas agréable. J'avais l'impression d'être manipulé. Il aurait pu très bien faire le curieux et me soutirer des informations à mon insu, suffisamment pour me coffrer. Mais non. Il y a quelque chose d'autre. C'était une suspicion au début, mais maintenant je le sais. Il balaye du sujet sa réelle famille, comme si finalement c'était du passé et que l'humain derrière le Lieutenant est mort avec ledit passé. Parfait, est irréprochable il brandit en bouclier l'inébranlable loi, dur de pas soupirer. Mais je le comprends, aussi. Tiens, j'avais pas fais gaffe. La pluie s'est calmé, et quelques rayons viennent traverser la fenêtre. Une météo chaotique qui vient achever son travail, avec la venue d'une lumière qui arriverait comme une joute pour baigner le monde de son éclat. Finalement, c'est peut-être le résumé de notre rencontre. Le Corbeau et L'Aigle dans la même pièce.

    Il témoigne enfin de quelque chose en prenant la parole. Il sait de quoi il est capable, un homme qui prend du recul donc. Difficile de lui reprocher des défauts, ça doit sans doute expliquer pourquoi il est aussi gradé. Il a très vite compris qui on représentait l'un pour l'autre. Et si finalement nous faisons partie tous les deux d'un même équilibre? Est-ce que c'est un mal nécessaire? J'pense que la vie a toujours carburé comme ça. J'commence à sourire, reconnaissant son discours, comme le mien. Mais il va vite s’effacer lorsqu'il pose la question fatidique. Finalement, celle qui me définit, qui fait que j'en suis là, aujourd'hui.

    Père. T'es parti trop tôt, connard.

    J'me raidis d'un coup, un peu surpris qu'il fasse mouche aussi vite. Finalement c'était peut-être logique qu'un mec de son calibre soit aussi précis. On l'a entraîné, conditionné pour ça. Difficile de pas être déstabilisé face à son efficacité. J'me craque la nuque en tanguant la tête d'un côté et je finis mon verre d'une traite.

    - Ce n'est pas une motivation qui anime ma flamme de réduire l'esprit des gens en cendres. J'ai une mission qui m'a était destiné, je dois retrouver des gens qui ont causés du tort à ma famille. J'dois m'occuper d'eux. L'envie de nettoyer le Royaume passe en deuxième position. D'ailleurs de vous à moi...J'doute que j'arriverai à les laisser en vie.

    Mes mots avaient du poids, et ma voix était plus rauque que la normal. Je crois que c'est ça, parler avec son cœur. Quand certains mots alignés dictent votre conduite, ce n'est pas qu'un simple tas de lettres posés sur un papier. Ça devient un principe, un cap, une direction. L'ambiance de notre beuverie est loin d'être une soirée crêpes. La tension est palpable, et on sait tous les deux ce qu'on veut désormais. Tout cela va se dissiper lorsque j'entends la voix d'un bonhomme accompagné par des donzelles. Au début j'fais pas gaffe. Puis les pas s'approchent de nous, comme je suis naturellement sur le qui-vive, j'hausse un sourcil dans leurs direction. Le mec bombe le torse, avec ses jouvencelles qui ressemblaient à rien. L'une d'elles avait la gueule d'une figurine de poisson qu'on trouve à la place commerçante. Des lèvres qui pourraient très bien servir de ventouse pour déboucher les chiottes. Le gars avait capté le Lieutenant et moi-même, bizarrement je le remets pas. Peut-être que lui si du coup. Coiffé sur le côté avec une mèche blonde qui fait chavirer le cœur de ses demoiselles, il lève le nez comme un coq et regarde mon partenaire de boisson.

    - Eh bien, eh bien...
    - Un problème ?

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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Sam 4 Avr 2020 - 20:10 #
    Les minutes s'écoulaient, silencieusement, et la pluie ralentissait, doucement. Toujours avide de paroles et de réponses, Emeor fixait l'homme, recevant chaque mot, chaque syllabe pour les décortiquer et en reconstituer le sens si indicible et parfait. Sa réponse fut plus grave, plus pesée, plus mesurée ; on sentait aisément qu'il se livrait, parlait à cœur ouvert ; le Lieutenant ne pouvait que respecter et admirer une telle honnêteté qui pouvait, malheureusement, se faire rare en ces jours. En effet, ils se connaissaient à peine depuis quelques instants et, déjà, ils s'embarquaient dans une discussion sérieuse, se donnant tour à tour à l'autre ; de l'extérieur, on aurait pu croire qu'il s'agissait de vieilles connaissances qui s'évertuaient, dorénavant, à mieux s'appréhender, à mieux se connaître. Leur deux âmes entraient en coïncidence parfaite, comme si les corps n'étaient ici que de simples supports à un échange qui, de loin, les dépassait, les transcendait, en des sujets bien vastes. Emeor but une nouvelle gorgée. Le liquide, chaud, se répandit dans son âpre gorge, coulant tel ce flot de paroles qui inondait les deux hommes, n'ayant aucune pitié pour eux ; bientôt, ils seraient pris par une inondation, un raz-de-marée, à délivrer ainsi leurs sombres secrets, leurs réelles parts d'humanité ; néanmoins, impuissants et réduits à néant face à cette immense obscure, abysse insaisissable qui s'ouvrait à eux, ils ne purent agir et retenir leurs mots qui, d'ors et déjà, les dépassait. Emeor but une nouvelle gorgée. Ses yeux cristallins ne bougeait guère, se figeant sans cesse dans l'ardeur regard d'Hidoru. Il hocha la tête. Et but une nouvelle gorgée. Ça n'était pas, à proprement dit, sa curiosité qui était piquée à vif lorsque son interlocuteur évoqua ainsi sa motivation si particulière - force injustifiable qui poussait la conscience de chaque homme au sein de leur maigre vie, puisqu'il en faut bien une de motivation, aussi infime et légère soit-elle -, mais bien plus son désir ardent de justice ; en cet instant, Emeor comprenait bien pourquoi l'homme, assis, là, en face de lui, tenant, en parfaite symétrie, cette choppe, se tenait encore debout ; pourquoi il vivait, respirait chaque jour et marchait, inlassablement, sur un long chemin qui le mènerait, tôt ou tard, à un terme ; malgré cette différence de taille qui les séparait à jamais - comment pouvait-on réconcilier le soldat et l'aventurier ? -, ils ne pouvaient que se lier et s'accorder. Ce lien n'était en rien une de ces histoires sur l'amour, ces âmes sœurs qui se rencontrent et se retrouvent pour ne faire qu'un. Un lien bien plus subtil et infime, une corde sensible sur laquelle, tous les deux, marchent en un équilibre parfait. Jamais il ne faut tomber. Jamais il ne faut se précipiter. Ainsi se trouvent-ils là, face à face, au cœur de la Justice.


