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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Red et Bridget se transforment en instructeurs de la Garde de la Forteresse pour une journée, en compagnie d'une véritable instructrice...

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    Poster une petite annonce Le Blizzard, Régiment de Forteressse est fait pour vous si voulez répondre à vos propres défis et servir le Royaume !L'Ordre des Célantia recherche encore deux joueurs pour incarner les archontes manquants : Sandro Deketzione et Oscar Gauss.L'Académie des Sciences recherche des érudits ou des individus assoiffés de connaissances.
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    Les belluairesLes Belluaires assurent la sécurité de la forêt du royaume. Réputés pour accueillir les « cas désespérés » de la Garde, mais aussi pour leur polyvalence et leur sympathie !
    Le blizzardLes gardes du Blizzard sont de valeureux guerriers. Postés au nord du pays. Pour eux, plutôt mourir que faillir. Voici leur force, voici leur courage
    Régiment Al RakijaGarde Sud. Multiples unités aux profils colorées, assure avec autonomie et indépendance la sécurité de cette région du Royaume. Atypiques, anti-conformistes, professionnels, à contre-pied de la classique image de la Garde.
    Les espionsRégiment de la garde dont les membres experts en infiltration et à l'identité secrète sont chargés de recueillir des informations sur tout le territoire afin d'assurer la sécurité de tous.
    On raconte qu’au terme du tournoi organisé par la maison Tanner, les leçons d’escrime connurent un soudain regain de popularité auprès de la gente féminine. La rumeur, récente et grandiose, voudrait que l’épée soit un excellent moyen de donner la chasse aux meilleurs partis du royaume. … Les filles de la cour feront longtemps des gorges chaudes en se rappelant de la souillon (anonyme) qui avait enlacé un conseiller royal (qu’on ne nommera pas).En savoir plus...
    A une journée de cheval de la Capitale, aux abords d'une petit village quelconque, un véritable massacre a eu lieu. Dans les décombres, on trouve pas moins d'une demi douzaine de corps, morts avant l'arrivée du feu. Que s'est-il passé exactement ? Qui a fait tout cela ? Personne n'en sait rien mais chose encore plus étrange : de longues heures après l'événement, un mist blanc à la crinière bleu y a été vu avant d'en repartir aussi vite. Autant dire que cet événement peu commun soulève bien des mystères...En savoir plus...
    Une maison supposément abandonnée a pris feu en pleine nuit, dans un village aux abords de la Capitale. Certains témoins racontent qu'un combat sanglant s'y est déroulé avant l'incendie. Plusieurs corps calcinés y ont été retrouvés.En savoir plus...
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    L’Astre de l’Aube au marché noir ? Ce matin, une rumeur des plus sombres se répandait dans les salons de la Capital. La célèbre Luz Weiss aurait été aperçue en train d’acheter des objets illégaux au marché noir ? Simple rumeur, tentative de décrédibilisation ou simple mensonge de couloir ? Impossible de le dire ! L’Astre de l’Aube dément officiellement que sa directrice puisse avoir de telles relations avec la pègre. Une mauvaise pub qui pourrait éclabousser l’organisation médicale si elle s’avérait vraie, mais pour l’instant ce ne sont que des rumeurs. Des rousses, il y en a beaucoup dans Aryon et ce ne sont pas toujours la célèbre Médecin à la chevelure flamboyante. Affaire à suivre.En savoir plus...
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    Une œuvre d'art s'arrache à prix d'or au profit d'un orphelinat ! La semaine dernière, la célèbre créatrice C. Cordoula, de la maison éponyme, a une fois de plus créé l'évènement en mettant aux enchères sa toute dernière pièce de collection : une paire de tongs de plage à l'effigie de la mascotte Wougy le woggo. De nombreuses personnalités s'étaient rassemblées en ce jour pour participer à la vente et l'engouement généré a dépassé toutes les attentes, surprenant même leurs organisateurs ! De nombreux noms ont tenté de faire inscrire leur patronyme dans l'histoire de cette transaction, dont une partie des bénéfices a été reversée à l’œuvre caritative l'Arche de l'Espoir et aurait été remportée par une des éminences de la Guilde après un incident impliquant une attaque de dinde.En savoir plus...
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    La Croisière s'amuse
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    La Croisière s'amuse
    Dim 19 Avr 2020 - 10:13 #
    Alors qu'il trainait sur les cotes, Adrian se demanda pour la énième fois ce qu'il était venu faire là. Sur ses épaules, Tsuki miaulait doucement. Elle aussi commençait à s'impatienter. Machinalement, le jeune homme caressa doucement la tête de l'animal et lui adressa quelques mots pour la calmer. Cela faisait maintenant un moment que les deux comparses étaient à la recherche de ce qui semblait être un bateau fantôme. Dans ses mains : un étrange billet comprenant de drôles d'indications et une carte griffonnée au dos. Bien que les inscriptions soient presque totalement effacées on pouvait encore deviner le slogan aguicheur qui avait vraisemblablement pour but de tromper le crédule.

    " Bienvenue dans les vacances de vos rêves ! "



    "Mais oui bien sûr" Grommela le jeune homme tout en relevant le nez de son papier. Il était là le crédule : perdu dans une contrée qui lui était inconnue et cherchant autour de lui le moindre signe qui aurait pu lui indiquer qu'il se trouvait dans la bonne direction.

    C'est un marchand de la Capitale qui avait re-fourgué cette arnaque au jeune homme. Pourquoi l'avait-il accepté ? Aucune idée. Sur le moment, l'idée de partir à l'aventure, hors des sentiers qu'il battait depuis des années, lui semblait être excellente. Et puis il avait rencontré cet homme dans un lieu respectable bien loin des ruelles malfamées, cela avait conforté le jeune homme dans son achat. Et quel achat ! A peine quelques pièces, tout au plus. Il avait bien sentit que le marchand souhaitait se débarrasser de ce billet-carte au plus vite : tout deux avait discuté longuement et le mystérieux inconnu n'avait pas cessé de tanner le garde à ce sujet. Pourquoi ? Le crédule ne se posait pas ce genre de question voyons.
    Même après avoir accepté, Adrian avait manqué de changer d'avis des dizaines de fois. Puis éventuellement il avait posé ses congés (qui commençaient à s'accumuler). Et quand était venu le jour du départ, il avait prit son courage à deux mains et embarqué arme, bourse et chat. Il avait alors emprunté une monture à la caserne de la Capitale, fait le trajet sans se démonter, puis avait ensuite déposé ledit destrier à la caserne du Grand Port. Celui-ci l'attendait désormais pour repartir.

    Tandis qu'il laissait son regard planer sur le paysage qui s'offrait à lui, il eu soudain un sentiment de nostalgie. Le chemin qui l'avait mené jusqu'à la cote avait des airs de campagne qui lui étaient familiers : on y rencontrait bergers et bétails, charrettes et paysans, commerçants et marchandises... Tant de sons agréables à l'oreille. Mais rien ne pouvait égaler les odeurs qui le ramenaient à son enfance et ces odeurs là manquèrent terriblement tout le trajet durant.

    Replongeant son regard sur la carte griffonnée, il choisit un lieu en hauteur et étudia les environs. Le Grand Port n'était pas si loin, on entendait encore les marins s'afférer et les mouettes réclamer le reste de poisson. Sur sa droite, les cotes s'étalaient à perte de vue, sans âme qui vive pour les contrarier : il n'y avait là que les vagues qui terminaient leur course en caressant le sable de mousse. Face à lui enfin, l'océan s'étendait à perte de vue et comme posé dessus, un ponton délabré s'y aventurait timidement. Bousculé par les vagues et rongé par l'air marin, le bois avait perdu son panache d'entant et survivait tout juste aux attaques répétées et calibrées de la Nature. Rien n'indiquait au jeune homme qu'il s'agissait là du lieu de rendez-vous. Mais après cette heure de recherche à laquelle avait précédé plusieurs jours de cheval, il lui fallait maintenant se reposer. Aussi, il s'assit non loin du ponton et prit un arbre comme dossier pour s'y assoupir un instant.

    * Mais qu'est-ce que je fais là... * pensa-t-il avant de se laisser emporter par ses rêves. Sur ses épaules, le petit chat qui l'accompagnait se mit à ronronner de plus en plus fort et le berça doucement vers la quiétude.

    **

    Dans son rêve, le ronronnement laissa place à la mélodie feutrée des vagues et Adrian se trouva perdu en mer. Il était seul ; tantôt sur un radeau, tantôt se laissant flotter sans ne serait-ce qu'un morceau de bois pour le soutenir. Autour de lui, l'eau l'envahissait et jouait avec lui. Le baladant de vague en roulis puis de roulis en vague, l'Océan ne se montrait pas particulièrement clément. Lorsque venait les moments à bord du radeau, il se reposait quelque peu, mais très vite, le soleil se mit à l'étouffer. Les rayons de l'astre étaient affutés et l'entaillaient de toute part. Sur sa tête comme une enclume brulante qui lui faisait regretter les sévices de l'eau quelques instants auparavant. Et puis comme toute réponse, il se retrouvait alors une nouvelle fois dans l'eau. Epaisse, elle ne laissait aucune place à la vue or sous lui, le jeune homme le sentait, une présence l'encerclait. Des requins ? Un Monstre Marin ? Peut-être. L'inquiétude montait et lui raccourcissait le souffle. L'animal était rapide et se mouvait dans l'eau avec une aisance déconcertante : il le frôlait et créait des éclaboussures qui venaient cingler au visage de l'égaré. Lorsque revint l'embarcation de fortune, Adrian se pencha au-dessus de l'eau pour essayer d'apercevoir la chose. Mais l'eau était désormais calme et faisait l'effet d'un bain d'huile impénétrable. Alors, de plus en plus assommé par le soleil et ses armes de feu, le jeune homme s'allongea sur le dos et se laissa aller à d'autres rêves. Le manège entre l'Océan et le radeau perdura un temps, puis s'envola pour devenir lointain et brumeux.


    **

    Lorsqu'il se réveilla, Adrian n'avait que des bribes de souvenir de ce rêve étrange. Néanmoins il ne pu ôter de sa tête ce sentiment que quelqu'un, ou quelque chose, l'observait tapis dans l'ombre. Avant qu'il puisse partir à la recherche du voyeur, son regard accrocha un nouvel élément dans le paysage. Secouant la tête et clignant des yeux pour chasser le sommeil, il réalisa qu'il n'était en effet plus tout à fait seul : devant lui, près du ponton, un petit groupe de personnes s'était amassé.

    *Peut-être n'était-ce pas une arnaque finalement ?*
    Pensa-t-il en observant les nouveaux venus.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: La Croisière s'amuse
    Dim 19 Avr 2020 - 22:07 #
    Comme la plupart des bonnes histoires au Grand Port, celle-ci avait commencé au Requin Soul’Art. D’humeur nostalgique après y avoir recroisé Zahria, Calixte y était retourné en compagnie de Solveig pour profiter de l’ambiance toute particulière du lieu. Et de la bouffe. Et de la boisson. Et de la soirée « comment choisir son vin en fonction de sa couleur de cheveux ». S’ils n’avaient pas retenu grand-chose aux conseils capillaires, ils avaient par contre largement apprécié la touche œnolique. Et si l’espion n’avait pas suffisamment bu pour que ses souvenirs de la soirée fussent par la suite altérés, il avait alors suffisamment consommé pour se laisser aller à d’étranges affaires. Tandis que le charme tout en formes et tout en allégresse de sa camarade l’avait fait vedette d’un petit attroupement hétéroclite, Calixte s’était retrouvé à faire la discussion à un pirate. Et, sur le moment, il avait été tout disposé à croire qu’il s’agissait véritablement d’un pirate. L’homme avait affiché un cache-œil sur son visage, tenu une bouteille trouble dans une main et une carte aux trésors dans l’autre. De verres en verres, de discussions en discussions, de rires en rires, son nouveau compagnon de boisson lui avait énuméré ses aventures fabuleuses, ses conquêtes remarquables, et lui avait même montré une partie de ses merveilleuses richesses. Enorgueilli par son public béat et l’espion jamais à cours de compliments, surtout s’ils pouvaient lui ouvrir la porte de rumeurs en tous genres, le pirate avait commis l’erreur de croire que les courbes sensuelles de la silhouette de Solveig lui revenaient alors de droit, et la fin de la soirée avait été quelque peu mouvementée. Pour faire court : le pirate était reparti de celle-ci avec quelques contusions, Solveig avec une bouteille de rhum et un tricorne, et Calixte avec un fou rire et une carte aux trésors. Lorsqu’il s’était péniblement réveillé le lendemain matin pour se rendre à l’entraînement d’Emeor Calyx, il avait jeté un coup d’œil à la fameuse carte qui, en réalité, représentait simplement, d’un coup de plume maladroit, une petite dizaine d’attributs masculins agencés de manière pseudo artistique. Il avait alors saisi la soi-disante carte pour la jeter à la poubelle, lorsqu’un papier en avait glissé. Intrigué, il l’avait ramassé et examiné. Il s’agissait d’un billet proclamant « Bienvenue dans les vacances de vos rêves ! ». Au recto : une date, un lieu, le temps prévu pour lesdites vacances. Au verso : un plan et des inscriptions à moitié effacés. Intrigué, l’espion s’était dit que ça valait le coup d’aller y jeter un œil.

    ~

    L’administration lui avait accordé les jours de congés nécessaires pour participer à ce qui semblait être une croisière, à la condition qu’il profite de son trajet jusqu’au point de départ pour faire, justement, son travail de coursier hors des murs du Grand Port. Zahria avait parue dubitative mais encline à le laisser partir sur une enquête personnelle aux allures de vacances. Et c’était ainsi qu’il s’était finalement retrouvé près de ce ponton bancal d’un petit village de pêcheurs, à quelques kilomètres seulement de la ville principale du littoral. Venu à pied, Calixte savait qu’il n’était pas en avance. Mais d’après son billet, il n’était pas prévu que le voilier prenne le large avant une bonne vingtaine de minutes. Quelques personnes s’animaient aux abords du ponton, et une petite barque faisait la navette entre la côte et le navire ne pouvant s’engager en ces eaux trop peu profondes. S’avançant parmi les autres badauds présents, l’espion présenta son billet au contrôleur qui hocha la tête et le fit embarquer pour le voilier. Bon, déjà, la croisière promise par ce billet sortit de derrière les fagots paraissait bien exister. De plus en plus curieux, Calixte prit sur lui pour ne pas sautiller d’impatience dans l’embarcation précaire.

    Le navire était vraiment remarquable. Sa coupe était élégante et puissante, et l’équipage à son bord ne chômait pas. Il se tenait par contre à distance respectueuse des croisiéristes, et l’espion nota alors qu’il dénotait un peu par rapport aux autres vacanciers. Le port altier, tirés à quatre épingles, aidés de serviteurs, ils étaient visiblement là pour un certain standing. Incrédule, Calixte jeta un coup d’œil à son billet. Pas mal pour un bout de papier récupéré à l’arrache en soirée ! S’avançant vers le comptoir d’accueil où des réceptionnistes en costume procédaient à l’enregistrement des clients et leur indiquaient leurs quartiers, il présenta son sésame avec un grand sourire.

    - Ah parfait ! Lorsque le troisième membre de votre groupe sera là, nous vous présenterons la salle où vous vous produirez.

    Heu, quoi ?

    - Monsieur Teli’rh, si vous voulez bien venir par-là, l’un de vos collègues est arrivé. Nous sommes un peu surchargés avec l’arrivée de tous les clients en même temps, et nous n’avons pas pu détacher quelqu’un pour le guider jusqu’aux quartiers de votre groupe, s’excusa le réceptionniste en se méprenant devant le regard d’incompréhension de Calixte.

    Regardant un grand jeune homme s’avancer vers eux, l’air aussi surpris et perdu que lui-même, l’espion se pencha vers le réceptionniste.

    - Heu, rappelez-moi quel était le, heu… deal ? Pour notre groupe ?
    - Le contrat ? Oui bien sûr. Vous allez pouvoir loger tous les trois dans la suite jouxtant celle de la Capitaine. La croisière dans son intégralité vous est offerte en l’échange de vos prestations musicales à raison d’un soir sur deux, et de votre aide pour les animations vespérales les autres jours. Les pourboires restants, bien évidemment, votre avantage exclusif.
    - Heu, du coup c’est tous les jours, tous les jours ?
    - Non, pardon, vous avez raison de me faire repréciser : les journées prévues à Labyrinthia vous sont libres.
    - Et, heu, rappelez-moi la durée de la croisière ?
    - Au total entre six à huit jours, selon la météo, et si une escale supplémentaire est nécessaire pour se réapprovisionner. Bien sûr l’aller vers Labyrinthia sera bien plus long que le retour, puisque nous allons en profiter pour longer tout le littoral, alors que pour le retour vous serez déposés au niveau de la côte la plus proche, c’est-à-dire dans la région du Grand Lac. Sauf si vous souhaitez rester à bord jusqu’au retour au Grand Port, auquel cas il faudra compter plutôt un total de dix à quatorze jours. Habituellement nos passagers préfèrent enchainer sur un pèlerinage au Temple. Souhaitez-vous l’un des dépliants de la croisière ?
    - Oui, merci. Et heu. Comment avez-vous su que… que c’était nous ?
    - … vos billets, monsieur. L’étoile dans le coin supérieur droit, et l’annotation « 719 » juste en dessous. Etes-vous sûr que tout va bien ? J’espère que vous ne ferez pas comme nos partenaires précédents et annulerez votre participation au dernier moment. Pour rappel, il vous faudra alors régler la croisière même si vous n’y participez pas. Soit deux cristaux clairs par personne.

    Calixte s’étrangla en avalant sa salive. Cette promenade maritime valait deux fois son salaire annuel ?! Il saisit le bras du jeune homme à ses côtés qui semblait aussi estomaqué.

    - Oui, oui, tout va bien. Pas de soucis. On est prêts à… prestater et animer ! Juste, heu, on a oublié quelques affaires de, heu, musique à terre. On revient.
    - Oh ne vous inquiétez pas, je pense que mes collègues y ont fait attention. Je vois que nous sommes en train de prendre le large.

    Effectivement, le voilier commençait doucement à se remettre en mouvement. Calixte hésita. Est-ce que s’ils courraient assez vite et sautaient par-dessus le bastingage ils réussiraient à regagner facilement la côte à la nage ? Elle n’était pas si loin. Mais cette partie du littoral n’était pas connue pour ses créatures aquatiques très paisibles. Bon, en même temps, cette improbable histoire était loin d’effrayer ses ressources d’espion. Même, il était curieux de voir s’ils arriveraient à maintenir les apparences. Il posa un regard calculateur sur l’homme dont il tenait toujours le bras. Un peu plus jeune que lui, un peu plus grand, un visage doux actuellement figé dans l’incrédulité, une musculature peu imposante mais bien présente sous les vêtements un peu amples… Il ne lui disait rien, mais il n’avait pas l’air méchant. Avec un peu de chance, il ne chantait pas faux. Tout comme leur troisième et dernier complice. Qui visiblement avait été trouvé et était ramené vers eux, à en croire l’animation autour d’eux. Et s’il s’avérait qu’il s’agissait finalement de l’un des vrais membres du groupe prévu, ça allait être cocasse. Sauf que…

    - Par ici, monsieur Wig. Mon collègue a réceptionné les vôtres. En vous souhaitant un bon séjour, et en ayant hâte de vous voir à l’œuvre.

    Visiblement le charme de Naëry ne connaissait pas de frontières. Mêmes lorsqu’elles frôlaient l’absurde.

    - Salut Naë !

    Etonnant comme ils se retrouvaient régulièrement dans des situations improbables.
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
    Informations
    Re: La Croisière s'amuse
    Lun 20 Avr 2020 - 12:16 #
    La croisière s'amuse
    ─ avec Calixte & Adrian

    Comme à mon habitude, je me fais discret à la guilde, je passe voir si je n’ai pas de courrier à mon attention, il arrive parfois que des retours de mission nous soit commenté. Soit par un clients ravie, ou au contraire mécontent. Ou par nos experts de l’ombre qui nous préconisent plus ou moins d’oublier certaines méthodes qui peuvent mettre la crédibilité de la Guilde à défaut. Et comme souvent, aucun papier ne m’attend. Je fais le tour des panneaux d’affichage, lisant à la va-vite les quêtes proposées. Rien qui ne m’incite à repartir. Et puis avec les cristaux que m’a rapporté la dernière mission je peux en profiter un peu avant de me re-jeter dans la gueule du loup.

