Petit manuel
des bonnes pratiques
d'accueil
[PV @Nema Thomme]
« Hmm… répondit laconiquement Luz, le nez plongé dans ses papiers. »
« Et qu’elle possède un talent tout à fait particulier en matière de potions… »
« Ah ? articula Luz tout aussi évasivement. »
« Hé, vous m’écoutez un peu ? »
De mauvaise grâce, retenant la grimace d’irritation qui menaçait de gagner ses traits, Luz se redressa et se retourna sur sa chaise, un bras appuyé sur son dossier. Raisha, une aide-soignante du palais passablement bavarde, avait positionné ses mains sur ses hanches et arborait un splendide air de mécontentement. D’un ton un tantinet trop long pour transpirer l’honnêteté, Luz la relança :
« Vous savez, les filles et moi on est respectueuses de la vie privée des gens… Je n’ai malheureusement pas réussie à croiser la nouvelle venue jusqu’à présent et ce serait mal vu que j’aille la voir… Mais vous en revanche, tout le monde sait déjà que vous êtes curieuse et bienveillante ! »
Luz passa une main fatiguée sur son visage, lissa les plis au coin de ses yeux. Autrement dit, cette pauvre jeune dame nouvellement arrivée au palais royal faisait les choux gras du petit personnel. Il n’était pas nécessaire de créer un scandale pour devenir l’objet de toutes les rumeurs et convoitises : dans un monde aussi clos que celui-ci, les racontars et les potins valaient de l’or pour l’ensemble des commères du Royaume. Ces remous se calmeraient bien évidemment aussi sec dans plusieurs semaines, mais pour l’heure, ces gens avaient grand besoin de pouvoir classer la nouvelle dans une boite toute prête de stéréotypes… Tel l’animal sauvage découvrant une créature étrange, il leur fallait savoir si celle-ci était d’un poil similaire au leur. Luz imaginait sans peine combien Raisha devait s’arracher présentement la langue, contrainte de lui demander de l’aide. La praticienne était en effet parvenue jusqu’alors à se maintenir soigneusement en dehors de cette sphère.
Elle jeta un long regard désabusé sur sa comptabilité. Mieux valait que Raisha se méprenne sur ses intentions. Si tout ce petit jeu était profondément égal à Luz, il permettrait toutefois à la nouvelle venue d’être quelque peu épargnée par les rumeurs une matinée supplémentaire. Et puis… En dépit de ce qu’elle pouvait bien dire, un mince filet de curiosité commençait à poindre dans le vert de ses prunelles… Luz restait une créature profondément sociable et la perspective de rencontrer une éminente représente du savoir n’était pas pour lui déplaire !
Luz eut un léger rire.
Tout en rangeant ses dossiers, Luz réfléchit néanmoins à ces quelques éléments prometteurs. Ses propres réserves de remèdes médicaux et de potions avaient été sérieusement entamées ces derniers temps. Trop occupée à gérer les multiples incidents que dégottaient toujours ses proches, Luz n’avait pas encore eu l’occasion de se pencher sur la question du ravitaillement depuis bien trop longtemps… Elle chassa ses réflexions d’un mouvement délié du poignet. Oh, elle verrait bien après tout.
A son grand soulagement, la nouvelle venue ne fut pas si compliquée à trouver. Deux gardes du palais l’orientèrent immédiatement dans la bonne direction, et c’est un ou deux dossiers glissés sous le bras que Luz entra dans une aile du bâtiment qu’elle ne connaissait que peu. Dehors, l’air était frais et humide de la pluie qui ruisselait depuis l’aube. Elle se fit la réflexion que les couloirs étaient de vrais nids à courant d’air lorsqu’une voix féminine épurée filtra d’une porte entrebâillée. Resserrant les pans de sa blouse blanche autour de sa silhouette pour avoir un brin plus chaud, Luz glissa un œil alerte par l’ouverture. De toute évidence, une leçon était en cours. Désireuse de ne déranger personne dans son dur labeur, Luz recula et patienta contre le mur avoisinant. Ce cours prendrait bien fin un jour ! Toute professeure qu’elle était, la dénommée Thomme n’allait pas déjeuner dans sa salle de classe non… ?
L’enseignante n’eut pas le temps de finir sa phrase que l’oiseau criard vient se poser sur la fenêtre et commencer à chantonner. L’heure de fin du cours était enfin arrivée et à son désarroi, la grande majorité des nobles ne la respectèrent pas trop. Ils se mirent à ranger leur affaire et à partir. Elle vient fermer son livre, remettant en place sa blouse blanche tachée de bleus ou de verts par endroit.
-Bien, pour ceux qui sont encore là, je vous propose un petit exercice qui sera bien sur bonifiant pour votre moyenne.
Elle se vengeait à sa manière, car elle aime bien les gens disciplinés. Mais vu qu’elle est elle-même une roturière, elle n’a guère la prestance ni la naissance qui lui permet d’imposer aux autres. Et ses jeunes nobliaux l’avaient bien compris dans l’ensemble irrespectueux. Certains n’avaient même pas prix la peine d’écouter le cours, toujours scotché sur la professeure qu’autres choses. Mais elle peut se montrer parfois sadique avec ses derniers avec le travail. Elle va se venger aux exams finaux.
Prenant le temps d’effacer le tableau des formules de dissolutions ainsi que les calculs de teneur en magie des composés, elle vient faire dessiner avec la brosse un dessin de chat. Souriant d’un air nostalgique à son prédécesseur, elle vient continuer à frotter, le faisant disparaitre. Elle termina son œuvre, invitant les adolescents à sortir de la salle. Mettant son livre sous son coude, elle vient lentement partir pour fermer sa classe à double tour.
Elle fut étonnée qu’une personne attendait devant la salle. Nema vient sourire gentiment, d’un œil analyste, elle descella qu’elle était une scientifique. Peut être une autre consœur ou alors une docteur. Elle ne sait pas, elle vient mettre sa clef de salle dans sa poche de pantalon gris.
-Bonjour, à qui ai-je l’honneur ? Je suis vraiment désolé, je suis arrivé depuis peu, je n’ai pas encore eu le temps de faire le tour des bâtiments pour me présenter.
