Avant la quête du Monastère

Travailler pour Luz est toujours un plaisir sans nom. C’est toujours l’occasion pour me trouver des partenaires de choix et quand j’ai vu cette mission sur le tableau. Je me suis dis, il faut que je la fasse surtout que ça concerne mon meilleur pote et il y a que moi qui connaît les goûts de celui-ci. D’ailleurs Janua, l’hôtesse de la guilde, m’a dit de rejoindre le domicile de Dame Weiss pour rencontrer ma merveilleuse partenaire du jour. Elle a ajouté même que je ne la connaissais mais qu’on pourrait bien s’entendre ! Alors soit c’était ironique soit … je ne sais pas mais moi j’ai entendu femme, donc ça me suffit largement !

Est-ce qu’elle sera grande ? Mignonne ? Non personne n’est plus mignonne que Luz enfin si Lin mais ça ne compte pas. Puis si Naëry m'entendait dire ça, il va croire que je drague l’amour de sa vie. L’autre jour, il m’a dit qu’il avait enfin prononcé les fameux trois mots magiques, un vrai beau-gosse le mec, moi je préfère encore affronter un gévaudan que dire “ je t’aime “ à Lin. Enfin si plusieurs fois j’ai voulu lui dire mais ce n’était jamais le bon moment. Vous savez le faire dans un crypte sous un couvent ou dans une île perdue en plein milieu de la jungle, j’ai jamais trouvé le moment ! Mais si je revois Zahria, elle va encore me poser des questions étranges et me faire ses trucs là… elle m’a tout le temps mais je l’aurai un jour ! Je l’aurai !

Bref tout ça pour dire quand j’ai vu la brute en face de moi, j’ai eu peur sur le coup, vraiment peur. Elle était grande comme moi, des yeux qui me rappellent peut-être le diable. On dit toujours que les chats noirs aux yeux jaunes, ce sont les pires ! Elle était peut-être la Reine des chats sataniques qui sait.  Bon après, elle a des formes où il faut, une silhouette alléchante et une grosse épée énorme. Vous savez, ça me rappelle l’aventurier qui se disait exterminateur de monstre. Gros machin mais petit cerveau ! Est-ce qu’elle fonce aussi tête baissée vers le danger ? Nous étions les opposées, elle fonce moi je me planque et frappe à distance comme une lâche ! Une bonne équipe quoi.

On écoute religieusement Luz avec ses explications, si l’autre aventurière ne connaissait pas Luz, elle sait maintenant qu’on n’arrête pas ce moulin à paroles. C’était marrant à voir, il manquait plus de mettre un peu d’oeuf et on pourrait la paner avec toute la farine qu’elle a sur elle ! On nous raccompagne, nous tends une bourse généreuse que je m’emprese de prendre.

-  Tinquiète Luz ! On va assurer comme toujours. Je connais parfaitement bien les goûts de ton chéri. Il va être ravi. N’est-ce pas ?

Un coup d’oeil à ma camarade et nous quittons enfin sa demeure.

- Hey MMP, tu sais.. Je crois qu’il en a assez des orgasmes dans la vie de tous les jours mais je suis d’avis qu’on va faire encore mieux. Ca va lui exploser en bouche et il se souviendra de ce merveilleux repas ! Nous, l’équipe de choc ! On va faire les courses les plus épiques au monde pour le palais de notre cher Naëry, notre confrère aventurier qui se tape une femme extra !  

Peut-être que j’ai mis un peu trop de joie dans mes propos quand je prends la pose dans la rue. Mais j’efface la poussière imaginaire sur ma tenue et K’awill arrive aussitôt à mes côtés pour écouter les propositions de la brute.

- Euh… tu sais que c’est un dîner romantique et tu me proposes des choses bizarres là… En plus, le mec fait trop bien à manger, on ne va pas proposer une cervelle à la fraise, c’est bien quand tu as dix ans !  

La mission va être plus ardu que je le pensais ! Beaucoup trop ardue, je vois faire équipe avec aussi une brute-cuistot.


- Puis tu propose que des plats de gros là ! Il faut que ce soit digne de quatre étoiles ! Puis tu ajoute du fromage partout.  Mais si tu y tiens tant que ça au fromage. On va aller chasser du lapin fromager.  

On pouvait y arriver. Une bonne demi journée de voyage pour atteindre un endroit où je suis sûre d’en trouver. Une autre demi journée pour le chasser. Il reste à trouver les plantes sauvages et quelques légumes qu’on peut prendre chez mes parents au passage.

- Un lapin fromager à la moutarde façon grand chef avec petits légumes de saison puis en dessert… Soit on prends du champignon pudding et on passe chez un marchand pour récupérer de l’ambriosa !    

Enfin ce n’était qu’une idée mais je sens K’awill qui me pousse dans mon dos.

- Oh tiens ! Lui c’est K’awill, ma loutre géante qui va nous accompagner. Tu verras, il est génial et en plus...
- Moi parler !
-  Oui il parle et pas que. Je ne vais pas dire tous nos secrets. Quoi qu’il en soit, nous on a tout notre équipement. Tu as besoin de prendre une monture ou autre ? On t’attends.  

