- Début de la troisième lune de la saison froide an 1000. Quelques jours avant l’expédition de la Citadelle enfouie….  

Je compte les jours, bientôt, je repars pour une expédition dangereuse pour peut-être obtenir à la clé, mon titre de Saphir. Depuis quelques lunes, ce rêve s’approche, je peux presque le toucher. Etre Saphir, un rêve de gamine, quelque chose où je pourrai être fière et moi, fille de fermiers, je vais prouver au monde que même en partant de rien, on peut croire à ses rêves. Maintenant que je sais que je vais partir de cette expédition, j’ai pris quelques jours de repos, je remplis mes sacs sans fond, j’affute mes lames, je contrôle K’awill. Non tout doit-être parfait mais il y a une chose que je décale et que je vais devoir faire… prévenir Lin.

Je sais que la construction de son nouveau laboratoire prends du temps, beaucoup trop de temps d’ailleurs qu’elle a mis les pieds à la Capitale que lors de la fête du solstice. J’ai fait quelques sauts à la Ville Aquatique comme après ma mission avec ce Jack. Nous avons traversé tout le Royaume pour des fleurs, on a fait de la luge, on s’est perdu et … il s’est passé des choses étranges mais ce n’était pas ça qui intéressant. J’avais reçu de la part du commanditaire cette pierre de lien. Quand j’ai vu ce artefact, ma première pensée a été Lin, je vais lui donner même si c’est difficile à croire. Non pas que je charme un peu trop les gens, j’ai été trop proche de ce jeune homme que j’aide à dresser sa loutre ou même d’autres personnes mais Lin… elle était là dans mon coeur sauf que c’est à l’intérieur quoi !

Je me rappelle encore quand je lui ai donné la pierre de lien cassé en deux. J’avais peur que ça finisse encore comme le collier jumeaux ou j’avais pris la raclée de ma vie mais non au lieu de ça, j’ai eu un léger sourire de sa part. Nous ne disons jamais rien tout haut de ce qui se passe entre nous. Nous n’avions pas un contrat officiel dirons nous mais je revenais toujours la voir pour raconter toutes mes aventures. C’était comme un foyer, notre foyer même, je squattais le canapé et je commençais à parler pendant des heures pour raconter ma dernière expédition pendant que Lin écoute silencieusement. Je lui ai même dis que je faisais tout pour déchiffrer ses runes sur mon avant-bras mais même en usant de mes charmes légendaires, rien n’y fait, elle ne me donne jamais sa réponse.

Mais est-ce que je devrais partir avec ma pierre et mon collier jumeaux à l’expédition ? Je ne veux pas qu’elle ressente ma douleur, je ne dois pas mourir mais je peux me faire mal… voir pire mais je lui ai promis de ne jamais la faire souffrir mais si je veux être Saphir. Comme disait mon grand-père, on ne fait pas d’omelette sans casser d’oeuf ! Comme on ne mange pas de poissons en aller à la pêche, bon celle-là je n’ai jamais rien compris.

Enfin, mon grand-père était plutôt amusant à raconter ses histoires et quand je regarde ce croquis de notre famille qui était dans une des malles de ma chambre. Je me contente de sourire, elle était bien cette image, j’avais je crois une dizaine d’années et mon grand-frère s’amusait à me pincer le cou pour que je bouge à chaque fois. Ma mère hurlait de me calmer mais j’avais beau expliqué mon désarroi, mon frère continuait de m’embêter. Allez, fini les lamentations, finissons de ranger ma grange puis j’ai prévu de décoller chez Lin en fin de journée. Comme ça, elle ne sera pas occupée et elle sera toute à moi puis me trucider pour la bonne nouvelle !

- Bon, ce sac là… puis celui-ci ici… rangeons cette cuisine maintenant.    

Soudain une chaleur envahit mon cou. Qu’est-ce qu’il se passe ? Puis je touche la zone, c’était le collier jumeaux, je n’avais jamais vu le fonctionnement et je comprends aussitôt.

-  K’awill ! PREPARE TOI !  

