Il n’était pas si roturier qu’il le pensait, l’histoire de sa mère et de son père, des parties de jambe en l’air en secret. Mais surtout, la trahison, l’horreur d’un paternel qui la renvoya, ne supportant pas d’avoir des bâtards. Il n’arriva pas à déchirer le prénom de cette homme. Mise à part qu’il commençait par Et. Puis, l’encre de mauvaise facture avait malheureusement mal vieilli. Cela le mit de plus en plus en rage. Il aurait tellement voulu connaitre ce nom, pour le retrouver et venger sa mère. Il ne voulait pas tuer, il n’a jamais tué d’hommes. A vrai dire, il sait que faire tomber en disgrâce un noble était beaucoup plus douloureux pour lui que la mort. Sans s’en rendre compte, il vient briser sa choppe de bière sous la rage. Des phalanges osseuses viennent former comme une coque autour de ses doigts ; tellement que la rage montait en lui.
Le lendemain après avoir laissé passer la colère qui le rongeait de l’intérieur, il vient sortir dans la ville. Il aurait plus d’informations à la bibliothèque, mais pour cela, il devait trouver le registre de naissance et surtout celle spécialisé dans les nobles. Car, il avait une certitude, sa mère ne se trompait pas, elle ne lui mentirait pas ainsi. Il voulait savoir qu’il était. Après plusieurs d’attente, il n’eut pas le droit d’accéder à ses registres car d’une part, il n’était pas ici et d’autres parts, il n’avait pas la qualification requise. Saloperie d’administration pro noblesse se dit l’albinos. Malgré cela, il parvient à glaner quelques renseignements.
-Mmmh, ce genre de registre doit se trouver dans les archives royales, mais bon, vous n’aurez pas accès, encore faudrait-il que vous ailliez accès au palais.
Il n’en fallait pas assez pour le jeune homme pour avoir une idée en tête. Le soir venu, il vient essayer d’infiltrer les archives. Armés de son livre mémoire ainsi que de ses habits simples, le jeune homme prit la direction du palais. Sans savoir qu’à peine avoir posé un pied dans ce lieu interdit qu’une ombre le suivait.
Et du coup, dans ces nombreuses tâches, il incombe à Zahria de venir en personne déposer les rapports confidentiels dans l'étagère fermée à clef. Et évidemment, il faudrait que Zahria prenne l'apparence officielle du maître-espion, pour ça, et qu'elle vienne durant la journée, pour respecter les règles et se plier aux directives. Mais on le sait, Zahria n'aime ni respecter les règles, ni se plier aux directives. Et l'apparence du maître-espion, si elle est de plus en plus à l'aise avec, n'est pas aussi confortable que son propre corps. Qui plus est, avouons-le, Zahria a tellement de dossiers sur les bras en ce moment qu'elle n'a pas le temps de se déplacer durant la journée pour aller jusqu'aux archives.
Si elle doit veiller sur Vrenn ces derniers temps, depuis son retour de quête et sa blessure mortelle, elle attend qu'il soit endormi et calme pour se mettre au travail et rattraper le retard. Et ce soir en fait partie. Refermant doucement la porte de la chambre derrière elle pour ne pas réveiller son amant, Zahria est sortie en catimini, ses dossiers confidentiels sagement rangés dans son sac sans fond, afin de les amener aux archives. Goûtant la fraîcheur de la nuit, la jeune femme prend rapidement la direction du palais. En d'autres circonstances, elle pourrait se poser et lire un livre sur place, mais là elle a juste hâte de rentrer et se glisser sous la couette aux côtés de Vrenn. Depuis son voyage avec Valentino, elle a fait la constatation que les sentiments qui la liaient à son amant étaient plus profond que pour un simple coup occasionnel, et si elle n'avait pas ressenti d'affection de ce genre depuis longtemps, elle a décidé d'en profiter, pour l'instant.
