Un long soupire s’échappa des lèvres rouges de la jeune chanteuse. Ses yeux azur se posèrent sur son interlocuteur qui se mit à rougir. Meryl’tul n’avait pas demandé à être collé de la sorte aujourd’hui. Mais malheureusement, son charme naturel fait tourné la tête d’un nouveau client de la taverne de son ami. Meryl aimait plaire au gens, ça, c’était indéniable. Cependant, elle aurait aimé de temps à autre être juste une inconnue parmi la populace. Et de continuer à entretenir le commerce de ses parents avec sa sœur. Pourtant, Meryl’tul n’avait pas à se plaindre de la vie qu’elle avait actuellement. Elle faisait partie de la guilde. Elle voyageait avec ses amis et pouvait s’adonnait à la radinerie sans se faire taper sur les doigts. Puis quand l’envie lui prenait, elle poussait squatter les planches de la taverne et chanter de tout son soûl.
Le jeune homme poussa un petit hoquet de surprise et tout les habitués se mirent à rire. C’était monnaie courante que Meryl’tul gratte de l’argent au nouveau arrivant qui voulait l’entendre chanter. Elle tendit la main vers le jeune homme avec un regard enjôleur. Ce dernier se mit à bredouiller et fouilla dans sa petite bourse pour donner quelques pièces à Meryl’tul. La jeune femme effleura la joue du garçon avant de ranger les pièces dans une poche de sa robe. Par la même occasion, elle piqua son verre et en bu tout le contenu en lui disant que c’était pour lui donner plus de courage.
« Tu t’es fait pigeonner mon p’tit gars ! » Dis le barman avec un petit rire narquois.
D’un pas léger et pleins de grâce, Meryl se dirigea vers la petite estrade qu’elle avait demander à Ryuka pour chanter. Sur cette même estrade, se trouvaient un piano et un micro créer grâce à un petit dispositif de cristaux magiques. Il n’avait rien de particulier à part juste propagé sa voix de manière gracieuse. Ce dernier lui avait coûté une blinde, mais quand il s'agissait de chanter, Meryl’tul se sentait obligée d'aligner la monnaie.
« Mademoiselle ! On vous accompagne ! » Lança un trio de musiciens qui venaient de s'installer autour d’elle.
Meryl leur fit un magnifique sourire et s’inclina légèrement pour les remercier. Là, elle avait tout pour envoûter la salle entière. Elle se mit devant le micro et ferma les yeux quelques instants. La rouquine s'imprègne de l’ambiance régnant dans la salle. Meryl’tul prit une longue inspiration. Et tout doucement sa voix fit taire la salle toute entière.
Comme tous les clients qui avaient leurs petites habitudes dans le bar ou même ceux qui étaient de passage, j’étais comme qui dirait transporté. Transporté par le timbre de sa voix, si bien que j’en avais la chair de poule malgré la couche de vêtements que j’avais arborés et qui camouflait mon identité aux yeux des autres. J’avais vu des cantatrices, des artistes de renom du royaume, mais cette gamine semblait être au-dessus du lot. Elle avait un don indéniable, incroyable même et semblait rayonner sur l’estrade de fortune de la taverne dans laquelle le temps s’était comme figé. Le souffle court et malgré le fait qu’elle continuait de chanter, j’avais envie d’applaudir de toutes mes forces, vraiment. Mais comme d’habitude, je me souvins in-extrémis que je ne devais pas attirer l’attention sur moi, sans quoi on me démasquerait et ce malgré la cape que j'avais arboré. L’inconvénient d’être le roi et d'avoir une gueule reconnaissable.
Tout de même émerveillé par cet agréable moment qui me faisait presque flotter, contrairement aux musiciens de la cour royale qui m’ennuyaient vraiment beaucoup (et c’était peu de le dire, vraiment !), je fis signe à une belle serveuse qui passait par là. Cette dernière vint rapidement auprès de moi avant que je ne lui passe une petite bourse remplie de cristaux purs (monnaie du royaume), non sans lui en avoir passé quelques-uns. L’idée était clairement de récompenser la rouquine qui s’épanouissait sur scène. Elle était faite pour ça et cela se sentait ! Nul doute qu’on pouvait en faire une virtuose bien connue. D’ailleurs, sa plastique allait très bien avec son talent ; car en plus du fait qu’elle chantait divinement bien, celle que les clients appelaient la « cantatrice écarlate » avait une joliesse que personne ne pourrait remettre en question. L’ancien moi, plus jeune, en aurait certainement fait l’une de ses maitresses.