Elle tendit une main, signifiant qu’elle était prête à réaliser une poignée de main. La jeune femme semblait n’être pas trop affecté par le froid, elle avait la blouse ouverte, cachant une mince chemise en coton blanche mais opaque. Son regard noisette vient regarder son interlocutrice, cherchant à deviner de quoi elle occupe la fonction.
-Si cela vous intéresse, je comptais retourner dans mon laboratoire pour me chercher ma besace pour me substanter. Si cela vous dit après on pourra manger ensemble, enfin si cela vous dit. Je ne veux pas vous embêter. J’ai juste l’impression qu’on essaye de m’approcher pendant cela mais personne n’ose, et préfère me regarder de loin. Ce n’est pas forcément mal, mais j’ai comme l’impression d’être jugée par moment…
Nema fit marcher allègrement sa langue sans s’en rendre compte, sa fâcheuse manie à ne pas avoir de self-contrôle sur sa parole. Elle vient lentement finir, affichant une mine gênée par son défaut qui lui colle à la peau. Elle vient prendre le soin de remettre sa chevelure en place, malgré une légère honte suite à son comportement.
Elle eut un léger rire à la remarque suivante de la scientifique.
Un sourire de renard sur les lèvres, Luz mima une révérence théâtrale pour inviter son interlocutrice à prendre la tête de leur équipée. Elle ne connaissait pas elle-même le chemin vers son laboratoire et mit un point d’honneur à en prendre bonne note. Elle ne s’inquiétait pas pour sa part de la manière dont elle se sustenterait : elle portait à la hanche une sacoche contenant un repas rapidement préparé la veille au soir.
Mutine et d’un humour effroyable en matière de blague, Luz désigna le collier en patte de chat qui ornait le coup de Néma.
Oui, peut-être que Néma commençait à regretter d’avoir formulé cette invitation… Toujours est-il que nullement écœurée de son propre jeu de mot, Luz poursuivit sur la lancée pharamineuse de ses bavardages :
Sa voix se fit plus feutrée, adoptant volontiers le ton de la confidence joviale :
Les précédents professeurs étaient plus proche des 70 ans que de la fraicheur de la trentaine. A croire que de fréquenter les héritiers désagréables des familles nobles rendait vache. Ils n’étaient en tous cas pas la plupart du temps des plus guillerets, et rigueur et sobriété étaient davantage répandues. Si la jeune femme semblait parfaitement capable de faire preuve de sérieux et d’abnégation dans son métier, elle ne paraissait pas non plus recluse dans une mélancolie maladive…
Luz dut toutefois mettre un terme à la salve de ses questions, car elles ne tardèrent guère à atteindre l’entrée du laboratoire susnommé. Un laboratoire… ? Raisha n’avait-elle pas parlé après tout de potions… ?
Empoignant délicatement et jovialement la main, qu’elle se présenta face à elle, elle vient la secouer légèrement. Elle avait assez bien travaillé les poignets de mains, peut être qu’elle devrait se perfectionner encore et encore. Elle est un peu trop perfectionniste sur les bords la blanchette. Elle devrait un peu se calmer, sinon, elle ne va pas se faire de vieux os.
-Oh, je suis désolée, j’aurai peut-être dû me présenter un peu plus souvent aux gens. Mais vu qu’on ne m’aborde guère, mise à part pour de curieuses commandes, je n’ai point eu de rencontre à part vous pour l’instant. Mais si le repas était votre objectif, j’en serai ravie de vous le faire accomplir.
Remerciant d’un hochement de tête le geste de son interlocutrice, elle vient gentiment sourire face à cette envolée théâtrale. Elle l’avait même bien apprécié. Son instinct progressivement fut quelque peu positif envers elle. Elle déambula dans les couloirs, aimant gracieusement la fraicheur du couloir. Plusieurs regards leur furent lancés, point désobligeant mais plutôt curieux. On dirait des petits souris regardant deux félins déambulaient ici et là sans pour autant être en chasse. Elle vient prendre son livre à main, se faisant plus à l’aise.
-Oh, je me suis perdue plusieurs fois encore, j’ai même failli entrer dans l’aile réservée à la famille royale vous savez. Heureusement, les gardes m’ont bien aiguillé. L’endroit est juste si magnifiquement décoré par endroit que je m’y perds. Et j’ai aussi peu l’habitude de demander mon chemin. J’aurai peut-être un air de tête de linotte après cela. Cela ne collerait pas à mon statut de professeur. Sinon, cela est clair que le palais est une vraie fourmilière, par chance, j’ai réussi à trouver un moyen pour me repérer assez aisément. Je suis au coin du jardin intérieur, précisément entre deux ailes, côté externe cependant.
Sur ses mots, elle vient tendre une main d’un mouvement fluide, pointant une porte assez éloignée. Les salles de classe étaient vraiment de l’autre côté de l’aile. Cela ne la gênait pas, bien au contraire. Un peu de sport ne fait de mal à personne. Quand le sujet des élèves fut abordés, elle vient légèrement soupirer mais garda son sourire malgré tout.
-Ce n’était pas la classe la plus difficile. Mise à part trois ou quatre qui est sortis à la sonnerie. Tous sont des deuxièmes, troisièmes voir quatrièmes nés. Ils n’ont pas un avenir quasiment tout tracé. Cependant, leur sœurs et frères doivent trouver leur voies. Je dirai qu’ils sont plus assidus. J’en ai même un ou deux qui m’ont demandé d’être leur apprentis. Mais pour l’instant, je n’ai guère l’expérience pour me prendre un apprenti. Je ne veux surtout pas aussi leur mettre dans l’idée que l’alchimie est simple et sans danger. Pas plus tard qu’hier j’ai failli perdre un bras sur une décoction de renforcement supérieure. Mais revenant aux élèves, ceux qui me prennent pour une cruche ou « un truc à reluquer pour les plus vieux » finiront par se mordre les doigts. J’ai pour l’instant le soutien des parents dans leur ensemble, et j’espère le garder un maximum de temps. Mais personne n’est parfait, je risque potentiellement de faire des erreurs.
Elle vient parler beaucoup, complètement happer par son lyrisme et son envie de pipelette qui la gagne quand elle est passionnée par un sujet. Face à la petite plaisanterie, la jeune femme vient légèrement rigoler agréablement. C’est vrai que les chats sont une de ses passions après son boulot et l’alchimie.
