Quand le feu n'est pas là,
l'eau danse
[PV @Haru Du Lys]
D’un geste délié, Luz s’empara de sa serviette et en enveloppa sa silhouette dénudée. Elle avait rehaussé ses longs cheveux flammes en une savante queue de cheval dont le crin venait par instant lui chatouiller l’orée des reins. Son catogan avait au moins le mérite de lui épargner les mèches rebelles qui venaient parfois gêner sa vision une fois trempées d’humidité. Elle jeta un rapide coup d’œil à la lueur du soleil qui poursuivait paisiblement sa course dehors. Un parfait début de soirée.
Un coup discret résonna contre la porte de son vestiaire, tandis que son accompagnatrice patientait dans l’entrée.
La rumeur de la Capitale avait quelque peu saturée Luz ces dernières semaines. Les derniers événements ne paraissaient plus vouloir la laisser en paix, et soutenir ses proches dans ces difficiles étapes requerrait toute son énergie quotidienne… Elle avait donc profité d’une accalmie pour accueillir à bras ouvert une demande de la Garde. Ils avaient besoin de renfort médical à la forteresse – une recrudescence de grippe de toute évidence -, proposition que Luz se serait mal vu refuser. Nourrie, logée et blanchie, elle n’avait toutefois pas lésiné sur ses efforts depuis cinq jours pour prendre en charge les multiples patients qu’on lui amenait. Elle soupira. Elle qui souhaitait des vacances reposantes, s’était vue accaparée par une tâche toujours plus exponentionnelle… Fort heureusement, une infirmière avait été dépêchée ce matin même dans son officine provisoire et la jeune femme l’avait enjoint à prendre sa soirée. Un médecin épuisé n’était de toute façon pas d’une très grande adresse…
Sous la trombe de neige qui parait la Forteresse d’une teinte blanche et ouatée, il était alors apparu évident à la praticienne qu’il était grand temps de tester pour la première fois les thermes de la cité. Leur réputation était connue sur tout le continent, de même que les étranges propriétés curatives de l’eau. Rien de tel pour se délasser le corps et l’esprit ! Frémissant d’impatience comme au premier jour de son adolescence, Luz s’était empressée d’ôter ses vêtements collés de sueur et de maladie pour prendre une douche et mander les services du personnel qui travaillait aux thermes. On avait mis à sa disposition les talents d’une charmante demoiselle qui ne cessait de s’incliner avec un professionnalisme à toute épreuve… De toute évidence, les thermes n’étaient guère destinées à la population pauvre d’Aryon ! Les lèvres entrouvertes sur une admiration non cachée, Luz marchait à sa suite en détaillant le savant travail d’orfèvre des statues de marbre et des mosaïques qui composaient le sol. La sensation était fraîche sous la plante de ses pieds, mais ses épaules dénudées ne souffraient que d’un léger frisson tandis qu’elles s’avançaient vers la chaleur omniprésente des bassins.
La salle intérieure était exceptionnellement spacieuse et magnifique. Ses tons bleutés faisaient échos aux clapotis paisibles de l’eau, et peu de clients s’adonnaient présentement à ces bienfaits. L’heure, aussi bien que la période de la semaine, ne se prêtaient guère à davantage de fréquentation. La jeune femme inclina doucement la tête et reprit ses explications :
Elle lui désigna un verre de vin rouge disposé au bord du bassin, accompagné d’une corbeille de raisins. Luz la remercia, remerciant pour une fois les bénéfices accordés par son statut de Noble. Pour l’heure, les grands bassins bouillonnants lui faisaient forte envie… Elle avait également cru comprendre que des tables de massage étaient disponibles un peu plus loin. Pourvu qu’aucun malade n’ait besoin d’elle avant le lendemain matin… ! Cette partie-là des thermes, réservée exclusivement aux femmes, était d’un calme olympien. Elle ôta donc sa serviette sans plus attendre et frémit lorsque l’eau brûlante effleura ses doigts de pied et mordit sa cheville. Un soupir de délassement la prit malgré elle, tandis qu’elle se laissait librement sombrer dans l’eau des thermes. Pourvu que cet instant dure toujours…
Quelques jours après sa rupture avec Nyx
Je me prélassais dans l’un des bassins privatifs de cette source chaude pour réfléchir à tout ce qui c’était passé ces derniers jours. Certains pourraient évoquer des vacances, d’autres une retraite, pour moi ce n’était qu’un moyen de fuir tout ça. J’avais demandé à la Reine Allys si je pouvais partir quelques jours loin de la Capitale, loin de ce remue-ménage surtout quand elle a vu la lettre de démission de Nyx. Il lui a fallu pas longtemps pour comprendre les raisons de ce départ et compatissante, elle m’a laissé quelques jours pour me reposer. Comme toujours, bienveillante qu’elle était, elle m’avait proposé d’aller à Forteresse et ses sources chaudes. Pourquoi pas, c’est toujours mieux que l’Etoile du Sud. Ici je m’assurais de la tranquillité ambiante et la discrétion du personnel.
L’établissement que j’ai choisi était le mieux côté et surtout le plus cher mais cette paix avait un prix et ça m’est égal. Ici pas de Jin, pas de Nyx, pas de Rose, pas de responsabilité. On prenait soin de moi, juste à surveiller le temps pour aller manger ou aller à quelques soins qui étaient programmés pendant cette cure. Certes, il y avait les sources chaudes en elles-même mais pas que, je raffole des douches enchantées, les bain moussants parfumés et tant de choses que je n’ai pas encore découvert.
D’ailleurs, j’ai demandé qu’on me réserve le bain privatif avec la meilleure vue sur la vallée. Adjacent au grand bain, la petite alcôve était cachée par quelques statues et mosaïques. La petite cascade couvre le bruit des gens qui pourraient avoir dans le bassin mais je doute que nous soyons plusieurs clients. J’ai vu deux hommes ce matin et les bassins ne sont pas mixtes, je suis donc tranquille avec mon plateau avec l’infusion non loin. Je m’étais allongée dans le transat en pierre qui était taillé, seule ma tête dépasse légèrement de l’eau, je n’entendais pas les bruits aux alentours et je sais que j’ai dû m’assoupir plusieurs fois mais rien ne m’attends. Je pense quelquefois à Sekyung que j’ai laissé au manoir mais Louise et Rose s’en occupent bien, c’est tout ce qui compte.
Peut-être que venir ici n’était pas la bonne solution car à part penser.. Je n’avais que ça à faire. Je ne pouvais pas rester au bureau, voir sa porte fermée me tordait le ventre. Dormir seule dans mon lit était encore pire et oser imaginer utiliser Jin comme doudou, n’était pas une solution. Je ne l’avais pas revu depuis notre sortie au Village Perché qui a mal fini. Cette femme Sergent… je lui ai détruit sa requête, j’ai cru comprendre qu’elle a fait dépêcher cette belle médecin de la Capitale pour la procédure ainsi que cet homme, le soi disant frère. Non cette journée était horrible même si elle finit plutôt bien pour nous, pas de traces de notre passage, seul le Maître-Espion est au courant. Je n’ose pas imaginer notre prochaine réunion où il me répétera mon insouciance et tout ce qui va avec. Ke plonge plus profondément la tête dans l’eau, elle était chaude et je souris légèrement imaginant Jin la faire bouillir encore plus. En parlant de lui, dois-je lui dire que c’était fini entre Nyx et moi ? Peut-être il verra une opportunité ou au contraire, il se sentira au piège car finalement, je n’étais pas libre ainsi il venait à sa guise. Puis est-ce que j’ai envie de quelque chose de sérieux ? J’ai essayé avec Nyx, c’était un massacre, même si nous avons eu beaucoup de bons moments et surtout sous la couette mais ça ne fait pas tout. Est-ce que je pourrai partager des choses avec lui ? J’ai l’impression de lui faire découvrir Aryon, mon monde, mes richesses mais est-ce que pour lui, ça lui plairait ? Pourra-t-il affronter Mère ? Je crois qu’il n’a jamais vu pire monstre de toute sa vie malheureusement. Allez, arrête de penser Haru, va te chercher un livre, ça t’occupera un peu.