    Les lèvres d'Emeor bougèrent, imperceptiblement, et des mots affluaient d'ors et déjà dans son esprit mais, sa tentative de discours fut brusquement interrompue ; à quelques pas de lui, se rapprochaient ce groupe, à l'apparence scabreuse et pitoyable ; le Lieutenant se retourna en les entendant et Hidoru parla. Le sang du Lieutenant se figea. Ce visage, il l'avait déjà vu, déjà croisé, quelque part. Il fronça les sourcils et ses yeux tentèrent de sonder l'âme, l'esprit de cet inconnu. Il souriait, bêtement, stupidement, tel un animal satisfait d'une bêtise qu'il venait alors de réaliser ; il riait, horriblement, et ce son aigu agressait violemment les oreilles du Lieutenant. Ce dernier posa sa chope sur la table et le jugea, entièrement. Il ne comprenait guère pourquoi une telle personne s'approchait ainsi, l'air riant, joueur et, disons le, profondément stupide. Personne ne disait rien, comme si les paroles de l'inconnu déterminaient en cet instant l'ensemble de la rencontre. Il ne se fit pas prier.

    " On m'a pas menti... C'est bien vous le Lieutenant qui a aidé à interroger les deux Aurochs... Z'êtes bien stupides, ça sert à rien. Les Aurochs sont puissants et agissent toujours. Vous servez définitivement à rien la Garde. "


    Les Aurochs. Le sang d'Emeor ne fit qu'un tour. Comment pouvaient-ils toujours agir librement en la Capitale ? Comment une telle chose était-elle possible ? Le Lieutenant bouillonnait. La rage criante de la Justice criait en lui. Voilà bientôt une Lune qu'il avait interrogé ces criminels stupides en compagnie de l'Adjudant Dragmar - celui-ci même qui avait alors évoqué Hidoru, amenant le Lieutenant en cette situation, cruelle ironie -, la Garde au sein de la Capitale aurait donc échoué à les capturer ? A faire cesser leur activité ? La mâchoire du Lieutenant se crispa. Il ne regardait plus son interlocuteur. Ni même l'inconnu stupide. Il se leva. Brusquement. Et surgit, droit, raide, pour faire face à l'homme. Il le dominant en taille. Largement. L'air grave et sérieux, il avança d'un pas.

    " La Garde s'occupe très bien de ces vermines. Laissez la faire son boulot. Taisez-vous. Aucune remarque, merci. Je m'occupe personnellement de cette affaire, si vous avez la moindre réclamation, revenez me voir quand je serai en fonction. Au revoir. "


    Emeor s'avançait à chaque parole, l'homme pâlissait ; il ne pouvait guère faire le poids et en avait conscience, aussi avait-il une légère peur qui se transforma en terreur face au Lieutenant. Il ne faisait pas le poids. Il grommela. Emeor répliqua en lui disant, à nouveau, de se taire. Il partit, entouré de son harem qui paillait autour de lui. Bouillonnant, le Lieutenant se rassit. Il fixa son regard sur sa chope. Ne pouvait réellement le croire. Il crispa sa mâchoire. Remit ses lunettes en place. Et fixa à nouveau son regard dans celui de son interlocuteur.

    " Encore un qui doit sortit la blague de la plus petite unité de temps, la milliseconde, la plus petite unité de mesure, le millimètre, et la plus petite unité d'intelligence, le militaire... Stupide blague. Vous connaissez les Aurochs ? Il sévissent dans la Capitale et... J'ai quelques ressentiments envers eux suite à une affaire. "
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Lun 6 Avr 2020 - 15:30 #


    D'accord, j'ai affaire à un champion de la connerie. J'sais pas de quoi y parle mais ça à l'air de remonter le Lieutenant. Les aurochs... Hm, c'est quoi ce truc . Une organisation ? En tout cas ça a l'air suffisamment puissant pour insulter la garde devant un Lieutenant sans transpirer. Ou alors il est complètement débile, ouais, je parie plutôt là-dessus. Et pour la première depuis notre rencontre Calyx fait tomber son visage froid et impassible. Finalement le plus chaud de nous deux paradoxalement, c'était lui. J'avais pas trop de raison d'intervenir puisque primo, c'est pas mes oignons et secundo, il se sentirait davantage insulté si j'viens me mettre au milieu de cette histoire en explosant sa tête contre la table. Il est grand, gradé et débrouillard le garçon. Et il va le montrer avec délicatesse toujours avec ce jargon d'homme noble de salon. Mais ça fait son effet. Le blondinet dérape avec le merdier qu'il lui sert de groupies puis disparaît comme il est venue.

    J'ai laissé quelques secondes, le temps que le garde revienne s'asseoir et faire baisser la pression. Monter dans les tours j'connais ça et il me faut un moment avant de retrouver le calme. Il remet ses binocles en place et prend une inspiration en me sortant une blague, presque drôle. Mais au vu de la situation on pouvait bien comprendre que le Lieutenant est exaspéré de la façon dont certains voyaient la Garde. J'bosse avec eux assez régulièrement, ils viennent me voir poser des primes ou affiches de recherches ou j'vais les voir pour déposer mes captures. Autant dire que j'commence à connaître la musique. Qui plus est, l'arrivée de Vaelin Dragmar et de ses capacités étonnantes à neutraliser les criminelles était assez impressionnante, donc je sais, finalement de quoi ils sont capables. Y'a peut-être des pourris, sans doute même, mais pas tous. J'pourrai lui dire ça, mais j'sais pas trop consoler et pis il a l'air assez blindé pour passer à autre chose.

    Les aurochs ? Hm, nope. Inconnu aux bataillons. Vrai que j'ai entendu des rumeurs sur des organisations qui commencent  à foutre la merde dans la Capitale, et peut-être plus loin. Mais vu comment il en parle il pensait que c'était une affaire classée. Avant que monsieur crétin accompagné de ses crétines se ramènent.

    - Ça m'dis rien non... Ça fais longtemps que vous êtes sur cette affaire?

    Et c'est reparti, Jin Hidoru qui cherche les emmerdes. T'as déjà assez de travail comme ça...Ma curiosité me tuera. 