Quand elle arrive devant le palais, elle le contourne par l'extérieur pour arriver à l'aile des archives, dans laquelle elle pourra rentrer en passant les gardes grâce au sceau du Maître-Espion, apposé sur un document officiel. Il suffira de demander à Vrenn demain de la faire oublier, ça ne devrait pas être très compliqué. Mais quand elle voit le jeune homme faisant des allers et retours devant les portes, cherchant très visiblement une faille pour s'introduire, elle décide de mettre en pause sa mission du soir, même si ça implique de retarder son retour à la maison, pour se glisser derrière lui. Ses cheveux blancs et ses yeux rouges ne l'aident pas spécialement à passer inaperçu, et s'il a l'air de savoir ce qu'il fait, ce serait dommage qu'un délit ait lieu devant ses yeux et qu'elle n'agisse pas... Alors qu'il semble avoir trouvé une entrée ou une piste et se met en branle, Zahria pose la main gauche sur son épaule pour l'arrêter, et son bras droit boosté en vitesse par une lumière capturée dans la ruelle vient passer devant son cou, laissant la fiole dague jaillir et se placer sous sou cou.
Dans son dos, sa bouche collée à l'oreille du garçon, Zahria sourit.
« On s'est perdu, jeune homme ? Il me semblait que vous étiez sur le point de faire une bêtise, là, non ? Comme ce serait dommage de finir en geôle pour un pari fait avec vos amis ou je ne sais quelle connerie qui a pu vous mettre en tête que vous introduire dans le palais serait une bonne idée... Je vous livre aux gardes tout de suite, ou on attend un peu pour que vous m'expliquiez ? »
Bien trop concentré à savoir s’il y avait devant lui et surtout au moindre bruit, il ne fit pas attention à son sens tout aussi fondamentale, la vue. A peine, il espéra trouver une quelconque entrée qu’il fut d’un coup retenu. La gorge commençant à lentement chatouiller, pour preuve, une lame fine et bien aiguisé commençait à le faire rougir le menton, qui plus est, elle est en train de surtout le faire saigner mais passez pour le menacer. Il vient, lever les mains, signifiant qu’il était de toute manière non armé et surtout qu’il ne présentait aucune animosité. Il vient tout de même soupirer profondément. Tout cela était assez cocasse, qui plus, assez grisant. Se faire avoir de la sorte, cela ne le ressemble pas.
Il va devoir jouer franc jeu et surtout car sur table s’il ne veut pas qu’il soit conduit au garde. D’un air non stresser même si tout son être l’était, il vient prendre une bouffée d’oxygène et vient dire ses mots.
-Non, c’étaient les archives que je recherchais… Et non, j’ai passé l’âge pour parier, qui plus est, je suis quelqu’un de malchanceux. Une bêtise certes mais je n’avais pas le choix à vrai dire, ce qu’il y a là-bas me permettra d’en savoir plus sur mes origines…
Il vient prendre le temps d’un arrêt dans ses paroles et vient essayer de voir qui lui susurrer des mots aussi tranchant que son poignard. Mais, il ne put, il vient toujours les mains en l’air tonner.
-Vous pourriez enlever votre lame et je doute avec ma blessure au flan que je puisse courir aussi vite que je le peux. Ainsi, je suis toujours à votre merci et je ne compte pas fuir. Et si vous aviez l’attention de me contraindre à aller voir les gardes vous n’aurez pas dit cela. Je vais être franc jeu, je recherche un nom, qui pourrait me rapprocher de ce qu’est mon géniteur paternel.
Il est plus petit que Zahria, qui n'est pourtant pas un modèle de croissance inouïe, mais elle sent qu'il est plus musclé qu'il n'y paraît. Et si son visage est juvénile, il ne l'est peut-être pas tant que ça, finalement. Les apparences peuvent être trompeuses. Son histoire pourrait presque être touchante, si elle était complètement véridique. Et le nombre de choses qu'on a pu dire pour faire croire à un mensonge... Sans voir son visage, il est dur de savoir s'il bluffe ou est honnête, même si le ton de sa voix donne quelques indices... S'il ment, c'est un excellent menteur.
Zahria soupire, puis relâche la pression de la dague sous son cou, pour forcer le jeune homme à se tourner vers elle, afin de le scruter. L'impression se confirme. Le jeune homme semble honnête. Enfin, Zahria s'est déjà trompée au sujet d'autres, et ce n'est pas une raison pour le relâcher de suite, si c'est pour qu'il essaye à nouveau de se faufiler dans les archives royales. Elle laisse la fiole dague se recomposer sous forme de liquide, puis la glisse à sa ceinture. Il serait presque libre de ses mouvements, s'il le voulait, mais Zahria serait prompte à le mettre à nouveau hors d'état de jeu s'il cherchait à fuir. Ses mouvements félins en témoignent, elle est comme un chat jouant avec sa souris.