-C’est assez bien trouvé, je dois dire que cela sera plus vérifié au laboratoire. Il y en a trois qui doivent attendre leur repas aussi.
Arrivant à son laboratoire, la porte semblait être renforcée mais c’est surtout la hauteur de cette dernière qui était impressionnant. Le plus remarquable aussi, c’est qu’une espèce de chatière avait été perforés récemment. De l’autre côté de la part, des bruits de griffe se firent entendre. La porte n’était pas fermée à défaut de la chatière. En tirant sur la poignée, trois chats viennent s’adosser à Néma, miaulant comme s’il n’avait pas mangé depuis plusieurs heures. Elle vient les prendre à trois dans les bras et les présenta à Luz.
-Voici Archimède, Platon et Socrate, respectivement.
Le premier chat était un siamois à la tunique sable et au visage noir. Le deuxième, un gros maine coon tigrés de gris et le dernier un sphynx avec un petit manteau en laine rose. Ils viennent regarder l’étrangère quelques temps avant de sauter des bras de la jeune femme pour se frotter à elle. Elle passa quelques temps à l’intérieur du laboratoire. On peut y voir un long couloir au côté couvert de casier dont certains étaient scellés ou fermés à clé. Par ailleurs, au fond de la salle, des alambics et des béchers trônaient sans mélange, prêt à l’emploi.
-Je reviens dans quelques minutes. N’hésitez pas à rentrer, et faite juste attention, ils ont tendance à donner des coups de griffe pour jouer. Vous avez de la chance d’être une femme, sinon, ils vous auraient croquer le mollet.
Néma, elle, avait disparu subitement de la pièce, est un bruit au travers des murs fit entendre comme une boite de croquette qu’on renverser dans une coupelle en métal.
Mais par-dessus ces odeurs, celle des trois félins était la plus forte. Ravie de l’attention dont elle faisait l’objet, Luz s’était immédiatement accroupie pour distiller de ci et de là de généreuses gratouilles à ces ronronnant arrivants. L’on disait que le ronronnement du chat possédait des propriétés relaxantes inégalables et que la chaleur de leur pelage contre vous pouvait concéder bien des miracles. A voir le minois frissonnant de ces petites bestioles, Luz était bien prête à signer tout de suite n’importe quel papier officiel susceptible d’en attester. Elle fut soulager de ne pas les voir fuir, malgré les attentions curieuses dont ils la gratifiaient. Après tout, ses vêtements étaient imprégnés d’une odeur de dragon à cause de son propre familier, Renkhi.
Sitôt que le doux bruit de la croquette effleurant leur gamelle retentit, les félins matois se désintéressent de la praticienne pour filer ventre à terre minauder auprès de leur maîtresse. Cela fit sourire Luz. A poils, à écailles ou à plumes, voilà bien le seul comportement universel de toutes les créatures. Il n’en allait pas différemment pour les êtres humains, songea-t-elle, en se remémorant avec une forte autodérision combien la perspective d’un repas aux côtés de Nema était enthousiasmante.
Luz parcourait des yeux les établis, prenant garde à ne rien toucher ni déplacer. Elle connaissait quelques bases d’alchimie inculquées lors de ces précédentes études. Elle n’avait pas particulièrement le poignet adroit en la matière, et ses décoctions étaient probablement plutôt pâteuses et peu affinées, mais elle se savait capable d’improviser une potion de soin sur le terrain en cas d’urgence. En revanche, au-delà de cette poignée de compétences de base, elle se savait incapable de façonner des potions plus complexes, et plus encore de sortir des sentiers battus. Ses connaissances devenaient carrément hasardeuses au-delà du périmètre médical. A ce sujet, et maintenant que la demoiselle revenait vers elle…
Elle-même ne comptait plus le nombre de remèdes « anti-mocheté » qu’elle avait dû composer, sans parler des poudres hé bien… Destinées à de nombreux couples. Il était étonnant combien les gens acceptaient peu leur apparence physique ou leurs facultés techniques. Plutôt que de s’entraîner et de se perfectionner, ils attendaient de la science et de la magie des décoctions capables de les transformer en un claquement de doigts.
Armée d’un sourire renard, les prunelles pleines d’étincelles, Luz précisa sa pensée :
Elle papillonna un instant des cils, avant qu’elle ne prenne conscience que sa précipitation pouvait être mal interprétée et peut-être un peu rude :
Elle glissa un regard aux trois matous qui se léchaient les babines à leurs pieds, leurs gamelles rondement englouties.
Hurgh, Luz, ne serait-il guère possible de ta part de faire un jour preuve de davantage de tact ? Une alchimiste de renom était recrutée par le palais, et voilà qu'elle lui demandait benoîtement d'accomplir ses courses... Belle marque d'accueil de la part d'un médecin royal.
Ses alambics continuaient leur lente extraction, tandis que la médecin royale posait des questions, Nema esquiva les livres et alla voir comment cela se passait. Puis, rassuré voir que tout se déroule à merveille, le feu était au minimum à l’extracteur et l’évapora était en train de refroidir progressivement. Puis, elle vient prendre une poudre et vient la souffler par terre, dévoilant un ligne droite traçant une frontière entre la pièce et les alambics et autres erlenmeyers.
-Cette ligne est des cristaux de chien-dent concentré à un répulsif félin. Les chats détestent cette odeur et surtout ça les empêche d’aller vers ses derniers. Par ailleurs, je suis leur maitresse et ils savent qu’ils n’ont pas le droit à cette endroit. Mais pas de soucis, ils ont un magnifique et gigantesque arbre à chat de l’autre côté de la bibliothèque. Je n’ai jamais eu de potions qui se sont mal déroulé avec eux, je suis un peu trop perfectionniste sur les bords héhé.
C’était une de ses qualités, elle est du genre à recommencer tout si cela n’est pas parfait à son sens. Pour l’instant, ce qui tourne n’est juste qu’une extraction de plusieurs plantes à mana. Lorsqu’on lui posa la question de sa spécialité, elle fut un peu prise de cours. Elle vient prendre un temps, se mettant à se gratter le menton. Puis, elle vient chercher son gros bouquin, commençant à répertorier les grands lignes avant de le déposer sur d’autres livres.
