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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Les Déménageurs de l'extrême
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Les Déménageurs de l'extrême
    Ven 3 Avr 2020 - 11:53 #

    Les Déménageurs de

    l'extrême




    Les bras croisés sous sa poitrine, Luz observait le propriétaire des lieux faire les cent pas dans le cabinet déserté. L’homme, grincheux, ne cessait de maugréer des imprécations dans sa barbe, armé d’une loupe et s’approchant du moindre éclat de bois suspect.

    « Et voilà, cette plinthe aussi est abîmée. Vous avez mis une chaise ici je présume ? En vous amusant à vous balancer et à la coller contre le mur ? »

    Pour la centième fois, Luz leva les yeux au ciel.

    « C’est une salle d’attente Monsieur, je ne m’amuse pas à m’asseoir sur toutes les chaises disponibles pour abimer vos plinthes. »

    La pièce spacieuse avait été vidée du moindre de ses meubles, tout comme le reste de la petite maison de rue. Depuis qu’elle avait accueilli Zahria sous son toit, elles s’étaient aperçues que l’espace disponible était peut-être trop restreint pour leurs deux vies professionnelles… L’Ombre méritait un bureau à part entière susceptible d’accueillir les éléments délicats qu’elle voudrait bien rapporter à la maison, et Luz espérait pouvoir davantage séparer l’accueil de ses patients de leur lieu de résidence. Oh, certes, la demeure familiale des Weiss était toujours disponible, mais elle se trouvait trop loin du centre de la Capitale pour être d’une praticité exemplaire. Les deux jeunes femmes avaient ainsi fait l’acquisition d’une maisonnée beaucoup plus adaptée à leurs occupations en termes d’espace. Elle disposait notamment d’une aile attenante que Luz avait entièrement réaménagée en cabinet médical. L’avantage de pouvoir mêler le salaire du Maître Espion et d’un médecin.

    Toujours était-il qu’il fallait à présent organiser ce foutu déménagement… Et le propriétaire de l’ancienne bâtisse était un homme de 57 ans bien décidé à garder pour lui la caution de l’établissement. Oh, Luz n’était pas à quelques cristaux près… Mais cet homme tâchait de l’entourlouper sans même s’en cacher, quitte à prendre des prétextes idiots pour la filouter. Et cette perspective n’était pas des plus plaisantes !

    « Ma propriété n’était pas du tout adaptée pour l’utilisation que vous en avez faite, Weiss. Mine de rien ça va me faire de sacrés travaux de réparation ! »

    « On ne dit pas mine de rien, mais gisement épuisé
    , bougonna-t-elle. »

    « Je vous demande pardon ? »

    « Non, rien, laissez tomber. Elle était nulle. »

    Elle se renfrogna, terriblement agacée par cette manie qu’il avait de prononcer uniquement son nom avec juste assez de flegme dans la voix pour paraître lui manquer de respect. Avec une once de désespoir, elle jeta un énième coup d’œil à la rue qui se laissait deviner par une fenêtre. Zahria, fort occupée en ce moment, lui avait garanti qu’elle dépêcherait prochainement quelqu’un pour l’aider… Luz ne pourrait de toute façon pas déplacer seule les multiples cartons et meubles qui patientaient encore à l’étage. Peu douée en négociations, elle échouait également terriblement à s’imposer à ce vieux et satané hibou rabougri…

    Il entamait d’ailleurs un nouvel hoquet de stupeur mal joué lorsqu’un coup rapide se fit entendre à la porte d’entrée. Ravie d’obtenir une raison valable de le laisser à ses railleries, Luz trottina presque jusqu’à l’entrée pour en ouvrir la porte à la volée. Un homme à la barbe broussailleuse et à l’air passablement ennuyé se tenait sur le seuil. Elle haussa un sourcil interrogatif et crut bon d’initier une once de conversation :

    « Bonjour ? Vous cherchez quelque chose ? Si c’est pour le cabinet médical, nous sommes fermés jusqu’à la fin de la semaine prochaine. Il faudra vous rendre à une nouvelle adresse. »
    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
    Informations
    Re: Les Déménageurs de l'extrême
    Sam 4 Avr 2020 - 10:46 #

    La porte sur la tête de Weiss, qui me remet pas vraiment du tout. J’ai l’habitude.

    « Journée difficile, hein ? »

    Bon, elle se rappelle pas, et j’vais éviter de tout lui raconter, ça serait vachement bizarre. Surtout maintenant. J’saute pas d’enthousiasme pour la mission du jour, mais un boulot est un boulot. Et mon boulot, c’est d’obéir aux ordres du Maître-Espion pour éviter de finir du mauvais côté de la Frontière. Autant dire que j’ai pas tellement le choix.