Je vais avoir de l’avance à mon rendez-vous de téléporteur mais je vais m’arranger, ce n’est pas grave. J’attrape mon sac sans fond puis l’autre. Je saute directement du premier pour atteindre la partie écurie ou K’awill s’est redressé, prêt pour le combat.

- Lin a des ennuis !      

Puis il se mets en position, je jette la selle avec son harnais sur le dos. Je fixe le tout d’une précision exemplaire. Je fonctionne à l'adrénaline, Lin a des ennuis, elle m’appelle et je sais qu’elle est au village, la pierre de lien a du mal à fonctionner.

- Cours au téléporteur, triple galop.    

Je saute sur son dos, je plaque mon bassin contre la selle et nous voilà parti pour rejoindre le bâtiment. On en a pour une quinzaine de minutes mais ce qui me fait peur, c’est la traversée… Je vais perdre un temps monstre mais je n’ai pas le choix, il faut vraiment qu’elle demande au Gouverneur d’installer un portail là-bas, je gagnerai un temps de fou.

Nous arrivons au bâtiment, le garde fait des siennes mais à force d’argument et aussi questions de vie ou de mort, il me laisse passer avec ma monture. Nous traversons le champs et nous arrivons à Grand-Port avec cette sensation bizarre dont je finis par m’habituer au fil des voyages.

- Maintenant l'embarcadère K’awill.      

Encore une fois, nous avançons à vive allure, je sais qu’un prochain bâteau va partir, faut qu’on y arrive à temps, je ne peux pas attendre la prochaine navette surtout que le collier brûle de plus en plus comme la résonance de la pierre. On déboule dans les ruelles de la ville, comme à notre habitude, nous sautons un peu partout, évitant avec magie tous les passants et autres étales, c’est devenu un don chez nous.

-  Allez, on y presque !    

Comme dans les grands bouquins d’aventure. Tout le monde voit la scène où le mec sur le quai fait des grandes gestes qui hurle que le bateau va partir. Le héros, lui il croit, il va réussir à sauter sur le quai depuis le ponton avec une scène au ralenti et on se dit “ mais non, c’est que dans les livres ça “. Bah je vous apprends que je vis la même chose, sauf que je suis avec une loutre, le mec souffle dans une corne et le bateau c’est une navette magique qui a un dôme qui va se refermer.

-  Plus vite K’awill, nous devons arriver !    

Bon évidemment, quelques dérapages contrôlés, quelques tonneaux par terre, nous arrivons à pousser le matelot pour sauter sur le pont de la navette. Sauf que vu que nous avons fait tomber l’homme dans l’eau bah… la navette ne part tout de suite, il faut aller le récupérer. Tous les voyageurs me regardent mal mais bon je prends une sangle du harnais de K’awill et on se pose dans un coin avant le départ…

Lin, attends moi s’il te plait…

Le collier me diffusait les émotions de Lin, elle avait peur, elle était terrifiée. J’étais à des kilomètres d’elle encore et c’était la première fois qu’elle m’appelle à l’aide de cette manière. Je sais qu’elle contrôle sa magie et contrôle très bien son collier donc je sais que je dois aller la retrouver le plus rapidement possible.

Je tourne en rond dans la navette, essayant de comprendre les émotions que m’envoient Lin mais c’est flou, je ne suis pas enchanteresse moi ! K’awill a bien compris que j’étais sans dessus-dessous et fait son possible pour me calmer mais rien n’y fait. J’ai l’impression que la navette va lentement, trop lentement, le matelot d’un mauvais oeil. Les autres passagers s’éloignent aussi de moi, une aura noire m’entoure. Si quelqu’un fait du mal à ma Lin, je… je ne sais pas ce que je ferai mais il passera un mauvais quart d’heure.

D’ailleurs je trouve rien de mieux que de faire une petite blague au mec.

- Hey ! Tu connais l’histoire de la chaise ?    
- Euh…. non...
-Bah elle est pliante, ahahaha.  
- Okay…
- Ouais je sais… j’essaye de me détendre...  
- Je vous laisse hein !
- Ouais ouais… laisse moi.. J’ai besoin d’espace.  