-Mmmh, bonne question. Je n’ai pas vraiment de spécialité à vrai dire, si je dois dire, ce sont les élixir à base de magie et les poudres au même propriétés. Les décoctions fortifiantes aussi, un peu moins pour les grenades à base organique et minérales. Pour ce qui est des produits médicinales, je me débrouille fort bien, disons que je suis un peu touche à tout pour ce qui de l’alchimie. Je n’ai pas encore testé la transposition dirigée et la création biologique, mais cela ne m’attire guère.
Elle vient terminer par prendre quelques herbes qu’elle jeta dans une bouilloire et invita cette dernière à sortir. En rentrant, elle aura du thé bien chaud pour la suite de ses manipulations. En sortant, disant au revoir au chat, elle vient avoir les yeux qui pétillent quand on lui demande si elle pouvait faire des potions de soin. Elle allait pouvoir faire autres choses que des potions pour les nobles. Mais lorsqu’elle vient s’excuser pour son manque de tact, elle vient agiter le bras en rigolant mais excité comme une gamine à son premier jour d’école.
-Mais non, vous excusez pas, après tout, j’ai été recruté pour être alchimiste royale. Donc survenir au besoin de la médecin du palais, c’est tout à fait normal. Même je dirai que ce serait mal honnête de ma part de ne pas vous aider. Attendez moi là deux secondes.
Elle vient rouvrir sa porte et courut chercher son échelle, elle prit une minute à inspecter sa réserve, ouvrant quatre tiroir qui était plus long qu’on ne l’aurait cru. Elle revient ensuite, un livre sous le bras, toujours avec son sourire si caractéristique et surtout ses yeux qui pétillent.
-Il me reste de quoi faire 100 potions de soin, cela devrait prendre 4 heures si j’organise tout à la minute prêt. J’ai un arrivage de matière première dans quelques jours.
Elle vient tendre le livre à cette dernière, ce dernier est le recueil des demandes et achats. Elle avait mis les 100 potions pour un prix follement bas, 10 cristaux, c’était le prix des matières premières. Elle le tendait à cette dernière pour qu’elle y appose sa signature.
-Et si vous voulez mon avis, vous avez la première requête sensée depuis que je suis arrivé… Vous ne pouvez pas savoir les requêtes de certains nobles… Bon dieu, j’ai peur pour mon humanité à force…
Elle se saisit du recueil que la jeune femme lui tendait et ne put retenir une légère exclamation de surprise au vu du prix annoncé. Dix cristaux représentaient une véritable misère pour une alchimiste de sa caste ! Elle n’était plus une étudiante ni une débutante et ses compétences étaient de toute évidence reconnues par la Royauté – sans quoi elle n’aurait jamais pu accéder à un tel poste. Une moue sibylline traversa les traits de la praticienne, assez réticente à l’idée de profiter de la gentillesse d’une consœur. Grâce à sa profession, Luz ne manquait jamais de gens à soigner. Sa trésorerie ne risquait certainement pas de verser dans le rouge pour l’achat de potions de qualité dont le prix se devait d’être en accord avec leur finesse… Pour autant, quelque chose lui disait que Nema refuserait tout bonnement d’augmenter ses prix. Aussi, Luz visa-t-elle plus malin, son éternel sourire renard sur les lèvres :
Oh, la jeune femme n’avait probablement nul besoin de publicité au regard de sa réputation. Néanmoins, cette exclusivité ne manquerait pas d’intriguer d’autres professionnels. Attirer leur attention sur la qualité grandiose des potions de l’alchimiste ne pouvait lui rapporter que plus de clients… Peut-être alors finirait-elle par augmenter ses prix ? Concentrée sur sa tâche, Luz déposa sa signature en bas du feuillet, heureusement sans bavure d’encre. Nema se mettrait au boulot dans l'après-midi et Luz récupérerait sa cargaison le soir même. Elles auraient tout le temps plus tard de parler plus avant de ce fameux contrat d’exclusivité ! Pour l’heure, Nema récupéra son repas, ferma son laboratoire, et elles prirent ensemble le chemin du couloir suivant.
Elle prit la tête de leur duo, guidant la nouvelle arrivante à travers le dédale de couloirs du palais. Bien évidemment, il ne fallut pas plus d’une seconde à Luz pour revenir à leur conversation précédente sans crier gare :
Elle lui coula un coup d’œil curieux et ajouta, sans hésiter un instant à évoquer un tout autre sujet sans la moindre logique :
Luz ne souhaitait nullement se montrer intrusive. Cela n’était là que l’incarnation de sa curiosité personnelle puisqu’elle n’escomptait en aucun cas retransmettre les réponses de Nema à Raisha ou à tout autre domestique inquisiteur. Elle constatait toutefois que Nema était jeune, belle, compétente et d’agréable compagnie. Il aurait fallu être un insondable idiot pour ne pas tenter une seule fois de lui faire du gringue… Pourtant, elle semblait vivre seule à l’arrière de son laboratoire. Cela signifiait vraisemblablement qu’elle n’était ni mariée ni en concubinage. Bien sûr, Luz ne l’était pas non plus, mais cette situation était plutôt rarissime sur le continent. La plupart des gens se mariaient jeunes et s’empressaient de fonder une famille dès lors qu’ils devenaient économiquement indépendants. Luz était trop empreinte de liberté pour y songer pour le moment, et Nema paraissait trop imprégnée de passion envers l’alchimie pour penser à autre chose… Ce n’était là cependant qu’une spéculation de sa part, car le mystère demeurait.
-Bien sûr, mais après tout, au sein de ce palais comme dans tous organismes, il faut que les maillons s’entraident et ne tire pas tous vers le bas. La clause d’exclusivité me va parfaitement. Le prix risque de monter ou descendre en fonction du cours des matières premières toute fois. Et ne vous inquiétez pas pour mes revenus, je vends d’autres potions non vitales bien plus cher… Et qu’est-ce que j’en vends pleins depuis que je suis ici…
Il est vrai que ses collègues alchimistes n’aiment pas trop ses idées de payer si peu à d’autres personnes. Mais elle s’en fiche, c’est son business. Ils n’avaient qu’à pas lui claquer la porte ou la dénigrer avant. Vengeresse, un peu qu’elle l’est l’alchimiste royale. Elle n’oublie guère et peut se montrer joueuse avec ses proies par moment. Un allure un peu sadique se dessina sur son visage avant de venir la chasser. Elle ne devrait pas penser à eux tandis qu’elle discute avec d’autres. Dès que la signature fut écrite. Elle vient fermer le livre par un cadenas et le glissa par la chatière.