    « C’est Vrenn. Vrenn Indrani. C’est Zahria qui m’envoie. Le type qu’on oublie, tout ça, tout ça… »

    J’ai cru comprendre qu’elle avait soutenu Zahria pour ma capture, donc on a tout pour être amis, évidemment. Et l’Ombre dort encore suffisamment ici pour que j’sache que j’vais, finalement, aussi sûrement participer à déplacer une partie de ses affaires, des affaires d’espionne, des affaires qui doivent p’tet pas traîner dans toutes les mains. J’espère juste qu’elle aura fait ses cartons convenablement, et que tout n’est pas laissé n’importe comment, pasque j’ai pas spécialement envie d’y passer deux jours.

    Weiss me remet finalement, ou alors c’est le nom de Zahria qui constitue le précieux sésame, ce qui est le plus probable.

    Y’a un type qui examine à la loupe chaque centimètre carré du mur, et qui note chaque marque d’usure sur un bout de parchemin. Et le papier est déjà bien long à mon goût. J’observe son manège pendant quelques secondes avant qu’il lève les yeux vers moi.

    « Et vous êtes ?
    - Un ami, je viens aider le déménagement.
    - Je suis en train de faire l’état des lieux. C’est catastrophique. »

    J’louche sur le creux d’un millimètre qu’il pointe dans le mur.

    « Hm. »

    Weiss a l’air excédé derrière. J’me demande depuis combien de temps il est là. Au bout de quelques minutes supplémentaires du même spectacle, j’me dis que j’ai autre chose à foutre. J’implante une impression de déjà-vu dans son esprit.

    « Dites, monsieur, que faites-vous, exactement ?
    - L’état des lieux, je vous ai dit. Je pense déclarer tout ça à la Garde. »

    Il jette un regard en coin à Weiss en disant ça.

    « Ca tombe bien. J’suis officier supérieur dans la garde régulière. »

    J’sors une de nos fausses vraies plaques d’espion, celle qui va bien.

    « Et j’ai autre chose à faire que de regarder ce qui relève de l’usure usuelle d’une bâtisse ancienne. Avez-vous produit l’ancien état des lieux ?
    - Comment ça, vous êtes de la Garde ? Vous allez donc… »

    J’m’approche de lui jusqu’à ce que ça devienne inconfortable. Il essaie de reculer mais derrière, c’est le mur.

    « Vous savez, il ne faut pas abuser de ses pouvoirs de propriétaire pour garder les cautions, n’est-ce pas ? J’ai beau ne pas être actuellement en service, je reste assermenté.
    - Mais je fais un état des lieux tout à fait conven…
    - Vous connaissez l’histoire de Paf le chien ? Il traverse la rue, et Paf le chien. Vous suivez ? »

    Ses yeux vont de Weiss à moi, et j’sens qu’il réfléchit à s’il vaut mieux vraiment appeler la Garde ou pas. Il peut toujours, mais ça l’avancera pas des masses, après tout.

    « Si vous avez pas autre chose que des échardes à mettre dans votre état des lieux, laissez tomber, monsieur. Le Juge ne sera pas aussi compréhensif que moi. »

    Pas que j’connaisse de juges, mais il le saura pas. Puis j’dois pouvoir pousser un p’tit dossier dans le bon sens, maintenant.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Re: Les Déménageurs de l'extrême
    Sam 4 Avr 2020 - 13:23 #
    Elle mit du temps à le reconnaître. Encore que « reconnaître » était peut-être un terme un peu fort. Elle parut saisir des bribes de familiarité sur ce visage sans en identifier les origines. Zahria l’avait envoyé, qu’il disait. Elle plissa les yeux, l’invita à rentrer sans cesser de le dévisager. Si le nom de sa colocataire était rassurant, « Vrenn » allumait quelques alarmes dans le plus profond de son inconscient. Le type qu’on oublie… ? Comment était-ce possible ? S’étaient-ils déjà croisés par le passé ? S’étaient-ils appréciés ? Disputés ? Combien de souvenirs avait-elle perdu à cause de lui, de connaissances précises et de précieux savoirs… ? Elle perçut instinctivement que le pouvoir de cet homme ne cessait décidément de lui être douloureux. Raide comme une corde d’arc, aussi méfiante qu’un chat hérissé, elle le laissa rejoindre la salle d’attente où s’agitait toujours son fichu propriétaire. Il y prit rapidement les choses en main.

    La méfiance de Luz se mua progressivement en stupeur. Ah. Zahria lui envoyait donc des gens utiles, et pas seulement douteux. Heh, n’était-ce pas tout de même un tantinet illégal là… ? S’agissait-il d’intimidation ? Le propriétaire lui jeta un rapide coup d’œil par-dessus l’épaule de Vrenn. L’air de dire « Vous n’allez tout de même pas le laisser agir à sa guise et me parler sur ce ton ?! ». Alors, Luz vint subitement s’abimer dans la contemplation d’une poussière du parquet qu’elle avait omis de balayer. Réprimander l’homme qu’on oublie, très peu pour elle. Et s’il claquait des doigts et qu’elle venait à oublier son propre prénom… ? Elle avait bien des priorités dans la vie, et Alzheimer à 25 ans n’en était clairement pas une.

