Début de la saison chaude an 999
Entourée de dizaines de dossiers sur mon grand en bureau d’un bois massif, j’essayais de faire un tri de tout ce bazar. Nouvellement nommée comme Première Ministre, j’avais de nouvelles tâches à accomplir tout en assurant la passation avec mon successeur. Mes deux dernières semaines étaient chargées mais ma vie personnelle était sans dessus dessous. Une amante, une pupille à charge, je ne savais plus où donner de la tête, heureusement que la santé suit sinon j’aurai été la ministre qui a tenu le moins longtemps à ce poste.
J’avais demandé à de vieilles connaissances et érudits du palais s'ils avaient quelques noms à me proposer pour être le professeur de Sekyung. J’ai reçu de nouveau de nombreux curriculum vitae sur mon bureau et devait faire un tri. Plusieurs candidats sortaient du lot, j’en avais retenu quelques uns et il me restait qu’un entretien pour faire mon choix. Cela dit, malgré qu’ils avaient toutes les compétences nécessaires, les trois derniers étaient des hommes et âgés. Je ne voulais pas refaire vivre à ma pupille un tel traumatisme, j’avais déjà du mal à l’approcher alors un homme ? C’est pourquoi que ma dernière candidate était une femme, relativement jeune et au parcours atypique.
Rose Sayuri, trente et un an, fille de commerçants, a travaillé pour obtenir une certaine éducation. Son profil m’intéresse au plus haut point, ce n’était pas une fille de, non elle s’était donnée les moyens pour arriver à ce stade et peut-être je pourrai lui donner un coup de pouce pour sa carrière. L’homme qui me la recommandé est un des archivistes de la bibliothèque, pas forcément assez d’argent pour payer un précepteur comme il se doit, il a croisé la route de Rose. Ces enfants ont été ravi de l’approche qu’elle donnait aux cours, que ce soit l’histoires, algèbre et l’écriture.
J’avais choisi un rendez-vous en fin d’après-midi, ma journée était déjà trop rempli pour caler un rendez-vous entre. Je n’avais pas choisi le manoir car je ne sais jamais quand je rentre à la maison et là, j’étais sûre de ne pas l’oublier car Miranda veillait au grain de tenir toujours mon agenda à jour. D’ailleurs, elle venait de me dire que mon rendez-vous arrive dans une vingtaine de minutes donc je ferai mieux de ranger mon bureau. Chose que je fis aussitôt après avoir regarder que ma tenue était impeccable comme toujours. Cheveux relevés d’une couette haute, quelques mèches tombantes, la chaleur extérieure était encore forte mais j’avais de la chance d’avoir de l’air qui circule dans mon cabinet. Passant les mains sur mon pantalon en pince noir pour repasser les plis imaginaires de mon cerveau ainsi que de remettre le col de ma chemise blanche. Je prends le temps d’activer la bouilloire pour une pause thé bien méritée, observant le jardin en attendant. J’avais une vue sur le portail d’entrée qui mène aux bâtiments des ministres. Des gardes royaux contrôlent les entrées des visiteurs, un rappel des règles est donné à chaque nouveau venu qui se résume essentiellement que l’utilisation des pouvoirs n’est pas possible dans l’enceinte du Palais qui est protégé par une bulle protectrice. Ma théière magique fit un son mélodieux pour me dire que mon eau était prête, je me verse la dose d’eau adéquate et continue de regarder dehors. Une jeune femme à la chevelure rose interpelle mon regard, ce n’était pas Nyx et je ne l’ai jamais vu au Palais, qui était cette femme ? D’ici, je pouvais voir ce charme naturelle et son assurance, peut-être une nouvelle conseillère ou une fille qui va voir l’un de ses parents. J’en avais aucune idée mais je mets à infuser mon infusion pendant que je range mes derniers dossiers laissant celui de Mademoiselle Sayuri sur le bureau qui ne devrait pas tarder.
