Devoir écrire le courrier et les documents d’achat de céréales pour remplir les greniers de l’Archipel jusqu’à ce que l’on puisse le faire avec nos récoltes m’a fait prendre conscience des difficultés de l’agriculture sous notre climat… Pas que j’en étais inconsciente auparavant mais cela était une problématique assez éloignée de la trop jeune femme que j’étais. L’hiver, même la pêche est incapable de combler le creux, les poissons sont partis vers les eaux plus chaude ou la mer se déchaine obligeant les navires à rester à quai. Quelque chose doit être fait pour que nos îles redeviennent indépendante des cultures du continent.

Mère s’est montrée étonnamment ouverte à ma demande de me laisser gérer une recherche d’alternative aux semences que nos fermiers achètent à Grand Port. Elle semblait même fière que je prenne cette initiative de moi-même… Cela ne me semble pas une si grande fierté que cela mais si cela la rend heureuse, autant ne pas la contredire. Rédiger un courrier à la Guilde Marchande de Grand Port pour annoncer la recherche d’un herboriste compétent n’a pas été chose aisée. Même si j’ai baignée dans le commerce toute ma vie, c’est l’une de mes premières lettres officielles que Mère ou Père n’ont pas visée avant son envoi. Lorsque j’ai voulu la présenter à Père pour avoir son avis, il s’est montré catégorique.

Il est temps de voler par tes propres moyens Onélie, je ne lirai plus tes courriers commerciaux. Tu as fait la preuve que tu es prête à prendre les rennes de ton propre avenir au sein de la famille.

Quand bien même Mère et Père sont d’avis que je n’ai plus besoin de chaperon pour mes courriers, j’ai écris la lettre plusieurs fois avant de la confier à March lors d’un de ses voyages commerciaux vers Grand Port. La Guilde Marchande se chargera, moyennant une petite commission, de faire circuler mon offre à travers le Royaume. Et je l’espère, revenir rapidement vers moi avec de bonnes nouvelles.


Il a fallu une longue semaine avant que la Guilde Marchande ne reprenne contact pour me faire part du succès de ma recherche. Une herboriste qualifiée est disposée à mettre ses compétences à mon service. Avec cet intermédiaire qu’est la guilde, nous avons organisé une rencontre directement sur l’Île centrale afin qu’elle se rende vraiment compte du climat local. Le jour où son navire est censé accosté au port de Ladrim, je m’apprête relativement simplement. Presque comme une simple fermière dont la qualité des tissus trahirai l’ascendance noble, après tout, nous allons assurément faire un tour dans les champs pour étudier le sol. Enfin, je l’imagine...  Ma calèche s’immobilise sur le port. Le navire n’est pas encore arrivé mais ne devrait pas tarder à apparaître à l’horizon, les caprices de la mer et du vent ne sont guères prévisibles.

Alors qu’un bateau apparaît à l’horizon, je suppose qu’il s’agit de celui dont j’attend l’arrivée. Lorsqu’il arrive suffisamment près pour que l’on puisse voir le pavillion, je reconnais celui de Grand Port. Cela est donc certainement le navire que j’attend. Quand il aborde le quai, je descend de la calèche pour attendre l’officier de la Guilde Marchande et l’herboriste qui a répondu à mon offre. Je trépigne un peu sur place ayant tout de même hâte de rencontrer cette jeune femme. Deux personnes viennent enfin se détacher de la foule pour venir vers moi. L’homme est le premier à prendre la parole, se présentant comme l’officier de la Guilde Marchande. Il me présente ensuite la jeune femme qui l’accompagne. Une femme pour ainsi dire magnifique même après le long voyage en bateau de Grand Port à Ladrim. Instinctivement, je fais une révérence à mes invités en les saluant.

Mademoiselle Veriano, Monsieur Enghien, je vous souhaite la bienvenue sur l’Île Centrale. Je suis Onélie Maple, je vous remercie d’avoir répondu aussi rapidement à ma demande. J’espère que le voyage depuis Grand Port a été calme.