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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Dim 12 Avr 2020 - 17:18 #
    L'esprit ne cessait de s'agiter, établissant divers plans sur la situation qui venait alors de se présenter au Lieutenant ; voilà que ces criminels qu'il avait pourtant largement aidé à appréhender il y a de cela trois semaines couraient toujours en la Capitale et devaient, sans nul doute, menaient à bien leurs nombreuses actions qu'Emeor ne douterait pas l'espace d'une seconde de les nommer par la subtile appellation de crimes. Au plus profond de lui, il ne comprenait pas. Qu'avais-donc pu faire la Garde durant ces journées ? La Garnison de cette ville fourmillait d'un nombre important de militaires qui s’attelaient à diverses activités essentielles ; cependant, lorsque vient celle d'appréhender, de réprimer, de capturer, de juger des criminels, toutes les autres devenaient sans nul doute superflues et inutiles. Leur rôle premier, aux yeux du Lieutenant, reposait en un principe simple, un mot banal, normal que tout homme, par ignorance ou par bêtise, n'appréhenderait guère les nombreuses significations mystérieuses et consistantes qu'il recouvrait, la Justice. Agissant en protecteurs habiles du peuple, les Gardes se devaient de faire s'abattre le couperet de la Justice sur ceux qui outrepassaient, par bêtise ou par ignorance, les lois presque divines qui régissaient alors les rapports entre tous les êtres au sein du vaste royaume ; si la loi se voyait être mythifiée par Emeor - il n'oserait nullement agir contre elle, principe inscrit dans le marbre qui réglait alors toute vie -, par moment, il prenait bien conscience de son aspect superflu. Comme en cet instant, face à cet homme dont la préoccupation première n'avait cure de ce texte pourtant précieux et crucial pour, au contraire, reposer en des préoccupations personnelles qui, de par leurs aspects, dépassaient la loi. Emeor but une nouvelle gorgée ; il n'avait guère besoin de se calmer, son sang-froid prenant naturellement le dessus. En outre, il ne cherchait nullement à user de la force physique, un tel idiot ne le méritait pas et cela était contraire à tous ses principes. Il leva les yeux, fixant à nouveau son partenaire de boisson - un autre surnom bien atypique, il ne pourrait donc jamais en trouver un convenable -, son regard glacial dépassant ses sobres lunettes à la monture noire. Le Lieutenant fut surpris d'entendre une telle question ; en effet, à ses yeux, le groupe des Aurochs et leurs actes répréhensibles avaient acquis une forte popularité - malheureusement - et étaient connus de nombre de gens en cette ville et même au-delà des murs. Il reposa son verre, se rappelant alors les divers actes de cette organisation ; ainsi s'organisait dans son esprit une synthèse parfaite de l'affaire, avec les protagonistes, leurs actions principales, les lieux importants, les diverses temporalités. Il remonta ses lunettes et croisa ensuite les bras, le dos toujours excessivement droit - cela en devenait presque ridicule -, comme pour annoncer un long discours essentiel sur ces Aurochs. Criminels pathétiques.

    " C'est un groupe de criminels qui sévit dans la Capitale depuis quelques temps déjà. Des Gardes ont arrêté deux d'entre eux et l'Adjudant Dragmar et moi-même les avons interrogés. A la suite de cette interrogatoire, nous avons identifié leur chef, un certain Rahwed Egel, tavernier dans l'Est de la Capitale. J'ai dû repartir suite à cela. Je pensais que la Garde s'était occupé d'eux... J'ai tort visiblement. "


    Le discours fut, en réalité, bref et efficace. En effet, Emeor ne se perdait jamais en des détails futiles et inutiles qui nuiraient à l'essence même de l'information. On ne pouvait, ici, que souligner son aspect protocolaire et académique qui jouait alors en sa faveur. Tous ses rapports étaient rédigés avec assiduité, efficacité, et devenaient bien souvent une synthèse parfaite des affaires sur lesquels il avait alors dû intervenir. Il reprit une gorgée, la dernière, vidant ainsi parfaitement sa choppe. Il détestait l'alcool. Et son compagnon de boisson avait eu l'heureuse idée de ne pas en prendre. Le Lieutenant pensait, encore et toujours, tandis que divers plans se bousculaient dans sa tête. Il ne pouvait rester ici, assis, à parler ; ces idiots de criminels devaient encore, à cette heure ci, sévir au sein de la Capitale et cette simple idée lui était horriblement pénible ; en réalité, il haïssait totalement cette idée. Rien, absolument rien, ne pouvait le retenir, en cet instant, à agir ; au contraire, son grade, la situation, les informations, sa soif de justice, tout le poussait un peu plus à se lever et à courir vers cette maudite Taverne pour tous les arrêter. En tant que Lieutenant, il s'autorisait à acquérir une forme d'autonomie quant à de nombreuses affaires. Mais, peut-être pas à ce point. Pourtant, il ne voulait pas - ou plutôt plus - voir le peuple souffrir. Un protecteur du peuple qui brandissait l'épée de la Justice, il se considérait comme tel. Non. Il considérait l'entière Garde comme tel.

    " Je ne pourrai pas les arrêter seul. Et mon autorité dans la Capitale est limité, le Régiment Al Rakija opère à Grand-Port et dans le Sud. J'aurai un proposition et... Une demande. Accepteriez-vous de m'aider à aller dans la taverne de ce fameux Egel pour voir ce qu'il en retourne ? Je dois savoir s'ils sévissent encore. Et si oui, pourquoi la Garde n'a pas encore agi en frappant fort. Cette situation ne peut pas durer ainsi. "
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Dim 12 Avr 2020 - 19:11 #


    Ma question arrive comme un cheveu sur la soupe et j'vois bien qu'il avait encore du mal à redescendre. De toute façon je comptais pas dégager de suite et il n'a pas l'air pressé. Nope, il a l'air surtout furax, et j'peux comprendre au vu de la situation. Quand des histoires qui impliquent la vermine ne se règlent pas comme on le veut. C'est tout l'intérêt de faire sa propre justice, à condition de ne pas se perdre. Il se redresse, se prépare à déglutir, comme s'il allait m'avouer qu'il était enceinte de moi. Plus sérieusement, pour qu'une affaire le bouscule à ce point, c'est qu'il y a quelque chose d'assez grand pour s'y intéresser. Et moi, ça m’intéresse beaucoup. Un groupe de criminels alors... On s'était occupé d'une affaire de contrebande qui impliquait pas mal de monde avec Dragmar. Là, on parle de quelque chose de beaucoup plus grand, va falloir couper à la source. Et même en coupant la tête, la bête peut rester dangereuse et perpétuer son bordel, encore. Mais tout occasion qui me permettrait de nettoyer la vermine est bonne à prendre.

    Il poursuit son questionnement sur la capacité de la garde. Elle devait apparemment s'occuper de terminer le boulot mais il n'en fut rien. Des pourris ? Un oubli? Toute une procédure a engager pour entamer l'arrestation? Le Grand Port n'a pas de mandat pour intervenir? En tout cas peu importe. Ça n'avance pas et il est le premier surpris. J'sais pas si ça le fait chialer ou si certains gardes vont ramasser quand il va retourner dans le sud, impossible de lire sur sa gueule. Dans le doute je continue à la fermer et le laisse parler.

    Ouais, c'est bon ça. A vrai dire, j'attendais cette proposition comme un petit cadeau de la fête du Solstice. Pas de primes, mais le plaisir sera là. Bon par contre, vu comment il présente ça...C'est pas la mission officielle commandée par le Capitaine Al Rakija en personne. Tout semble porter notre gentil Lieutenant par une seule et unique chose, La Justice. je n'ai jamais côtoyé cette taverne, faut dire que je prends pas trop le risque de jouer les lance-flammes à cause d'une cuite incontrôlée dans un établissement que je prends pas l'habitude de fréquenter. Alors je prends mes distances, malheureusement ce genre de structure est un filon d'informations inépuisables. Donc j'me console avec du lait de chèvre. Mission officieuse, organisation criminelle, possibilité de rayé de la carte des enfoirés et les foutre en taule, parfait. Un sourire carnassier me trahis et  j'me lève doucement de ma chaise.