    Luz est pas mal affairée en ce moment, elle sillonne les routes d’Aryon, peut-être pourrais-je l’accompagner ? Quoi que je sais ma Belle indépendante, je lui laisse donc sa liberté, nous nous retrouverons mieux plus tard. Et si je retournais au Village Perché pour y passer quelques jours de repos absolus ? Ce serait dommage, j’en reviens. Je devrais plutôt en profiter pour dresser la Tsi’Ly, Asti. Mais j’attends que Carci revienne, je suis sûre qu’elle sera de bons conseils, et dans le respect de l’animal de surcroît. Et puis ce sera le moment de sociabiliser mon familier en lui présentant K’awill. Je ne sais pas du tout comment cette farouche monture va se comporter en la présence d’une autre.

    Toujours est-il que Lucy semble entendre mon dilemme car j’entends un des hôtes de la guilde se demander ce qu’il va bien pouvoir faire du pass pour la croisière de luxe de son frère. Il devait jouer à bord mais un accident le rend inapte au voyage. Et l’hôte en question n’a nul envie de l’y remplacer, il déteste l’eau, et encore plus les voyages marins qui secouent son estomac bien trop à son goût. Je le comprends, je me souviens encore de ma traversée jusqu’au Grand Port. Je crois que je n’ai pas le pied marin.
    Cependant, un fait étrange se produit, l’homme lève les yeux et nos regard se fixe quelques instants. L’hôtesse avec qui il discute que je ne connais que trop bien s’extasie en lui proposant de donner son ticket à un autre musicien qui pourrait remplacer son frère.

    - Je suis sûre que la musique est une autre corde à ton arc Naëry Wig! dit-elle en me faisant signe d’approcher.

    Ah si elle savait ! Je chante comme une casserole, je me fais saigner mes propres oreilles ! Quand à un instrument … Mon père considérait la musique comme une perte de temps. Jamais il nous aurait permis d’en apprendre l’usage. Pourtant des bienfaits sont prouvés par la communauté scientifique, mais ce ne sont là que des fabulations pour ce cher paternel.
    Cependant, recueilli par Soeur Martha dans un temple reculé des plaines, j’y ai appris à taper la mesure et rythmer les cérémonies de notre Belle Lucy en jouant du Djembé. Et je dois avouer que ça m’a bien plus. Tout est lié, je suis certain que la Déesse est derrière tout ça, et lorsque le gars me propose de partir à sa place – il n’en a clairement rien à faire tant qu’il se débarrasse de ce fichu ticket – je finis par accepter sous les insistances de sa collègue, avouant jouer quelques percussions.

    - Prends sa comme une mission que nous te donnons, vérifier que cette croisière se déroule sans encombre!

    Rien de l’égal quoi, mais je finis par accepter, après tout, il me suffira de me mettre dans un coin, jouer de temps en temps et profiter du reste du voyage. J’apprends qu’il me reste une journée pour me préparer, de quoi trouver quelques remèdes pour mon mal de mer qui est la seule entrave au moment de détente qui se profile sous mes yeux.
    « Bienvenue dans les vacances de vos rêves ! » proclame le ticket que j’observe entre mes mains. 719 est-il le nom du groupe ?

    Après un rapide appel à Luz, je m’en vais à l’herboristerie de la Capitale quérir quelques herbes dont la Phiatri. Utile contre les gueules de bois, mon amante me certifie qu’elle est aussi efficace contre le mal de mer, et j’ai une entière confiance en ces conseils. Après tout, lendemain de cuite et mal de mer n’ont-ils pas les mêmes symptômes ? J’en profite pour acheter des feuilles de Weissium à infuser. Cela me permettra de garder un sommeil réparateur, ces derniers temps ont été difficile pour mon rythme biologique. Déjà que je dors peu …

    Puis je pars en vadrouille en ville, profitant de l’air doux qui caresse mes mèche de cheveux virevoltant autour de mon visage. Je rattache vite fait mon chignon avec le bout de tissus qui me sert d’élastique, finalement je m’y fais bien à cette longueur, plus besoin d’aller les couper régulièrement. Et le savon que j’ai concocté sous les conseils de l’herboriste leur donne une qualité soyeuse et souple. Et qui a donc tendance à laisser de nombreuses mèches s’échapper. Je souris devant ma capacité à m’extasier pour une simple coiffure brouillonne. Allons continuer cette préparation au vacances ! Prochain achat : un Djembé ! Ce que je ne sais pas encore c’est le triangle avec lequel je vais aussi repartir, cadeau de la maison pour mon acquisition rythmée. Il va me falloir m’entraîner, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas ... Si ?

    ________________________

    J’arrive au Grand Port, grand sac sans fond avec mes affaires d’aventurier discrètement ranger, ma besace sans fond remplie de petits accessoires à portée de main, dont les origamis et surtout des armes que je ne préfère pas porter sur le harnais. Après tout, il s’agit de vacances. Une habitude, bonne ou mauvaise à vous de choisir, que d’avoir mon matériel avec moi, on sait jamais ce qu’il peut advenir. Surtout que je ne me suis pas plus renseigné que cela sur la croisière. Mon Djembé dans le dos, tenu en bandoulière, je me dirige vers ce qu’il semble être la fil d’attente pour monter à bord du navire. Je vois que les vacanciers sont en grandes pompes ! Je porte mon déguisement magique qui me permettra de m’adapter rapidement à la tenue du groupe, ou de l’ambiance générale de l’excursion. Moi qui ai fui la Noblesse je vais me retrouver enfermé avec elle pour quelques jours, le comble !

    Lorsqu’on me ramène à mes « confrères », je suis étonné de découvrir Calixte. Le garde m’a-t-il caché ses talents de musiciens ? Ou est-il là pour une mission d’espionnage ? Ce qui ne me dit rien qui vaille. Finalement j’ai peut-être bien fait de m’équiper moi. Loupiac qui voleté à distance se rapproche heureux de retrouver le jeune homme. Il lui tourne autour et je comprends qu’il cherche Apolline. Je ne sais pas ce qu’elle lui a fait mais le Chantelune s’est pris d’affection pour la trousse vivante.

    - Cal ?! Depuis quand fais-tu parti des 7-1-9 ? lui soufflé-je discrètement.

    Je me tourne alors vers l’autre jeune homme et lui sert la main dans un « ravi » qui ne laisse sous entendre « de vous rencontrer » sans pour autant montrer au personnel que c’est bien la première fois que nous nous voyons. De même gabarit que moi il a un petit air sur le visage qui me rappelle mon ami ici présent. Soudain un chat saute, pattes en avant, bondissant sur Loupiac qui s’envole ni une ni deux au dessus de ma tête. Je sens la panique l’envahir, je tente de le calmer par la pensée.

    - C’est ton animal? Demandé-je en passant l’étape du vouvoiement.

    Si tel est le cas, la cohabitation dans la cabine risque d’être compliquée entre lui et mon oiseau. Et hors de question que Loupiac passe le séjour dehors. J’espère qu’il saura tenir son félin … Sinon nous trouverons bien une solution.

    - Dites moi tout, quel est le rôle de chacun dans notre bande ? Cal tu joues quel instrument ? A moins que tu ne chantes?

    Je souris sournoisement, ayant déjà entendu les prouesses du jeune homme alors qu’il se croyait seul chez moi. Vous auriez vu sa gêne lorsqu’il capta enfin ma présence, je crois que je n’ai jamais vu ses joues aussi roses ! Quoi que si, lorsque Apolline fait quelques insinuations sur les pratiques du jeune homme, je tairais le domaine dont il est question. Quiconque connaît Apolline saura de quoi je parle.

    - Allons découvrir notre spacieuse cabine si vous voulez. Et peut-être devrions nous nous entraîner un tant soit peu avant de profiter pleinement de cette traversée ...

    Je ne sais pas pourquoi, je sens que ça ne va pas être de tout repos contrairement à ce que j’ai pu imaginer. Espérons qu’Adrian, car tel est le prénom de notre troisième compère, saura couvrir les quelques erreurs de musicalité que nous risquons de produire Cal et moi … Je sens que nos représentations vont finir en une scène d’omelette ! Comme à mon habitude, je ne laisse rien paraître de mes éventuelles inquiétudes. Toujours paraître sûr de soit et ça passera crème.
    code ─ croquelune

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    Re: La Croisière s'amuse
    Jeu 23 Avr 2020 - 10:21 #
    Lorsqu'il présenta son billet, Adrian tomba des nues. Un groupe de musique...? Vraiment ? De son côté, il semblait que l'organisateur était tout aussi dubitatif à cette idée. Le jeune garde ne devait absolument pas coller à l'image qu'il s'était fait d'un troubadour digne du standing de croisière. Et pour causes : avec ses habits de seconde main que l'on avait reprit sans compter, il se détachait particulièrement de la noblesse qui se pressait sur le pont. De plus, comme pour tout voyage, le jeune homme avait certes laissé tombé son uniforme et son armure, mais il conservait à sa ceinture deux lames courtes sagement rangée dans leur fourreau. Et aucun signe d'un instrument. Il ne savait pas en jouer de toute façon. Voyant l'air perplexe de l'employé, l'imposteur reporta l'attention sur son chat pour toute diversion, bien décidé à monter sur ce bateau.

    " Vous n'avez pas de soucis avec les chats j'espère ? " Commença-t-il en caressant machinalement l'animal qui ronronnait sur ses épaules. " Les temps sont difficiles pour nous autres musiciens... Je pensais même devoir la vendre... Vous avez des rats peut-être, elle est douée vous savez ? "

    Prit de court, l'homme arrêta de dévisager le " musicien " et observa le vieil animal qu'on essayait de lui vendre. Endormie sur les épaules de son maître, Tsuki n'avait plus rien d'un chaton ni d'un chasseur et c'est ce qui avait poussé le jeune homme à bluffer de la sorte. Il connaissait pertinemment la réponse qu'on lui donnerait.

    " Euh.. Je.. C'est très aimable mais.. Ne crois pas que.. Mais aucun soucis voyons, tout animal est le bienvenue sur ce bateau. Suivez-moi, Mr... ? "

    " Teli'rh. " Répondu simplement Adrian. Cela faisait très peu de temps que le jeune homme avait reprit ce nom. Il avait évidemment demandé le consentement de la famille Dalgaard avant de procéder à un tel changement mais personne ne s'y était opposé. Evidemment. Tout le monde au village avait finit par considérer les deux forgerons comme un tout; qu'Adrian reprenne le nom de famille de Samuel à sa mort n'était donc que la suite logique. Cette idée lui déclencha encore un pincement au coeur. Le vieil homme était parti en douceur, certes, mais il était encore trop tôt pour en parler avec détachement. Il fallait désormais que le temps joue son rôle.

    Il ne fallut pas longtemps avant que les autres membres du groupe n'arrivent à leur tour, sortant le garde de ses rêveries. Comment allait-il expliquer sa présence aux deux autres ? Eux ne seraient pas dupes. Le jeune homme ne savait toujours pas ce qui l'avait poussé à mentir. Face aux doutes de l'employé, il aurait très bien pu dire la vérité et ne pas monter sur l'embarcation. Mais il y avait quelque chose au sujet de cette croisière qui l'intriguait. Quelque chose dans ces eaux qui l'avait poussé à mentir.

    L'échange qui suivit entre le nouvel arrivant et l'employé confirma à Adrian qu'il avait mieux fait de mentir. 2 cristaux clairs ? Le jeune homme n'avait jamais ne serait-ce qu'aperçu une telle somme. Toutefois, l'ensemble des questions qu'avait posé l'inconnu interpella le garde. Soit il avait mauvaise mémoire, soit ils étaient au moins deux dans le même bateau. Voilà quelque chose qu'il fallait confirmer.

    C'est le troisième et dernier membre de la troupe qui finit de conforter le jeune homme dans l'idée qu'aucun d'eux n'avait réellement sa place ici. Une réelle troupe aurait déjà en tête un semblant d'organisation. Or ce n'était visiblement pas le cas. Adrian resta quelque peu en retrait vis à vis des deux hommes qui semblaient se connaître et se contenta de calmer Tsuki qu'un oiseau avait vraisemblablement réveillée.

    " Excuse là, elle est calme d'ordinaire " Expliqua-t-il au maître de l'oiseau.

    Le prénommé Naë Wig avança alors sa main vers le petit chat pour lui caresser la tête, et reçu pour toute réponse, un coup de patte remplit de griffe. Adrian recula alors d'un pas, gêné. Naë quant à lui, sourit et reprit alors sa main.

    " Ah mais elle doit être en forme là.. Et elle a mauvais caractère " balbutia-t-il en récupérant son chat dans ses bras pour l'entraver. " ça va pas le faire si tu continues comme ça toi " murmura-t-il à l'animal qui était décidé à attaquer tout ce qui bouge.

    Suivant les conseils de Naë, les trois jeunes hommes se dirigèrent alors vers la cabine qu'on leur avait indiqué. La chambre remplissait bien plus de prestations qu'Adrian n'aurait jamais pu l'imaginer. Spacieuse comme un petit appartement, la suite était d'un luxe indécent. Elle comprenait une sorte de petit salon comprenant 3 fauteuils et une table basse en son centre qui donnait sur 3 chambres séparées et une salle de bain commune qui semblait comprendre tout le confort nécessaire et bien plus encore. Après un rapide tout du propriétaire, le garde se demanda si la magie avait été utilisé pour rendre les intérieurs plus spacieux et donc plus luxueux car le bateau ne lui semblait pas si imposant. Puis, s'avançant vers un des fauteuils, il s'y installa pour enfin discuter avec ses deux compagnons de voyages.

    " Alors si ma mémoire est bonne tu es Cal, c'est ça ? Et toi, Naë ? " Commença-t-il en s'adressant à tour de rôle aux deux jeunes hommes. " Moi c'est Adrian, et voici l'irrécupérable Tsuki " Il pointa alors du nez le petit chat qui avait déjà proclamé l'un des lits comme le sien.

    " Arrêtez moi si je me trompes mais on va la jouer franc jeux, si vous le voulez bien... Vous non plus vous n'avez aucune idée de ce qu'est le 7-1-9 ? Pour ma part je n'ai pas de talent de musicien... J'espère que vous oui ..? "
    Demanda-t-il simplement tout en lorgnant sur l'objet que Naë portait dans son dos.

    " En tout cas, je suis prêt à jouer le jeu, je n'ai pas du tout de quoi rembourser cette croisière ! "

    Ce qui était sûr c'est que maintenant qu'ils étaient là, il leur fallait s'organiser. Le chant n'était pas une option pour Adrian mais, en se creusant la tête, il se demanda si ses talents de forgeron ne lui seraient pas utiles. Il avait toujours trouvé le son de deux lames qui se rencontrent très mélodieux et, se rappelant les deux lames qu'il portait, il se dit qu'il proposerait l'idée aux deux autres. C'était un pari risqué mais, de ce qu'il savait, les nobles avaient tendance à raffoler de ce genre de nouveautés insolites ; encore fallait-il savoir s'y prendre.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: La Croisière s'amuse
    Jeu 23 Avr 2020 - 17:08 #
    L’aventurier vint à leur hauteur, et Calixte adressa un sourire à Loupiac virevoltant autour de lui. Le familier eut cependant le malheur de s’intéresser d’un peu trop près au félin installé sur l’épaule de leur troisième compère, et celui-ci lui adressa un « bonjour » tout en griffes. De même qu’à Naëry. Bon, l’espion aimait bien les animaux, mais il allait peut-être se tenir à distance de celui-ci. Lâchant enfin l’inconnu qu’il tenait sous le bras afin que celui-ci puisse s’occuper de son chat – ou de sa chatte visiblement – le coursier s’avança légèrement vers l’aventurier.

    - Depuis quand toi tu fais partie des 7-1-9 ? demanda-t-il en retour à ce dernier avec un regard appuyé sur le djembé dans son dos. Peut-être vaut-il mieux en discuter ailleurs… On dénote déjà plutôt pas mal. Et j’n’ai clairement pas deux cristaux clairs à claquer.

    Suivant les instructions du réceptionniste qui les regardait de plus en plus étrangement, même s’il avait semblé rassuré par la présence d’un instrument dans les bagages de Naëry, ils s’aventurèrent davantage dans les entrailles du bateau, et finirent par gagner les quartiers qui leur étaient alloués. Sur la porte de la cabine, des lettres dorées indiquaient « Agaela » et sur l’écriteau en ardoise juste dessous « 7-1-9 » avait été tracé à la craie. Muni de l’une des trois clefs qu’on leur avait remises, l’aventurier leur ouvrit la fameuse suite. Et par Lucy, que ça frôlait l’indécence ! Bon, ça ne valait pas le palace de la Ville Aquatique où il avait partagé une assignation d’espionnage avec Zahria, mais c’était tout de même assez impressionnant compte tenu qu’ils étaient sur un bateau. Sans un mot, ils se dispersèrent pour mieux apprécier les lieux. Malgré le fait que la salle de commodités était commune ainsi que l’espèce de petit salon donnant sur les différentes pièces, ils allaient visiblement pouvoir profiter de chambres séparées. Voyant que le chat et le chantelune se trouvaient chacun un petit nid douillet pour la croisière, l’espion lança négligemment son sac-à-dos dans la troisième et dernière chambre restante. Un petit hublot au-dessus du lit donnait sur le vide et l’océan tumultueux. Au vu de la configuration, ce devait être la salle de bains qui avait une paroi commune avec les quartiers de la Capitaine.

    Après un rapide – mais méticuleux – tour du propriétaire, il retrouva les deux autres jeunes hommes dans ce qui faisait office de salon commun. Le félin – Tsuki donc – avait décidé de rester sur le lit qu’il avait clamé, mais Loupiac paraissait d’humeur curieuse. Il évitait cependant la chambre de la chatte, décrivant de grands arcs de cercles lorsqu’il devait passer devant la porte grande ouverte.

    - Adrian. Teli’rh. Adrian Teli’rh, ça me dit quelque chose… commenta Calixte en fronçant les sourcils et en posant un regard songeur sur la silhouette de l’inconnu.

    Où avait-il bien pu entendre ce nom ? La carrure de sa cible ne lui offrait pas tellement d’informations discriminantes. Adrian était visiblement quelqu’un aux occupations physiques, peut-être demandant plus d’endurance que de force brute, ainsi que manuelles. Sa carrure et ses mains ne mentaient pas sur ce point, mais ça ne réduisait pas tellement le champ d’hypothèses de l’espion. Il n’avait pas le souvenir de l’avoir croisé au sein de la Garde, mais comme il était visiblement plus jeune que lui et de physique pas vraiment remarquable, ça ne voulait rien dire. Mais pourquoi est-ce que le nom sonnait familièrement à ses oreilles ? Adrian avait-il une ascendance Noble ? Un lien quelconque avec les cibles d’espionnage de Calixte ? Faisait-il partie des petits papiers de Zahria ? Claquant des doigts alors que le jeune homme finissait d’avouer qu’il était lui aussi complètement étranger au groupe de musique attendu, le coursier trancha :

    - Tu es l’un des nouveaux colocs de Vaelin Dragmar ! Non ? Avec…

    Que lui avait dit son frère d’armes déjà ? En dehors du fait que de devoir gérer le planning de deux autres soldats partageant sa piaule était une vraie plaie.

    - Avec Dehlia… Dalila… Dahlia… Delancy ?

    Ou peut-être pas du tout. Peut-être il avait simplement croisé le nom du jeune homme sur l’une des nombreuses missives qu’il avait trimballées de bureau de poste en bureau de poste.

    - Et oui. Cal. Calixte, en fait, plus précisément, ajouta-t-il en réalisant que les propos d’Adrian attendaient peut-être une réponse autre que des spéculations sur qui il était. Et comme tu as pu le voir quand on était à la réception : pas du tout membre de ce fameux 7-1-9, et pas du tout au courant de quoi que ce soit.

    Son regard se posa sur la silhouette de Naëry, et il haussa les épaules.