Veriano est un nom qui me dit quelque chose, j’ai certainement déjà entendu ce nom quelque part mais impossible de remettre un contexte dessus… Une femme dégageant une telle prestance doit avoir un certain niveau de noblesse tout de même. Je souris lorsque l’herboriste rejette la proposition d’Enghien d’aller prendre une collation avant de commencer à travailler.

J’ai déjà déjeuné avec ma famille également. Nous pouvons commencer tout de suite, cela ne me dérange aucunement.

Cela n’est pas pour me déplaire, nous pouvons très bien discuter sur le terrain. Cela illustrera mieux la discussion également. Je hoche la tête de gauche à droite lorsque Mademosielle Veriano émet l’hypothèse que je puisse vouloir que nous nous installions quelque part pour discuter.

Nous pouvons commencer par aller jeter un oeil aux champs pour que vous vous rendiez compte des conditions de pousse des semences. J’ai prévenu nos agriculteurs que nous passerons dans les champs aujourd’hui pour étudier le terrain, il n’y aura aucun soucis. Nous pouvons commencer à échanger lors du trajet.

D’un geste, j’invite mes invités à monter dans la calèche avant d’annoncer notre destination au cocher. Montant à l’intérieur après eux, j’invite l’herboriste à se montrer plus familière avec moi, après tout, je suis nettement plus jeune qu’elle.

Mademoiselle Veriano, n’hésitez pas à m’appeler Onélie, cela sera plus simple. Pour en revenir au sujet qui motive votre visite, j’aimerai faire appel à vos services pour trouver une semence céréalière qui pousserait mieux sur nos îles que celles que nous employons actuellement et qui proviennent du continent.

Même si j’ai exposé notre problématique dans ma correspondance avec la Guilde Marchande, il me semble important de remettre les choses à plat.

Malgré la surface de champ relativement importante par rapport à notre population, nous ne récoltons actuellement que très peu de céréales. Pendant de nombreuses années, nous pensions que cela provenait de nos méthodes de cultures. Mais, malgré d’importants changements pour suivre le même schéma que le continent, nous n’atteignons qu’une fraction de ce qu’il est possible de récolter. L’hypothèse suivante que nos agriculteurs posent est que notre climat n’est pas adapté à ces plantes spécifiquement.

Si la technique de culture n’est pas significative, il y a certainement un facteur autre qui entre en jeu. Et la logique veut que l’on s’intéresse au climat des îles qui est très différent du continent.

J’aimerai lancer un essai avec une nouvelle céréales qui serait plus adaptée et donc avec un meilleur rendement afin que cessent les famines qui nous frappent années après années. Mais pour cela, j’ai besoin qu’un spécialiste se penche sur le choix d’une semence. C’est là que vous intervenez Mademoiselle Veriano. Cela vous semble t-il possible ?

J’espère qu’il est possible de trouver une semence pouvant pousser chez nous. Je suis certaine qu’il doit exister quelque chose, nos ancêtres cultivaient des céréales et les vieux livres de familles ne recensent pas de famines récurrente. Ils devaient bien avoir quelque chose pour subvenir suffisamment à leurs besoins.

La rousse écoute attentivement mes long monologue exposant de nouveau les raisons et attentes ayant menée à son embauche pour cette recherche de nouvelles céréales. Je soupire de soulagement lorsqu’elle annonce qu’il existe assurément une variété capable de se plaire dans nos contrée. Je suis certaine qu’il a dû exister une plante céréalière qui poussait à merveille il y a très longtemps mais je ne saurais dire pourquoi nous avons finalement abandonné ces cultures pour celles vendue sur le continent qui même s’ils semblent capable de trouver de nombreuses nouvelles variétés n’ont rien à proposer pour nos sols…

Cela semble très prometteur en effet. Je dois vous avouer que cela me rassure de savoir qu’il existe sans l’ombre d’un doute des candidats potentiels.

