Ça fait quelques jours que je suis revenue de mon escapade du Village Perché pour cette fameuse mission diplomatique d’une semaine. A mon retour, j’essayais de faire la même chose qu’avant prétextant peut-être trop de travail et curieusement Nyx aussi. Je passais mes nuits à me demander si elle avait découvert mon secret si on lui avait dit ou seulement j’étais en train de psychoter encore. Mais le manque de sommeil, mes pensées sombres ne me permettent pas de me lever ce matin et je décide tout simplement de prendre un jour de congé en plein milieu de semaine. Je n’ai pas le courage d’aller au bureau, pas le courage d’affronter tous ses dossiers et de croiser encore Nyx au travail et fendre que j’allais bien. Rien n’allait et je vais devoir discuter avec elle mais ça me rendait malade, je ne savais pas quoi dire, rien de rien.

Regardant le plafond depuis mon lit, j’étais encore en pyjama en ce milieu de matinée. Louise m’avait déposé mon petit déjeuner sur la commode et a filé en quatrième vitesse quand elle a compris qu’aujourd’hui, je ne ferai rien d’autres que ruminer dans mon lit. Quelques rayons de soleil passaient à travers du rideau de ma chambre et je trouvais dommage de ne pas profiter de cela. Je finis par sortir du lit pour me poser devant la fenêtre et l’ouvre pour aérer ma chambre ou plutôt ma grotte. Ca faisait de bien de regarder juste mon jardin ainsi que ma pupille et sa belle professeure. Rose avait fait un travail extraordinaire, Sekyung retrouvait le sourire de jour en jour ainsi que de l’assurance. La perspective qu’elle puisse enfin faire ce qu’elle souhaite réchauffe mon coeur, j’avais peut-être réussi un truc cette année.

Je continuais à rêvasser quand quelqu’un ouvre avec fracas la porte de ma chambre, la faisant claquer contre le mur.

- Tu vas m’expliquer ce qui se passe Haru !

Reconnaissant sa voix, je ne fis pas l’effort de me tourner. Nyx était là, en colère.

- Tu n’es pas venu au Palais, tu ne m’a même pas prévenu. Ca sert à ça les cristaux de communication tu sais .
- J’étais fatiguée, c’est tout. Je ne voulais pas venir aujourd’hui.  
- Tu es la Première Ministre, tu n’as pas prendre un jour de repos car Madame n’a pas envie ! Est-ce que la Reine fait ça ?
- Je ne suis pas la Reine.  
- Ça je le sais bien car moi je suis tombée amoureuse de la Première Ministre qui est beaucoup mieux que la Reine.
- Tu dis n’importe quoi encore...

Nyx m’attrape le bras et me tourne qu’elle puisse me regarder droit dans les yeux.

