Cela faisait un peu de temps que l’on n’avait pas pu passer un peu de temps au calme comme ça… Même s’il a fallu que ce soit ma phobie qui ramène Carciphona jusqu’à moi, je suis heureuse qu’elle soit là. Le seul point noir de ce petit moment est certainement qu’elle a découvert mes maigres talents de cuisinière. Quand il s’agit de concocter mes mixtures pour les enchantements, je suis très douée mais pour concocter un repas, c’est une autre histoire… Un “simple” oubli dans mon apprentissage de la vie auprès de Caïn. Mais en temps normal, cela ne me gène pas trop, ça m’oblige même à sortir un peu de mon laboratoire. ça ne m’empêche pas de pouvoir rester plusieurs jours sans sortir en me nourrissant de pâtisseries et chocolats que Chocolatine me livre lorsque je lui envoie un petit mot. Carciphona est bien plus emballée par l’expédition qui se prépare pour cette nuit que moi. Mes mains tremblent à l’idée de retourner dans le tunnel sombre et froid… J’espère que la présence de Carciphona suffira à calmer mes peurs au moins pour aujourd’hui… Toujours est-il que je m’endors en un instant lorsqu’elle m’invite à m’installer contre elle pour nous reposer avant notre aventure. Ses bras autour de moi me gardent au chaud. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien pour dormir…

La sonnerie magique me tire de mon sommeil bien trop tôt. J’ai l’impression d’avoir à peine eu le temp de poser la tête sur l’épaule de Carciphona... D’une tape, j’efface la rune sur le sablier pour qu’il cesse de brailler. Je dormirais bien encore un peu, beaucoup surement, mais il est temps de se préparer pour pénétrer incognito dans le couvent où j’ai grandie. Avec une petite tape du bout du doigt, je réveil ma partenaire de crime qui dort comme une masse contre moi.

C’est l’heure de se lever mademoiselle l’aventurière sans peurs.

Je quitte le canapé avant d’essayer de lisser ma tunique qui s’est un peu froissée pendant ce court sommeil. Je prend un instant pour remettre mes cheveux en ordre également dans ma chambre. De là, j’interroge Carciphona.

Tu penses que je dois me changer ou ça ira ?

C’est elle qui dit avoir un plan pour nous faire entrer, il vaut mieux que je me conforme à ses consignes. Revenant dans la pièce principale, je taquine un peu l’aventurière qui a du mal à émerger de sa sieste.

Aller Aller, ce n’est pas comme ça que tu vas mérité ton bisou.

Mon sac-sans-fond attend dans le laboratoire, je ne pense pas qu’il y ait besoin de modifier son contenue. L’important est mon livre mémoire pour retranscrire ce que je verrais là-bas. Mes lunettes de jour vu que j’ai laissé ma lampe dans le tunnel… J’ai mes bijoux enchantés sur moi. Le reste ne sera pas forcément nécessaire mais la scribouilleuse et le pupitre volant seront peut-être utiles pour prendre des notes.

Je crois que je suis prête…

Cela me rappelle un peu ma préparation avant l’expédition de la Citée Enfouie. Les souvenirs en sont encore frais et mes mains tremblent encore quand j’imagine ce qui pourrait se cacher dans le tunnel abandonné depuis des siècles...

Finissant de préparer tout mon matériel, je m’amuse de la discussion à sens unique qu’à Carciphona avec sa loutre. K’awill doit lui répondre par télépathie. Je hausse un sourcil quand cela parle de me coller une tenue d’aventurière en cuir et tout le bordel qui va avec. Hors de question que je joue à l’aventurière, je suis enchanteresse et ça me convient parfaitement. Je vivait très bien avant l’expédition royale, et je compte bien continuer ma petite vie tranquille à partir de maintenant. Je vais me tenir loin de tout ce qui porte le sceau royal et ressemble à une expédition.

Oublie cette idée, ça n’arrivera pas. Je suis bien dans mon petit laboratoire sous l’océan.

Bouclant le sac après avoir retirer pas mal de choses immédiatement remplacées par d’autres qui me paraissent plus utile pour cette sortie, je tique sur la phrase non-terminée de l’aventurière. Je ne doute pas qu’elle est toujours occupée à la Capitale. On se fait vite happé par son rythme infernal. Une des multiples raisons qui me font préférer ma ville natale plus calme. L’air de rien, je l’interroge.

Et quoi ? Tu as quelques chose à me raconter ? Une autre de tes aventures dans les tréfonds du royaume ?

Je la connais, elle aime me raconter ses aventures. Et si elle se retient cela ne peut vouloir dire qu’une chose… Elle s'inquiète de l’effet que cela me ferait d’apprendre ce qu’il s’est passé durant sa dernière aventure. Prête à partir, je passe la bandoulière de mon sac sur mon épaule. J’écoute attentivement le plan de l’aventurière qui s’avère assez simple. Nous rendre toutes les deux invisibles est assurément une bonne idée pour nous permettre d’évoluer sans risque dans le couvent. Avant que l’on quitte le laboratoire, je me plante devant elle.

Et à notre retour, je compte bien que tu me dises ce que tu as évitée de me raconter à l’instant ! Tu n’as pas idée des méthodes que je peux employer pour te faire parler.