« Donc, si je résume, tu tentais de t'introduire dans le palais pour accéder aux archives royales afin de trouver des documents sur ton père. Et pour ça, tu voulais foncer dans le tas, quitte à te prendre une patrouille de gardes royaux bien moins sympathiques que moi, et finir en geôle, n'est-ce pas ? »
Le tutoiement est venu naturellement, comme toujours chez Zahria. Elle soupire, longuement, ferme les yeux, et quand elle les rouvre il est encore là.
« Tu peux pas accéder aux archives royales. Je sais que c'est pas juste, mais c'est comme ça. On y peut rien. Faudrait que ton père soit haut placé, au moins noble, ou alors quelqu'un d'une grande renommée pour que tu trouves des informations sur lui là-bas... C'est quoi ton nom, dis voir, histoire de voir si tu étais complètement à côté de la plaque ? »
Après tout, il n'a jamais dit qu'il connaissait pas le nom de son père, Zahria peut facilement supposer qu'en apprenant le sien, elle apprendra celui du paternel. Mais quand il lui donne son nom, ses yeux s'écarquillent lentement. Les cheveux blancs, les yeux rouges, Nivix... C'est le gars pour qui Vrenn s'est planté un poignard dans le ventre. Le gars envers qui, en quelque sorte, elle a une dette, vu qu'il a permis à son amant de trouver une once d'altruisme dans son être - même s'il crie à tout va que c'était les effets secondaires du bouillon de poule qui l'ont incité à faire cette action. Et si elle devrait lui en vouloir parce qu'elle a failli perdre Vrenn à cause de lui, Zahria lui est étonnamment reconnaissante.
« D'accord, Nivix, je vais te filer un coup de main. Je peux pas te faire rentrer aux archives, mais si tu me racontes toute ton histoire, je pourrais peut-être t'aider dans ton enquête. Je suis très forte pour les énigmes et les mystères. Mais pas ici, viens, on va se poser quelque part, avec une petite chopine, ce sera mieux qu'en pleine rue. »
Elle l'entraîne à sa suite dans une petite taverne où ils s'assoient dans un coin tranquille après avoir passé leur commande. Puis, elle écoute.
Venant se retourner vers son interlocutrice, le jeune homme put enfin la détailler. C’était une jolie femme, mais Nivix n’en dit rien. Il trouvait juste son apparence gracieuse mais sur ses traits, il pouvait deviner quelle était comme une rose, très piquante. La preuve pour sa lame qui semble être liquide… Curieux pouvoir qu’est cela, ou bien est-ce que cela dû à un objet de pouvoir ? Nivix vient se gratter la tête avant que la voix de la jeune femme vienne le ramener à la raison.
-C’est le seul moyen que j’ai à ma disposition. Les registres des nobles ne s’y trouvent pas à la bibliothèque. Et par ailleurs, je n’aurai pas eu le droit de consulter le registre car les nobles le gardent jalousement. Et pour la geôle, j’en était convenu que je pourrai acheter ma liberté en faisant une mission dans leur intérêt.
Nivix ne remarqua pas le tutoiement car ce dernier ne voit que trop rarement. Cela était comme cela qu’il avait appris à parler, au sein des quartiers en entendant les autres parler. Triste jeunesse dira-t-on. Mais l’albinos sait que cela est fait, on ne peut plus rien y faire maintenant. Nivix ne bougea pas d’un iota, juste ses bras qui viennent se positionner derrière sa tête. Lorsqu’elle lui demanda son nom, ce dernier fit un peu la moue mais il n’était pas en position de marchander et se passa à table
-Je m’appelle Nivix E. Orgrin, Orgrin vient de ma mère, le E, de mon paternel. Je ne sais pas ce qu’il veut dire mais j’ai des pistes. Dans une lettre que ma mère m’a passé, il est question de ce dernier. J’ai réussi à trouver deux autres lettres, E T et H. Ainsi, le seul moyen d’avoir la suite était de regarder dans le registre.