    - Il commence à faire beau dehors, profitons-en pour faire un tour.

    J'vais au comptoir, j'paye l'addition, le barman expire un juron et nous sortons de la chaleur agréable de la guilde pour baigner dans l'air humide du torrent passé et balayé par les premiers rayons du soleil ainsi que les nuages noirs qui prennent la tangente. Le Lieutenant et moi même descendons les marches mouillés pour arriver au sol imbibé de flotte. Des flaques de partout, les fiacres et calèches éclaboussent les passants, les chevaux ont leur sabot rempli de boue mais les parapluies des habitants sont rangés et nul besoin de courir se mettre à l'abri. J'regarde Calyx qui prend les devants, me contentant de le suivre.

    - Alors, vous pouvez me parler d'eux? Qu'est-ce que vous avez trouvé avec Dragmar?

    J'commence déjà mon petit train-train d'investigation, si je peux l'aider il va falloir m'en dire plus sur eux. J'servirai a rien pour lui si j'suis pas au courant du bordel qui cause dans la Capitale. Mais il a l'air méthodique et à l'air de connaître l'affaire dans les moindres de détails. Ouais ... Ça se voit. Ce genre d'affaire qui vous  empêche de dormir, qui vous empêche de vivre, de manger. C'est là qu'on change en général, et faut essayer de garder la tête froide. D'autant plus compliquer lorsqu'on est à ma place pour des raisons évidentes. J'me contente d'attendre sa réponse, les mains dans les poches. J'me rend compte que je n'ai pas mon gantelet de métal géant. On jouera les dentistes avec les phalanges alors.

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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Sam 18 Avr 2020 - 22:23 #
    Il répondit rapidement. Avidement peut-être ? Toujours est-il que sa réponse fut brève et efficace. En réalité, à aucun moment ce compagnon de la boisson - à présent vide dont les verres trônaient sur les tables tels de parfaits trophées - n'avait acquiescé de manière explicite. Un sourire et un mouvement conjugués suffirent à faire comprendre de son intention ; Emeor n'était guère surpris, au fond de lui, par une telle réaction ; en effet, celle-ci découlait parfaitement de la discussion que les deux hommes avaient précédemment tenus face au feu et qu'ils avaient poursuivi ici, assis à cette simple table de bois, entourée de divers aventuriers aux tenues extravagantes pour certaines et aux rires incongrus pour d'autres. Ainsi les deux hommes restaient-ils dans la même conversation, tournant autour du même thème, qui, à présent, mutaient pour se transmuter en une toute autre matière plus concrète et plus palpable : une action. Le soldat et l'aventurier agiraient donc de concert pour se faire converger leurs desseins en un simple acte. Le plan consistait en quelques procédés simples pour ne pas dire bruts en la matière ; le Lieutenant comptait trouver la taverne en question - quelques questions bien placées mais discrètes feraient l'affaire, rien de bien complexe - et, dans une verve de justice extrême, arrêter sans autre forme de procès quelques hommes et femmes qui, soit par ignorance soit par sottise, avaient eu l'indécence royale d'intégrer le groupe de criminels des Aurochs. En entendant les quelques paroles de son comparse, Emeor se retourna pour constater, aux travers de ses sobres lunettes, que de légères gouttelettes tombaient non plus du ciel mais des toits, cherchant à tout prix à rejoindre leurs consœurs. Ainsi la tempête se terminait-elle. Pour laisser place à présent à de radieux rayons qui inondaient les rues pavées de la Capitale de leur lumière salvatrice. Les simples gens regardaient, là, par delà leurs fenêtres, les yeux emplis d'étoiles. Emeor n'avait guère le temps de s'attarder sur de tels détails - non pas qu'il soit insignifiant mais la justice prenait bien l'ascendant sur l'ensemble du monde en ces instants. Ainsi se leva-t-il, redirigeant son attention sur son compagnon de boisson. Et il sortit. Ou plutôt, ils sortirent. Sans autre forme de procès.

    De lourds pas résonnaient sur le sol encore désolé et seul, accompagnant le peu d'eau qui cherchait à toucher ce sol, à tout prix. Nul besoin de carte, en effet, les nombreux souvenirs qui constituaient la longue vie d'Emeor étaient pavés de ces murs, de ces façades, de ces bâtiments qui, agglutinés, formaient la plus grande ville du Royaume. Il ne pouvait décemment connaître chaque recoin mais se souvenait de ces chemins qu'il avait emprunté tant de fois étant petit ; l'espace d'un instant il revoyait ce jeune Emeor Calyx, sérieux et souriant, sans cette petite cicatrice, toujours ces mêmes lunettes sur le nez, à courir pour dépasser son grand frère ; il comprit alors, face à ce léger souvenir, brume qui s'agitait doucement en son esprit pour tenter de former un brouillard consistant en la réalité, que c'était bien la première fois depuis de nombreuses années qu'il parcourait ces pierres. Une touche de nostalgie ? Il n'avait guère le temps pour de telles choses. La question de son comparse arrive ainsi à point nommé. Il tâchait d'accorder son entière attention à l'homme qui, depuis plus d'une heure à présent, devait composer avec sa présence. Pour que ce dernier pût agir, la moindre information devait lui être communiquée, pour de pures raisons formelles d'efficacité. Le dos droit, Emeor toussota, s’éclaircissant, de ce fait, la gorge pour commencer son discours.

    " Nous avons interrogé deux hauts placés dans leur hiérarchie. Avant cela, nous savions déjà qu'ils s'organisaient dans la Capitale autour d'activités criminelles. Du trafic, vous l'imaginez bien, de simples marchandises, de produits illicites mais aussi d'objets magiques de haute valeur et on soupçonne du trafic qui touche directement aux humains. La Garde n'a pas encore pu les mettre en lien avec des meurtres. Mais, d'avis personnel et selon mon intuition, ils n'ont pas les mains propres dans ce domaine. Bien sûr nous avons pu faire arrêter leurs activités aux alentours de la Capitale et dans certains secteurs de la ville. Mais ils sont toujours là apparemment... vermine indécrottable "


    Même si le juron avait été lâché à voix basse, il jurait totalement avec le reste du discours qui délivrait les informations de manière simple, efficace, brève, protocolaire, en un mot, exemplaire. Emeor n'avait pu retenir cela, comme une pulsion vive qui l'animait. Il continua à marcher, le dos droit, tandis qu'une goutte frôla son épaule. Elle eut peur et n'osa à peine le toucher. Quelques passants se montraient, tentant, fébrilement, de sortir leur nez dehors. La marche ne serait pas longue. Mais elle durerait quelques minutes. Minutes qu'Emeor se devait de combler pour organiser au mieux cette mission improvisée. Au fond de lui, le petit enfant trépignait. De l'aventure ! Une soif de sensations ! Il redressa d'un coup les épaules en arrière, rejetant ce petit enfant ; cet énergumène n'avait pas sa place ici, ainsi l'avait estimé le Lieutenant.