Une bonne chose, la demoiselle semble avoir déjà commencer à préparer le terrain en faisant quelques recherches génériques. J’observe avec attention ce qu’elle sort de son sac. Je reste bouche-bée devant la collection de graines qu’elle a emporté avec elle. Chaque petit paquet de graine porte une mention avec son nom. Noms qui ne me dise rien du tout mais qui doivent certainement avoir une signification pour elle. Un sourire éclaire mon visage lorsqu’elle explique qu’il s’agit de candidats qu’elle a préalablement choisi pour tester leur culture dans notre sol. Je suis heureuse de la savoir si sûre d’elle et en sa capacité à garantir le succès de l’entreprise.

Voir tout ça me ravit. Je souhaite toutefois vous faire part d’une subtilité que nous ne rencontrerons peut-être pas aujourd’hui. Les tempêtes ont tendance à déverser de grandes quantités d’eau salée sur nos sols. Cela ne se produit pas toute les années mais assez régulièrement pour que les sols soient légèrement salé.

Je n’y connais pas grand chose en agriculture mais chaque tempête de ce genre est suivi de près par une très mauvaise récolte. Le lien de cause à effet n’est peut-être pas aussi évident mais cela a peut-être une influence sur la pousse des plants. Une fois la boîte rangée à sa place, Jacob intervient pour demander s’il est possible d’obtenir l’assistance d’une personne doté d’une capacité magique bien particulière. La rousse explique les raisons d’une telle demande qui sont évidentes. Un gain de temps substantiel n’est pas à négliger pour elle, elle n’a pas que cela à faire que d’attendre que quelques graines germent. Prenant mon menton dans une main, je réfléchi à cette demande. En premier lieu me vient Klain, le jardinier des Landwig mais cela prendrait trop de temps de demander au parents de March s’il peuvent temporairement lui demander de me prêter assistance. En second lieu, je me remémore avoir déjà vu Edgar, un boulanger de Ladrim faire usage d’une telle capacité. Peut-être qu’il pourrait nous aider…

Cela devrait pouvoir s’arranger, quand pensez-vous avoir besoin de ce genre de service ? Demain peut-être ?


Bien que je préférerai me charger moi-même de lui demander son aide, si cela est nécessaire, j’enverrai notre cocher discuter avec lui. Je suppose qu’il participera à cette entreprise avec plaisir mais j’ai toujours une préférence pour échanger de vive-voix. M’adressant à Jacob et Mysora, je leur fait part d’une information que j’ai oubliée depuis tout à l’heure.

Au cas où, j’ai fait réserver une chambre pour chacun de vous dans la meilleure auberge de l’île. Ray pourra y emmener vos effets personnels pendant que nous serons dans les champs si vous le souhaitez.

Jetant un coup d’oeil autour de nous, je demande à Ray d’immobiliser la calèche. Partout, les champs s’étendent à perte de vue. En cette lune, les plants de blés ne sont encore que des tiges vertes d’une dizaine de centimètre de hauteur. Cela me semble un endroit parfait pour commencer à étudier le terrain, cela est représentatif des champs de l’île et non-loin de la ferme située à un petit kilomètre plus loin sur la route si nous avons besoin d’échanger avec le propriétaire du champ.

Je propose que l’on s'arrête ici pour aller regarder le terrain, qu’en pensez-vous Mysora ?

J’ouvre la marche dès qu’elle accepte ma proposition. Je me suis habillée pour pouvoir marcher dans les champs sans craintes de salir de beaux vêtements alors je ne m’attarde pas plus pour m’avancer entre les tiges de blé. Laissant Mysora préparer tout ce dont elle a besoin, je parle un peu du climat local.

En cette saison, les températures sont relativement clémentes et les pluies régulières. Au fil des mois, l’air va se réchauffer tout en se chargeant d’une certaine humidité permanente. Au plus fort de l’été, la température est de l’ordre de 40 degrés en moyenne.

Des informations assez simples sur l’évolution des températures et de l’humidité de l’air mais qui auront peut-être une utilité pour elle.