-Archimède va le remettre à sa place s’il te plait.
Seul Archimède était le plus intelligent des trois et il va surement le trainer à l’autres bouts de la pièce sans le ranger bien sûr. Lorsque Luz vient lui proposer d’aller dehors, l’alchimiste vient remettre en place sa besace sur son épaule et suivit le pas.
-Cela me va bien, je dois dire que j’aime bien manger sous le soleil entre deux arches pour tout vous dire. Mais je n’ai pas vraiment eut le temps de tout visiter, le palais est si grand. Cela me change de la tour de l’académie d’alchimie… Même si c’était marrant car moment, des étages étaient plongés dans un épais brouillard.
Avança progressivement, la lumière vient d’être de plus en plus présente. Plus on se rapproche de la source, plus l’onde est puissante cela va de soi. Les yeux de félins viennent s’aventurer entre les différents éléments qui composent cette cour intérieure. Il y avait des banc en pierre ici et là, des parterres de fleur. Nema vient s’éloigner du groupe pour admirer des plantes assez moches à vrai dire.
-Des pousses de Ghlas Siais. Etonnant, je n’en avais jamais vu sauf séché. Elles peuvent faire une liqueur du tonnerre… Oh pardon, je suis laissé emporté par les plantes… Elle resselle d’étonnants propriétés chimiques, magique et donc alchimique. Je devrais m’acheter une ferme non loin de la Capitale pour y faire pousser les plantes dont j’ai besoin au lieu de les acheter…
Nema vient s’asseoir sur un banc, invitant Luz à en faire de même. Sortant de sa besace en cuir, une gamelle en fer forgé et une gourde en cuir ainsi qu’un fruit de saison. La gamelle contenait une salade printanière avec des morceaux de crouton de pains et des dés de pommes de terre. Pas de trace de viande à l’horizon cependant. Lorsque la question fut posée, Nema vient poser ses couverts dans son écuelle et vient regarder le ciel en réfléchissant.
-A vrai dire, j’ai toujours vécu sur mon lieu de travail. L’alchimie est si demandant que par moment, je ne peux dormir. Donc retourner dans un autre lieu pour dormir, cela serait trop dur. Et disons que le soir, les rues ne sont plus trop fréquentables je pense. Je ne suis pas une combattante, le mieux que je puisse faire c’est de me cacher ou alors de fuir en usant de mon pouvoir. Sinon, je vous rassure je prends par moment des vacances. Et je pars une fois par mois toujours à la même date chez mes parents.
La dernière phrase était un pur mensonge. Car c’est à cette date qu’elle n’arrive pas à contrôler sa transformation et donc, elle se contraint dans son laboratoire. Le mensonge cependant était palpable sur son regard. Mais, cela n’était pas un gros mensonge après tout. Démêler le vrai du faux serait bien complexe.
-Pour mes activités privées, disons que j’ai eu un dose en période d’apprentissage. Même si je ne recule devant rien à vrai dire hihi. Disons que je suis quelqu’un qui va vers les gens que je reçois dans ce cas-là. Mais ça n’implique pas que je puisse faire par moment des soirées avec des amis, juste, mon laboratoire sera débarrassé de tous produits dangereux… Et la pièce secrète sert aussi à entreposer les ingrédients purement précieux… Vous n’imaginez pas le prix de certains… Heureusement que je les ai remportés au poker héhé. Et vous Luz, habitez vous dans les parages ou alors vous avez votre propre maison ?
La médecine, l’alchimie et l’herboristerie étaient souvent des métiers aux frontières extrêmement ténues. Elle comprenait parfaitement que certains puissent faire montre d’hésitation dans leurs études, car une spécialisation dans un domaine impliquait bien souvent de devoir connaître plusieurs bases des deux autres. Il était en revanche fort difficile de maîtriser à la perfection deux de ces matières, et plus encore les trois. Tout comme pour l’alchimie, Luz était capable de reconnaitre la majorité des plantes qu’on lui présentait. Elle connaissait les bases grâce à sa formidable mémoire, mais cela ne signifiait nullement que son geste était toujours adroit : il lui arrivait encore de massacrer des pauvres plantes en cherchant à les préparer elle-même au lieu de recourir aux services d’un herboriste digne de ce nom. La médecine s’était bien entendu imposé à elle du fait de l’histoire de sa famille. Il lui arrivait cependant régulièrement de nourrir quelques regrets à l’égard de l’alchimie ou de l’herboristerie.
Elle fit glisser sa sacoche sur ses genoux et en souleva la languette d’un geste expert. Une boite en métal matinée de rayures s’y trouvait, sensiblement déformée sur un côté. Cette pauvre boîte l’avait maintes fois accompagnée dans ses voyages et avait parfois écopé de chocs indésirables. Elle tenait bon malgré tout, attestant de son immense valeur : les boites à repas capables de conserver vos aliments valaient bien plus qu’un bon pesant de cristaux ! Affamée, Luz en déverrouilla le couvercle et détacha la fourchette qu’elle avait préparée à l’avance sur le côté de la boite. Le contenant arborait un œuf dur, des légumes rissolés à la va vite, une tranche de pain aux céréales et plusieurs raisins.