Et j’y arriverai sans que le doute soit permis. Les choses misent au point, j’ouvre la porte pour inviter Carciphona et K’awill à sortir. Les suivant à l’extérieur, je laisse la porte se refermer et se verrouiller d’elle-même. Comme le couvent n’est pas loin, je propose que l’on s’y rendent à pied. Cela sera moins bruyant et pas forcément plus long. Quelques minutes plus tard, nous arrivons devant la porte arrière du couvent. Bien plus discrète pour pénétrer sans alerter toute le quartier. Je teste la poignée de la porte histoire d’être sûre que le verrou n’a pas été oubliée par un heureux hasard. Mais non, les soeurs n’oublient jamais de remplir leurs devoirs dans la journée. Je me tourne vers Carciphona.

Tu sais crocheter une serrure ? J’ai bien un moyen d’ouvrir mais les Soeurs vont rapidement débouler et savoir que c’est moi…

L'inconvénient d’avoir vécu de nombreuses années dans le couvent et avec les multiples problèmes liés à mon pouvoir en éveil. Mais Carciphona est nettement plus débrouillarde que moi sur ce coup. En même temps, pourquoi j’apprendrai à crocheter une serrure quand je peux me contenter de la faire exploser ? En un tour de main, elle ouvre la porte. Silencieusement, je me glisse derrière elle suivie par K’awill. Je prend un instant pour verrouiller la porte comme si de rien n’était. De là, nous ne devrions pas être mises en difficultés. La porte donne sur l’arrière cours du couvent. Nous n’avons qu’à traverser le potager pour entrer dans le bâtiment, aucune porte n’est verrouillée dans l’enceinte du couvent, soit-disant pour que Lucy puisse circuler sans entrave dans l’enceinte du couvent sacré. D’un coup, une lumière apparaît à une fenêtre du couloir conduisant jusqu’à la cours où nous nous trouvons. Sur la défensive, je pousse rapidement Carciphona jusqu’aux framboisiers. Ils ne sont pas encore plein de feuilles mais leurs tiges sèches devrait suffire à nous dissimuler. Un doigt sur la bouche de Carciphona, je lui susurre des explications.

Tous les soirs, une soeurs est nommée pour vérifier que toutes les autres respectent bien le repos quotidien et accueillir les pèlerins nocturnes près de l’autel de Lucy.

Et malheureusement, il a fallu qu’on tombe au moment où elle décide de faire un tour dans le couvent… Le tunnel est presque de l’autre côté du couvent, cela promet d’être stressant de devoir surveiller qu’elle n'apparaisse pas derrière ou devant nous à l’improviste.

A la vue de la lumière, Carciphona nous rend immédiatement invisible. Moi qui pensait qu’elle garderait sa botte secrète pour un moment vraiment utile, la voilà qui fait un petit don au couvent et allume un cierge. Je lève les yeux au ciel, j’espère qu’elle ne croit pas racheter le fait qu’elle entre par effraction dans un couvent de Lucy par ce petit geste inutile. Cela fait bien longtemps que j’ai compris que ces choses ne servent à rien hormis permettre aux Soeurs d’entretenir le couvent… N’ayant pas spécialement envie que les Soeurs nous tombent dessus, je tire Carciphona par le bras. Lorsqu’elle proteste, je lui rappelle que l’on est pressées.

On est pas ici pour faire des emplettes ! Crois-moi, tu n’as pas envie que les Soeurs nous tombent dessus.

Rien que de penser aux punitions que j’ai subies pendant mon enfance, j’en frissonne. Sans compter que maintenant, je n’aurais plus le droit aux punitions des enfants pour me faire “pardonner” par Lucy. Le seul avantage, c’est qu’elles n'appellent pas la Garde. Lorsque l’on croise par un malheureux hasard, la soeur qui fait sa ronde, je me plaque contre le mur en retenant ma respiration et essaye de me faire la plus petite possible. Je ne sais pas si Carciphona fait pareil mais j’espère qu’elle n’est pas en train de continuer au hasard dans les couloirs du couvent. Elle s'arrête pas loin de moi cherchant visiblement quelque chose. Sûrement l’odeur de K’awill… Il faut dire qu’il sent fort le coquin… Je soupire dans ma tête lorsqu’elle se remet en route. Quelqu’un va prendre cher demain pour avoir mal nettoyé le couloir assurément. Je sursaute lorsque la Soeur est frappée par un projectile et pousse un cri. Finalement, Carciphona n’a pas continué… Je lui fait les gros yeux même si elle ne doit pas me voir. Ce n’est pas gentil de faire ça à cette pauvre femme. J’espère qu’elle est plus sérieuse lors de ses missions pour la Guilde car je me demande comment elle fait pour revenir en vie si elle fait le même genre de chose… Reprenant mes déambulations dans les couloirs, on atteint assez rapidement l'accès au sous-sol qu’il faut emprunter. La porte porte encore les stigmates de mon passage un peu plus tôt dans la journée… Il faudra que je donne de quoi remplacer le verrou à Daniela…  En passant la porte, je trébuche sur ce qui doit certainement être K’awill et manque de me ramasser dans les marches. Je me rattrape en m’accrochant à la première chose venue, certainement Carciphona. Elle referme la porte avant de lever notre invisibilité.

Je ne sais pas comment tu fais, c’est trop bizarre d’être invisible.