    " Avec mon uniforme, ça ne passera pas du tout. Connaîtriez-vous un endroit pour rapidement m'habiller autrement ? Je peux me faire passer pour un aventurier. Nous serions de simples amis qui vont prendre un bon verre et qui cherchent une bonne adresse qu'on leur a recommandé. Ça vous convient ? Je... C'est ma première mission d'infiltration. "


    Et l'enfant était là, malgré tout, plus fort que tout, les yeux emplis d'étoiles, trépignant d'impatience. L'aventure mes amis, l'Aventure !
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Jeu 23 Avr 2020 - 19:27 #


    L'air était frais, agréable, et j'continue de l'écouter. Ils ont réussi à inculper deux grands bonnets de cette organisation. Ça n'a pas l'air d'avoir suffit. Il y a des similitudes avec l'affaire que j'ai classée avec Dragmar; des tonneliers qui font passer de la contrebande dans les zones fluviales de la place marchande. Cependant, ça a l'air d'être une autre histoire cette fois. Les mains dans les poches, j'essaie de trouver des alternatives à démanteler ce genre d'histoire, mais ce n'est jamais évident. Ils ont des licences d'activités légales qui leurs permettent de blanchir leurs argents et couvrir leurs sauteries qui comme par magie disparaissent au moindre contrôle.

    Ils sont intelligents, et discrets. En choper que deux bonhommes c'est pas suffisant pour effondrer une affaire de cette ampleur.

    Si j'pige bien ce qu'il me raconte, l'affaire est loin d'être terminé. Quand bien même il aurait envoyé des hommes pour les arrêter, il manque encore certaines pièces du puzzle, des indices qui permettent de faire le lien avec leur groupe. J'comprends mieux pourquoi il l'a mauvaise. Ce genre de bordel sans nom qui continue de sévir dans le royaume sans pouvoir faire directement quoi que ce soit... À moins que...

    ...Il veut directement faire quelque chose, en fait. Il est impatient? Il en a marre? Peut-être un peu des deux. Puis finalement il me rassure lorsqu'il parle d’infiltration. Effectivement il brille comme un cristal lumineux dans le cul d'un Porc-Becue. Il va falloir lui changer ses sapes et il a bien raison de m'en faire part. Peut-être en allant voir Marty, le tavernier du "Nain qui roule". J'lui ai rendu service une bonne paire de fois et je sais qu'il s'est rendu utile lorsque des suspects que j'traquais se mettaient une murge dans son établissement. Qu'il me propose cette idée est une bonne chose, qu'il me dise que c'est sa première l'est un peu moins. Mais vu sa gueule il n'a pas l'air du genre à vouloir se faire remarquer alors qu'on doit jouer les mecs discrets dans un endroit qui craint. J'lui réponds affirmativement de la tête et le double pour qu'il me suive.

    - J'connais un endroit. Allons-y.

    En marchant quelque temps, on prend un virage qui nous amène à une petite place qui dévoile l'enseigne que je cherchais; un Nain dans un tonneau accroché à deux chaînes fixé en haut de l'entrée. La lune n'est pas prête de se pointer, on devrait pouvoir être tranquille et éviter les ivrognes qui grouillent par centaines dans les parages quand c'est l'heure de la cuite. En s'approchant, j'm'aperçois que c'est plutôt l'heure de la bectance. On entre, et j'me suis pas trompé. De la volaille, du Porce-becue à la broche, des filets d'agneaux avec des patates, se promènent dans les assiettes des personnes qui ont passé commande. J'me fais violence pour éviter de passer la journée ici à bouffer et va direct au comptoir. Marty, me repérant direct, me souris, mais ce sourire va vite disparaître à la vue du Lieutenant.

    - Jin.
    - Marty.
    - Tout va bien ? Bonjour Lieutenant.

    D'un bref signe de la tête il renvoie son salut.

    - Dis, faut que j'te demande un p'tit service.
    - Dis toujours.
    En chuchotant : - On doit être incognito quelque part et j'me demandais si tu avais des affaires pour le Lieutenant pour par qu'on le remarque, tu vois c'que j'veux dire.

    Il le zyeute de haut en bas et sort un trousseau de clés.

    - Passez derrière le comptoir.
    - On te suis.

    Il nous ouvre le petit portillon qui ferme l'accès puis nous le collons au derche jusqu'à une autre porte qui amène à la réserve. Des tonneaux, de la viande, des fromages de toutes sortes entourés dans des chiffons, du pinard en bouteille bref, le garde-manger parfait. Il ouvre une malle et à l'intérieur on pouvait voir plein de vêtements de toutes sortes. D'un rictus non rassuré, il cherche ses mots devant Calyx.

    - Ce n'est pas ce que vous croyez hein... Il m'arrive de travailler avec Jin quand lui aussi doit être discret, les mèches et le manteau rouge et noir, ça commence à le trahir lorsqu'il suit des suspects. Hein Jin ?

    J'le calme d'une main sur l'épaule. Il est sous pression le bougre.

    - Tout à fait. Allez-y Lieutenant, trouvez votre bonheur.
    - Oh j'oubliais, vous pouvez passer par la porte de derrière pour être sur qu'on ne vous ai pas vu.
    - Bien reçu, merci Marty.
    - Au plaisir, je vous laisse. Attention à la marchandise.
    - On touche avec les yeux. Promis.

    Il claque la porte et nous nous retrouvons ainsi tout les deux.

    - Bon, j'vous attend à la porte de derrière, prenez votre temps. Et ensuite ça sera à mon tour de vous suivre.

    Bientôt, les choses sérieuses commencent. On aura fait la tournée des tavernes bizarrement. Avant de partir j'me retourne une dernière fois, un peu méfiant.

    - Vous êtes toujours partant?

    C'est vrai que là, on va pas en soirée emballer des nanas. Ca sera peut-être décisif pour lui comme pour moi.