J’attrape la petite serviette que j’avais posé sur le rebord pour m’essuyer le visage si nécessaire. Je laisse le plateau ici car de toute façon, je reviens reprendre cette place avec un roman pour me détendre. Le tissu légèrement humide était posé sur mes épaules, tout le reste à nue. L’eau arrivait plus haut que le nombril,cachant notre intimité presque dans tout le bassin, évitant de moments gênants si on croisait un autre client.
La fumée ambiante m’empêche de voir clairement où j’allais mais je suis sûre que c’était par là, je reconnaissais ces statuts puis une tâche rouge semblait m’indiquer le chemin. J’avance alors tout doucement quand cette fameuse tâche se trouvait être une cliente qui profitait du calme. Puis son regard émeraude tombe sur moi quand nous étions suffisant proche. Je reconnaissais cette femme, c’est le médecin. Je ne l’ai jamais croisé en vrai, enfin en Haru mais je ne doute pas quand je serai suffisamment proche, elle devinera aisément qui je suis. Elle ne fend pas l’ignorance, elle était même curieuse donc je suppose que c’est une proposition à venir la déranger. Ca me fera du bien de parler de toute façon. D’ailleurs, je pouvais même m’amuser un peu vu que je connais son nom.
- Docteur Weiss, ravie de vous rencontrer pour la première fois !
Il est vrai que je ne connaissais pas la petite fille mais son Grand-Père était fort connu. Je n’avais pas fait attention au début quand. Jeschen Wess, un grand homme qui a une petite-fille resplendissante. Puis malgré la fumée, je peux aisément deviner ses formes exquises mais j’étais également dans ce même cas, aucun mystère, elle voit la Première Ministre à nue…
- Puis-je m’asseoir ?
Un léger signe de tête et je me pose sur les quelques marches, nous avons une merveilleuse vue sur les sommets enneigés. Je ne me lassera jamais de ce type de vue que ce soit en face de moi ou la belle femme près de moi. Est-ce que finalement je ne préfère pas les femmes et je m’obstine encore et encore à essayer les hommes pour plaire à Mère ? Non, Jin n’est pas qu’une passade mais je n’ai jamais trouvé aucun noble intéressant, toujours cet air hautain que j’ai pu retrouvé chez chacun. Jin était bien différent et c’est ça qui m’a plu en plus de son torse musclé et ses fesses parfaites. Me laissant glisser un peu dans l’eau, j’avais pris sensiblement la même position que la rouquine, profitant de cette eau relaxante.
- Je pense que c’est ça qui nous manque à la Capitale. Une vue dégagée, des choses à regarder autre que tout ce plat et ses bâtiments. Je pourrai presque déménagé mais malheureusement le Palais Royal ne se trouve pas ici...
Puis je souris légèrement, oui le Palais était là-bas et je vais devoir y retourner un jour…
- Enfin… pour voir sa Majesté Allys toute la journée, je peux faire un effort.
La gorge asséchée d’avidité –non pas pour sa richesse, mais pour les connaissances dont cette Haru devait receler-, Luz se mordit brièvement la lèvre inférieure et oublia momentanément le verre de main qu’elle tenait à la main. Trop peu timorée, trop peu dotée du moindre instinct de survie, Luz échoua à se sentir intimidée comme elle l’aurait dû. Elle fut plutôt saisie d’une admiration fortement curieuse, voire presque inquisitrice, envers cette jeune femme qui représentait à elle seule toutes les facettes de sa famille. Et quel décor plus étonnant que des thermes ?
Luz pencha sensiblement la tête de côté, détaillant d’un regard appréciateur ses courbes sublimées par la brume. Sa peau renvoyait un éclat opalescent dans la moiteur de l’eau, quelques gouttelettes délicieusement cristallines se dérobant par instant sur la rondeur de sa poitrine et sur la blancheur de son ventre plat. Ses prunelles étaient adroites et vives. Nul doute qu’une intelligence aiguisée se tenait derrière ces longs cils sombres et ces iris améthystes. Un quelque chose d’ombré, un tantinet trop attentif. Dommage que la fine lisière de l’eau ne masque le galbe de ses reins, car la demoiselle était aussi appréciable à déguster du regard qu’une ondine... Elle s’avança, et son mouvement vint tracer des ridules sur la surface brûlante des sources.
Fort heureusement, Luz était de ces ascètes amateurs de beauté que la contemplation d’une nubile ne venait nullement entraver dans leurs pensées. Elle se para donc d’un plus large sourire et accueillie la nouvelle venue d’une manière aussi naturelle que son approche : elles avaient ainsi presque toutes deux l’air de s’être précisément donné rendez-vous, deux amies côte à côte au sein d’un programme parfaitement prévu.
Elle était sincère, et franchement étonnée. S’il était parfaitement normal que la majorité des habitants d’Aryon sachent reconnaitre Haru Du Lys, Luz Weiss n’était qu’une fille de Nobles parmi tant d’autres. Sa réputation souffrait qui plus est de son métier : les gens n’invitaient que peu leur médecin à leur petites sauteries. Surtout lorsque celui-ci traitait pour vous des hémorroïdes ou autres maladies extrêmement peu glorieuses en société. Non, personne ne voulait avoir à supporter le regard de son praticien au sein d’un salon richement décoré, une coupe de champagne à la main, avec les plus grandes pipelettes de la Capitale à proximité. De ce fait, Luz n’avait été introduite qu’auprès de bien peu de cercles, préférant d’ailleurs la compagnie des livres ou du terrain aux minauderies épuisantes de la haute société…
Elle rit doucement à la remarque suivante de son interlocutrice, n’imaginant que trop bien combien la vie de ministre devait être éprouvante. Elle ne doutait pas un instant du caractère fantastique que devait revêtir cette petite pause pour la demoiselle Du Lys…
Elle se saisit spontanément de la corbeille de fruits qui avait été mise à sa disposition et la déplaça de l’autre côté, à portée de la jeune femme. Oh, elle avait probablement été couverte de cadeaux à son arrivée, mais rien n’empêchait la politesse et le plaisir de partager…
Ses lèvres rouges comme un fruit se fendirent d’un sourire matois, doucereuse tentation dont elle jouait avec subtilité. Si la Première ministre n’aimait guère les séductrices, libre à elle de profiter des nombreux autres mètres cubes du bassin. En attendant, Luz n’était pas femme à refuser de planter ses crocs dans la chair juteuse d’une aussi belle friandise. Elle sonna l’employée qui lui était affectée et invita Haru à mentionner sa commande si elle le souhaitait.
Une telle scène ne manquerait pas de piquant et d’un petit quelque chose de comique.