Je farfouille dans mon sac à la recherche de mes lunettes de jour. Je ne les ai pas remise depuis que je suis sortie de la Citée Enfouie. Je ne les ai même pas nettoyées de la poussière… Elles ravivent des souvenirs que je préférerait oublier… Je les enfile tout de même car sans elles, je serai dans le noir complet. Je ravale ma salive, pas vraiment rassurée de revenir ici même si Carciphona est avec moi. Elle me prend la main en vérifiant que je suis prête à descendre cette fois. Je hoche la tête incapable d’ouvrir la bouche. Dans la sienne, ma main tremble un peu. Je me sens si vulnérable dans ce tunnel où j’ai déraillé un peu plus tôt… Qu’est-ce qu’il va se passer si je l’entend encore me parler ? J’était si sûre que c’était la voix de ma mère, une certitude venue de nul part. Toujours la main dans celle de l’aventurière, je commence à descendre les marches. Le chemin est tout simple, c’est toujours tout droit jusqu’à ce que l’escalier laisse place à un simple tunnel de pierre. Les marches défilent et le poids dans mon ventre ne fait qu’augmenter… Comme pendant l’expédition, on s’enfonce sous terre pour aller explorer un lieu inconnu… Plus on avance, plus je serre inconsciemment la main de Carciphona, signe clair de mon inconfort dans cet endroit. Après une très longue série de marches, la pierre taillée des escaliers laissent place à une simple grotte grossièrement creusée dans la pierre. Des petits cailloux roulent sous mes chaussures produisant à chaque fois des petits bruits qui font bondir mon coeur. A peine quelques mètres plus loin, ma lampe gît par terre éteinte. Ma tête me jouait déjà des tours à ce moment, j’étais certaine d’être aller plus loin que ça avant de paniquer… Je la ramasse et teste quand même le cristal par acquis de conscience mais rien ne se passe, elle s’est vidée depuis que je l’ai laissée là.

J’ai commencée à l’entendre à partir d’ici… Elle était là, Carciphona, je te le jure. Tu vas me prendre pour une folle, mais c’était elle. Elle voulait que j’aille jusqu’au bout du tunnel…

Je range ma lampe dans mon sac.

Tu crois qu’il pourrait y avoir quelque chose qui pourrait me conduire à elle là-bas ?

Même alors que tout en moi me hurle de partir, un faible espoir de trouver un indice pouvant me conduire à ma mère subsiste. Et pourtant, mon esprit de chercheuse me dit que les voix entendue n’était certainement que le fruit de mon délire paniqué. Reprenant la main de Carciphona pour essayer d’éloigner les images qui s’imposent à moi, j’emboite le pas à K’awill… Partout, j’ai l’impression de voir les marques du passage de Rats Géants. Le souvenir du rat déchiqueté après l’explosion de ma bille est encore bien vif et me lève le coeur. Chaque ombre se mue rapidement en une menace monstrueuse qui me tire un gémissement de peur tandis que je me serre contre Carciphona pour qu’elle me protège.

Carciphona essaye de me rassurer sur le fait qu’il n’y a pas de raison que le couvent abrite quelque chose de dangereux. Je doute sérieusement de ce fait vu que cela doit faire plusieurs générations qu’aucune soeur n’a mise les pieds ici, elles ne savent certainement rien de ce qui se cache ici… Je lui suis tout de même reconnaissante d’essayer de me changer les idées même lorsqu’elle sort son nouvel achat. Une nouvelle bêtise selon elle qui me fait lever les yeux au ciel inexistant dans le tunnel. Amusée tout de même de la voir jouer avec ce cube, je n’ose pas lui dire qu’il s’agit d’une arnaque d’enchanteur peu scrupuleux, le cube donne une réponse au hasard assurément. Et pourtant, je me prend à retenir ma respiration lorsqu’elle l’interroge sur la voix que j’ai entendue… La réponse est belle et bien au niveau de ce que j’attendais. Une réponse mi-figue mi-raison que Carciphona essaye de faire passer pour une réponse pleine de sens.

Bien essayée, mais quel raisons aurait une déesse de parler à une insignifiante jeune femme comme moi ?

J’ai grandie dans ce même couvent en apprenant des Soeurs. Même si je crois en la déesse de la Chance et son pouvoir, je n’en suis pas moins réaliste, les dieux ne s’adressent pas aux humains. Ils se contentent d’éliminer les éléments dangereux par une méthode ou une autre. Alors que l’on discute sur toute ces choses inutiles, une colonne sculptée se détache des parois brutes du tunnel. Des inscriptions sont gravées sur la colonne. Il y a pas de saletés qui ont incruster la roche et peut-être cachés des morceaux de l’inscriptions. Des restes animaux, des mousses capables de pousser sans lumières… Tandis que Carciphona propose d’interroger son cube pour traduire, je pose mon sac sans-fond pour chercher quelques outils. Armée d’une brosse à poils de sanglier des montagnes, je commence à gratter la surface de la colonne tout en lui répondant.

Je doute que le cube soit capable de faire ça. De toute façon, je ne reconnais pas cette écriture, il faudrait que je fasse quelques recherches dans mes livres et la bibliothèque du royaume.

