Mais elle ne put s'empêcher avant sa pause, de faire un morceau très fort et rythmé. Elle craqua ses doigts, regardant droit devant elle, le visage levé, le regard malicieux qui fixait sans le vouloir deux tourtereaux au bout de la débauche-rie, puis elle se lança. Sans même regarder le clavier, les doigts de Lizzie dansaient d'une façon endiablée sur les touches du piano noir. Ils se déchaînaient et enchaînaient les notes, les gammes. La musique retentissaient dans tout le fond de ce grand vestibule qu'était ce bar. La musique avait un ton grave, impérieux. Si les souvenirs de Lizzie étaient exacts, cette musique était issu d'un opéra dramatique. Mais dur de dire lequel, si seulement elle pouvait retrouver ses cahiers de musique de son adolescence. Elle s'était mise dans une transe musicale au bout de laquelle, elle se retrouva quelque peu déboussolée. Elle reprit bien vite ses esprits, elle ressentait un maux de tête. Mais cela ne suffira pas à l'abattre. Lizzie, sortit de sa bourse en cuir noire, une gourde d'eau, elle prit une petite gorgée. Néanmoins, cela ne suffira pas à la désaltérer, comme à son habitude, elle compta bien utiliser son droit à une boisson gratuite. Elle se leva, du haut de ses escarpins rouges et marcha jusqu'au petit bar du fond de la salle, situé entre deux banquettes. Lizzie jeta quelques bref regards dans la salle. Il y avait peu de luminosité mais elle arrivait à distinguer les silhouettes présentes. Elle s'approcha du bar, s'appuya avec sa main sur le comptoir et l'autre sur sa hanche et commanda d'une façon très désinvolte, sans un sourire.
"Garçon, une liqueur s'il vous plaît"
La lie de la société aime les coins sombre et oubliés, tels un rat, elle fuit la lumière du jour et les places colorés pour préférer les endroits discrets et oubliés de tous. Mais Valeera ne se considérait pas comme tel, au dessus de cette masse infecte, elle portait une attention toute particulière à avoir une image publique. Personne ne la connaissait, mais personne ne pouvait passer à côté de son visage d'ange, même si cet ange était surement un diable. Ainsi on la connaissait sous bien des noms : Macha la vendeuse, Alicia, la serveuse ou bien même Alyss, la garde. Mais ce soir... elle était simplement Valeera
Prise d'une folle envie, elle sortit de sa villa, parcourant les rues sans vraiment avoir de but, peu de travail l'occupait depuis son retour du Grand-Port, et elle avait eu tant de cristaux de la part de ce nobliau déchu qu'elle ne savait quoi en faire sinon le stocker pour plus tard. Point de vêtements hors de prix, ni même d'objets ésotériques. La jeune femme possédait sa dague, son croc de l'hydre. Et c'était tout ce qu'il lui fallait.
Pas aventurière, pas garde, à quoi aurait pu servir une épée légendaire à une citoyenne sinon à lui attirer des ennuis. Valeera était sobre dans ses possession comme dans ses mots.
La rue ne changeait guère avec le temps, toujours aussi misérable et les visages aussi laid que de mauvaises statues de cire.
Tous étaient tantôt triste, tantôt bouffi, c'était à croire qu'un voile gris recouvrait ce quartier de la capitale. Son attention fut attirée par un chant provenant de plus loin, une vieille taverne qui avait du survivre à plus d'un propriétaire à en juger par ses murs, et si elle n'était pas des plus luxueuse, au moins son niveau de propreté semblait satisfaisant.
Le Lotus noir poussa la porte branlante de l'endroit, ses deux yeux jaunes cherchant un danger. Mais à cette heure là, les gens étaient plus ivre de fatigue que d'alcool et si la musique était joyeuse, les clients eux semblaient bien plus moroses. Mais ce n'était pas la mélodie qui donnait aux clients cet air morose, la pauvreté sans doute. Car tous ici semblaient vivre sans attendre le lendemain.
La jeune femme marcha jusqu'au comptoir, la tête haute et fière comme un soldat à la parade, trop consciente qu'elle attirerait les regards, les rares femmes à venir régulièrement étant généralement aussi repoussantes que les ivrognes qu'elles accompagnaient.
La musique c'était arrêtée, et une femme d'une taille gigantesque, du moins pour Valeera, fendait l'océan de table pour s'accouder au bar.
Criminelle mais curieuse, la blonde vint se placer à côté d'elle ses yeux jaunes la détaillant avec un regard félin avant qu'elle ne finisse par faire un geste au barman.