Après ce qui semble l’éternité, la navette approche du ponton. K’awill se redresse vivement et moi je commence déjà à monter sur la selle. Le matelot essaye de protester mais le regard noir que je lance lui fermer le clapet.

- Tu sais ce qu’il te reste à faire mon fidèle destrier !  

Se penchant un peu plus, il attends les ordres et surtout l’ouverture de la porte. Tout le monde a préféré s’écarter car à la seconde que les portes s’ouvrent, un ouragan passe devant eux. On part tout de suite à son atelier puis ensuite on suivra la pierre de lien. La loutre prends le chemin le plus court et s’amuse à sauter les escaliers et autres obstacles. Nous étions venus déjà venus plusieurs fois et sa mémoire est bonne. Mon coeur à moi, il palpite à toute vitesse, non pas pour la vitesse mais par la peur. Je n’ai jamais eu aussi peur, Lin est en danger et je ne suis pas là pour la protéger. Je me souviens encore de son regard à notre expédition périlleuse, elle était terrifiée, elle ne bougeait plus, elle ne pouvait plus rien faire. Est-ce que c’était la même chose ? Je n’en savais rien car à peine devant son atelier, ma monture fait un dérapage et je saute en plein vol. Je frappe à la porte et personne ne réponds. J’attrape alors la pierre et essaye de comprendre son mécanisme. Tendant le bras de tel ou tel côté, je sens que c’est comme une boussole et choisis la direction qui me semble correcte. Nous allons moins vite, suivant les indications obscures de ce truc était compliqué mais au bout d’une vingtaine de minutes, nous arrivons devant un couvent.

Ca fait deux heures que j’ai reçu cet S.O.S mais je tente ma chance quand même. Je frappe à la porte et une soeur m’ouvre.

- Est-ce qu’une femme aux cheveux blancs est venue ici ?    

Je m’approche d’elle, apeurée mais quand je vois son regard, je dois lui faire peur.

-  Lin est en danger et je crois qu’elle se trouve ici !  
- Qu’est-ce que vous racontez, nous sommes dans un couvent Mademoiselle. Lucy ne permettrait pas une telle chose.
- Est-ce que vous avez vu cette femme ! Je m’en fiche de Lucy.  
- Oui nous avons vu Lin, il y a un peu plus de deux heures d’ailleurs, elle voulait explorer les sous-sol.
-  Je dois y aller ! Indiquez moi la route s’il vous plaît.  
- Vous ne pouvez pas rentrer comme ça ! Ce n’est pas un moulin.
- Poussez-vous ma soeur… ne m'obligez pas à utiliser la force.  

Elle se poussa  immédiatement, m’indiquant la direction à prendre.

- Merci !  

Je traverse les couloirs en dos de loutre, on croise quelques soeurs qui ne comprennent pas mais quand je vois la fameuse porte, je descends et l’ouvre avec fracas. J’active ma lampe magique et suis mon coeur, enfin le coeur de la pierre. Il y a des tonnes de couloirs, un vrai labyrinthe. La pierre chauffe dans ma main mais j’ai l’impression de tourner en rond alors je tente l’impossible.

- LIIIIIIIIIIN, c’est Carci, où es-tu !  

Rah mais je l’entends pas, peut-être que si… peut-être que non. Je crois entendre des bruits dans le coin mais ce sous-sol est un vrai labyrinthe. Qu’est-ce qu’il lui a pris de faire ça, elle a peur du noir enfin ça lui rappelle de mauvais souvenirs puis j’avoue qu’il fait un peu flipper. Je me concentre encore sur la pierre, c’est ma seule boussole, il n’y a qu’elle pour me dire le chemin. K’awill essaye de sentir sa trace mais il ne fait pas de bruit pour que je me concentre pour laisser sentir la chaleur qui envahit la pièce.

Je vais y arriver… je vais la retrouver… Je marche tout doucement, réfléchissant à deux fois sur les directions à prendre dans les croisements. Je marque à la craie mon chemin, on ne sait jamais et je sens que la pierre chauffe de plus en plus, je pense que c’est bon. Je finis par trouver une silhouette éclairée racontant des choses bizarres.