Un froissement d’ailes lui fit relever la tête, tandis qu’elle se délectait déjà de ses courgettes marinées. Deux lapillons étaient perchés à un mètre des deux intruses, profitant du rebord du toit pour observer d’un œil envieux leur repas. En proie à un dilemme intérieur saisissant, ils alternaient entre deux petits sauts avants courageux et deux pas arrières. Un sourire sur les lèvres, Luz isola l’un de ses raisins et l’envoya doucement rouler sur le sol un peu plus loin. Le fruit, couvert d’une gouttelette d’eau, attira bien vite les deux lapillons qui ne perdirent pas de temps à en picorer la chaire. Elle n’avait pour autant rien perdu des explications de Nema, aussi reprit-elle avec sa curiosité habituelle :
Chacun en ce monde détenait un pouvoir. De ce fait, celui-ci était rarement secret et il n’était pas absurde de croiser régulièrement dans la rue des démonstrations de magies utilitaires. Les tatouages et objets uniques ne réduisaient en rien le nombre de ces démonstrations… Luz elle-même était régulièrement équipée de pieds en cap de magies divers et variées, hormis lorsqu’il s’agissait de circuler dans le palais. De toute façon entre ces murs, rien ne fonctionnait. Aussi s’intéressait-elle de très près à tous les témoignages qui pouvaient bien lui être soumis. Tout comme elle s’était prise de passion pour les capacités de bien d’autres auparavant, le simple fait d’entendre le mot pouvoir avait ravivé chez elle la flamme de sa curiosité dévorante. N’était-ce pas tout simplement fascinant, de faire face chaque jour à une infinité de pouvoirs différents ?! A cause de ce détournement d'attention, elle ne se rendit pas pleinement compte du malaise de Nema ni de son semi mensonge. Néanmoins, il s’agissait de faire preuve de galanterie avant tout, aussi répondit-elle en premier lieu à la question de son interlocutrice. Chacune son tour heh !
Elle lui fit un clin d’œil complice et farfouilla un instant dans sa sacoche. Elle en ressortit une petite carte qu’elle tendit à la jolie demoiselle. Ses coordonnées y étaient écrites en lettres fuselées.
-A la Tour d’Alchimie, c’est en première année qu’on nous demande d’apprendre le maximum qu’on peut sur les plantes. Car ce sont des bases de nos formules en majorité. On utilise aussi les minerais ou les cristaux et encore plus rarement des élément d’origine animal. Je peux vous donner des conseils pour entretenir vos plants vous savez, n’hésitez pas, je ne suis pas une experte mais j’ai quelques tours dans ma manche.
Commençant à manger sa salade composée, la jeune femme vient regarder les petits créatures venir picorer les raisons que leur lança la doc. Nema vient vraiment engloutir son repas comme une morte de faim. Elle avait les crocs et pour tout dire, manger est un de ses moments favoris. Prenant le soin de racler jusqu’à la dernière goutte de sauce, elle vient poser son écumette vide et la panse bien remplie. Elle vient sortir de sa poche quelques friandises qu’elle proposa à celle qui partage son repas présentement.
-Je vous remercie pour cette information. Vous croyez que la personne pourrait toujours tenir la ferme même après cela ? J’aimerai quelqu’un qui la dirige et bien sûr, salairement et logement équivalent.
Nema aime inventer des mots tout comme elle invente des potions, cela est un peu un passetemps comme un autre. Lorsque la question sur son pouvoir vient être posé, la jeune femme vient aiguillée un sourire sur son visage. Un visage malicieux et à la fois tendre, voilà quelques choses qu’elle aime parler mais sans trop rentrer dans les détails.
-Non du tout, cela n’a rien à voir avec l’alchimie… Encore, ça peut être une allégorie obscure. Je dirai que mon pouvoir est en rapport avec ce que je suis.
Sur ses mots, elle vient se lever. Elle vient se rasseoir bien comme il faut en essayant de ne pas rigoler. Puis, elle vient retourner la question à cette dernière.
-Je peux me transformer en chat, de la même taille que mes protégés. Quant à vous ma chère, si j’essaye de deviner, un talent en rapport avec la médecine, quelques choses qui permettrait de soigner plus aisément les gens.
Lorsqu’elle vient lui parler de ses maisons, Nema n’en perdit pas une miette. Elle est plutôt une citadine à proprement parler. Mais l’air de la campagne ne la dérangerait pas, bien au contraire à vrai dire. Elle n’a fait que vivre dans une ville, parfois un village quand ses parents étaient itinérants. Décidément, ses études l’ont peu à peu transformée.
-Je n’y manquerais pas Luz. D’ailleurs, je devrais prendre rendez vous car dans quelques semaines, j’ai une commande de grenade… Même si je suis sur de faire aucune mauvaise manipulation, le risque zéro n’existe pas. Et ce genre de manipulation se font à l’extérieur. Si vous voulez venir voir, je serai à la sortie de la ville, prêt du marché mais dans une prairie non loin. Facilement repérable, il y aura une table en plein milieu. D’ailleurs, votre petite maison a l’air vraiment adorable. Oui désolé, j’ai l’habitude de passer du coq à l’âne. Cela n’est pas trop épuisant de changer sans cesse entre le Palais et cette dernière ? Il vous faudrait surement un bonne monture alors, peut être un Unicorn ?
Après avoir discuté, une curieuse ombre vient planer sur les deux compères, un lapillons plus gros vient quémander de la nourriture. Nema vient lui lancer une friandise, que du bons cette dernière, et elle le vit repartir.
-Les animaux et les bêtes sont quand même assez nombreux en ville, cela est revigorant. Peut être que la saison chaude les poussent à revenir dans notre cité…
Elle la remercia chaleureusement tandis que Nema lui tendait quelques friandises. Le tout avait un délicieux goût sucré sous la langue, pas désagréable sous ce soleil et après un repas aussi frugal… Elle songea brièvement aux quelques patients qu’elle devait visiter durant l’après-midi et une fatigue latente l’envahit immédiatement. Ah, si la vie pouvait se résumer à déjeuner en charmante compagnie sous un soleil d’été… Peut-être serait-elle moins financièrement aisée, mais nécessairement plus heureuse. L’annonce de Nema lui arracha pour sa part un rire, tant son pouvoir paraissait lui correspondre à merveille. Luz n’avait pas été sans remarquer le nombre explicite d’éléments félins que la jeune femme collectionnait. Cela, sans compter bien sûr les trois matous dont le royaume s’étendait aux quatre coins du palais royal.