-Un Kir royal pour moi
Une boisson bien inhabituelle et haut de gamme, à l'arôme fin et réservé en général à une certaine élite. Mais la noblesse n'avait jamais eu autre chose qu'un air supérieur pour proclamer son statu, et Valeera avait ce port altier des grandes dames, bien qu'une aura de prédatrice émanait d'elle, le tout se combinant pour que le garçon s’exécute sans poser de question
-Une grande dame, pour une mélodie grandiose.
Commença t-elle doucement pour attirer son attention, et plongeant son regard dans le sien.
Par habitude, elle ne cherchait pas le contact, mais ce soir.... ce soir elle voulait parler à quelqu'un, si possible qui n'avait rien à voir avec ses affaires habituelles
-Je n'ai encore jamais eu le plaisir de vous entendre chanter, dans ces quartiers c'est une chose rare d'entendre une voix de qualité
valeera, pour vous servir chère chanteuse d'opéra
Dit elle d'un ton qui se voulait cordial en esquissant une petite révérence
Mais elle ne laissa aucune émotion transparaître sur son visage, elle ne savait encore rien des intentions de la jeune femme. Or, au moment où elle la fixa et où les lèvres de la blonde s'entrouvrirent pour complimenter Lizzie, elle ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire satisfait et d'adoucir son regard plutôt dédaigneux à l'accoutumé. En réalité, elle ne savait pas vraiment quoi dire pour exprimer sa gratitude, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas reçu de compliments.
- Je vous remercie mademoiselle. Vous savez comment faire plaisir à une artiste.
A peine eut-elle le temps de terminer sa phrase, que la jeune femme complimenta sa voix de soprano. Lizzie était dorénavant piquée par la curiosité, elle voulait avoir un brin de causette avec sa nouvelle et mystérieuse admiratrice, si on pouvait la qualifié de telle. Suite à la révérence de cette dernière, Lizzie en fit une plus ample et affirmée.
- Lizzie pour émerveiller vos oreilles.
Elle marqua un temps de pose et reprit la parole.
- Vous êtes une femme de goût, sachez-le. Et je suis tout à fait d'accord avec vous, la scène musicale de la capitale ne nous gâte pas. Elle est remplie de troubadours gâteux aux mélodies désastreuses et ne parlons pas des paroles de leur chanson. fit-elle en levant les yeux au ciel. Mais il est vrai que l'on peut tomber sur des perles, comme moi, s'il l'on persévère dit-elle la main sur la poitrine, un sourire rieur au lèvre.
Puis elle s’assit sur la chaise à côté de son interlocutrice. Elle égara tout d'abord son regard sur sa liqueur et passa sa main dans ses cheveux. Une mauvaise habitude qui avait le malheur d'activer son pouvoir. De ce fait elle se retrouva avec un bille d'améthyste dans la main. Elle était d'une petite taille l'objet circulaire se tenait facilement entre deux doigts. Elle eut une idée, un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres rouges carmins.
- Tenez, c'est pour vous, pour votre amabilité mais surtout pour votre bon goût que cela soit en musique ou en boisson dit-elle en pointant du doigt le Kir royal.
Puis, elle plaça la bille d'améthyste devant Valeera et lui fit un clin d’œil puis tout en la fixant. Elle reprit.
- Il est vrai que je ne suis pas très bavarde en général. Mais ce n'est pas tout les jours que l'on vient si gentill ment s'adresser à moi. En général, c'est pour me balancer à la figures de la paperasse ou des trivialités médiocres mais je m'égare... Je profiterais donc bien d'un brin de causette, si cela ne vous importune pas bien-sûr. Il est si rare de voir des femmes en ces lieux. Justement dîtes-moi qu'est-ce qui vous amène ici dit-elle en affichant un léger sourire serein.
Modestie et talent ne faisaient jamais bon ménage, à quoi bon ? Cette "qualité" n'était qu'une excuse invoquée par les gens qui ne réussissaient pas pour qu'on ne leurs rappelle pas leurs échecs cuisant. Ainsi, devant l'affirmation de la grande dame, la blonde opina du chef, nullement déroutée par ses propos qui auraient pu questionner la taille des chevilles de son interlocutrice. C'était même une impression partagée.
La discussion se poursuivant, Valeera reçu un cadeau des plus inattendu, sous la forme d'une pierre précieuse, dont le violet attira son regard de longues secondes, une langue avide passant sur ses lèvre avant qu'un millier de questions ne fusent dans son esprit.
"Ou ?", "Comment ?", "Pourquoi ?"
Mais peu importait, la pierre entre ses mains, elle fit jouer son œil de faussaire pour l'observer en détails avant de la passer à la lumière.
