Saison douce
Lors du festival du solstice, j’avais rencontré quelques propriétaires d’établissement de l’Etoile du Sud et on m’avait promis plusieurs invitations des lieux pour l’occasion. En soit, j’avais toujours refusé d’aller dans ce genre d’endroit mais en ce moment, mon envie de voyager est telle que si je peux fuir le bureau pour ne plus penser à Nyx, je n’hésite pas une seule seconde. Je vais en profiter pour rédiger les quelques rapports de la Couronne, ça fait presque un an que nous n’avons pas fait notre inspection et cette année, j’ai arraché le dossier au conseiller habituel. Je me rappelle encore sa tête et sa bouche si grande ouverte quand je lui ai dis que c’était moi qui irait. Il voyait alors ses petites vacances ruinées mais c’était une question de vie ou de mort cette fois-ci.
Le lendemain, je décide de partir avec Lancelot pour ce long voyage, peut-être cinq ans que je n’ai pas mis les pieds là-bas. Direction le Grand-port puis ensuite l’Archipel. Le voyage se fait sans accroc à mon plus grand plaisir, j’avais pris une cabine privée, ça aidait grandement quand nous débarquons enfin. On retrouve alors les mêmes plages paradisiaques, les grands bâtiments, les casinos et autres établissements plus ou moins douteux. Un comité m’attendait d’ailleurs.
- Bonjour Dame Du Lys, bien voyagé ?
- Bonjour, Monsieur O’Brien. Oui très bien voyagé. Monsieur Walsh, enchanté également.
Lancelot était dans mon dos, jaugeant les personnes qui accompagnaient les riches propriétaires. Mon pouvoir s’active et je ne vois aucune hostilité de leur part et nous commençons la balade dans les environs. Prenons la rue principale, on m’explique les nouveautés, le fonctionnement de certaines salles de jeux et autres endroits de détente. Cela dure des heures entières avant qu’on finisse de me lâcher à mon hôtel. Je laisse son après-midi avec Lancelot pendant que je profite des environs. Je prends une tenue plus confortable et moins sérieuse mais tout aussi élégante. Ma chambre avait une vue splendide sur la baie, la mer à perte de vue et l’envie de finir sur cette chaise longue se fait sentir aussitôt. Je descends et rejoins ce bout de bout de plage. Je pars au premier bar du coin et achète un jus de fruit mixé devant moi. Un parapluie et autres décors finissent dans le verre pendant que je continue de circuler le long du chemin côtier.
Il y avait quelques boutique en parcours, beaucoup de bijoux plus ou moins luxueux. D’ailleurs, le nom me dit quelque chose, je l’ai vu aussi dans la rue principale.Mais je n’arrive pas mettre le nom à cette histoire. Une jeune femme à côté de moi regardait scrupuleusement les étales, comme si elle faisait une inspection de celle-ci.
- Vous avez l’air très concentrée mademoiselle ! Vous cherchez un cadeau pour quelqu’un ou je me trompe peut-être.
Affichant mon plus grand sourire, je m’imagine Sekyung faire de même pour me trouver un cadeau, d’ailleurs elles ont certainement le même âge.
- Je peux vous aider si vous le souhaitez.
Au moins ça me fera passer le temps au lieu d’errer pour rien...
Quelque chose me trottait dans la tête depuis un bon moment maintenant… Depuis ma rencontre avec Red à vrai dire. Si sa présence dans l’île n’était que temporaire, la discussion a été particulièrement intéressante. Et surtout, l’image des nobles du Continent me trotte dans la tête sans fin… Des hommes et femmes avides de pouvoir et de cristaux, voilà comment il me les a décrits. Quelque chose que je n’arrive pas à comprendre, à quoi bon accumuler des cristaux si ce n’est pour en faire profiter les citoyens qui nous entourent ? Malheureusement, le second aventurier auquel j’ai eu affaire quelques semaines après ne s’est pas montré plus rassurant sur la noblesse du royaume. Lorsque j’ai voulu partager le fruit de mes réflexions avec Père, il s’est fendu d’un simple « Le royaume d’Aryon est bien différent hors des îles de l’Archipel. » avant de couper court à la discussion. Malgré mes retours à la charge, il n’a jamais voulu argumenter son commentaire. Ce mutisme inhabituel m’a pour le moins troublée jusqu’à ce que je surprenne une conversation en Frederica et Père. Ils parlaient de moi et de mes questions…
Il serait bon de faire quelque chose pour cela Monsieur. Onélie s’interroge sur le comportement de la noblesse du royaume et cela entrave son développement.
Ce n’est pas une chose que l’on peut lui apprendre ou lui expliquer, elle doit découvrir par elle-même la perversion qui touche le royaume. Sans cela, elle ne pourra rien apporter de bon à nos îles, Frederica.
Pour cela, il faudrait qu’elle quitte l’Archipel…
Hors de question, elle n’est pas prête à affronter ces requins insassiables. Pas tant que March ne sera pas assez fort pour l’assister et la protéger.
Puis-je dans ce cas proposer une alternative ? L’Etoile du Sud est une ville de l’Archipel et de nombreux habitants du Continent s’y rendent pour profiter du climat agréable et de nombreux « plaisirs » offerts sur place…
Je n’ai pas pu entendre la suite, dérangée par Mère qui approchait. Mais quelques jours plus tard, Mère m’a informé que l’on m’envoyait à l’Etoile du Sud pour parfaire mon apprentissage de mes devoirs de noble dame. Pourtant fière de connaitre une majorité des îles de l’Archipel, je ne sais presque rien de cette ville où ils veulent que je me rende. Je me demande ce que je pourrais bien y apprendre durant les quelques jours où j’y serai. Chose étonnante, seule Frederica m’accompagne. Pas de chaperon armé, pas de March, rien que mon instructrice et moi…
Débarquées au milieu du grand lagon où la ville est construite, Frederica s’est empressée de m’obliger à aller jusqu’à notre auberge. Une belle auberge bien tenue, typique de l’Archipel. Mais qui fait tâche au milieu des autres établissements. Tout cela est bien étrange à mes yeux, je n’ai jamais vue de telle constructions… Mais l’instructrice ne me laisse guère le temps d’admirer le paysage et les constructions, elle veut absolument que l’on dépose nos affaires à l’auberge avant de découvrir la ville. Pourtant, une fois mes affaires proprement rangées, Frederica m’autorise une sortie seule pour me promener un peu et découvrir la ville. Tout cela est de plus en plus étrange… C’est la première fois que l’on me laisse autant de liberté dans un endroit qui n’est pas sécurisé par ma famille ou celle de March. Est-ce que c’est ainsi que je dois apprendre les réponses à mes questions ? Je le découvrirai en me promenant surement… Je quitte l’auberge seule avec une petite bourse pour manger un petit gouter si je le souhaite et pourquoi pas trouver un souvenir à ramener à Mère et Père. Je déambule un moment dans les rues larges de la ville allant voir le lagon et ses plages, les constructions étranges etc. Après une bonne marche, je m’arrête pour acheter une pâtisserie locale pour combler le petit creux qui se forme dans mon estomac. Tout en grignotant, je m’intéresse aux étales vendant soi-disant des produits locaux. Plongée dans mes pensées à la vue de ces choses, je sursaute lorsque l’on s’adresse à moi. Me redessant, je fais face à une femme très jolie et certainement très distinguée vu l’élégance de sa tenue. A côté, je dois avoir l’air d’une roturière dans mes vêtements tout simples. Je m’incline rapidement en une révérence parfaitement exécutée.
Mes excuses si je vous gêne pour regarder Madame. Je regardais si je pouvais trouver un petit souvenir pour mes parents.
Enfin, jusqu’à ce que je me rende compte que ces choses n’ont rien de créations locales comme le vante ce marchand… Ma famille vend des perles depuis des dizaines d’années, j’ai appris à reconnaitre chaque variété. Et celles-ci ne sont pas originaires de l’Archipel, le crustacé à leur origine vit plus au nord, bien au-dessus de Pierranta… Et cela est une vérité pour la majorité des étales que j’ai pu regarder. Nulle part je n’ai vu de matériaux provenant de nos îles. Je fixe la femme dans les yeux lorsqu’elle me propose de l’aide pour choisir.
Je vous remercie de votre proposition madame… Mais je n’achèterai rien qui provienne de ces étales d’escrocs. Je vais continuer ma recherche de véritables créations de l’Archipel tant en terme de matériaux que de qualité d’exécution.
Le marchand a beau protesté sur la provenance de ses créations, je me contente d’un regard noir pour couper court à ses jérémiades.
- Oh je vois…. Donc il y a encore ce genre de commerce ici.
Le principe de cette île est de vendre du local surtout si sur l’étale c’est marqué que c’est de la région. Est-ce que je viens de débusquer un commerce mal intentionné ? Je devrais en parler au responsable de la zone Monsieur O’Brien, il saura quoi faire.
- Je crois que vous allez devoir fermer boutique mon cher.
- Vous êtes qui pour m’ordonner de faire une telle chose ?
- Quelqu’un qui en a le pouvoir tout simplement.
