Fin de mission. J'avais pas envie de rentrer pour classer ma prime. Parce que premièrement la paperasse je déteste ça et que deuxièmement la boutique est encore en chantier. Bordel avec tout ce temps passé le chantier n'a pas l'air de vouloir se terminer. Faut dire qu'avec tout c'qui fallait rénover, j'me demande encore comme ce merdier ne s'est pas effondré plus tôt. Donc je marche dans les entrailles dans la capitale et j'me dis que boire un coup pour clôturer mon travail en bonne et due forme n'est pas une si mauvaise idée. Seul, évidemment..Comme d'habitude. On arrive dans une fin de journée qui décline les couleurs flamboyantes du crépuscules, mon moment. Un moment qui me fait me sentir chez moi, dans mon élément. Bref on arrête avec la poésie et je rentre dans l'enseigne qui me fait le plus envie. J'ai aucune préférence pour qui que ce soit et j'fais pas la causette avec les taverniers, ça règle assez vite le problème. J'vois un établissement qui grouille de personne, sans doute que c'est animé, si en plus y'a de la musique j'serai gagnant. J'entre.

Taverne comme les autres, qui distribue les mêmes boissons et qui proposent les mêmes services. Il y a que les visages qui changent. Personne ne me calcule, et j'me faufile entre les personnes qui circulent dans la pièce remplit de tables occupées par des buveurs, mangeurs et joueurs. La musique est pas mal, là, posée sur une estrade composée de plusieurs musiciens, avec un chapeau posé sur un tonneau pour ramasser le pourboire. Des jolis petits cristaux dépassent. Une fois devant le comptoir j'attends mon tour pour le service. Parce que ouais, y avait un sacré bordel avec un sacré monde. J'ai le temps et j'suis pas jolie, sa règle l'histoire pour essayer de commander en premier. Le tavernier trop occupé, c'est une serveuse qui prend le relais. Voyez-vous ça, jolie donzelle...

- Qu'est-ce que j'vous sers ?
- Hydromel, pas trop forte.

Elle prend ma commande et un client sur ma droite me juge, évidemment. Encore une fois pour la simple est bonne raison qu'il n'est pas au courant qu'un alcool trop fort peut me transformer en lance-flamme par la bouche, et que brûler une échoppe ce soir, c'est pas dans mes projets. Chopine à la main, j'profite du cadre. L'hydromel n'est pas dégueulasse et ça sera toujours mieux que de sentir l'odeur, de la peinture, des tuiles, du ciment et des canalisations. J'respire un grand coup et balaye un peu la pièce du regard. C'est en zyeutant sur la sortie que j'vois une nana foutre le camp. Je reste bloqué quelques secondes et c'est la serveuse qui me sortira de ma transe.

- Quelque chose ne va pas m'sieur ? La boisson est trop forte ?
- Non, c'est parfait. Ça vous est déjà arrivé de...
- De ?...
- De reconnaître quelqu'un mais que vous étiez pas sur de remettre sa tronche?
- Combien de clients sont venus me voir pour me dire qu'on devait se marier mais que soit-disant "je ne m'en rappel pas"...

J'rigole, en pensant qu'il y a vraiment des chiens qui tenteront n'importe quoi pour tremper le biscuit et j'allonge l'addition. Elle me remercie d'un sourire que je rends aussitôt puis quitte l'établissement. Étrange intuition... Bref. j'trace ma route et profite du cadre encore orangé pour faire un détour et me promener un peu. Des passants continuent de fourmiller dans les rues, j'présume qu'ils signent une fin de journée pour rentrer chez eux. Je m'arrête à un banc et sors une roulée que j'avais préparée en avance. J'claque des doigts et une longue flamme similaire à celle d'une bougie apparaît entre mon pouce et mon index. L'extrémité prend feu, j'tire une taff'. Je regarde la fumée qui est expirée par ma bouche et lorsque celle-ci se dissipe une curieuse scène se dévoile devant moi. J'avais pas capté de suite visiblement.

Cette nana.