Luz était sincèrement curieuse. Elle n’avait jamais eu affaire à la moindre métamorphose et ignorait tout d’un tel processus. Qu’il devait être étrange de percevoir le monde au travers de prunelles fendues ! Ce pouvoir comportait bon nombre d’aspects bien pratiques, outre celui de pouvoir louvoyer librement dans la Capitale entière et d’écouter les conversations discrètes… Si son caractère offensif n’était pas évident, une transformation au cœur d’un combat aurait bien entendu de quoi surprendre. Difficile également de rattraper un chat en pleine fuite ! Quant à l’hypothèse de son propre pouvoir… Luz haussa les épaules, l’air de ne pouvoir rien y faire.
A sa proposition suivante, l’enthousiasme s’empara du visage de la praticienne qui ne put retenir un hochement vigoureux de la tête :
Un unicorn ? Oui, elle y réfléchirait… Elle ne pouvait nier que l’idée d’acheter une monture lui avait maintes fois traversé l’esprit. Surtout à présent qu’elle se familiarisait davantage avec le règne animal grâce à l’arrivée de Renkhi, son mist. Elle n’avait tout simplement pas encore arrêté son choix en matière de monture – sans parler du temps qu’un tel achat prendrait.
Elle la taquina gentiment du coude, un regard rieur dans les prunelles.
Attrapant un bonbon de sa main, Nema vient le déguster, appréciant chaque once de saveur. Le sucré, voilà son pêché mignon. Elle adore tellement les pâtisseries ou confiseries que les bonbons piquaient aux élèves en cours lui servait à ses fins. Mais elle était dans le droit. Tout en pensant aux merveilleuses sucreries planqués dans son labo, elle vient se lécher les babines tel un chat. A force, elle avait pris des habitudes quelque peu féline.
-Oh, je me transforme assez souvent, ne serait-ce pour revenir au palais quand je vais boire en ville. Après, à l’approche de palais, je me retransforme, c’est normal. La vue est différente je dois dire. On voit tous les gens d’en bas, mais le mieux c’est sur les toits, c’est nettement plus agréable et il y a moins de passage. Et oui, j’arrive à interagir avec mes propres chats, c’est pour cela qui me craigne. Je suis machiavélique, après, je les nourris non mais, ils ne vont pas faire la fine bouche nah. En termes de mentalité, cela dépend de mes humeurs et de mes sentiments à ce moment. Pour ce qui est de certains parties, oui, mais sans succès, j’ai vraiment du mal avec cela. Peut être que c’est impossible qu’y s’est. Les lois de la magie sont parfois imprévisibles même pour une alchimiste aussi calée que moi. Et encore, je ne suis pas la plus calée qu’il soit.
Se relevant un peu, la jeune alchimiste vient se faire quelques exercices d’assouplissement pour son dos. Il ne faudrait pas que ce dernier se coince à la moindre chute.
-L’exercice après avoir mangé facilite le transite et la digestion, mais de l’exercice dans effort. Mais sinon, votre pouvoir est vraiment super intéressant. L’électricité est un élément encore assez méconnue, surtout sur ses capacités. Pour vous dire, pour réaliser des cristaux de foudre, j’ai besoin ni plus ni moins d’un cristaux de foudre. On appelle cela la distorsion par binarité ou encore scission binaire. Mais il est vrai que sur le terrain tout cela peut être
Lorsqu’elle lui demanda si elle gardait ses recettes, un sourire de malice se dessina sur le visage de la femme-chat. Un sourire assez énigmatique voir même imprévisible.
-Mmmh peut être, peut-être bien que non, la majorité est gravée dans ma tête. Mais il est vrai que tout cela est primordial de tout tester avant d’énoncer ses effets. Un poison crée pour tuer une vermine peut être au contraire une phéromone pour une autre espèce tout aussi nuisible. Mais il est vrai que je conçois majoritairement mes propres recettes, au grand damne de mes confrères et consœurs. Sinon, la Guilde des Aventuriers m’aime assez bien, j’achète beaucoup de choses et de tout, et je les achète à …
Elle fut interrompue par une jeune fille d’environ une dizaine d’année qui approchait avec un bouquin dans les mains. Reprenant un visage bienveillant, Nema se tourna vers elle lentement. Il n’y a pas d’heures pour être professeur.
-Excusez moi madame, je suis en train de réfléchir aux devoirs que vous nous avez demandé de faire. La classification que vous demandez pour les espèces végétales, c’est bien celle commençant par la lignée verte.
-Bien sûr, tu as compris la leçon, ensuite tu peux attaquer la suite pour arriver aux différentes plantes que je vous ais demandé de trouver. Ensuite, fait attention dans ton exercice de chimie, il y a un piège.
Remerciant allègrement sa professeure, la jeune noble vient courir dans l’autre sens. Un brin nostalgique elle resta stoïque quelques secondes en la regardant repartir en courant presque.
-Ah, la jeunesse, cela me laisse toujours aussi fier mais en même temps triste, c’était de belles années.
Luz rit doucement tandis qu’elle réemballait sa propre gamelle dans un torchon.
Elle se pencha, attrapa sa sacoche, en ouvrit le rabat et enfouit sa gamelle à l’intérieur du sac.
Elle se fendit d’un charmant sourire en coin tout en époussetant sa tunique. Voir Nema à l’œuvre avec ses élèves réchauffait effectivement le cœur. Sa patience était de toute évidence inépuisable et elle n’inspirait pas une crainte désastreuse aux adolescents : sans cela, cette jeune fille ne se serait jamais approchée d’elle lors de son repas, et encore moins pour lui demander des conseils sur ses devoirs. Luz connaissait bien des professeurs qui n’avaient de ce rôle que le titre, incapables de se montrer pédagogues et donc bien souvent détestés de leurs élèves…
Sa moue se fit un peu plus malicieuse et polissonne. Le soleil lui chauffait les cuisses avec délice, mais l’heure tournait malheureusement. Dans les couloirs alentours, une douce rumeur d’après-midi commençait à naître au rythme des domestiques et des apprentis qui reprenaient progressivement leurs tâches de l’après-midi. Luz vit même un ministre longer l’un des murs et s’engouffrer dans une pièce adjacente, un air fort occupé sur le visage et une tonne de dossiers à la main. Son conseiller qui le suivait de près s’aperçut que Luz les observait et lui décerna à distance une rapide salutation de la tête qu’elle lui rendit.