- Vous vous prenez pour la Reine Allys ? Vous me faites rire les riches ! Vous vous croyez tout permis.
- Vous prenez ça à la rigolade ?
- Je suis intouchable vous savez !
- Alors, je vais appeler le garde qui se trouve là-bas. Ca ne vous dérange pas, j’espère ?
- Il ne vous écoutera jamais !
Je fais un grand signe au jeune garde un peu plus loin. Il arrive aussitôt au pas de course quand il s’arrête tout d’un coup quand il aperçoit enfin mon visage.
- Ma.. Madame la Ministre, que-que-que puis-je pour vous ?
- Merci jeune homme de votre venue. Cet homme fait de la contrefaçon, pouvez-vous faire le nécessaire ?
- Oui Dame Du Lys !
Au garde de vous et prêt à faire son devoir, je décide de tenir compagnie avec la jeune femme.
- Allons cherchons quelque chose de plus atypique alors ! Vous me suivez ?
- Vous me le paierez !
- Oh bien sûr mais enfreindre la loi n’était pas la bonne solution vous savez...
- Maudite femme.
- Allons, allons...
Les mains derrière le dos, je continue ma balade et tombe sur une autre étale avec cette fois-ci certes pas l'appellation de l’Etoile du Sud mais c’était notifié la provenance de certains matériaux. Quelques pièces venaient de l’Archipel à mon plus grand bonheur.
- Bonjour Mesdames !
- Bien le bonjour, pouvez-vous me dire combien coûte cette broche avec le dragon de cerisier ?
Ça ferait un beau souvenir pour Sekyung, elle raffole de cet animal et j’attends toujours qu’un aventurier m’en ramène un. Ce n’était pas une chose facile à trouver mais je tenais absolument à faire ce cadeau pour son anniversaire. Le marchand était heureux comme tout, m’expliquant toute l’histoire de l’objet. Je l’écoute patiemment quand je tombe sur quelques boucles d’oreilles serties avec de beaux éléments.
- Pour votre mère, ceci peut être parfait. La perle à une belle régularité mais le travail d'orfèvre autour est impressionnant. Les quelques détails qui se trouvent ici rends l’objet saisissant enfin c’est mon humble avis.
- Madame est connaisseuse !
- Non loin de là mais j’aime les jolies choses. D’ailleurs, je vous achète la broche.
Je lui souris avant de lui demander de faire un emballage cadeau de mon achat. Je lui donne quelques cristaux avant de m’intéresser de nouveau à ma jeune “ protégée “ du jour.
Je regarde la femme venue me proposer son aide d’un regard circonspect lorsqu’elle commence à s’en prendre au marchand vendant ses produits sous une appellation qui ne correspond pas à la réalité. Je trouve sa réaction un peu extrême de jeter ce pauvre homme comme un malotru. Je ne m’attendait pas à une telle action, je ne comptais que réclamer qu’il cesse de vendre ses produits comme des créations provenant de l’Archipel et fabriquées avec les matériaux luxueux des îles… Et les Gardes locaux semblent lui obéir au doigt et à l’œil. Le jeune homme à peine plus âgé que moi l’a appelé Madame la ministre. Je me creuse la tête un instant pour retrouver quel ministre porte le nom de Du Lys avant de réussir à associer le nom et le poste de la femme. Première ministre… Je suppose qu’elle a bien le pouvoir de faire fermer cet étale mais cet homme doit lui-aussi avoir une famille à nourrir. Cette méthode extrême pour régler un « petit » problème me laisse perplexe, cela n’aurait rien couté de discuter un peu avant d’en arriver là. Lorsque la première ministre m’invite à aller chercher une étale plus authentique avec elle, je regarde la scène du marchand surveillé par le Garde. Je me sens mal pour cet homme et sa famille… Et je peux comprendre la colère du marchand mais pas qu’il menace ainsi une autre personne.
Je suis la ministre sans vraiment ouvrir la bouche de peur de déclencher une nouvelle réaction démesurée de la part de la première ministre. Intérieurement, je soupire lorsqu’elle s’arrête devant une étale où je reconnais certains matériaux locaux. Au moins, le marchand ne se vante pas vendre uniquement des produits locaux juste certains qui sont fabriqués avec les matériaux locaux. Celui-ci ne risque rien au moins… Elle s’intéresse rapidement à une broche en forme de Dragon de cerisier interrogeant le marchand. La laissant discuter avec l’homme, je me penche pour regarder les bijoux portant la mention certifiant que les matériaux viennent de nos îles. Je reconnais quelques perles que vend ma famille. Pas les plus belles, leur prix est trop élevé pour une telle échoppe mais de belles perles noires aux beaux reflets métalliques. Elles ne sont juste pas parfaitement ronde, un défaut qui fait rapidement baisser leur prix malgré leur rareté. Quelques bois exotiques accompagnent également les perles. Tout cela est plutôt bien mis en valeur. Je lève les yeux lorsque la ministre Du Lys me propose des boucles d’oreilles comme présent pour Mère. Je souris à son commentaire qui vante les mérites de nos perles ainsi que le travail de l’artisan. J’attends patiemment qu’elle ait conclus son achat avant de commenter à mon tour.
En effet, elles sont très jolies mais je voudrais essayer de trouver quelque chose qui ne soit pas composé de matériaux que ma famille vend.
Oh, vous êtes une membre de la famille Maple ? Enchantée de faire votre rencontre, je suppose que vous devez être Mademoiselle Onélie.
Le marchand me tend une main par-dessus son étale que je serre avec un sourire. Je suis contente de voir un marchand honnête. Encore plus qu’il fasse honneur à nos îles en étant aussi courtois et de bonne intention.
J’espère que les perles noires de l’Archipel vous satisfont ? Tout ce que je vois ici est magnifique, félicitation pour votre magnifique travail. Je vais vous prendre cette broche à cheveux.
Je pointe une broche toute simple composée d’une épingle dorée, d’une perle d’ambre emprisonnant une fleur et d’un pompon gland en fils doré. Pas pour mère, juste pour moi, je l’aime bien. Cela me fera un souvenir de mon séjour ici, même s’il n’a pas spécialement commencé sous les meilleurs augures… Après avoir donné les cristaux au marchand et l’avoir salué, je continue quand même la promenade avec la Première Ministre allant même jusqu’à lui faire part de mes interrogations concernant son intervention auprès du premier marchand…
N’était-ce pas un peu démesuré comme action Madame ? Cet homme doit avoir une famille à nourrir…
J’essaye de me souvenir qui sont les Maple sur cette île. Ce nom me dit rien dans les divers évènements qu’on a pu faire ses derniers temps quand le marchand évoque les pierres. Mais oui, c’était une riche famille qui s’occupait de diverses activités dans l’Archipel. On dit qu’au début de notre ère, c’était une famille de pirates redoutables mais certains ont choisi une voie plus sérieuse suite à un compromis avec le roi de l’époque. Un traité de paix dirons nous face à la montée du pouvoir de diverses familles pirates.
Si je fouille un peu plus dans ma mémoire, comme chez nous sur le continent, il y avait des grandes familles et Maple en faisait partie mais ce n’est plus mercenaires d’antan, des familles nobles comme les autres sur le bout de caillou. Quoi qu’il en soit, on peut voir que cette famille est respectée. Elle effectue ses achats et nous partons de nouveau sur cette promenade. Il a fallu peu de temps pour que la petite revienne sur ma décision. Son ton ne semble pas enjouée, comme un air de reproche, peut-être qu’elle n’a pas la même vision que moi et préfère ajouter quelques explications.
- Je pense que beaucoup de marchands pensent que corrompre la Garde est facile et peuvent effectuer leurs affaires sans être soucier de représailles. Il est certain que chacun tombe dans ce genre de commerce pour se faire de l’argent. Certains par nécessité, d’autres pour l’appât du gain. Il est facile ici d’embobiner les clients ici qui viennent pour le m’as-tu vu, ils sont riches, achètent et ne se soucie pas du reste. Si nous autorisons ce genre d’activité, le commerce des vrais perles sera lésé et le prix de la perle également car les autres étales ne seront pas concurrentielles. Je ne doute pas que vous savez pertinent le travail qui en coûte pour avoir une perle de qualité.
C’était la triste réalité de l’artisanat et je redoute que si ça continue, la Capitale n’aura plus la main mise sur ce commerce qui dégénère. Nous avons très peu de présence militaire par ici comme à la Ville Aquatique. Nous assurons la sécurité essentiellement à la Frontière, au Grand-Port et à la Capitale, le reste est assez mitigé mais notre Etat-Major l’a décidé ainsi.
- Quoi qu’il en soit si vous inquiétez pour cet homme. Il ne risquera relativement rien à part perdre sa journée de travail. Ce n’était qu’un avertissement, je comptais passer au poste de Garde pour arrêter les accusations contre lui. Il y a déjà quelques marchands qui me regardent d’un mauvais oeil et mon intervention a bien fonctionné. Vous pouvez penser ça extrême mais voler le travail et le mérite d’autrui est quelque chose que je veux faire arrêter.