Si l’Archipel présente de nombreuses particularités climatique, Mysora se montre très rassurante sur la possibilité de trouver une plante pouvant prospérer ici, son assurance d’avoir déjà emporté une graine pouvant correspondre est agréable. Assurément, la jeune femme connaît son métier à la perfection. Avançant vers le champ, elle m’explique que le sel n’est pas spécialement un facteur forcément problématique pour les cultures et pouvant même être bénéfiques en quantité limitée. Quantité que je ne saurais pas du tout évaluer compte tenu qu’il doit certainement varier d’une année à l’autre et même au cours de la saison selon s’il pleut beaucoup ou non…

La quantité de sel peut-elle être mesurée ? Je ne me doutais pas qu’il pouvait aider à la fortifier la plante, par ici, nous jetons de l’eau de mer sur les mauvaises herbes afin de les éliminer.

J’ai encore beaucoup à apprendre si je veux pouvoir aider les citoyens de l’Île à avoir une vie plus douce… Il y a des choses sur lesquelles nous n’avons pas la main, mais je suis certaine que nous arriverons à faire quelque chose pour limiter les risques de famines… Arrivées au bord du champ, Mysora s’attaque sans plus de cérémonies à son oeuvre. Elle arrache un premier plan avant de l’observer succinctement. Elle réitère l’opération plusieurs fois avant de faire part de ses premières observations. Observations qui sont à la fois plaisante et effrayante… La bonne nouvelle est qu’elle semble avoir une bonne idée de ce qui nous pose soucis, la seconde est que c’est une maladie qui n’est pas éliminée par des méthodes simples… Elle me montre une des tiges pour que je puisse voir les tâches marquant la maladie.

Ce que vous me décrivez est assez effrayant, qu’est-ce qu’on peut faire pour éliminer cette maladie ? Comment avons-nous pu passer à côté ?

Comment ont-ils pu passer à côté de ses marques sur les pousses… Mysora prend rapidement les devants pour me rassurer sur le fait qu’il est normal que les agriculteurs soient passer à côté. Quand bien même elle soit chanceuse, il faut absolument qu’ils soient plus vigilant. Je prend la tige dans mes mains pour la regarder de plus prêt cherchant à comprendre le problème qui frappe nos champs.

Comment une telle maladie s’est développée ?

J’essaye de traiter le problème comme n’importe quelle problématique venant de nos cultures nacrière : origine, développement, traitement. Infliger un traitement quelconque à l’aveugle me semble plus dangereux qu’autre chose. Tout ce que j’espère, c’est que le traitement ne sera pas pire que la maladie à court terme...

Moi qui pensais que la solution était juste de trouver une nouvelle céréale à faire pousser dans nos champs. La situation est plus catastrophique que prévue maintenant qu’une maladie s'étend sur l’île…  Vu que la situation est identique sur les autres îles, elles doivent aussi être infectée… Mysora commence à faire des prélèvements de terre pour mesurer la quantité de sel tout en continuant de répondre à mes interrogations sur la maladie qui se répand lentement. Et elle confirme mes craintes, se débarrasser de cette maladie ne sera pas simple, pour ne pas dire jamais… Ma mine doit apparaître déconfite car elle prend un instant pour m’assurer de sa conviction de réussir à trouver quelque chose qui pourrait pousser ici avant de donner quelques consignes pour ralentir la destruction de nos cultures.

Je leur ferai parvenir rapidement ces consignes ainsi qu’au reste de l’Archipel qui présente aussi des soucis de productivités.

Au final, elle fait beaucoup de prélèvement de terre allant relativement profondément dans le sol. Je ne sais pas ce qu’elle recherche aussi profondément mais cela doit avoir une utilité. Mysora conclut ses prélèvements et m’interroge sur la disponibilité d’une zone de culture labourées pour ses essais.

Il n’y a pas de zones de prévue mais Monsieur Jacster peut préparer cela avec ses boeufs. Cela prendra nettement moins de temps qu’à la main. Nous pouvons aller le voir, sa ferme est à petit kilomètre de marche. Je vais envoyer Samuel chercher Edgar pour faire pousser les plans plus rapidement s’il est disponible. Cela vous convient ?