Quelques minutes plus tard, Miranda m’interpelle et j’ouvre aussitôt la porte de mon bureau pour voir mon rendez-vous qui attendait devant le bureau de ma secrétaire. Le salon d’accueil était relativement grand. Quand on ouvrait les grandes portes, on trouvait quelques mètres après l’entrée, le bureau de Miranda. Un peu plus loin un petit salon dans le coin, plusieurs portes étaient décimées dans la pièce. Celle de mon bureau au fond, puis celle d’un autre bureau vide en attente d’une assistante et celui des archives. C’était très lumineux et chaleureux, la décoration était simple, beaucoup de livres, certains diront trop mais on retrouvait la même chose dans mon bureau. Deux pans de murs de celui-ci avait des ouvertures, des grandes fenêtres laissant entrevoir le jardin, j’étais située au premier étage, la lumière pouvait rentrer facilement. Un mur entier était une bibliothèque, mur libre pour les tableaux et sous les fenêtres des meubles bas pour déposer bibelots et autres. On voyait un peu de partir bleu quand le mur n’était pas recouvert de quelque chose. On retiendra surtout le grand bureau en bois avec un énorme fauteuil ainsi que deux sofas pour les invités. Une banquette dans un coin avec sa petite table clore le tour mais on n’était pas là pour parler décoration mais plutôt par la jeune femme aux cheveux roses qui était dans mon cabinet.
- Bien le bonjour Mademoiselle Sayuri, venez entrer.
Quittant l’embrasure de la porte, je laisse la place pour que celle-ci passe.
- Merci bien Miranda, vous pouvez y aller si vous voulez.
Elle me fit un sourire chaleureux que je rendis aussitôt. C’était connu que je n’étais pas un monstre, mes employés m'adoraient et surtout j’avais confiance en eux, voilà ce que j’attendais surtout, de la confiance.
- Prenez place sur l’un des fauteuils, voulez-vous un thé ?
Finissant de préparer le mien, je glisse une tasse supplémentaire si nécessaire. Je dépose le plateau avec les assortiments à thé sur la petite table basse qui se trouve à côté des sofas. Ne voulant pas commencer cet entretien derrière mon grand bureau, je m’installe en face d’elle, sur l’autre sofa. Croisant les jambes avec élégance, une tasse de thé dans l’une de mes mains. Je prends le temps de l’observer et… elle était belle, plus belle que Nyx d’ailleurs mais elle était un peu plus jeune, ça aidait un peu dirons nous.
- Et si nous commençions cet entretien. On va éviter de faire comme tous les entretiens standards, voulez-vous Mademoiselle Sayuri. Et si vous me parliez de votre dernière lecture, racontez la moi et donner moi envie de lire ce bouquin.
Amenant la tasse à mes lèvres, je m’amuse alors à écouter son récit, j’active aussitôt mon pouvoir car mon tatouage me le permettait, j’étais l’une des privilégiés du palais. Il n’était pas dangereux de toute façon mais je pouvais voir ce qu’elle ressentait vraiment et elle ne pourra me cacher aucun secret sauf si elle sait y faire…
L’entretien a lieu dans une petite heure et il faut à peine une trentaine de minute de marche à la rose pour s’y rendre, mais elle préfère pouvoir prendre le temps de s’y rendre afin de ne pas se rajouter du stress inutile. Cela lui permettra de décompresser. Elle profite de la légére brise lui caressant le visage pour penser à autre chose qu'à l’entretien, savourant simplement sa marche et l’effet que cela lui procure, marchant d’un pas lent et assuré, observant le reste du monde.
Elle s'arrête au niveau de la porte du Palais royale, et un léger sourire de triomphe se dessina sur ses lèvres. Enfin elle pouvait en passer les portes, refusant jusqu’à présent de le faire sans une bonne raison. Clairement une nouvelle étape de son ascension, elle l’ancienne gamine qui a passé des heures à fantasmer sur ce que ces murs pouvaient cacher.
L’heure n’est cependant pas à l’exploration détaillé, restant dix minutes avant le rendez-vous, Elle contemple simplement le magnifique jardin, a envie de s’approcher plus des fleurs pour les sentir mais le temps et le garde qui l’accompagne ne le permettant pas.
Ce dernier l’invite à s’asseoir en attendant l’entretien et disparaît, laissant Rose à son examination. Elle se retient de lâcher un sifflement d'admiration, c’était donc ça, vivre dans la luxure ? Cela ne fait qu’augmenter son ambition.