Luz n’aurait pu être plus honnête. Elle compatissait véritablement à l’enfer que cela devait être de ne pouvoir profiter d’un bon vieil anonymat. La brume tamisée qui les entourait avait néanmoins pour avantage de confectionner autour d’elles un couffin opaque et confortable...
Ce sourire me réchauffait entre mille. Depuis ces quelques jours où je n’avais goût à rien, voir cette jeune femme rayonnante avait le don d’adoucir mon coeur et mes humeurs. Il faudrait être folle de ne pas regarder ce qui était devant moi. J’avais déjà entre aperçu sa beauté à la Caserne du Village Perché mais même si l’eau recouvrait une bonne partie de son corps et la brume renforçait le côté mystérieux du reste, je pouvais aisément visualiser sa silhouette.
- Je crois que je vais demander le travail à distance. Un enchanteur étudiera l’option de faire un clone fantôme de ma personne qui sera relié directement en cristal communication pendant que je profiterai de ces thermes.
L’idée de me prélasser encore pour les dix prochaines années est tentante mais il faut être réaliste, je vais devoir affronter mon travail, mon bureau et tout mes souvenirs avec Nyx. Mais peut-être que cet ange à la chevelure de feu pourrait m’aider à profiter de ces vacances improvisés. Pas besoin d’utiliser mon pouvoir pour sentir son regard qui se pose à divers endroits de mon corps. Ce sourire a dû en faire fondre plus d’un ainsi que ses gestes non pas calculés mais d’une délicatesse séduisante. D’une seule phrase, elle essaye de jauger si la possibilité de continuer m’intéresse. Je pourrai tout aussi bien partir dans mon espace privé et profiter d’être seule loin de cette tentatrice mais si j’accepte de passer un peu de temps avec elle, je ne pourrai pas feindre l’intérêt de sa personne et de son corps.
Partageant maintenant le même rebord du bassin ainsi qu’un verre, elle entame la discussion par des questions qui vont droit au but. Pourquoi j’étais là ? Voyage d’affaires, séminaires, vacances, tant de réponses pour ne pas parler de ma véritable raison. Est-ce que dire que les Du Lys ne sont pas si parfaits que ça est une réponse envisageable ? Je vois déjà Mère me bondir dessus, répétant inlassablement “ Dos droit, menton levé, expression neutre, tes mains,... “. Ma grand-mère prenait aussi le relais pour avoir l’étiquette Du Lys sur le front, des personnes fortes, charismatiques et j’en passe.
Prévenante, la jeune femme assure le ravitaillement en appelant l’hôtesse. Commandant un thé glacé au passage, je remarque ce petit sourire sur son visage. Peut-être se faisait-elle des idées mais je n’ai cure, ça ne changera pas du palais et ses rumeurs.
- Il m’arrive de prendre quelques jours de repos, Dame Luz. Disons que je profite de ces rendez-vous avec le Gouverneur pour m’octroyer une petite cure thermale.
On dit que cette eau est magique permettant des bienfaits pour notre santé. Si ça pouvait m’aider à faire le tri dans toutes mes pensées mais déjà si le bénéfice c’est de mieux dormir, je prends aussi.
- Mais n’ayez crainte, mon garde est prévenu. Personne ne viendra nous déranger sauf affaire très urgente mais je ne pense pas qu’ils viennent ici dans le bassin des femmes. Ca serait culotté de leur part vous ne trouvez pas ?
Rigolant doucement à cette perspective d’intrusion, je continue ma réponse d’un ton plus jovial.
- Souhaitez-vous me garder à vous toute seule ? J’ai l’impression que c’est vous la groupie dans cette histoire non ?
L’hôtesse revient à ce moment-là, posant nos commandes sur un plateau. J’attrape la douce boisson parfumée. Il était difficile de sentir tous les arômes avec la vapeur d’eau qui titiller notre nez mais je peux reconnaître entre mille les feuilles de menthe du Village Perché. Ses pas s’éloignent peu à peu, l’envie de connaître un peu mieux cette femme m’interpelle. Quelle était son lien avec la Garde ? Ce n’est pas tous les jours qu’on fait téléporter un médecin de la Capitale à Forteresse, tout comme la présence du Maître-Espion aussi rapidement. Peut-être, je me trompe et c’est un malheureux concours de circonstances mais j’ai regardé, elle n’est un médecin de la garde donc ce Sergent a demandé à la faire venir expressément.Quoi qu’il en soit, je me rappelle encore de ses mains sur mon coeur, sondant mon âme et cherchant des explications. Si profesionnelle à cet instant et je découvre une autre facette d’elle maintenant. Inconsciemment, je joue avec mon anneau de pouvoir. C’était peut-être le moment d’essayer si il fonctionne avec quelqu’un d’autre. Les tests avec Nyx étaient faussés, on se désirait mutuellement, il était assez facile d’enclencher la flamme qui était au creux de son ventre mais avec une inconnue ? Est-ce que c’était profité de la personne ? Est-ce qu’on peut parler de consentement ? On m’a certifié qu’une part de désir doit exister pour que la magie fonctionne mais est-ce raisonnable ? Aucune idée mais je sens que mon pouvoir s’active quand je vois quelques courbes s’afficher devant mes yeux. Je ne faisais plus attention maintenant de voir de la couleur dans mon champs de vision mais je ressens la curiosité de mon vis à vis ainsi qu’une pointe de désir.
Il est vrai que je ne parlais pas au premier venue, la plupart du temps, je croisais les personnes lors d’entretiens ou autres événements du genre. Il était fini le temps où j’essayais mon pouvoir pour connaître les ressentis de chacun. Un travail de long haleine où j’avoue que j’ai expérimenté plus les aspects romantiques et séducteurs de la chose. Je me suis toujours demandée si à force d'entraînements, je pourrai manipuler les émotions mais rien ne s’est produit sauf depuis que j’ai l’anneau.
Me tournant vers la doctoresse, le verre à ses lèvres, je me surprends à penser que j’aimerai bien être à la place de ce dit rêve. Il est possible que maintenant que je n’ai plus ce contrat avec Nyx mais mauvais penchants reviennent au galop même si je n’ai pas attendu cela pour fréquenter Jin. Jin, je vais devoir m’occuper de son cas aussi mais pas aujourd’hui, je ne veux penser à rien. Pas de Nyx, pas de chasseur de prime, que ma personne et pourquoi pas cette autre cliente.
- Quoi qu’il en soit, il est vrai que cette vue nous donne envie de voyager, de liberté qu’on ne retrouve pas entre les murailles de la Capitale. Pour tout vous avouez, j’envie cette liberté. Pas de murs, juste des monts et des vallées, seule la force de marcher est la difficulté.
Si j’avais le courage de continuer avec Jin, je vois déjà tous les problèmes me tomber dessus. Mère, mes homologues, mon âge et les attentes de Jin. Serait-il capable de venir m’accompagner dans les banquets officiels qui sont d’un ennui mortel pour lui ? Puis si il part en mission et ne revient jamais ou blesser gravement et n’est plus l’homme que j’ai connu. Nombreux aventuriers deviennent fous après certaines expéditions tels que angoisse, cauchemars et autres…
- J’envie quelques fois la vie des citoyens hors de la Capitale. Tout a l’air plus simple, sans préjugés et les attentes ne sont pas les mêmes. Amours, devoirs etc… Enfin si je continue à parler ainsi, je vais finir par vous ennuyez alors que ce n’est pas le but !
Elle m’a proposé gentiment de passer du temps avec elle, ce n’est pas pour parler de nos ennuis respectifs !