Je regarde alors la plage et observe ce groupe d’enfants qui jouaient avec un frisbee. Ils se chamaillent et je vois même la plus petite fille qui essaye de récupérer le jouet au plus grand. D’ailleurs il s’amusait à la faire tourner en bourrique que l’un d’eux, décide de le lancer le plus fort possible. Malheureusement, le garçon rate la réception et fonce droit vers nous. J’arrive à l’attraper in extremis (dé : OUI) et renvoie le projectile vers eux.
- Enfin.. Vous aurez fait quoi à ma place. Je suis bien curieuse de savoir votre solution à ce problème.
J’active alors mon pouvoir pour connaître la sincérité de son propos, ça serait trop facile sinon.
Mon commentaire semble avoir piqué au vif la Première Ministre qui se lance dans une longue tirade pour justifier sa décision. Je suis d’accord sur le fait que l’on ne peut pas laisser un commerce frauduleux s’installer mais il y a certainement un autre moyen qu’une mise en accusation vis à vis de la Garde. Mais je dois dire que je trouve les clients qu’elle décrit tout aussi condamnable que le marchand. Depuis quand l’on achète des choses sans y prêter attention ? Définitivement, ces continentaux sont bien étranges…
Avoir une perle de qualité est un travail significatif en effet mais je doute que leur prix s’effondre aussi facilement. La Capitale raffole des perles noires de l’Archipel. Aucune perle blanche ne leur arrive à la cheville.
Bien que cela soit deux perles très différentes, l’une est facile d'accès et se trouve facilement, l’autre est jalousement produite sur l’Archipel. Je soupire, un peu soulagée, lorsqu’elle annonce que le marchand ne risque pas grand chose. Il perdra une journée de vente et sera libre ensuite. Je continue tout de même que cette attitude basée sur la sanction n’est peut-être pas le meilleur moyen de faire… Après tout, maintenant, elle est l’ennemi public numéro un des marchand du coin. Et elle semble en tirer une certaine fierté. Peut-être est-ce inhérent à sa position de premier ministre mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi elle s’éloigne volontairement des simples citoyens du royaume. Par réflexe, je m’écarte lorsqu’un frisbee se dirige tout droit vers nous alors qu’un garçon a raté sa réception sur la plage. Depuis longtemps, j’ai appris à ne pas tenter de me saisir de ces choses. Petite, cela déclenchait systématiquement ma capacité d’absorption… J’ai souvent été blessée par des broutilles de ce genre avant que mes parents décident de me faire porter mon armure… Aujourd’hui, ce n’est plus un soucis mais les habitudes ont la vie dure. Une fois le projectile renvoyé par Du Lys, elle m’interroge sur la façon dont j’aurais gérer le problème.
Certainement en essayant d’abord de discuter. Tout le monde ne sait pas que nous vendons des perles de qualité inférieure à un prix correct pour n’importe quel artisan. Cela aurait peut-être rapporté un nouveau client à ma famille. Comme vous l’avez vu, ce n’est pas parce qu’une perle n’est pas parfaite qu’elle ne permet pas de fabriquer de beaux bijoux. Bien au contraire, je trouve que leurs imperfections augmente leur charme.
Un jeune homme s’approche de nous en tirant un petit chariot et proposant ses boissons glacées à tue-tête. Je ne sais toujours pas pourquoi Père a tenu à m’envoyer ici mais je compte bien découvrir cela en étudiant tout ce que je peux trouver à l’étoile du sud. J’avise le jeune homme et lui demande l’une de ses boissons. Il me présente toute une liste de saveurs pour certaines inconnues… Cela doit venir du continent.
Qu’est-ce que la baie des grottes ?
Il s’agit d’une baie qui pousse dans les grottes humides. Celles-ci ont été récoltées non-loin de l’Arbre Sacré. Leur saveur est particulière, un mélange entre le réglisse et chocolat, tout le monde n’apprécie pas, vous souhaitez goûter ? Vous aussi madame ?
Volontier !
Avec un sourire, le jeune homme commence sa préparation à base de crème et de fruits glacé qu’il broie dans un pilon. Je l’observe faire curieuse jusqu’à ce qu’il verse le tout dans deux tout petits gobelets contenant une bouchée chacun. D’abord liquide, le liquide se solidifie rapidement entre ses mains jusqu’à émettre une petite fumée froide.
Et voilà ! Bonne dégustation !
Je plonge le petit bâtonnet qu’il me tend dans la crème gelée pour récupérer de quoi goûter. La sensation de froid est amusante et cela fond rapidement sur la langue, c’est amusant. Le goût est effectivement particulier mais j’aime bien ce petit côté amer.
Je vais vous prendre une coupe avec cette saveur !
Pendant qu’il prépare ma coupe de crème gelée, je l’interroge sur les possibilités de travail qu’il propose. Sait-on jamais, cela pourrait être intéressant pour animer au prochain festival de l’Île Centrale ou pour d’autres occasions.
Vous travaillez exclusivement à l’Etoile du Sud ou il vous arrive de voyager dans les Îles de l’Archipel ?
Pour tout vous dire mademoiselle, je n’ai jamais eu l’occasion de me rendre sur les autres îles. Il y a toujours des clients par ici mais pourquoi pas, cela pourrait être intéressant de rencontrer de nouveaux clients.
Si d’aventures, je souhaitez faire appel à vos services, où puis-je vous contacter ?
Vous pouvez envoyer un courrier au centre de commerce de l’Etoile du Sud pour La Glace Éternelle, j’y passe régulièrement. C’est le moyen le plus simple. Cela fera cinq cristaux sombre pour vous mademoiselle.
Je récupére ma coupe après avoir déposé les cristaux dans la paume du jeune vendeur. Une fois celui-ci repartit avec son chariot, je reprend la discussion avec la première ministre.
Notre spécialité est de nouer des liens commerciaux cordiaux avec les gens, les résultats sont bien meilleurs que par l’agression selon Père. Prenez l’exemple avec ce jeune homme, je suis certaine qu’il sera un atout non-négligeable lors du prochain festival qui s’organisera sur l’Île où j’habite. Pour l’instant, il se dit surement que mes questions n’étaient que du vents mais lorsqu’ils recevra un courrier pour lui offrir un travail, il se souviendra de moi en de bon termes. Nous prendrons en charge ses frais et payeront généreusement pour qu’il offre gratuitement ses crèmes gelées aux habitants. Tout le monde sera gagnant et heureux. C’est aussi simple que cela, Madame Du Lys.
Être dans l’agression, c’est poussé les autres à faire de même. Pourquoi ne pas travailler les uns avec les autres pour avancer plus loin et grandir plus rapidement. C’est une stratégie qui a fait ses preuves sur l’Archipel, je ne comprends pas pourquoi le Continent semble avoir une vision si différente…
Cette jeune femme m’étonne. Elle semblait prompt à débattre de la bonne manière de faire. Je l’avoue que je ne connaissais pas la bonne réponse et je me suis même légèrement emportée, même si c’était resté très cordial. L’homme essayait dès le début d’asseoir sa position sans pour autant essayer de m’écouter. Nous étions en conflit dès le début, rien ne pourrait sortir de bon puis il m’a énervé et… j’ai montré qui était la plus forte. D’autres auraient demandé bien pires pour cet homme comme châtiment et je m’amuse à imaginer la réponse de Queen Milan. Aurait-elle au moins parler au marchand ? Aucune idée mais les insultes auraient jailli de sa bouche !
Une autre marchand arrive avec son chariot et si je continue à goûter tout ce qu’il passe devant mon nez, je ne survivrais jamais à ce voyage. Il m’avait piqué au vif avec sa saveur réglisse -chocolat. Curieux mélange mais je prends moi aussi un gobelet. C’était délicieux et décide de prendre une coupe pour déguster le long de la plage. L’artisan prépare ça avec soin pendant que la jeune femme commence son interrogatoire. Est-ce sa façon de me dire que la diplomatie est une meilleure solution ? Nous n’avions pas du tout le même statut. Je représente l’autorité, je suis le bras droit de la Reine, personne a de réactions honnêtes face à moi, tout était faussé. Mais en parlant de ça, malgré mon statut, la jeune femme n’a rien changé depuis le début de notre conversation. Je vois aucune peur en elle, ni d’intimidation. Je ressentais sa fierté et sa volonté d’aider. Nos commandes sont enfin finies et payons chacunes nos parts.
Nous reprenons notre discussion et je comprends son avis mais je trouvais les situations point comparable.
- Je vois très bien de quoi vous parlez. Si j’étais dans une perspective de prospection, j’aurai fait la même chose que vous mais ce n’était pas le cas tout à l’heure. Je prône également la diplomatie mais certaines personnes ne comprennent malheureusement pas autrement que par les actions. Les paroles s’envolent, les écrits restent Miss Maple. Mais je vois que votre père vous apprends de merveilleuses chose.
Quoi qu’il en soit, cette discussion tournera en rond quoi que je dise car à chaque situation, sa solution. Je crois que même avec tous les efforts qu’on veut, on ne peut améliorer certaines situations. De nombreuses fois, je me suis sentie impuissante alors à quoi bon.