    Personne n’avait pris le soin de lui détailler comment fonctionnait ce maudit pouvoir après tout, ni même s’il existait des moyens de s’en prémunir. Peut-être devrait-elle glisser un mot à Zahria à l’avenir. L’avertir sur les potentielles conséquences lorsque l’on s’entichait d’un mauvais garçon. Luz dut faire un effort pour arrêter là les élans fous de sa paranoïa. Zahria s’entourait simplement de personnes compétentes, et il était indéniable qu’un tel pouvoir constituait une ressource précieuse pour un espion. Cela ne signifiait en rien qu’ils s’enjaillaient dans des parties de jambes en l’air endiablées. Les espions, c’était sérieux. Un vrai groupe de Gardes qui veillaient à la bonne sécurité du Royaume !

    « J’avais fini cet étage de toute façon, finit par capituler le vieil aigri. Je ne suis pas comme vous, moi, je dois gagner des sous pour nourrir ma famille et m’épuiser le dos tous les jours ! »

    Il adressa un regard venimeux aux deux « amis » tout en les contournant et prit le chemin des escaliers.

    « … Merci, glissa Luz à Vrenn, malgré tout soulagée d’avoir été tirée d’une situation épineuse. »

    Allons, cela ne lui ressemblait guère de se montrer hostile envers les collègues de Zahria. En dépit de ses aprioris, elle n’avait pas non plus souvenir que ce Vrenn ait fait preuve de la moindre violence envers elle. Il méritait bien une présomption d’innocence non ? Sa colocataire ne l’aurait jamais envoyé ici aujourd’hui si elle n’avait pas une parfaite confiance en lui. Et il venait justement d’attester de ce fait. Tout en l’invitant à se diriger vers l’escalier pour la suite du programme, Luz crut bon de faire un effort pour mieux nouer connaissance :

    « Tu as l’air d’aimer les blagues. J’en ai une bonne si tu veux. Une magnifique petite fille se rend à la boulangerie de son quartier et demande une baguette de pain, poursuivit-elle sans attendre la moindre confirmation de sa part. Charmée, la boulangère entame la conversation :
    "- Comment t'appelles-tu, ma mignonne ?
    - Pétale, madame.
    - Oh, comme c'est beau ! Et comment tes parents ont-ils eu une aussi belle idée ?
    - Lorsque je suis née, un pétale de rose s'est posé sur mon berceau.
    - Ooooh comme c'est mignon ! As-tu un petit frère ou une petite sœur ?
    - Oui, madame. Une petite sœur.
    - Et comment s'appelle-t-elle ?
    - Poutrelle, madame."


    C’est drôle n’est-ce pas ? »

    Et elle se fendit d’un rire, toute à son humour particulier. Sur le palier du premier étage, le propriétaire eut une grimace incrédule à son égard. La praticienne parut se reprendre à cet instant et en revint à des priorités plus sérieuses :

    « Ah, attendez ! Nous n’avons pas fini de déménager plusieurs affaires de la pièce du fond. Il reste également quelques meubles dans le salon. Vous deviez initialement ne venir que demain, je vous rappelle… »

    « Et alors ? Ça m’empêche de passer vérifier que votre déménagement se déroule bien ? Je suis un propriétaire soucieux de ses locataires, Weiss. Vos petites affaires personnelles ne m’intéressent guère, tant qu’elles n’abîment pas mes plinthes. Vous avez intérêt à avoir libérer et nettoyer cet espace avant demain 9 heures ma petite dame. Et ce n’est pas votre ami, là, qui vous aidera à ne pas respecter votre contrat… »

    « Les affaires de Zahria sont dans la pièce du fond
    , ajouta-t-elle cette fois-ci à l’exclusive attention de Vrenn. »

    Quelques meubles subsistaient dans la pièce principale, tels qu’une commode et la table d’appoint. Ignorant sciemment le petit homme qui fulminait toujours, son regard se fit plus interrogatif :

    « Cela ira, pour m’aider ? Tu n’as pas de problème de dos ? Nous avons l’après-midi pour déplacer tout cela dans la carriole en bas… On devra peut-être faire ça en deux fois… Heureusement la nouvelle maison n’est pas très loin. »

    Fallait-il commencer par les affaires confidentielles de Zahria… ? Si tant est qu’ils parviennent à mettre définitivement à la porte leur indésirable visiteur !
    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
    Informations
    Re: Les Déménageurs de l'extrême
    Jeu 9 Avr 2020 - 16:52 #

    C’est pas tout ça, mais j’suis venu pour déplacer des trucs et transporter des machins, moi, pas pour faire le service d’ordre avec un p’tit vieux qui ferait mieux de tomber dans l’escalier et foutre la paix à tout le monde. Donc j’laisse Weiss continuer à se le coltiner, et j’vais dans la direction qu’elle m’indique, à savoir le bureau du fond. J’ai tout un tas d’instructions à respecter, personnellement, pour m’assurer de la bonne manutention de ses dossiers.

    Mais avant de me diriger vers le couloir et la pièce du fond, la toubib m’pose une autre question.