- Lin ?    

Je m’approche de la personne qui semble tituber ou que sais-je. C’était bien Lin mais elle ne semble pas m’entendre.

- Lin, c’est moi Carciphona !    

Elle ne se tourne toujours pas et finit par poser la main sur son épaule. Elle fait un bond quand ma main fini sur son épaule, elle se tourne. J’ai l’impression qu’elle va ma tuer ou peut-être que nous mais une fois qu’elle comprends la situation, j’essaye de la rassurer.

-  C’est moi Lin, tu m’as appellé. Tu vas bien ?  

Mais comme si j’étais un mirage, je finis de m’approcher d’elle. Posant ma seconde main sur sa hanche, K’awill s’approche aussi à son tour.

- Nous avons couru vite ! très vite !
-  Oui, nous sommes allés le plus vite possible mais ce n’était pas la porte à côté.  
- On a pris barque sous l’eau. Moi adoré barque sous l’eau.
- Lin, tu m’inquiètes…    

Puis je la prends dans mes bras, je ne comprenais pas ce qui arrivait avec elle mais dès que je le peux, je la fais sortir d’ici.

- Lin, je vais surtout te remonter...  

Elle était bizarre et je ne préfère pas la voir s’enfoncer encore plus dans ce labyrinthe. Je lui attrape la main et la tire avec moi. Elle se débat un peu au début mais à force de lui parler et de la rassurer, elle accepte. Enfin son subsconcient accepte, elle n’était pas avec moi. Il s’est passé quelque chose dans ce souterrain mais je ne sais pas encore quoi.

-  Lin, est-ce que tu vas vraiment bien ?  

Mais rien, toujours des paroles incompréhensibles mais une fois que je retrouve mon chemin, je finis par sortir du sol-sol avec une horde de bonnes soeurs qui m’attendent..

- O….oui ?    
- Cette petite a été punie !
- Elle n’avait pas le droit de venir  
-  Je ne vous comprends pas...
- Partez loin d’ici.
- Oui qu’elle s’en aille..
- Mais pourquoi ? Lin n’a rien fait de mal !    
- Cette femme est dangereuse, regardez, elle est devenue folle.
- Lucy n’a rien pu faire pour elle.
- Je ne sais pas de quoi vous parlez mais on va partir.    

Je sens le regard noir de toutes ses femmes, je ne sais pas ce qu’elle avait fait. Je ne vais pas la brusquer mais peut-être qu’elle finira par m’en parler de son passé qu’elle cache. Je la fais grimper sur le dos de K’awill et me glisse derrière elle. Nous prenons la route de son petit atelier. Je m’efforce à la tenir mais elle ne dit plus rien, je m’inquiète même à la cité enfouie, elle n’avait pas fait ça.

-  Lin… on rentre à la maison… ne t’en fais pas, on est bientôt en lieu sûr.  

Lin se débat tout le long du voyage, hurlements et j’en passe, j’essaye de comprendre pourquoi. Pourquoi elle m’avait appelé, pourquoi elle avait si peur si je ne devais pas la “ sauver “. Je l’aide à l’amener dans son ancien laboratoire mais à peine fait, je reçois un objet dur qui s’éclate contre mon épaule car j’ai eu le temps de me tourner pour m’éviter de me le prendre en pleine tête. Puis suivi tout un tas d’objets.

- Mais arrête ! Calme toi ! Explique pourquoi !

Je reçois maintenant une sorte d’assiette qui s’éclate sur ma tête et qui me fait un mal de chien. Je ne peux pas riposter car le problème pourrait bien être régler en quelques secondes et je prends mon mal en patience quand elle finit ses attaques pour la voir pleurer.

- Lin ?

Je m’approche aussitôt d’elle, j’ai encore des morceaux de poterie sur moi et dans les cheveux. Elle se débat, me frappe des poings sur le torse mais je me laisse faire encore. Elle continue ses pleurs, ses paroles, je comprenais même plus rien d’ailleurs. Juste qu’elle devait y retourner, trouver sa magie antique, blablabla. Je continue de m’avancer vers elle, la prenant dans mes bras et qu’elle évite de me frapper encore.