    - J’ai trouvé le billet par hasard, et j’me suis dit que ça valait le coup de tenter l’aventure. La croisière. Les vacances tous frais payés. Quoi que pas si payés que ça finalement…

    La curiosité titillée et la bougeotte aux jambes, il continua à longer le mobilier laqué de la pièce en examinant tout ce qui passait à portée de ses doigts. Des brochures d’informations diverses étaient proposées, et un atlas des créatures marines était mis à disposition.

    - Mais Naëry est peut-être bien mieux informé que nous, vu qu’il est venu préparé.

    Et peut-être faisait-il partie de ce fameux 7-1-9 ? Le coursier n’avait pas eu l’impression que l’aventurier était musicien à ses heures perdues, mais il savait qu’il était loin de tout connaître sur l’homme. Alors pourquoi pas.

    Ses pas l’amenèrent vers ce qui semblait être un tableau de bord, et il étudia avec intérêt les possibilités offertes par celui-ci. Apparemment ils avaient là accès à certaines informations mises par la Capitaine – météo actuelle et prévue à 1 heure, trajet effectué, trajet prévu, planning des activités journalières proposées – ainsi qu’à un plan du navire, et à une commande pour joindre la réception avec un menu déroulant de collations. C’était le grand luxe. A la fois par le service mis à disposition, et par la technologie magique utilisée pour soutenir celui-ci.

    - Hé, ils ont même prévu des encas pour les familiers, nota Calixte en faisant défiler le menu. Y a un service « litière » aussi… Et « oreiller(s) supplémentaire(s) », pour les humains évidemment. Wow…

    Enfin, le temps pouvait être parfois longuet sur un bateau, et qui était-il pour juger ? Fermant le menu pour étudier le plan du navire, il se réintéressa à la conversation entre ses deux camarades, et à leur plan de survie à la traversée. De survie financière. Parce que s’ils ne pondaient pas quelque chose de décent, il était probable qu’on leur demande des comptes.

    - Je peux jouer tout ce qui est à percussions, ou assez correctement de la flûte et du violon, proposa-t-il en frissonnant au souvenir des longues heures de travail sous l’œil et l’oreille exigeants de son grand-père dans la maison familiale au Grand Port. Et effectivement, je peux aussi chanter, ajouta-t-il avec un regard mi-défiant mi-amusé vers Naëry. On fait de magnifiques duos a cappella avec Apolline. Bon, clairement les paroles sont pas tout public.

    Ses yeux se reposèrent sur la silhouette d’Adrian, cherchant à évaluer ses capacités.

    - Si t’as un poil de rythme, on peut se charger de la musique avec Naë, et tu nous fais un enchainement de claquettes ou une danse du ventre. Ça passera nickel.

    Ou pas. C’était probablement pas le bon public ni pour l’un ni pour l’autre. Mais Calixte était surtout curieux de voir les réactions du jeune homme.
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: La Croisière s'amuse
    Mer 29 Avr 2020 - 17:34 #
    La croisière s’amuse
    ─ avec Calixte & Adrian

    Je ne m’attendais pas à une telle suite ! Chacun son lit - et un vrai lit pas une banquette - dans une pièce séparée, avec salon et commodités communs. Et bien, les 7-1-9 doivent être réputés pour un tel luxe ! On va devoir redoubler d’imagination pour faire avaler la pilule à notre public. Je fais le listing des potions dans mon sac, si je verse une potion d’ivresse dans une boisson servie à tout ce beau monde, peut-être nos représentations passeront nickel. Ou une potion doux rêves ? Oublie Naë tu vas pas t’amuser à jouer les empoisonneurs ! Un coup à finir par dessus bord ça, ni vu ni connu.

    Adrian s’installe avec précaution sur l’un des fauteuils, moi je m’avachis dans l’autre après avoir posé l’instrument. C’est qu’il pèse son poids ! Je jette un rapide coup d’œil alentour laissant l’espion prendre soin de tout observer méticuleusement.

    Je réponds négligemment à l’un, puis à l’autre :

    - Yep, Naë. acquiescé-je sans accablé mon interlocuteur avec mon prénom complet.
    - La seule chose que je sais, c’est que les 7-1-9 est un groupe de musique. Voilà, je ne me suis pas plus rencardé pensant trouver ici les vrais membres. J’ai eu le ticket par un hôte de la guilde dont le frère, si j’ai bien tout compris, fait parti du groupe mais ne peut assurer les représentations.

    J’ai déjà l’estomac qui me tourne moi. Je me lève pour visiter les sanitaires, mon petit sac sans fond en main pour y trouver, une fois à l’abri des regards, ma pré-infusion de Phiatri. J’en profite pour me passer un coup d’eau fraîche sur le visage histoire de me requinquer un tant soit peu. Une petite affiche attire mon regard, avec écrit en gros, en blanc et jaune, les 7-1-9. Je m’y attarde quelque peu, observant les vrais membres du groupe. Et bien il va vraiment falloir être bons pour faire croire aux connaisseurs que nous sommes eux ! L’un a les cheveux verts, l’autre rose et le dernier rasé avec des tatouages aux motifs colorés sur le crâne.
    Je ressors l’affiche en main, j’entends vaguement Calixte parler d’en-cas pour familier, je relève un visage légèrement livide avant d’agiter mon papier.

    - J’espère que vous avez amené vos plus beaux déguisements de poulets ...

    Car oui, les 7-1-9 sont accoutrés d’une tenue de poule, chacun dans on style. Bon, l’avantage c’est qu’avec une telle tenue ils sont méconnaissable dans la vie de tous les jours. Nous pouvons donc être eux, plus soft. Beaucoup plus soft. Je tends l’affiche à Adrian pour qu’il prenne le temps de trouver son personnage, et rejoins Cal devant la liste du menu. Intrigué par le mécanisme de commande je place un bout de papier dans une capsule, notant rapidement des boules coco aux graines pour Loupiac. Si ça marche, il va être comblé ! J’insère la capsule dans un tuyau et après deux petite seconde un souffle se fait entendre puis la capsule est aspirée et disparaît dans la tuyauterie.
    D’abord sceptique je m’extasie devant l’ingénieux système lorsque, quelques minutes plus tard, un groom arrive avec un lot de trois boules coco. Je règle la somme attendue et, en fermant la porte, annonce un jocial « open bar » à mes compagnons d’infortune.

    J’appelle Loupiac d’une rapide image télépathique avant d’accrocher l’une des boules en hauteur dans notre chambre. Il se pose non loin pour la picorer dans une douce mélodie de contentement. Je range précieusement les autres collations dans un tiroir de la table de chevet. Je souris avant de me rasseoir, sur le fauteuil je crois que la tisane ne fait pas encore effet.
    J’écoute Cal exposer ses talents de musiciens, souriant lorsqu’il propose un numéro de claquettes à notre partenaire, ou de danse du ventre. J’imagine le bougre dans son rôle, j’en oublie mon estomac barbouillé.
    Adrian se met rapidement à défendre une autre idée, celle de jouer des sabres – ou autres lames – d’un son cristallin pour ravir les oreilles excentriques de nos spectateurs.

    - Si on y met de la conviction je suis sûr que ça peut passer.

    Je débriefe avec l’homme de l’idée avant d’annoncer ne pas avoir taper du tambour depuis pas loin d’une dizaine d’années.

    - Ah et au fait ! Regardez ce que j’ai eu avec le Djembé!

    Je sors le triangle, espiègle.

    - Ça intéresse quelqu’un ?

    On toque à la porte, je laisse le soin à l’un de mes compagnons d’ouvrir préférant garder mon postérieur ancré dans le fauteuil. J’ai l’impression que si je me lève, je m’écroule. Finalement la potion anti-gueule de bois me fait l’effet inverse !
    Un homme se présente comme Ethan De La Coquillette, Maître de soirée du Titanic, le nom de notre croisière. Nom qui me donne des frissons, allez savoir pourquoi. Sûrement le mal de mer qui m’assaille de plus belle. Il nous informe de la première représentation qui aura lieu … Ce soir ! Sainte Lucy ! Nous sommes fichus !
    Je n’entends pas le reste de la conversation quand je pars en courant dans les latrines pour soulager ma panse de son contenu. Bon … Peut-être ai-je mal préparer ma tisane. Il va me falloir rappeler Luz pour qu’elle me ré-explique la quantité et la manière de préparer la décoction. J'attrape mon Cristal de communication.

    - Ah il faut la boire encore chaude ? Je n’avais pas compris ce petit détail … Merci ma douce, je t’aime.

    Toujours aussi rapide à me répondre cette femme, une vraie perle rare. Chaque jour je mesure la chance de l’avoir retrouver. Passons ce moment cucul les petits oiseaux et revenons au salon où La Coquillette s’apprête à partir.

    - Excusez-moi! L’apostrophé-je sous le regard étonné de mes comparses.

    - Je dois avouer n’être pas très en forme, je ne sais pas si je vais pouvoir tenir la scène ce soir … Vous auriez de l’eau chaude?

    Chacun me regarde interrogateur. Et je ne leur fourni aucun élément de réponse, fixant le Maître de soirée en espérant avoir trouver une parade pour éviter l’humiliation d’une représentation bâclée. Pas fun pour un sou La Coquillette répond, pince sans rire.

    - Chaque représentation annulée vous coûtera dix cristaux gris. Et je vous fais amener de l’eau chaude.

    Je m’apprête à répondre mais le voilà déjà parti.

    - Et sinon un super remède anti-mal de mer? demandé-je à la porte qui vient de claquer devant mon nez.

    Je me retourne devant la mine déconfite des deux gringalets. Me rattachant les cheveux pour me redonner contenance, je les invite à vite trouver une idée.

    - Bon, on répète mes poulets ?


    code ─ croquelune

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    Re: La Croisière s'amuse
    Jeu 30 Avr 2020 - 0:29 #
    Ce qui était sûr, c'est que les deux compagnons de voyage d'Adrian avait le don de l'intriguer. Tout comme la suite des évènements. Lorsqu'il entendit les noms familiers de Dahlia et de Vaelin, le visage du garde s'éclaira. *Que le monde est petit parfois* se dit-il alors en dévisageant du coin de l'oeil le grand blond. Etait-il un garde lui aussi ? Il ne devait pas être souvent à la caserne de la capitale si c'était le cas. Non pas qu'Adrian soit un grand physionomiste mais à force d'y passer tout son temps, il avait finit par retenir quelques visages. Mais peut-être pas tous visiblement.

    " Oui tout à fait ! Je connais bien Dahlia mais beaucoup moins Vaelin je dois dire. "

    D'un naturel peu sociable Adrian n'avait en effet pas encore eu le courage de faire la conversation à son colocataire de chambrée. Quand on savait qu'il avait du être assigné à une enquête pour faire la connaissance de Dahlia, cela en disait long.

    " Et toi, tu es garde aussi ou tu connais Vaelin d'autre part ? "


    Tandis que le prénommé Calixte explorait les différentes prestations du salon, le second, Naëry effectuait un grand nombre d'allers-retours aux commodités. Etait-il malade ? Ou peut-être inquiété de son apparence ? Un mal de mer serait en tout cas, plus que mal venu.
    Lorsqu'il finit par refaire surface, Naëry se dirigea immédiatement vers Adrian et lui tendit une affiche qui manqua de faire s'étrangler le garde. En gros était écrit 7-1-9 et en dessous, trois énormes gallinacés posaient pour la photo avec chacun un style bien définit. Le premier avait les cheveux vert, le second rose et le dernier était crâne rasé et couvert de tatouage. Décidément, les nobles en avaient des goûts excentriques : peut-être que l'idée des lames n'était pas si mauvaise après tout ? Il secoua la tête pour effacer cette idée malheureuse et se pencha à nouveau sur l'affiche : Tous portaient un masque en bec d'oiseau. L'anonymat était ainsi préservé, voilà quelque chose qui était assuré.
    Tout en tendant l'affiche à Calixte non loin, Adrian réfléchit à haute voix.

    "J'ai un tatouage sur tout le bras droit mais je ne suis pas tout à fait sûr de la coupe de cheveux... Et les costumes... Vous en avez vous ? Tu en penses quoi Calixte ? "


    Les deux hommes étaient affairés autour d'un tableau de commande de room service permettant d'accéder à tout un catalogue de denrées. En un instant, Naëry s'en servit d'ailleurs afin d'acheter quelques collations à son familier ; l'instant d'après le majordome sonnait. Adrian n'avait jamais vu un tel mécanisme. *Prodigieux* Pensa-t-il. Le brun fit alors venir son familier : un chantelune. Adrian en avait déjà observé de loin mais jamais d'aussi près. Le petit animal virevoltait dans tous les sens et ne finit par se calmer qu'au moment où son maître lui apporta de quoi grignoter. Tsuki était bien plus calme en comparaison. *L'âge, surement* se dit le jeune homme.

    Lorsque Calixte proposa un numéro de claquette voire de danse du ventre, le garde fut obligé de sortir de ses pensées. Etait-il sérieux ? Rien de sûr. Mais il en avait l'air en tout cas. Un frisson traversa Adrian lorsqu'il essaya de s'imaginer dans une telle posture. Déjà que l'idée même de se produire sur scène le rebutait, il se demanda s'il ne finirait pas par rejoindre le brun dans ses nausées ; Les costumes poulet étaient particulièrement fautifs dans ce malaise. L'idée n'était pas meilleure que celle de jouer de la lame : les comparses étaient décidément tous poussés dans leurs retranchements.

    " Je dois dire que je suis particulièrement maladroit, je ne pense pas que mes pieds nous soient utiles ! Par contre, si Calixte tu chantes, je peux peut-être gérer un triangle oui ! " Conclut-il en se tournant vers Naëry, soulagé de cette proposition.

    Leur conversation fut interrompue par un nouvel arrivant qui se présenta à la porte. Le Maître d'Hôtel n'apportait guère de bonnes nouvelles. *Une représentation ce soir ?* Voilà la dernière goutte qui manqua d'assommer Adrian. Et visiblement pas que lui : ni une ni deux, Naëry ne laissa pas La Coquillette finir et se précipita aux latrines. L'homme resta dubitatif et lorsqu'il put finir son discours, expliqua les modalités d'une représentation manquée avant de s'éclipser, probablement agacé.

    " Le luxe ça se paye visiblement, allons-y si on ne veut pas finir à nettoyer les commodités de chaque suite ! " Déclara-t-il alors tout en se mettant sur ses pieds pour aller récupérer le triangle qui avait été posé sur une commode entre deux allers-retours à la salle de bain.

    Adrian se saisit de l'objet et entreprit de le dompter. Bêtement, il essaya de faire raisonner les deux morceaux de métal en harmonie et expérimenta méthodiquement chaque aspect. Puis, après plusieurs tentatives , il finit par établir une sorte de mélodie assez convaincante. Il avait peut-être deux pieds gauches mais ses mains, elles, arrivaient toujours à leurs fins.

    Fier de ce qui pour son oreille de paysan insensible à la musique, relevait de l'exploit, il se tourna vers ses deux comparses le sourire aux lèvres.

    " Je suis sûr qu'on va s'en sortir. Une idée de comment on se débrouille pour les costumes ...? "
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: La Croisière s'amuse
    Ven 1 Mai 2020 - 16:05 #
    Donc Adrian était un membre de la Garde. Deux soldats et un aventurier. Peut-être pouvaient-ils encore prendre l’option de piquer l’une des barques de sauvetage et tenter un retour à bon port armés de leur savoir martial et de leur désespoir.

    - Oui, je suis aussi de la Garde, répondit-il distraitement en étudiant le mobilier.

    Du bruit retentit bientôt dans son dos, et il tourna la tête vers l’aventurier qui revenait des commodités, papier en main. L’affiche aguichait sa curiosité, mais ses yeux firent tout de même une halte sur le visage de Naëry. Était-ce l’éclairage ou bien l’aventurier avait-il le teint un peu vert ? Est-ce que le roulis du navire lui donnait quelques soucis d’estomac ? Drôle d’idée que de s’embarquer pour une croisière si l’on était sujet au mal de mer. Rangeant dans un coin de son cerveau ses interrogations, l’espion s’intéressa davantage au poster que leur présentait l’homme. Il s’agissait visiblement des membres du groupe pour lesquels ils se faisaient passer, et non seulement avaient-ils des capacités musicales qu’eux même ne paraissaient avoir, mais en plus étaient-ils dotés de goûts artistiques plus que douteux. Le papier les représentait garnis de cheveux aux couleurs improbables et affublés de costumes encore plus étranges. Vraiment, la Noblesse avait parfois de drôles de goûts.

    - Heu, commenta Calixte en observant l’affiche, perplexe. J’ai un peigne magique qui peut nous aider à atteindre cette perfection capillaire…

    Un bruit étrange attira son attention, et il regarda Naëry profiter du système de commande du panneau. Ingénieux système. Alors que l’aventurier s’éloignait à nouveau avec l’encas pour Loupiac, les yeux de l’espion reparcoururent brièvement le menu. Il ne proposait pas d’options thérapeutiques évidentes, mais proposait la mise en relation avec le médecin de bord. A garder sous le coude.
    Son regard se reposa sur la silhouette d’Adrian qui, pour toute sa franchise, n’en restait pas moins discret. Et apparemment pas très à l’aise à l’idée de devoir se produire. Avec deux inconnus. Devant la Noblesse. En vêtements de poulets. Essayant de se rappeler ce que Vaelin lui avait dit à son propos, Calixte réalisa qu’il ne lui en avait en réalité pas dit grand-chose. Même s’il était toujours persuadé d’oublier une donnée importante sur le jeune homme. Il semblait que les deux colocataires n’étaient pas vraiment les meilleurs amis du monde. Ce qui pouvait s’entendre avec l’emploi du temps particulier de Vaelin, ainsi que son caractère austère de prime abord. Adrian attrapa le triangle proposé par Naëry comme une bouée de secours, et le coursier eut un petit sourire. Il voulut ajouter quelque chose, mais on toqua à leur porte, et il alla ouvrir à la place.

    Le nouveau venu se présenta, Ethan De La Coquillette, Maitre de Soirée. Et leur annonça d’emblée les hostilités. Première représentation le soir même. Formidable. Alors que Naëry piquait un sprint vers la salle d’eau, visiblement ému par tant de révélations, et qu’Adrian ne paraissait lui non plus pas loin de défaillir, Calixte se tourna avec curiosité vers De La Coquillette.

    - Auriez-vous la liste des participants de la croisière ? Afin que nous puissions éventuellement glisser quelques notes plus personnelles à nos interventions.
    - Excellente idée. Tenez. Vous noterez d’ailleurs que nous célébrerons l’anniversaire de dame Margueritte dans quatre jours, et que les jeunes gens de la suite « Aquafill » sont en voyage de noces.
    - Merci. Auriez-vous d’autres recommandations ?
    - … si je puis me permettre : en dépit de l’engouement de la jeunesse Noble pour vos tenues extravagantes, il ne serait pas malvenu de mettre un peu d’eau dans votre vin.

    Tournant les talons sur cette déclaration, De La Coquillette allait mettre les voiles lorsque Naëry l’apostropha. Fronçant les sourcils, Calixte nota que l’aventurier devait bel et bien être en proie au mal de mer. Le laissant parlementer avec De La Coquillette – qui étonnamment était insensible au charme de l’homme, fait rare méritant d’être noté dans les annales – le coursier attendit que le Maitre de Soirée parte définitivement avant d’adresser un regard inquiet et songeur à Naëry.

    - Tu as pris quelque chose déjà ? Histoire qu’on évite les effets croisés de préparations thérapeutiques…

    Ses yeux firent un aller-retour sur la silhouette d’Adrian qui était affairé à parfaire sa maitrise du triangle.

    - Tu devrais rester ici ce soir, Naë, et te reposer, déclara-t-il en retournant fouiller son sac à la recherche de sa trousse à pharmacie. On arrivera bien à gérer. Et je ne tiens pas particulièrement à devoir passer la serpillère entre les Nobles, si tes intestins font un nouveau caprice pendant la représentation.

    Il récupéra finalement un petit tube et alla ouvrir à un serveur revenant avec un pichet d’eau chaude. Se saisissant de l’une des tasses calées dans le placard de l’entrée, il y versa l’eau et ajouta sa préparation avant de tendre le tout à l’aventurier.

    - Ca devrait calmer tes nausées. Mais aussi t’endormir. Ce qui ne serait pas plus mal, le temps que ton corps s’habitue au roulis.