-Cet éclat est sublime... J'ignore comment vous l'avez eu... une telle couleur est si rare dans le milieu. Vous avez toute mon estime
Elle qui n'était pas grande admiratrice de bijoux, elle savait déjà ce qu'elle en ferait, et le pommeau de son crêve cœur serait un endroit parfait pour l’enchâsser. Une pierre précieuse mais discrète... Voilà qui pouvait bien caractériser le lotus noir
-Nullement ma chère Lizzie, j'aime à apprendre à connaitre les gens, surtout ceux dont le talent se révèle aussi... distrayant
Les chants qu'elle entendait d'habitude étaient d'avantage le couinement des rats, ou la supplications de ses victimes. L'art lyrique était plutôt rarement dans son emploi du temps.
Quant à la raison de sa présence ici...
-Ma foi, une citoyenne qui va de ci, de là, sans réel but à vous donner j'en ai peur. A vrai dire je marchais quand j'ai entendu votre chœur. Et me voilà attiré tel un papillon sur une jolie fleur.
La vérité n'était pas loin, et pour une unique fois, elle ne disait presque que la vérité, si ce n'était sa profession. "Valeera, cambrioleuse et hors la loi pour vous servir" sonnait bien moins ici, surtout que l'on ne savait jamais quelles oreilles traînaient.
Le binôme attirait en plus toutes les attentions, telles deux roses aux milieu d'un chant d'ortie.
-J'ai cru comprendre que vous aviez à faire avec l'administration ? Puis-je m’enquérir de votre profession ?
Excusez de ma curiosité, mais dans les papiers... chanter n'est pas souvent encouragé.
Elle en avait infiltré des organisations dans le genre, que ce soit le service des impôts, ou la commission de la garde... Ces deux entités étant remplis de gens aussi gris que vide d'intérêt
-Et comment diable une fleur sauvage, à pu se retrouver dans une telle cage ?
Dit elle en englobant la taverne d'un geste avant de tremper ses lèvres dans sa boisson pétillante, frissonnant légèrement alors que ses papilles gouttaient le riche arôme.
- Dite vous que c'est un cadeau de mère nature.
Elle essaya de changer vite de sujet. Il faut dire que Lizzie n'aimait pas vraiment parler de son pouvoir, il pouvait parfois attirer les mauvaises personnes, depuis qu'elle est partie du Grand-Port, elle a toujours veillé à utiliser son pouvoir en toute discrétion et si ce dernier se manifestait sans qu'elle s'en rende compte, elle faisait comme si de rien n'était. Lizzie ne voulait pas revivre l'épisode où des vagabonds la poursuivaient avec des ciseaux dans les mains, prêt à entailler sa chevelure ou pire, d'autres avait essayé de la kidnapper quand elle était plus jeune.
- J'aimerais presque m'excuser si c'est ma voix qui vous a attiré dans ce bar malfamé rigola-t-elle.
Elle marqua un temps de pause pour regarder un peu autour d'elle, certains hommes accoudés à leurs tables et à leurs bières regardaient les deux jeunes femmes. Il est vrai qu'elles n'étaient pas très représentatives de la clientèle, elle tranchaient avec le reste de la foule. A l'accoutumé, les clients n'attardaient pas leurs regards sur Lizzie ou alors tout simplement elle ne les voyait pas car elle était bien trop occupée à jouer. Sa pause était plus longue que prévue, normalement, elle buvait cul sec son verre et revenait aussi tôt vers le grand piano noir. Mais bon, elle avait le luxe de pouvoir s'accorder un temps de répit, elle pourrait même partir du bar. Le patron l'avait déjà payée quand elle était arrivée et saoul comme il était à l'heure actuelle, il ne risquait pas de remarquer son absence.
La question de Valeera à propos de sa profession, lui fit ressentir des raideurs dans le dos. Rien qu'à évoquer son travail, elle se sentait un peu nauséeuse.
- Si vous voulez tout savoir, je suis hôtesse à la guilde des aventuriers. Je fais toute la paperasse pour ses joyeux fanfarons. Mais on se contente du travail que l'on peut avoir. Vous savez quand vous êtes une jeune femme, seule, sans aucune connaissance à la capitale et que votre seule compétence est d'écrire et lire correctement, il n'y a pas des millions de solutions. Après je ne veux point paraître plaintive, il est vrai que j'ai un salaire correct en faisant ce travail et j'aurais pu tout aussi bien finir dans un bordel... Même si je doute que les femmes avec des cache-œil soient les plus sollicitée dans ce milieu.