Elle parlait avec un gars qui visiblement avait l'air pépère avant qu'elle se ramène. Sa manière de se tenir, ses cheveux. Ses vêtements, ses mimiques. Y'en a pas quinze. Ou alors elle a une soeur ou un sosie et cette maline s'est bien cachée de me le dire. J'étire un sourire nostalgique et m'avance vers le duo. C'est son mec? Meilleur ami? Client ? M'en cogne, elle fera bien une exception pour un vieux copain. En me rapprochant davantage j'constate qu'elle lui pose des questions. Elle est sur une affaire. Le gars prend la tangente et elle pousse un juron, frustrée. Peu-être qu'elle n'a pas eu c'qu'elle voulait. Je me rapproche discrètement derrière son dos, comme un prédateur attendant que sa proie le remarque.

- Alors comme ça... T'as ramené tes miches à la Capitale.

J'attendis qu'elle se retourne pour lui afficher un sourire complice. Attend, peut-être que j'me trompe carrément en faite ?

Je la laisse me consulter comme le ferait un parent qui m'a pas vu depuis des années. Parce que c'est vrai, je n'ai pas vu sa ganache depuis une éternité. Au début c'était une œillade d'adolescent dans une taverne, puis une chimie assez fraternelle s'est installé. Et ensuite on est partie en mission. Une fois, deux fois, pis après un paquet de fois. J'étais jeune et con et elle était jeune et intelligente. J'pensais qu'à me battre et foutre le bordel mais elle... Elle faisait en sorte que la merde se créer toute seule et n'avait plus qu'à remuer. Pis on s'est séparé, la Vie j'présume. Mais pas de doute, c'est bien Marie Mad'. Toujours aussi armée, visiblement pour elle c'est la taille qui compte. Personnellement j'ai toujours fait confiance en mes pouvoirs. Mais c'est pareil; grosse flammes et gros explosions. Autant dire que nous avions toujours était d'accord sur ce point.

Toujours en tant que reine des emmerdeuses elle n'hésite pas à m'envoyer le premier fion en auscultant ma tronche en me tenant le menton comme une tantine qui revoit son neveu. Parfois j'me demande si on a le même âge. Toujours aussi asociale à sa manière laborieuse de rectifier le tir avec le bonhomme qui a vraisemblablement perdu son temps, moi j'me contente de contempler ce pauvre spectacle en terminant ma clope. Déjà cinq secondes qu'on est planté comme des gadins et je sais déjà qu'elle n'a pas changée d'un iota. Sauf peut-être que maintenant elle a le corps d'une femme... Finalement elle a fait plutôt gaffe. On amorce une marche et commence à me raconter sa petite histoire.

Elle me raconte le chantage de ce pauvre tavernier avec qui j'ai peut-être rarement sympathisé. Marie Mad' toujours bonne pomme arrive à se faire plus d'amis que moi et c'est comme ça que j'ai pu passer de réels bons moments. Et apparemment il a besoin d'un service. Évidemment que j'fonce l'aider, elle aurait fait pareille à ma place. J'reste silencieux jusqu'à c'quelle mentionne la liste des sauteries champêtres que j'ai pu faire pendant son absence. J'pense à Haru automatiquement, comment lui expliquer qu'il m'est arrivé les pires emmerdes en gardant l'ton jovial? En attendant, je lui donne un grand coup d'épaule pour répondre à son coup de coude qui la bouscule de quelques pas, déjà moqueuse à l'idée de faire mouche. J'étire un sourire amical toutefois. Je lui dirai jamais, mais ouais... elle m'a manquée. Grognasse.

- Si t'es sage, et dès qu'on a terminé tes histoires, on prendra cinq minutes pour parler comme des vieux sur c'qu'on a foutu tout ce temps.

Elle sait qu'elle peut toujours compter sur moi, et si en plus je peux corriger à ma façon des connards qui trafiquent illégalement, j'me dis c'est moi qui gagne au change. Toujours équipé de mon sac sans fond je suis paré pour la suivre où elle lui semble. De toute façon j'connais rien de cette affaire et n'a pas les cartes pour piloter l'expédition comme j'aurai l'habitude pendant une Chasse. Là c'est différent, mais de toute façon c'est pas grave...

...Elle va gérer du steak. D'une tape vers l'épaule je l'interpelle pendant que nous marchions toujours dans les rues de la Capitale.

- Alors, où est-ce qu'on va? T'as une piste? Tu cherches quelqu'un visiblement.