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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Dim 3 Mai 2020 - 23:06 #
    ▬ Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Avec Jin Hidoru


    Les deux hommes, à présent compagnons d'aventure insolite et improbable, avançaient le long de ces rues pavées où, par endroit, jaillissaient, telles des fleurs, des passants qui osaient alors braver l'extérieur qui avait connu la tempête si violente. Emeor, le dos droit, attendait impatiemment la réponse de ce fameux Jin Hidoru tout comme il attendait, impatiemment, le moment de passer à l'action. A son grand bonheur, l'aventurier proposa ainsi un endroit pour que les deux hommes puissent ainsi changer d'accoutrements, ce qui facilitera grandement l'infiltration. En effet, avec son uniforme, à peine aura-t-il franchi le seuil de la taverne des criminels qu'Emeor sera dévisagé, voire rejeté ; aucun militaire n'avait sa place parmi le haut repaire mal famé des Aurochs et tout soldat de la Garde qui pointait le bout de son nez serait alors rejeté. Pour ne pas dire violenté. Ainsi, le Lieutenant suivit-il son acolyte au fil des rues qui se déroulaient sous leurs pieds. Il observait les environs tout en établissant un plan particulier. Il fallait gagner leur confiance. Infiltrer les Aurochs. Saisir les informations essentielles de l'intérieur. Pour, enfin, frapper, vite et fort. Tandis que des prémisses se mettaient en place dans la tête d'Emeor, son acolyte poussa la porte d'une taverne inconnue à ce premier - en effet, jamais il ne fréquentait de tels lieux. Même si leur rencontre était toute fraîche, une plaie à vif, la cicatrice ne pouvant encore se former avec de tels événements importants, le Lieutenant accordait sa confiance à l'aventurier. En effet, la discussion qu'ils avaient alors tenue, il y a de ça quelques minutes, eut des résultats bien étranges, notamment l'émergence d'un sentiment particulier, insaisissable, comme si, seuls ces deux hommes, en cet instant, pouvait comprendre ce que recouvrait réellement le mot de Justice. Tous deux partaient pour une mission dont eux seuls avaient le secret et ils ne pouvaient compter que sur l'autre. Autant accorder sa confiance en son acolyte. Les choses n'en seront que plus aisées.


    Emeor salua de la tête celui qui se prénommait Marty - le tenancier à n'en nul douter -, tout en restant silencieux. Nul besoin de parler, il se contentait ainsi de regarder les environs. En cette heure, seuls les plus gourmets sont présents, ou les plus gourmands plutôt, à dévorer ainsi de larges assiettes emplies de nourritures. Diverses effluves traversent la large pièce principale, dépassant du plafond, de larges poutres de bois, s'affichent ostensiblement et ajoutent une charme rustique à l'endroit. Quelques curieux levaient la tête, non sans mal, de leurs assiettes pour dévisager les deux nouveaux arrivants, notamment le plus grand, celui au dos ridiculement droit. Que pouvait-donc faire un Lieutenant en ce lieu avec un homme dont la simple figure et les accoutrements eux-mêmes parlaient de sa réputation ? Ces curieux n'eurent le temps de trouver des réponses que les deux acolytes disparurent. Ainsi, Emeor suivit-il, toujours silencieux, ses yeux glaciaux brisant l'air d'un regard froid, l'aventurier. Un fois dans ce qui apparaissait être l'arrière boutique, le tenancier présenta une malle où trônaient divers habits qui aideraient bien à se déguiser. Le fameux Marty chercha à se justifier et, l'importance de la mission fut telle que le Lieutenant hocha la tête signifiant qu'il comprenait. Les prémisses du plan se bousculaient encore dans sa tête. Il avait autre chose à faire que de toucher quelques mots à ce tenancier qui les aidait tant bien que mal. Marty finit par partir, laissant les deux acolytes seuls. Emeor plongeait son regard dans la valise, cherchant d'ors et déjà un déguisement. La voix et la question de l'aventurier lui firent lever la tête et il osa le sourcil gauche tout en regardant son interlocuteur.

    " Toujours. "


    Ce simple mot, cette simple réponse avaient ainsi suffit à transmettre la force de la conviction d'Emeor. Il était prêt et en salivait presque d'impatience. Seul, il choisit soigneusement ses vêtements. Un haut. Un pantalon. Tiens, des chaussures. Pas d'autres paires de lunettes, dommage. Voilà qui ferait l'affaire. Après cinq minutes - assez longues il faut l'avouer -, le Lieutenant finit par ouvrir la porte.

    " Je suis prêt, à vous. "


    Ainsi donc, Emeor ouvrit la porte à l'aventurier. Le déguisement était.. Étrange. De simples sandales de tissus usées par le temps comme en témoignait la couleur usée, d'un marron clair tirant vers le jaunâtre, Emeor y avait ajouté de larges braies d'un gris tout aussi usé par le temps et tâchées par endroit, avec, par-dessus, une tunique d'un gris plus prononcé, trouée par endroit, mais un peu trop courte au niveau des bras - ce qui donnait l'impression qu'il étouffait ; il avait, vainement, tenté de se déguiser en un paysan de passage à la Capitale. En réalité, ce déguisement pouvait très bien être crédible, si tenté qu'il jouasse son rôle à la perfection. En outre, preuve de son engagement fort dans cette quête, le Lieutenant avait osé toucher à ses cheveux pour les mettre en désordre et casser, de ce fait, la belle image du militaire académique et protocolaire. Seules les lunettes jurait avec l'ensemble - au demeurant relativement harmonieux.

    " Cela devrait convenir. Vous m'appellerez Nisean. Je vous appelle Jin ? "


    Quitte à s'impliquer, autant s'y plonger corps et âmes et prendre, de ce fait, des nomes différents. Le premier qui était parvenu à son esprit était ainsi celui de son grand frère. Celui dont il n'avait plus de nouvelles voilà quelques années. Une pointe de nostalgie s’immisça en lui. Mais il n'avait guère le temps. La mission avant tout.
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    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Mer 6 Mai 2020 - 18:33 #


    Ouaw, jamais vu autant de prestige balayé d'un seul coup. Le grand Lieutenant du Grand-Port sous les ordres du légendaire Capitaine Fantasque lui-même, est devenu un simple pécore des tavernes. J'étire un sourire un peu moqueur mais faut admettre que le camouflage était bien réussi. Peut-être que les lunettes pourraient le trahir, mais j'pense que sans ça il biglerait et la mission n'en sera que compromise. Enfin dehors, le garde me propose de l'appeler Nisean. Curieux prénom, d'habitude on utilise des prénoms assez communs. Peut-être un rapport personnel va savoir. Et si j'en avais rien à cirer? Oui, bonne idée, Jin.

    - Ouais appelez-moi Jin. Aux dernières nouvelles, j'suis juste un petit aventurier qui ne porte pas d'uniforme compromettante. V'voyez c'que j'veux dire.

    Tu m'diras avec les diverses rumeurs qui circule sur moi ses derniers temps, vrai que j'peux prendre un risque. Mais rien d'assez significatif pour me mettre en danger. Après tout, c'est que des rumeurs, hein. On sort par la porte de derrière qui nous mène droit dans une ruelle. D'un signe de tête je lui demande de me suivre afin de pouvoir se situer correctement lorsque nous retrouverons les boulevards de la ville. La lumière au bout du tunnel, nous arrivons enfin. Toujours dans les boyaux de la capitale, Calyx me double, j'le talonne juste après. Le soleil domine complètement le ciel désormais, et les nuages blancs décorent le plafond céleste. Mais il faudra attendre encore quelques jours avant de retrouver un sol dur avec la pluie torrentielle qui s'est abattu plus tôt. Le lieutenant présentera quelques hésitations, mais au moins c'est clair, plus personne ne fait attention à nous lorsque nous croisons les habitants. Pire, même les patrouilles de routine ne soupçonnent même pas son existence.