Elle reprit une gorgée de sa liqueur alors que son interlocutrice lui posa une question à propos de sa présence en ces lieu. Le bar commençait quelque peu à se vider, certains ivrognes allait rejoindre leurs appartements, les plus téméraires d'entre eux ne flanchaient pas et continuer de commander. Le serveur qui était en face des deux jeunes femmes fut réquisitionné à l'entrée du bar pour servir ces guerriers de la buvette.
- A vrai dire si je suis ici, c'est surtout pour jouer. Pas pour le 20 pauvres pièces que ce vieux roublard daigne de me donner. Avant d'arriver à la capital, j'ai vécu une période où je ne pouvait pas vraiment beaucoup jouer, ni chanter. Et j'avais vraiment envie de m'y remettre mais j'avais un petit problème de logistique à ce niveau. Je vie dans une petite chambre d'une pension, je n'ai donc pas assez de place pour avoir un piano. Alors je me suis dis que je pourrais jouer en publique, quelque part où il y a un piano. Et je fus assez chanceuse car j'ai très vite trouvé ce bar tout équipé. Voilà comment je me retrouve ici entre deux insomnies.
Lorsqu'elle parlait Lizzie n'a pas vraiment veillé à surveiller ses expressions faciales, ni son langage corporelle. Sur le coup elle se sentait un peu gênée. On était loin de la Lizzie du guichet de la guilde qui avait toujours la moue collée au visage. Elle reprit ses esprits et avec un sourire diplomatique Lizzie posa à son tour une question à Valeera.
- Mais ce que je parle beaucoup de moi, je vais commencé à vous ennuyer si je continue à vous faire des monologues autobiographie. Et pourtant la déesse sait que ce n'est pas habituel pour moi, je m'en excuse même si ça fait du bien d'être un peu écoutée de temps en temps. Alors parlez-moi un peu de vous ? Non ? Je sais que vous n'avez pas l'air encline à cela, alors je vais jouer un peu aux devinettes. A mon avis, je pense que vous devez bien savoir vous battre ou du moins vous défendre. Pourquoi, vous allez me demander. Car je sais qu'il doit être dur pour une jolie jeune femme comme vous de survivre dans cette capitale en un seul morceau ou sans avoir un homme collé à vous.
Valeera agita la main pour signifier que tout cela n'était que très peu important. Le pourquoi du comment elle avait finit là n'était au final pas si important. Elle avait trouvée une compagnie des plus inhabituelle, c'était tout ce qui lui importait.
Car qui disait inhabituelle, disait aussi fort intéressante, comme le prouvait cette petite pierre qu'elle avait entre les mains.
-Allons, si vous n'aviez pas attiré mon attention, nous n'aurions certainement pas eu cette discussion.
La suite fut d'autant plus intéressante. Une hôtesse de la guilde vous dites ? C'était une profession fort peut connue de la jeune femme, qui ne voyait en ces aventuriers qu'une forme de mercenariat mieux considéré. Et son désamours de beaucoup d'institution n'admettait pas d'exception à la guilde des aventuriers.
Mais les métiers ne faisaient pas les personnes, sinon le Lotus noir serait entrain de vider la caisse de la taverne sans témoins. Mieux valait donc se reporter sur Lizzie.
-Sans nul doute, la guilde vaut mieux qu'un bordel et quitte à paraître quelque peu superficielle... Je pense que la tenue d'une hôtesse, vaut amplement mieux qu'un travaille qui vous rabaisse.
Mais je suis sure que vous avez développé d’innombrable autres talents que la lecture au fil de votre vie, sinon.... comment expliquer que vous aillez un corps si endurci
Dit elle en pointant le bandeau qu'elle portait.
Cette catin de Lucy savait se montrer cruelle envers bien des gens, et si le Lotus noir ne pouvait se résoudre à la moindre empathie envers quiconque, Lizzie était une belle jeune femme qui aurait sans doute gagné à posséder ses deux yeux
-Je vois... là ou vous pourriez jouer à la cours du roi, vous avez préférés contenter ces gens aux abois. Car je suis sure qu'avec un talent pareil, vous pourriez vous offrir votre place au soleil !
Que ce soit chez des nobles ou des bourgeois, des gens de bien meilleurs allois.
Le piano possède cette sonorité qui ne s'épanouit que mieux sans pauvreté. Mais ce n'est l'avis que d'une citoyenne sans guère plus de culture qu'une apprentie.
Le petit sourire de son interlocutrice fut communicatif, et la blonde se fendit de quelque chose qui s'apparentait à de l'amusement sincère.
Ici, elle avait tout d'une noble, que ce soit dans ses habits ou sa façon de s'exprimer. Car si elle utilisait des tournures si alambiqués, c'était uniquement pour brouiller les pistes. Nul doute que la Valeera des rues s'exprimait bien plus simplement d'habitude.