- Dis moi ce qui se passe Haru, dis moi ce que tu ne veux pas me dire depuis des jours maintenant.
- Je…Je… ne peux pas  
- Tu crois sérieusement que je ne le sais pas que tu t’es entiché de cet aventurier ? Tu crois vraiment que je ne le saurai pas ? Tu me prends pour qui Haru !
- Je… ne sais pas Nyx.
- Dis le ! Dis le que tu n’as pas respecté notre engagement. Dis le que tu ne m’a jamais aimé ! Dis le Du Lys !
- Je n’ai jamais dis ça ! J’aime … notre relation ! Mais je ne peux pas te donner ce que tu attends Nyx !  
- J’étais qu’une relation ? UNE RELATION ! Mais tu t’entends Haru, j’étais qu’un bon parti qui te correspondait c’est ça ? Une personne avec un bon poste avec qui tu pouvais t’envoyer en l’air que tu appréciais un peu dont ta mère pouvait presque rien dire mise à part que j’étais une femme ? C’est ça que tu es en train de me dire ?
- De quoi tu parles ! Tu n’étais pas que ça, je t’appréçais, j’aimais les moments passés ensemble, tu m’aimais.. Je le sais que tu m’aimais mais je n’ai jamais pu te dire ce que tu attendais de moi. Tu étais mon héroïne, l’auteur que j’apprécie, tu me faisais découvrir tant de choses mais… mon coeur n’a jamais pu battre autant que tes bouquins mais...
- Tu es en train de dire qu’avec l’autre, c’est déjà le grand amour ? C’est ça ?
- N’importe quoi !  
- Pourtant tu viens de le dire, tu te sens vivante à ses côtés ? Tu as le coeur qui palpite ? Tu veux toujours le voir ? Apprendre à la connaître ? Ne me mens pas Haru, j’écris des romans à l’eau de rose, je sais écrire ses sentiments que tu décris car j’avais les mêmes pour toi !
- Nyx… je le sais !  
- En plus tu le sais ! Mais tu te fous de moi. Tu me fais poireauter des lunes et tu me dis ça après avoir un petit faible pour un mec mignon, très mignon même car je l’ai vu ton beau-gosse.
- Comment ça tu l’as vu ?  
- Tu crois vraiment que je n’allais pas me renseigner sur mon rival. Tu lui as donné de l’argent, tu l’as acheté ! Voilà comment commence ta relation, par de l’argent !
- Tu ne sais pas la vérité Nyx, ne commence pas avec ça.  
- Tu as acheté cet homme, tu lui demande de t’escorter au Village Perché et a failli te coûter ta carrière. Tu as été en prison ! EN PRISON pour lui… mais tu t’en rends compte que tu n’as plus tout ta tête.
- Là encore tu n’as pas toute l’histoire.  
- Je m’en fous si je n’ai pas toute l’histoire. Tu fais n’importe quoi pour lui alors que je pourrai être tout ce qu’il y a mieux pour toi.
- Mais je ne t’aime pas Nyx… voilà la différence
- La bonne blague. Tu crois qu’une relation fonctionne comme ça ? Il y a des hauts et des bas, tu croisera toujours des obstacles comme ce Jin juste certains arrivent à penser outre mais toi non… tu es faible, tu choisis la facilité et tu as peur d’un nous deux.
- Tu divagues, tu penses tant que ça que ce nous peut fonctionner ? Tu es carriériste  Nyx, tu ne veux que pouvoir, tu veux me dominer, c’est ça ton plan, profiter de mon poste, tu ne crois pas que je l’ai deviné ? Si tu le pouvais, tu pourrai te taper la Reine !    
- Ah ah ah, tu te crois si importe que ça Haru ? Vraiment, j’aime mon poste de Ministre mais j’étais restée pour être encore près de toi. Je gagne très bien ma vie en tant qu’auteur mais pourquoi je resterai pour une femme qui ne se soucie pas de moi !
- Va me faire croire que tu as fais ça par amour.  
- Je crois que tu ne te rendais pas compte ce que j’éprouvais !

Puis des larmes coulent sur les joues de Nyx. Elle qui était si forte, si indépendante… elle était la femme que je ne croyais impossible à l’abattre et je viens de détruire ce roc..

- Nyx...  
- Ne m’approche pas !
- Attends !  
- Tu auras ma lettre de démission sur ton bureau dans la journée
- Nyx ! NE FAIS PAS CA s’il te plaît. Laisse moi le temps !  
- Le temps pour quoi Haru ? Tu viens de me dire que tu ne m’aimais pas… tu es avec moi car c’est une relation de confort. Je ne veux pas de ça, j’ai un coeur…

Puis là voilà qu’elle quitte la chambre et prends les escaliers avec fureur.

- Nyx, reste ! On peut arranger la chose encore.  
- Arranger quoi ? Tu as tout détruit pour tes foutus hormones, pour ton indécision, pour ton égoïsme… Je n’ai plus rien à faire pour toi !
- Nyx, non !  

Je pars aussitôt à sa poursuite mais elle marchait plus vite que moi, elle ouvre la porte d’entrée et continue sa lancée. Je fais de mon mieux pour la rattraper.