La grande porte finit par s’ouvrir, laissant place à une femme d’une trentaine d’années. Plutôt surprise, la rose s’attendant à une personne plus âgée, elle se lève et répond à son invitation d’entrer sans se faire attendre, en profitant pour jeter un coup d’oeil rapide à celle qui sera peut être sa future employeuse. Plutôt à son goût, la brune semblait porter autant d'attention qu’elle à son apparence.
La pièce qu’elles occupaient était encore plus plaisante que le reste du palais visité, révélant un goût certain pour la littérature et une multitude de travail à réaliser. Logique pour une premier ministre.
La candidate fait un signe positive de la tête à l’invitation du thé et s’assoit sur le sofa.
- Et si nous commençions cet entretien. On va éviter de faire comme tous les entretiens standards, voulez-vous Mademoiselle Sayuri. Et si vous me parliez de votre dernière lecture, racontez la moi et donner moi envie de lire ce bouquin.
L’étonnement envahit Rose, elle ne s’attendait pas à une telle demande. Sentiment vite remplacé par une sorte de bien être, après tout cela la lance sur un sujet qui la passionne. Assez facile pour elle, son dernier ouvrage achevé remontant à hier soir. Alors sans se décontenancer elle entame sa description.
- Avez-vous entendu parler de l’explorateur Ymirv?
Laissant un court blanc comme pour attendre une réponse à sa question, la femme en profite pour remplir sa tasse de thé, continuant ensuite son récit.
- Il a permit beaucoup d’avancée sur la connaissance de notre royaume grâce à ses recherches et découverte d’il y a plus de 200 ans. Aujourd’hui les chercheurs s’intéressant à notre passé se base principalement sur son travail.
Ses yeux verts émeraude, remplies d’assurance et de passion à la déclaration de ses anecdotes, viennent se plonger dans ceux de l’employeuse pour garder son attention. Oubliant qu’il s’agit d’un entretien, elle raconte naturellement comme si elle le ferait à un proche.
- Un auteur anonyme a regroupé dans son ouvrages différentes civilisations perdues et ruines explorés, la plupart découverte par Ymirv. Je ne détaillerais pas toute ses trouvailles si le sujet vous intéresse, mais il existe par exemple sur une île au sud est d’Aryon de nombreuses ruines labyrinthique remplis de trésors.
Nouvelle pause, elle porte la tasse à ses lèvres pour goûter le thé, gardant l’objet entre ses mains comme pour les réchauffer.
- La découverte qui m’a le plus interpellée est celle de la citadelle enfouie dans les tréfonds des montagnes, tout au nord du royaume. Elle aurait abritée toute une civilisation enfouie profondément sous les montagnes. Une espèce bien différente de la nôtre, qui s’apparenterait hypothétiquement à des géants. En tout cas qui serait bien plus grande en taille que la nôtre. Une autre des suppositions, au vu du peu de flore pouvant être cultivé par l’absence de soleil et d’une faune hostile, serait que ce peuple se nourrissait de pierres magiques directement miné. Fait amusant, ils auraient retrouvé dans la citadelle des traces de lieu de culte. Comme quoi, peu importe la civilisation, nous avons toujours eu besoin de croire en un être supérieur.
Regard furtif vers la femme qui semble intéressée par le récit.
- Le plus intéressant, c’est qu’une hypothèse assez plausible indiquerait que la citadelle ne servait seulement qu’en tant qu’avant-poste, relais de provision pour des habitants nordiques existant au delà de nos frontières. Cette civilisation pourrait très bien avoir totalement disparu, ou bien survivre tranquillement tout au nord d’Aryon, le mystère reste. Je trouve cela...fascinant. Nous sommes encore loin de tout savoir de notre monde, et cela prouve que notre espèce serait peut être simplement de passage, qu’une infime culture parmi une infinité passée et future. Qu’en pensez vous ?
Vrai intérêt dans cette question, la rose appréciant avoir le point de vue de chacun. Cela lui permet de savoir à qui elle a affaire en face.