Je m’écarte de Mysora et Jacob pour aller informer Samuel, notre cocher, de sa mission. Il devra expliquer au boulanger pourquoi nous faisons appel à lui donc il est important qu’il comprenne bien l’objet de l’entreprise. Une fois cela fait, j’invite Mysora et Jacob à continuer avec moi à pied. La marche ne sera pas longue et sera certainement bénéfique pour l’herboriste.

Pendant que j’y pense, vous souhaitez une zone particulière ? Peut-être un carré où nous aurions la certitude que la maladie est déjà bien présente ?

Du haut de mes connaissances, cela ne me semble pas une mauvaise idée mais peut-être que je me fourvois complètement. La marche ne dure que quelques minutes jusqu’à apercevoir la ferme. Un regroupement de bâtiment et d’un large appenti. De loin, je peux voir Monsieur Jacster affairé autour de l’appenti qui abrite ses chariots, charrues etc… Lorsqu’il semble nous regarder, je lui fait un grand signe espérant attirer son attention. Chose réussie car il répond avant de commencer à s’avancer vers nous. Une fois regroupés, je fais un révérence au fermier avant de prendre la parole.

Bonjour Monsieur Jacster. Je vous présente Jacob, un émissaire de la Guilde Marchande et Mademoiselle Veriano qui nous fait l’honneur d’employer ses talents d’herboriste pour essayer de régler notre problème de récolte.

Oh, Mademoiselle Maple, je me demandais ce qui vous amenait ici. Monsieur, Mademoiselle, bienvenue dans ma modeste ferme. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?

Je souris à l’homme qui tend une main un peu boueuse à Jacob puis Mysora.

Mademoiselle Veriano aurait besoin d’un petit espace labouré pour mettre quelques plants en pousse afin de sélectionner les souches intéressantes. Est-ce possible ?

Comme j’vous l’ai dit l’autre jour, mes champs sont ouverts pour essayer des choses. C’est pas pour s’qu’on en tire que ça changera quelque chose… Qu’est-ce qu’il vous fait ma p’tite dame ?

Je me tourne vers l’herboriste pour qu’elle puisse décrire son besoin. Et nul doute que le fermier se mettra en quatre pour y répondre. Lui comme tous les fermiers de l’île ont tout à gagner à participer à cette entreprise.

Mysora ne perd pas de temps pour faire part de ses besoins en surface agricole pour ses essais de culture. En l’occurrence, elle n’a besoin que d’une surface relativement limitée et de préférence contaminée comme je l’ai proposée. Cela ne pourra être que bénéfique, une plante qui arrivera à pousser sur une telle parcelle devrait réussir à pousser un peu partout sur l’île et le reste de l’Archipel. Elle informe également Jacob de la maladie qui ravage nos champs tout en se montrant rassurante sur le fait que lui ou un autre agriculteur ne l’ait pas remarquée. L’affaire actée, Jacster part rapidement préparer son matériel et ses animaux pour labourer la parcelle que l’herboriste choisira. Pendant cette préparation, je me tourne vers l’herboriste pour l’interroger.

Mademoiselle Veriano, puis-je vous demander ce qui vous a conduit à de telles connaissances sur les plantes ? Assurément, cela ne se fait pas par hasard ?

Jacster revient rapidement avec un jeune homme. Certainement pas son fils qui a opté pour commencer sa vie en tant que matelot sur l’un des navires Maple mais sûrement un jeune du village volontaire et avec l’envie d’apprendre le métier. Immédiatement, nous partons en quête d’une parcelle intéressante. Mysora prend la tête pour la recherche des épis malades se fixant rapidement en arrachant une tige. A nouveau, je m’émerveille de voir à quel point elle peut être douée pour trouver ces épis. Après quelques échanges, les deux agriculteurs se mettent à leur labeur poussant leurs boeuf entre les épis encore dressés vers le ciel. Pendant qu’ils apprêtent la terre, Mysora me fait part des délais nécessaires pour tirer les premières conclusions avec ou sans l’aide d’une personne capable d’accélérer la pousse. Je souris quand elle fait tout de même part de sa volonté d’étudier la maladie. Peut-être trouvera-t-elle une façon l’éliminer aussi…

Samuel devrait revenir bientôt avec Edgar qui est l’un des quelques boulangers de l’île. J’espère qu’il pourra faire quelque chose pour nous. Si tout se passe bien, nous devrions avoir déjà commencer la plantation lorsqu’il arrivera.