    Heureusement que j'ai bien fait de ne pas quitter d'une semelle mon nouveau binôme. J'avoue que je n'ai jamais côtoyé cette extrémité de la capitale. Aussi banale que dans n'importe quel endroit, mais finalement c'est ça aussi la force de la pègre. Ils utilisent des lieux irréprochables qui évitent d'éveiller le moindre soupçon. Sauf, si on a le flaire. La destination se précise et Calyx garde le cap devant un établissement. L'enseigne montre une choppe de bière tenue par une main fixée au mur. "La chopine pleine". On s'approche du double battant et se faufile entre deux clients avant d'entrer. La salle présente des tables, un comptoir, un groupe de musique qui grattent des cristaux pour leurs prestations bref, encore une fois tout à l'air banale. Trop banale, j'ai envie de dire. On prend la première table et un serveur ne se fera pas trop attendre.

    - Messieurs qu'est-ce que je vous sers?
    - Une assiette de charcuterie, avec un peu de vin et du fromage. Apportez une corbeille de pain, aussi.
    - Je vous amène ça. Et pour le silencieux?

    J'attends que mon collègue prenne lui aussi sa commande et analyse chaque physique présent ici. À commencer par le serveur. Svelte, allongé, cerné par le boulot - ou par autre chose - taches de rousseur, la peau pâle et le crâne rasé. Le tavernier au loin a l'air de peser son quintal, une barbe noire bien fournie et les cheveux en bataille. Pas lavés de deux semaines, j'dirai. M'inclinant vers le garde j'tente de lui susurrer quelque chose.

    - Vous avez repéré quelque chose? Y'a un gars que vous reconnaissez?

    A faire gaffe sur le blondinet si il vient griller notre couverture en se pointant pour casser la graine avec ses trois tapins.


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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Dim 12 Juil 2020 - 22:38 #
    ▬ Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Avec Jin Hidoru


    Les deux hommes marchaient, inlassablement, à travers les longues rues parfois sinueuses de la Capitale où coulaient encore de légers flots d'eau dont les passants étaient un peu trop facilement effrayés aux yeux d'Emeor. Malgré son déguisement, l'allure du jeune homme changeait difficilement. En effet, celui-ci avait bien du mal à ne pas se tenir droit, à marcher rapidement au rythme d'une cadence millimétrée qui pouvait, malheureusement, trahir son extraction militaire puisque bien peu de simples paysans, de simples gens se déplaçaient de la sorte - allure qui, au demeurant, apparaissait comme bien artificiel, notamment aux yeux des personnes qui fréquentaient souvent les tavernes. L'excitation de la mission - fallait-il rappeler qu'auparavant le Lieutenant n'avait jamais eu l'occasion de prendre part à une infiltration digne des plus grands espions au sein de la Garde ? - se mêlait à sa raison qui restait, bien évidemment, maîtresse de chaque mouvement, de chaque expression. Emeor devait se contrôler et ne pas déborder auquel cas, son partenaire et lui-même seraient bien embêtés. Le soleil trônait dans son ciel d'eau. La taverne s'offrit à leurs yeux et elle n'impressionna guère le Lieutenant qui ne put s'empêcher de lui lancer un regard dédaigneux ; ces endroits le dérangeaient au plus au point, des lieux de perdition et de dépravation, voilà comment se résumait-il l'univers ; une telle vision emplie de clichés se heurte bien rapidement à la brute réalité.

    Heureusement pour Emeor, Jin savait comment agir et, après être entrés - le militaire s'était assuré de la perfection de son déguisement et s'efforçait de courber le dos -, ils s’asseyèrent pour, ensuite, passer leur commande. Le Lieutenant fit un geste négligeant de la main en disant vouloir une bière. Voilà qui devrait passer. Avec un tel repas - Jin ayant demandé de la viande et du pain -, les deux compagnons auraient bien le temps de scruter les lieux, d'épingler en leurs mémoires tous les imperceptibles détails, d'analyser chaque visage ; malgré cela, les clients se faisaient rare en cette heure, peut-être auraient-ils dû patienter jusqu'au soir. Néanmoins, la mission avait débuté et il était à présent hors de question de reculer. Bien décidé à réduire ce groupe de fripons imbéciles à néant, le Lieutenant ne quitterait pas de sitôt la taverne et la Capitale. Les Aurochs seraient anéantis. Qu'importe le prix.

    Emeor n'attendit guère la question de son compagnon d'armes - pouvait-il le surnommer ainsi à présent ? - et cherchait déjà d'importants indices ou, du moins, des pistes qui les aiguilleraient jusqu'au repaire des criminels. En tout premier, le Lieutenant ne pourrait trouver des visages connus puisque les deux seuls contacts potentiels se trouvaient dès à présent derrière les barreaux, au grand bonheur du jeune homme qui ne cessait de s'en réjouir ; justice a été rendue, justice a été faite. En une telle situation, les hommes en étaient réduits à passer à l'acte ; il fallait parler, négocier, soutirer des informations, ne pas trop se faire remarquer ou plutôt si, briller au point qu'ils veuillent intégrer les deux compagnons à leur brigade criminelle. Emeor, silencieux, attendit que le serveur revienne, répondant d'un mouvement de tête succin à Jin que, pour l'instant, ils étaient au point mort. Néanmoins, les sens du Lieutenant étaient en alerte, scrutant chaque détail. Le serveur. Le tenancier. Le groupe de musiques. Les quelques autres clients. Il fallait combler ce silence, sans quoi leur repas amical paraîtrait bien étrange aux yeux des autres. Que de précautions fallait-il prendre.

    " Bon et sinon, ta femme, t'm'as pas dit, elle travaille toujours pour l'aut' con de boucher ? T'es sûr qu'il la manipule pas... J'veux dire... C'pas net cet histoire. C'est louche même. Agis mon vieux ! C'est ta femme quand même ! Pas un simple bout d'viande, laisse pas l'boucher la toucher comme les tripes là !


    Était-ce convaincant ? Qu'importe les avis des autres, Emeor restait mitigé. Il avait sans doute trop forcé l'aspect patois, forçant trop sur un langage de bas étage ; ce langage ne s'accordait en rien à son visage, notamment à ses lunettes qui jurait bien avec le reste de sa tenue et de son discours. Malgré tout, personne ne semblait leur accorder une attention particulière, après tout, n'étaient-ils pas que de simples clients ? Le serveur revint les bras chargés puis, déposa la commande sur la table sans même leur accorder un regard. Il fallait agir. Maintenant.