Au fur et à mesure que je frotte, quelques symboles apparaissent sur la roche de la colonne. Il doit y avoir plusieurs phrases vu le nombres de symboles…

Cela doit annoncer que l’on entre dans une zone particulière. Attends.

Je me concentre sur mon pendentif laissant sa magie m’imprégner. Concentrée sur ce que je sais faire de mieux, mes peurs ne sont qu’un petit point en arrière-plan, rien qui suffise à m’empêcher d’atteindre l’état de calme nécessaire pour visualiser la magie. Mes pupilles se teintent d’ambre alors que la magie de l’objet fait son effet. Après une bonne minute à observer la colonne, je laisse s’étioler la magie. Rien, ce n’est qu’une colonne sculptée… Au contraire de Carciphona qui irradie la magie des ses objets au point que cela est dérangeant.

Pas de magie, ce n’est qu’une colonne toute bête. Je pense qu’elle indique l’entrée d’un lieu important ou un truc dans le genre. Peut-être un avertissement mais sans traduction, impossible de savoir.

Avertissement ou pas, je compte bien descendre jusqu’au fond cette fois… Je range ma brosse avant de remettre mon sac sur mon épaule. On approche du but, j’en suis convaincue. Et effectivement après quelques minutes de marche supplémentaires, le tunnel laisse place à un couloir parfaitement taillé dans la roche. A intervalles réguliers, des alcôves dotées de braseros semblent juste attendre d’être allumés. Sur cette pierre bien taillées, mes talons résonnent de nouveau. Je me tourne vers Carciphona.

Cela ne doit plus être très loin. Fais attention, il y a certainement des pièges magiques pour protéger le coeur magique du dôme…

En tout cas, cela me paraîtrait normal de protéger un lieu aussi important… Si l’on se souvient de l’utilité d’un tel centre magique pendant les premières décennies, sur des temps aussi long, on oublie assurément de quoi il s’agit réellement. Combien de grandes magies antiques ont été perdues à causes d’une mauvaise interprétation des nouveaux habitants ou explorateurs...

Après à peine quelques pas, Carciphona pose déjà le pied sur un truc étrange. Je me retourne vers elle lui lançant un regard du type “je t’ai dit de faire attention…”. La laissant à faire ce que doit être fait, je m’éloigne de plusieurs mètres. J’ai jamais dit que j'étais du genre à essayer des choses quand je ne maitrise rien. Les pièges, c’est le rayon des aventuriers, moi, j’y connais rien. De loin, je l’observe amenant une main à mon sac pour aller chercher de quoi la soigner si besoin. Je ne vais pas la laisser mourir ici quand même. Je retiens ma respiration lorsqu’elle soulève le pied avant un long soupire de soulagement lorsque rien ne se produit. Carciphona en rit mais pas moi, elle m’a fait peur avec ça…

Ouais, une dalle descellée qui aurait pu être un piège mortel… J’espère qu’il n’y aura pas d’autres frayeurs comme celle-là.

J’emboite le pas à l’aventurière faisant bien attention à poser mes pieds sur les mêmes dalles qu’elle par acquis de confiance. Que Carciphona déclenche un piège, c’est une chose peu plaisante. Que cela soit moi en est une autre largement plus déplaisante.

Des réponses, je ne sais pas mais tout ça me fait dire qu’on est en chemin vers quelque chose d’intéressant. Si ce n’est pas le coeur magique du dôme, cela sera tout de même intéressant.

Cela patiente depuis des siècles sous le Couvent des Soeurs, je suis certaine qu’il y a quelque chose à découvrir. Les possibilités sont telles qu’il est impossible de dire ce qui pourrait se trouver là… Quoi que ce soit, je suppose qu’il s’agira d’une grande découverte à moins que Daniela connaisse déjà ce lieu en tant que gérante du couvent. Si c’est le cas, il doit bien y avoir une raison à ce secret. Après quelques minutes de marche dans ce nouveau couloir de pierres taillées, un escalier en colimaçon s’offre à nous pour descendre encore plus profondément sous la ville. Si le tunnel et le couloir étaient relativement larges, la vue de l’espace restreint de l’escalier accélére mon rythme cardiaque et raidit mes mouvements… Si un monstre débarque, je ne pourrais pas essayer de l’éviter. Les souvenirs des rats bloquant le couloir et se précipitant vers moi me reviennent en chaîne… J’essaye de suivre l’aventurière sans la perdre de vue et ne pas succomber à la panique qui monte en moi. Chaque pas me coûte une volonté immense pour ne pas juste faire demi-tour en courant ou mieux me rouler en boule pour me cacher. Au terme d’une descente qui m’a semblée durer des heures, je pousse un long soupire en débouchant dans une grande salle. Affairée à calmer mon corps tremblant, je laisse Carciphona commencer à explorer la salle. Mes tremblements un peu calmé, je m’avance dans la salle observant les statues encadrant la porte… Je n’ai jamais vue d’idoles de Lucy ainsi dotées d’une aile d’oiseau. Est-ce qu’elles seraient liées à un autre culte religieu ? Cela expliquerait pourquoi les Soeurs ont interdites l'accès à ce passage.