Je surveille la route du coin de l’oeil quand même histoire d’être avertie de l’arrivée de la calèche.

J’espère vraiment que vous pourrez éclaircir le mystère de cette maladie. Je m’interroge également sur la façon dont la maladie a pu s’installer ici… Les archives font état de bonnes récoltes jusqu’à il y a environ quinze années.

Je n’ai pas pour objectif de jeter la faute sur telle ou telle personne mais il faut apprendre de tout pour que cela ne se reproduise pas à l’avenir. Il faut absolument que l’on arrive à obtenir une récolte stable et suffisante pour l’avenir. Jacster revient vers nous après plusieurs passages de ses boeufs pour retourner complètement la terre.

Et voilà, mesdemoiselles ! Je peux vous aider à semer si vous le souhaitez ? Je vais ramener les animaux et les outils à la grange et je reviens avec de quoi marquer les emplacements de chaque plantations.

L’homme est souriant et semble heureux de participer à tout ça. Il faut dire que, je l’espère, cela marque le début d’une nouvelle ère pour l’agriculture insulaire. Même un simple agriculteur doit être heureux d’être partie prenante dans une telle aventure.

Merci Monsieur Jacster. Pouvez-vous également ramener un peu d’eau pour tout le monde ? Samuel est partit chercher Edgar et nous n’avons plus d’eau du coup.

Je pense surtout à Mysora et Jacob qui ne sont pas habitués au climat de l’île. Cela serait gênant sur tous les plans s’ils venaient à se sentir mal. Tandis que les agriculteurs repartent vers la ferme, j’aide l’herboriste à sa tâche jusqu’à entendre la calèche. Prévenant Mysora et Jacob, je revient sur le bord du chemin pour accueillir les deux hommes. Si l’on ne sait pas qu’Edgar est boulanger, on le désignerait plutôt comme bûcheron. Métier qu’il a exercé pendant de nombreuses années avant qu’un arbre ne lui broie une jambe en lui tombant dessus. Les soins permettant de réparer de telles blessures étant coûteux, il boîte maintenant.

Edgar ! Merci d’être venus malgré ma demande surprise.

L’homme un peu bourru me sert dans ses bras sans considération aucune pour mon rang de noblesse, chose que j’apprécie chez lui.

C’est toujours un plaisir de vous aider Mademoiselle Onélie. Samuel m’a un expliqué la situation mais je ne comprend pas vraiment en quoi mon aide vous serait utile…

Je souris à Edgar heureuse de le voir aussi motivé à aider. Montrant la parcelle de cinquante mètres carrés, je lui explique succinctement.

Mademoiselle Veriano va conduire un essai de culture de nouvelles céréales ici. Nous espérions que vous pourriez exercer vos talents ici pour donner un petit coup de pousse à la nature.

C’est que vous n’y aller pas avec le dos de la spatule mademoiselle Veriano ! C’est une sacrément belle parcelle à faire pousser, je suis pas sûr d’arriver à faire pousser tout ça, peut-être un tout petit peu accélérer la germination et la pousse chaque jour.

Cela est vrai que je l’ai toujours vu faire pousser de toutes petites quantités de graines…

Bien entendu, je vous rémunérerai pour ce travail. Qu’en pensez-vous Mysora, cela vous aidera t-il un peu tout de même ?

Je me penche vers Edgar et lui murmure : Vous serez le premier à avoir un sac de farine des nouvelles céréales aussi bien sûr.

Après tout qui dit nouvelle céréales, dit nouvelles farines. Et si l’on a de nouvelles farines, il y aura de nouveaux pains à créer. Quoi de mieux pour motiver un boulanger fier de son travail ?