    " Dis moi... Vous proposez pas du boulot ici ? Mon pote et moi on en cherche, quelques problèmes avec notre employeur... Une vraie raclure. J'ai entendu dire qu'on pouvait trouver du boulot en venant ici.. C'vrai ?


    Le serveur haussa un sourcil et regarda autour de lui. Il ne semblait pas spécialement inquiet. Ni même suspicieux. Néanmoins, il prenait ses précautions. Une piste s'ouvrait-elle aux deux compagnons d'armes ?

    "Tu tiens l'info de qui ? Une autre taverne ? Des gars qui bossaient avec toi ? Je peux peut-être vous aider avec quelques annonces ouais..."


    Emeor réfléchissait à toute vitesse. Son cerveau ne cessait de remuer sa mémoire, cherchant quelque chose, un souvenir qui lui serait bien utile. Soudain, après un léger silence de quelques secondes, une lueur, une illumination advient. Une idée brillante, à n'en pas douter. Cherchant à rassurer discrètement son partenaire, le Lieutenant lui donna un coup de coude qui pouvait bien passer pour ses coups affectueux que des amis se font mutuellement - chose qu'Emeor n'avait jamais eu l'occasion de faire, ainsi son geste pouvait-il paraître maladroit - avant de s'adresser à lui.

    "Bah tu vois, la bonne affaire, Kerser avait raison. Ouais, Kerser m'a renseigné, un chic type. Mais je le vois plus. J'ai hésité puis j'me suis dit que sa proposition de venir ici valait le coup ! "


    Ce fameux Kerser était tout simplement l'un des deux Aurochs qu'Emeor avait eu l'occasion d'arrêter avec l'adjudant Dragmar il y a de ça quelques temps. Ce coup de bluff devait absolument passer. Sans quoi, les deux compagnons n'auraient plus de piste. Pire, on pourrait bien les trouver étranges... Et leurs espoirs seraient réduits à néant. Ce groupe de criminels doit être réduit à néant; Pas les espoirs des deux hommes. Les lames de la justice prêtes à frapper avec toute leur puissance.
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    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
    Sam 5 Sep 2020 - 14:36 #


    Il devient de plus en plus drôle. Et j'commence à me dire que ce genre d'interventions de terrains c'est pas la première tâche qu'il fait quand il commence le turbin. J'hausse un sourcil, gentiment moqueur à sa prestation du pécore de campagnes d'Aryon. Comme s'il avait quelque chose dans la bouche, et il mâche ses mots en grimaçant sa mâchoire, j'aimerais qu'il voie la tronche qu'il tire pour qu'il me donne son avis. M'enfin, cela ne m'empêche de suivre sa stratégie et de rentrer dans le jeu, bien entendu.

    J'essaie de donner la possibilité à mon crâne d'imaginer que j'ai une femme dans une autre vie. Vache, moi, fréquenter une nana? Hé. J'prends un air faussement frustré.

    - Ouais, elle bosse toujours pour ce tocard. Mais tu l'as connais, lui faire changer d'avis, autant demander à la Reine de démissionner. Mais t'inquiètes pas, si j'croise ce type je l'embroche façon barbac'.

    Les têtes ne se retournent pas, puisqu'il s'agit d'un sujet comme un autre. La plèbe rencontre souvent ce type de scénario pour survivre, malgré l'harmonie et la paix qui règne, les biens faits du royaume ne touchent malheureusement pas tout le monde, ce qu'ils les poussent à faire de mauvais choix. La vie est faite ainsi. Mais j'bosse pas dans le social, donc les gens se démerdent, j'peux rien y faire. La bectance arrive, j'commence à piquer dedans assurément alors que mon collègue le Pécore du dimanche tente une approche... Intéressante.

    Le serveur va quand même traîner sur la réponse pour s'assurer qu'il ne tombe pas dans le piège, pas de chance pour lui, il a les pieds dedans depuis qu'il a prit notre commande. Il y voit que du feu - sans mauvais jeux de mots - mais la question pose un flottement dans la réponse de mon comparse. Le Lieutenant va de suite réagir en balançant un autre nom qui va faire tiquer notre homme. Il prend un ton plus grave, se rapproche, comme si un masque était tombé. Au revoir le serveur, bonjour le criminel.

    - Finissez de manger, et passez à l'arrière boutique. Je préviendrai le patron que vous avez le droit d'accès.

    On accepte d'un signe de tête et continue de grailler. Un regard complice, puis nous reprenons cette conversation. Quelques minutes plus tard, on se lève, interpellé par le tenancier de la taverne. Ca sera donc la deuxième fois qu'on visite l'arrière-boutique d'une taverne, Emeor aura fait fort pour une première fois, c'est vraiment pas donné à tout le monde. La pièce est plus sombre, faut croire que quand on va chez les méchants tout est toujours plus sombres, deux types tirent une sale tête. Le tenancier ferme la porte derrière nous.

    Blanc. De bien 30 longues secondes. On entend nos respirations respectives, le bruit du bois qui craque, les clients qui braillent, la musique en fond, alors qu'on se regarde dans les yeux pour se toiser. Derrière, on peut voir une table circulaire, un paquet de cartes, et une pile de papelards à côté d'un coffre qui présente un pactole en cristaux. J'crois que notre lieutenant assiste aux recettes non déclarées du coin.

    - Alors, y parait que vous avez du travail pour nous ? On est pas chiant.
    - On a peut-être quelque chose, ouais...

    Son binôme ne répond toujours pas, et continue de fixer le mien. Intensément, bizarre...

    - Y'a un soucis ? Que j'demande naïvement.
    - Ton collègue, il me fait penser à quelqu'un. Termine ce dernier.
    - Tout le monde se ressemble, ici.

    Il s'approche. J'sers le poing. L'autre m'a vue, et commence à mettre une main dans son dos. J'aime pas ça.

    - Ca y est, j'en suis sûr. T'es le frérot de Nisean ! Putain t'es de la garde toi !

    Hein ? Quoi ? Bon pas le moment de réfléchir, on est grillé ! Comme je l'attendais, l'homme dégaine un surin et charge sur moi.

    Coup paré du coude. Uppercut du droit, coup de talon dans le sternum, il rebondit contre le mur. Saisi au bras, j'le projette au sol. D'un pied sur l'épaule, déviation de la coiffe du rotateur de l'articulation pour lui péter le bras. Il hurle, direct du droit dans la mâchoire pour la disloquer, recommencé pour fracturer. Toujours conscient, j'saisis son col pour lui mettre, un, deux, trois, quatre coups de tête qui lui cassent le nez et coupent les deux arcades.

    Bonne nuit connard.

    Qu'est-ce que c'est cette histoire de merde ? Son frère est criminel ? Va falloir que je lui pose quelques questions, à la Lame d'Aryon.

    Voyant bien que j'suis tombé dans une affaire plus compliqué que j'le croyais.

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    Re: Un Aventurier et un Soldat au cœur de la Justice
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