- Chut… puis c’est vraiment beau un pichon ?

J’essaye de détendre l’atmosphère mais rien n’y fait elle continue de s’énerver. Je n’ai pas envie de me battre contre elle aujourd’hui. J’étais venue pour péter les dents à celui qui lui avait fait peur mais pas pour pas la calmer elle.

- Mais tu t’entends Lin ? C’est qui cette Maman !? Tu es envoûtée par quelque chose et essaye de te reprendre un peu !

Lin était en pleurs dans mes bras, je ne comprenais pas pourquoi. Est-ce parce que je suis venue la sauver et que je n’aurai pas dû ? Que je me suis mêlée de ce que je ne devais pas ? Qu’elle a eu peur mais elle ne se l’avoue pas ? Tant de questions avec aucune réponse et aucun moyen de sécher ses larmes. Je me contente encore et encore de la serrer dans mes bras pour lui faire retrouver un quelconque réconfort.

-  Tu sais Lin… je sais que tu cherches ta mère mais ton subconscient te trahit… je n’ai entendu aucune voix, c’est ta peur qui t’a fait croire n’importe quoi...  

Elle finit par se détacher de moi, grimpant quelques marches pour chercher quelque chose dans son bazar. Elle finit par revenir avec sa trouvaille, une bouteille d’alcool bien dégueux certainement quand je vois la tête qu’elle fait quand elle essaye de faire sa fière à la boire. Je m’approche de nouveau vers elle et lui attrape la bouteille pour la poser plus loin. Je m’assois près d’elle, tirant ma gourde fontaine.

- Tu sais, l’alcool ne résout rien et j’ai beaucoup mieux tu sais !    

Attrapant l’un des sucres magiques que j’avais dans ma besace. Je le jette dedans et pense fortement à cette boisson au chocolat chaud avec de la mousse qu’on a goûté il y a quelques lunes de cela.

- Tu n’es pas folle Lin, loin de là. Tu dois juste vaincre tes peurs. Certains auraient hurler dans les couloirs sombres, d’autres pleurer, toi tu entendais cette voix. Chacun à sa façon de gérer sa peur et… c’est humain.  

Tendant la gourde fontaine avec sa boisson préférée, je lui affiche le plus sourire qu’il se doit.

- Tiens, c’est mieux ça.  

Je lui donne de force dans la main, l’invitant du regard à boire le contenu. Méfiante, elle sent puis je vois que ses yeux s’arrondissent. D’un regard, elle me demande si c’est bien ce qu’elle pense et je continue à sourire. Elle boit alors une gorgé et elle retrouve un peu son sourire.

-  Tu vois, c’est mieux non que ce truc dégueulasse !  

Elle continue de boire la boisson pendant que je m’approche près d’elle, ma main posée sur son épaule.

- Tout le monde a peur et si tu tiens vraiment à aller dans ses souterrains, nous irons toutes les deux, c’est un peu mon métier non ?    

Faire des escortes, des traques et autres explorations, c’était mon travail d’aventurière et pour elle, je lui ferai le prix qu’elle veut, j’accepte tous les moyens de paiement même.

- Donc explique moi pourquoi tu voulais en bas ? Tout comme ses soeurs qui avaient une dent contre toi, tu veux que je leur fasse une petite blague pour te venger, ça ne me dérange pas !  

Elle avait un peu mousse sur le dessus de ses lèvres et je lui pointe mes propres lèvres pour lui montrer. Puis on s’en fiche, je dépose mes lèvres contre les siennes et efface toutes les traces.

- Tu avais du chocolat et je voulais goûter !  

Puis je me mets à rire et attrape la gourde avant qu’elle ne boit tout et prends une gorgée.