Il s’attendait à ce qu’elle vient ensuite le conduire à un poste ou à une garnison. Mais, il vit l’étonnement dans son regard. D’un air dubitatif, il sentit le danger monter progressivement. La connaissait-il ? Mais de qui ? Il vient se maudire de ne pas avoir pris sa lame car il ne se sentait pas bien en réalité sans elle. Mais, sur ses paroles, se fut à lui d’écarquiller les yeux de stupeur. Se frottant les yeux, le jeune homme ne put se résoudre à se laisser entrainer quelques rues de là dans une taverne. Etant proche du palais, les locaux étaient richement décorés et qui plus est, une bonne odeur s’en dégagea. Le jeune homme n’avait pas l’habitude de consommer dans ce genre d’établissement de prestige. Même les fauteuils étaient rembourrés de feutrine. Une taverne destinée majoritairement à la bourgeoisie et la petite noblesse.
Les chopine arrivèrent et c’était de l’hydromel de qualité. Le jeune homme mit plusieurs secondes à regarder le breuvage comme si c’était de l’or. Puis, il vient se secouer la tête et vient donner des infos sur cette dernière.
-Alors, cela se trouvait dans le testament de ma mère… Bon je sais, elle n’est pas morte mais là, sa maladie est arrivée à un stade que la mort est sur elle à chaque moment. Je n’avais de la force que de regarder cela, pour peut être me raccrocher à un brin d’espoir. D’après ce que dit cette lettre, elle voulait me donner le nom de mon père, mais le papier et la mauvaise encre n’ont pas tenu à ce niveau… Et dire que j’ai du mal à lire en plus…
Sur ses mots, il vient chercher dans son sac la lettre qui remit à Zahria.
Ils arrivent donc à la taverne, et après avoir commandé deux chopines d'hydromel, s'assoient. Le chat du tavernier se frotte aux jambes de Zahria, qui passe une main pensive sur son pelage roux, tout en écoutant le discours de Nivix. Elle compatit à l'histoire de sa mère mourant, et n'a même pas le temps de lui demander s'il a cette fameuse lettre qu'il la sort déjà de son sac. Invitée à la lire, Zahria la déplie et prend le temps de la détailler deux fois, pour être sûre de ne rien manquer. Décidément, l'histoire de ce jeune homme n'est pas bien marrante. Mais bon, à défaut d'avoir une histoire familiale facile, il a découvert le crocotaupe ! Il paraît que le nom n'a pas été approuvé par la guilde. Pourtant Zahria a beaucoup ri quand Vrenn lui a raconté comment ils avaient surnommé cette horrible créature qu'ils ont rencontré dans la Citadelle.
« Tu m'es sympathique et ta quête n'est pas aussi dangereuse que j'aurais pu le croire... Je vais t'aider Nivix, mais ce sera plus compliqué que juste en consultant les archives royales. Je suppose que tu ne peux pas en parler à ta mère... Il faudrait pouvoir retracer son activité, savoir où elle a travaillé, avec quels nobles elle a pu être en contact. J'ai des amis qui pourraient m'aider pour ces histoires d'archives, et me donner quelques noms, mais il doit y avoir pas mal, qui correspondent à ces initiales-là... »
Pensive, elle réfléchit encore un moment, alors que le chat se lasse d'elle et s'approche de son jeune camarade aux cheveux blancs. Et elle se souvient alors des raisons pour lesquelles elle était sortie ce soir, et de Vrenn qui dort dans son lit, et qu'elle doit veiller.
« Ecoute, essaye d'en apprendre plus, auprès de ta mère ou de gens l'ayant connu. Moi, je vais essayer de t'obtenir une liste de noms de nobles qui correspondent. On se retrouve demain soir, ici-même, pour dîner. Ça te va ? »
Après avoir écouté sa réponse, Zahria se décide enfin à se présenter, car ce sera tout de même plus pratique.
« Je m'appelle Zahria, au fait. Je suis une amie de Vrenn, dont tu ne dois pas bien te souvenir, qui était avec toi dans la Citadelle des Tréfonds. Tu dois avoir des notes sur lui, quelque part, je suppose. Si je n'avais pas déjà entendu parler de toi, je ne serais pas là à boire un verre avec toi, tu as de la chance. La prochaine fois, essaye de réfléchir avant d'essayer de t'introduire comme ça, dans le palais... »
Puis elle finit sa chopine, et se lève. On l'attend ailleurs.