- Nyx, s’il te plaît. Excuse moi… je ne voulais pas te faire ça. Crois moi…  
- Tu essayes de te convaincre qu’à toi-même Haru Du Lys. Tu ne peux pas tout avoir. Ni mon pardon, ni rien d’autre. Vis avec le fait que tu m’as brisé le coeur et que je t’avais fais confiance.
- Nyx...  

Je finis a genoux dans l’allée qui rejoint le portail d’entrée. Les larmes coulent le long de ma joue ainsi que sur les cailloux. J’avais tout gâché car j’étais allée à ce repas organisé. Tout gaché d’avoir continuer à le voir alors que j’avais une femme qui m’aimait. Je n’avais pensé qu’à moi…

- Nyx.. reviens s’il te plaît…  
- Ça ne sert à rien, tu as tout gâché… Je t’aime Haru, je t’aimais et… toi non. Voilà la réalité, va avec ton aventurier. Va voir cet homme qui fait battre ton cœur et tu te rendras compte qu’il n’est pas de ton monde et qui ne comprendra jamais. Va expliquer ça à ta mère… Va expliquer aux gens que tu t’entiché d’un mec qui passe son temps dans la forêt à chercher des criminels et les ramener dans un sale état.
- Je le sais bien Nyx… Tu ne crois pas que j’ai réfléchi à tout ça ! Je n’en dors pas depuis des jours, tout est contre lui mais… je n’ai aucune explication, c’est toujours lui qui revient au-dessus. Est-ce que je l’aime, est-ce que c’est une passade ? Je n’en sers rien Nyx. Tu étais la stabilité, tu étais tout ce qui était le mieux, je le sais.. Je vais perdre ce qu’il y a de mieux… Laisse moi une chance de corriger ça… enfin je ne sais pas ce que je peux corriger, je ne sais plus quoi faire Nyx… plus rien...  
- Je vais choisir à ta place. Je m’en vais Haru… je quitte la ville, je vais retourner près des miens, écrire des romans, quitter ce Palais, être loin de toi. Voilà ce que je vais faire et toi… fais ce que tu veux vu que tu ne fais que ça de toute façon.
- Nyx… s’il te plaît...
- Tais toi Haru. Laisse moi partir, c’est moi la perdante dans l’histoire, ne prends pas cette scène pour toi. C’est toi qui m’a brisé le cœur, c’est toi qui a choisi quelqu’un d’autre alors laisse moi maintenant…

Puis elle finit par partir alors que j’étais encore au sol. Je n’arrivais plus à parler, ni à bouger. Je vois sa chevelure rose s’éloigner ainsi que tout ce qu’elle représentait. C’était la fin, j’avais tout gâché, tout. Pourquoi je faisais que les mauvais choix alors que j’avais tout ce qu’il fallait. Je ne sais pas combien de temps, j’ai pleuré dans cette allée mais quand je sentis une main chaleureuse sur mon épaule. Je tourne alors la tête m’attendant à voir Louise avec son sourire mais non…

- Mademoiselle Sayuri ?  

J’essayais de sécher mes larmes mais vu le chagrin. Rien ne pourra corriger ça, j’avais certainement une sale tête et qu’elle me voit ainsi ne me faisait ni chaud ni froid… plus rien n’allait aujourd’hui et je n’étais plus à ça prêt…

J’étais dans un état lamentable. Je n’ai pas réfléchi à la manière dont j’étais habillée quand j’ai poursuivis Nyx. Je n’avais presque rien sur le dos, ce pyjama couvrait l’essentiel, un peu de dentelle mais ce n’était pas la tenue sexy du moment ni la plus professionnelle non plus. Je continuais de pleurer à chaudes larmes, regrettant ce que j’avais dit et surtout fait… j’étais un monstre. Elle était certainement ce qu’il y avait de mieux pour moi, elle avait tous les arguments mais je ne pouvais plus rester dans cette relation de confort que nous vivions, je ne le pouvais plus.