La culture des graines de Mysora m’a semblé bien suivre son cours. Malgré que cela ne soit pas nécessaire, j’ai pris le temps d’aller jeter un oeil au carré de culture où elle a planté les céréales qu’elle pense capable de survivre dans notre sol contaminé par une maladie. Grâce à Edgar, les plants ont poussés plus rapidement et atteignent déjà une taille correcte pour certains. Pour d’autres, même moi, je peux dire que le constat est mitigé. L’herboriste m’a fait passé une note pour me convier à son analyse finale des cultures et, je l’espère, le résultat de son étude des épis malades de la culture actuelle.

Habillée d’une petite robe blanche et d’un chapeau pour lutter contre le soleil et la chaleur écrasante du jour, je rejoint la zone de culture où nous devons nous retrouver. L’herboriste est déjà arrivée prête à attaquer sa tâche. Descendant de la calèche, je la rejoins.

Bonjour Mysora, comment allez-vous en cette très chaude journée ?

Habitante des îles depuis toujours, je suis habituée à des températures élevées mais celles du jour mettent ma maigre santée à rude épreuve. Sans que les guérisseurs n’arrivent à savoir pourquoi, je manque de souffle en permanence et encore plus quand il fait si chaud.

Quel est le programme du jour ? On arrache tout et vous observez les différents plants ?

Dans ce cas, c’est elle est qui est la spécialiste alors je lui laisse le loisir d'organiser les choses comme elle le souhaite.

Plusieurs jours sont passés lorsque Mysora décide d’organiser une rencontre avec Onélie afin de constater l’avancement de ses plantations. S’habillant de manière pratique, elle informe Jacob de leur départ après avoir prit un petit-déjeuner copieux, puis tout deux se dirigent vers la calèche qui doit les emmener auprès de la Noble de l’archipel. Une fois sur place, l’herboriste constate que leur hôte est déjà arrivée, celle-ci s’empressant de venir les accueillir.

« Je ne suis pas habituée au Climat de l’archipel, mais la chaleur est malgré tout supportable ! » Répond-elle à la question en replaçant un chapeau de paille sur sa tête. « Je suis venue plusieurs fois ces derniers jours constater l’évolution de la pousse, Edgar a d’ailleurs fait du bon travail. Je pense que nous pouvons déjà conclure quelles céréales sont les plus aptes à vivre sur ces terres d’un seul coup d’œil ! »

Accompagnée par Onélie et Jacob, elle s’avance en direction du carré qui lui a été attribué et commence à analyser chacune des semences, ne s’attardant pas sur celles dont les résultats ne sont que peu concluant. Au final, seule deux espèces attirent son attention : une Peraliacatae, céréale facile à cultiver et très productive, et la Trictum Maximus, cousine proche du blé parfaitement adaptée au climat de l’archipel. Elle déterre les deux épis et vient les poser cotes à cotes afin de les comparer. Elle s’aperçoit alors que la seconde semble s’être particulièrement épanouie et serait une candidate des plus appropriées pour être cultivée sur ces terres.

« C’est une très bonne nouvelle. Il semblerait que nous ayons une demi-douzaine de graines adaptés au climat des îles. Toutefois, ces deux que vous voyez ici sont les plus épanouies et je ne peux que vous conseiller de sélectionner ces deux espèces. Celle que vous voyez ici – dit elle en désignant la Trictum Maximus – sera une valeur sûre et malgré sa proximité génétique avec votre ancien blé, elle est capable de survivre à la maladie qui touche vos terres et apprécie particulièrement le climat. La seconde est également capable de vivre ici, le prix à verser pour en acquérir sera élevé mais ce ne sera jamais un mauvais investissement. » Conclut Mysora.