Si le blondin qu'elle a rencontré pourrai correspondre, j'lui fait part de mon analyse habituel de chasseur. Cinq secondes me suffit pour connaître les traits et mensurations de quelqu'un.

- Donc si j'ai bien vu tal'heure... tu cherches un homme entre 1m84 et 1m92, mésomorphe, qui aborde les les 80kg minimum, caucasien, de classe social populaire... Il y a d'autre détails qui pourraient préciser la recherche ?

J'étais jeune chasseur quand on s'est rencontré, maintenant j'ai lu assez de livre sur l'anatomie humaine pour comprendre le corps humain, pour le traquer et surtout le torturer sans le buter. Mais ça... C'est peut-être une autre histoire qu'elle n'est pas obligée de connaître.

Et encore un autre fion. Elle sait que je ne suis pas allé à l'école, et j'crois bien que c'est la seule avec qui je peux être transparent là-dessus. Vrai que j'voulais me la péter après tout ce temps pour lui faire comprendre que j'ai changé, mais j'suis sans doute rester le même cancre. Peut-être pas tant que ça, Haru m'a montrée que j'avais un oeil neuf sur le monde malgré tous mes voyages et que de belles découvertes pouvaient aussi se voir à travers les livres. Haru sait tellement de choses, je l'envie, j'en suis jaloux. Mais on n'est pas fait dans le même moule. Elle a une éducation exemplaire et moi j'ai dû me démerder avec m'aman qui a fait ce qu'elle a pu.

Marie Mad' continue le descriptif, elle a bien des informations sur notre homme, le contraire m'aurait étonné. Une ancre ? Peut-être lié avec une quelconque pègre dans le Grand-Port, mais c'est beaucoup trop loin pour envisager une théorie. Bel homme hein?...J'me remets en mémoire le loustic qu'elle a interpellé et j'commence à esquisser un sourire moqueur. Me rappelant déjà avec qui elle traînait quand elle n'était pas avec moi. Un concours de moche, et tout le monde pouvait gagner.

- Dans le commun des mortels Mad', ce que tu trouves "beau" ne l'est pas vraiment ici, mais je t'apprendrai, t'inquiètes. Ha.

Elle poursuit en me faisant un rapport de sa pêche aux informations et elle n'a pas chômé la donzelle. Bon évidemment c'est encore à la taverne, le contraire m'aurait étonné mais faut dire que ces endroits regorgent d'informations à ne pas négliger. Notre petit copain qu'on va débusquer est accompagné de deux nounous, monsieur n'aime pas être seul ou alors et il le petit chef de sa bande. Pour l'instant pas de conclusions hâtives, Jin. Elle veut faire ça dans le feutré sans gueuler "yaah" comme des connards et se faire remarquer en massacrant tout c'qui bouge.

S'introduire dans sa piaule et lui coller une bonne correction sans mes pouvoirs semble effectivement être la meilleure solution. Elle fait bien de me rappeler à l'ordre, faudra sans doute qu'elle me conseille à nouveau une fois surplace. Furtivité, discrétion, j'en connais une qui ferait le boulot à merveille dont j'aurai cruellement besoin de ses conseils pour l'amener à bien... Cette chieuse de Luciole. Je l'ai encore à travers la gorge qu'elle m'est foutue en taule. C'est dommage, j'suis sûr qu'on aurait pu refaire la paire sur un autre boulot, mais il n'est pour l'instant plus question de l'envisager. Hormis lui en foutre une dans l'pif si je la croise. M'enfin bref, j'acquiesce à son plan et je lui laisse le poste du cerveau et moi de l'idiot qui aime la bagarre. Le soleil se fait la malle. La constellation commence à émerger progressivement sur la vaste étendue bleu nuit qui tapisse le plafond du royaume. Finalement, le moment parfait pour notre petite escapade. Ce soir, on va jouer les caïds. Ouaaaais.

- J'te suis.

Puis finalement, je la vois sourire.. Oh oui... Elle a déjà une bêtise dans la tête qu'elle appelle "idée". Qu'est-ce que ça va être encore ?

J'commence à redouter ses retrouvailles moi. Arrête Jin. Elle était plus jeune quand elle nous mettais dans des situations atroces, honteuses et ridicules. On a grandi, hein ?

Par pitié on a grandi.