    La rapidité avec laquelle Naëry descendit le breuvage sans protestations en disait long sur son niveau de malaise. L’espion récupéra la tasse et la reposa sur le meuble avant de se réintéresser au panneau de commande. Et d’y passer un nouvel ordre.

    - On a encore un peu de temps avant ce soir, indiqua-t-il Adrian alors que celui-ci venait de reposer le triangle qu’il avait dompté. Ca vaudra pas les costumes d’origine, mais ça jouera peut-être en notre faveur dans le contexte, poursuivit-il avec un geste vague de la main les englobant.

    On retoqua à leur porte, et il récupéra les draps contre quelques cristaux. Ils étaient d’un jaune vif.

    - On va s’en servir pour s’en draper. Comme des toges, proposa-t-il à son camarade garde. Faudrait juste y mettre quelques points de coutures histoire que ça tienne un peu mieux, et éviter de finir à poil de manière malencontreuse.

    Ses yeux s’attardèrent un moment sur les vêtements du jeune homme, puis ses mains, et il fouilla dans sa ceinture avant d’en sortir un petit kit de couture.

    - T’as un statut particulier au sein de la Garde ? demanda-t-il à Adrian en lui tendant le kit. T’as l’air habitué à user de tes mains pour… plus que le maniement des armes. Moi-même j’suis coursier. Bien plus à courir à travers le Royaume avec du courrier qu’à me battre.

    Son regard se reposa sur Naëry qui, affalé dans son fauteuil, dodelinait de la tête. Il était toujours d’une pâleur inhabituelle, mais au moins le vert l’avait-il quitté. Confiant l’atelier couture à Adrian, Calixte retourna auprès de l’aventurier. Saisissant dans sa ceinture une petite perle en bois, il usa de la Fusion guidée pour y loger Naëry, et le faire défusionner sur le lit – après en avoir tiré la couette – près duquel Loupiac finissait sa boule coco. Retirant les chaussures de l’homme, il le recouvrit et le chantelune s’installa sur le drap, dans un chant interrogateur. Passant un doigt rassurant sur le plumage de l’oiseau, il chassa ensuite du même doigt les mèches collées au front de l’aventurier. Il faudrait encore certainement quelques heures afin que son corps ne s’habitue à l’oscillation du bateau. Au moins son sommeil n’avait-il pas l’air d’être trop perturbé.

    Repassant dans le salon, il s’arrêta prêt d’Adrian qui étudiait les étoles pour leur fournir des costumes corrects. L’observant un moment en silence, l’espion finit par poser légèrement sa main sur l’épaule du soldat.

    - Je vais ramener la vaisselle utilisée, l’informa-t-il. Et prospecter un peu sur ce qu’on peut essayer de pondre ce soir. Tu as un cristal de communication ? Non ? Alors si tu as besoin, celui de Naëry est sur sa table de chevet, tu peux me joindre avec.

    Reprenant son chemin, il embarqua la tasse et le pichet d’eau refroidissant, et quitta la cabine. C’était l’heure de partir à la chasse aux informations.

    ~

    Lorsqu’il revint dans la suite Agaela, l’obscurité s’était abattue sur l’océan, et le navire avait baissé sa vitesse de croisière. Visiblement tendu par les minutes défilant et les rapprochant de l’heure fatidique, Adrian avait enfilé sa toge et gérait son appréhension comme il le pouvait. Il leva un regard très légèrement soulagé en le voyant enfin revenir, et lui tendit le vêtement qu’il avait confectionné. Et pour du dernière-minute-il-faut-qu’on-sauve-les-meubles, c’était plutôt pas mal. Enfilant son propre costume couleur poussin, Calixte leur passa à tous deux un coup de peigne magique pour les affubler d’extravagances capillaires. Après un regard rapide à la chambre de Naëry toujours plongée dans l’obscurité et le silence, il embarqua Adrian avec lui vers la salle de représentation.

    - Ca va se passer pendant que les hôtes dîneront, informa-t-il son camarade qui s’accrochait fermement à son triangle. Il y a en tout douze personnes : un jeune couple de nouveaux mariés, une famille avec un fils – Tanguy – d’une trentaine d’années, une famille de quatre avec des enfants entre quinze et vingt ans, et trois célibataires entre vingt et trente ans. Que de la Noblesse, évidemment. Mais avec un goût particulier pour l’extravagance audacieuse. Apparemment les 7-1-9 sont connus pour leur bizarrerie visiblement fascinante. Ils lanceraient régulièrement des modes loufoques dans le milieu. Une histoire nébuleuse d’anticonformisme chic et de satire sociale aristocratique.

    Ils empruntèrent un passage à la dérobée, et arrivèrent dans une petite pièce servant de cagibi. Un chariot roulant avec une quinzaine de verres en cristal, remplis de manière graduelle, attendait sagement. Calixte posa ses mains sur les épaules un peu plus hautes que les siennes d’Adrian.

    - Allez, respire un grand coup : ça va bien se passer. Surtout d’ici une quinzaine de minutes, le temps que le toast que le Maitre de Soirée est en train de leur faire prendre fasse effet.

    Ainsi que le sucre magique qu’il avait glissé dans l’eau de la préparation, la changeant en liqueur de la Cité Enfouie. De quoi rendre un peu plus jouasse leur public.

    - Coup de triangle quand ça t’inspire, et finis mes phrases lorsque je les laisse en suspens, indiqua-t-il à son camarade.
    - En suspens ?

    Le tintement d’une clochette retentit, et Calixte poussa doucement mais fermement Adrian vers la porte menant à la salle de réception/repas/représentation.

    - Tu vas gérer comme un chef. Le tabouret sur la scène est pour toi, essaie de leur présenter ton meilleur profil. On gagnera certainement des points auprès de ces demoiselles. Voire de ces damoiseaux. Tanguy n’avait pas l’air moche. Un bon poil dans la main – voire un baobab – mais plutôt plaisant au regard.

    Ils sortirent du cagibi, Calixte trainant le chariot, et Adrian tirant de plus en plus vers un vert raccord avec sa coupe de cheveux. En dépit de son aversion évidente pour l’exercice, l’espion nota que son collègue paraissait tout de même déterminé à le mener à bout. Des applaudissements polis les accueillirent, et il étudia avec intérêt l’état des flûtes des convives. Elles avaient l’air bien entamées. Parfait. Ils s’installèrent sur scène, et attendirent sévèrement qu’un calme attentif ne revienne. Enfin, Calixte attendit sévèrement, Adrian devait être tendu pour d’autres raisons. De manière évidente, les regards leur faisant face cherchaient la présence d’un troisième et dernier artiste. Sans s’en formaliser et trempant son doigt dans l’un des verres devant lui, l’espion traça le contour de celui-ci pour que le cristal libère une note légère et pure dans l’atmosphère. Laissant ses mains virevolter doucement, puis avec plus s’assurance par-dessus les coupes, il eut une pensée pour la mission qu’il avait réalisée avec Zahria au palace de la Ville Aquatique. Et de leur nuit improbable à apprendre comment faire chanter les flûtes de cristal.

    Partis à trois sur les routes caillouteuses,
    Sous le couvert des cumulus,
    Sept-un-neuf et la croisière luxueuse
    Avaient enfin trouvé un consen…

    … sus.
    Puisque rien n’arrête la richesse
    De l’art comme des bourses gonflées,
    Alors les trois passèrent la promesse,
    Des soirées maritimes allu…

    … mées.
    Hélas le temps cueillit Sept,
    Obligeant ainsi ses compères à la bassesse,
    Au premier soir de fête,
    D’aller à con…

    … fesse.
    Enfilant leurs modestes costumes,
    Un et Neuf ainsi condamnés,
    Remplirent alors la coutume,
    D’animer du verbe la soir…

    … ée.
    Car le monde inlassablement,
    Dont cristaux et consommation rythment le ballet,
    Ne saurait souffrir de moments,
    Sans nos adroits petits mo…

    … tets ?
    Alors tenez bien vos couverts,
    Et vos chastes oreilles aux abois,
    Car ainsi débutent les vers,
    Au profil discour…

    … tois.


    Les notes cristallines enrobèrent les derniers échos de son chant, et le triangle d’Adrian marqua la fin de leur tentative musicale. Un silence accueillit leur prestation, et Calixte se demanda s’il aurait dû profiter de la potion d’ivresse qu’il avait dans son sac à la place de son sucre magique. En même temps, suspendus à ses mots, les Nobles n’avaient pas paru pressés de vider davantage leurs flûtes. Finalement, un homme bedonnant se leva. Plus les secondes passaient, et plus son visage rond rougissait. Peut-être allait-il vraiment falloir que le trio réfléchisse à ce plan d’échappée avec l’une des barques de secours du navire.

    - Magnifique ! s’exclama l’homme bedonnant, au visage rougi d’émotion, d’une voix tonitruante.

    Ou, finalement, peut-être pas. Les conversations reprirent bon train, et Calixte profita du stoïcisme de son personnage interprété pour évaluer les différentes tablées. Visiblement, tant que le politiquement incorrect restait sans trop de parti pris, les bêtises qu’il pouvait sortir restaient appréciées. S’il avait su, il aurait embarqué Apolline. Elle se serait fait une joie d’animer les repas tous les soirs. En chantant. Levant la main pour capter à nouveau l’attention du public, il déclara :

    - Nous sommes en sous-nombre ce soir. Donnez-nous un nom connu – parmi vous ou à travers Aryon – un thème de propos, et un air musical.
    - Moi-même ! se lança un jeune homme qui commençait visiblement à être un peu aviné par la liqueur de la Cité Enfouie. Joakim Held, mon entreprise de savons, la dernière prouesse musicale du barde DeValeur du Village Perché !

    Meublant avec quelques notes cristallines ses secondes de réflexion, Calixte bénit son enfance sévère et les entrainements improbables des espions. Ainsi que les jeux de taverne, parfois plus poussés que le basic lumineers-pong. Bientôt sa voix emprunta l’air demandé, tandis qu’il déclinait le thème annoncé sous des paroles plus légères et taquines. Après un couplet qui fit avaler de travers la dame de la table voisine et éclater de rire son mari, Adrian donna la parole à un autre convive. Et, de minutes en minutes, de plats en plats, de verres en verres, chacun des participants de la croisière se prit un peu plus au jeu. Les rumeurs empruntées firent place à des observations plus grivoises. Les rires timides à de franches rigolades. Une ou deux fois, les esprits s’échauffèrent un peu au commentaire audacieux de l’un des autres participants, mais la tension se dissipa rapidement dans l’enchainement des strophes malicieuses et l’humeur généralement allègre.

    Lorsque De La Coquillette leur fit enfin signe que leur intervention était finie pour la soirée, la nuit s’était bien installée sur l’océan, et un tiers des Nobles avait fini par s’éclipser peu à peu, plus ou moins discrètement, l’esprit somnolent de béatitude. Entre le repas qui avait semblé fameux, la boisson forte, et la participation à la représentation, les deux soldats pouvaient observer les traits de leur public se tirer peu à peu. Eux-mêmes n’étaient pas en reste. Prenant la main d’Adrian pour l’aider à descendre de son siège où il devait commencer à s’ankyloser, Calixte les fit effectuer une courbette artistique, et ils quittèrent la scène sous les applaudissements avinés des derniers convives présents.

    - Vos repas vous ont été déposés dans votre suite, leur indiqua le Maître de la Soirée d’un ton bien plus chaleureux que quelques heures plus tôt. En vous souhaitant une bonne soirée, et un bon rétablissement de votre camarade.

    Le court trajet jusqu’à leur cabine se fit dans le silence, les deux gardes trop fourbus pour avoir envie de converser. Les doux arômes de nourriture les accueillirent enfin, et ils s’affalèrent dans les fauteuils du petit salon, de part et d’autre du dîner chaud – comprenant la part de Naëry bien qu’il n’ait pas participé à la représentation – qui les attendait. Alerté par le bruit, Loupiac vint les rejoindre dans un chant de bienvenue.

    - C’est toi qu’on aurait dû prendre pour chanter, commenta finalement Calixte en caressant l’oiseau. Est-ce que Naë s’est réveillé ?

    Aux mouvements du chantelune, ça n’avait pas l’air d’être le cas. Finissant une cuillérée de soupe, l’espion se releva et se dirigea vers la chambre plongée dans l’obscurité. L’aventurier dormait paisiblement, et ni frissons ni sueurs ne semblaient persister de son inconfort initial. Attrapant la boule de coco restante, il l’attacha dans le salon pour que le chantelune puisse picorer joyeusement sans risquer de déranger Naëry.

    - Survécu ? fit-il avec un sourire à Adrian qui paraissait encore plus fatigué que lui et accueillait Tsuki qui s’était approchée de la table, intéressée par les odeurs et le retour de son maitre. J’ai eu peur de te perdre à quelques moments de la soirée, tellement tu étais livide. Heureusement qu’ils étaient bon public ceci dit, ajouta-t-il en rigolant et en recommençant à engloutir son repas.

    Attrapant le peigne magique qui trainait toujours sur la petite table, il se débarrassa de sa touffe rose pour retrouver ses cheveux normaux, et tendit l’objet à Adrian pour qu’il fasse de même s’il le souhaitait.

    - Je pense que j’irai voir l’équipage après… après ça, fit-il en indiquant du doigt les mets devant eux. Je te proposerai de venir avec moi, mais j’ai l’impression que tu as atteint ton seuil de tolérance sociale ? ajouta-t-il avec curiosité.
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: La Croisière s'amuse
    Mer 6 Mai 2020 - 17:42 #
    La croisière s’amuse
    ─ avec Calixte & Adrian

    Je bois goulûment la décoction que on ami m'a préparé. Je n'en peux plus de cette nausée permanente. pourquoi suis-je venu déjà ? Ah oui, profiter d'un moment de répit et savourer des vacances tout frais payé contre quelques coups sur le tambourin. C'est sans compter sur mon mal de mer. Pourtant je sais que le roulis n'est pas mon ami. J'ai vraiment cru que la préparation avec la fleur de Phiatri fonctionnerait, mais je ne suis visiblement pas assez doué pour la confectionner comme il se doit, à moins que ce ne soit tout simplement pas assez fort contre mon mal.

    Toujours est-il qu'au bout de quelques minutes les voix des deux hommes se fait lointaine. J'essaie de résister, en vain.  Une petite sieste avant la représentation ne me fera pas de mal après tout. Je me sens partir jusqu'à ce que le noir m'enveloppe.

    ________________

    Son rire résonne, joyeux, presque mesquin. La pièce est sombre, et un à un les flambeau s'allument sur des miroirs qui reflètent des silhouettes que je connais que trop bien. Luz, Zahria sont les premières qui apparaissent, affolées. Comme prisonnières de ces plaques de verres, je sens la détresse dans leur regard qui me fixe. Calixte fait son apparition, je lis l'incrédulité tandis que Jack lève un verre à mon intention.
    Le premier miroir se brise dans un cri de douleur, celui de Zahria. Le rire s'intensifie avant de se rapprocher du miroir de Luz. Nooon ! Je m'approche pour retenir l'inévitable, mes jambes ne me réponde plus. Je piétine, toujours au même endroit, je force, je tape, je saute ... rien y fait. La glace s'éclate sur le sol, j'ai juste le temps de voir la larme au coin de l’œil de mon amante avant que les morceaux ne s'étalent jusqu'à mes pieds. Attrapant l'un d'eux, seul du sang coule dans le reflet, puis sur la tranche du fragment. Le sang de mon doigt coupé. Je lâche le morceau de verre, l'entaille continue de s'approfondir douloureusement.
    L'éclat de rire reprend après un court silence, méprisant. Calixte me regarde, il a compris, il sait que son tour va venir. Je tends ma main ensanglantée vers lui, il détourne le regard quand le rire devient sadique. Son miroir chute, indéniablement. Jack quant à lui garde le sourire, je vois qu'il veut me rassurer "tout ira bien mon pote" mime-t-il des lèvres. Le même sort se produit, et se rire qui n'en finit plus. Qu'est-ce que tu me veux !
    Soudain un silence de mort, son souffle est dans mon cou. Je suis tétanisé, incapable de bouger, de me retourner.
    - Et bien alors frérot, quand est-ce que tu vas me retrouver ?
    Et son rire reprend gaiement lorsqu'elle me presse une lame sur la jugulaire, un coup sec et ...


    Je me réveille, le cœur battant à tout rompre. Rêver de Calia est devenu habituel, mais plus mon enquête avance, plus ma sœur de sombre en songe. Cette fois elle s'en est pris à ceux que j'ai impliqué de près ou de loin à sa recherche. Peut-être trop de monde, sûrement trop de proche. Depuis que Cal m'avait donné quelques informations j'ai pu me rapprocher d'une piste alimentée par les indic' de Jack. Les deux hommes ne savent pas de quoi il en retourne précisément, je leur ai juste demandé de se renseigner sur une certaine Calia Dewig, disparue maintenant depuis presque deux saisons.

    Je me lève, stable. Les vertiges m'ont quitté et le seul creux de mon estomac vient de la faim qui le tenaille. Combien de temps ai-je dormi ? Loupiac sifflote de sommeil dans un coin, il fait sombre. Apparemment j'ai dormi bien trop longtemps, et mon inquiétude est confirmé lorsque je vais dans le salon, trouvant des toges dans un coin et un reste de plateau repas. Un semblant d'Origami attend là, une attention de la part de Cal qui me fait sourire. Un petit ronflement se fait entendre dans l'une des pièces voisines, je n'ai pas la notion du temps mais il doit être très tard. Ou très tôt, tout dépend d'où on se place.
    Je me dirige vers le repas maintenant froid et mange la viande, du poulet, ironique quand on connait le déguisement favori du groupe. J'en profite pour refaire un véritable Origami avec le papier utilisé par mon bienfaiteur. Me relevant, emprunt d'une légère maladresse, je fais tomber un verre ampli d'un liquide rouge bordeaux. Du vin ? Quel gâchis. Le dit verre se brise, le ronflement se stoppe et un petit miaulement le remplace suivi d'un bond et de la tête de Tsuki qui passe par l'encadrement d'une porte. Puis le chant de Loupiac qui me rejoint sur mon épaule.

    - Ce n'est rien mon grand, chuchoté-je en ramassant les débris, tu veux m'accompagner faire un tour dehors ?

    Il piaille d'approbation, je finis de nettoyer tant bien que mal, la liqueur a imbibé le tapis assombrissant le tissus d'une tâche rapidement devenue indélébile. Oups ...

    L'air frais me fait le plus grand bien. Je vais marcher sur la coque du voilier, mon familier chante à la Lune une mélodie qui apaise mon âme. A l'horizon, une ligne lumineuse commence à faire son apparition. Dans quelques instants le soleil commencera son spectacle, embrasant l'eau de son camaïeu chaleureux. Nous restons là une bonne dizaine de minutes avant qu'un miaulement me fasse me retourner, Tsuki se frotte à ma jambe, suivit par un Adrian ensommeillé.

    - Tu n'arrives plus à dormir ?
    - Oh, j'ai dû faire le tour du cadran depuis hier soir ...

    Le silence revient, seulement troublé parle clapotis de l'eau. Le jeune homme prend des nouvelles de mon estomac, je lui confirme que tout va mieux.

    - D'où viens-tu Adrian ? Je note une légère consonance chantante à la fin de certains mots.

    Quitte à être compagnon de galère, autant apprendre à se connaître un minimum. Depuis que Carci m'a sociabilisé, je prends goût à partager de tel moment avec mes partenaires d'aventure. Du moins, ceux qui semblent en valoir la peine.

    code ─ croquelune

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    Re: La Croisière s'amuse
    Sam 9 Mai 2020 - 23:04 #
    Adrian se félicita de sa déduction vis-à-vis de Calixte. Certes, le calcul n’était pas difficile à effectuer mais face à cette marée de nouvelles informations, le jeune homme était simplement content de ne pas perdre pied ; pas encore.

    « Coursier ? Tu dois en voir du pays dis donc » Il sourit du coin des lèvres face à la remarque de son compagnon de croisière. * En voilà un de perspicace* « Belle observation. J’ai en effet une fonction annexe de forgeron à la caserne de la Capitale » Dit-il en récupérant le kit de couture et les draps.