Elle aurait pu parler d’un livre standard, une romance, un policier comme pouvait en écrire ma douce et belle compagne sous son nom de plume mais non elle choisit de me raconter les aventures de l’explorateur Ymirv. Pur hasard ? Je ne sais pas car nous allons bientôt passer une demande royale à la Guilde pour envoyer des aventuriers. En tout cas, son récit est ponctué de faits véridiques accompagnés de ses sentiments propres. Un léger sourire s’affiche sur mon visage, cette jeune femme savait y faire, choisissant un sujet relativement compliqué et que je connaissais parfaitement, me lançait-elle un défi ? Je me prends au jeu et m’amuse à ne pas lâcher son regard émeraude. Avec mon pouvoir, je décèle assez rapidement la confiance et la passion chez elle, elle marquait de plus en plus de point au fil de son discours. Sa beauté me saute tout de même aux yeux, écoutant tout de même cette histoire que je connais par coeur, je regarde les traits de son visage, de ses lèvres, cette chevelure bonbon qui était presque de la même que celle de Nyx. Si elle voyait ça, elle croirait que j’essaye de la tromper avec sa copie plus jeune sans son côté bestiale que j’affectionne tant.
- Ce que j’en pense Mademoiselle Sayuri ?
Posant ma tasse sur la table et croisant les doigts sur ma cuisse. Je prends un petit temps d’attente avec de répondre.
- Vous avez des lectures passionnantes et vous venez de raconter à votre manière ce fabuleux récit. Effectivement il y a plein d’énigmes qui ressortent de cet ouvrage c’est pourquoi la Couronne va faire appel à des aventuriers pour aller chercher de nouvelles reliques dans la Cité des Tréfonds.
La citadelle était immense même si depuis maintenant quelques lunes, nous faisons tout pour avancer dans nos recherches, personne n’est assez fou pour y aller plus profondément. Une rumeur circule dans le Royaume comme quoi le couple royal se garde toutes les richesses qui ressortent de ce trou sous la montagne mais c’était bien évidemment faux. Envoyez des aventuriers étaient la meilleure solution car ils n’étaient pas attachés à la Garde donc dirons nous ils sont du peuple. Ça fera taire les théories de complots soulevées par certains.
- En tout cas, je constate que vos lectures remontent à loin dans l’histoire de notre Royaume. Je parie que vous êtes curieuse de savoir ce qu’il s’est passé avant le fameux l’an zéro non ?
Tout le monde voulait le savoir mais il y avait peu d’élus. Les archives royales étaient secrètes, peu ont y accès. J’ai eu le bonheur grâce à ma fonction d’y avoir enfin accès et j’étais heureuse de savoir certains points mais que je ne pourrai malheureusement pas savoir.
- Mais cette partie de notre histoire reste pour l’instant floue, ça nous laisse le loisir de découvrir encore des milliers de choses comme cette exploratrice Diana Jones enfin si nous commençons de parler d’histoire, notre rendez-vous risque de ne jamais finir malheureusement.
J’avais la discussion facile, très facile même et je pourrai parler pendant des heures de tous les encyclopédies que j’ai lu plus jeune.
- Bon, vous avez réussi de manière déconcertante Mademoiselle Sayuri, je vais devoir corser un peu la chose. Vous savez, vous n’avez pas le profil des autres candidats, ni le même statut d’ailleurs. Pourquoi donc devenir préceptrice ? J’ai lu votre dossier donc sortir de votre statut de fille de commerçants, je le sais déjà mais je veux savoir la partie qui n’est pas écrite dans mes petits papiers.
Posant le coude sur l’accoudoir de mon sofa, calant mon dos au fond du dossier, je glisse subtilement ma joue dans ma main relevée.
- Sachez que j’ai pas mal de ressources donc … je sais de nombreuses choses, Mademoiselle.
Mes recherches n’ont rien montré d’alarmant. Une vie tranquille, elle a fait des études, des petits boulots et a tout fait pour obtenir la vie qu’elle a actuellement. Je sais très bien que je serai une bénédiction pour elle. Mes informateurs n’ont rien trouvé sur sa vie sentimentale, d’un côté ça m’est égal mais maintenant que je la vois, je me demande bien qui aurait jeté son dévolu sur une si belle femme qu’elle. Sa confiance en elle est rayonnante, sa tenue soignée n’est pas qu’un costume ou simple apparence, elle aime se sentir belle, elle aime qu’on la sente belle. Je me retrouvais un peu chez elle, une envie d’indépendance, une envie de faire mieux, elle ressemblait sur ces points là à Nyx. Plus j’y pense, ça pourrait être sa petite soeur mais non.