Son sourire apparaît sur son visage maintenant que le chocolat fait de son effet ! Je savais que c’était la boisson parfaite pour ce genre de situation. Elle me parle ensuite de ses recherches mais aussi de son passé. Je restais attentive, je garde mon sérieux et je comprends maintenant son histoire, pourquoi elle ne fait pas confiance à n’importe qui. La seule famille qu’elle a eu… ils l’ont rejeté sans comprendre pourquoi, sans chercher plus loin alors qu’elle n’avait rien fait de son propre chef, elle a été manipulé par un homme qui a profité de son amour.
Mais je la vois qui pleure de nouveau, je ne savais plus quoi faire pour elle. La réconforter ? Lui dire de belles paroles ? Elle le sait tout ça déjà, elle a juste peur que ça se reproduise.

Je m’avance tout doucement derrière elle, glissant mes mains sur son ventre pour un câlin improvisé.

-  Tu sais que moi je connais la vraie femme que tu es. Une femme géniale, intelligente, honnête et passionnée. Je sais que tu as rien fais de mal et je comprends pourquoi tu ne veux pas me faire des armes, je ne te le demanderai plus jamais.  

Puis je pose mon menton sur son épaule et sert un peu plus ma prise sur elle.

- Mais je sais aussi que ce dôme t’intéresse mais tu ne peux pas aller seule là-dessous, surtout sans matériel. Tu sais, je me suis beaucoup améliorée et si on part avec ce qu’il faut, on aura rien à craindre, je te le promets, je ferai en sorte rien ne t’arrive !  

Puis je lui donne un baiser dans le cou.

- Puis je connais une enchanteresse qui me fera la meilleure lampe magique au monde et on sera comme la phare en plein milieu de la tempête, on nous verra de loin. Tu en dis quoi ?    

Puis je continue de lui donner un autre baiser dans le cou, elle se rebelle un peu mais j’arrête un instant.

- Tu sais, si tu as des peurs, des cauchemars ou autres, tu peux m’en parler. Je sais que je suis loin mais tu peux m'appeler n’importe quand. Tu as vu, je suis venue dès que j’ai senti ton appel. Je sais que tu as du mal à dormir, je le sais Lin. Tu as une mine affreuse mais je ne peux pas être avec toi tout le temps… peut-être un lumios t'aidera dans ton cas non ?  

Je lâche ma prise et la fait tourner sur elle. Je lui sèche ses larmes à l’aide de mon doigt puis je pose mes paumes sur ses joues que je m’amuse à appuyer pour qu’elle fasse des grimaces.


- Même si je suis moi, tu comptes énormément moi. Tu le sais ? Puis j’ai toujours une rune à déchiffrer sur mon avant-bras !    

Je relève ma manche et montre son oeuvre d’art.

- Donc ! J’ai un marché pour toi. Ce soir, dodo puis demain on commence notre expédition, je sais comment rentrer en douce dans un couvent, tu verras, c’est amusant !    

Comme entrée dans les vestiaires des femmes mais ça c’est une autre histoire..;

-  Hey ! Je vais réussir à la déchiffrer ! Ne sous-estime jamais la grande Carciphona ma belle !  

J’y arriverais, comment je ne sais pas encore mais j’y arriverai quoi qu’il arrive, c’est mon challenge en plus de devenir Saphir. Faudrait que j’aille voir les enchanteurs du Village Perché, ils sont plutôt baraque et je pense qu’elle ne connaît pas grand monde là-bas, il ne faudrait pas qu’on me balance. J’essayerai de faire ça après la quête. D’ailleurs, je devrais lui dire que je dois aller à une quête dangereuse dans quelques jours mais ce n’est pas le bon moment d’intensifier ses peurs, on fera ça demain ! Aujourd’hui, on lui redonne du courage.

- Plus important que t’accompagner ? Non du tout, pas pour les prochains jours. Je t’offre ma présence pour trois jours si tu veux !  

Largement assez pour finir ensuite de me préparer et une bonne nuit de sommeil avec d’aller à notre grand rendez-vous à la Guilde. Lin se décide à accepter mon plan infaillible, c’est à dire d’aller dans les souterrains du sous-sol cette nuit. Une bonne idée, on mange un peu, un peu de repos et on y va. Je la vois grimper vers sa partie maison et je retourne à l’entrée pour faire rentrer K’awill dans la laboratoire. Quelques caresses et voilà l’animal en plein milieu qui s’allonge de tout son long.