    Sur le moment, Adrian ne se sentit pas d’expliquer au Garde que ses expériences en coûtures restaient très limitées. Après tout, il avait déjà rapiécé ses propres vêtements plus de fois qu’il ne saurait compter, alors quelque part, il savait faire se rassura-t-il. S’installant sur la table basse du salon, il étendit les draps et les observa songeur. *Une toge, une toge… Mhmm… Si je coupe ici… Et que je reprends là… Je peux peut-être faire quelques plis ici… Et il me faudra surement des pans de tissus pour confectionner des ceintures…* Une autre facette d’Adrian prit alors le dessus et très vite, il s’enferma dans sa bulle réflexive. Afféré, il n’entendit ni Naëry qui avait été déplacé dans son lit et qui commençait à ronfler paisiblement, ni Calixte qui quitta la pièce, ni Tsuki qui miaulait à intervalle régulier et ni même Loupiac, le chante-lune, qui mangeait tranquillement sa boule-coco en sifflotant de joie.
    Ainsi, lorsque Calixte pénétra à nouveau dans la pièce, Adrian qui venait de terminer son travail, sursauta sur son fauteuil.

    Une fois affublés de leurs costumes, les deux jeunes hommes laissèrent la chambre derrière eux et se dirigèrent d’un pas plus ou moins assuré vers la salle des représentations. Adrian écoutait son comparse avec attention en essayant de retenir un maximum d’informations, se demandant à quel moment le Garde avait-il pu récolter autant d’informations. Dans les coulisses du palace flottant, les pas des deux hommes se perdaient dans la moquette et on entendait seulement le chariot que poussait Calixte dont le chargement tremblait en émettant des sons cristallins. Dans ses tempes, Adrian pouvait sentir son cœur s’accélérer tandis que son souffle se raccourcissait. De simple marée, les informations étaient passées à un véritable tsunami et noyèrent rapidement le jeune homme. Lorsque Calixte lui conseilla de souffler et de simplement suivre le ton qu’il allait donner, le forgeron se sentit soulagé. Il n’était pas très adroit de ses pieds et n’avait pas vraiment le rythme mais… Il n’était pas non plus tout à fait empoté. Du moins, essaya-t-il de se convaincre.

    Sur scène, Adrian respecta à la ligne les instructions données par Calixte. Il s’installa sur son tabouret, s’attacha les cheveux devenus vert en un chignon lâche et remonta les drapés de sa toge pour laisser paraître ses bras qu’il savait taillés par les années de forge derrière lui. Finalement, il se décida à balayer la foule du regard et s’essaya même à les saluer en levant timidement sa main droite ; celle qui ne tenait pas le triangle. Il aperçut alors un sourire lubrique de la part d’un jeune homme assis à l’une des tables les plus proches de la scène. Parcouru d’un frisson, il détourna le regard et se re-concentra sur Calixte qui avait sorti son mystérieux chargement et qui commençait la représentation.

    Agréablement surpris de ce talent caché, Adrian ne resta pas longtemps stupéfait et entreprit de compléter sa part, qui bien que dérisoire, semblait être appréciée des convives. Lorsque le chanteur laissa sa première phrase en suspens, Adrian qui était concentré sur son triangle, faillit manquer le coche. Puis, comprenant la logique de son compagnon, se prit au jeu. Prenant de l’assurance, il fit de son mieux pour suivre le ton donné par Calixte et ne réalisa qu’à la fin de la première chanson la raison pour laquelle le Tanguy du premier rang ne le lâchait plus du regard. La voix grave et rauque du forgeron avait marqué chaque fin de couplet de quelques syllabes qui, mises bout-à-bout, étaient plus qu’aguicheuses. Lançant d’abord un regard à la fois paniqué et furieux à l’auteur de ces premiers vers, Adrian se sentit pâlir puis, l’instant d’après, coup du trac ou des nerfs, sourit bêtement à l’idée de s’être ainsi fait avoir.

    Ce n’est qu’en se retournant à nouveau vers la salle qu’il réalisa que ce sourire pourtant anodin pouvait être mal interprété par certains. Du coin de l’œil il avait en effet pu remarquer le clin d’œil que le Tanguy lui avait adressé. Heureusement, Calixte avait déjà enchainé et l’entracte ne s’éternisa pas, laissant le forgeron à son échappatoire qu’était le triangle. Le reste de la soirée se déroula à merveilles. Tours à tours, les convives rièrent de bon cœur ou de gêne mais globalement, l’humeur demeura bonne et de son côté, Adrian prit le plus grand soin à ignorer la table du premier rang qui finit sembla-t-il, à se désintéresser de sa personne.

    Finalement, De La Coquillette annonça la fin de la représentation. Adrian se laissa tirer de son siège et trainé hors de la scène après un semblant de révérence. Il n’écouta pas les quelques applaudissements qui les accompagnèrent dans leur sortie, il n’écouta pas le Maître de la soirée et se contenta de suivre silencieusement Calixte jusqu’à leur chambre. Le trajet lui sembla s’éterniser et pourtant, lorsqu’ils pénétraient dans le salon de la suite, le jeune homme n’aurait su dire le chemin qu’ils avaient emprunté. Soulagé, enfin, le jeune homme se laissa tomber dans un des fauteuils et se mit à manger avec appétit.

    Lorsqu’enfin il eut quelques morceaux de nourriture dans le ventre, il releva la tête et marqua une pause en soupirant profondément. A ses côtés, Calixte venait de se réinstaller pour manger et Loupiac le chantelune les avait rejoints à la recherche de sa boule coco ; Tsuki le suivait de près : elle aussi devait commencer à avoir faim.

    « Livide ? C’est peu de le dire ! Je l’ai remarqué ton Tanguy, tu n’as pas vu les regards qu’il me lançait ? » Expliqua-t-il en riant. Le simple souvenir du jeune homme suffit à déclencher un frisson qui parcourut les bras d’Adrian, lui donnant la chair de poule. Ironie du sort, lorsqu’on savait les costumes qu’ils auraient dû porter ce soir.

    Tout en donnant quelques morceaux de poulet prédécoupés à Tsuki, Adrian évalua la proposition de son camarade. Il était encore tôt certes, mais le Garde était plus que proche de la vérité lorsqu’il évoqua le seuil de tolérance sociale du forgeron.

    « En effet, j’ai eu ma dose. Je ne sais pas comment tu fais... Et félicitations pour ton numéro de secours d’ailleurs. »

    Tout deux discutèrent le temps du repas, puis Calixte sortit de la suite tel qu’il l’avait expliqué, laissant à Adrian le calme et l’intimité dont il avait besoin. Profitant de ce moment de solitude, le jeune homme sauta dans la salle de bain et profita d’une courte douche chaude avant de s’en aller plonger sous sa couette. La journée avait été longue et il était éreinté. Dans son sillage, la petite chatte prit sa place habituelle au pied du lit et tout deux s’endormirent paisiblement, l’un ronflant, l’autre ronronnant.

    --

    S’étant couché tôt, Adrian se réveilla tôt. Le soleil n’était pas encore levé et ses camarades de voyages dormaient encore. Du moins, c’est ce que le jeune homme s’imagina jusqu’à ce qu’il entende la porte de leur suite claquer doucement. Reposé mais toujours endormi, le jeune homme enfila ses vêtements et jeta un coup d’œil dans les chambres où il découvrit un Calixte endormit et un Naëry absent. Soucieux de l’état du jeune homme, il sortit alors à son tour de la chambre et se mit à sa recherche. C’est Tsuki qui le trouva : Appuyé sur les rambardes du bateau, le jeune homme observait le soleil qui naissait sans bruit à l’Horizon.

    « C’est ce qu’il te fallait, ce n’est pas plus mal, tu te sens mieux ? » Lui demanda-t-il en s’installant à coté de lui « Moi je me suis couché dès la fin de la représentation tu sais ! Trop d’émotions je pense et j'ai donc bien assez dormi » Il rit doucement tout en se remémorant la soirée. Certaines parties se mêlaient à l’imaginaire, tant elles avaient été improbables.

    « Je viens d’un petit village de la campagne au Nord-Ouest de la Capitale, près d’une branche de la Grande rivière. C’est le paysan que tu entends ! » Conclut-il en souriant mais avec une pointe de nostalgie.

    « Et toi, tu viens d’où ? »
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: La Croisière s'amuse
    Ven 15 Mai 2020 - 14:30 #
    Il rigola franchement à la remarque d’Adrian concernant le fameux Tanguy, joignant ses notes allègres à celles de son jeune collègue. Non, il n’avait pas manqué les œillades lubriques de l’homme, et cela l’avait amusé. Mais il avait alors été un peu plus préoccupé par leur prestation de dernière minute que par les intentions indécentes du noble spectateur.

    - Honnêtement je ne pensais pas qu’en présentant ton meilleur profil à ce beau monde on aurait autant de succès… surtout auprès de ce fameux Tanguy. Mais je crois que c’est toi qu’on va mettre en vitrine les fois prochaines, fit-il amusé en finissant son plat.

    Se levant à nouveau en observant Adrian nourrir Tsuki, il se défit de sa toge improvisée pour retrouver une apparence plus convenable. Plus ordinaire. Il était habitué à être costumé. Dans des vêtements plus ou moins improbables. Mais il était tout de même agréable de retrouver un semblant de soi-même. Se rasseyant pour entamer son dessert, il adressa un sourire aux propos du jeune soldat, avant de changer complètement de sujet. L’épreuve cocasse, mais non moins mentalement – voire physiquement – éreintante, avait laissé dans son sillage une camaraderie opportune entre les deux militaires qui, pour toute la limite sociale avouée d’Adrian, échangèrent joyeusement le temps de la fin de leur repas. Puis, après un dernier coup d’œil vigilant à Naëry toujours profondément endormi sous sa couette, il laissa son collègue profiter d’une tranquillité méritée et quitta la cabine pour s’aventurer sur le navire.

    Ayant pris le temps d’étudier le plan du bateau un peu plus tôt dans la journée – avant que l’aventurier ne rende tripes et boyaux – l’espion choisit avec un hasard tout calculé son itinéraire à travers la structure navale. Il fit tout d’abord un arrêt dans la porte de la Capitaine. Les quartiers de celle-ci étaient sombres, et il n’arrivait pas distinguer si sa résidente était présente. S’en tenant là de ses observations, il défusionna rapidement et poursuivit son chemin. Par habitude, il jeta un coup d’œil curieux aux autres cabines à la recherches d’informations générales lui permettant de se faire une meilleure idée de leurs nobles camarades de croisière. Comme pour la Capitaine, la plupart étaient plongées dans le noir, en proie aux bras du sommeil. En revanche, il y avait une sacrée activité dans la chambre du couple de nouveaux mariés. Et Calixte aurait poursuivi son chemin si un papier mal dissimulé sur le bureau du petit salon de la suite n’avait attiré son attention. Profitant de l’inattention des occupants et de la lumière laissée allumée, il s’aventura à l’intérieur pour se saisir de l’objet de sa curiosité. Il s’agissait visiblement d’un message confidentiel, adressé à l’un des occupants… par le fameux Tanguy apparemment en mal d’attention, et prêt à se jeter sur tout ce qui bougeait. Ou, en l’occurrence, avait des organes génitaux fonctionnels et l’âge de donner un consentement averti. Rigolant silencieusement, l’espion replaça le message confidentiel et s’éclipsa.

    Esquivant les matelots affairés, il fit un tour dans les cales, et dans les parties réservées au personnel, dans la limite que ce que lui permit la discrétion. Et puis, il finit sur le ponton. Le navire avait considérablement ralenti son allure dans l’obscurité, et l’équipage présent sur le gaillard avant utilisait de larges globes lumineux pour éclairer les flots. Au-dessus de leurs têtes, les étoiles du firmament scintillaient sans l’entrave de nuages, et Calixte se laissa quelques minutes à la contemplation silencieuse de ce tableau poétique. Puis le froid de la nuit le rattrapa, et il regagna la chaleur des entrailles du bateau. Suivant les indications du réceptionniste qui lui avait donné pas mal d’informations sur l’interlude où il avait laissé Adrian leur confectionner les costumes pour la soirée, il rejoignit celui-ci au niveau des dortoirs de l’équipage juste après le changement de quart. Et il se laissa entrainer à la rencontre de ceux profitant de celui du repos.

    ~

    Il se réveilla groggy, les lambeaux du sommeil se délitant avec une langueur toute paresseuse. Sur la table de chevet à quelques centimètres de sa tête, il pouvait entendre une voix familière conter d’improbables histoires. Laissant les dernières bribes de la nuit le quitter, il observa quelques temps la petite silhouette. Depuis qu’elle avait obtenue sa scribouilleuse, elle grattait furieusement le papier. Et le laissait un peu plus tranquille, chose dont il ne se plaignait pas. Chassant finalement les dernières ombres léthargiques sous ses paupières, il se leva et fit un tour des appartements. Il ne devait pas être très tard, mais ses deux colocataires avaient déjà mis les voiles. Profitant de l’occasion pour s’approprier la salle-de-bain, il se laissa aller à la plaisante routine matinale dans le confort luxueux de la cabine. Passant devant le miroir alors qu’il se défaisait de ses affaires pour se laver, il marqua un temps de pause. Songeusement, ses doigts effleurèrent la surface lisse lui renvoyant son image. N’avait-il pas fait un étrange rêve où il était contenu dans pareil objet ? Haussant finalement les épaules de désintérêt, il poursuivit ses activités. Ça n’avait été qu’un rêve.

    Empruntant le chemin du ponton les idées un peu rafraichies par sa toilette, il croisa l’un des matelots avec lequel il avait partagé le quart de détente la vei… quelques heures auparavant. Intrigué par le fonctionnement du navire, il discuta joyeusement avec son nouveau camarade et se laissa mener au grand air puis jusqu’au pied de l’un des mâts. Distraitement, il nota un peu plus loin les silhouettes d’Adrian et de Naëry qui profitaient aussi de la brise marine, ainsi que celles de quelques Nobles s’aventurant dehors. A leur effet, de coquettes banquettes avaient été installées pour leur permettre d’apprécier le paysage dans le plus grand confort. Revenant au matelot qui lui proposait de grimper à la vigie, Calixte ne se fit pas plus prier et se désintéressa du ponton. Pour se concentrer sur l’escalade du mât sans se casser la figure.

    Une main bienveillante l’accueillie en haut, et il rejoignit les deux marins postés en sentinelle. Il n’avait failli tomber que trois fois, ce qu’il considérait comme relativement peu vu sa maladresse, mais il gardait tout de même de l’expérience un souffle quelque peu écourté. Et le paysage, loin de lui rendre celui-ci, le laissa davantage pantois. Le ciel dégagé laissait les matinaux rayons du soleil balayer les reliefs d’un halo orangé, relevant la boiserie du navire et faisant scintiller les vagues se brisant contre sa proue. L’azur de l’océan s’étendait à perte de vue à tribord, et il pouvait, de sa hauteur, apercevoir la ligne abrupte de la côte qu’ils longeaient à bâbord. Le bateau avait repris sa vitesse de croisière, et une brise mordante lui décapait les joues. Il songea qu’il avait bien fait d’enfiler sa cape anti-climat pour s’aventurer dans l’atmosphère matinale.

    - Finalement vous faites pas que l’animation pour les nobliaux ? lui demanda l’une des sentinelles l’arrachant à sa contemplation béate.
    - Il semblerait, accorda-t-il avec un petit sourire. C’est quand la fin de votre quart ?
    - Une heure. Mais on passe sur l’entretien.
    - Eh vous pouvez passer grailler avec nous après l’aut’quart sinon ? ‘fin si ça vous dérange pas d’bouffer ce que l’chef nous fait avec les restes de la haute. C’est bon au moins c’qu’il vous fait à vous ?
    - Vu les assiettes ça doit pas être mauvais.
    - Vous vous ferez votre avis. J’vous rapporterai la mienne.

    Et il sut à leurs regards qu’il avait gagné là quelques points pour s’ouvrir davantage de portes sur le navire. La discussion reprit sur d’autres sujets, et l’espion se laissa distraitement aller à l’observation du monde qui s’offrait ainsi à lui, du haut de la vigie. Le soleil gagnait lentement mais sûrement un peu plus d’altitude dans le ciel, et en dehors des marins s’affairant ici et là, un peu plus de croisiéristes avait gagné le pont. Accoudés à un rebord, Naëry et Adrian continuaient leur conversation, accompagnés de Tsuki et Loupiac. Lorsque l’un d’eux leva la tête, il lui adressa un signe de la main accompagné d’un sourire.

    Finalement, c’était parti pour être une chouette croisière.
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: La Croisière s'amuse
    Mar 19 Mai 2020 - 21:07 #
    La croisière s’amuse
    ─ avec Calixte & Adrian

    Échange inévitable, Adrian me retourne la question, demandant mes origines. Comme tout un chacun, je lui raconte l’histoire de Sœur Martha qui eut l’obligeance de m’accueillir alors que je vaquais, amnésique. Puis mes petits boulots divers et variés avant de devenir aventurier, taisant ma noble naissance.

    - Et au fait, comment s’est passé votre représentation hier ? Je ne pensais pas dormir autant. Dis moi tout!

    Le jeune homme me raconte alors les prouesses de Calixte et l’entourloupe de sa stratégie. Il hésite un instant avant de me conter, avec une note de dégoût, les avances d’un certain Tanguy. Je souris devant sa mine effaré. A l’horizon le soleil continue sa course tranquillement, éclairant la scène avec plus d’intensité de seconde en seconde.
    Mu par un instinct affectif, je me retourne, continuant d’écouter le garde tandis que mon regard se balade sur le navire. Attiré par une force inexplicable, ce dernier se pose sur la vigie, suivant le bois phallique pour y trouver à son sommet les silhouettes des marins affairés à surveiller les eaux et celle de … Calixte ? Que fait-il en haut celui-là ? Je l’observe un moment, mon attention détournée de la conversation pour scruter le jeune homme. Son air innocent semble ravir son interlocuteur. Parfois je me demande s’il est si ingénue que cela ou s’il n’est pas tout simplement un pur génie de stratège. Il se retourne, je le salue de la main avec un grand sourire que je ne retiens pas.

    Soudain Loupiac qui sommeille dans le creux de mon cou s’excite, il piaille heureux, voletant dans une direction totalement dénué d’intérêt. Jusqu’à ce que je vois une masse noire rouler dans notre direction. Est-ce bien ce que je crois ?

    - Apolline?!
    -Et ouais beau gosse ténébreux, c’est moi ! Je t’ai manqué, avoue!

    A vrai dire, je ne suis pas mécontent de la revoir. Et Loupiac est carrément heureux. Il s’est pris d’affection pour cette âme artificielle, allez savoir ce qu’elle lui a fait. En y pensant, non, je ne veux moi-même pas savoir ! Pauvre bébé Chantelune !

    - Je suis étonné de ne pas t’avoir entendu plus tôt!
    - Je suis en pleine création, Mon-Sieur! J’écris un livre ! Et oui, car c’est que j’en ai des choses à raconter!

    Oui ça je m’en suis bien aperçu.

    - D’ailleurs je suis sur une histoire assez sympa d’un jeune demoiseau éprit du beau gosse du coin. Il aimerait bien lui fourrer sa ...
    - Adrian je te présente Apolline. la coupé-je direct. Âme artificielle qui accompagne Calixte dans ses aventures.
    - En parlant d’aventures, t’as trempé ton biscuit avec combien de partenaires ? Juste pour me documenter afin d’étayer mon roman.

    Etayer ? C’est qu’elle parle bien la trousse !

    - Tu viens de le dire, c’est un roman Apolline, invente.
    - Et toi le mignon ? Vas-y raconte à Tata Apolline ton dernier plan c...
    - Culinaire!

    Calixte nous a rejoint, sûrement a-t-il vu sa maléfique trousse converser avec nous et s’est jeté du haut de la vigie pour l’arrêter avant qu’elle n’outre les chaste oreille de notre compagnon. Le spectacle va pouvoir commencer, je m’en réjouis d’avance. Le rouge commence déjà à monter aux joues de l’espion lorsqu’elle lui demande, de sa voix la plus suave, s’il a passé une agréable nuitée.

    - Tu n’as pas dormi dans la suite?
    - C’est vrai ça, tu as dormi où? surenchérit Apolline, vicieuse.