    « Ouais, t’inquiète pas pour mon dos, ça devrait aller. Et on fera le nombre d’allers-retours qu’il faudra, hein, ça fait partie du boulot. Toi, ça ira ? J’sais pas si t’as l’habitude de porter des choses lourdes. Sinon, j’aurais demandé à Jack de venir filer un coup de main… »

    J’crois que ça mérite de se questionner sur ma vie sociale, si le premier type auquel je pense, c’est un ancien collègue que j’ai pas vu depuis des semaines, avant de passer à l’ombre, puis au tribunal, puis chez les espions. M’enfin ça change pas tellement de d’habitude, juste que j’voyais davantage mes collègues examinateurs que les espions maintenant, vu qu’on est toujours à vadrouiller par monts et par vaux.

    N’empêche, même avec juste un vague souvenir de moi, Jack serait venu donner un coup de pogne, ça n’fait aucun doute.

    J’ouvre la porte du bureau privé de la patronne, et j’prends la mesure de ce qui m’attend. Sans grande surprise, c’est un bordel monstre de paperasse qui s’accumule un peu partout, avec des caisses à moitié remplies, de traviole, sans aucun classement. Elle m’a dit que les papiers les plus importants étaient soigneusement rangés et planqués, mais en toute franchise, j’suis pas sûr que le maître espion ait des parchemins qui soient triviaux, quoi qu’elle en dise…

    J’empile d’abord sans trop faire gaffe tout ce qui se trouve sur le bureau, en y jetant juste un coup d’œil. C’est des brèves qui viennent de tout le pays, donc rien de bien intéressant. Tout arrivera dans les nouvelles, par le bouche à oreilles des marchands, d’ici quelques jours. Ça permet simplement d’avoir un coup d’avance sur l’actualité, et le pousser dans le sens qui convient le plus à la Couronne. Nan, les notes plus intéressantes sont dans le meuble d’abord, derrière les serrures verrouillées.

    Zahria a proposé de me passer la clé, mais j’ai eu la flemme, j’lui ai dit que j’me démerderai avec mon rossignol, ce que j’fais donc. J’ai même hésité à prendre le temps de crocheter ça proprement, mais elle a p’tet une sécurité en place pour un genre de combustion spontanée, et elle ferait sûrement la gueule si tous ses précieux dossiers partaient en fumée.

    Le rossignol se coule dans le trou de la serrure et cliquète avec un son tout à fait satisfaisant en s’ouvrant. J’sors les liasses de papiers qui s’y trouvent, et j’regarde ce qu’il y a. Y’a pas de mal à être curieux, surtout si ça peut aider ma propre survie. Mais manque de bol, tout est codé. Et si la clé doit pas être si sorcière, j’ai autre chose à foutre. Bon, tant pis.

    J’fourre le tout dans mon petit sac sans fond. Pas de raison de laisser traîner dans une caisse sur une charrette que tout le monde pourra voler. Ça serait vraiment la misère si ça arrivait, et la patronne trouverait ça assez moyennement rigolo, après tout.

    La prochaine étape, c’est de trouver la bonne latte du plancher à soulever, et chopper les trucs encore plus importants qui s’trouvent dedans. Et qui, connaissant Zahria, seront encore plus codés. Au moins, elle est prudente avec certaines données. Ou alors c’est des restes du maître-espion précédent. J’me demande comment il était réellement, tiens. A chaque fois qu’elle en parle, c’est avec un mélange curieux d’énervement et d’admiration.

    J’ai compté soigneusement en partant du mur avec la peinture moche, et j’commence à soulever le bout de bois avec la pointe de mon couteau quand le p’tit vieux rentre.

    « Qu’est-ce que vous faites à mon parquet ? »

    Putain, j’lui colle une baffe ? C’est du matériel classé confidentiel, après tout…

    « Je récupère les affaires cachées sous le parquet.
    - Vous abîmez ma latte ! Ca ne se passera pas comme ça !
    - Ca, on verra, mon bon monsieur. Je vais maintenant vous demander de sortir et d’arrêter de consulter des documents qui ne vous regardent pas.
    - J’exige de regarder ce que vous faites à mon par… »

    J’regarde derrière, vers Luz Weiss, en haussant un sourcil. Si elle fait rien, ce sera moi, mais j’gère pas les conséquences.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Re: Les Déménageurs de l'extrême
    Sam 18 Avr 2020 - 23:10 #
    Luz poussa un soupir à fendre l’âme, les murs, et les fondations de la baraque avec. L’espace d’un demi-millième de seconde, elle fut tentée d’ignorer le regard insistant de son aide du jour, mais un je ne sais quoi dans la coupe acérée de ses prunelles la convainquit de venir au secours de ce pauvre homme. Le propriétaire bien entendu. Celui qui se ferait probablement suriner dans un coin tranquille à l’arrière de la maison. Elle doutait qu’il serait parfaitement ravi en découvrant que ses tripes s’apprêtaient à pourrir son beau parquet tout neuf. Alors, les mains pleines d’un bordel en tout genre couronné d’un magnifique coussin, Luz improvisa. Elle se rapprocha de lui d’un saut de chat, prétendit se prendre bruyamment les pieds dans un obstacle invisible, et dans un « Ah ! » qui acheva de le retourner vers elle, se retrouva à déverser entre ses mains surprises tout son chargement. Pas convainquante du tout, la main de Luz fila cacher le « Oh » d’exclamation que dessinaient à présent ses lèvres.