Bordel, elle n'a vraiment pas changé hein ! Voilà qu'elle commence à jouer les costumières et maquilleuse en me balançant des accessoires et sapes de toutes sortes, avec toujours sa volonté de me castrer. On vient juste de se retrouver et pourtant j'ai l'impression qu'on ne s'est jamais quitté vraiment. Toujours sur le qui-vive, à chercher la moindre faille pour me foutre dans une mouise embarrassante. Je n'ai jamais eu d'amis comme elle depuis que nos chemins se sont séparés. J'suis devenu moins marrant aujourd'hui, sans doute. J'continue à regarder son spectacle - d'ailleurs j'ignore pourquoi - et elle s'attaque à mes cheveux. Mes mèches rouges, j'suis né avec, et je mourrai avec. Chaque élément qu'elle choisit commence à construire un semblant de tenue. À vomir évidemment. J'rigole nerveusement en balançant ce merdier sur le stand.

- Et toi tu serais parfaite pour jouer l'un de ses gorilles. L'aspect simplet et borné te va bien au teint également...

Toujours la tête à faire des conneries, et encore... Elle n'est pas bourrée. Mon regard invraisemblablement toujours porté sur elle j'observe la suite du spectacle quand elle brandit ce parapluie comme si elle passait à la castagne. Les gens qui défilent commencent à nous reluquer également. J'hausse un sourcil malveillant pour insister de passer leurs chemins. Décidément, un simple geste non conventionnel et vous passez pour un taré. Finalement ça m'a même convaincu de faire la même chose, alors j'essaie de trouver mon bonheur dans tout ce fatras. Hm, tiens, c'est bien ça. Une écharpe noire qui pourrait couvrir mon visage mais j'ai trop de cheveux pour pouvoir mettre une coiffe. Mais peut-être que c'est possible en les détachant. En retirant la lanière qui remplace le ruban rouge qui a grandi avec moi - attaché au poignet d'Haru actuellement- je tente de mettre un béret. Ça me serre le crâne, c'est désagréable, ça en dit long sur la qualité vu que ça me gratte déjà la tête, mais au moins j'aurai la même tête de con qu'une amie.

Je la zyeute de haut en bas quand elle a l'air "prête" et pis... Difficile de mettre un mot, là.

- T'es presque... Pas dégueulasse à reluquer. J'vais essayer de pas vomir.

Le chapeau lui allait à ravir et le parapluie devenait moins ringard lorsqu'elle avait en main. Mais lui dire, ça serait lui faire plaisir, et comme l'heure est au brisage de valseuses... Lorsqu'elle se remémore le temps qui nous ont séparé ça me fait comme l'effet d'un coup de marteau dans le crâne.

Trois piges, putain.

Je me perds loin dans mes souvenirs, puis je m'en rends compte qu'après que j'ai le sourire jusqu'aux oreilles. Nostalgique. Vrai qu'elle était passé à la boutique un bon paquet de fois à bouffer ses pâtisseries, à se demander d'ailleurs si elle ne venait pas plutôt pour m'man que pour voir ma tronche. Et finalement, j'avais pas mal de bonnes nouvelles.

- Eh bien.. Elle va beaucoup mieux. Elle est entrain de passer un cap, c'est encore difficile pour elle mais elle y arrive. Et puis surtout, tu ne reconnaîtras pas la boutique si tu y repasses... On est entrain de la retaper. Au revoir le taudis tout moisis, et bonjour le p'tit luxe résidentiel.

Encore une fois, grâce à Haru. J'essaie de ne pas trahir mon côté fleur bleue et paye les accessoires qu'on a décidé de prendre pour repartir à notre affaire. La ville est plongée dans la nuit ça y est. On pouvait sentir l'odeur du dîner à travers chaque fenêtre et les lumières des feux de cheminée illuminaient nos routes en plus des cristaux plantés sur chaque côté de la voie pour pouvoir marcher sans se casser la gueule en glissant sur une peau de banane qu'on n'aurait pas vue. Mad' nous guide pendant une bonne demi-heure à travers la Capitale jusqu'à arriver vers une résidence, de classe moyenne mais plutôt confortable. De quoi se faire dorer l'oignon pendant la saison chaude en tout cas. Je plante les pieds et me tourne vers mon binôme.