- Et si nous parlions d’autres choses ? Ici nous sommes à l'île de toutes les luxures et beaucoup retiennent que ça de l’Archipel. Vous avez un magnifique patrimoine comme Labynrathia, Ildoré et bien d’autres encore, est-ce que vous prévoyez des choses ? Je sais que votre famille est très impliquée ici.
Il n’y avait pas de gouverneur pour cette partie de territoire. C’était même étrange car la Ville Aquatique avec son propre responsable et je trouverai plus logique que l’archipel aussi surtout vu le territoire de Grand-Port. De cette manière, ça laisse plus d’indépendance à des familles comme ses ex-pirates, peut-être même trop mais nous avons encore aucun problème majeur alors il ne faut pas s’inquiéter.
- Je ne sais pas si vous êtes venus à nos festivités pour le nouvel An, je sais que ça rapproche beaucoup. La guilde, la garde et le ministère ont travaillé ensemble, le résultat fut exceptionnel. Peut-être avez-vous des idées de ce genre vous aussi non ?
Nos coupes gelées payées au jeune commerçant, nous reprenons notre déambulation le long de la plage. Assurément certaines personnes ne comprennent pas la diplomatie mais cela n’interdit pas de commencer par échanger avec la personne. Si cela ne débouche sur rien, il sera alors largement temps de passer à la vitesse supérieure. Même si nous semblons avoir des fonctionnements assez proche avec la première ministre, la méthode pour parvenir à nos fins semble très différente… Je souris lorsqu’elle complimente ce que Père m’apprend depuis toute petite. En tant qu’héritière des Maple, Père et Mère ont veillés à ce que les valeurs de notre famille soient au coeur de mon éducation. Chaleur et bienveillance avant tout, rigueur du commerce et esprit de négociation en seconds. March me fait toujours rire en me surnommant “Petite Reine de de l’Archipel” car les habitants de l’Île Est m’apprécie tout autant que les habitants de l’Île Centrale. Selon lui, ils m’apprécient bien plus que son propre frère qui héritera du commerce des Landwig. Je fais la moue lorsqu’elle décide de changer de sujet pour balancer que les visiteurs de l’Archipel ne retiennent que cette cité dépravée et bien loin de la beauté de mon monde. Comme si un archipel aussi multiples que le nôtre pouvait être résumé par une petite création insignifiante qu’est l’Etoile du Sud.
Ces îles ne font pas partie de l’Archipel madame, bien qu’elles soient certainement magnifiques. Les huits îles de l’Archipel forment déjà une magnifique création naturelle. Pierranta est l’île la plus proche de l’Archipel et se situent déjà largement plus au nord.
Intérieurement, je soupire. Même les personnes hautes placées dans le royaume ne connaissent pas la géographie des îles du royaume… Ce n’est pourtant pas si compliqué.
Ma famille est en effet très impliqué dans la vie locale au même titre que nos partenaires. J’aime à croire que nos activités commerciales participent à maintenir une vie florissante et respectueuse de chacun au sein des îles. Dans tous les cas, nous nous y employons. Avec mon fiancé, nous essayons d’amener de nouveaux talents à s’installer sur nos magnifiques îles.
Les îles manquent de mains-d’oeuvre dans certains domaines comme la construction. Nombres de nos habitants sont pêcheurs, matelots ou travaillent dans des chantiers navals… Finalement, nous manquons de forces-vives restant à terre pour entretenir les diverses constructions et en faire sortir d’autres de terre. Nous manquons également d’aventuriers motivés pour parcourir la mer et les îles de l’Archipel pour garantir la sécurité des habitants. La Du Lys en vient à me demander si j’ai participé aux célébrations de la nouvelle année en vantant les mérites du travail accomplis en collaboration et ses bénéfices.
A vrai dire, je suis resté chez moi. Enfin sur l’Île Centrale, nous avions organisé des festivités pour les habitants de l’île. Le voyage vers la Capitale représente un coût très important, il nous a semblé plus juste de rester auprès de nôtres pour célébrer cette nouvelle année.
Cela n’était certainement qu’une toute petite fête comparé à celle de la Capitale mais le port s’est agréablement transformé en une tablée géante pour accueillir tout le monde lors d’un festin. Ce genre de festivité était organisée un peu partout dans l’Archipel par les différents nobles.
Je suppose que la prochaine célébration qui agitera l’Archipel sera un mariage entre les familles nobles. Peut-être le mien qui sait, pas avant une année au moins j’espère.
March et moi… Même si nous n’avons jamais développé de sentiments amoureux l’un pour l’autre, nous nous sommes fait à l’idée qu’il faudra faire avec. Comme le dit souvent Mère, l’Archipel a besoin de nobles prêts à se sacrifier pour ses habitants. Cela doit être mon sacrifice…
Et vous madame ? Les nouvelles ne parviennent qu’au compte-goutte jusqu’ici, un mariage est-il prévu pour bientôt ? Ou un mariage royal qui sait ?
Je suppose que l’on en aurait entendu parler jusqu’ici si le Prince ou la Princesse avaient enfin trouvé une moitiée convenable pour partager leur vie mais sait-on jamais.
- Ah pardonnez moi alors pour cette bévue. Je pensais que ces îles appartenaient à l’Archipel vu leur proximité. Je m’en vois désolée de cette erreur.
C’était la première fois que je commettais une erreur de ce genre et cette sensation était désagréable. Moi qui pensait savoir de centaines de choses, je comprends que je dois continuer mes efforts pour ne pas revivre un instant pareil. Plus curieuse que jamais, je m’approche de la demoiselle et prends bien note de tout ce qu’elle dit. Peut-être même un peu trop curieuse mais c’était la première fois que je rencontrais un local qui en savait tant, je n’imagine pas si j’avais un entretien avec son père.
- Oh un fiancé ! Félicitation !
Je vois que ce couple avait de la suite dans leurs idées. Rendre ces îles plus attractives, développer commerces, tourisme pour améliorer la qualité de vie de la population. Je ne connaissais pas son fiancé mais lui aussi j’avais envie de le connaître. Il y avait vraiment des spécimens intéressants ici !
- Je serai heureuse de participer à ces festivités et si vous avez besoin de quelque chose de la Couronne, n’hésitez pas, je verrai ce que je peux faire.
Le budget pour le ministère de la culture était assez important et des citoyens heureux, était la préoccupation principale de notre Reine. Puis comme elle le dit, un mariage, c’était un moment amusant mais pour cette petite je perçois des émotions négatives. Est-ce que je devrais lui dire quelque chose ? Je ne la connaissais pas et je sais que son opinion sur moi est faussée. Qu’est-ce qu’elle dira quand elle comprendra que je peux lire ses pensées en quelque sorte. Non, ce n’est pas le moment de discuter de ça avec elle, on voit ce que ça a donné la dernière fois que j’ai voulu parler avec une ado, la princesse a fini par fuguer à l’autre bout du pays ! Je passe devant une autre étale et je m’en rends compte du nombre important de celle-ci sur la côte, il y avait quoi faire avec tout ça. Fort heureusement que ce n’était pas la nourriture, je crois que mon estomac ne sera pas capable de manger autre chose pour l’instant mais juste un petit stand qui assemble des coquillages pour faire bijoux, statuettes et autres. Je m’arrête un instant pour observer ce floki en coquillage, je trouvais ça totalement mignon mais j’essaye de garder une expression neutre mais un petit sourire en coin me trahit, je le sens quand le vendeur me tends la statuette que je regardais. Je finis par craquer encore et achète ce énième souvenir et donne quelques cristaux au marchand. Je laisse à Dame Maple de faire de même avant de partir de nouveau.
- Vous parliez de mariage mais vous savez, la Reine n’est pas pressée de voir marier ses enfants. D’ailleurs depuis quelques générations, les mariages arrangés se font de moins en moins. Ma mère essaye avec moi depuis des années mais j’ai eu le courage de dire non. Je crois que nous vivons dans un monde où on peut le faire nos propres choix.
Je me rappelle encore quand j’ai décidé de faire une exploration avec Jin et ça a fini dans un fiasco complet. Oui écoute ton coeur Haru, c’était une très bonne idée...
- Après si vous voulez tout savoir, je ne vois aucun mariage de prévu au Palais, ni le mien d’ailleurs !
Je suis techniquement célibataire et je ne sais même pas ou va mener ma “ relation “ avec Jin. Ca fait un certain temps que je ne l’ai pas vu, il doit avoir certainement des missions urgentes et je ne sais même pas quoi lui dire d’ailleurs. “ Salut, alors… bah tu vois.. Je suis libre de tout engagement “. Super entrée en matière comme début de conversation… Je glisse la statuette dans mon sac et j’essaye de penser à autre chose.
- Sinon je me demandais, qu’est-ce qu’il vous plaît le plus ici sur votre Archipel ? Qu’est-ce qui vous empêche de partir ou au contraire, qui donnerait envie par exemple à moi d’y rester ?