- En tout cas, n’ayez pas peur. Rien ne sortira d’ici, ce n’est pas mon genre mais j’aimerai mieux vous connaître car c’est de ma pupille qu’on parlera ensuite et je ne la laisse pas à n’importe qui.
Oh non… personne ne lui fera du mal de nouveau et je m’en assurais quitte à prendre tous les gardes nécessaire.
Sa réflexion se dissipe alors qu’Haru reprend la parole, la complimentant sur ses lectures. La candidate aurait du se douter qu’une premier ministre soit au fait de tels découvertes, mais constater que ces dernières revenaient aux goûts du jour était inattendu. Pour quelqu’un loin des affaires politiques et scientifique, cela s'apparente plus à des mythes anciens, qui la passionnait certes, qu’autre chose. Il lui restait beaucoup de chemin à faire avant d'être au courant des affaires du royaume.
- Je m'intéresse grandement à l’histoire d’Arion en effet, tout domaine confondu. Malheureusement je ne suis qu’une simple autodidacte aux connaissances limitées par les livres à ma disposition. Je n’ai donc aucune information sur les événements d’avant l’an zéro ou sur cette Diana Jones.
Léger sourire amical, la brune semble plus informée qu’elle, mais elle met de coté sa curiosité. Pour le moment
- Cela serait avec plaisir d’en discuter plus en détail lors d’une prochaine rencontre, si il y a.
Elle espere ne pas se montrer trop plein d’assurance à ses mots, se rappelant sa position actuelle. Son expression devient plus distante aux mots de l’employeuse, sans se renfermer pour autant. Visiblement, Haru avait quelques renseignement sur la rose. Elle aurait préféré cacher son passé, mais puisque cela était dorénavant impossible, autant jouer carte sur table sans trop en révéler.
Posant sa tasse à moitié remplie sur la table, elle prend un court instant pour réfléchir aux termes à utiliser.
- Je comprends vos inquiétudes concernant votre pupille. La raison pour laquelle je souhaite devenir préceptrice est simple, j’aime depuis mon enfance la littérature, cela m’a appris tout un tas de connaissance, et j’apprécie encore plus les partager à autrui. Après tout, pourquoi les garder pour soi ? Je suis toujours satisfaite de voir s'élever un enfant grâce à ce que je lui ai transmis.
Sans se décontenancer, elle enchaîne, espérant malgré tout regretter ses propos.
- Comme vous semblez informé, je suis issue d’une famille modeste de commerçant, la lecture et mon travail m’ont permis d’en sortir, et j’ai encore espoir de me hisser dans la noblesse. Cependant, cela n’a que peu de rapport avec mon désir de devenir préceptrice, ma simple motivation étant de diffuser mon savoir.
Elle s’adoucit de nouveau, confirmant ses propos. A voir si cela suffit à la femme assise en face d’elle.
Sa réponse est limpide, le plaisir de savoir est généralement de mèche de transmettre aussi nos connaissances à autrui. Pourquoi tout savoir pour soi quand la plupart font des livres, des cours et autres discussions privées pour exposer tout ce qu’il savait. Moi la première, j’aimais parler des connaissances que j’ai acquise. Les discussions entre passionnés étaient toujours plaisante peut-être que je vais trouver la même chose en la personne de Rose.
D’ailleurs cette femme a de la suite dans les idées. Ne vient-elle pas de m’avouer indirectement que travailler pour moi lui permettrait peut-être l’anoblissement de la Reine ? C’était amusant, beaucoups de concurrents et peu d’élus mais malheureusement, ce titre ne s’obtient pas comme ça et je ne pouvais pas y faire grande chose.
- Je vois que cet emploi est opportunité pour vous également mais sachez Mademoiselle Sayuri, je ne peux rien vous promettre malencontreusement.
C’était peut-être le seul point noir de sa candidature, son ambition mais quelle personne sensée ne souhaite pas une meilleure place ? Ca serait risible que je la renvois pour ce point surtout que cette jeune femme me plaît drôlement dans sa façon de faire. Me tournant de trois quart pour attraper le dossier sur mon bureau. Je l’ouvre avec délicatesse, survolant rapidement les quelques points et les annotations que j’avais mis.
- Avant de passer à la suite de l’entretien et surtout vous énoncez les contraintes du poste, j’avais une dernière question à vous poser.