Mais un peu d'exercice ne faisait jamais de mal.
-Bien sur que non ! J'aime entendre la vie des jolies fleurs, et ce en toute saisons. Ne craignez pas que je m'ennuie de cette conversation, les gens d'ici sont ennuyant, et mise à part un regard lubrique, ils ne dégagent aucune passion.
Elle se mit à rire doucement devant le talent de la jeune femme. Savoir se battre était un bien grand mot, disons qu'elle avait cette aura que dégagent les prédateurs, et que tout ceux qui ont grandit dans la rue apprennent à reconnaître.
Renforcé par ses yeux jaunes, elle avait cette attitude de grand félin en guise de proie que même les ivrognes évitaient.
-Malgré votre semi-cécité, vous possédez une grande perspicacité. J'ai bien appris à me défaire des gens indésirable, et ce par des méthode difficilement avouable.
J'ai souvent eu des prétendants, mais avec le temps, ils se sont fait moins abondants. Mais je pourrais en dire de même pour vous, on ne récolte pas pareille blessure en s'occupant des filou.
Je vois cette blessure, mais nul arme, et nul armure. Si cela vous donne un certains charme, j'y vois tout de même une certaine alarme.
Lizzie la chanteuse, serait elle en fait Lizzie la bagarreuse ?
Avec une telle taille, elle aussi ne devait pas passer inaperçue, et son physique n'était pas non plus des plus désagréable, loin de là.
- Si écouter la vie des jolies fleurs ne vous dérange pas et que voulez savoir tout de mes déboires de grande bagarreuse, je vais tout vous révéler. fit-elle avec un regard malicieux. Elle essayait de prendre une certaine intonation pour faire paraître sa phrase toute droit sortie d'un torchon à potin puis elle reprit.
- Mais malheureusement, je n'ai pas vraiment un passé de virtuose de la poigne. Si vous voulez tout savoir, je se suis devenue borgne, à l'âge de dix-huit ans ou dix-neuf, peut-être... Je ne sais plus vraiment, le temps me semble s'écouler d'une façon tellement étrange que j'en perds tout mes repères... En tout cas, à cette époque-là, je n'étais qu'une jolie jeune femme sans défense qui s'est fait planter une lance droit dans l'orbite car elle s'était interposée entre un homme et un garde civil. Bref, rien de très joyeux. Puis si vous voulez connaître le secret de ma silhouette, je vous conseillerez d'aller au temple. J'y ai passé un entrainement d'initiée. Je sais vous allez me faire les gros yeux et me demander que diantre m'a pris de faire ça. Mais je l'ai fais et comme vous pouvez en déduire de ma présence en ces lieux cela n'a pas marché dit-elle avec une expression amère. Mais au moins, cela aura eu le mérite de m'entraîner physiquement, de m'endurcir et de permettre de me défendre toute seule dorénavant. Et puis comble de l'ironie, j'ai appris à manier la lance. Alors je peux vous dire que si je revois ce foutu garde, je lui la mettrai en plein dans son faciès de putois. Mais je m'égard encore une fois.
Elle ne pu terminer sa phrase qu'un homme tomba sur le bar, une main appuyé sur son épaule et l'autre qui lâcha un verre en cristal remplis de whisky ce qui ne put l'empêcher de sursauter de dégoût.
- Roh mais qu'il enlève ses salles pattes de là. Aussitôt elle enleva la main du malotru de son épaule ce qu'il le fit tomber par terre.
- Je vous disais donc... Ha oui, c'est vrai que vous vous demandiez pourquoi je ne joue pas à la cour. Déjà, je n'ai pas le réseau, ni le piston pour, puis je pense que j'ai un peu un problème avec l'autorité. Je sais pas la garde civile qui vous mutile, les membres du culte qui vous jette à la porte... Au moins que ce soit dans ce bar ou à la guilde des aventuriers, je suis libre de mes actes et je ne subis aucune pression . Et je peux aussi arborer une expression aussi antipathique que je veux sans que personne en ai rien à redire.
Alors que le silence était plutôt de mise à cette heure tardive dans le bar où seul les plus braves restèrent dans l'établissement, des bruits strident retentissaient. Lizzie arrêta de parler pendant un bref instant. C'est le pire moment de la soirée dans ce bar, se dit-elle à elle-même, ça va bientôt tourner au vinaigre se dit-elle. La jeune musicienne, habituée maintenant à ce bar miteux savait que les hostilités allait commencer dès maintenant. On entendait des bruits de verres propulsés contre les murs, les grognements des ivrognes, les tables qui bougeaient, des coups qui rataient leurs destinataires. C'était le début de la baston dans ce bar. Pourtant Lizzie demeurait calme, elle savait que le pire qui pouvait arriver ici ne serait qu'un mauvais œil au beurre noir pour le plus mal chanceux. Or cette quiétude se dissipa assez vite quand un homme bien en chair couina d'une façon épouvantable et que son voisin de table beugla de toute ses forces.