    « … C’est une blague j’espère Weiss ? »

    Le raclement sec d’un couteau soulevant une innocente latte de parquet retentit très clairement dans l’air. Elle lorgna le jeune homme au travail, de toute évidence totalement indifférent à la tension présente. Bordel de… Elle agrippa le coude du propriétaire lorsqu’il tenta de se retourner pour reprendre ses imprécations et l’entraîna à sa suite vers le salon. Il était grand temps d’instaurer un bon vieux passif agressif des familles et de cesser d’attendre le moindre bon sens de sa part.

    « Puisque vous avez tout cela dans ses bras, vous pourriez aider une faible femme à déménager n’est-ce pas ? Vous êtes si prévenant après tout, et je n’ai jamais laissé une seule de mes dettes impayées… »

    Le mot « dette » plus que la perspective d’accomplir une bonne action le fit enfin réagir. Il grommela bien sûr, mais consentit à débarrasser l’étage de sa trogne courroucée. Elle n’attendit pas qu’il revienne pour emmailloter solidement la petite table d’appoint à quelques cartons à l’aide d’une ficelle, et tira celle-ci jusqu’en haut de l’escalier. Elle était parvenue à stocker pas mal de verreries sans rien casser et escompter bien poursuivre ce miracle jusqu’à leur prochaine demeure… Elle jeta un rapide regard par-dessus son épaule, avisant l’établi qui contenait la plupart de ses plantes médicinales. Mieux valait les déplacer en dernier, elle craignait autrement d’entacher leur fraicheur. Certaines potions étaient particulièrement fragiles et un roulis de charrette aurait tôt fait de les abîmer.

    « Ah tiens, puisque vous revenez et que cette table bloque la porte, aidez-moi donc à la faire descendre ! »

    Elle prétendit manquer de force, et le coin de ladite table frôla de quelques millimètres le bois lustré du cadre de l’entrée. Le vieil homme eut un brusque reflux d’air, la mine blanche comme un linge. Il s’élança plus qu’il ne monta les escaliers, redressant la table tout en réprimandant l’évidente maladresse de sa locataire.

    « Bon sang, et vous soignez des gens ! Vous ripez pareil quand vous les recousez ?! Les études médicales c’est plus ce que c’était, on laisse vraiment n’importe qui avoir son diplôme à la Capitale… »

    « Rendez vous compte, j’ai même gagné mon diplôme en tirant aux dés
    , se moqua-t-elle sans même s’en cacher. »

    « J’en étais sûr. A voir votre tête Weiss, je savais que vous m’apporteriez des ennuis. »

    Ils installèrent leur paquet tant bien que mal à l’arrière de la charrette, et elle resserra le tout de quelques sangles, les dents serrées par l’effort. Elle se frotta les mains l’une contre l’autre pour se débarrasser de la poussière qui y était prise, et avisa le regard noir que lui accordait son propriétaire.

    « Et en plus, vous vous permettez de ramener des hommes toute l’année chez vous… Vous n’avez pas honte de ne pas être mariée et de vous adonner ainsi à une espèce de cour de quartier ? Encore un nouveau visage que je ne connaissais pas et qui tombe dans vos filets ! »

    Il ponctua sa phrase d’un doigt dressé vers l’étage où travaillait toujours Vrenn.

    « Non, celui-ci, il est à ma colocataire et… »

    « Ah. Donc vous aimez aussi les femmes, plus rien ne vous arrête ! »

    Bon, la conversation risquait d’être compliquée. Pouvait-elle sciemment demander à Vrenn de faire tomber un meuble, de préférence lourd, de la fenêtre… ?

    « Vous me cassez foutrement les pieds, Monsieur Jaribard. C’est aussi ce que dit votre fille lorsqu’elle vient me consulter pour des services personnels. Et croyez-moi, il y a de nombreux aspects d’elle que vous ignorez et qui m’ont semblé tout à fait charmants. »

    Elle eut un mouvement irrité du poignet, l’air de dire que ce n’était plus son problème à présent. Elle n’attendit pas de réponse de sa part et s’engagea dans les escaliers, à présent tout à fait fatiguée.

    « Hey ! Une bière fraiche pour l’effort, ça te dirait ? héla-t-elle Vrenn, s’affairant déjà dans la cuisine dans l’espoir de se requinquer. »
    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
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    Re: Les Déménageurs de l'extrême
    Sam 9 Mai 2020 - 11:01 #

    Putain, mais qu’il est chiant, le propriétaire. C’est fou, ça, le mien est pas comme ça. Enfin, la mienne. Elle apporte des cookies gloobies à ses locataires de temps en temps, elle demande des nouvelles, elle maintient les parties communes propres, et elle me salue à chaque fois qu’elle me croise, même si elle se souvient que très vaguement de qui j’suis… Enfin, plus précisément, elle est persuadée que mon appartement est occupé par quelqu’un qui sort jamais, et que j’suis un genre de travailleur social ou d’ami qui vient assurer un peu de contact humain.