La réaction de la ministre est pour le moins déroutante… Elle a vraiment l’air heureuse de me savoir fiancée. Ce qui me désole un peu et en même temps, sa proposition de participer à nos festivités locales est chaleureuse. C’est une bien étrange personne que cette femme aux multiples facettes. Elles semble bien différente de celle que j’ai rencontré un peu plus tôt. Serait-elle un peu bipolaire ? C’est peut-être le résultat d’une vie sur le Continent, ça ne fait pas envie du tout. Tout en marchant et discutant avec elle, je constate que les commerces sont anormalement nombreux dans cette ville par rapport aux simples habitations… Si j’ai bien suivi ce que m’a dit la Du Lys, cet endroit n’est pas à proprement parlé une “ville de l’Archipel”, j’ai la nette impression que ce lieu ne vise qu’à vider au maximum les bourses de riches continentaux… Ces habitants ont succombés à l’appat du gain que Red m’a décrit lors de notre rencontre, ne laissant que les cristaux dicté leur vie… Cet endroit n’a rien en commun avec le reste de l’Archipel. Réfléchissant à tout ça, je suis juste la femme face à la mer. Elle s'arrête pour continuer à acheter des souvenirs. Elle a au moins le mérite d’acheter des choses provenant réellement de l’Archipel, certes de petites choses sans grande valeur mais fabriquée par les habitants avec ce que la mer leur offre. Tandis que je fais l’acquisition d’un pendentif fabriqué dans la carapace d’un tortugram, qui je l’espère fera plaisir à ma chaperonne, Haru me fait part des dernières nouvelles concernant les mariages royaux, et accessoirement, le sien.
Ce n’est pas plus mal, en temps de paix, il est bon de penser au bonheur de nos dirigeants pour que cela rayonne sur les citoyen. Ne pensez-vous pas cela ?
La guerre ouvre la porte aux alliances politiques et aux mariages arrangés pour créer des alliances mais en temps de paix, cela n’est pas nécessaire. Enfin, tout dépend de la zone du royaume… Je ne suis pas certaine que l’on puisse décrire l’Archipel comme étant en paix comme le Continent pas avec les famines qui guettent chaque années… Elle finit par conclure qu’aucun mariage royal ne se profile tout comme le sien malgré les efforts de sa mère.
Cela est bien dommage, je suis certaine qu’un mariage princier rendrait heureux la population. Mais n’avez-vous aucun prétendant Madame ? Il est étonnant qu’une dame de votre rang ne soit pas courtisée.
Étrange surtout quand on considère qu’elle a une très bonne position proche de la couronne… A moins qu’elle ait un certain “type” de partenaire ou des habitudes étranges. Cette femme est de plus en plus mystérieuse et étrange à mes yeux… Préférant changer de sujet, elle m’interroge sur ce qui me fait aimer l’Archipel. Je réfléchis quelques secondes à ma réponse.
Si je devais vraiment choisir, je dirais la vie dans l’Archipel tout simplement. Il est parfois un peu rude de vivre dans les îles mais vivre ici est simple et agréable. J’aime à croire que chaque habitant des îles est membre d’un tout qui participe à cette harmonie. Et pour vous répondre, rien ne me donne envie d’en partir, j’ai toujours vécue ici et les îles m’apportent toujours autant d’émerveillement.
Ce sont mes îles, une réserve unique et intarissable d’émerveillement et de magie.
Quant à vous garder ici, il vous suffirait de venir sur l’Île Centrale où ma famille vit pour tomber amoureuse de l’Archipel.
Je souris à la femme sûre de moi. Après tout, il n’y a assurément rien de plus beau que l’Archipel au monde.
Plus sérieusement, je suis certaine que le calme insulaire vous plairait. Venez en fin de saison douce, vous y découvrirez un vrai paradis. Le calme, les paysages verdoyants, c’est toujours une nouvelle vision qui s’offre à nous. Et si l’on se lasse des paysages terrestres, il est toujours possible d’aller en mer pour le calme de l’océan. Vous n’êtes jamais aller en dehors de cette ville lors de vos visites à l’Archipel ?
Baser son avis sur la simple vision de cette ville serait une erreur importante tellement, c’est différent.
- Je ne suis pas friande de toutes ces cérémonies mondaines. Plus jeune, j’accompagnais ma mère mais maintenant que je peux m’en passer, je profite pour éviter de toujours voir les mêmes têtes depuis des lustres. Ce qui pour le coup, réduit ces parades de prétendants à tout bout de champs. Puis il me restait à trouver l’amour sur mon lieu de travail mais hélas, ça a toujours son lot de complication. Mais promis, si le Prince se marie, je vous enverrai directement un carton d’invitation.
Maintenant, je sais pertinent que sortir avec un collègue n’était pas la meilleure solution. Ici, Nyx a préféré démissionner que de rester au gouvernement mais si l’inverse se serait passé ? Si elle aurait voulu rester, je n’imagine pas les échanges qui auraient découlé de ça. Enfin, on ne refait pas un monde avec des “ si “ alors essayons de penser à autre chose. Je finis de déguster mon pot de crème glacée et réfléchis à une vie possible ici à l’Archipel ? Je n’ai vécu en bord de mer et il faut avoir que toute ma vie se trouve à la Capitale. Ma demeure, ma famille, mes amis, mon travail mais également Jin… Il faudrait que je le revois depuis le temps mais je n’y arrive pas alors qu’il suffirait de prétexter une simple visite des travaux de son bureau mais non… c’était encore trop dur d’envisager une quelconque discussion avec lui sur un “ nous “. Quoi qu’il en soit, la petite savait y faire dans ses arguments.
- Dame Maple, vous faites une excellente publicité de vos îles ! Il est vrai que la vie a l’air beaucoup plus simple ici mais c’est difficile de faire des comparaisons quand moi je me trouve à la Capitale. La vie politique se trouve là-bas et bien sûr son lot de complications. Mais peut-être il faudrait à court terme que je prenne le temps de visiter tout ça, quelle Première Ministre je ferai si je ne connais pas tout le territoire et les besoins de ses habitants.
Grand-Port, ville portuaire, avait aussi de nombreux atouts mais une vie insulaire n’a rien à voir avec une vie sur le continent. Ici comme à la Ville Aquatique, il n’y a pas de portail de téléportation, il faut savoir prendre des précautions en cas de mer mauvaise et aucune possibilité de ravitaillement. Si un jour, il y a une attaque, nos forces armées arriveront certainement trop tard et quand je vois le peu de gardes ici, il ne faudrait pas compter sur les hommes d’ici pour se battre à moins qu’une caserne avec des milliers d’armes soit caché quelque part et je ne suis pas au courant.
- Je ne pense pas que vous voyez d’un bon oeil que je vous dise qu’un petit pied à terre ici serait certainement une très bonne solution. L’air marin est pur et se promener ainsi proche de l’eau est plus que relaxant. Imaginer une habitation en haut de ses falaises serait un rêve tout à fait atteignable pour moi mais je préfère laisser ses côtes vierges d’habitations de ce genre. Autant que je profite des miens chez moi, non ?
Elle est assurément une femme bien étrange pour une Première Ministre… Tantôt implacable et détestable à souhait, le moment suivant, une femme sympathique et de bonne compagnie. Femme préférant rester loin des mondanités de la noblesse de la Capitale tout en étant une personne public juste sous la Reine Renmyrth… Assurément, c’est une personne qui gagne à être connue mais je craint ses foudres lorsque cela la prend comme tout à l’heure. Faisant une large publicité de la vie dans l’Archipel, bien loin de celle de cette fausse ville qu’est l’Etoile du Sud, je suis certaine que cela pourrait lui plaire. Peut-être qu’en attirant l’attention de la Première Ministre, l’Archipel sera un peu mieux traitée à l’avenir… Lorsqu’elle parle des complications de la vie à la Capitale et pourquoi pas de visiter le vrai Archipel un jour prochain, je ne laisse pas passer l’occasion.
N’hésitez pas à me prévenir de votre venue, je pourrais vous guider sur nos îles pour découvrir des lieux magnifiques que les touristes ne voient jamais.
Les gens qui viennent sur l’Archipel se contentent bien souvent uniquement de visiter les bords de mer et les espaces faciles d'accès mais ils ratent le plus beau. Les zones difficiles d'accès sont de loin, les plus beaux paysages de nos îles. Je la fixe un instant suspicieuse lorsqu’elle fait part d’une potentielle envie d’un pied à terre sur l’Archipel. Bien entendue, je ne doute pas qu’elle aurait les moyens de s’offrir une modeste demeure sur n’importe quelle île mais serait-ce judicieux de laisser une demeure vide la plupart du temps. Non, bien entendue, cela serait du gâchis pour tout le monde et l’île. Et puis, le contrôle des constructions est primordial.
Cela fait bien longtemps que des règles de construction ont été établie sur les îles. Principalement pour protéger la beauté de la nature insulaire et garantir la surface agricole nécessaire pour nourrir la population locale. Nous pourrions trouver un lieu de rêve pour construire une maison mais pas pour y vivre seulement quelques semaines par ans.