- MAIS PUTAIN, IL L'A POIGNARDE CE COUILLON
En effet, la panse de l'homme giclait du sang sur toute la nappe. Lizzie cligna des yeux plusieurs fois avant de reprendre une certaine concentration et fixa Valeera. Elle ne savait pas vraiment quoi faire à ce moment-là, devaient-elles partir ?
C'était une histoire bien dramatique que racontait Lizzie, et à la mention de la lance plantée dans l'orbite, Valeera se mordit légèrement la lèvre inférieure.
Voilà bien une raison de plus de ne pas faire confiance à la garde, et les éviter comme la peste. Ils étaient beaux les principes de dévouement quand ils vous plantaient une pique dans le visage.
Quant au temple.... inutile de dire ce qu'elle en pensais. A vrai dire, les gens qui s'y réfugiaient pour elle n'était que de pathétique créatures, implorant quelque chose de soit disant supérieurs et le rendant responsable de leurs malheurs.
Alors que, bien souvent, c'étaient eux même les coupables. L'ironie du sort...
-Je vous comprend, et mes avis que si ce n'était ce différend, vous serriez quelqu'un de très différent.
La vengeance bien qu'on la dise inutile, est bien loin d'être infantile.
Au contraire, elle est salvatrice, et libératrice.
Ainsi la chanteuse avait connu une situation peu ou prou aussi difficile que la sienne, même si la misère de Valeera ne tenait pas dans les blessures physiques, mais bien psychologique, comme en témoignait son caractère violent et sa tendance à la manipulation.
Un ivrogne tomba à la renverse, s'appuyant sur la jeune femme, ce qui manqua de déclencher une petite pique de la vipère en elle. Chose qui se serait invariablement suivi d'une morsure bien plus réelle s'ils n'avaient été en des lieux aussi occupés.
Mais elle était habituée visiblement et se débarrassa de lui comme d'un insecte ce qui fit sourire le Lotus noir.
-La liberté, c'est sans doute notre plus grande qualité, rien ne la vaut pas même votre piano.
Mais c'est un don rare que nous avons toutes les deux, bien plus utile que ce que peuvent posséder des gens plus valeureux.
Tacher donc de la garder, comme votre plus fidèle alliée, elle vous sauvera quand le reste vous abandonnera.
C'était bien pour cela qu'elle avait rejoint la cabale. Liberté, absolue et sans condition, libre de tuer, libre de vivre selon ses règles. Et si ce tatouage lui faisait encore bizarre, ce dernier lui ouvrait bien des portes et elle ne pouvait nier de son utilité.
Mais voilà que l'ambiance changea radicalement quand un des hommes se fit poignarder, répandant son sang de porc un peu partout, une goutte vint même gicler sur la joue de la blonde, qui eut un très léger mouvement de recul, d'avantage énervée que dégouttée.
Ce n'était pas la première fois, et ce ne serait pas la dernière. Gardant une posture droite, elle sortit un petit mouchoir brodé de sa poche, ses deux yeux jaunes fusillant l'homme qui se vidait de son sang.
Et ce sans qu'une once de pitié ne transparaisse. Après une grande inspiration, elle essuya le sang impur sur son visage avant de sourire à son amie de circonstance qui était visiblement un peu débordée.
-Et bien ma chère, je crois que l'ambiance vire à l'austère. Et si nous ne voulons pas croiser la garde, sans doute devrions nous penser à notre sauvegarde.
Si vous le désirez,, peut être pourrais-je vous proposer, une petite soirée dans mon foyer ?
Nous pourrions continuer cette conversation, dans une bien plus noble maison, sans ivrogne mal avisés pour nous importunés
Lançant les cristaux sur le bar, Valeera prit la main de Lizzie l’entraînant hors de la taverne qui commençait à s'emplir d'une clameur qui ne manquerait pas d'attirer la garde.
Dire que pour une fois elle ne viendrait pas à cause d'elle. Si ce n'était pas d'une certaine ironie...
Le pas rapide du Lotus noir leurs firent parcourir les ruelles, zigzaguant jusqu'à la maison de façade de la jeune femme.