- Alors? Qu'est-ce qu'on fait maintenant?

J'avais pas rêvé. Des putains d'oies. Genre, les pattes palmées, qui cacardent comme pas possible dans nos directions. Mais elle m'a emmenée où? Dans une ferme?!  En tout cas j'pouvais pas carboniser la pauvre bête pour une affaire qui n'avait rien à voir, et j'aiderai pas plus Mad' en me faisant remarquer en flambant une volaille au beau milieu d'une habitation plongée dans le noir par une voisine trop curieuse. J'la suis dans ce qui semble être une chambrette. Mes yeux ont encore du mal à s'adapter à la pénombre. Mad' fouille un tiroir et me lance un objet qui rebondit sur mon torse que j'arrive in extremis à rattraper.

J'vois que dalle. La texture est molle, la forme d'un concombre, ou une aubergine j'dirai. Mais non, rien d'un légume. J'claque des doigts pour faire apparaître une petite flamme sur mon index pour avoir un meilleur aperçu de ce qu'elle me donne, ça me permettra de mieux savoir l'utiliser pour foutre une tatane à ces enfoirés.

La garce.

Mad' regarde fièrement le spectacle, et étouffe son rire derrière sa main, les yeux larmoyants de joie et d'un plaisir coupable. Mes narines remontées, plein de dégoût, je tends l'objet dans sa direction, on ne relèvera pas que l'objet rose bonbon en question bouge dans tous les sens après le mouvement.

- Tu te fous de ma gueule ?! Que j'crache en chuchotant.
- Tu pourras être sensuellement menaçant comme ça !
- J'vais te le foutre là où il est prévu d'aller, débile.
- Soit pas si cavalier mon mignon... On vient de se retrouver j'te signal ?
- T'as raison, mon poing dans ta p'tite bouille de satisfaite suffira.
- Mais bien sur, feu-follet. Allez, on y retourne !
- Mon cul, ouais.

Pourquoi j'ai accepté de la suivre, hein ? Suffisais juste de dire "euh ouais j'ai de la paperasse à faire, mais dès que t'as finis s'tu veux on peut aller boire un verre à la taverne?" Tu parles. Voilà que je me retrouve avec un pénis d'une texture super bizarre à jouer les caïds. Bienvenu dans les affaires douteuses de Marie Madeleine de Payet. Putain la prochaine mission j'lui rendrai comme il faut... Hm, elle a toujours le mal de mer, hein? Une idée me vient à l'esprit mais j'la garde pour moi. On a quand même l'air bien con, là, au beau milieu de la soirée dans la piaule d'un inconnu. Il fallait trouver une stratégie maintenant. Alors que Mad' comptait ouvrir la porte pour chercher l'objet de sa mission, je la dissuade en la fermant aussitôt en bloquant le battant avec mon épaule.

- T'as un plan j'espère ?
- Euh, oui.. Un plan..Bien sur..!
- Mad' !
- Attend une seconde !
- T'as pas de plan.
- La ferme ! Tu me déconcentres. Bon, occupes toi de ses deux copines, j'me charge du bogoss.
- Vendu. Allez, en silence.

D'un pas de félin, on sort de la chambre qui nous amène à un couloir, plusieurs lumières illuminaient certaines pièces, on entend des coups de ... des coups de fouet?! Au virage droit du couloir un spectacle horrible s'affichait. Le merdier qui pourrait faire friser un Fenrir et le faire couiner comme un Glooby. Les deux acolytes étaient habillés de sangles en cuir le dos tourné contre le mur, marqués aux fouets par deux nanas aux talons aiguille qui fouette l'une à l'autre leurs ... "partenaires" je présume? Moi j'avais envie de vomir, Mad' louchait sur les fessiers rouge écarlate des bonshommes. Lucy sait c'que le patron doit faire ou subir. D'un signe de tête je l'invite à chercher son connard pendant que j'vais m'occuper des miens.

En faisant exprès de me laisser remarquer, j'rentre dans la pièce. Y en a marre maintenant. Les deux donzelles font volt-face vers moi, surprises.

- On a pas fin-... Mais qui êtes-vous ?!
- Un gros problème. Foutez le camp et laissez nous tout les trois. J'ai à leurs parler.
- ...
- TOUTE DE SUITE !