- Si nous parlions de choses plus amusantes ! Une jolie jeune femme telle que vous doit avoir des prétendants à la porte. Je ne me rappelle pas d’entendre votre grand-père annoncé des fiançailles enfin si votre famille respecte le protocole.
Depuis le règne de la Reine Allys, certaines traditions tendent à disparaître. Nous n’étions plus beaucoup de famille à respecter ces vieilles traditions illusoires. Les Milans, D’arphéos, Valar, Castalion continuaient ce jeu hypocrite mais les Weiss ?
- En tout cas, si je le pourrai, j’aurai bien concouru aussi mais hélas c’est impossible.
Déjà je n’ai pas eu le courage d’annoncer ma relation avec Nyx à ma famille alors des fiançailles… elle m’aurait mis un contrat sur ma tête pour que je puisse disparaître à tout jamais.
- Ne prenez pas en compte toutes mes bêtises ! Je ne fais que vous taquinez, je crois que les discussions futiles me manquent ! .
Les gens se sentent tous obligés de faire attention à ce qu’il dit. Comme si un mur invisible nous séparait surtout depuis ma prise de fonction en tant que Premier Ministre. La seule personne au monde qui s’en fichait royalement des choses était Queen Milan. Elle était insupportable mais je l’appréciais au fond. Nous avions le même genre de mère et les mêmes problèmes mais cette petite ira loin un jour; quitte à m’écraser au passage !
- Enfin je présume que vous aussi vous êtes en vacances autant que moi non ? Vous n’allez pas m’avouer que vous fuyez aussi la Capitale ? Je le comprends bien c’est pour ça que c’est plus amusant de parler d’amour et de futilités qui vont avec. Tout ceci est d’un compliqué que même ici.. Ça me poursuit malheureusement.
Elle avait mis quoi dans mon thé ? Je pose machinalement ma tasse sur le rebord, je ne vais pas continuer à boire cette chose si c’est pour déballer ma vie à cette femme. Non Haru, regarde ce beau paysage et aussi quelques coups d’oeils au corps exquis de cette femme...
Elle avait levé son verre à son encontre, une moue taquine sur ses traits, répondant avec son naturel et sa spontanéité coutumière à la boutade d’Haru sur les groupies. Luz n’était certes pas férue de jeux politiques et n’excellait pas dans la manipulation verbale, mais il n’était guère possible de lui reprocher son manque de répartie : plus encore lorsqu’il s’agissait d’user de sa langue dans une estocade verbale croustillante ou de se servir de ses atouts dans une joute toute de charme. Oui, Luz était de ses femmes qui fonctionnaient particulièrement bien avec un objectif en ligne de mire, surtout lorsque celui-ci arborait d’aussi charmantes mirettes et les courbes de la Première ministre. En revanche, elle ne pouvait que s’étonner de la remarquable honnêteté dont cette dernière faisait preuve. Elle ne connaissait que peu de choses à son sujet, mais l’honnêteté ne paraissait que rarement faire partie des qualités d’un bon politique. Elle les voyait tels d’étonnants poissons exotiques habitués à nager dans la pression terrible des abysses maritimes, incapables de se laisser aller plus avant à cause des nombreux secrets qu’ils détenaient… En politique, le franc parler pouvait s’avérer mortel et définitif. Les hautes sphères ne pardonnaient pas, et n’oubliaient jamais tout à fait.
Elle jeta un profond regard de réflexion à son verre de vin, et s’accorda une rasade. Elle ne se leurrait pas, ce n’était pas une maladresse de la Première ministre, mais bien une marque de confiance remarquable. Luz en était la première étonnée, et se sentait tout autant investie d’une envie indéfectible de lui prouver qu’elle avait entièrement raison de lui faire confiance. Elle n’avait ainsi certainement pas l’habitude de rejeter la main tendue des gens, ni de pérorer auprès de donzelles apprêtées jusqu’aux orteils sur les secrets en sa possession. Non, Haru pouvait lui parler de l’infinité des turpitudes de son cœur, elle ne trouverait en Luz qu’un confessionnal compréhensif. Rien ne l’intéressait de toute façon en termes de pouvoir politique, et il n’y avait aucun achat en ce monde qui puisse la corrompre. C’est qu’il fallait bien avoir l’habitude de conserver des informations confidentielles, lorsque l’on se devait de respecter le secret médical !
Attentive aux propos sibyllins de la jeune femme –car elle ne disait que trop peu de choses au regard de ce qui semblait agiter son cœur-, Luz perçut les égarements et les hésitations qui voilaient par instant ses yeux d’une lueur plus mélancolique, plus douloureuse. Ici résidait donc tout le poids des Du Lys et d’une fonction aussi élevée dans le gouvernement. Il y était beaucoup question de l’amour, et des responsabilités qu’elle se devait d’assumer. Souffrait-elle d’un conflit entre ses sentiments personnels et le rôle que lui imposait sa famille ? Quel dilemme l’avait poussée à s’échouer dans ces thermes, dans l’espoir peut-être que la brume de l’eau chaude dissiperait ses propres regrets et inquiétudes ? Soucieuse de ne pas perdre ce précieux moment d’intimité, Luz eut un doux rire et s’empressa de la rassurer :
Elle haussa un sourcil éloquent, figne ligne amusée à l’intention de la boisson que dégustait présentement la Première ministre. Luz raffolait des décoctions de plantes chaudes, même presque un peu trop aux dires de Zahria qui devait supporter bien malgré elle ses manies de vieille dame… Malgré tout, cette discussion ne devait pas être à sens unique et Luz tenait à montrer à Haru qu’elle ne voyait aucun mal à faire preuve d’une honnêteté la plus totale. Peut-être aurait-elle moins de difficultés à confier ce qui peinait autant son cœur, si Luz lui donnait en réponse quelques éléments sur elle-même… ? Il était toujours moins intimidant de ne pas être la seule à se dénuder devant son public… Sans mauvais jeu de mots, songea Luz, non sans un regard pétillant en direction du corps alangui d’Haru dont les formes se mouvaient à travers le voile artistique de l’eau.
Elle caricaturait quelque peu le trait, mais l’intention y était.
Elle ourla ses propos d’un charmant semi-sourire en coin, et reprit sur un ton plus léger :
Elle grimaça d’un air comique, n’ayant que trop souvenir de ses nombreuses bourdes d’enfant. Même une fois adulte, ce manque d’éducation avait entraîné chez elle un sérieux problème de légitimité envers l’autorité et un amour inconditionné pour la liberté… Elle se pencha sensiblement vers Haru, et s’aventura même à poser délicatement sur son épaule une main complice. Elle lui glissa un ton plus bas, s’amusant volontiers de prendre des intonations de conspiratrice :
Ce faisant, son souffle chaud caressait l’oreille de la Première ministre de ses accents suaves, et le velours de sa poitrine effleurait subtilement de cette proximité induite le bras d’Haru. D’une candeur faussement incarnée, Luz était indéniablement trahie par le fin sourire renard qui étirait ses lèvres d’une rougeur lascive. La maligne carnassière s’adonnait à un très fin jeu d’avances et de dérobades, gagnant progressivement du terrain et tâchant de savoir jusqu’où Haru la laisserait aller. C’était cela, après tout, le charme de l’exercice : danser en terrain dangereux et alterner à tout instant entre la drague consommée et le civisme jovial. Toute de feu et de glace, savourant à l’avance toutes les réactions de la belle, Luz reprit d’un ton plus paisible :
Luz coula vers elle un regard soucieux, et lui proposa une ouverture dans l’espoir de l’aider à s’épancher un peu plus sur l’origine de ce qui la tracassait tant :
Mes propres besoins ? Quels étaient mes besoins finalement ? Avoir un travail passionnant ? Une vie de famille ? Quelqu’un qui m’attends dans mon lit ? Profiter de ma “ jeunesse “ pour changer de partenaire comme bon me semble car j’avais encore le physique pour attirer mes proies ? Ce temps là doit être révolu, je devais arrêter de toujours faire qu’à ma tête, voilà ce que Mère me répétait sans cesse et Jin était de ces choses là… rien de bon. Mais Luz avait certainement raison, si je ne pense pas à moi, personne ne le fera. Nyx était partie par ma faute certes mais est-ce que j’étais soulagée de la situation ? Au premier jour, je dirais non mais quand j’y repense, je n’aurai jamais pu donner ce qu’elle souhaite et est-ce que je pourrai le donner à Jin ? La question qui me tourmente depuis de nombreuses nuits et dois-je encore y penser avec une femme qui est de si agréable compagnie ?