« A demain, Nivix. Ne sois pas en retard. »
Et elle disparaît. Tant pis pour les documents qu'elle devait déposer aux archives. De toutes façons, elle va devoir y retourner le lendemain pour chercher les noms pour Nivix...
-Pourquoi vous m’aidez ?
L’arrivée du curieux félin marqua une pause dans les discours des jeunes gens. Et dire qu’après quelques gorgées, Nivix se retrouve un peu rouge du visage. Mais progressivement, il avait appris à se ménager pour pouvoir boire plus d’une bière avant de rouler sous la table. Par ailleurs, il continuait à écouter la maitre espion dans un silence presque religieux. Il vient se gratter le menton avant de dire.
-Il me semble qu’il doit avoir environ 40 ans… Mais je ne suis pas sur… Après peut être que la voisine peut aider… Mais j’y reviens, je pense que dans les archives on peut avoir une liste de noms et ensuite regrouper les informations… mais bon passons.
Lorsque le félin s’approcha de Nivix, ce dernier vient tendre la main vers lui. Il le caressa quelques minutes avant de le voir repartir vers d’autres clients. Lorsqu’elle dit son nom et disant qu’elle est une amie de Vrenn, il vient chercher dans sa mémoire pourquoi ce nom lui dit quelques choses. Avec les mots de Citadelle et Tréfonds. Il vient se gratter la tête. Il était deux… non trois dans cette mission… Mais impossible de savoir qu’il est.
-C’est exact… Ce nom me dit quelques choses mais… pourtant rien… Je suis désolé.
En la voyant partir, Nivix fit de même, il but d’une traite le reste de son hydromel, le pas un peu hasardeux par moment.
-Je n’y manquerai pas… A demain Zahria.
Après ses paroles, il voulut régler l’addition mais quelqu’un l’avait déjà fait pour lui. Ce qui était étonnant. Il sortit de la taverne et prit le chemin de la maison de sa mère. Objectif, trouver des informations sur ce salopard de père. Le seul moyen dont il a à disposition est la voisine et peut être des choses qui couleront de là. Cette dernière était assez vieille, avait par moment des propos complètement irrationnel. Donc trouver le vrai du faux avec elle relève du défi. Arrivant devant chez elle, elle vient commencer à l’inviter pour le thé... Thé + hydromel, cela ne va pas faire bon ménage dans son ventre…
Elle devient déblatérée pleins d’informations d’un coup et Nivix était complètement paumé. Il n’avait pas compris du tout ce qui était vrai et faux. L’alcool n’aidant pas à bien réfléchir, il essaya t’en bien que mal de tout noter dans son livre mémoire. La journée passa à une vitesse folle et il n’eut que d’autres choix que de dormir à même le sol, à côté du lit de sa mère plongée dans un coma magique. Chienne de vie… Les rêves de Nivix se firent assez bref, un Crocotaupe ou encore un sublime catosaurus. Bon dieu, mais il adore cet animal plus que tout.
Certainement parce que la quête de Nivix lui rappelle la sienne, il y a bien longtemps déjà, où elle se servait déjà des ressources des espions pour essayer de retrouver la trace de ses parents. A l'époque, elle n'avait pas hésité une seconde à aller fouiller dans tous les dossiers et archives possibles et imaginables, à éplucher des listes de noms et des registres. Et si elle n'a rien trouvé pour son compte, la recherche du père de Nivix sera peut-être un peu plus fructueuse que la sienne. Histoire d'avoir une victoire, cette fois-ci.
Alors quand elle se couche auprès de Vrenn dans son lit, elle est sereine. Elle sait qu'elle a fait la bonne chose, et que cette petite mission rapide sera sans conséquences, et bonne pour son moral. Et Lucy sait si elle a besoin de ce genre de petites victoires, en ce moment. Pour une fois, Zahria dort comme un bebé, et plus tard que d'habitude. C'est son amant qui est obligé de la secouer pour la lever, et elle se sent tellement bien, que s'il n'était pas aussi blessé, elle lui sauterait probablement dessus. Elle se contente d'un peu moins, prend son petit déjeuner et prend immédiatement la même direction que la veille au soir: les archives royales.