    Et maintenant, y’a Zahria qui vient aussi, donc elle doit se dire que le dépressif chronique qui vit à l’intérieur va de mieux en mieux, qu’il sortira p’tet même un jour pour voir la lumière du soleil et tout. J’suis sûr qu’elle a déjà préparé des cadeaux pour le mettre à l’aise, l’assurer de tout son soutien, ce genre de conneries. Bref, elle est adorable. Au début, ça m’a beaucoup perturbé, j’ai hésité à lui jouer des tours, mais finalement, j’ai laissé pisser.

    N’empêche que si j’avais eu Jaribard en proprio, je l’aurais rendu fou, ou j’aurais déménagé plus vite. Probablement les deux, on va pas se mentir. Le fait d’être oublié donne pas mal de temps libre, largement suffisamment pour lui faire péter un câble et que ses enfants l’envoient dans une maison de retraite à la campagne, là où il fera plus chier personne avec une paranoïa galopante qui serait justifiée.

    Mais j’ai plus le droit. Difficile, de sortir des ornières déjà si bien tracées de mes habitudes. A chaque fois, j’commence à échaffauder une idée et elle se casse la gueule pasque les fondations sont devenues du sable au lieu de la belle pierre qu’il y avait auparavant.

    J’ai fini de récupérer les documents que Zahria veut pas voir répandus aux quatre vents dans mon sac sans fond, sans parvenir à les déchiffrer, et j’résiste à la tentation d’en photographier quelques-uns dans mon cadre magique. Ça m’aurait permis de travailler un peu le décryptage, mais d’un autre côté, ça n’a jamais été tant mon rayon, et si j’me fais chopper par des ennemis du Royaume qui eux y arrivent, j’aurai aucune idée de ce qu’ils vont trouver… ça se trouve, c’est l’intégral de ma biographie qu’est écrit là. Une ironie que j’mettrais pas au-delà de la patronne, tiens.

    Et si c’est elle qui me pince, ça sera douloureux, à de multiples égards. Voire mortel.

    Fils à la patte. J’me gratte le nez et j’enquille.

    Et pour enquiller, il va être temps. Weiss propose justement une bière histoire de se requinquer. Pas qu’on ait fait grand-chose jusqu’à présent, mais il faut bien ça pour rendre le turbin plus agréable.

    « Ouais, avec plaisir. Tu sers quoi ? Une blonde légère, si t’as, pour éviter de trop tomber dedans et juste se désaltérer. C’est qu’on a encore du boulot, hein… »

    Dans ce genre de quartier, je crains pas trop qu’un voisin entreprenant viennent faucher la table de nuit posée sur la charrette, mais on sait jamais. Donc on s’pose au soleil, avec Jaribard qu’est plus loin et qui nous regarde en grommellant. Qu’il grogne, c’est bon pour son cœur, sûrement. Enfin, Weiss le saurait mieux que moi. On trinque doucement et j’avise ce qu’il reste à transporter : les quelques meubles du bureau de Zahria, puis les gros machins qui traînent. La journée est pas prête d’être finie, hein…

    Elle peut pas être comme les autres nobles et avoir du petit personnel, tiens ?

    « Du coup, vous déménagez à cause du propriétaire, ou juste pour avoir une meilleure barraque ? »

    J’connais déjà la réponse, évidemment, mais faut bien faire la conversation.

    « Paraît que vous avez un machin énorme, en plus, maintenant. »

    Ça lui évitera de foutre ses mains pleines de doigts dans le matos du maître-espion, j’suppose.

    J’vide les dernières gorgées de ma bière et j’m’étire. Y’a quand même des bons côtés aux déménagements, et c’est bien de pouvoir se poser dans un rayon de soleil pour en descendre une. J’me gratte le ventre et la cicatrice qui commence à s’y dessiner.

    « Allez, ça va pas se finir tout seul, j’vais achever de descendre le contenu des bureaux, d’acc’ ? Appelle-moi si t’as besoin d’aide. Enfin, gueule, quoi, j’viendrai. »

    Ouais, j’tablerais pas sur le fait qu’elle se rappelle de mon prénom, vu qu’on fait plutôt que se croiser dans la maison…
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Les Déménageurs de l'extrême
    Dim 10 Mai 2020 - 15:44 #
    « Ah, bière blonde, j’ai pas… »