Compagnie qui peu à peu s’approche de moi. Instinctivement mes pupilles changent comme si mon cerveau me disait de me méfier. Hélas, ce n’est pas la première personne qui essaye de s’approcher de moi pour avoir un quelconque service dû à mon rang et elle ne sera certainement pas la dernière. Essayant de juger alors ses sombres pensées pendant que j’écoutais avec attention ses paroles, ma peau frissonne légèrement quand son corps se retrouve alors près du mien. Me trahissant d’un simple sourire, j’essaye de rester de marbre face à ses assauts subtiles. Sentir son souffle chaud contre ma nuque, ses compliments à peine voilés et ses expressions faciales qui se jouent très bien de moi, cette médecin avait un talent inné pour la séduction et je pourrai presque y succomber mais est-ce raisonnable ?
Laissant le jeu tel quel, la voilà à parler de choses plus communes pour alors aborder un sujet plus épineux. Ma vie sentimentale. Est-ce que mes propos insinuaient pareils scénarios ? Détournant alors le visage vers elle, je ne savais que dire mise à part que ses yeux étaient un appel au crime tout comme le reste de son visage.
- Je crois que vous vous méprenez.
Posant ma tasse de thé et prenant une meilleure assise pour me tourner plus vers elle, j’avais maintenant une meilleure vue sur la silhouette de la jeune femme.
- Je pense qu’une femme comme vous aimerait avoir une personne avec une joie de vivre incommensurable et qui doit changer de l’ordinaire non pour partager votre vie. Je ne crois pas que je réponds à tous vos critères de sélection et puis vous semblez si jeune Mademoiselle Luz...
Jeune… Jin l’était aussi. D’ailleurs, nous n’avons même pas eu le temps de parler de son passage en prison, si il a souffert, si la médecin avait fait quelque chose pour lui ou que sais-je. D’ailleurs une femme que Luz lui irait largement mieux que moi. Elle n’avait pas les mêmes responsabilités, elle pouvait vivre sa vie comme elle le souhaite. Certes elle était de bonne famille mais elle a l’air de s’être totalement émancipée de son grand-père qui lui à laisser tout faire d’après ses dires.
- Même si la différence d’âge ne soit pas un argument de taille cela dit !
Laissant alors le dos de ma main effleurer son bras qui quelques instants plus tôt s’était perdu sur mon épaule. Mon regard plonge alors dans le sien pendant que je grave cette sensation, plus gourmande, ce sont mes doigts qui profitent de la délicatesse de sa peau.
- Enfin qui ne voudrait pas profiter de la fougue de la jeunesse ? Je serai la première à jeter la pierre si je n’avoue pas avoir déjà profiter de cette situation.
Par deux fois même et Jin était tout sauf un mauvais amant. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas à une parfaite inconnue que je pourrai parler de mes états d’âme. Le Maître-Espion était déjà la personne de trop et peut-être qu’il n’a pas tenu sa langue dans sa poche donc je préfère être prudente et ne jamais dire son nom. Retirant ma main de son bras, je le pose maintenant sur le rebord du bassin.
- Sinon pour tout vous dire, j’ai plutôt rompu avec ma partenaire et non un futur mariage. Je suis en quelque sorte libre enfin c’est compliqué dirons-nous.
Je n’ai rien promis à Jin, déjà il faudrait qu’on se revoit et ensuite… il faudra qu’on parle de “ nous “ et je ne suis pas encore prête pour cette discussion.
- Je viens d’une famille plein de tradition Mademoiselle Luz, un peu comme la vôtre avant. Même si on ne parle pas de mariage arrangé, on peut dire qu’il faut que je trouve un bon parti et il faut dire que les bons partis qui m’intéressent, ça ne court pas les rues. Enfin si, ma précédente partenaire même si c’était une femme, elle répondait aux autres critères. Hélas, j’ai osé écouter mon coeur pour une fois pour partir dans une autre direction.
Faisant un signe de main devant mon visage pour dire que je voulais effacer cette discussion. Je décide de plier le coude pour lover ma joue contre ma main.
- Allons, revenons sur un sujet capital que vous avez évoqué. Il est indéniable que le thé chaud est bien meilleur que le thé froid ! Ahaha.
L’hôtesse finit par réapparaître et nous demande si on avait besoin de quelque chose. Je me tendis quand j’entends sa voix et prends une posture plus professionnelle dirons-nous. Prise au dépourvu, je lui indique alors que ce n’était pas nécessaire et qu’elle n’avait pas besoin de revenir, nous avions tout ce qu’il nous faut.
- Bien Dame Du Lys
- Ah oui, je privatise le bassin complet. Ne faites plus entrer de clients. Je dois avoir une discussion confidentielle avec Dame Weiss.
- Cela sera fait.
- Merci de votre compréhension.
L’employée s’en va sans aucun bruit de talons et je m’en rends compte que encore une fois, j’ai abusé de ma situation mais j’en avais assez qu’elle s’affaire à nous demander toutes les dix minutes si nous allions bien. Détendant aussitôt mes épaules, je dépose de nouveau mon bras sur le rebord du bassin, encadrant le corps de la femme aux cheveux de feu. Faisant attention à ne pas renverser le thé qui était posé non loin (Dé : Non)
- Je crois que nous sommes définitivement tranquille et que même si je m’endors ou fait autre chose de honteux, seule vous serez témoin de ma chute.
C’est alors que la cascade vient de s’allumer, un peu plus loin de nous. Je profite de l’occasion pour me lever et m’avancer légèrement dans le bassin. Tendant une main vers mon vis à vis.
- Voulez-vous m’accompagner là-bas ? On dit que l’eau qui tombe sur les épaules est un très bon moyen pour se délier les muscles du cou et des épaules.