Renfermant le dossier sur mes jambes, je réfléchissais à ma dernière question qui était un peu hors-sujet. Celle qui me venait en tête était de savoir si elle avait quelqu’un dans sa vie. D’un côté ça m’arrangerait car Nyx ne me ferait pas une scène mais l’autre réponse pourrait tout autant me plaire mais je jouerai avec le feu et ce n’était pas quelque chose qui me dérangeait tant que ça. Je pourrai lui demander sa relation avec son frère, les enfants et j’en passe. Mais à quoi, elle me dira qu’évidemment tout se passera bien même si elle a laissé l’héritage de famille à celui-ci. Non les entretiens banals n’étaient pas mon genre et je trouve enfin la question que je veux poser pour la taquiner. Détendant maintenant mon visage, je jette un dernier coup d’oeil à la fenêtre, j’aimerai tant profiter de ces belles journées mais finissons cet entretien avant de filer retrouver Sekyung.
- Donc, une question comme une autre Mademoiselle Sayuri mais quelle est la chose la plus drôle qui vous est arrivée dernièrement ?
Question relativement simple mais qui montre l’autodérision qu’elle pourrait avoir. Au moins, j’aurai la chance de la connaître un peu mieux avant de passer à la partie droits et devoirs du contrat si je l’accepte comme préceptrice.
- Je vois que cet emploi est opportunité pour vous également mais sachez Mademoiselle Sayuri, je ne peux rien vous promettre malencontreusement.
Rose hoche légèrement la tête, autant reconnaître que ce travail est une chance pour elle. Elle se doute bien que les privilèges qu’elle convoitent ne sont pas accordés aux premiers venus.
- Je comprends, cela n’est qu’une motivation secondaire et n’affectera pas mon travail de préceptrice.
Car oui, elle connait sa place, elle est présent en face d’Haru pour enseigner à sa pupille, pas pour gravir les échelons. Et elle accepte ce rôle avec enthousiasme. Elle sait mettre ses ambitions et sentiments de côté.
C’est pourquoi la nouvelle question de la brune lui semble assez déplacée. Elle plonge son regard dans cette dernière, essayant de comprendre la raison de cette demande. Simple curiosité ou vrai besoin de savoir à qui elle a affaire ? Il ne reste qu'à la rose de mesurer ses paroles pour avoir la certitude que cette question est vraiment essentielle.
- Si je peux me permettre, en quoi cette information est nécessaire pour mon travail de préceptrice ? J’aimerais dans la mesure du possible éviter parler de moi si cela ne concerne pas vous et votre pupille, si il s'avère que c’est le cas alors je vous répondrais.
Ça passe ou ça casse, mais elle préfère mettre de la distance d’emblée.
- Cette question n’était là que pour détendre l’atmosphère avant de commencer quelque chose de plus assommant mais soit c’était que pure curiosité.
Essuyant cet échec comme je le pouvais, je trouvais cette attitude un peu étrange après elle avait raison, pourquoi délivrer sa vie comme ça à sa future supérieure juste pour son plaisir. Un raclement de gorge plus tard, je pars alors sur la partie formelle de cet entretien
- Les conditions de travail du poste est d’environ trois à quatres heures par jour pendant cinq jour. Bien entendu les congés sont autorisés, juste il faut les moduler pour éviter les grandes périodes d’absence. Le planning sera à donner une semaine avant à l’intendante mais vous pouvez tout aussi bien exercer un autre contrat pendant ce temps c’est pour ça que c’est modulable.
Le début risque d’être compliqué, Sekyung a beaucoup de lacunes et un travail de fond et de confiance est à faire mais c’est au précepteur d’établir la relation et non moi.
- L’élève à seize ans mais n’a jamais suivi de cours à proprement parler. C’est dire le défi mais un bon précepteur n’a pas peur non ?
Je souris légèrement, j’essaye d'aiguiser sa curiosité. Elle ne veut pas parler d’elle certes mais ses émotions peuvent encore m’en apprendre sur elle.
- Le salaire est payé par forfait de vingt heures par semaine avec un préavis de deux semaines. Puis vu que je parle salaire, il sera de six cristaux gris par forfait.
Pour le nombre d’heures, c’était largement suffisant, je payais vingt pour cent plus cher que la normale mais c’était pour avoir la tranquilité d’esprit du travail bien accompli.