Même si cela ferait du travail à quelques habitants pour l’entretenir à l’année, il est hors de question de permettre la construction d’une maison qui serait laissée à l’abandon la plupart du temps, Première Ministre ou non. Sur ce point, mon ton s’était fait ferme même si elle avait d’elle même déjà rejeté cette possibilité d'installation. L’Archipel a besoin de personnes qui s’y installent et la font vivre tout au long de l’année, pas juste pour quelques semaines lors de congés, pour cela, il y les auberges.
Vous avez raison, il faut aussi profiter de sa famille, c’est important.
L’unité familiale est importante, où que l’on soit visiblement. Même si elle a clairement défini que sa mère était peut-être un peu trop présente quand il s’agit de lui trouver un mari “convenable”. Ce n’est peut-être pas si différent de la décision de me fiancer à March dés mon plus jeune âge. M’arrétant devant une étale, je fixe une corne de Dinarmure reconvertie en chope. Cela pourrait certainement plaire à Père lui qui voyage beaucoup avec les matelots. Je sais qu’ils aiment bien profiter de leurs escales pour s’amuser tous ensembles. Sans plus attendre, je donne les quelques cristaux pour repartir avec mon achat. Captant le regard intrigué de la Du Lys, je hausse les épaules.
Cela plaira à Père et c’est original.
Continuant la march face au lagon, je l’interroge sur les raisons de sa présence ici. Cela me paraîtrait étrange qu’ils aient organisé une réunion d’importance aussi loin de la Capitale. Et puis, il n’y a pas beaucoup de garde en poste pour assurer la sécurité de nombreux dignitaires du Continent.
Et puis-je connaître les raisons de votre visite à l’Etoile Du Sud ? Assurément pas un rendez-vous capital pour notre royaume, non ?
Peut-être est-elle juste venu prendre un peu de repos loin de la folie de la Capitale et de ses manigance entre nobles.
- La raison de ma venue ?
Est-ce que tout ce que je fais dois avoir une raison précise ? Je pourrais venir prendre des vacances, voir comment fonctionne l’île, répondre aux invitations d’un riche propriétaire de casino des lieux, il fallait que je me justifie quoi qu’il arrive. Est-ce que je pourrai pour une fois répondre “ parce que j’en avais envie “, c’était assez simple mais non la vraie raison c’est que j’avais cette invitation qui traîne depuis longtemps sur mon bureau et c’était la meilleure solution pour partir loin de chez moi. Mais je ne vais pas dire à cette jeune femme et ça ne la concerne pas alors bienveillante, je finis par répondre une réponse toute faite.
- Après le bal du Solstice, on m’a invité à voir le Casino centrale alors j’ai profité d’une accalmie dans mon emploi du temps pour venir.
Ce qui est en partie vraie même l’effet déclencheur était ma rupture avec Nyx. Quoi qu’il en soit, il faut que j’arrête de penser à ça et profitons des lieux.
- Puis rien ne m’interdit des vacances ! Il m’arrive de me poser.
Un papillon se pose sur la branche juste à côté de nous. (dé : oui) Je pose mon doigt juste à côté et celui-ci décide de grimper sur ma main. Il avait une couleur singulière avec ses ailes jaune-brun et frangées de rosé. Une ligne pourpre joint le sommet des ailes en diagonale. On dirait presque du papier et les reflets sur son corps nous fait penser à une origami en forme de V et U.
- C’est rare de voir cette variété de papillon. C’est un timandre aimée.
Ce que je sais, elle a comme petite surnom amusant “ arpenteuse “. D’ailleurs tous les chenilles de la famille des géomètres sont ainsi car pour se déplacer, elle s’allonge le plus possible. Comme quand elle s’allonge, on pourrait croire à une brindille mais bon je bouge légèrement le doigt pour qu’elle s’envole.
- Oh j’y pense, il commence à se faire tard et on m’a dit de passer au casino dans une quinzaine de minutes ! Voulez vous venir avec moi ?
Réticente au début, elle finit par accepter et je l’accompagne à l’édifice. L’édifice était facilement reconnaissable par ses dômes au bleu azur et ses quatre piliers qui l’entourent.
- Ne vous inquiétez pas pour votre tenue, elle est largement suffisant pour rentrer dans les lieux puis si je comprends bien. C’est vous qui êtes connu dans les environs non ?
On se dirige vers l'établissement. Il n’égale pas la beauté du palais mais c’était une construction récente et les bénéfices du casino permettent de financer des rénovations importantes. Les mosaiques qui trônent autour de la grande porte est le signe qu’ils veulent à la pointe de l’art avec leur style propre du Sud. Le réceptionniste nous reconnaît aussitôt et nous ouvre la porte avec entrain.
- Dame Du Lys, Mademoiselle Maple, ravie de vous voir au Casino Centrale.
- Merci bien, où se trouve Sir O’Brien ?
- Il arrivera prochainement, je vous invite à rejoindre les tables de dés en attendant.
- Merci bien.
Une femme nous montre le chemin pour tomber dans une grande salle. Très haute de plafond, nous étions sous le dôme principal de la construction. De nombreux puits de lumières illuminent les lieux ainsi les teintures azures étaient resplendissantes. Il y avait plusieurs tables de dés sur le côté ainsi qu’autres jeux de cartes. Comme on m’a proposé ce jeu, je finis par m’approcher vers la table la plus proche. Les dés étaient des mosaïques avec divers symboles et le maître du jeu était là, attendant patiemment qu’on s’assoit.
Bienvenue Mesdames à la table du Gato Negro. Le jeu est simple ! Battre le Maître du jeu et ne pas dépasser les quatorze ! Vous avez droit à deux essais avec ses trois dés ! Je lancerai à mon tour les dés et si vous avez plus que moi sans dépasser vingt un ! vous ramassez votre mise !
Le maître du jeu avait des dés de couleur noire, moi prenant les dés bleus.
- N’oubliez pas que vous avez aussi adversaire. Vous pouvez pariez contre le maître du jeu mais aussi votre adversaire ! Vous avez le droit à 12 jetons, la partie se finit quand vous n’en avez plus ou décider de partir avec votre mise !
La table avait plusieurs séparations, empêchant de voir le jeu de nos adversaire. Le maître en jeu nous rappelle qui lancera les dés en dernier. Allez, c’est parti. Allons jouer.
- J'espère que j'aurai de la chance !
- Les dés :
- Dé MDJ : 4 - 3 - 4 = 10
Dé Haru ! 4- 6 -4 = 14
- Le Casino:
Un instant, j’ai l’impression de revoir la femme implacable et prompt à distribuer sanctions diverses et variées. Peut-être que lui demander la raison de sa venue à l’Etoile du Sud n’était pas une bonne idée… Qu’est-ce qu’elle peut être lunatique quand même. On a pas idée de changer de personnalité aussi rapidement. Mais finalement, elle reprend son ton plus jovial pour m’expliquer qu’elle a été invitée à venir au “casino” et prendre un peu de repos loin de la Capitale. Je ne relève pas pour ne pas montrer mon ignorance mais je me demande ce que peut bien être un “casino”... Le nom ne m’évoque rien du tout. Frederica pourrait surement m’expliquer mais elle n’est pas là. Et demander à la Du Lys ne me semble pas approprié. Heureusement, un papillon offre une distraction bienvenue pour éviter qu’elle ne se rende compte que de mon embarras.
C’est un bel animal en effet.
Animal qu’elle chasse pour le renvoyer à sa vie sauvage avant de me proposer de l’accompagner à ce fameux casino où elle a bientôt rendez-vous. Mon visage s’empourpre immédiatement. Non seulement je ne sais même pas ce qu’est cet endroit mais en plus, je ne suis clairement pas dans une tenue présentable.
Vous êtes sûre ? Je ne voudrais pas vous importuner de ma présence et de mon apparence certainement inadaptée.
Inutile d’ajouter à ça le fait que je suis un peu inquiète de m’embarquer dans un truc complètement inconnu… Je souris à sa réponse en infirmant son commentaire sur ma “célébrité” locale.
Connue est un bien grand mot. Les personnes faisant affaires avec ma famille ont déjà entendu parlé de moi, ce n’est que cela.
Loin de moi l’idée de croire que les habitants de l’Archipel ont déjà entendue parler de moi. Je ne suis qu’une jeune femme parmi tant d’autres. Il n’y a que sur l’Île Centrale où je puisse éventuellement prétendre à cette renommée mais j’y vis donc cela ne compte assurément pas.
Mais pourquoi pas, allons voir ce “casino”.