Elle mima la gracieuse révérence d’un Conseiller royal à l’égard de sa Reine, et toute parée d’un sourire, prit sa main tendue avec délicatesse. Autour d’elles, le bassin s’avérait silencieux hormis les clapotements de l’eau générés par les installations, déserté de toute autre âme grâce à l’initiative de la Première ministre. Si Luz avait imaginé pouvoir profiter des bienfaits d’un bain privatisé, peut-être aurait-elle songé bien plus tôt à cette pause… Elle l’accompagna donc jusqu’aux remous de la cascade artificielle, passant une main brève sur son visage lorsque des embruns vinrent s’y perdre. Le mécanisme rivalisait d’ingéniosité et le tuyau était paré de marbre blanc morcelé de mosaïques azurs. Il s’évasait en son embout sur une largeur de deux mètres, distillant dans l’eau bouillante un fin rideau dont la surface miroitait aussi bien qu'un reflet de lune. Plus loin, d’autres jets d’eau s’étaient actionnés, distillant dans les airs des arcs artistiques et des anneaux enroulés. Oh, aux jeux d’eau, Luz n’était pas la plus à plaindre…
Elle se glissa dans son dos d’un pas félin, agile et légère dans l’eau qui ruisselait toujours jusqu’à leur taille. Tandis qu’elles reculaient, la cascade ne manqua pas d’arroser leurs dos, distillant de ci de là des rebonds aléatoires et mouillés sur la surface du bassin. Fort heureusement, personne n’était plus dans les parages. Elles n’avaient donc guère à craindre d’embarrasser un éminent personnage venu se délasser à proximité et qui n’aurait peut-être pas apprécié la farce de ces éclaboussures incessantes. L’eau, un tantinet plus fraiche que celle du bassin, était du moins terriblement attrayante.
Ses mains remontèrent donc jusqu’aux épaules d’Haru, qu’elle effleura d’un premier mouvement gracile du poignet. La paume de ses mains englobèrent tout à fait la courbe de ses épaules, glissèrent un court instant sur ses bras puis remontèrent jusqu’à sa nuque. Alors, la pulpe de ses pouces vint y tracer un lent sillon circulaire, la chaleur de ses paumes infusant à la peau de la Première ministre un doux réchauffement glissé. Ses doigts habiles, délicats et fermes parcouraient les nœuds nerveux et la structure délicate de son dos avec l’adresse d’un vol d’hirondelle. Un long massage, comme s’il se fut agi d’en lisser les angoisses et d’en rabibocher les anfractuosités d’une caresse allègre, que l’eau rendait fluide et d’autant plus sensuelle.
Afin que sa voix puisse atteindre son interlocutrice, et tout autant par jeu, Luz s’était approchée subrepticement de son oreille. Ses mèches de cheveux flamme effleuraient par instant l’épaule de la ministre, quelques gouttelettes cristallines glissant par intermittence de son menton et de sa chevelure pour mieux venir consteller la peau d’Haru de petits points chatouilleux et glissants. En avait-elle conscience ? Oh, oui, parfaitement. Luz souhaitait ardemment pouvoir lui tirer l’once d’un tressaillement. Mais toute chose se devait de rester rythmée, aussi reprit-elle son massage avec la moue faussement concernée d’une jeune femme ne souhaitant que relaxer son interlocutrice.
Sa dextre glissa le long de son dos, se coula un instant dans le creux de ses reins pour y tracer un léger sillon mutin de l’ongle, puis de la paume de la main. De là, elle remonta progressivement celle-ci en massages amples et circulaires jusqu’à ré-atteindre ses épaules et la fine courbure de sa nuque. Elle y chassa d’une caresse les quelques mèches humides collées à sa peau, et glissa son pouce dans la rainure qui se perdait dans son cuir chevelu. Il n’y avait pas de vertèbre plus agréable à masser, car la colonne vertébrale emmagasinait toutes les tensions et les violences du corps en cet endroit.
Et dîtes-moi, ma Dame, n’est-ce pas justement cela qui fait toute la beauté de la vie ? Ne pas savoir, reculer, revenir, changer d’avis librement, se disputer, embrasser, courir ensemble dans le plus total hasard du futur ? Trouvez quelqu’un qui vous fera vous sentir entière, et vous n’aurez plus jamais à regretter de ne pas pouvoir marcher des heures en montagne. »
Elle rit de cette courte référence, personnalité naturellement heureuse et enjouée.
Luz accepta cette main tendue et me rejoignit avec douceur jusqu’à la cascade. Usant de ses charmes et de ses aptitudes médicales, j’étais bien incapable de refuser une telle proposition. Je me rappelle encore de son passage à la prison du Village Perché dans ma cellule. La douceur de sa main sur ma poitrine, laissant passer un courant magique réconfortant, peut-être est-ce cela son pouvoir, apaiser les gens. Il m’était difficile d’aborder ce sujet sans évoquer cette histoire que je m’efforce de faire effacer auprès de certaines personnes.
J'acquiesce d’un léger signe de tête et ses mains finissent sur mon corps. Elle se trouvait là, derrière mon dos, s’appliquant aux bons soins de sa ministre. Ses mains parcourent le haut de mon corps avec une expertise sans nom et je sens que mes muscles se délient au fur et à mesure. Mon corps et mon esprit s’apaisent in fine comme la langue de la rouquine qui se libère. Jouant sur mes réactions que j’essaye de contenir depuis que je pouvais sentir son souffle chaud près de mon oreille, je me pose la question comment va finir ce “ massage “. A en croire sa situation, elle avait de l’argent tout ce qui fallait même et qu’est-ce que je pourrai lui apporter au final ? Car les approches de ce genre ne sont pas toutes si innocentes, beaucoup cherche quelque chose mais la femme de feu ? Que voulait-elle ?
Une mèche de cheveux finit par relever mon point de faible, ma main part aussitôt couvrir mon avant-bras opposé pour cacher mes fressimments. Il va être complexe de garder mon sang-froid avec son corps que je sens dans mon dos et ses efforts pour ne parler que proche de mon oreille. Mais hélas, la séductrice avait plus d’une corde à son arc. M’expliquant que les traditions ne servaient tout simplement à rien et que je devais suivre mon corps, mes pensées sombrent de nouveau à la discussion que j’aurai avec Mère ainsi que les nombreux regards que subira Jin si il ose rentrer dans ma vie. Est-il prêt à l’assumer ? Rentrer dans un monde que tout le monde rejetera car je ne fréquente pas des gens comme Dame Weiss tous les jours, c’était même l’inverse. On n’attends de moi que de parfaire la lignée même si mon frère Elliot est l’héritier. Serais-je capable d’attendre un homme qui aime chercher les pires criminels par la peau du cou dans tout le royaume, prenant cette activité comme un jeu ? Son activité est louable mais est-ce que c’est suffisant ? Pourrais-je encore le supporter quand j’apprendrais qu’il a tué plusieurs hommes ou si il revient blessé ?
Il est vrai que rien ne me l’interdit de fréquenter Jin mais j’ai peur. Est-ce donné raison à Nyx de finir dans ses bras après notre rupture ? J’ai toujours pu lire qu’on ne voulait plus quitter la personne avec qui nous avons commis des impairs mais moi, je ne fais rien comme tout le monde, j’ai préféré fuir, loin pour me retrouver ici avec cette tentatrice qui parcourt maintenant mon dos. Mon souffle s’arrête quelque seconde quand ses mains finissent plus bas qu’un massage standard. Mon corps se raidit aussitôt pris par le cours de mes pensées puis ses mains retrouvent le sommet de mon dos puis s’occupe de ma tête. Fermant les yeux quand elle frictionne légèrement ma tête, ma respiration reprends un rythme normal. Comme emportée par les douceurs qu’elle me prodigue, je sens mon corps partir en arrière mais je me reprends, je ne vais pas finir sur elle, ça serait … mal vu ?