Ces statues sont peut-être décorative, tu sais, les gens aiment bien mettre de grande statues dans les lieux importants. Dans tous les cas, je n’ai jamais vu d’idoles de Lucy comme ça, je doute que cela soit lié à la déesse du coup…

Je laisse en suspens sa question sur un potentiel sceau magique sur la porte préférant d’abord m’intéresser au décors gravé au sol. Si cela avait été au mur, j'aurais dit que cela était la représentation d’un vitrail mais là, c’est étrange de trouver cela au sol. La fleur centrale est entourée par un cercle d’inscription. Je reconnais plusieurs d’entre-elles déjà vu un peu plus tôt sur la colonne du tunnel… C’est joli mais je m’interroge sur l’utilité de cette sculpture… Je ne pense pas que cela soit une forme d’enchantement pour créer une magie mais je suppose qu’un endroit comme celui-ci recèle son lot de découvertes étranges.

C’est étrange de mettre une sculpture comme ça en plein milieu du chemin… Elle doit avoir une utilité, tu ne penses pas ? Peut-être que je devrais me pencher sur les cultes d’autres dieux, je pourrais peut-être trouvé une référence à tout ça…

En commentant, je m’approche de la porte pour regarder ce fameux sceau magique évoquée par Carciphona. Sans rien toucher, je commence par inspecter la porte. Elle est en bois parfaitement conservé avec de nombreuses ferrures. Si le fait qu’elle soit parfaitement conservée est étrange, je suis plus attirée par les ferrures qui semble former une rune magique. Enfin, quelque chose qui y ressemble car la structure est totalement différente de celles que je connais… Curieuse, je passe les doigts sur une ferrure. Sous mes doigts, je sens comme de petits arcs électriques comme lorsqu’on frotte de la laine de boucton. Puis d’un coup, une intense lumière blanche et le noir...

Les arcs électriques chatouillent ma peau en une succession de minuscules stimulations sensorielles mais rien de de douloureux. Alors que je retire mes doigts du métal, je sens comme une pression s’enrouler autour de moi et m’étreindre. Soudainement incapable de m’écarter, une lueur puissante m’éblouit. Puis le vide, plus aucune sensation hormis celle de flotter béatement dans le vide noir. Malgré l’obscurité qui m’entoure, je n’ai pas peur, je me sens bien, calme et posée. Une douce chaleur m’entoure et me rassure… Je n’entends plus Carciphona, est-ce ça de mourir ? Je n'aurais peut-être pas dû toucher la porte. Impossible de dire combien de temps je reste à flotter ainsi mais j’en viens à me demander quand je vais disparaître définitivement et peut-être rejoindre le giron de Lucy. Mais rien de tout ça ne semble vouloir m’être accordé… Rien d’autre que de flotter sans fin dans le vide obscure…

Flotter sans fin devient tout de même assez rapidement d’un ennui profond… Pourquoi est-ce que je ne peux pas juste m’éteindre comme tout à chacun quand son heure vient ? Ai-je déplu à un quelconque dieu pour que l’on me refuse la paix de la mort ? Au lieu de ça l’obscurité semble simplement laissé lentement place à quelque chose plus lumineux… Un temps infini passe avant que le noir laisse place à quelques chose de plus lumineux. Autour de moi apparaît la salle où j’ai été tuée… Mais elle n’est pas aussi délabrée. La pierre brille d’un poli parfait et les statues arborent de magnifiques couleurs les faisant ressembler à de vrais personnes. La grande porte est inchangée par contre. Un battement de cil plus tard, je me retrouve debout au centre de la sculpture du sol et face à la porte. Je ne ressent aucune gène mais mon corps refuse de bouger. Est-ce enfin l’heure de mon jugement ? Celui qui décidera si mon âme rejoindra le flot naturel ou sera tout simplement pulvérisée… Si je l’avait pu, j’aurai sursauter lorsqu’une voix retentit et résonne dans la salle.

Toi qui est venu en ce sanctuaire sacré…

Je cherche la source de cette voix jusqu’à remarquer que l’une des statues s’est mises en mouvement. Elle me pointe maintenant de la pointe d’une épée.

Toi qui profane cette porte maudite es-tu prête ?

Je baisse les yeux… Est-ce que je suis prête à disparaître de ce monde ? Il y a encore tellement de choses que j’aurai voulu faire et apprendre mais si mon heure est venue, il serait honteux de ne pas y faire face. Je regrette de ne pas avoir réussie à retrouver avec certitude ma mère, peut-être était-ce cette femme Hel, je ne le saurais jamais… J’aurai due plus profiter de mon temps avec Carciphona et moins rester cloîtrée dans mon laboratoire à me cacher. Est-ce que je regrette d’avoir suivie la voie que j’ai prise ? Assurément que non, ma vie a été intéressante à bien des égards… Relevant les yeux vers la statue, je donne ma réponse à cette entité qui semble diriger le jugement de mon âme.

Je le suis.

Je plonge mon regard dans celui inexpressif de la statue attendant qu’elle continue son jugement. Mais c’est la seconde statue qui vient pointer son épée vers moi.

Ouvrir la porte a un coût, es-tu prête à le payer ? Es-tu prête à abandonner au néant ce qui te tient le plus à coeur ?

Est-ce ainsi que l’on va juger de mon âme en évaluant mes désirs et sûrement bien d’autres choses. Résignée, je ferme les yeux un instant. Qu’est-ce qui me tient le plus à coeur ? Carciphona ? Retrouver ma mère biologique ? Surement ça… La relation entre Carciphona et moi est trop récente pour avoir un telle place même si elle compte énormément pour moi. Je soupire pour essayer de me donner du courage.