Les nanas décanillent comme des poules comme j'le souhaitais. Apeurés, les deux loustics retirent leurs baillons rond qui obstruaient leurs bouches tandis que je ferme la porte à clé. Toujours avec mon objet, j''avais l'impression d'être aussi bizarre qu'eux.

Bouge ton cul, Mad'.

On va essayer de dessiner le tableau pour tenter de piger un truc, d'accord. Moi, Jin Hidoru, chasseur de primes, accompagné d'une amie de longue date me trouve dans une pièce dans des lumières qui tend vers le rouge et rose face à deux connards en sangles - et rien d'autre - couvrantes certaines parties de leurs corps... Et ! Je possède dans ma main droite un objet phallique dont j'veux même pas savoir qui aurait pu l'utiliser. D'accord... Je remets...

... Qu'est-ce que j'ai raté pour finir dans un endroit pareil ?! Ah, oui. Marie Madeleine de Payet. Toi alors j'te jure.

On s'échange un regard en silence, pendant cinq bonnes secondes. C'était long, difficile d'être intimidant dans ce genre de milieu, j'ai absolument pas l'habitude. Mais comme il est toujours question d'arrêter tous ces chantages, j'vais devoir faire avec. M'assurant que l'écharpe me cache bien le visage et que mon béret affiche partiellement mes yeux, je prends une grosse voix pour la rendre la moins reconnaissable possible.

- Apparemment vous cherchez la merde avec Marty.
- On ... ne voit pas de quoi vous parlez.

L'un d'eux avait prit la parole, fébrile. Il saisit deux peignoirs et le tend à son collègue. Merci Sainte Lucy de m’épargner ce cauchemar.

- Désolé, on est pas habillé comme ça d'habitude.
- Sans dec'. Vous en faites pas, vous risquez pas de m’émoustiller.
- ...
- J'ai vu des merdes molles plus appétissantes.
- Qu'est-ce que vous voulez ? Vous...

Il arrête de parler et commence à regarder l'objet en question, tendancieuse. J'ai déjà eu assez de quiproquo en ce moment ça ira. Derrière mon écharpe mes joues étaient écarlates, gêné et énervé. En restant menaçant j'avance vers eux. Plus qu’à espérer que j’reste crédible.

- Bon, j'vais pas y aller par quatre chemins.
- Quoi ?

J'lève le talon de mon pied pour qu'il percute la tête d'un des types contre le mur, le deuxième recevra le godemichet dans la bouche. Il est allé plus loin que je le pensais. Ma main contre sa gorge et l'autre fermant les narines, il commence à changer de couleur, le regard exorbitant et en panique.

- Donc, pendant que j'te parle, ton patron ramasse la même fessée que j'vous met. Tu m'excuseras, elle est légèrement plus différentes que les tapins qui faisaient se plaisir.

Il commence à devenir bleu, j'me retourne vers l'autre bonhomme. Toujours dans les vapes, j'pense avoir cogné un peu fort. Me retournant vers mon vis-à-vis de je me fais violence pour me rapprocher de son ... Visage. Beurk, tenir le gode' était une chose, l'avoir près du nez en était une autre.

- J'vais retirer ce truc, retirer mes mains et tu vas réfléchir longuement à tout ça avec ta copine qui est par-terre et ton patron. Si j'apprend que Marty a encore des problème, je reviendrai avec un truc beaucoup plus gros. J'te donne un aperçu; c'est long, tranchant et se range dans un fourreau. Cligne des yeux si t'as pigé.

Il cligne des yeux plusieurs fois en panique et j'fis ce que j'ai dit plus tôt. Il s'effondre à genoux, reprenant sa respiration, le jouet du Plaisir rose au sol sous yeux, luisant de bave. Une scène que j'effacerai de ma tête à tout jamais. En sortant du couloir, j'tente de suivre les derniers pas de mon binôme, mes yeux s'arrêteront sur un enseigne d'une porte. "Le martinet docile". Putain. Sans commentaire. J'tends l'oreille à la porte sans prendre le risque que mes cheveux puissent toucher un quelconque fluide sur la porte et tente d'écouter ce qui se passe. Il y a bien la voix de Mad'. Je m'adosse au mur d’à côté et allume une clope pour attendre mon amie terminer son travail.

Vite qu'on se barre.