- Allez fait une sieste toi, tu en auras besoin.    

Faisans à moitié le mort, le voilà qu’il ferme les yeux pour un petit sommeil réparateur.

-  Allez, bonne nuit K’awill.  

Puis il retrousse ses babines pour un semblant de sourire sauf qu’il montre plus dents qu’autre chose mais l’intention est là. Je pars rejoindre l’enchanteresse dans sa maison adjacente. A l’image de son boulot, c’est le bazar ici ! Elle essaye de nous préparer quelque chose à manger, je n’étais pas aussi douée que Naë mais j’ai l’impression de mieux m’en sortir que Lin. En résumé, c’était une catastrophe. Je glisse derrière elle et attrape quelques trucs pour le repas. Nous faisons un menu à quatre mains qui ressemblent à quelque chose. Je prends de ses nouvelles sur l’avancée de son laboratoire, elle ne s’arrêtait plus après l’avoir lancer. C’était son rêve et maintenant que l’ossature extérieure et même le toit était monté, il restait le second oeuvre qui prenait un temps qu’elle juge trop long à son goût. Lin et la patience, pour ses enchantements c’est une autre histoire mais là… elle voudra que son labo soit déjà prêt avec feux d’artifices à la clé. On continue de rigoler ainsi pendant que ça cuit, je lui raconte mes dernières missions, mes aventures avec Jack et les nouvelles de la Capitale.

La vie était en perpétuel mouvement là-bas, nous étions des milliers et toujours des trucs à raconter par rapport à la Ville Aquatique avec un espace restreint qui est protégée par ce dôme. Bon nous on avait le Myrmidon, la Garde Royale et ceux dans la Grande Caserne mais bon ce ne sont pas les monstres le plus compliqués, juste les imbéciles d’hommes…

- Allez mangeons notre préparation.  

J’essaye de trouver un brin de table libre puis on finit par s’asseoir pour commencer à préparer le plan pour ce soir. Elle me dit les différents sous-sol qu’elle connaissait, le nom de certaines soeurs susceptibles de croiser, les plus grincheuses aussi puis le chemin qu’on va prendre entre l’entrée et l’accès. Je lui dis qu’elle pourra essayer mon super enchantement de partage d’invisibilité si elle le souhaite mais nous avons une chance de pas se faire remarquer sans, autant le garder pour plus tard.

- Héhéhé, on va partir en mission, rien que toutes les deux, ça va être amusant tu vas voir puis ensuite un gros dodo ! Tu en as besoin.  

Un petit sourire s’affiche sur le visage, je sais qu’elle croit qu’elle me dérange de prendre mon temps mais les aventures, c’est mon rayon puis à la perspective de l’aider me procure plus de joie qu’on pourrait le croire. Elle verrait enfin la Carci sérieuse, celle qu’elle connaît qu’un peu. A la Cité Enfouie, j’avais tellement peur qu’il lui arrive quelque chose que j’étais sur mes gardes mais là, je sais que le risque est minime donc on va bien s’amuser !

- Allez, finissons ça puis attendons une heure après le coucher du soleil pour être sûre, ce qui nous laisse deux heures pour faire la sieste.  

J’attrape son assiette à peine finie et la dépose près de l’évier. Pas le courage de faire la vaisselle mais je finis par trouver le canapé confortable, m’allonge de tout mon long avant de tendre les bras.

- Viens, ça nous fera du bien puis mets un de ses trucs enchantés qui sonnent quand il est l’heure, ton sablier hurlant sinon je vais demander à K’awill de faire alarme, il adore faire ça !  

Elle attrape son sablier et lui appose une rune avant de finir dans mes bras. Elle se cale contre moi, une jambe par dessus la mienne, je sens sa tête se caler contre mon épaule. Il a fallu que quelques minutes pour elle pour s’endormir. Elle était crevée et sa respiration douce fut un signe pour moi d’en faire autant. Allez une petite sieste et on part pour l’aventure !