- Avez vous des choses à rajouter à ce contrat enfin pour l’instant, vous avez l’air bien parti pour être l’heureuse élue malgré tout.
Elle écoute attentivement les indications d’Haru sur son futur travail et élève. Ca attise sa curiosité, quel genre d’enfant pouvait t’elle être ? Visiblement elle cache un passé relativement lourd, pour ne jamais avoir eu d’éducation. Le challenge lui plaît, autant pimenter un peu les choses.
Son sourire s’élargit, montrant autant son approbation pour les conditions de travail que son intérêt pour sa jeune étudiante. A priori, l’emploi lui est pratiquement accordé, autant s’y intéresser d’avantage.
- Serait ce possible d’avoir une première entrevue avec votre pupille, sans qu’il soit question de lui donner d’enseignement ? Juste pour pouvoir m’entretenir avec elle et la connaître un peu ? Cela me permettrait d’adapter mes cours à elle. Si cela vous arrange, cela peut être fait bénévolement.
Parce qu’au vu des informations de la brune, l’éducation qu’elle dispensait jusqu’à présent risquait de ne pas fonctionner avec la pupille, ça l’aiderait de pouvoir la situer un peu mieux grâce à une première rencontre.
- Le reste est correct pour moi.
- Une entrevue c’est possible, comme vous le souhaitez. Peut-être devrions faire ça pour valider votre contrat. Vous voyez votre élève et elle me dira ce qu’elle en pense. Je préfère ce genre de contrat, les contrats synallagmatiques ont toujours une meilleure portée.
Rien de mieux que les deux parties s’obligent réciproquement l’un envers l’autre. Mais je ne pense pas que Sekyung sera de cet avis. Timide et renfermée sur elle-même, elle va percevoir Rose encore comme une menace mais je ferai mon possible pour la briefer avant son arrivée.
- Etes-vous libre demain soir alors ? Théoriquement, je n’ai pas de réunion en fin de journée, je pourrai aisément me libérer pour dix-huit heures, ça vous conviendrait ?
Je m’arrangerais avec Miranda que personne ne me colle des rendez-vous à la dernière minute, activité préférée pour certains collègues. Je finis par me lever pour rejoindre ma bibliothèque, je survole quelques bouquins et tombe sur ce que je veux. Je tire un recueil de légendes et l’apporte de nouveau à Rose. Ce n’était pas l’original, celui-ci repose dans la Grande Bibliothèque, c’était une copie avec une couverture plutôt simple mais la couverture était d’un bleu nuit ravissant avec les écritures dorées.
- Pour demain, pouvez-vous conter la légende des Quatre à ma pupille. Elle adore plutôt ce genre d’histoires et je pense surtout que ça l’aidera à s’ouvrir à une inconnue. Je fais l’effort le plus souvent de lui donner des nouveaux livres, elle me demande le soir les mots qu’elle n’a pas compris. Peut-être ainsi, elle verra que vous serez là pour me remplacer la journée.
Je fis un sourire chaleureux et lui tends le livre.
-Je ne sais pas si vous l’avez, je peux vous prêter le mien, ne vous inquiétez pas, ce n’est pas une relique juste une simple copie.
Je lui donne et elle pourra l’observer comme elle le souhaite.
- Je ne vous oblige à rien bien entendu, c’est juste pour vous aider. Vous pouvez tout aussi bien le ramener pour vous et le lire ce soir. J’aime tout particulièrement la légende des Quatre ainsi que le deuil des Ténèbres.
Je n’ai jamais raconté l’histoire du deuil des ténèbres, c’était triste et je préfère éviter ce genre de récits. Rose ouvre alors le livre et je vois une inscription au crayon de bois. Je souris involontairement.
-Ah ah ah, j’avais oublié que j’avais inscrit ça plus jeune. Je pensais aux styles de blagues pourraient avoir l’exploratrice Diana Jones. Alors j’ai pensé aux planètes et tout le reste. Puis je me suis dis “ qu’est-ce que pourrait dire Mars à Saturne ? Hey prête-moi ta bague de temps en temps… “
Je passe ma main derrière la nuque.
- Je sais.. Ce n’est pas très fameux . Alors alors, d’autres questions ?
Essayons de faire oublier cette histoire.