A quoi bon me lever ? Voilà la question. C’était une journée des plus désagréable comme cette fameuse nuit de ce dîner. Tout avait basculé à ce moment là, me laissait envahir par cet enchantement qui m’avait appris à apprécier Jin. Je savais que j’étais envoutée grâce à mon Talisman, je le savais mais j’ai continué car j’étais comme ça… Succomber était mon pire défaut hélas.

Puis je sens cette main réconfortante comme cette veste qui me recouvre. Pourquoi elle s’occupe de moi ? Elle a dû entendre notre dispute et celle-ci ne me mettait clairement pas à mon avantage, pire encore, ça montrait la femme que j’étais alors que j’essaye de faire bonne figure.

- Euh… d’accord.  

Machinalement, sans comprendre ce qu’il se passe je me laisse porter par sa douce voix. Je me rappelle encore de son entretien d’embauche où celle-ci m’a bien fait comprendre qu’elle ne voulait pas s’impliquer et surtout ne rien de personnel sur elle. Mais là, elle m’aide en me dirigeant vers mon salon où je finis assise dans le fauteuil plus confortable qui puisse exister. Serrant son manteau un peu contre moi, je regrette de ne pas avoir ma robe de chambre. Ma tenue n’était pas convenable devant elle mais sur le coup, je crois que ce n’est qu’un détail et me voilà maintenant avec une tasse de thé chaude entre les mains et Rose en face de moi. Cette vision est irréaliste. Jamais, O grand jamais, on s’était assise dans le salon, nous étions le plus souvent à mon bureau dans la maison. Professionnelle, elle me faisait état des progrès de Sekyung et cela dura généralement peu de temps. C’est pourquoi, la voir ici, prendre son temps pour moi était quelque chose que je ne comprenais pas et malgré toutes les politesses qui puissent exister. Elle aurait pu appeler Louise qui serait plus apte à régler la situation.

- Je crois que vous avez déjà tout entendu non ?    

Dis-je d’un ton las. Je dépose la tasse aux bords de mes lèvres et hume la douce odeur de la boisson. Ca réconforte aussitôt mon coeur, j’adorai ce thé, elle a dû voir qu’il était dans les boîtes qui se trouvaient devant dans le placard. Le liquide chaud me réchauffe doucement et je perds mon regard dans la cheminée éteinte  à mon plus grand désarroi.

-Je… je suis navrée que vous ayez eu à assister à cela mais de toute façon, nous devions avoir cette conversation un jour ou l’autre… Enfin, ça s’est fait et je vais devoir expliquer à Sekyung la situation. La petite appréciait Nyx, elles se liguaient même toutes les deux contre moi.  

Quelques larmes coulent de nouveau le long de ma joue et j’efface aussitôt les traces avec mon pouce.

- En tout cas, merci encore pour l’attention. Si vous pouvez éviter de rapporter notre discussion. Je sais que ça pourrait être un scoop mais ça ne concerne pas que moi...

Je ne voulais pas que Nyx soit aussi sujet à d’atroces rumeurs comme pour Jin. Le palais est friand de ce genre de ragots et comme l’a dit si bien mon ex-amante. Fréquenter un jeune homme tel que lui ne peut que nuire à ma relation.

- Quoi qu'il en soit, merci encore de votre prévenance Mademoiselle Sayuri. Vous pouvez y aller si vous le souhaitez, j'arriverai à m'en sortir je pense.

La préceptrice finit par se lever et me saluer comme elle le fait à chaque fois. Elle attrape sa veste et prends la direction de la porte.

- Bonne soirée à vous et je vous dis à demain.

La porte étant maintenant claquée, j'arrive à me sortir du fauteuil pour me traîner jusqu'à ma chambre. Aujourd'hui, je prends un jour de repos et je vais même demander à la Reine quelques jours de vacances. Les thermes de Forteresse seraient une bonne idée je pense...