D’un côté, elle s’occupait merveilleusement bien de moi et j’essaye de me souvenir si la moindre personne n’avait fait ce genre de chose. Je passais d’agréables moments avec Nyx mais rien de bien semblable, nous parlions certes, explorions aussi notre sexualité avec diverses scénarios mais jamais cette tendresse que me donne la doctoresse. Est-ce que Jin pouvait faire la même chose ? Je me surprends à sourire légèrement et je ne vois pas un aventurier tel que lui le faire. Il avait sa fougue et sa force physique pour lui mais la délicatesse d’une femme ? Est-ce que ça changerait si j’avais en face de moi son homologue femme ? Je ne pense pas, ce n’était pas ça que j'apprécie chez lui, c’était tout autre mais là n’était la question.
- Dame Luz, vous souhaitez soigner tous mes mots j’ai l’impression non ? Reprenant le même ton qu’elle.
- Je comprends très bien tout ce que vous dites et je ne suis malheureusement pas la femme courageuse que certains pensent. Il m’est difficile de s’affranchir des préceptes qu’on m’a enseigné pendant toute mon enfance. La politique est un monde cruel et … je dois penser à l’autre personne. Le jeter dans la fosse aux gévaudans, me semble la solution la plus égoïste qui soit.
Je le vois bien me dire de toute façon qu’il peut survivre à tout. Il fait bien des missions dangereuses, errant seul dans les forêts obscures du pays, ce n’est pas une bande de requins aux bonnes manières qu’il va le faire peur. Si il savait…
- Quoi qu’il en soit, vous pensez que même avec ma compagne, je n’aurai pas pu savourer ce verre de vin ici ? Justement c’était bien ça le problème, ce genre d’initiative ne me gênait pas mais pour elle, c’était une autre affaire.
Il n’y a eu que Jin véritablement, le seul avec qui j’ai succombé alors que c’était bien le genre de personne avec qui j’aurai quelque chose avant Nyx. Ce rendez-vous arrangé a été un coup monté par un tiers ou par Lucy elle-même de m’avoir mis le chasseur de prime sur ma route. Je ne vois que ça. Je savais que des charmes opéraient sur nous mais cela ne m’a pas arrêté bien longtemps. Je sentais ce besoin d’aller plus loin, de mieux le connaître et de le revoir par la suite. Il a occupé mes pensées pendant de longues heures d’errance à mon bureau puis il est revenu, je l’ai aidé et insallablement, je m’étais lié à lui d’une manière à une autre.
- Mais il n’y avait pas que ça malheureusement. Certains disent qu’on peut aimer une voir plusieurs en même temps, d’autres parlent qu’on peut dissocier désir et sentiments. Le schéma universel est qu’on doit aimer et désirer qu’une personne mais si ce n’était pas ça la réalité ? Ma partenaire ne le concevait pas et m’a enchaîné à cette idée pour que je l’aime. J’avoue que c’était amusant ce principe au début puis j’ai croisé cette personne qui m’a dévié de cette idée. Mais si lui aussi ne conçoit pas l’idée que je peux l’aimer rien que lui mais désirer d’autres personnes ?
Je finis par m’arrêter de parler, il n’y avait rien à dire puis pourquoi je parlais de ça avec elle. Ses mains étaient magiques, me mettant beaucoup trop en confiance en sa présence. Je finis par attraper l’une de ses mains pour la retirer de ma tête. Je me tourne face à elle, plongeant mon regard maintenant ambré dans ses yeux émeraudes. Posant sa main sur ma joue, embrassant l’intérieur de son poignet, je diminue la distance entre nous, nos poitrines finissant par se toucher.
- Puis je crois que votre charme ainsi que vos ruses ont déjà porté vos fruits. Je ne vois pas comment on peut résister à vos mains pleines d’attentions. Vous êtes douée Dame Luz et vous m’intriguez.
Mes yeux ne voient que du désir, de l’amusement. Rien qui pourrait sensiblement me nuire mise à part blesser Jin, rien ne m’interdit de continuer même si il y aucun nous qui existe. Mais ses lèvres sont un appel au vice comme sa poitrine aux proportions idéales.
- Dois-je comprendre que vous me suggérez de suivre mon coeur et mes envies ? Est-ce bien ça que je dois comprendre ? Une vie pleine de rebondissements, plonger dans l’inconnu et de désirs ? Vivre une vie de remords ?
J’ai déjà fait un premier pas vers l’aventurier, qu’est-ce que je risque de continuer ? L’aimer ? Est-ce ça que j’ai peur, l’aimer et qu’il me brise le coeur car nos différences étaient trop grandes. Que notre amour était impossible car nous vivions dans deux mondes différents… Ne pas profiter de ce que j’ai là, est-ce que je m’en voudrais ne pas avoir tenter ma chance avec cette femme qui semble attendre que ça ? Cette question était beaucoup plus facile que de me lancer corps et âme dans une relation avec le beau brun.
Par conséquent, il était arrangeant que ma main libre finisse sous le menton de la rouquine. Lui faisant tourner légèrement la tête vers moi.
- Vous avez raison, il y a que ceux qui ne font rien qui ne connaissent pas la douleur non ?
Jouant à son propre jeu, je me mordille légèrement la lèvre inférieure avant de la tirer légèrement vers moi.
- Et si nous commencions cette vie de remords maintenant, Dame Luz. Voulez-vous m’aider dans cette entreprise aujourd’hui ?
Il en faut peu que nous nous embrassions. Je retrouve peu à peu notre assurance d’autrefois. Luz était une prédatrice et avait pris le dessus tout le long de notre discussion avec ces initiatives et autres gestes qui avaient pour but de me faire succomber. Ses yeux taquins me faisaient oublier les raisons de ma venue. Nyx finissait dans un coin de ma tête, Jin était un autre problème que je devrais régler plus tard. Il fallait que je soigne cette peine autrement et si embrasser ses lèvres étaient un remède ou un pansement provisoire, j’accepte ses soins avec hâte. Ce léger silence était toujours aussi amusant. Qui allait craquer avant cette bataille, qui allait faire le vrai premier pas et nous entendions que le bruit de la cascade qui frappe l’eau et nous éclabousse par intermittence.
Les êtres humains n’étaient-ils pas tout simplement magnifiques ? Dans leur cruauté, leur désir d’aimer, leur faculté à montrer mille et une facettes ? Quel autre animal en ce monde pouvait rire un jour, pleurer au deuxième et aimer au troisième ? Quel autre animal en ce monde pouvait vivre tout cela, et mourir d’une simple glissade hasardeuse ? Elle demeurait en leur périphérie telle une mère découvrant avec une tendresse toute bienveillante les agissements de ses derniers nés. Et elle voulait en être : être à leurs côtés lorsqu’ils s’effondraient pour mieux les relever, les panser et les inciter à continuer. Quelque part, nul n’était aussi conciliant qu’elle, et par certains aspects, aussi désaxé…
Elle vivait ainsi de ses propres contradictions depuis de nombreuses années, ayant abandonné depuis longtemps déjà l’avant de la scène. Elle ne recherchait pas le premier rôle, mais celui de régisseur. Veiller dans l’ombre des rideaux que ses acteurs se portent bien, que la lumière les éclaire convenablement et que leur poitrine ne cesse de brûler d’une passion belle et entière. Les personnes qui croisaient sa vie étaient de véritables comètes qu’elle tâchait de relier à un épicentre universel. Zahria, Naëry, Calixte et même Haru… Toutes ces personnes héritaient d’un destin hors norme et d’une existence qui les dépassait et les magnifiait tout à la fois. Elle avait choisi d’être spectatrice de leurs destinées croisées, et d’abattre sans fard les obstacles susceptibles de voiler leurs trajectoires. Heh, à tout premier rôle, son équipe technique ? Quel plus merveilleux spectacle que de les regarder se relever, marcher et dompter les caprices de Lucy ?