    L’espion se justifie maladroitement, je vois bien qu’il a envie de lancer la trousse par dessus bord. Je me demande si elle peut flotter et rouler sur l’eau, mais je n’ai pas envie de le vérifier. Loupiac l’attrape avant que Calixte ne la saisisse, elle se met à rire tout en disparaissant plus loin où elle accoste le mondain monde de ses paroles libidineuses. Je sens qu’elle va en choquer plus d’un … Ou pas.

    Durant le reste de la matinée chacun vaque à ses occupations. Je marche sur le ponton, observant et écoutant cette bourgeoisie aux mœurs bien définis. Ça me fait rire, car certains se font de grands sourires et parlent gaiement lorsqu’ils se croisent, mais dès qu’ils s’éloignent, les voilà en train de critiquer les amis qu’ils viennent de croiser. Fort heureusement ce n’est pas le cas de tous. Je m’attarde non loin d’une femme à l’âge mûre, pinceau en main, observant le paysage scintillant qui s’offre devant elle. Sa dextre danse avec délicatesse sur le bout de toile qu’elle tient de son autre main, et une aquarelle naît sous mes yeux captivés. Je suis peut-être trop insistant, car elle finit par se retourner sur moi, plongeant son regard profond dans le mien, me sondant comme si je n’étais qu’un livre grand ouvert. Sans une parole elle me fait signe de m’approcher. Comme hypnotiser je m’exécute, elle sourit et reprend son tableau. Je l’observe en silence avec son consentement, et lorsqu’elle finit enfin son chef d’œuvre, elle me le tend. Je l’attrape pour en apprécier les courbes et les couleurs, dans le coin inférieur droit, une discrète signature. Iris De Lavigne.

    - Il est magnifique! Dis-je en lui rendant son œuvre.

    Elle me remercie dans la langue des signes avant de mettre les voiles, me laissant bras tendu avec son aquarelle sur le bout des doigts. Quelle étrange échange, elle disparaît dans l’angle du bâtiment principal sans un regard en arrière. J’espère bien recroiser cette Iris, elle me semble bien plus intéressante que le reste des passagers.

    Lorsque midi arrive, nous nous réunissons pour manger. Je nous commande une bouteille de Château Pouyanne, un vin rouge produit dans les terres agricoles d’Aryon. Son tanin est rond et fruité, parfait pour s’accorder avec la volaille qui nous attend dans nos assiettes. Calixte se lève, repas en main pour quitter la suite.

    - Tu ne manges pas avec nous? demandé-je étonné. Ne devrions nous pas discuter de la prochaine représentation ?

    A-t-il réellement trouvé mieux à faire ou fuit-il les lieux ? Ou une personne en particulier devrais-je plutôt supposer. Je m’abstiens de le lui demander pour éviter de réitérer la Fameuse Soirée, surtout que nous ne sommes pas seuls.

    - Adrian, je peux donner un bout de viande à Tsuki? demandé-je alors que le chat rôde autour de notre petite tablée.

    code ─ croquelune

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    Re: La Croisière s'amuse
    Mer 20 Mai 2020 - 23:51 #
    L’air marin fouettait doucement le visage d’Adrian tandis qu’il écoutait le récit de Naëry. L’ambiance naissante du matin était particulièrement reposante et les deux jeunes gens profitaient de ce moment de calme pour faire plus ample connaissance. L’un se délectait d’un repos bien mérité après son expérience de la veille, l’autre reprenait des forces à vue d’œil suite à son indisposition encore toute récente. Fermant les yeux pour profiter de la brise, le garde en oubliait presque ses déboires et surtout, ce sentiment qui ne l’avait pas quitté depuis son arrivée sur les cotes. Il sentait revenir cette présence oppressante qu’il avait ressentie sur Terre, alors même que le bateau avait pris le large. Deux solutions donc : ou son admirateur l’avait suivi sur l’embarcation, ou…

    Il ouvrit les yeux et plongea son regard dans l’eau. La mer était particulière calme et les rayons du soleil s’y reflétaient comme sur un bain d’huile, ricochant à la surface. A cette distance des côtes, l’eau semblait épaisse et mystérieuse : Impossible pour les passagers d’en déceler les secrets. Pourtant Adrian sentait au fond de lui que quelque chose l’attendait, caché dans cette immensité obscure. Perdu dans ses pensées, il répondit vaguement à son compagnon de voyage quant à la soirée de la veille. Les émotions avaient eu le temps de redescendre depuis la représentation et le souvenir même de l’expérience semblait déjà lointain. L’œil du jeune homme courait à la recherche d’un détail qui trahirait l’apparente impassibilité de l’océan. Mais dans ce tableau, seul le paquebot venait troubler la quiétude, parsemant vagues et écume dans son sillage.

    A ses côtés, le chant de Loupiac parvint à tirer le garde de ses élucubrations et il se retourna pour découvrir la raison de cette agitation. Était-ce Tsuki qui avait décidé de s’en prendre à l’animal une nouvelle fois ? Étonnement, lorsqu’il découvrit la réelle raison derrière l’animation débutante, le jeune homme se surprit à regretter que son chat n’ait pas croqué le familier de son comparse. Le calme et la sérénité du début du jour avaient désormais quitté l’atmosphère et Apolline l’âme artificielle, faisait éclat de sa présence. Gêné, Adrian resta muet tandis que la nouvelle venue assaillait Naëry de questions et de remarques on ne peut plus lubriques. Accoudé à la rambarde du bateau et recroquevillé sur lui-même, il espérait ainsi que l’inconnue l’épargne. Sa stratégie rencontra néanmoins vite ses limites alors que Naëry se tournait vers lui pour le présenter et l’inclure dans la conversation. Heureusement pour les deux jeunes hommes, Calixte surgit alors et interrompit cet échange malaisant qui se solda par des révélations sur les débauches nocturnes du coursier.

    Le reste de la matinée fut beaucoup plus calme et Adrian profita que chacun s’occupe pour flâner sur le ponton tout en prenant soin d’éviter de se mêler aux invités dont la classe sociale l’impressionnait. Lorsqu’un couple de riches marchands fit son apparition, le teint brillant et couvert d’étoffes chatoyantes, il se surprit même à observer son reflet dans une vitre pour y noter le décalage flagrant qui le séparait de ce Monde. Affublé de son éternel pantalon marron et d’un chemisier bien trop ample, les cheveux en bataille et à peine coiffé, il était loin de se fondre dans le décor luxueux de la croisière. S’attachant les cheveux en un chignon et arrangeant son col, il essaya de se redresser pour se donner plus de contenance, lorsqu’une silhouette le rejoint dans la vitre. Surpris, il se tourna pour découvrir le Tanguy qui l’avait tant observé la veille.

    « C’est dommage de cacher tout ça » Dit-il d’une voix suave qui eut pour effet de se faire raidir le garde. « Je suis sûr qu’un chemisier plus cintré t’irait à ravir… Passe me voir dans ma suite plus tard on pourra faire quelques essais si tu veux… » Lançant un clin d’œil qui en disait long sur ses intentions, le jeune homme posa sa main sur l’épaule d’Adrian et la laissa courir dans son dos avant de s’en aller comme il était venu.

    Secoué par cette interaction, le garde resta un instant immobile puis partit se réfugier dans sa suite.

    Le reste du voyage jusqu’aux Archipels se déroula néanmoins sans encombre ni entrevue malaisante dans une cabine inconnue. Du moins, pour Adrian. Pour ce qui était de ses compagnons, rien n’était moins sûr. Toujours est-il que très vite, les trois imposteurs se découvrirent une réelle synergie et le petit groupe improvisé épata chaque soir un peu plus les convives. En somme, malgré que chacun ait ses propres occupations le reste de la journée, les jeunes hommes firent plus amples connaissances et passèrent d’agréables moments, par paires comme en trio. Ce qui était sûr, c’est que le duo Naër-ixte était plus qu’explosif : les deux compagnons se complétaient à merveille et plus d’une fois, Adrian se demanda quel sentiment cela pouvait apporter d’avoir un ami ou une moitié sur lequel on pouvait se reposer de la sorte.

    --

    Lorsque le bateau arriva au large de la destination, Monsieur de La Coquillette refit irruption dans la suite du 7-1-9. Interrompant une plaisanterie bien lancée de la part de Calixte, son air affolé perturba l’ambiance joviale qui régnait jusqu’alors.

    « Messieurs, votre attention s’il-vous-plait. Il semblerait que certaines activités prévues sur les iles soient déprogrammées pour des raisons que je ne puis vous communiquer. Les invités ne vont pas apprécier cette nouvelle.
    Il marqua une pause, laissant glisser son regard écarquillé sur chacun de ses trois interlocuteurs. C’est beaucoup de cristaux que nous risquons de perdre, la situation est grave : Ce soir, j’ai besoin de votre meilleure représentation, il va falloir calmer les foules » Et sans donner plus d’explications, il claqua la porte qui résonna un moment dans la pièce où le silence pesait désormais.

    Le sourire qu’arborait Adrian depuis la fin d ‘après-midi s’était effacé lors du discours du Maître d’Hôtel et c’était maintenant de l’incomprehénsion que l’on pouvait lire sur son visage.

    « C’est étrange, il en rajoute un peu… Non ? »

    En effet, l’intervention de l’homme avait été particulièrement dramatique et aux vues des derniers jours qui s’étaient déroulés sans le moindre encombre, légèrement exagérée.

    « Enfin, vous avez une idée de comment le 7-1-9 peut donner sa meilleure représentation ? Je suis pas sûr que mon triangle suffise… »

    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: La Croisière s'amuse
    Ven 22 Mai 2020 - 19:12 #
    Et finalement, la croisière se passa sous une météo clémente et dans une ambiance décontractée. Après leur première représentation, les soirées suivantes furent plus faciles à élaborer. Et puis lorsqu’on ne leur demandait qu’à aider aux animations, il suffisait qu’ils présentassent les silhouettes d’Adrian et Naëry sous leurs meilleurs profils, et l’activité passait crème. Malgré le décalage évident entre le niveau de vie des trois compères et celui d’évolution des Nobles croisiéristes, un lien étrange mais respectueux s’était peu à peu créé entre ces derniers et les artistes improvisés. Avec, peut-être, l’exception de Tanguy qui, malgré des propos restant tout en suggestion, pouvait se montrer un poil insistant auprès d’Adrian, lorsqu’il se pensait seul en sa présence. Et peut-être avait-il perçu une possibilité avec le jeune garde, ou l’absence de rejet aussi catégorique que celui qu’il avait reçu de la part de ses autres cibles. Car si les déambulations curieuses de l’espion lui avait bien appris quelque chose, c’était que le jeune nobliau n’avait pas chômé niveau avances, et s’était bouffé pas mal de râteaux. Même du côté des matelots. Et, pourtant, ces derniers n’étaient pas très difficiles en la matière. Calixte était bien placé pour le savoir.

    Ayant gardé un œil discret mais attentif sur les chassés-croisés entre Adrian et Tanguy, Calixte fut tout de même soulagé lorsque les terres de Labyrinthia se profilèrent à l’horizon, et qu’aucun incident entre les deux n’eut été à déplorer. Les circonstances incongrues et l’atmosphère confinée de leur voyage avait tissé d’étranges liens entre les trois membres du trio, et l’espion n’aurait probablement pas hésité à enfermer le Noble un peu trop pressant dans ses avances dans un placard pour le reste de la croisière, ou de le jeter par-dessus bord par « inadvertance » histoire de rafraichir ses ardeurs. Et comme il n’était pas homme de conflit – la preuve, il esquivait de manière assez admirable Naëry plutôt deux fois qu’une lorsque la situation s’y prêtait – c’était finalement satisfaisant de voir que l’insistance de Tanguy était restée dans des limites plutôt raisonnables. Supportables, apparemment. Pardonnables, peut-être. Oubliables, peu probable. Enfin, cette partie de l’histoire ne serait certainement plus qu’un détail lorsqu’ils accosteraient enfin, et que leurs pas les sépareraient du groupe de Nobles. Les journées sur l’île leur étaient libres. Puis le retour au continent, ainsi qu’à leurs obligations artistiques, serait fort bref. Calixte comptait ensuite profiter du retour vers le Grand Port, car c’était à présent son point de chute, mais l’affaire était dénudée de nécessité de prestation, car les croisiéristes descendraient avant, pour poursuivre leur périple touristique vers le Temple.

    Alors qu’ils profitaient d’un temps de pause à l’occasion d’un thé dans l’après-midi, monsieur De La Coquillette fit irruption dans leur cabine, interrompant les propos de Calixte. Ses cheveux habituellement sagement peignés virevoltaient à présent follement autours de son visage, et un éclat de panique habitait son regard usuellement sévère. Le temps d’une fraction de seconde où il leur babilla quelques paroles perturbées, et il s’en fût sans plus de préambule. Allons bon. Haussant les sourcils de surprise, l’espion échangea un regard avec Naëry, avant de se tourner vers Adrian qui s’étonnait de l’intervention du maitre de soirée.

    - Il va falloir donner de votre personne, les gars, conclut le coursier avec un petit sourire mi-amusé mi-pensif.

    Il reposa sa tasse sur la petite table du salon, à côté du plateau de mignardises qu’on leur avait ramené pour le goûter. Cadeau d’une certaine De Lavigne, qui avait apprécié leurs représentations. Tout comme certaines compagnies. Le voyage avançant, ils avaient eu l’agréable surprise de découvrir que les Nobles satisfaits ne se privaient pas de vouloir le leur faire savoir en leur laissant quelques cristaux ou en leur envoyant quelques attentions, plus ou moins touchantes. Plus ou moins appropriées. Si Adrian avait malheureusement stimulé l’intérêt de Tanguy, Naëry n’avait pas non plus été en reste, et depuis le deuxième jour de croisière recevait quotidiennement les déclarations enflammées du couple nouvellement marié. Avaient-ils su que l’aventurier faisait effectivement dans les partitions pour trois instruments ?

    - Le triangle ça risque d’être léger, répondit-il en se levant. Mais un peu de djembé et quelques activités diverses… poursuivit-il pensivement en tapotant des doigts contre la table. Si tu peux nous concocter quelques rythmes, fit-il finalement à l’adresse de Naëry. Et nous raccourcir les toges, genre beaucoup, genre des pagnes, continua-t-il ensuite à celle d’Adrian, principalement pour l’occuper aussi. J’vais voir si les marins en savent un peu plus.
    - Passe le bonjour à Karim, hurla Apolline de sa chambre. Et à Lucas. Et à Uliss. Et à Noémie. Et à Romane. Et à Pietro. Ils ont vraiment de magnifiques jeux de…

    Il claqua la porte derrière lui, et perdit la voix de l’âme artificielle. Bon, il était temps d’aller voir de quoi il en retournait vraiment.

    ~

    La conclusion était que c’était un peu le bazar. Observant les navires que Lucas lui indiquait du doigt, Calixte se dit qu’ils avaient tout de même le don pour tomber sur des situations improbables. Quel étrange hasard qu’à cette île pourtant mystérieuse, s’y croisaient actuellement trois bateaux. Enfin, à contempler le cimetière d’embarcations autour d’eux où la Capitaine – pour sa défense elle n’avait pas pensé qu’en contournant l’île ils tomberaient sur pareil paysage sinistre – avait initialement prévu de passer la nuit avant de se dire que ça n’était peut-être pas le meilleur endroit pour jeter l’ancre, il y avait quand même du passage dans le coin.  

    - Il y aurait eu une mutinerie ou quelque chose comme ça, lui apprit le marin en montrant le voilier qui se retirait pour retourner vers le continent. Nos éclaireurs sont revenus rapidement lorsqu’ils ont vu que c’était le bordel pour eux.
    - On les laisse filer comme ça ?
    - Ben c’est pas comme si on était équipé pour grand-chose d’autre. On a bien un entrainement aux armes du fait de nos passagers – d’ailleurs ils ont la plupart leurs propres gardes du corps – mais j’pense que la Capitaine va pas intervenir. Ça sera pas à notre avantage.
    - Et l’autre?
    - On sait pas trop. On attend qu’il ait accosté, et que les éclaireurs nous en disent un peu plus.
    - Ceci dit, ni l’un ni l’autre n’a l’air équipé pour une bataille navale.
    - Ouais. Mais en plus de ça, parait que les Nobles avaient choisi la croisière pour être en mode « exclusivité » sur l’île. De La Coquillette tire une de ces gueules.
    - Il est effectivement venu en…

    Un cri de la vigie attira leur attention, ainsi que le retentissement soudain d’une cloche.

    - Créature marine dangereuse ! lui indiqua Lucas alors que le bateau amorçait une accélération, pour aviser Labyrinthia de plus en plus rapidement. J’vais aider les gars au gréement.
    - J’peux faire quoi ?
    - Si t’as l’habitude de la vigie, monte relever Romane, elle nous sera plus utile en bas !

    S’exécutant rapidement sous les ordres – il avait après tout l’habitude des ordres – du matelot, il grimpa en haut du mât sous la brise qui se faisait de plus en plus vive avec l’accélération du voilier. Heureusement, la croisière et sa proximité avec l’équipage lui avait peu à peu donné l’habitude de ce type d’acrobatie. Bientôt il prit place aux côtés de Jules, relevant Romane, et s’équipa d’une paire de jumelles pour observer l’horizon côté Labyrinthia, laissant l’océan côté créature monstrueuse au marin. Ça lui paraissait plutôt honnête comme deal.

    La terre de l’île mystérieuse se rapprochant de plus en plus, Calixte ne percevait rien de suspect entre eux et leur destination forcée. Mais à vrai dire, les hauts rochers, formant un rempart naturel entre l’île et la ferveur de l’océan, limitaient sa vision directe sur le rivage. Là où l’autre navire avait accosté, et là où ils allaient essayer d’arriver le plus rapidement possible, à l’abri de la crique, il ne pouvait pas observer précisément ce qu’il s’y passait. Et, notamment, vérifier que l’équipage inconnu qui y avait débarqué un peu plus tôt ne semblait pas hostile. Le pavillon qu’il entrapercevait de temps à autres était rassurant, mais rien n’était jamais certain.

    - On va atteindre les haut-fond je pense, indiqua-t-il à Jules à la couleur changeante de l’eau et aux reliefs rocheux se rapprochant inéluctablement.

    Ils échangèrent leurs places, le marin bien plus qualifié que lui pour guider la barre en eaux périlleuses. Même sans les jumelles, Calixte se rendit compte qu’il pouvait appréhender l’imposante forme sombre poursuivant le navire. Il serra les dents, ça risquait d’être serré. De ce qu’il avait pu voir côté Labyrinthia, ils seraient certainement à l’abri une fois engouffrés derrière la barrière rocheuse entourant les eaux calmes – mais traitresses – de l’île – la créature visiblement bien trop colossale pour les y suivre – mais il leur restait encore une bonne tripotée de mètres à parcourir avant de pouvoir souffler. La Gouverneure du Grand Port pouvait bien apprécier ces créatures, Calixte n’était pas pressé de découvrir si c’était bien un tanhiwa qu’ils avaient à leurs trousses.

    Mais comme Lucy n’avait jamais été très pressée de répondre à ses souhaits, un mur d’eau se dressa soudainement à la poupe du navire, le soulevant et lui faisant faire une embardée sous une pluie d’eau salée. Le récif à tribord fut soudainement très – trop – proche, et le bois du flanc du bâtiment crissa sinistrement contre la roche. L’à-coup projeta l’espion contre la rambarde ; il perdit ses jumelles mais se retint de justesse de passer par-dessus bord avec elles. Le ressac n’améliora pas sa situation, faisant dangereusement osciller le voilier, et il se cramponna désespérément au bois humide sous ses doigts. Distraitement, il espéra que Naëry n’était pas en train de rendre tripes et boyaux dans leur cabine. Derrière lui, Jules hurla quelque chose. La houle reprit de plus belle sous l’agacement de l’immense créature à leurs trousses, et quelque chose frappa le mât de la vigie alors que le navire était précipité entre les roches protectrices mais aussi traitresses de la crique.