Commençons…

Qu’il en soit ainsi…

Les deux statues reviennent à leur position initiale me laissant sans aucun repère pour la suite. Soudainement, je m’effondre au sol prise d’une faiblesse imprévue comme si j’avais presque utilisé toutes mes forces. Je suppose que si l’on m’a rendu ma liberté, c’est pour que je passe le test de la porte pour passer à l’étape suivante de mon jugement divin. Et si j’échoue, je disparaitrais juste… Rassemblant les quelques forces qui semble me rester, je me relève et chancelle jusqu’à la porte. La main tendue vers la porte et ses ferrures, j’hésite un instant. Mon dernier contact avec cette porte aura été pour le moins mortel… Mon hésitation dure plusieurs secondes, enfin si le temps veut dire quelque chose ici… Puis je pose enfin ma main sur le métal froid pour pousser. Immédiatement, j’ai l’impression qu’un courant électrique traverse mon corps. Sur son passage, tout mon corps se met à brûler. Ma peau s’envole comme de multiples feuilles brûlées par les flammes. Et avec elles, j’ai l’impression que quelque chose s’éteint en moi laissant juste un vide… Des images défilent une dernière fois devant mes yeux et s’effacent … Hel Gher, mes recherches dans les archives de la Ville Aquatique… Tout disparaît l’un après l’autre jusqu’à la simple envie de retrouver une vraie mère… Et la porte s’ouvre sous la poussée me laissant seule avec ce que j’ai perdu en ouvrant le chemin vers la suite de ma fin… Je tombe à genou en regardant mes mains calcinées cherchant vainement à récupérer mes souvenirs et tout ce qui va avec sans prêter attention à ce qui m’entoure. Tout disparaît lentement ne laissant que l’obscurité autour de moi. Obscurité dans laquelle je me roule en boule pour pleurer la perte de quelque chose dont je n’arrive même plus à retrouver le souvenir…

Ayant pleurée tout mon saoul, je rouvre les yeux. La première image qui s’impose est celle de Carciphona penchée sur moi… Épuisée, je suis heureuse de la voir une dernière fois avant de disparaître même si cela ne sera qu’une épreuve de plus…

J’ai payé… J’ai réussi à te revoir… Je t’attend un jour…

Ma voix n’est qu’un infime filet d’air avant que je ne retourne dans le noir absolue du jugement… Et cette fois, l’éternité semble s’offrir à moi. J’ai donc échouée et me voilà à attendre mon châtiment infini. Je me laisse flotter là sans essayer de réfléchir à ma situation. Je suis morte, à quoi bon y réfléchir… Et pourtant, cette chaleur qui me tient réchauffe n’est certainement pas là pour m’aider à passer le cap… Lorsque je décide enfin de rouvrir les yeux pour m’attaquer à tout ça comme la chercheuse en magie que j’était, ce n’est pas l’obscurité qui m’accueille mais le visage de Carciphona. Je cligne plusieurs fois des yeux fixant la jeune femme qui me serre contre elle. Je lui tapote l’épaule pour qu’elle cesse de me serrer ainsi contre elle et finisse par m’étouffer ou me casser en deux… Sa voix est un étouffée à mes oreilles mais je comprends qu’elle a eu peur pour moi. Je ne sais pas ce que Lucy attend de moi pour ce jugement… Est-ce que je dois abandonner Carciphona comme cette autre chose dont je n’arrive pas à me souvenir ? Est-ce que j’en serais capable ? Je souris à l’aventurière aux yeux rougies par les larmes avouées par K’awill. Définitivement, non, je ne suis pas prête à abandonner ça… Pas elle. Les foudres de Lucy vont certainement s’abattre sur moi, mais je ne peux pas. Je prend les joues de Carciphona entre mes mains et l’embrasse tendrement.

ça va aller, ne t’inquiétes pas… Je suis juste… fatiguée…

Je n’arrive pas à lui dire même si elle n’est qu’une illusion créé pour juger mon âme…

J’ai faim… Tu as quelque chose à grignoter ?

A peine ma demande de manger un morceau évoquée, Carciphona se jette sur ses sacoches accrochées sur le dos de K’awill. Cela me fait sourire parce que c’est tout elle ça, toujours dans l’exagération mais le bon côté de l'exagération. La mort est quelque chose de bien particulier pour recréer une telle situation pour juger de mon âme… Alors que je prend en main des bouts de viandes séchées, Carciphona manque de tomber. Je tend bêtement les bras pour la rattraper même si finalement, ce n’est pas nécessaire. Je la fixe amusée par l’exagération qu’elle ne voit même pas. C’est tellement mignon… Je ne veux pas la perdre, je ne veux pas l’abandonner.

Je pense que ça va aller, ne t'inquiète pas…

Je commence à trier les paquets réfléchissant à ce qui me fait envie pour mon dernier repas… Assurément, je vais échouer à ce jugement en refusant d’abandonner cette femme qui a ramené un peu de lumière dans ma vie. Je la laisse exprimer ses sentiments, cela me semble important de laisser l’aventurière parler. La peur, est-ce ce qu’a ressentie la vrai femme face à mon corps sans vie ? J’espère que oui… Mon choix se porte finalement sur des gâteaux secs. Du sucre en guise de dernier repas… A quoi bon se préoccuper de vaines considérations dans ma situations ? Je baisse les yeux lorsqu’elle reprend allant même jusqu’à évoquer “la vie sans toi”... Je rirais bien de son sermon sur la répartition des activités de chacune. Elle dehors à prendre des risques, moi à la maison. Il faudrait avouer que je suis d’accord avec ça, surtout depuis l’expédition royale.