Ce n'était pas à proprement parler sa maison principale, mais c'était la plus à même d’accueillir des invités. Et nul doute que passer par un souterrain dont l'accès se situait dans la salle de bain éveillerait des soupçons.
La façade de la maison était plutôt imposante, faite de pierre blanche, dont deux colonnes soutenaient un porche décoré.
-Je ne puis vous forcé à entrer, mais si vous voulez, je vous propose l'hospitalité, et mes intentions je vous rassure, ne sont que les plus pures
Peut être était-ce la deuxième fois que quelqu'un rentrait chez elle, ou la troisième si l'on comptait croque-chance.
Quoi qu'il en soit c'était surement la première fois qu'elle invitait quelqu'un à rentrer pour autre chose que les affaires
Son esprit s'égarait un peu dans toute les sens, il faut dire qu'il y avait eu beaucoup d'informations à traiter à l'intérieure de l'auberge. Mais maintenant, il n'y avait aucun bruit à part celui de leurs pieds qui foulaient le pavé des rues de la capitale. Le bruit de la brise nocturne demeurait souverain malgré leur rythme soutenu de marche et la respiration saccadée de Lizzie. Ses escarpins commençaient à lui faire mal, mais elle ne laissa rien paraître, elle ne devait pas se tourner en ridicule devant Valeera. Elle espérait juste qu'elle allaient vite arriver dans la demeure de cette dernière. Elle se questionna sur la nature de son logis, elle se demandait dans quel endroit vivait cette mystérieuse jeune femme. Mais cette question s'enfuit assez vite dans les abysses des réflexions éparpillées de Lizzie. Son estomac se resserra quand elle essayer d'imaginait le chemin pour retourner chez elle. L'itinéraire que lui faisait emprunter Valeera semblait l'amener à l'opposé de la pension où vivait Lizzie. Avec toutes ses pensées, Lizzie demeura calme durant tout le chemin.
Enfin, la jeune hôtesse fut abasourdie quand elle vit la maison de Valeera. C'était une somptueuse maison qui n'avait rien à envier aux demeures bourgeoises. Ornées de deux colonnes imposantes et d'un porche décoré avec goût, Lizzie ne pouvait que se prosterner devant le bien de son interlocutrice. Alors qu'elle décida de monter en première sur le porche, Lizzie ne put se réfréner à poser une question qui lui brûlait les lèvres.
- Peut-être suis-je bien indiscrète, mais comment avez-vous pris possession de cette demeure. En effet, elle est bien fastueuse pour une jeune femme de votre âge. L'avait-eu par le biais d'un héritage ? Ou bien alors vous me cachez des choses à propos de rang ? fit-elle d'un air interrogatif puis malicieux pour sa dernière proposition.
Pourtant Lizzie ne pouvait imaginer Valeera comme une petite bourgeoise. Pour avoir évoluée dans ce milieu, elle savait les filles de cette catégorie sociale plus vaniteuse et beaucoup moins libre d'esprit que la jeune femme. Malgré ses traits angéliques, Valeera possédait une fougue une débrouillardise admirable qui ne s'est jamais révélé être des traits inhérents à la bourgeoisie. Mais peut-être se trompait-elle. Lizzie a été la témoin de nombreuses choses étranges et illogiques alors pourquoi pas ça. On ne sait jamais. Ce qui était sûr c'est que le logement de sa rencontre nocturne contrastait fortement avec celle de la jeune femme. Elle qui avait pourtant grandie dans une somptueuse demeure vivait dorénavant dans une chambre exiguë d'une pension. Bien-sûr Lizzie avait pris de soin de choisir une très chic institution où elle cohabitait seulement avec des personnes respectables et où il faisait bon vivre. Mais cela restait une minuscule chambre quand même. Bien que cela secoue quelque peu l’ego de Lizzie, elle était bien contente de vivre dans cette petite chambre. Elle n'avait ni l'envie, ni l'énergie de se dédier à l'entretient d'un foyer digne de ce nom de plus il était fort appréciable pour elle de ne pas avoir à cuisiner les soirs.
Lizzie observait les moulures des colonnes et se permit de les frôler du bout de ses doigts. Elle se retourna vers Valeera.
- Ho désolé, je n'aurais pas dû, j'espère, que cela ne vous dérange pas.
Comment ? Pourquoi ? Hum, voilà bien des questions auxquelles il était plutôt difficile de répondre... Dans les faits, cette maison n'était qu'une vitrine bien ordonnée pour le Lotus noir, une demeure aussi bourgeoise que factice. Sa couverture était bien implantée cela dit. Une riche héritière d'une bonne famille, qui vivait de ses rentes. Du moins pour l'administration.