    Alors que leur abri s’écroulait à la rencontre des flots, Calixte se saisit instinctivement de Jules qu’il fit fusionner avec sa lame retour et lança celle-ci vers le ponton trempé. Il fusionna lui-même avec la rambarde, et attendit avec appréhension l’impact des vagues. Alors que l’onde marine se rapprochait inexorablement, il se dit que les Nobles croisiéristes allaient vraiment faire la tête, et que De La Coquillette ne s’en remettrait probablement jamais. La vigie bascula dans les eaux troubles, s’y enfonçant d’abord chaotiquement, puis sombrant de plus en plus calmement. Profitant de ce moment, le coursier défusionna. La froideur de l’océan le saisit d’une morsure impitoyable, mais l’adrénaline de l’action le rappela rapidement à l’ordre. Regagnant la surface malgré les courants agités, il réussit à trouver une planche éclatée à laquelle s’accrocher. Plus loin, oscillant encore au gré de la houle s’apaisant peu à peu à mesure qu’elle progressait dans la crique, se brisant contre les rochers protecteurs, le voilier endommagé rejoignait enfin celui déjà accosté. Le mât de la vigie s’était effondré, les cordages pendaient lamentablement du côté de la poupe, et de larges entailles abîmaient les flancs du bateau. Une vague tempêtueuse se fracassa sur son crâne, et il but la tasse. Toussotant et crachouillant, il refit surface. Sa lame retour revint à lui, se fichant dans la planche lui servant de radeau, et il y fusionna pour y gagner un peu de répit.

    ~

    Le calme était revenu sur les eaux abritées de la crique, mais les ténèbres de la nuit s’abaissaient peu à peu sur l’horizon. Et la planche sur laquelle s’était fichée sa lame n’avait pas l’air de vouloir aller s’échouer du côté de l’île. Qui clairement avait l’air de manquer de plages, mais tout de même. L’onde bleu marine aurait pu faire un effort pour l’approcher de la côte. Calixte ne savait pas trop depuis combien de temps il avait fusionné – moins d’une heure – mais la fatigue commençait à se faire sentir, et il était relativement réticent à l’idée de s’endormir pendant l’action de son pouvoir. Il n’avait aucune idée de ce qu’il pourrait alors se passer. Resterait-il dans l’objet investi ? Resterait-il même coincé ? Ou bien serait-il éjecté immédiatement à son endormissement ? Faisant le tour de ses options avec morosité, il retrouva un élan d’espoir lorsqu’un chant familier lui parvint. Loupiac ! Défusionnant, il se raccrocha à sa planche, rangea sa lame retour, et adressa de grands signes au chantelune qui se mit à décrire des circonvolutions au-dessus de sa tête. Bientôt, une petite barque vint à sa rencontre, et il se laissa hisser à bord par la main de Naëry. Deux autres repêchés étaient blottis dans des serviettes, et deux marins ramaient tandis qu’un troisième éclairait les flots d’une lampe magique. Le coursier fut à son tour emmitouflé dans une étoffe, et il se cala de fatigue contre l’aventurier en observant Loupiac reprendre son exploration attentive.

    - Il nous manque encore deux membres de l’équipage et Adrian, répondit sombrement Naëry à son regard interrogateur.

    Calixte nota qu’il s’était équipé de sa longue-vue « AigleFin ». Entre celle-ci et le regard naturellement aiguisé de l’aventurier, ils mettaient pourtant un maximum de chances de leur côté. Il grimaça. Parfois, la chance ne suffisait pas. En dépit de la fatigue, l’espion s’astreignit à la réflexion. Que pouvait-il proposer pour aider ? Car si la première nuit passait sans qu’ils ne retrouvassent les deux derniers matelots et Adrian… Les probabilités allaient jouer contre eux.

    - J’ai une boule de vision… dans mes affaires, grimaça-t-il.

    Naëry hocha la tête, son regard scrutant inlassablement les flots.

    - Si on ne les trouve pas d’ici là.

    D’ici là. Resserrant la serviette autour de son corps, Calixte porta son regard sur l’onde. Où était Adrian ?
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: La Croisière s'amuse
    Mar 26 Mai 2020 - 23:53 #
    La croisière s’amuse
    ─ avec Calixte & Adrian

    Qui eut cru que ce cher Calixte serait aussi à l’aise sur scène ? De mon djembé je tente de me cacher dans le coin, mais lors de certaines représentations l’espion à la bonne blague de nous mettre au devant de la scène ; C’est avec plaisir que je joue les pantins pour se marionnettiste aux doigts de fées, le laissant manipuler l’assistance qui se délecte de nos frasques.

    Après une interruption de notre pause à trois – assez rare puisque Calixte semble toujours me fuir – un événement semble bouleverser la routine de la Noblesse. De La Coquillette est dans tous ses états, Cal en profite pour s’éclipser afin de se renseigner sur le dit événement dont l’homme nous a révélé une excuse plausible. Juste pour quelques activités annulées se mettre dans un état pareil… Ahlala ces gens vivent vraiment dans un autre monde. Tandis qu’Apolline continue d’énumérer les connaissances de l’espion sur le navire, à moins qu’il ne s’agisse là de ses nombreux prétendants, j’en profite pour parler avec Adrian de ce lourdaud de Tanguy.

    - Tu sais le type qui te fais des avances là, Tanguy, s’il devient un peu trop chiant tu me le dis, j’irais lui parler. Il devrait te laisser tranquille après ça.

    N’allez pas croire que je vais jouer les loubards à menacer le pauvre type, juste lui parler, si on lui dit carte sur table qu’il faut qu’il se calme, il va bien l’entendre. Et si ce n’est pas le cas, j’userai de ma botte secrète. Laquelle ? Vous comprenez pas quoi dans « secrète » ? Vous pouvez toujours vous brosser pour que je vous le révèle ;
    Attrapant ma tasse de thé fumante j’avale une gorgée avant dans recracher le contenue. Je m’excuse auprès d’Adrian pour ce comportement peu appréciable mais un fort goût salé gâche ma boisson, j’ai l’impression d’avoir bu la tasse. Du coin de l’oeil je vois Apolline disparaître dans la cabine de son propriétaire.

    - Apolline faut qu’on cause toi et moi!

    Oui, il faut qu’on parle de Calixte, mais avant même qu’un mot de m’échappe une secousse me fait perdre l’équilibre. Je tombe sur mon partenaire alors que je me levais, il est aussi surpris que moi. Pas le temps de rendre tripe et boyaux, un sentiment d’urgence nous saisit, il faut retrouver Cal.
    Je somme à Loupiac de rester là tant que je n’en sais guère plus sur ce qu’il arrive, et d’un même élan Adrian et moi courrons à la surface. D’un rapide coup d’oeil vers le nid-de-pie j’aperçois notre acolyte qui a pris l’habitude de s’y réfugier durant le séjour.

    - Là-haut! montré-je à Adrian.

    A peine ai-je le temps de le dire qu’un nouveau choc atteint le navire, la vigie s’effondre, je n’ai pas le temps de réagir qu’un marin me jette une corde pour l’aider à descendre la voile qui, prise dans la brise marine, nous précipite vers les roches mortelles.
    Je suis de nouveau le pantin des navigateurs cette fois, exécutant tant bien que mal les ordres que l’on me donne à droite et à gauche, gardant un équilibre précaire dans la cacophonie qui se joue. L’adrénaline me tient, mon cerveau bien trop concentré sur les tâches que l’on me donne ne permet pas à mon corps de lâcher. Dans l’intermède je perds Adrian de vu, Calixte, tout le monde. Je perçois à peine le signal de détresse que Loupiac m’envoie. Et alors que la coque se voit s’éclater contre une roche, les Nobliaux commencent à sortir, paniqués. Ça hurle, ça se lamente, ça exige. Ils se font rabrouer par l’équipage qui tente de maintenir le navire à flot, par moi qui perds le contrôle de la situation. L’un d’eux se jette à l’eau, entraînant quelques moutons qui le suivent. J’espère qu’ils savent nager, mais je n’ai pas le temps de m’en occuper. Le Capitaine fait un travail remarquable pour limiter les dégâts, très vite son autorité reprend le dessus et les passagers se regroupent dans une zone moins risqué, et surtout où ils ne gênent pas l’équipage au maille. Aaprès de longues dizaines de minutes le bateau finit par rejoindre le rivage, je finis par céder ma place pour retrouver la cabine, libérant Loupiac s’envolant avec une Apolline désœuvrée, j’attrape Tsuki qui n’a pu suivre son maître.
    Pour ne pas aider le tout la nuit tombe, beaucoup descendent sur la plage, aucune trace de mes deux compères. Je suis le premier à prendre un canoë pour aller repêcher les survivants, ou plutôt les malchanceux passés par dessus bord. D’autres marins font de même, muni de mes lunettes de jours je scrute les ténèbres. Une planche flottante assez loin, une masse dessus. Calixte. Quel n’est pas mon soulagement ! Je reste toujours fermé, Adrian manque toujours à l’appel. Tsuki est dans la barque avec moi, l’animal ne m’avait pas lâché d’une semelle, inquiète, elle n’avait fait que miauler et planter les griffes dans mon mollet lorsque j’ai tenté de la repousser.

    Après une heure de recherche infructueuse nous retournons à la plage, dépité. Peu de chance de retrouver notre ami demain. Comme une étrange intuition mes yeux se campe sur un rocher non loin, les lunettes de jours me révèle un bout de tissus dessus. Ça peut être n’importe quoi, mais j’y accours avec un fol espoir. Très vite brisé lorsque je n’y vois qu’un petit bout de toile. Mais là, juste derrière, des traînés sur le sable. Je sens Calixte me talonner, aussi inquiet pour Adrian. Et à une cinquantaine de mètres, un corps inanimé. Nous nous précipitons, Tsuki est la première à le reconnaître. Miaulant sa plainte et sa crainte faisant écho aux nôtres.
    Je me penche sur l’homme, retourne son corps, Calixte prend son pouls, et d’un signe me signifie qu’il est en vie. Mus par l’urgence nous portons Adrian vers le campement que l’équipage est en train de monter, très vite il est pris en charge par le médecin de bord. L’espion reste avec lui, je pars, rassemblant le reste des passagers et participant à l'installation de secours.

    J'aperçois Apolline retourner vers son ami tandis que Loupiac atterrit sur mon épaule, inquiet. Je le rassure comme je peux, et il finit par chanter à la Lune un chant apaisant pour les Robinsons que nous sommes devenus.



    Le matin poindre le bout de son nez, je n'ai pas dormi. Je suis à côté de Cal attendant qu'Adrian ouvre un oeil. C'est la première fois que nous restons aussi longtemps l'un près de l'autre. Il m'a raconté ce qu'il a aperçu lorsqu'il était sur la vigie et le capharnaüm qui s'en est suivit. Je lui confirme le bazar vu d'en bas et la chance qu'il a eu que l'on finisse par le retrouver. Je lui cache que j'aurais braver Lucy elle-même pour le retrouver, il n'avait pas besoin de cette information pour son coeur perdu.

    Un souffle plus rapide, un infime mouvement.

    - Adrian tu m'entends ?

    code ─ croquelune

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    Re: La Croisière s'amuse
    Mer 27 Mai 2020 - 9:13 #
    Adrian observa Calixte sortir de la pièce, puis fixa la porte qu’il avait claqué derrière lui. Ce garde était très étrange. *Espérons qu’il découvre d’autres informations* Se dit-il. Après tout, c’était là un des rôles principaux de la Garde : l’interrogation. Il avait pu le découvrir auprès de sa camarade, Dahlia. *Je me demande si on aura l’occasion de retravailler ensemble…* Poursuivit-il dans sa tête. Et, alors qu’il s’apprêtait à enchainer les interrogations, la voix de Naëry le sortit de ses pensées.

    « Oh non c’est gentil, il n’est pas méchant tu sais. J’ai même un peu d’affection pour lui je pense, il est torturé. Le garde marqua une pause en se remémorant une des conversations qu’il avait eu avec ledit Tanguy dans la semaine. Et puis, je n’aime pas faire de la peine aux gens… Si ça peut lui faire plaisir de s’imaginer des choses le temps de ses vacances… » Il haussa les épaules pour conclure sa phrase.

    Après tout, le jeune homme était tactile certes. Et insistant, aussi. Très incommodant parfois… Mais il avait le mérite d’avoir un savoir être et malgré ses propositions répétées, n’avaient jamais dépassé certaines limites. Aussi Adrian avait décidé de laisser couler, finalement.

    Couler.

    Lorsqu’une secousse ébranla la cabine, projetant la moitié de la vaisselle au sol ainsi que manquant de faire tomber Naëry, le garde pensa en effet que c’était le bateau qui allait couler. Surpris par le choc, les deux jeunes hommes n’eurent pas besoin de beaucoup de temps avant de s’élancer vers la porte à la recherche du troisième membre de leur trio. L’urgence était donnée, la course était lancée.

    « Là-haut »

    En effet, un coup d’œil vers le ciel permit aux deux hommes de retrouver leur pièce manquante. Perché à plusieurs mètres de haut, Calixte était aux aguets. Puis, une nouvelle secousse. Et la vigie s’effondra : le garde disparut du champ de vision d’Adrian.

    Sur le pont, c’était la panique. Les marins qui n’étaient pas dans les cales à colmater les brèches, s’agitaient à la surface pour maintenir le voilier à flots. Ils couraient, ils criaient et ils embauchaient quiconque croisait leur chemin. D’abord Adrian vit Naëry qui se mit à aider pour les voiles, puis c’est lui-même qui fut entrainé à l’arrière du bateau, où on lui ordonna plus qu’on ne lui demanda, d’effectuer des nœuds et d’en défaire d’autres. Dans l’urgence, les matelots avaient changé de ton, la situation était critique. Emprunt de la discipline de la garde, le jeune homme s’exécuta alors sans se faire prier. Puis c’est l’énième choc et le voilier rencontra les rochers. La queue du navire s’ébroua alors sauvagement, éjectant tout intrus sur ses planches. Adrian qui se trouvait là ne faisant pas office d’exception et se vit quitter le sol en un éclair. Projeté par-dessus la rambarde, le matelot de fortune se retrouva alors suspendu par un des cordages qu’il était en train de nouer.

    Les marins qui l’accompagnaient réagirent alors immédiatement et deux d’entre eux se lancèrent à sa rescousse. Mais le garde ne les entendait plus vraiment. Sous ses pieds, l’eau tumultueuse ne paraissait plus si dangereuse. L’écume était molletonneuse et les cris paniqués s’estompaient. Les vagues meurtrières qui s’échouaient sur les rochers, semblaient pareil aux caresses d’une mère à son enfant. Les yeux rivés dans l’eau, Adrian ne savait plus s’il devait remonter ou se laisser aller. Depuis des jours elle l’appelait cette eau. Finalement, un des marins lui tendit une main salvatrice et attira son attention. Mais hypnotisé, le jeune homme se laissa tomber.

    La chute ne fut pas longue mais le contact avec l’eau fut dur. L’Océan n’aimait pas qu’on la perturbe ainsi sa quiétude et le fit savoir lors du choc d’entrée. Puis comme résigné, il finit par s’ouvrir et avala l’inconscient. Comme une pierre, le jeune homme s’enfonça dans les méandres aquatiques. Il avait les yeux fermés et ne réalisa pas qu’il coulait. Il était simplement là, à cet instant présent.

    Mais il coulait pourtant, toujours plus profondément. Certains diraient même qu’il se noyait. Après un temps, les rayons du soleil ne parvinrent plus jusqu’à lui et le froid s’installa. Et donc, comme un nouveau né qui découvrait la vie, Adrian ouvrit les yeux et découvrit la vue. Au-dessus de sa tête, c’était toute une guerre qui faisait rage : l’Homme contre la Nature, le combat éternel. Il entendait la panique des uns et des autres. Mais tout cela semblait si loin. L’eau l’enveloppait et lui épargnait ce combat. Tout était calme. Si calme.

    Devant lui, c’était un autre combat qui se tenait : le colosse tourmentait les voyageurs depuis le fond des Océans. Émerveillé par ce spectacle et cette démonstration de force, Adrian resta immobile. L’oxygène commençait à lui manquer mais la surface était si lointaine, parviendrait-il seulement à l’atteindre ? L’animal le lui permettrait-il ? Et si finalement, il se laisser aller, là, dans l’eau. Malgré la température il était bien là.

    Soudain, dans une de ses ruades pour s’attaquer au voilier, le Tanhiwa effectua un mouvement qui envoya sa queue fouetter l’observateur. Surpris, le garde ne put qu’attendre de reprendre pied mais réalisa alors que le coup lui avait fait perdre le reste de la réserve d’oxygène qu’il avait. Heureusement qu’il avait vécu près de la Grande Rivière et qu’il savait nager. Pris de panique, il essaya alors de regagner la surface mais seulement pour être une nouvelle fois percuté par l’animal qui l’envoya un peu plus profondément dans l’eau. A ce niveau là, les courants étaient forts, très forts, trop forts et le garde se battait en vain. Son combat à lui, semblable à celui de ses comparses à la surface, était perdu d’avance. Le Tanhiwa, qui avait noté la présence de l’intrus, approcha son museau du jeune homme qui appréhenda alors la taille de l’animal. Monstrueuse, Gigantesque. Les mots lui manquaient. L'oxygène, aussi. La gueule puissante et pleine de crocs s’ouvrit devant sa tête, de quelques centimètres d’abord, comme pour jauger, puis d’un mouvement brusque la mâchoire s’ouvrit en grand, toute prête à se refermer sur son en cas improvisé. Adrian ferma alors les yeux, persuadé que son heure était venue.

    Il s’attendait à ressentir les crocs pénétrer sa chair et à le déchiqueter dans la minute. Pourtant, il n’en fut rien. Pas de douleur insurmontable ni ne coup fatal. Seulement l’eau qui glissait sur son corps et… De la fourrure ? En ouvrant un œil, le jeune homme découvrit le paysage marin qui filait devant lui. Les coraux et les récifs s’enchainaient à une vitesse remarquable. Dans ses poumons, l’absence d’air ne se faisait plus sentir et sa poitrine n’était plus écrasée par le poids de l’eau. Sa mort avait-elle été si rapide ? Dans ses mains, un pelage noir et luisant lui chatouillait la peau, mais il était trop chamboulé pour s’attarder dessus. Dans sa tête, une sorte de ronronnement réconfortant lui rappelait celui de Tsuki. Il espérait que son chat s’en soit sortir indemne.

    Finalement, son périple sous-marin s’arrêta et il fut relâché par son ravisseur. Visiblement, ce n’était pas la mort qui l’avait assassiné. Non, c’était une sorte de panthère, noire comme la nuit, aux pattes palmées et possédant des branchies. L’animal mesurait bien 3 mètres de long et possédait des moustaches gigantesques qui luisaient d’une douce lumière bleutée.

    « Bonjour Adrian, je t’attendais »


    La voix douce et réconfortante se glissa dans la tête du jeune homme comme une berceuse au réveil. Était-ce la loutre qui parlait ? Il ne saurait le dire. Mais qui d’autres ? Il fixa l’animal d’un regard dubitatif.

    * Je suis Mythrim. Tu dois avoir des questions. *
    « Qui es-tu ? »
    * Je fais partie de toi, je suis l’eau *
    « C’est pas très précis. Je suis mort ? » Cette éventualité ne l’avait pas tout à fait quitté.
    * Non, mais tu as failli y rester. Je te prierai d’éviter de servir d’appât à un Tanhiwa dans le futur. Heureusement que je n’étais pas loin *
    « Pas loin ? »
    * J’ai suivi le bateau depuis les côtes *
    « Pourquoi ? »
    * Pour toi *

    Silencieux, Adrian réalisa que malgré qu’il soit en vie, il respirait toujours parfaitement sous l’eau. Ce simple constat l’aida à comprendre, enfin. C’était de la magie. Sa magie ? Il était seul désormais, donc certainement. A moins que …

    « C’est toi qui me fais respirer sous l’eau ? »
    * Quelque part c’est toi. Mais on va dire que oui, c’est moi *
    « C’est toujours pas très précis »

    Un coup d’œil vers la surface apprit au jeune homme que le soleil commençait à se coucher. Il était tard et il devait retrouver ses amis. Les informations se bousculaient sans cesse dans sa tête et il décida de les chasser en se mettant à nager calmement. Après tout, il pouvait respirer désormais, rien ne le pressait. Mais Mythrim ne devait pas être de cet avis puisque d’un coup de museau, elle le poussa jusqu’à l’air libre en un temps record. Il la remercia et prit le temps d’observer l’animal quelques minutes de plus. Il lui fallait du temps pour digérer tout cela. Était-ce seulement réel ? Instinctivement, il porta sa main sur le museau noir et entreprit de le caresser. Une fois encore, la fourrure douce et humide vint chatouiller sa peau.