Sous l'apparence du Maître-Espion, il est aisé d'entrer dans les archives déposer son colis personnel, et l'affaire est vite réglée. Elle peut ensuite se concentrer sur la quête de Nivix, qui lui prend une bonne partie de la matinée. Elle note tous les prénoms et noms de famille comportant les trois lettres E, T et H, et ils sont assez nombreux. Mais parmi eux, trois se démarquent, et Zahria les note en haut de la feuille. Trois noms sont ceux d'hommes, entre quarante et soixante ans, contenant ces trois lettres dans le bon ordre, au début du nom. Ethegeor Annecar, Alexander Ethernatum et Barli Ethrukev. L'un des trois est probablement le père de Nivix.
Après vaqué à son vrai métier pendant le reste de la journée, bien qu'avec une impatience latente de retrouver l'albinos pour discuter de leur petite enquête, Zahria voit arriver la soirée avec délice. Dans son bureau, elle ferme ses dossiers, range ses archives, puis se prépare à sortir. Au moment d'attacher ses cheveux rebelles, le ruban qu'elle utilisait craque sous la pression, et elle soupire. Elle tente de passer un coup de peigne magique, qu'elle commence plus ou moins à maîtriser, mais ne parvient qu'à obtenir un vague chignon laissant s'échapper des mèches folles un peu partout. Ça fera l'affaire.
Elle arrive enfin à la taverne de la veille, et Nivix n'est pas encore là. Pour une fois, Zahria est arrivée à l'avance... Elle s'installe à la même table que la veille, commande à manger et à boire au tavernier, et il ne reste plus qu'à attendre que le jeune aventurier ne la fasse pas trop attendre. La liste dans la poche, elle a hâte d'entendre où son enquête personnelle l'a mené...
Ce fut le son du coq qui le réveilla, témoignant de cernes pharaonique sous ses yeux. La nuit fut courte et la journée sera longue. Prenant un petit déjeuné en compagnie du personnel de la taverne, le jeune homme prit ensuite le chemin du travail. Les jeunes aventuriers avaient à peine appris à tenir une lame et ils veulent se lancer dans ce genre de chasse. Il aurait du faire une chasse au loup, cela aurait été plus simple.
Après cette matinée mouvementée, il passa sa journée à toquer au portes des gens qu’ils connaissaient, mais sans en apprendre un peu plus que d’ordinaire. La journée passa rapidement, mais pas la fatigue du bonhomme, bien au contraire. Il vient mettre un bandage sur sa main, un vilain monstre l’avait entaillé au matin mais sans réel danger. Prenant le chemin de la taverne, Nivix portait toujours son armure en cuir, en soit, sa tenue de combat. Il n’avait pas trop eu de temps pour se changer. Tant pis après tout, il n’allait pas dans un galas.
A peine il fut rentré dans la taverne qu’il attira tout de suite les regards. Il vient enlever sa capuche, avant d’aller s’asseoir sur la table où se trouvait Zahria. Déliant le fourreau de sa ceinture, il vient poser sa vieille épée sur le bord de la table.
-Bonsoir Zahria, comment allez-vous ? Il me semble que je ne suis pas en retard non ?
Une serveuse vient prendre sa commande, et ce dernier commanda à manger et à boire. Une pinte de cervoise lui fut apportée, comme la dernière fois, il vient la regarder, la humer avant d’y lamper quelques gorgées. C a faisait du bien de boire un peu, mais il se fit violence pour ne pas descendre la pinte d’un coup.
-Avez-vous réussi à obtenir d’autres informations qu’hier ? Personnellement, mise à part des ragots d’une vieille, j’ai rien…
Nivix arrive, et s'installe à table. Zahria hèle un serveur en lui baragouinant un truc comme quoi le tavernier lui devait une boisson gratuite, et comme il l'a à la bonne, il accepte d'aller leur chercher deux verres d'hydromel. Souriant intérieurement pour cette petite victoire, elle sort sa liste avec les trois noms et la tend au jeune homme pour qu'il puisse les lire. Ethegeor Annecar, Alexander Ethernatum et Barli Ethrukev.