Comment se jeter dans la gueule du loup en une leçon : se rendre dans un lieu dont on ignore la raison d’être… Je suis tout de même la Première Ministre en direction de ce qu’elle appelle un “Casino”. Le bâtiment se détache de loin avec ses grandes dimensions et ses coupoles bleues comme l’océan. Tout ça m’a tout l’air d’une sacré dépense de cristaux… Je me demande ce qui peut bien justifier une telle construction. Dépenser de nombreux cristaux pour construire un chantier de marine est utile mais là, je doute que “Casino” désigne une chose aussi utile. Une femme nous accueille avec un grand sourire en proposant que l’on rejoigne une “table de dés” en attendant la personne qui a rendez-vous avec madame Du Lys. Silencieuse, je suis Haru sans néanmoins perdre une miette de ce que je vois. Tout est bien décoré, parfaitement ordonné, les gens relativement bien habillé. Des hommes et des femmes vêtu de tenue noire et blanche parfaitement lissées patientent à chaque table. A chaque pas, j’ai l’impression d’être de moins en moins à ma place… Tout est jolie autour de moi mais l’atmosphère me pése. Lorsque la ministre s’arrête à une table, je fais de même écoutant l’homme nous expliquer ce qui se trame à cette table. Je hausse un sourcil lorsqu’il parle de “jeu”. C’est donc ça un “casino” ? Une grosse boite à jeu ? Je tique juste sur les “jetons”, je ne vois pas l’objectif de ces choses. ça sert à compter les points peut-être… C’est bien obscure. Curieuse tout de même, je m’intéresse au jeu. Chaque personne a visiblement sa petite zone de jeu cachée des autres joueurs. Je prend un jeton en main tandis que la ministre lance ses dés. Prenant mon courage à deux mains, je montre le jeton à Haru et l’interroge.
A quoi ça sert ? C’est pour compter les points ? Et quel est le but d’un “casino” ?
C’est beau, je le concède, les dés et les tables sont magnifiques mais je ne vois pas l'intérêt… Je sais que les matelots jouent aux dés aussi mais ils ont pas besoin de tout ça pour s’amuser. Je me souviens même avoir déjà vu Père jouer avec Monsieur Landwig et son fils aîné une fois. Je prend un dés rouge et le fixe. Les matelots se battent souvent à propos de dés pipés. Vraiment tout ça est une bien étrange mise en scène… Sans avancer de jetons, je lance quand même les dés.
6,4 et 2… ça fait 12… et donc ?
Je lance mes dés avec ferveur et fait un premier lancer avec 4-1-4, je retente ma chance en lançant le 1 pour tomber sur un 6. J’avais un petit 14, parfait ! Ma chance me sourit et je me tourne vers Onélie qui ne semble rien comprendre au jeu. Avait-elle jamais mis les pieds là-dedans ? Encore un simple citoyen, je pouvais comprendre mais elle, issue d’une grande famille, je ne le comprenais pas.
- Théoriquement, vous n’avez pas à dire vos résultats si vous voulez parier aussi contre mes dés.
Mais ses explications ne semblent pas suffire quand j’essaye d’intercepter la serveuse qui passe pas très loin. (dé : non) mais finalement, elle part vers d’autres clients. Je prendrais une boisson plus tard.
- Les jetons représentent des sommes de cristaux normalement on paye ses cristaux pour récupérer nos gains. Là, c’était à titre d’échauffement mais des gens jouent des cristaux clairs sur ce type de jeu. Surtout les touristes qui viennent ici finalement.
Le maître du jeu décide de lancer ses dés et faire ses combinaisons. Les plaçant devant nous, ils nous donnent nos mises.
- J’ai fais 10 donc j’ai malheureusement perdu Dame Maple contre vous et Dame Du Lys. Vous auriez parié par exemple trois jetons avec une mise simple, vous auriez reçu le double. Dame Du Lys, a aussi misé contre vous avec un score de 14, j’aurai fait de même !
- Enfin oui, avec une main pareille, c’était sûr que j’allais tenté ma chance contre vous. Peu de chance que vous obteniez la main main ! .
- Si vous n’êtes pas familière à ce genre de jeu, essayez donc les machines à Gloot !
- Oui, un simple jeu d’hasard ! Je ne sais pas si vous connaissez aussi le tape-gloot, ça avait fait fureur au festival du solstice !
Prenant mes jetons, je pars aussitôt vers l’une des machines. Un petit tabouret devant, une énorme sphère magique composée de milliers de figurines. Je l’invite à s’assoir et lui présente le jeu.
- Celui-là, c’est simple ! Vous mettez un jeton ici puis vous tirez la manette. La sphère s’active et trois boules lumineuses va se mettre ici. Si vous avez trois gloot d’or ! c’est le méga bonus ! Sinon trois boules identiques et vous avez gagné aussi des jetons ou autres cadeaux.
Pour lui montrer, je place un jeton dans la machin et tire la languette. Le système s'active et les billes circulent tout doucement. Une première verte arrive tout doucement… puis une seconde… puis une troisième !
- Oh ! Nous avons réussi du premier coup ! Regardez trois pareils !
Cinq jetons tombent dans le bac, je les récupère et les donne à la jeune femme.
- Allez-y, essayez !
- Lancer dé Machine à Gloot:
- Dé : Action > Réussi !
Assurément, je n’ai rien compris à leur jeu… Il ne fallait pas dire le résultat de mes dés au cas où un autre joueur décide de m’attaquer. Un truc bien compliqué quand même pour just s’amuser. Sauf que les jetons représentent des cristaux ! Des cristaux clairs en plus ! Comment peut-on vouloir jouer de l’argent aussi bêtement ? Il serait bien mieux investi pour aider la population qu’ici… Je ne comprend vraiment pas où est l’amusement à parier de l’argent qui pourrait être mieux utilisé. Les continentaux ont vraiment des moeurs bien étranges. Vraiment bizarre… Et visiblement, la ministre n’est pas en reste. Le surveillant de la table me sort d’un sacré pétrin en conseillant d’essayer un autre jeu plutôt que celui-ci vu que je découvre le principe d’un casino. Difficile de dire de façon politiquement correct à une première ministre que l’on pense que cette activité est déplacée et vulgaire…
Euh… Oui… merci.
Sitôt proposé, sitôt partie vers les “machines à Gloot”, la ministre semble être dans son élément contrairement à moi… En remerciant l’homme, je m’incline légèrement pour le saluer avant de suivre la Du Lys. Même si cela a fait fureur au festival du solstice, si ça implique encore de parier des cristaux sonnant et trébuchant, je vais encore me sentir mal. Je m’installe devant une de ses “machines” étranges juste à côté de la Ministre. Elle m’en explique le principe qui s’avère à la fois simple et expéditif. Mais il faut toujours filer ces maudits jetons-cristaux !
D’accord mais …
Pas le temps de protester qu’elle a déjà mis un jeton et tiré la manette pour activer la magie du jeu. Je reste circonspecte à regarder le mouvement des billes qui finissent par s’immobiliser à trois billes vertes. Mes yeux s’ouvrent grand lorsqu’elle me colle ses gains entre les mains en m’enjoignant à jouer à mon tour. Je ne sais pas combien de cristaux vaut un jeton mais j’ai une boule au ventre à l’idée de les perdre… Plutôt que jouer de l’argent, j'arrête une femme qui passe par là avec un plateau essayant par la même occasion de faire diversion.
Excusez-moi ? Où est-ce que je peux acheter quelque chose à boire ?
Qu’est-ce que vous voudriez Mademoiselle ? Gin, Liqueur d’Aruyes, nous avons une grande variété de cocktails.
Il n’y a que de l’alcool ? Ma déception doit se voir sur mon visage car la serveuse se remet à énoncer d’autres boissons cette fois sans alcool. Enfin, je crois…
Juste un lait de coco s’il vous plait.
Très bien Mademoiselle, cela vous fera trois cristaux gris.
Gloups… Pourquoi c’est si cher d’avoir juste un lait de coco ? C’est une arnaque cet endroit ! Mais, je fouille mes poches à la recherche des cristaux demandés. Il ne serait pas correct de refuser maintenant que j’ai demandé quelque chose… Mes cristaux partit entre les mains de la serveuse, je laisse la ministre commandé quelque chose si elle le souhaite et essaye quand même ce jeu hasardeux. Les billes défilent et s’immobilisent en une série de 3 rouges. Trois jetons me sont donné. Je doute que cela soit aussi facile de gagner à chaque fois…
Mais pourquoi jouer des cristaux ? Ils seraient bien mieux utilisé pour nourrir la population ou entretenir le chantier naval qui permet de fabriquer les bateaux de pêches…
Je montre les jetons à la minsitre.
Je ne comprend pas l’attrait d’une telle activité madame… Ne peut-on pas jouer pour le plaisir sans mettre en jeux d’argent sur le continent ?
Si je suis ici pour trouver des réponses à mes questions sur la noblesse du continent, je n’en ai que plus à chaque minutes…
Laissant la jeune femme s’amuser un peu sur sa machine, je vais voir si je suis aussi efficace sur cette machine également. Attrapant un jeton et le glisse dans la fente, je vois les billes qui s’affolent derrière et voilà qu'apparaît mon jeu. Rien d’intéressant j’avais rien gagné. Je tourne la tête vers ma jeune accompagnatrice et elle semblait pas du tout dans son élément. Peut-être que je n’aurai pas dû l’amener ici et pas penser à ce qu’elle voulait. Encore quelques parties jusqu’à la disparition totale, de ma bourse qu’on m’a gentiment offert.
Lançant plusieurs fois le jeu, Onélie s’approche de moi avec ses questions qui étaient pertinentes, je ne savais juste pas quoi répondre.