    * Je ne suis pas un animal de compagnie * le prévint-elle avant de retirer sa tête.

    Sur le trajet jusqu’à la côte, l’animal et l’humain n’échangèrent que quelques mots. Adrian apprit qu’elle n’était pas la seule à pouvoir lui venir en aide et que son pouvoir, vu que visiblement il en avait un, était beaucoup plus versatile que ce qu’il aurait pu imaginer. Elle, représentait l’eau et lui dit qu’elle lui viendrait en aide à sa façon, de manière pacifique. Il n’était pas question de combattre pour Mythrim et Adrian s’y plia sans rechigner ; lui non plus n’était pas particulièrement belliqueux.

    Peut-être étaient-ce les chocs qu’il avait subis, ou l’oxygène qui lui avait manqué, ou même son pouvoir qui l’avait épuisé, mais à peine posa-t-il un pied sur le sable, qu’Adrian s’effondra au sol. Une nouvelle fois il tomba et coula, non pas dans l’eau, mais dans les méandres de son esprit. Dans sa tête, une panthère noire et bleue jouait de ses pensées et se mêlait déjà à ses rêves. * La prochaine fois que tu m’appelleras, je viendrai, nous sommes liés maintenant * Et sur ces mots qui résonnaient dans sa tête, il perdit conscience.

    - - -

    C’est la voix de Naëry qu’il entendit en premier. Il ouvrit un œil et fut aveuglé par le soleil qui entamait sa course matinale. Dans sa tête, une loutre-panthère gigantesque le tourmentait encore. Avait-il rêvé ? Rien de moins sûr.
    Puis c’est un miaulement qu’il entendit. Tsuki qui ronronnait à côté de lui, posa ses pattes sur son torse et se mit à lui mordiller l’épaule. Oui, il n’avait pas été gentil de la laisser seule avec ces...

    « Calixte ? Naëry ? » Monté sur un ressort, Adrian se releva sur ses coudes manquant de désarçonner le félin et chercha du regard ses deux compagnons. Ils étaient là, assis, calmes, alors le garde se détendit et regretta de s’être relevé aussi vite. Sa tête commençait à tourner.

    « C’était un sacré bordel cet accostage » dit-il en souriant pour détendre l’atmosphère. « Tout le monde va bien ? »
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: La Croisière s'amuse
    Ven 29 Mai 2020 - 15:16 #
    Les premiers rayons du soleil cueillirent le campement de fortune, et la vie, doucement, se remit en mouvement. Habitués aux horaires décalés, les membres de l’équipage de l’infortuné navire de croisière avaient déjà œuvré toute la nuit pour faire l’état des lieux, tout comme chercher toute personne manquant à l’appel, mais l’aube se profilant à l’horizon annonçait la relance d’activités plus intenses et plus bruyantes. Sous les tentes aux tissux soyeux, érigées pour les nobles croisiéristes, on ne percevait cependant aucune agitation matinale. S’asseyant, Calixte passa une main dans ses cheveux, et le long de ses vêtements, pour se débarrasser du sable ayant décidé de jouer d’intimité le temps où il s’était assoupi. Il avait voulu veiller sur Adrian, qu’ils avaient fini par retrouver inanimé au terme de recherches laborieuses et de beaucoup de chance – et Lucy merci pour le regard perçant de Naëry – mais la fatigue s’était visiblement rappelée à lui. Jetant un nouveau coup d’œil à la silhouette du jeune garde, le coursier soupira en constatant qu’il n’avait pour le moment pas l’air de vouloir s’éveiller à son tour. Ses doigts se tendirent vers le poignet attenant, et il se rassura de la pulsation volontaire sous la pulpe de sa phalange. Sa main remonta vers le front paisible, et il dégagea quelques mèches claires, iodées et sablonneuses, avant de reposer son regard sur l’onde. Si paisible, comparée aux agitations de la veille. Loupiac et Tsuki roupillaient encore, et Apolline semblait s’être à nouveau éclipsée pour faire sa vie. Il y avait quelque chose de sereinement intemporel à ce moment suspendu, une solitude paisible dans l’activité langoureuse de l’aube. L’appréciation de la vie dans ses possibles et ses difficultés, dans sa contemplation léthargique. Quelques minutes, et peut-être quelques heures, passèrent dans la douceur ouatée de cette atmosphère toute particulière de la crique.

    Puis du mouvement brisa la pensive contemplation de Calixte, et il tourna le regard vers Adrian, avec un crochet vers Naëry. Par habitude. Réveillée de concert avec son maitre, Tsuki rappela au monde des vivants le jeune garde plus efficacement que l’interrogation prudente de l’aventurier. Et, tiré de son sommeil pour de bon, Adrian se remit rapidement en mouvement.

    - Sacré bordel, oui, acquiesça Calixte en se levant et en s’époussetant. Je crois que toi aussi tu es allé goûter le parfum de l’océan ; je ne sais pas pour toi, mais personnellement je l’ai trouvé un peu trop salé. Tu n’avais pas l’air blessé, mais as-tu mal quelque part ? A-t-on loupé quelque chose ? demanda-t-il en observant attentivement la posture du jeune homme tout en omettant volontairement que deux matelots n’avaient pas été retrouvés.

    Parfois, c’était la mer qui prenait les hommes.

    - Nos affaires ont été regroupées là, si tu as besoin, indiqua-t-il à Adrian. Je vais voir si j’peux nous trouver de quoi grignoter, ajouta-t-il en levant le regard vers Naëry.

    Tournant les talons, il partit s’aventurer entre les tentes qui avaient poussé dans la nuit. La majorité du navire de croisière avait été déchargé, afin de permettre une meilleure évaluation des dommages, et éviter la perte d’objets coûteux si ceux-ci devaient finalement faire sombrer le voilier. Des caisses gisaient ici et là, dans un désordre tout ordonné. Profitant de sa connaissance de l’équipage, Calixte avisa rapidement la cuisine de camp qui s’était improvisée entre deux vaisseliers, et mit le cap dessus. Sa curiosité se rappela néanmoins à lui lorsqu’il réalisa que le campement des membres de l’autre bateau jouxtait celle-ci. Dépassant les fourneaux de fortune commençant à dégager une douce odeur de viennoiserie – vraiment le chef se dépassait en toutes circonstances pour les nobles palais – le coursier poursuivit jusqu’à une large table. Ou planche de bois posée sur des tréteaux. Deux femmes d’une quarantaine d’années étudiaient ce qui semblait être une carte approximative, ainsi qu’un recueil quelconque. Une caisse posée entre les deux contenait de quelques œufs. S’approchant avec curiosité, Calixte aborda les deux inconnues.

    Il apprit bientôt qu’elles faisaient partie d’une expédition préparée à la suite d’une première ayant eu lieu quelques semaines auparavant, et ayant mis notamment en avant la présence de drarbustes sur l’île. A la description qu’elles firent avec passion de la première équipe, Calixte fut étonné de reconnaitre parmi les membres cités l’un de ses collègues espions. Ça allait mériter un coup d’appel cristallique, surtout qu’il s’était visiblement trouvé chaussure à son pied sur cette mission. Elles n’en savaient pas plus sur le navire qui avait quitté les lieux avant leur arrivée, mais apparemment il y avait là-dessous de sombres histoires de braconnage, et la présence d’un garde aurait permis un revirement de situation. L’affaire n’avait cependant pas été complètement déblayée, puisque l’équipe de chercheurs avait tout de même retrouvé une caisse d’œufs – probablement de créatures endémiques de l’île – gisant sous un bosquet, vestige du trafic étouffé.

    - Qu’allez-vous en faire ? demanda Calixte en se penchant sur la caisse contenant une demi-douzaine d’œufs.
    - Le soucis, c’est qu’on ne peut pas prendre le risque de se tromper de nid en remettant ces œufs dans la nature. Je crois qu’on va être obligés de les garder sous notre aile. Ça nous permettra d’en étudier les spécimens, mais on aurait préféré qu’ils ne fussent pas arrachés aussi sauvagement de leur milieu naturel.
    - On pourrait en faire une grande omelette, proposa Apolline qui venait de les rejoindre, sous les regards effarés des deux femmes.

    Distraitement, le coursier nota qu’Adrian – et Tsuki – et Naëry – et Loupiac – l’avaient eux aussi finalement rejoint. Il avait dû être un peu longuet dans ses errances, alors qu’il avait initialement proposé d’aller chercher de quoi remplir leur ventre.

    - Ils en seraient peut-être bien capables, ces Nobles, commenta sombrement l’une des exploratrices avec un regard incendiaire vers les tentes. Heureusement que notre équipage marin vous redépose dans la journée sur le continent, ça devrait quand même limiter la casse.
    - Oh ?
    - Il parait que c’est que qui a été convenu. Comme vos copains sont pas chauds pour quitter leur confort ni partager l’île, et que nous on préfèrerait qu’il y ait de moins d’influence humaine sur Labyrinthia… Notre Capitaine a proposé de ramener dans la journée tout ce beau monde sur la côte. Il a pas tellement mieux à faire, vu qu’on va se lancer dans l’exploration.
    - J’imagine que c’est la décision la plus raisonnable, oui, acquiesça Calixte. On peut ? finit-il par demander en indiquant les œufs vers lesquels Adrian et lui-même paraissaient être inexorablement attirés.

    Les chercheuses hochèrent de la tête, et le coursier se saisit de l’une des sphères. Les aspérités sous ses doigts étaient rugueuses, et il se dégageait une douce chaleur, presque pulsatile, de l’objet vivant. Et il était étrange qu’il se sentît soudainement connecté à celui-ci, comme si un lien invisible mais pressant s’était établi. Un souffle, un espoir commun. Son doigt effleura le sommet de la coquille, et cela lui vint comme une évidence, comme une obligation, comme une responsabilité.

    - Ayren, appela-t-il avec émerveillement.
    - Mauvais ordre des lettres, commenta Apolline qui faisait des ronds sur la table.
    - Quoi ? Non. Ayren, répéta-t-il avec plus d’assurance.

    Et sous ses yeux fascinés, il observa la fissure se promener, lentement d’abord, puis avec de plus en plus de détermination, d’un bord à l’autre. Scindant l’œuf qui, après un dernier soubresaut, libéra au creux de ses mains le trésor qu’il contenait jusque-là. Et quel trésor ! Pourvu d’un pelage de feuilles ambrées et d’écailles mordorées scintillantes, de grands yeux évoquant la liberté du ciel azuré, et de petits bois à la fois coquets et fiers. Il n’était pas très grand, car il était après tout juste né. Mais comptait-on la valeur d’un trésor à sa taille ? Alors qu’il y avait des richesses si intangibles. Les yeux de Calixte se tournèrent habituellement vers Naëry, effleurant Adrian qui semblait être en proie à pareille découverte, et il adressa un grand sourire à l’aventurier, tendant devant lui le nourrisson drarbuste.

    - Regarde : il est merveilleux !
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: La Croisière s'amuse
    Mar 2 Juin 2020 - 18:27 #
    La croisière s’amuse
    ─ avec Calixte & Adrian

    Quel soulagement de voir Adrian éveillé, sain, et sauf. Calixte fait un rapide check-up du jeune homme avant de disparaître, à nouveau, à la recherche de quelques vivres. Je dois bien avouer que grignoter ne serait pas du refus.

    - Tu nous a fait une sacré frayeur ! Nous t’avons chercher toute la soirée jusque le début de nuit, tu as eu beaucoup de chance que la mer t’es relarguée sur la plage.

    Un étrange air passe à ses yeux, comme si un songe ou un souvenir venait d’alpaguer son attention. Je ne le questionne pas plus, le laissant retrouver une Tsuki des plus agitée, heureuse de retrouver son compagnon. C’est qu’elle a eu peur elle aussi.
    Adrian réalise alors que sa disparition aurait pu coûter la vie à son félin, il me demande qui l’a retrouvé. Il ne cesse de me remercier lorsqu’il apprend que je me suis occupé d’elle depuis le début des mésaventures.

    - Ne t’inquiète pas c’est normal, je n’avais pas spécialement envie de tester ses aptitudes aquatique.

    Je le laisse alors avec son animal, allant trouver Iris et m’acquérant de sa bonne santé. Elle me fait comprendre la tristesse d’avoir perdu ses nombreuses peintures dans le naufrages mais semble heureuse d’être en un seul morceau. Je lui montre la forêt derrière nous, barrière naturel d’un monde inconnu. C’est une belle vue qu’elle pourrait, plus tard, dessiner sur toile, elle aurait un évident succès lui assuré-je. Elle me gratifie d’une tape sur la joue, comme une mère à son fils. Ça me fait sourire et je m’en retourne vers l’équipage afféré, proposant mon aide. Ils semblent avoir une synergie bien ficelée et ma présence semble les déranger plus qu’autre chose. Je rejoins de nouveau Adrian, attendant toujours le retour de Cal.
    Où est-il parti chercher les provisions lui encore ? Il est capable d’aller chasser alors que le cuisto nous ouvre l’appétit par des fragrances de petit-déjeuner digne du continent.

    - Te sens-tu d’aller retrouver notre dernier 7-1-9?

    Il ne nous faut pas marcher bien longtemps pour retrouver l’espion en train de discuter avec les femmes d’un autre embarquements devants de gros œufs ressemblant à ceux d’autruche. Nous apprenons ainsi notre proche retour, moi qui rêvais de vacances, j’ai dû me travestir – pas autant qu’aime le faire Calixte – pour jouer les gadjos de sa Noblesse. Ensuite, sauveteur dans un naufrage et maintenant que l’île tant promise est à nos pieds, nous allons la quitter ! Je cache mon agacement, au moins nous n’aurons plus à jouer la comédie sur scène.

    Calixte prenant un œuf de Drabuste m’extirpe de ma mauvaise humeur naissante, car à peine touche-t-il la coquille que celle-ci craquelle. Il ne faut pas plus d’une minute pour qu’une magnifique bouille apparaisse, l’animal est magnifique. On sent déjà un lien fort entre les deux naître. Les femmes nous invite Adrian et moi à prendre un œuf. Le jeune blondinet connaît la même chose que mon acolyte, et mon œuf reste … un œuf. Je le repose délicatement, observant la mine réjouit de mes camarades.

    - Ayren ? C’est sympa.

    Je tais le fait que ça ressemble un peu à Hareng, sûrement la tasse qu’il a bu hier qui l’inspire.

    - Et toi Adrian, comment vas-tu appeler le tien?

    Je regarde les femmes avant de poursuivre.

    - Vous êtes d’accord qu’ils viennent de devenir maman, j’ai lu que les Drabustes peuvent se lier à un être vivant, et quand c’est le cas, ils deviennent quasi inséparable.

    Et ma mémoire visuelle est presque infaillible, je me souviens comme si je l’avais vu pas plus tard qu’il y a quelques minutes les mots tracés à l’encre noir sur la blanche page de l’Aryonpédia.


    code ─ croquelune

    InvitéInvité
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    Re: La Croisière s'amuse
    Jeu 4 Juin 2020 - 1:20 #
    Le sentiment que ressentit Adrian lorsqu’il écouta ses deux compagnons de voyages lui répondre était nouveau pour le jeune homme. Il n’était pas de nature sociable et avait rarement connu d’hommes de son âge qui soient préoccupé par son état. Cependant, ce sentiment chaleureux le quitta pour un doute profond lorsque Calixte évoqua la mer et Naëry les faveurs que cette dernière avait accordé au garde naufragé.

    « Non.. Pas mal.. Mais oui.. Beaucoup de chance… » Répondit-il vaguement.

    En avait-il eu ? Le souvenir de la panthère était encore flou dans son esprit. Quel était son nom ? Myrtille ? Mérédith ? Même cela il ne s’en souvenait plus. Ce qui restait, c’était la sensation de la fourrure à la fois soyeuse et rêche dans le creux de sa main. Il regarda ses doigts avec insistance : ça il ne pouvait pas l’avoir inventé.

    Naturellement, sa main se porta alors sur le dos de sa compagne à poils. Peut-être essayait-il de comparer les textures. La différence était grande, un détail était particulièrement notoire : le petit chat ne dégageait pas cette sensation d’humidité qu’Adrian avait ressentit. *Forcément, elle n’était pas dans l’eau, elle* Il réalisa alors que quelqu’un avait dû sauver le vieil animal de la noyade et gratifia toute sa reconnaissance envers Naëry lorsqu’il apprit que c’était ce dernier qui s’était occupé d’elle.

    Les deux hommes s’éclipsèrent ensuite et Adrian resta seul sur le sable. Cet instant lui permit de ressasser les quelques minutes qu’il avait vécu avant de perdre connaissance. La chute hypnotique, les crocs menaçants, la rencontre inattendue… Beaucoup d’émotions se bousculaient dans son cœur et autant d’idées tournaient dans sa tête. C’était un réel feu d’artifice qui lui valut une migraine immédiate. Il était encore faible de sa virée dans l’eau et il s’allongea pour reprendre ses esprits et ordonner ses pensées.

    Au bout de quelques minutes il conclut que la panthère était réelle. Ou du moins, qu’il ne l’avait pas tout à fait inventée. Etait-elle liée à son pouvoir ? Rien de moins sûr il lui faudrait vérifier cette hypothèse.

    Son ventre gronda. Naëry réapparut.

    Il finirait par éclaircir toute cette affaire, il en était sûr. Mais pas maintenant. Maintenant il se devait de partir en quête de nourriture et… Accessoirement de Calixte. Ce dernier devait certainement s’être perdu dans les méandres d’un buffet monté pour les nobliaux présuma le garde. En tout cas, c’est ce que lui aurait fait à sa place.

    Lorsqu’enfin, les deux aventuriers du dimanche retrouvèrent leur pièce manquante, la surprise put se lire sur leurs visages. Le buffet était grand en effet, mais il n’avait rien de comestible. En tout cas, pas pour quelqu’un de sain d’esprit. En effet devant eux s’étalaient des caisses empilées et remplies d’œufs à la taille inhabituelle. Loin de la poule comme du dragon et d’une couleur bleuâtre tirant sur les marrons, ces œufs étaient uniques. Les chercheuses qui en avaient la garde expliquèrent les conditions dans lesquelles elles avaient recueillies les petites créatures encore en développement et leur récit toucha au cœur leurs interlocuteurs qui se fendirent d’un soupir collectif.

    Mut d’une impulsion incontrôlable, tous trois se penchèrent alors pour récupérer l’un des précieux trésors dans le creux de leurs mains. Sur la peau, la coquille était à la fois dure mais semblait fragile, froide mais rayonnait d’une chaleur vitale.

    Émerveillé, Adrian porta son œuf près de son visage pour mieux l’observer puis tourna la tête pour essayer d’écouter la créature qui sommeillait en son sein. A peine eut-il approché son oreille qu’il entendit alors un léger craquement. Très vite, et comme celui de Calixte, son œuf s’ouvrit pour découvrir un petit être innocent et dont le regard brillait d’amour. Le garde apprit par les scientifique l’espèce de l’animal qu’il murmura pour lui-même. Quel être étonnant et qui aux vues de ses petits bonds, réservait bien des surprises.

    « Bonjour toi »

    Il n’avait pas d’idée de nom pour un être si exceptionnel et dû se creuser la tête pour finalement répondre à la question que lui posait Naëry.

    « Aldëa. Ce sera Aldëa »

    Comme souhaitant signifier son accord, le petit Drarbuste laissa s’échapper un doux gazouillis qui ravit les oreilles de sa nouvelle « maman » comme venait de le dire Naëry.

    Plongeant son regard dans les prunelles noisette de son nouveau compagnon, Adrian oublia l’espace d’un instant les différentes péripéties qui l’avaient conduites jusqu’ici. Soudain, le retour prématuré sur le continent n’était plus un problème ; la panthère mystérieuse ne vagabondait plus dans sa tête.

    Il avait Aldëa et il s’en réjouissait déjà.

    .: RP Terminé :.

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    Re: La Croisière s'amuse
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