    Elle retint un soupir et passa sa main sur son front, en partie pour en chasser la fatigue. Elle héla Vrenn à travers la maison et lui indiqua qu’elle n’en aurait que pour cinq petites minutes. Allons, affairé comme il l’était avec les affaires secrètes de Zahria, elle doutait qu’il se rende compte de toute façon de son absence… Elle attrapa la sacoche contenant ses cristaux qui avait glissé dans un coin et dévala les escaliers. Elle se figea à l’entrée et glissa subrepticement un œil par l’entrebâillure de la porte. Aucun signe de Monsieur-ma-latte-de-parquet. Un soulagement imperceptible la gagna tandis qu’elle s’engageait dans la ruelle la plus proche. Son propriétaire avait donc enfin décidé de les laisser finir seuls ce foutu déménagement… Elle espérait qu’il ne reviendrait pas avant le lendemain, à l’heure de la visite d’état des lieux. Pour l’heure hé bien, elle connaissait une petite échoppe pas très loin qui proposait bon nombre de produits alimentaires de premiers secours. Elle ne comptait plus le nombre de fois que cette boutique lui avait sauvé la vie à des heures indues !

    Elle entra donc dans l’échoppe et opta pour l’achat d’un panier de quelques bouteilles de bières blondes. Elle déposa les cristaux sur le comptoir, remercia la propriétaire et fit le chemin inverse, portant son lourd fardeau sur une épaule. Prévenante, la vendeuse les avait laissées plusieurs jours dans sa cave, ce qui procurait aux boissons une fraicheur non négligeable en cette journée de travail harassant… Jaribard-Jarretepas choisit cet instant pour ressurgir d’une rue attenante, un éternel grommèlement sur les lèvres comme un vieux refrain beaucoup trop bien appris.

    « Encore dans mes pattes Weiss, vous le faites exprès ! »

    « Vous êtes encore là Monsieur Jeripas ?! Vous n’avez pas un goûter à prendre, ou quelque chose du genre ? »

    « Plutôt que de la faire traîner dans toutes les bouches du quartier, surveillez votre langue Weiss ! Je passais simplement voir un autre de mes locataires. Vous n’êtes pas le centre du monde. »

    Elle leva les yeux au ciel, le contourna d’un pas vif et reprit sa route sans daigner prendre la peine de lui retourner sa charmante cordialité. Entendre ses bougonnements durant les cinq minutes que dura sa progression dans la rue fut amplement suffisant pour sa peine.

    « Je dirais, surtout pour le confort de Zahria, répondit-elle un tantinet plus tard à la question posée par Vrenn, tandis qu’ils dégustaient leur rafraichissement. Contrairement aux apparences, le proprio ne venait jamais plus d’une fois tous les six mois –ce qui entre nous était déjà bien trop. Mais vu que cette maison de village n’est pas du tout adaptée à une vie à plusieurs, et encore moins aux… Activités de notre amie commune… Il faut bien en changer. »

    Elle coula un regard de connivence à Vrenn et haussa les épaules, l’air de dire qu’il connaissait déjà le reste de l’histoire. Elle n’avait jamais été d’une discrétion exemplaire de toute façon, et misait bien davantage sur le fait de ne surtout pas savoir de quelle nature relevaient les affaires de Zahria. Elle acquiesça donc lorsque son aide du jour sonna le gong de la reprise et regagna l’étage pour s’attaquer enfin à une plus grosse proie : l’armoire qui contenait d’ordinaire la nourriture sèche. Désireuse de ne pas déranger Vrenn dans ses propres tâches –oui, il la rendait toujours aussi nerveuse qu’un cheval de lune à proximité d’un kiripik, la praticienne retroussa ses manches, fit la moue, et attrapa à bras le corps le meuble fort encombrant.

    Elle parvint à faire quelques pas de danseuse sur le fil, s’attirant au passage une ou deux échardes, avant de proprement manquer la première marche de l’escalier. Elle eut le réflexe saugrenu de se propulser d’un coup de talon pour se rattraper malgré tout au placard, meuble qui heurta donc le mur adjacent et se retrouva coincé, suspendu dans les airs entre les deux murs de l’escalier, Luz plaquée sous lui comme une vieille tortue retournée. Un râle lui échappa tandis qu’elle tentait vainement de remuer en tous sens pour se dégager, les coins de l’armoire malheureusement trop profondément ancrés dans les deux murs en un sillon de plâtre. Le propriétaire n’allait pas du tout aimer. Et par Lucy, cette arrête de marche n’était pas des plus agréables, compressée contre son dos !

    « … VRENN, hurla-t-elle alors à s’en décrocher les poumons, telle une digne maraîchère sur la place du village le dimanche matin. Je vais avoir besoin de ton fameux coup de poignet… »

    Ce fut cet instant que choisit une Dame de bonne famille qui passait dans la rue pour glisser un œil scandalisé par l’ouverture de la porte. Luz lui retourna un déhanché de carpe agonisante, arrachant quelques fils à son pantalon de travail. Elle dut se contorsionner pour apercevoir pleinement l’auteur du glapissement en contrebas, et l’interpella sans le moindre ménagement :

    « Mais allez donc chercher de l’aide, vous, plutôt que de me regarder comme ça ! »
    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
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    Re: Les Déménageurs de l'extrême
    Dim 17 Mai 2020 - 9:45 #

    ‘Tain, elle est sympa, quand même, de partir acheter. J’ai proposé de la blonde pasqu’il fallait bien dire quelque chose, après tout. Brune, rousse, blanche, ça allait, aussi, c’était pas la peine de s’embêter comme ça. Enfin, j’vais pas m’en plaindre, ça m’en fera une bien fraîche et légère, dans quelques instants. C’est qu’en plus, j’avance bien. L’air de rien, y’avait p’tet même un classement sous-jacent, avant que j’entasse tout sans me poser de questions dans mon petit sac sans fond.