« L'un d'entre eux est ton père, Nivix. »
Elle le laisse méditer un moment, s'intéressant au chat du tavernier venu à nouveau se frotter dans leurs jambes, puis flirtant un peu avec le serveur venu leur apporter les boissons, plus pour le récompenser et le mettre dans sa poche qu'autre chose, Zahria n'a été avec personne d'autre depuis Vrenn, comme si elle ne ressentait plus le besoin de papillonner. Elle reporte enfin son attention envers le jeune homme. Il a l'air songeur. Elle se demande quel effet ça aurait sur elle, de savoir qu'elle a le nom de son vrai père devant les yeux, de toucher du doigt le premier indice vers cet être mystérieux. Et comme elle ne parvient pas à savoir, elle décide de le sortir de sa songerie.
« Et toi du coup, t'as trouvé quoi ? »
Elle l'écoute en silence. Pas grand chose. Elle prend une gorgée d'hydromel, puis une autre. Réfléchit. Puis sort sa deuxième liste. Gardant sa main posée dessus pour que Nivix ne puisse se saisir du papier pour l'instant.
« Voici les adresses des trois hommes, j'ai eu le temps de les récupérer tout à l'heure. Il ne reste plus qu'à aller toquer chez eux, un à un, jusqu'à ce qu'on trouve ton père. Mais d'abord, une question. Tu vas faire quoi, quand tu l'auras retrouvé ? »
Il n'a l'air très agressif, mais elle s'en voudrait d'être la raison pour laquelle un innocent noble qui a juste eu le malheur d'aimer un peu trop les coucheries se retrouve blessé, voire même pire. Qu'attend-il de cette rencontre ? Là encore, Zahria ne peut s'empêcher de s'identifier à Nivix. Que ferait-elle, si elle retrouvait son père ? Que lui dirait-elle ? Que lui demanderait-elle ? Une fois de plus, elle balaye ses questionnements pour se concentrer sur les paroles de son jeune compagnon. Sa réponse déterminera la suite des événements, après tout, et son désir - ou non - de lâcher cette deuxième liste pour lui donner accès aux adresses de ses "probables" pères...
- Résultat du dé:
- Zahria parvient à obtenir des boissons gratuites ? -> OUI
Lorsqu’elle sortit une curieuse liste et le nom père, Nivix vient poser son verre presque au ralentit. Ses yeux viennent s’ouvrir, devenir presque félin. On aurait dit que le chat du tavernier avait prit possession de l’albinos. Il vient prendre la liste et hésita à l’ouvrir, restant quelques secondes, le regard fixait dessus. Puis, il vient redresser sa tête vers Zahria, bredouillant maladroitement.
-Mer…merci, je… je regarde ça.
Il était complètement perturbé, il prit une inspiration et ouvra la liste, commençant à essayer de déchiffrer. Il prit quelques temps avant d’essayer de bien lire les noms.
-Ethe..geor ; Ether…urium ; Ethurgev … Il… Il faut que je les relise au calme, là je suis… trop… voilà, enfin tu comprends.
Il vient de la main tremblante remettre en place la liste et la porta à sa gibecière. Il vient reporters son attention surla jeune femme, essayant de se ressaisir. Il était assez émotif sous ses ères de grands. Il vient secouer la tête.
-Non mise à part le fait qu’il pourrait avoir les mêmes yeux que moi, rouge rubis. Rien de bien folichon. Et je dis bien pourrait.
Il vient ensuite prendre un moment de pause avant de répondre à l’interrogation de la maitre espionne.
-Je compte parler, discuter. Je ne suis pas quelqu’un qui blesse physiquement les gens, à vrai dire, je n’ai jamais attaqué ni blessé quelqu’un dans ma vie… Bon, mise à part une garde mais j’ai eut un éveil de pouvoir à ce moment, je n’arrivait pas à le contrôler. J’aimerai juste savoir qu’il est et surtout ce que cela fait qu’il se dit qu’il a un fils… Je doute qu’il ne va pas m’accueillir les bras ouverts mais j’ai besoin de parler avec lui. Si ce dernier devient dédaigneux envers ma personne, je prendrais sur moi et je le clamerai haut et fort, ça par contre, je ne laissera pas passer cela comme le vent dans les allés.