- Cet argent qui circule n’appartient pas à la Couronne. Les cristaux utilisés sont l’argent propre à la personne. Rien n’interdit de faire ce que l’on veut de ça. Peut-être que vous êtes encore jeune mais beaucoup de gens croient qu’on peut gagner des milliers de cristaux en jouant à ses machines. Certains sont gagnants certes mais c’est souvent le casino, le plus dur est de pas perdre sa mise de départ.
Elle me montre ses jetons à usage unique dans sa main, je les prends et j’en glisse un dans une machine.
- Pourquoi vendez-vous des perles alors qu’elles se trouvent dans la nature ? Finalement vous vendez quelque chose qui est soi-disant gratuit non ? Le bâtiment, le personnel, les machines, rien n’est gratuit. Tout ici à besoin de cristaux pour fonctionner. Notre vie est ainsi, si tu as faim, il faut soit travailler la terre soit acheter sa nourriture. Rien n’est gratuit dans la vie et certaines personnes possèdent plus de richesses que d’autres. Imaginez si un citoyen lambda glisse un jeton et ressort avec le centuple en gagnant le jackpot, n’est-ce pas une chance incroyable ? Voilà ce que c’est le Casino, jouer sur les rêves et les espoirs des gens. Certains sont friands, j’y vais rarement et j’ai joué une faible mise pour le plaisir des machines à sous mais je m’arrêtais quand j’aurai utilisé mes dix jetons et c’est tout, ne jamais jouer vos gains !
Pour certains, c’était un rêve de pouvoir rentrer ici et essayer de devenir riche mais pour la jeune femme, c’était un autre monde. Ca montre alors que nos pratiques continentales ont l’air étrange ou sinon sa famille lui interdit de “ s’amuser “ même si elle ne voit pas en quoi c’est festif ce genre d’activité.
- Après si votre inquiétude est de savoir comment on dépense l’argent de la Couronne. Je vous invite à voir notre Trésorière Royale, c’est un dragon en puissance et le moindre centimes est compté. Faire des évènements ne doit certainement pas rendre déficitaire nos caisses, je peux vous assurer que sur ce point, nous ne risquons rien. La Reine prends à coeur à faire attention.
Invitant la serveuse à me voir, je commande un cocktail fruité avant qu’elle ne file avec ma commande.
- Jouer vos derniers jetons et je vous libère sauf si vous avez d’autres questions. N’hésitez pas à les poser si je peux vous aider.
Je regarde la ministre enchaîner les tours de jeu en perdant petit à petit les jetons. Je ne comprend toujours pas ce que l’on peut apprécier d’une activité aussi peu intéressante. Cela n’apporte rien de faire cela… Même si ces jetons nous ont été donné sans que l’on verse quoi que ce soit, je ne voit aucun intérêt à ces jeux. Faisant part de mes interrogations à la Première Ministre, j’essaye de saisir son point de vue et essayer de comprendre ce que l’on peut trouver d’intéressant à cet endroit… Même si elle m’explique qu’il s’agit des cristaux de chacun et non de cristaux du royaume, cela me semble bien idiot de prendre le risque de perdre tout ce que l’on a durement gagner. Les chances de devenir riches me paraissent bien maigre pour valoir le coup. Prenant les jetons que je lui montre, elle continue en comparant la vente des perles cultivées par ma famille à cet endroit. Des gens gagnent leur vie dans cet endroit… Mais cela ne m’ôtes pas l’impression d’être en plein milieu d’une arnaque sous couvert d’un jeu… Le rêve de ressortir avec beaucoup plus de cristaux qu’à l’entrée est certes louable mais je m’interroge sur le nombre de véritables gagnants… Au moins, j’ai l’impression que cet endroit est plutôt fréquenté par la noblesse du royaume plutôt que par les citoyens normaux…
Je dois avouer que je trouve les chances de remporter un tel gain me semble bien faible pour justifier de prendre le risque de perdre ce qui a été gagner à la sueur de son front.
Jouer ainsi avec les espoirs de personnes n’ayant déjà que peu de cristaux en poche ne me semble pas très responsable. Est-ce comme cela que les choses fonctionnent vraiment sur le continent ? Je n’avais jamais vu ce genre d’endroit sur la majorité des îles de l’Archipel… Je ne suis pas idiote au point de penser que les gens ne jouent pas de l’argent entre-eux parfois mais cela me semble bien différent de ce “Casino” visant à gagner de l’argent. Elle tente ensuite de me rassurer sur l’usage des fonds de la Couronne, c’est à dire, les impôts et taxes qui sont réclamées aux habitants du royaume. Je rougit qu’elle ait pu penser que je mettais en doute la bonne gestion du royaume essayant de m’en défendre.
Loin de moi l’idée de mettre en doute la gestion financière du royaume madame. Je ne cherche qu’à comprendre l’attrait qu’un tel lieu peut avoir. C’est la première fois que je vois quelque chose comme cela et je suis circonspect sur l'intérêt commun de ce genre d’endroit…
Peut-être que cela pourrait être utile sous certaines conditions mais il faudrait y réfléchir plus longuement.
Sa majesté est fort avisée de divertir la population tout en garantissant la stabilité financière de notre royaume.
Une bonne gestion est essentielle. Augmenter les taxes ne dure qu’un temps avant que les forces vives se soulèvent. Il vaut mieux être capable de réduire les taxes s’il y a un besoin quelconque. Peut-être est-ce à cause des achats de céréales presque chaque années que je vois les choses ainsi… Chaque cristal est important pour garantir la survie de toute la population de l’Archipel. Lorsque la Première Ministre me propose de me laisser vaquer à mes occupations, je profite de l’occasion pour m'éclipser. Frederica risque de s'inquiéter si je suis en retard pour le repas et j’ai encore quelques petites choses à trouver.
J’ai cru comprendre que vous aviez un rendez-vous, j’ai moi-même encore quelques achats à faire avant d’aller rejoindre mon accompagnatrice. Je vous remercie pour cette promenade en votre compagnie et l’ensemble des explications que vous avez pu me donner.
Je lui tend les quelques jetons qu’il me reste, ces jeux ne m’attirent pas spécialement puis descend de ma chaise. Avec une parfaite révérence, je salue la première ministre.
J’espère vous revoir un jour prochain sur les îles de l’Archipel pour découvrir le patrimoine local sous son véritable visage. Passez un bon séjour madame.
Sur ce, je quitte le “casino”. La journée est déjà bien entamée et je dois encore trouver un cadeau pour Mère sans avoir la moindre idée de quoi lui offrir… Et un pour Frederica également pour la remercier de m’accompagner ici.
- Le but du Casino, c’est quand même qu’il fasse des bénéfices tout en laissant une part à ses clients sinon l’attrait du jeu est caduc. C’est un loisir comme un autre, certains parlent d’addiction, chacun à ses travers Mademoiselle Mapple, la quête du pouvoir et richesse est un rêve que beaucoup souhaitent atteindre un jour… Mais, votre éducation est telle que vous ne voyez pas ça de cette manière. Je vous invite à poser vos questions au responsable de l’établissement, il aura un avis tout autre à mon humble avis.
Je glisse mon dernier jeton et gagne de nouveau ma mise (dé : oui). Je préfère alors garder cela pour payer mes derniers cocktails quand je sens que la jeune femme est impatiente de partir de ce lieu de disgrâce. Quoi qu’il en soit ses réactions étaient plutôt amusantes à étudier. Elle avait encore des réflexes d’enfants, criant au crime pensant que sa vision était bonne et juste sans chercher le moindre compromis. La vie n’était pas seulement blanc ou noir mais toute une nuance de gris en essayant de ne pas atteindre ce fameux côté obscur. Mais je ne peux rien dire face à cette innocence, elle doit encore plein de choses et la politique n’est pas un cour de récréation comme les autres.
- Merci encore à vous pour vos explications sur vos différentes îles. Je ferai en sorte de mieux me renseigner la prochaine fois. En espérant bien entendu, de vous revoir dans d’autres conditions.
Acceptant ses jetons et souriant aimablement. Je fis un léger signe de tête pour la saluer.
- Bonne fin de journée à vous également.
La jeune femme finit par partir et décide que je vais jouer les derniers jetons dans une machine à Gloot qui se trouve beaucoup plus loin. Il faut que je tente ma chance un peu partout. Je passe le premier jeton dans la fente et finalement pas le jackpot encore. Une main finit par se trouver sur mon épaule et je me retourne tout doucement. Je ne la connaissais pas mais elle avait quelques années de plus que moi et quand je jette un rapide coup d’oeil à sa tenue. Elégante et surtout riche… ses tissus étaient de bonne facture comme les bijoux qui ornaient son cou et ses oreilles.
- Puis-je passer un peu de temps avec vous ?
- Bien entendu.
Elle affiche alors un grand sourire solaire, elle avait le teint légèrement bronzé et une longue chevelure blonde aux yeux d’émeraude.
- Et bien, si nous commencons par un verre ?
- Faisons ça puis on verra bien comment se déroule la suite de notre soirée.
Je ne me fis alors aucun doute de comment elle va finir. Ses vacances va me permettre d’oublier un peu tout ça et ça me rappelle alors une dizaine d’années derrière….