    Restent plus que les meubles à trimballer, et le bureau sera galère à faire tout seul.

    J’sais pas trop quoi répondre à Weiss quand elle évoque à demi-mot le véritable métier de Zahria. Ça me semble pas très sécurisé, de faire comme ça, même pas tant pour les papelards codés ou non de la maître-espion, que pour la nana qu’habite avec, et qui s’expose à une mauvaise surprise un de ces quatre, si jamais. Genre si quelqu’un veut se venger d’Ombre, ou d’une de ses multiples couvertures, et décide de le faire en passant par les gens qui lui sont proches, par exemple. Comme y’a eu avec la gamine, là, dont le nom m’échappe tout le temps.

    Enfin, j’suppose, j’espère, qu’elles ont pesé les risques et que c’était une bonne chose. Ça s’trouve, Weiss craint rien. J’sais même pas ce que c’est, son pouvoir. Faudrait que j’me renseigne, à l’occaz. En plus, c’est pas impossible que certains parchemins parlent de moi, alors c’est p’tet mieux si j’m’assure d’être couvert aussi. D’un autre côté, si c’est la maître-espion qu’est eue, ça paraîtrait pas déconnant qu’on tombe avec, nous les grouillots.

    Hm. Désagréable, comme sensation.

    J’suis appelé plus tard par la voix de la colocataire, que j’vois prise au piège dans l’escalier sous un meuble beaucoup trop imposant. Il est p’tet léger ? Attends, mon fameux coup de poignet ? C’est censé vouloir dire quelque chose ? Paraît que les gonzesses parlent de tout entre elles mais… Oh, et puis merde.

    Par l’autre côté, j’vois un boucher, d’après son tablier taché de sang, prendre l’autre côté du meuble. Toujours des masses, les bouchers, à force de trimballer des quartiers de viandes de esses en esses.

    « Oh hisse, la saucisse ! Qu’il s’exclame. »

    Ouais, des masses, mais pas finauds, hein. Néanmoins, à deux, on soulève le meuble pour permettre à

    « Allez, on le descend ? Que j’propose. »

    Il hoche la tête avec l’air détendu pendant que ça tire dans mes bras. Et en plus, c’est lui qu’est en bas, là où il porte le plus. Un peu plus et j’ai envie de le pousser doucement pour qu’il tombe sous le meuble à son tour, ça lui fera du bien, tiens. Mais si ça abîme les trucs ou qu’il se blesse, y’aura plus personne pour aider… Et c’est pas que j’me fais chier, mais j’visualise d’autres façons de m’amuser, en fait.

    On le pose sur la charrette prévue à cet effet, et il s’essuie les mains sur son tablier. Alors que j’réfléchis à comment le convaincre d’aider à faire le reste des trucs gros, lourds, et encombrants, Weiss arrive et échange quelques mots avec lui, suffisamment pour le convaincre de laisser sa boutique une dizaine de minutes à sa fine équipe.

    Donc j’me retrouve à courir avec lui, alors qu’il a encore son hachoir passé à la ceinture, de meuble en meuble. Et il fait ça sans que sa respiration s’accélère, calmement. Un peu plus et il chargerait tout sur son épaule, et arrêterait de m’attendre, vu que j’lui fais perdre pas mal de temps.

    « Et vous faites quoi, dans la vie ? »

    Ça y est, il commence à me parler.

    « Garde, au Guet.
    - Aaaah.
    - Ouais. Boucher ?
    - Oui, juste un peu plus loin dans la rue. Le Docteur Weiss vient souvent. Mon grand-père servait déjà son grand-père, rendez-vous compte !
    - C’est fou.
    - N’est-ce pas ? »

    Y’a pas à dire, on fait des belles rencontres.

    Mais avec son aide, ça va vachement plus vite, indéniablement, au prix d’une conversation au ras des pâquerettes. Et une fois le moyen de transport chargé, il restera plus grand-chose. Weiss ferme à clef, et monte pour saisir les rênes. J’m’assieds de mauvaise grâce à côté.

    « Merci, Arnaud !
    - Mais de rien, c’était un plaisir, Docteur Weiss, Vrenn. J’espère que vous reviendrez quand même m’acheter de la viande ! »

    Un bon commercial, ça devait lui faire du chiffre, tiens, à force.

    Bon, et dire qu’on n’a même pas fait la moitié, et que y’a pareil à faire à l’arrivée, pour décharger… Quelle merde, putain.
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    Re: Les Déménageurs de l'extrême
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