C'est rassurant, il n'a pas d'intentions belliqueuses. Juste connaître la vérité, son histoire. Zahria tapote doucement sur la table, puis finit par lâcher le papier avec les adresses. Avant de sourire tranquillement. Elle le laisse s'en saisir, en prendre connaissance, et quand les plats arrivent, le laisse encore réfléchir un instant, en silence, pendant qu'elle s'attaque à ce rôti de boeuf. Pas mauvais. Le p'tit gars en face sait pas trop quoi dire. Ça doit faire beaucoup d'informations pour lui. Après avoir dégluti sa portion de ragoût, elle essaye de l'aider un peu à mettre de l'ordre dans ses pensées.
« T'es pas obligé d'aller les voir demain, Nivix, si tu te sens pas prêt. Ils vont pas disparaître du jour au lendemain, à priori. Et si tu veux, je t'accompagnerai. Enfin je sais pas, tu préfères peut-être faire ça seul. A toi de voir. »
Et elle repense à ce qu'il disait, tout en mangeant. Situation compliquée, après tout.
« J'espère que ça se passera bien, que tu ne tomberas pas sur un gars dédaigneux, et qu'il s’inquiétera un minimum de ton sort et celui de ta mère. Si ça se trouve, le gars ne sait même pas que tu existes, ça va lui faire un choc aussi. Faut bien préparer ton approche, et pas non plus insister sur le fait que tu es son fils, il va falloir pour lui aussi un temps d'acceptation, je pense. »
Le repas se passe, lentement, solennellement, alors que le jeune homme semble envahi de questions. Zahria lui propose son aide, mais elle ne pourra pas le forcer à parler, ou à lui demander quoi que ce soit. Après tout, c'est une affaire entre lui et son père, et si elle a pu l'aider dans son enquête, la suite ne la concerne plus trop. Elle se tiendra prête à l'assister au besoin, notamment pour s'assurer que tout se passe sans embûches, et qu'elle n'a pas aidé un malfrat mythomane, mais elle sent bien que c'est le moment de faire un pas en arrière et retourner dans les ombres qu'elle connaît si bien.
« J'espère que ça t'aura servi, et puis même si c'est pas le cas, si tu décides de ne pas aller le voir, j'espère que tu n'auras pas de remords, surtout. Et que tu n'essaieras plus jamais de t'introduire dans le palais... Il vaut mieux demander de l'aide, tu vois. T'es bien tombé, avec moi. »
Oui, encore un de ces fameux "hasards" que la vie fait si bien. Ces hasards auxquels Zahria ne croit plus. Sans penser qu'une force majeure, criminelle ou pas, est certainement à l'oeuvre là-derrière, elle se demande par contre dans combien de cas de ce genre le Vieux a été impliqué. Des petites aides, à droite à gauche, à des connaissances, certainement en échange de pots-de-vin, vu le bonhomme... Elle se refuse à devenir comme lui. Ne fera pas de cet homme sa figure paternelle. Mais elle aimerait bien, un jour, elle aussi, connaître la vérité sur ses parents. Elle est loin de se douter que ça risque d'arriver bientôt...
-Je dois dire, que je pense le voir prochainement mais pas demain, c’est sur. Après, il faut que je me mette un coup de pied au cul sinon je ne vais jamais le faire. Je préférai faire cela seul, je n’aimerai pas t’impliquer plus qu’il en faut dans mes problèmes familiaux. Je pense qu’on a tous nos problèmes, mais c’est à nous, par moment, de les résoudre.
Commençant à progressivement repouvoir ingurgiter ses aliments sans autres forme de déglutition. Il vient hocher la tête quand à ses spéculations.
-Je ne comptais pas y aller de manière brut de fond, même si mon boulot est plutôt d’être la brute et le protecteur du groupe. Pour ma mère, je crains que ce soit trop tard, pour moi, je ne veux pas être coucoulé, j’ai vécu dans la rue, je n’arriverai pas à changer de vie. Mais j’aimerai au moins une reconnaissance, même le mot batard m’irait amplement. Enfin, mais je ne sais pas trop, je ne sais pas ce que je veux en sommes.
Continuant à manger tranquillement, tout cela se passe sans trop de mots ni de grands discours. La soirée fut assez bonne, la mise en commun des idées et des connaissances à pu créer un lien entre les deux personnages. A voir si ce lien se solidifie ou alors s’estompe avec le temps.
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