L’affaire est pratiquement dans la poche, d’aprés les dires de la femme. Ca l'enthousiaste, Rose, il ne reste plus qu'à convaincre son élève mais cela ne l’inquiétait pas outre mesure. Il fallait seulement que le courant passe entre elles, et ce genre d’entretien lui convenait complètement. Car si cela n’était pas le cas, la rose aurait du mal à lui enseigner quelque chose, ça ne serait qu’une perte de temps autant pour la jeune fille que pour la rose. Donc autant en avoir la certitude d’emblée.
Demain soir, oui c’est bon pour moi.
Elle fixe la brune tout le long de son chemin vers la bibliothèque, pouvant la détailler davantage. Élancée, fine, portant ses habits avec soin et élégance, Haru avait tout pour plaire. Et cela serait mentir de dire qu’elle ne faisait aucun effet sur Rose.
Cette dernière se lève à son tour, intriguée, rejoint son employée pour saisir le livre tendu de ses longs doigts fins. Elle contemple la magnifique couverture aux teintes bleue et dorée, retourne le recueil pour y lire rapidement la quatrième de couverture avant de le feuilleter soigneusement. L’inscription gribouillé attire son attention, et elle regarde amusée celle qui se confond en excuse, rigolant doucement de sa gêne.
Elle cligne délicatement des paupières, ses lèvres affichant un sourire malicieux.
- C’est...mignon.
Elle continue de feuilleter le recueil, s’attarde un peu sur la légende des Quatre avant de le refermer.
- Je peux vous l’emprunter pour le lire tranquillement ce soir. Cela serait avec plaisir d’en faire la lecture avec votre pupille demain. Je n’ai pas d’autres questions.
Elle lui tend la main d’un geste professionnel et amical, sourire aux lèvres.
- Si vous n’avez pas d’autres informations à me donner, je vous souhaites une bonne journée et vous retrouve demain.
Elle se réjouit d'avance d'y être.
La jeune femme en face de moi retrouve un sourire sincère. Elle n’était plus renfermée comme il y a quelques minutes puis ma blague semble la faire rire. Je souriais donc à mon tour, ce n’était pas tous les jours que je me laissais à tel comportement en face d’autrui mais là j’étais prise à mon propre piège.
- Si vous n’avez pas d’autres questions, c’est parfait.
Je ne doute pas que la suite se déroulera parfaitement bien car j’ai toute confiance en cette jeune femme veut avancer dans la vie. Pourquoi refuserait-elle un salaire comme je propose, ce n’était pas tous les jours pareille offre enfin peut-être si pour les mercenaires mais je lui demande de tuer personne à ma connaissance.
- La résidence est un peu plus au nord du palais, une quinzaine de marche d’ici, suivre le quartier des fleurs et troisième avenue puis un grand portail rouge. Vous allez vite reconnaître.
Pas la peine de dire que cette allée était impasse qui mène directement à mon portail rouge. Le domaine était relativement grand mais j’étais à l’abri de nombreux regards indiscrets, il fallait se perdre pour trouver ce petit bout de paradis. J’avais exactement choisi ce terrain pour ça, un ancien corps de ferme que j’ai réhabilité et construit ma demeure à côté. J’avais un immense jardin et deux jardiniers qui s’en occupaient parfaitement, un vrai régal pour mes yeux et c’était mon espace où je pouvais flâner le week-end.
- D’accord, je vous dis à demain et vous souhaite une agréable fin de journée.
Lui serrant sa main tendue, je l’invite à me suivre jusqu’à la porte de mon bureau, je la laisse passer pour rejoindre le grand salon. Miranda était partie depuis peu je pense.
- Dire que ce soleil me nargue depuis maintenant quelques heures, j’ai hâte d’avoir fini mes derniers dossiers pour profiter du temps.
Je lui fais signe de continuer pour rejoindre la porte du cabinet. Nous étions côte à côté et j’ouvre la grande porte.
- Bonne journée à vous, Mademoiselle Sayuri. Au plaisir de se voir demain.
Oui, d’un côté j’avais hâte car enfin j’avais trouvé quelqu’un qui pourrait plaire à Sekyung mais pas que mes yeux étaient tout aussi satisfait. Je lui affiche un autre sourire avant de la laisser partir, pensant déjà à notre rendez-vous de demain.