Désolé… Je ne voulais pas t’inquiéter…

Je ressent l’envie de pleurer mais cela ne vient pas. Elle s’assoit dos à moi… Est-ce qu’elle est fâchée ? Est-ce qu’elle est en colère que je ne l’ai pas laissée toucher la porte en première ? Elle attrape un sac pour grignoter à son tour tout en continuant son sermon. J’aurai aimé partir en “expédition” avec elle… Pas une expédition aussi effrayante que celle de la Citée Enfouie, quelque chose de plus “normal”. Je ris à son commentaire sur ses collègues aventuriers. Rire qui conduit l’aventurière à se tourner vers moi. Nos regards se croisent un instant avant que K’awill attire son attention. Une sucrerie dans la bouche, je m’approche d’elle à quatre pattes pour la prendre dans mes bras et pose mon menton sur son épaule.

Moi aussi, je ne veux pas te quitter… Promis, j'essaierai d’être plus sage et de faire des folies uniquement en ta présence.

Je dépose un bisou sur sa joue sans évoquer mon “rêve”. Est-ce que je veux gâcher mes derniers instants avec elle en lui racontant ça ? Je ne suis pas sûre de le vouloir. Même si elle n’est qu’une illusion crée pour juger la morte que je suis, je ne veux pas l’attrister comme ça. De toute façon, qu’est-ce que cela changerait, je ne me souviens même pas de ce que j’ai perdu.

Allons-y, on a plus beaucoup de temps.

Je veux continuer avec elle jusqu’à ce que l’on décide que mon dernier voyage est terminé. J’aide l’aventurière à finir de tout ranger, finissant par une caresse à la loutre. Sûre de moi, j’entame la marche vers l’inconnu caché derrière la porte. Pour ne pas inquiété plus Carciphona, je reste le plus loin possible des deux portes. Elles n’ouvrent que sur un nouveau couloir de quelques dizaines de mètres. Rien qui soit extraordinaire jusqu’à ce que le couloir s’ouvre sur une nouvelle pièce circulaire. Grande, impressionnante… Une large galerie d’arcade tourne autour de la zone centrale comme un espace pour observer la scène qui se déroule au centre de la pièce. Centre de la pièce qui accapare mon attention. Huit colonnes gravée s’élèvent autour d’une colonne centrale accompagné d’une très large gravure au sol. Rien ne semble montrer l’activité magique de cette structure mais j’en suis certaine, c’est ici… Je ressent comme une large pression sur tout mon être, surement la magie puissante du dôme qui se fait sentir. Restant à la bordure de la galerie, j’observe le spectacle.

Que c’est cruel…

Me montrer tout ça après ma disparition est un châtiment bien cruel…

C’est beau, tu ne trouves pas ? Je me suis toujours demandée à quoi ressemble une magie antique et perdue.

Même pour une "Enchanteresse Géniale" comme moi,  c'est une découverte exceptionnelle, certainement la découverte d'une vie. Pas celle que j'aurai voulu mais une découverte quand même. Fascinée et curieuse, je commence à m’avancer vers le monument prête à poser la main dessus pour ressentir l’objet et sa structure.

Un coeur… Voilà à quoi cet endroit me fait penser, un coeur sans lequel l’être ne peut fonctionner. Sans ce monument magique, la ville serait noyée sous des tonnes d’eau de l’océan… Dire qu’une telle puissance magique est créée par une création humaine. Il y a de quoi se sentir toute petite face à ces pylônes. Si je trouve cela magnifique, Carciphona me rappelle que beau ne veut pas dire sans danger. Je ris à son avertissement sur le prix à payer. Je suis déjà morte, que pourrait-il m’arriver d’autre ? Je suis déjà sûre que mon âme sera pulvérisée dans l’univers parce que j’ai refusé de laisser ce que je ressent en sa présence derrière moi…

Je serais plus prudente, je te l’ai déjà promis.

Promesse qu’il n’est pas dur de tenir quand on est déjà disparu à tout jamais. Je continue de m’approcher lentement des pylônes. Je ne voudrais pas déclencher un piège ou autre chose par malchance. C’est amusant comme la mort n’empêche pas d’être prudent comme avant… Je tourne autour d’un des pylônes pour observer les gravures à sa surface. Elles sont magnifiquement exécutée, à l’image de tout ce qui nous entoure. Je m’intéresse particulièrement à la jonction entre le sol gravé et le pylône. La jointure est parfaite, je doute qu’il soit possible de passer une feuille de papier entre les deux… La grande interrogation est de savoir si la pierre des pylônes est également gravées sous le niveau du sol ou non. Je relève la tête de mon observation lorsqu’elle parle de voix que j’aurai entendue, en particulier celle de ma mère. Je fronce les sourcils ne comprenant pas ce qu’elle raconte. Je n’ai jamais entendue de voix et encore moins celle de ma mère.