Mais le moi actuel étais bien trop fou de sa reine pour en voir une autre. Même dans mes rêves.
Je signifiai tout de même à la serveuse qui semblait bien connaitre la chanteuse de ne pas révéler le fait que j’étais le donateur généreux. Non seulement pour ne pas attirer l’attention sur moi, mais aussi parce que je ne faisais pas de bonnes actions pour m’attirer des éloges. Si c’était le propre de plusieurs nobles, j’étais du genre discret pour ma part. Mon statut était déjà bien trop élevé pour fanfaronner encore plus. C’était pas mon genre de toute façon et je m’en portais très bien. La serveuse toute aussi plantureuse que la chanteuse (ne cherchez plus loin pour la force de vente de la taverne !) m’assura qu’elle garderait le secret et s’en alla vers le comptoir, certainement pour attendre la jeune rousse qui devait avoir presque fini son récital. Pendant ce temps, je continuais toujours de profiter de ce moment d’osmose, tout en sirotant tranquillement ma chope de bière. Bière très bonne du reste ! Une taverne de qualité…
Vraiment.
Sur son estrade de fortune. Derrière son micro, Meryl’tul enchantait le public avec sa voix chaude et suave. Tous ne la quittaient pas de yeux. Ils étaient comme envoûter. Un peu comme les pirates attiraient par le mélodieux chant des sirènes. D’ailleurs, ce n’était pas pour rien que sa grande sœur Nevras avait nommée son pouvoir ; la voix de la sirène. Meryl’tul chérissait beaucoup sa voix en plus de son apparence. Elle faisait attention au moindre changement de température ou bien à ne jamais abusée ses cordes vocales lorsqu’elle parle. La rouquine ne voulait plus jamais finir aphone. Ce genre d'expérience la stressait au plus au point et faisait tomber en éclat le masque, qu’elle essayait de garder à tout prix.
Lentement, mais sûrement, la voix de Meryl’tul montait vers des notes difficilement atteignable par des chanteurs non expérimentés. Elle faisait vibrer le cœur des gens avec talent. Certes, les chansons qu’elle chantait n’étaient pas les siennes, mais elle avait le don de les sublimer et de se les approprier. Meryl’tul était une interprète de talent et ça peu de personne ne pouvait le nier.
Tout doucement, les dernières notes s'échappaient de ses lèvres purpurines et son récital prit fin. Un silence. Une respiration. Et soudain, la salle entière se mit à applaudir. Ca sifflait, crié de partout et surtout une admiration immense émanait de son public. La rouquine était fière d’elle et heureuse de plaire toujours autant. Cependant, un jour ou l’autre, il faudra pour elle qu’elle se renouvelle. Mais pour le moment, elle profitait de sa petite notoriété actuelle. Elle salua, d’un gracieux geste de la main, son public puis elle descendit de sa petite estrade. Elle se dirigea vers le bar où Mercer et une serveuse l’attendaient avec un grand sourire aux lèvres.
« Bien jouer Meryl. Avec ça, on a augmenté le chiffre d’affaires de la journée de 20%. » Lui dit Mercer en lui servant son alcool préféré.
« Même pas en rêve ! Espèce de rapace. C’est pour le nombre de fois où tu vides les réserves d’alcool de Ryuka sans rien payer. »
Le barman et la serveuse se mirent à rire devant la mine déçue de la jeune femme. Après tout, elle n’avait pas totalement tord. Elle avait bien le droit d’avoir une petite bourse de cristaux pour avoir fait encore plus payer les consommateurs et avoir attiré des curieux. La serveuse tapota l’épaule de la chanteuse et lui tendit une bourse pleine.
« C’est de la part d’un client. »
Dans un premier temps, Meryl’tul regarda la bourse avec des yeux ronds, puis un grand sourire finit par se dessiner sur ses lèvres. Elle demanda à la serveuse de lui montrer discrète, le généreux donateur. Cette dernière refusa, car le client avait demandé de ne pas lui dire. Meryl approcha son visage de celui de la jeune femme et se mit à lui faire ses yeux de biche larmoyant. Avec cette technique, la rouquine était sûre à 99% d’avoir ce qu’elle voulait. La jeune femme piqua un fard et se mordille la lèvre avant de finir par lâcher l’information. Meryl’tul lâcha un petit rire. Par la suite, elle jeta un rapide coup d’œil vers le centre de la salle où se trouvait le donateur.