Effectivement elle avait plusieurs rente, mais guère dut à des compétences de placement. La Cabale aidait ses membres en bien des choses, et placer des cristaux au bon endroit permettait un retour plus que confortable. Mais ce n'était pas assez. Valeera avait commencé dans la pauvreté, et vivait maintenant dans un bon confort. Cela dit, elle visait plus haut, et s'enorgueillissait de ses réussite plus que de ses cristaux.
Enfin... tant que sa couverture se gérait d'elle même car en vérité, elle avait investit de quoi entretenir la maison, le reste étant stocké, au cas ou.
Quand on vivait sur le fil, mieux valait pouvoir bouger rapidement.
-Une question bien compliquée, et si je ne puis vous répondre en toute honnêteté,je peux vous dire que les cristaux appellent les cristaux et ces derniers, si bien placés, peuvent considérablement rapporter.
Mais ne restons pas par ce froid, tel des femmes emplis de désarroi, sur le pas de ma maison, je ferai une hôte doué de très peu de raison.
Entrez donc !
Et sur ces mots, elle produisit le trousseau de clé qui correspondait, vérifiant d'un petit appui sur la porte que personne n'était venu fouiner.
Cette dernière n'était plus toute jeune, et possédait en fait deux positions de fermetures, l'une étant bien verrouillée contre sa voisine, une position pour laquelle il fallait excessivement forcer, l'autre étant une simple fermeture.
Bien entendu, Valeera fermait de la première méthode, et pouvait rapidement se rendre compte si quelqu'un avait ouvert cette dernière.
A peine Lizzie fut elle entrée, qu'elle ferma à double tour, tapant dans ses mains pour allumer les cristaux lumineux enchâssés dans des lanternes de cuivre.
D'un sifflement, elle fit ajuster l'ambiance pour une lumière plus tamisée avant de guider son invitée dans l'une des pièces destinées aux récéption.
Cette dernière était équipée d'une imposante cheminée dont le bois était remplacé par des cristaux de chaleur qui commençaient déjà réchauffer la pièce.
Ironiquement, c'était l'une des seuls pièce à disposer de fenêtre avec la chambre factice du Lotus, mais ces dernières étaient toujours recouverte de volet, et elle ne se fit pas prier pour fermer ceux du salon, revenant vers son amie qu'elle fit asseoir sur un canapé de velours rouge fortement rembourré.
L'ambiance était bien différente d'une taverne, la décoration se voulant simple mais de qualité.
Une petite table occupait le centre de la pièce, et la jeune femme plongea dedans pour sortir quelques alcools avec un sourire.
-Comme promis nous voilà chez moi, ce n'est pas un cadre digne d'un roi. Mais j'espère que pour continué notre soirée, il vous semblera approprié.
Cela peut paraître incongru, surtout de la façon dont je vous suis apparu. Mais sachez qu'ici vous êtes en sûreté.
Prenez vos aise, réchauffez vous près de la braise. Et n'hésitez pas si vous manquez de la moindre denrée.
Dire qu'elle était heureuse de recevoir ? Difficile à dire, et la jeune femme cachait la joie d'avoir de la compagnie sous une fausse excuse: celle d'avoir une couverture et donc des amis.
S'asseyant à son tour en face d'elle, dans le grand fauteuil dans lequel elle se prélassait lors des courtes journée d'hivers, elle croisa les jambes l'une par dessus l'autre avant d'entamer un début de réponse.
-Je ne peux vous répondre sur toutes vos questions, néanmoins je peux vous le dire, je nais ni distinction, ni grande fortune, j'ai su me montrer opportune quand les temps le nécessitait.
Je vis seule, car c'est ainsi que le destin ne m'a pas couvert de ce bienfait.
Ni amis, ni famille, seulement cet endroit que peu embelli. Je m'excuse pour vous avoir arrachée a votre lieu préféré. Mais nul doute qu'ici, au coin du feu, nous aurons une conversation plus suivie.
Devant la gêne que pouvait ressentir son invitée, Valeera se sentit presque perplexe, considérant si peu cette maison de façade qu'elle ne voyait aucune raison de prendre tant de précautions pour quelques pierre et poutre de bois
-Vous m'avez l'air troublée ? Serait-ce ma manière de parler ? Ou par mes geste ou mes mots, vous aurai-je fâchée ?
Cette façon de parler, si déroutante soit-elle était marque d'une noblesse de haute lignée, et elle l'avait bien souvent entendu pendant des affaires. Des affaires dans des salles infiniment plus riches qu'ici. Et comme toute bonne cambrioleuse... elle avait appris.
Finalement, la soirée se passa sans encombre, amusante et distrayante, elle permis au moins de passer le temps