Qu’est-ce que tu racontes comme bêtises encore ? J’ai été abandonnée toute petite, tu te rappelles ? Comment pourrais-je entendre une voix qui serait celle d’une femme que je n’ai jamais vu de ma vie ?

Et puis quoi encore ? Je suis morte, pas folle ! Fatiguée à la rigueur, ça pourrait passer.

Mais oui, c’est très intéressant. Je n’ai jamais vu une telle construction que ce soit en terme d’enchantement que de sculpture de la pierre. La précision de l’assemblage est extraordinaire. Même si je me doute qu’il faut bien ça pour créer une magie aussi puissante sans tout détruire…

Je continue mon analyse purement visuelle en inspectant le pilier central. Celui-ci est plus grand et plus fin. Il doit être une sorte de canalyseur de magie ou au contraire pour la répandre… C’est tellement stimulant de découvrir cette structure magique inconnue. Je fouille dans mon sac à la recherche de mon livre mémoire pour fixer l’image exacte de la structure. Cela me permettra de travailler dessus sans avoir à revenir. Chose que je ne souhaite pas du tout vu le calvaire que cela à été d’arriver ici. Lorsque Carciphona m’interroge sur ce que je compte faire maintenant, je lui montre mon livre.

Je vais retranscrire tout ça dedans pour pouvoir travailler dessus une fois revenue au laboratoire. Comme ça, je n’aurai pas à revenir ici tout le temps. ça évitera à une certaine personne de s’inquiéter pour moi.

Je commence un long travail pour copier ce que je vois dans le livre usant de nombreuses pages sans vergognes. Hors de question de lésiner quand on est en présence d’une telle découverte. Une fois chaque face recopiée et détaillée, je prend plusieurs images de la structure complète. Revenue sous la galerie, j’interpelle Carciphona pour qu’elle sorte du champ. Cela sera mieux pour visualiser la magie. Une fois mes lunettes de jour otée, je me concentre sur mon pendentif pour laisser sa magie s'imprégner et m’envahir. Mes pupilles passent du bleu à l’ambre tandis que la pièce s’illumine d’une image lumineuse seulement visible de moi. Comme le médaillon présenté par Zahria, l’image est extraordinaire… Deux dômes de diamètres différents se superposent enfermant ce qui semble être une sphère. La sphère présente plusieurs anneaux où des écrits sont visibles. Comme un sol, la lumière décrit une plateforme sous les dômes et la sphère. Au centre, une étoile à cinq branches brille de mille feux. J’aurai penser trouver un étoile à 8 branches comme la structure des pylônes mais ce n’est guère problématique. Au pied du plus grand dôme, un anneau est marqué de nombreuses runes à la signification qui m’est inconnue… En y regardant de plus près, le dôme en lui même est aussi porteur de runes… Sachant que mon temps est limité avec ce pouvoir, je m’affaire à copier l’image globale puis le maximum de détail sur le livre. Carciphona va me taper dessus si on traîne trop…

J’ai presque finie…

En lui parlant, j’ai le malheur de tourner les yeux vers elle… Grand mal m’en prend. Immédiatement, les images rémanente de ses objets magiques m’assaillent, se superposant les uns aux autres. L’afflux d’informations me fait mal aux yeux et perdre ma concentration rompant le lien avec la magie de mon objet. Me frottant les yeux, je montre mon livre à Carciphona.

La magie ressemble à ça. C’est impressionnant comme les magies antiques peuvent être esthétique sous toutes leurs formes…

Je ne mettrais pas ces pylônes au milieu de ma maison comme décoration mais je dois bien admettre qu’ils sont particulièrement bien fabriqué. Je me demande même en quoi ils sont fait, cette pierre est trop sombre, je n’en ai jamais vue de comme ça lors de mes promenades et en commerçant avec mes collègues artisans… Depuis tout à l’heure, une certaine excitation monte en moi, l’excitation de la découverte laisse place à celle de commencer mes recherches pour comprendre cette magie. Comprendre sa logique sera la première étape, cela ne sera pas simple si l’on considère que je ne peux pas vérifier si les pylônes sont sculptés dans le sol également. Une fois cette première étape complétée, il faudra tester ! Cela promet d’être un grand moment. Mais le plus génial sera l’après ! Le moment où j’aurai suffisamment d’expérience pour tenter des choses nouvelles avec cette magie antique !

J’ai hâte de bidouiller cette magie ! Imagines un peu ce que l’on pourrait faire avec une telle puissance magique.

Toute joyeuse, je prend Carciphona par l’épaule en passant mon bras derrière sa nuque.

Je suis certaine que je pourrais nous créer une île magique rien que pour nous ! Avec un tunnel aquatique pour K’awill ! Il aura sa piscine à poisson et tout le nécessaire.

Oui, je taquine Carciphona. Pour une fois que c’est moi qui part dans l’exagération. Je caresse la loutre venue voir pourquoi je parlais de lui.

Tu sais quand on doit remonter ? J’aimerai essayer d’étudier un peu plus la pièce. Peut-être qu’il y a un passage secret !

Je gratte du temps en faisant vibrer sa corde sensible. Je suis sûre qu’elle ne résistera pas à l’attrait d’un possible passage secret ce qui me permettra de passer plus de temps à étudier tout ça.