La serveuse hocha la tête à tout ce que disait la rouquine. Ensuite, elle quitta le comptoir et s’approcha de la table en question.
« Hm … Monsieur. Excusez-moi de vous déranger, mais il y a une bière qui vous attend au bar. »
Elle se tourna un peu et pointa son doigt vers la chope de bière juste à côté de Meryl.
La serveuse devint toute rouge. Même si elle n’était pas totalement accablée par les remords, elle semblait tout de même s’en vouloir de n’avoir pas pu tenir parole. Pour ma part, je me mis à rigoler doucement avant de lui faire signe que ce n’était pas grave. C’était effectivement des choses qui arrivaient, sans compter que la rouquine avait l’air d’être une femme à qui on disait difficilement « non ». Avec une voix pareille et la plastique qu’elle avait, la vie ne devait pas être bien dure pour elle. Enfin, façon de parler. Elle paraissait être une simple citoyenne qui semblait aimer son environnement, même si je me fis la réflexion qu’elle pouvait très facilement charmer un haut-placé et devenir une maitresse sinon une femme de noble. Je l’aurai bien vu se pavaner aux côtés de mon fils si et seulement si ce dernier avait cultivé les mêmes goûts que moi. Avec une telle donzelle, il m’aurait surement fait de beaux petits-enfants, mais les probabilités de voir ce petit con faire des mioches avant ma mort étaient tellement nulles que tous mes espoirs reposaient dorénavant sur Atheas qui était bien partie pour mettre le grappin sur ce bon petit Newt.
- « Je suppose que je n’ai pas le choix, hé… ? »
J’eus un soupir amusé surtout en regardant le contenu vide de la chope que j’avais en main. Le destin semblait décidément farceur. Ou Lucy, au choix. C’était à croire qu’ils mettaient tout en œuvre pour que j’aille papoter avec la gosse. L’espace d’un instant, d’une seconde même, je pensai à me dérober et à fuir la taverne, d’autant plus qu’il commençait à se faire tard (et que la reine de nature inquiète, n’hésiterait surement pas à demander à la garde de me retrouver), mais je finis par balayer cette idée saugrenue avant de me lever tranquillement. La serveuse fut plutôt impressionnée par ma taille et surtout par les muscles qu’elle devinait aisément sous mes vêtements. Elle mordilla l’une de ses lèvres par réflexe alors que je me contentai de passer une main amusée dans sa chevelure pour l’ébouriffer gentiment non sans sourire. Sourire qu’elle pouvait distinguer d’ailleurs, même si la capuche de mon manteau cachait la partie la plus importante de mon visage. Là-dessus, je me dirigeai tranquillement vers la jeune femme, non sans mater la plénitude de sa croupe mis en valeur par sa posture sur le tabouret sur lequel elle était assise.
Heureusement pour la callipyge qu’elle était que j’avais changé depuis longtemps, hé…
Mais alors que je me rapprochais inexorablement d’elle, la rouquine fut d’un seul coup assailli par une petite foule qui s’agglutina rapidement autour d’elle. Si les anciens étaient habitués à sa beauté et à ses chants, les nouveaux clients et même les passagers comme moi étaient tout simplement bluffés ! Ces derniers (moches pour la plupart) n’hésitèrent pas à l’inonder de compliments et de flatteries en tout genre. Un petit moment de gloire bien mérité. A croire qu’elle s’était encore faite des fans et pas qu’un peu. Cependant, il y avait toujours dans ce genre de lot des cons qui ne savaient pas se tenir. Aussi, l’un d’entre eux profita allègrement de tout ce petit monde près d’elle pour claquer l’une de ses grosses miches, en plus de l’enserrer carrément, non sans le petit rire de beauf qui allait avec, évidemment. Un acte isolé peut-être ? Va savoir. Dans tous les cas, je n’avais rien vu de tout cela (il faut dire qu’il y avait au moins une dizaine de personnes autour d’elle au minimum) et j’avais haussé les épaules avant de prendre posément la direction d’une extrémité du comptoir, histoire de commander une autre bière.
La serveuse revint s’excuser auprès de moi et m’offrir gracieusement une autre pinte.
Pour ma part, j’acceptai gracieusement son offre, non sans lui faire comprendre qu’il n’y avait aucun problème.
C’était peut-être mieux ainsi, finalement !