Elle avait parlé presque pensivement, sans regarder Nema. Cela, lorsqu’une idée soudaine lui vint, aussi saugrenue que spontanément. Après tout, n’en faisait-elle pas toujours qu’à sa tête ? Elle revint prestement arrimer ses prunelles à la silhouette de Nema et tenta de lui présenter brièvement sa proposition :
J’adorerais pouvoir bénéficier de vos talents et de vos services. Bien sûr, pas à plein temps pour ne pas remplacer votre activité principale auprès de la royauté, mais vous pourriez disposer d’un local dédié dans ce futur hôpital. Nous pourrions plus tard établir un contrat pour acheter vos potions, similaire à celui que nous avons signé aujourd’hui. »
Elle se leva de son banc avec douceur, prit le temps de s’étirer à son tour pour chasser les raideurs de la position assise.
Pour l’heure, elle profiterait de ses services en tant que médecin indépendant, ce qui était déjà bien assez demandé !
Il se gratta mécaniquement la tête face aux compliments qu’évoquer Luz sur cette dernière. Elle vient même en rougir, elle n’a pas l’habitude de ce genre d’attention. Mais cela était encore plus flagrant quand c’était inné dans la parole d’une autre personne.
-Vous pensez ? A vrai dire, pour aller chercher la Lune, ce serait assez dur. Hé hé, cette énergie, je ne m’en rends pas vraiment compte, enfin, sauf au soir où je tombe comme une masse. Je pense qu’après quelques années, je risque de fatiguer et baisser surement le rythme. Pour moi, c’est normal de s’investir autant pour la jeune génération.
Venant se faire craquer ses doigts, elle vient continuer de suivre la jeune fille, espérant qui ne lui arrive rien. Puis, elle vient rejoindre la médecin en chef, venant sourire de plus belle face à la proposition de boissons.
-Bien sûr, ne vous inquiétez pas, pour aller boire un verre en excellente compagnie, je ne me fais pas prier. Et ça me permettra de vous payer la tournée héhé. Je dois avouer que je connais quelques enseignes mais elle se trouve assez loin du palais. Peut être qu’on apprécit les mêmes enseignes.
En voyant la vie administrative se remettre au travail, la fin d’un repas bien appréciée se fit sentir. Les locaux commencèrent à grouiller de scribes, de conseilles, même un ministre passa par là. La fourmilière reprenait son rôle, celui de faire avancer la couronne dans ses heures glorieuses. Puis ce fut autour de Luz de se lever et s’étirer, marquant un début de fin de connaissance entre deux personnes presque complices maintenant. Mais un dernier point attira l’attention féline de la jeune femme, lentement mais surement, elle vient s’intéresser. Elle était comme un chat devant une mouche qui vole, passionnée et silencieuse. Elle se gratta le menton pensive.
- Je dois dire que le projet est vraiment très intéressant. Pour être honnête, je nourrissais un projet de créer une académie des sciences, peut être que cela pourrait rejoindre votre idée. Qui je dois l’admettre, est bien plus poussé que la mienne. Je ne peux en revanche, répondre ni positivement ni négativement pour l’instant. Je suis encore en pleins emménagement dans mes nouveaux locaux, et pour tout vous dire, je n’ai pas encore actionné le dispositif me permettant de commencer mes recherches en cours.
Se mettant un peu en retrait, elle vient se mettre à réfléchir, fronçant les sourcils de manière intriguée. Elle vient même baisser la tête, marmonnant quelques phrases. Puis, elle revient afficher un sourire.
-Je dois dire que ça pourrait être une chouette idée, je me demandais si la fusion de nos pensées pourrait peut-être donner une chose intéressante. Bien sûr, mais si je viens, j’aimerai qu’on puisse servir de la bière à la cafeteria, et c’est non négociable.
Sa voix se teinta de malice, témoignant de sa petite blague à la fin. Elle laissa échapper un léger rire qui résonna entre les colonnes des couloirs adjacents. Elle prit sa besace et la mit sur son épaule, prête à reprendre la marche.
-Si cela vous intéresse, je vais retourner vers mon laboratoire, après, je pense que vous êtes occupée cette après-midi, donc nos chemins vont s’éloignées, mais on travaille au même endroit on risque de se croiser.
Luz leva des mains apaisantes à l’intention de Nema.
Elle hausa négligemment les épaules pour chasser toute potentielle tension qui aurait pu opprimer Nema. Elle ne voulait certainement pas que l’alchimiste se sente contrainte d’accepter sa proposition au prétexte d’une politesse mal placée : Luz ne voulait que des gens profondément passionnés et surtout motivés dans ce futur établissement. Il n’était donc guère question de faire pression sur les nouveaux arrivants pour s’adjoindre leurs services !
Elle rit tout à fait, un son d’oiseau ravi et amusé tant l’élaboration d’une académie lui paraissait bien plus complexe qu’un simple hôpital. Elle attrapa sa sacoche qui était restée sur le banc et passa la fine lanière de cuir sur son épaule. Cette fois-ci, son visage prit un air de regret tandis qu’elle invitait Nema à s’engager la première dans les couloirs du palais :
L’après-midi, elle se consacrait généralement aux patients qui vivaient à l’extérieur du palais royal. Elle ponctuait ces rendez-vous médicaux à son cabinet personnel par des visites à domicile qu’elle ne pouvait pas ignorer sous peine de laisser de pauvres vieillards impotents agoniser sans soin sur leur couche.
Elles firent ainsi quelques pas dans l’obscurité glacée de cette aile du palais, la température étant d’autant plus criante que leur peau avait longuement chauffé au soleil. Luz s’arrêta au premier carrefour rencontré et s’inclina profondément devant Nema d’un mouvement du buste :
Lorsqu’elle se redressa, un charmant semi sourire en coin complice étirait ses lèvres. Elle put deviner en cet instant, en contemplant les prunelles félines de la demoiselle, qu’il ne lui suffirait plus que de quelques rencontres pour la tutoyer tant leur relation lui paraissait adopter une pente naturelle et paisible.
Une fois ces brefs au revoir échangées, Luz tourna les talons et se dirigea vers l’entrée du palais royal. En prenant soin d’éviter méticuleusement tout domestique sur sa route, notamment Raisha. Après un si paisible repas, elle n’avait aucune envie de répondre aux questions outrecuidantes et envahissantes de l’aide-soignante !
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