Tout s’est bien passé pour la culture des différentes céréales selon Mysora. Une fois que nous en aurons terminé ici, je ferai un tour à la boulangerie d’Edgar pour le remercier de ses efforts et déterminer avec lui une juste rémunération pour ce travail harassant. Sans plus de cérémonie, on attaque l’analyse des différentes cultures. Pour certaines, il est clair que l’île ne convient pas. Plusieurs carrés ne présentent que de minuscules plants tout rabougris qui ne donne pas du temps envie, tandis que d’autres présentent déjà de belles tiges délicates. Suivant les instructions de l’herboriste, je l’assiste de mon mieux pour la récolte. Je m’écarte un peu le temps que Mysora analyse les résultats préférant lui laisser du calme. Et lorsque les résultats tombent, je me rapproche. Deux céréales parfaitement adaptées à la culture sur l’île malgré la maladie, c’est une bien plus grande réussite que ce à quoi je m’attendais. Je prend un épis de la céréale qu’elle m’indique comme étant la plus intéressante des deux. Les feuilles de cette plante me disent quelque chose.

Je crois en avoir déjà vu sur l’île… Je me demande si elle n’est pas traitée comme une mauvaise herbe, ce serait une chose cocasse.

Mysora m’informe que la seconde céréale sera nettement plus chère à acquérir mais si nous en avons la possibilité, cela me semble une bonne chose que d’avoir une culture plus variée. Dans l’objectif de ne plus avoir besoin d’acheter chaque années des céréales sur le continent, cela me semble la meilleure chose à faire. Mais pas uniquement, pendant que les tests de culture se faisaient, j’ai réuni les fermiers de l’île et plusieurs choses sont ressorties de cette réunion commune…

Nous aimerions également savoir, pensez-vous qu’il soit possible de réutiliser une partie de notre récolte pour la culture de la saison suivante ? Nos fermiers avaient fait l’essai avec la précédente culture mais cela n’a pas fonctionnée.

Cela représenterait une économie substantiel pour les locaux, une farine moins chère au final pour tout le monde.

Mysora n’aurait pu me faire plus plaisir qu’en m’annonçant que l’on pourra sans mal réutiliser nos propres graines pour la récolte de l’année suivante. C’est à la fois un grand soulagement et une vrai chance pour l’Archipel de devenir véritablement indépendant du Continent sur le plan céréalier et diminuer fortement les risques de famines. J’espère que nous pourrons mettre ces nouvelles cultures en place dès la prochaine récolte. Le délai va être difficile à tenir mais nous y arriverons. Les agriculteurs de l’île sont pressés de commencer une nouvelle culture, une culture dont ils pourront être fier contrairement à l’actuelle plutôt décevante.

C’est parfait, je ne sais comment vous remercier pour toute l’aide que vous nous avez apportée Mysora.

Cela n’aurait certainement pas été possible sans son aide. Elle m’indique que nous pouvons disposer des quelques céréales encore sur pied. Je ne sais pas quoi en faire mais Jacster devrait y trouver une utilité. J’acquiesce sans mot dire. Au pire, il labourera et plantera quelques graines du maximus. Mysora se tourne ensuite vers Jacob qui la remercie de ses services et lui assure un juste retour de ses travaux exemplaires dans son rapport. Lorsqu’elle se tourne ensuite vers moi, je lui tend une main chaleureuse.

Votre aide aura été extrêmement précieuse dans ce projet Mysora. Je n’hésiterai pas à refaire appel à vous si j’ai une problématique d’herbologie à l’avenir. N’hésitez pas à m’envoyer un courrier si d’aventures vous reveniez dans l’Archipel pour quelques séjours, je serai ravie de vous revoir dans une situation moins formelle.

Je suis certaine que l’on pourrait bien s’entendre en dehors de ce cadre professionnel imposé par la mission fixée initialement.

Pourrez-vous me faire également parvenir vos conclusions concernant la maladie qui frappe nos champs ? Même si les céréales que nous avons pu sélectionner y sont résistantes, cela nous sera certainement utile pour sauvegarder la santé de nos champs.

J’aimerai que l’on arrive à éliminer cette maladie pour avoir la certitude que nous n’aurons plus de problèmes à l’avenir… Ce rapport n’est nullement pressé alors je laisse Jacob et Mysora partir en direction de Ladrim où ils pourront préparer leur voyage de retour sur le Continent.