Au doigt sous son menton, Luz répondit par une main douce qui vint s’aventurer sous le cuir chevelu de la belle, brosser en arrière une longue mèche de cheveux violine pour dévoiler une oreille.
Elle fit un pas dans l’eau chaude, rapprocha tout à fait son corps contre le sien d’une main souple sur ses reins, certes audacieuse, mais jamais brutale. Joueuse dans un terrain bien familier, Luz sentit cette langueur si abrasive du désir l’envahir. Mais ce n’était pas là n’importe quel individu qu’elle pouvait dévorer sans se soucier du lendemain. Toute la complexité d’Haru se devait d’être savourée, effeuillée pas à pas, avec du doigté et la gestuelle d’un maître culinaire. Tandis que sa dextre glissait de l’échancrure de son dos sur la courbure de son fessier, sa main passa sur sa pommette comme une caresse et sa voix ne fut plus qu’un murmure ronronné contre sa bouche.
Elle effleura ses lèvres, tout d’abord, et ses dents vinrent se saisirent avec une suavité contrôlée de sa lèvre inférieure. Elle réitéra sa caresse, échangeant cette fois-ci un baiser plus prononcé, plus enflammé, les prunelles parsemées d’étincelles mutines. Lorsqu’elles se séparèrent en un souffle haletant, la pulpe de son pouce passa sur sa lippe malmenée et Luz s’empara d’une moue pleinement renarde. Il y avait là un rebord de bassin qu’elle mourrait d’envie d’utiliser pour savourer les délices d'un tout autre fruit…
Elles étaient étendues sur le bord du grand bassin, protégées par la surface moelleuse de plusieurs serviettes pour leur épargner la rudesse du carrelage. L’air était tiède et embrumé à cette hauteur, et la vie parfaitement agréable. Nue et exhibée sans la moindre pudeur, Luz s’était allongée sur le flanc, couvant d’un regard amical et amusé la Première ministre qui était restée à ses côtés. Elle avait récupéré leur corbeille de fruits un peu plus tôt pour des raisons absolument impures, et elle profitait à présent des dernières grappes de raisin ayant survécu à leurs jeux. Le raisin était d’excellente qualité, probablement issu du Grand Port, et la chair juteuse se fendait judicieusement sous la dent.
Elle plissa les yeux, une mimique faussement scrutatrice sur son visage, et poursuivit sur la lancée de sa réflexion :
Elle rit doucement, et s’empara d’un nouveau grain de raisin. Ce moment ne durerait pas bien entendu, depuis plusieurs heures qu’elles hantaient ce bassin… Mais il valait la peine d’en savourer tout le croustillant avant que leurs devoirs ne les rappellent à la réalité de leur quotidien respectif !
- Oh mais pour l’instant, vous avez accompli à la perfection votre devoir ma chère !
Et bien plus encore… Qui aurait cru que j’aurai trouvé pareille délice dans le froid glacial de Forteresse. Luz Weiss était un rayon de soleil venu de nulle part. On ne peut pas que retenir la couleur fauve de ses cheveux, non, il y avait bien plus encore. Son sourire rayonnant, ses idées nouvelles, ses mains expertes et sa manière de rendre les choses plus simples. A l’instar du moment que nous partageons toutes les deux où les conversations sans enjeu sont notre seul soucis commun.
- Mais je peux vous l’avouer à vous, oui j’adore les Floki, j’en ai même un et c’est un sacré chenapan !
Tsubaki avait le don de rendre mes journées plus joyeuses au bureau mais aussi me donner la dose de réconfort et courage lorsque je pouvais avoir une montagne de travail à abattre dans la journée. Plus d’une fois, il m’a mise dans l’embarras dans des réunions plus ou moins officielles comme avec le Maître-Espion mais ce n’était qu’un moment amusant qui se rajoutait à la longue liste. Quoi qu’il en soit, nous étions allongées sur le bord du bassin, profitons de la chaleur des lieux pour finir cette fameuse corbeille de fruit dont il reste plus grand chose, elle a un destin autre.
-Vous êtes téméraire Luz mais oui effectivement, vous approchez du but.
Je me permettais d’oublier les titres, je pense que ça pouvait atteindre d’avoir enfiler de nouveau nos vêtements et reprendre chacune notre vie d’avant. J’avais déjà toute l’année au palais pour me soucier d’appeler chacun par titre ou autre sobriquet adéquat.
- Mais oui effectivement, je suis née quand le soleil commence à nous recouvrir de sa chaleur mutine. Mon signe est le bon exemple, je suis Phoenix. Cet être légendaire est le symbole de la renaissance mais on l’appelle aussi l’oiseau de feu. On dit également que ceux nés lors de la troisième lune douce sont des personnes préférant le contact humain, le voyage, la communication. Je ne sais pas où est le vrai du faux là-dedans mais je me retrouve un peu là-dedans.
Pour associer le geste à la parole, mes doigts glissent le long de l'aine de ma comparse. Le contact humain, oui je m’y retrouvais. La communication ? Oui j’adorais parler et le voyage ? Si j’avais plus le temps, j’aimerai parcourir le royaume. Ma main finit par quitter son épaule à contre coeur. Nous n’avions pas le temps à autre chose, chacune avions un emploi du temps chargé et quand je vois la position du soleil dans le ciel, je peux aisément deviner que le sablier est contre nous !
- Et vous Luz, après tout ce que vous m’avez dit, il y a bien quelque chose qui vous ferait envie non ?
Notre conservation n’a pas été aussi insipide qu’on pouvait le croire. Nous avons toutes les deux, délivrer des petits morceaux de nous-même à travers des boutades ou autres. Ce que j’ai compris, elle aimait profiter de l’instant présent et n’a pas de soucis comme les miens. Elle avait pris son indépendance vis à vis du fardeau de cette famille. L’argent ne l’intéressait pas, ni avoir un nom brandit sur toutes les façades de la ville, non c’était autre chose mais cela m’était encore inconnu.
M’installant plus confortablement sur le dallage qu’on avait protégé avec des draps, j’attrape le dernier raison qui avait survécu à nos ébats.
-Demandez toujours, peut-être que je pourrai vous exaucer un voeux ! Mais s’il vous plaît, ne me demandez pas de négocier la main du prince à la Reine !
Je me mis à rire à mon tour, la Reine ne forcera jamais aucun de ses enfants à choisir telle ou telle personne. Elle voulait arrêter ses fameux mariages arrangés et son fils est bien assez intelligent pour ne pas prendre la première idiote qui passera devant lui.
- Enfin, je doute que ça vous intéresse. J’ai bien compris que vous avez quelqu’un dans votre vie et je pense qu’il est bien chanceux d’avoir une femme comme vous pour le soutenir. D’ailleurs, il serait peut-être temps de retrouver votre prince charmant non ?
Je l’enviais presque. Cet homme avait une femme resplendissante mais peut-être que dans la vie de tous les jours, elle se relève être un parfait dragon ! Mais bon, il était peut-être temps de la délivrer et moi réfléchir sur ma situation amoureuse désastreuse...