Allez, elle est blonde mais quand même, elle a osé appeler K’awill, Khuile ? Il me regarde d’un air boudeur. C’était la première fois qu’on écorche son nom et il était triste le petit. Tout autant que son coeurl qui faisait aussi la tête, elle va être bien cette mission tiens.

Moi K’awill… Toi gros chat !

Et voilà K’awill qui essaye déjà de gratter l’amitié mais encore une fois, il a oublié que ce petit minou comme il le dit si bien bah il a des dents pas comme lui.

- Tant que toi, tu as le sourire, la mission peut que bien se dérouler. Puis avec ta grosse épée, on ne risque rien non ?  

Une folle envie de toucher son arme me vient à l’esprit mais je me retiens au dernier moment quand K’awill me pousse dans le dos.

- Qu’est-ce qu’il y a mon gros ? Allez ne fait pas cette tête, on va chasser le lapin fromager ! Tu vas voir, c’est excellent !  
- Lapin jaune ?
-   Ouaip, celui-là, celui que tu aimes bien !
- Oh oui et toi gros chat, toi aimer ?
- Il ne parle pas lui tu sais, arrête de l’embêter !    
- Moi content chercher lapin ! Lui faire boing boing.
- Tu as vu Marie, il est marrant hein ?    

Je lui caresse le dessus du crâne et ne tente pas de faire de même à Rhésus. Quelle idée de l’appeler comme ça, je ne sais pas même pas ce que ça veut dire mais bon pas grave. Allez, en route mauvaise troupe.

- Luz ! Tu l’appelles Mademoiselle Weiss ! Pouaaaaaaah, l’appeler Mademoiselle Weiss.. Je sais que c’est une noble, pétée de thunes pour avoir vu son manoir mais pourquoi pas l’appeler Dame Weiss avec une courbette. Tu me fais trop rire toi !  

Dis-je, une tape dans l’épaule à mon acolyte. Bon, elle était solide et elle n’avait presque pas bougé puis j’avais mal à ma main.

- Luz, bah je ne la connais depuis...  

Prenant mes doigts pour compter avec une maximum, je m’amuse à compter plus que nécessaire.
-  Alors je l’ai connu là… puis après il y avait ça puis ensuite… ça… et ça aussi ! Depuis trois lunes ! Ouaip trois lunes pour sûr !  

Mains sur les hanches, menton relevé, fière de moi.

- Ouais bon avec Luz, c’est assez facile. Tu es gentille et attentionnée, tu deviens sa pote ! Puis en plus si… tu vois….  

Je prends ma main et présente ma silhouette de rêve à l’aventurière.

-  Bah si tu as ce qu’il faut, un petit clin d’oeil et hop ! Bon par contre, son copain, c’est Naëry et si tu tiens a ta vie, fais attention car sa meilleure amie, c’est une bombe aussi celle-là aussi. Son teint basané, ses yeux, ses cheveux mais elle aussi c’est compliqué ! Enfin tout est compliqué ! Et toi ! Tu as connu des beaux-gosses à la Guilde… ou des belles gosses ?  

Bombant le torse devant elle, j’imagine qu’elle va dire que je suis dans son top 3 car bien entendu je vais être future Saphir mais je ne suis pas que ça. Je suis la plus géniale des aventurières et meilleure dresseuse. Regardez mieux cette loutre.

- Oui, j’adore parler ! Tu vas devoir t’y faire mais t’inquiète la nuit je m’arrête un peu - ou pas - .  

On passe récupérer une monture pour Marie et nous voilà parties plein Nord pour trouver notre bonheur. On va en avoir pour quelques heures de balade avant d’atteindre la forêt. Sur le dos de K’awill, je profite de cette mission relativement calme pour l’entraîner un peu. On faisait surtout des échanges télépathiques pour éviter de trop déranger Marie mais cette jeune femme était plus belle à regarder alors à quoi bon ne pas en profiter et la laisser passer devant.

- Dis, ça fait longtemps que tu es aventurière ? En tout cas, tu as dû faire une mission ouffissime pour avoir une arme pareille. Moi j’ai une simple épée, une arbalète et cette sarbacane.  

Bon elles sont enchantées mais ça c’était top secret surtout quand je vais lui montrer ce que je pouvais faire pour abattre ce petit lapin fromager qui est soi-disant !

-  Quoi ! Ces vieux trucs ! Non mais Jack et Arnold, ils sont laids comme des pieds bouctons là.  Entre celui qui depuis qu’il est revenu de la frontière, il passe son temps à boire et l’autre, qui a une cicatrice le long du visage… Non mais Marie, franchement, il faut que tu ouvres les yeux quoi !  

Mais je devais corriger cet affront là, elle dit n’importe quoi !

- Après si tu aimes le genre rebelle, tu as Fauve, lui tu vois il est sexy ou encore Marco mais pas les deux autres quoi !    

Hélas, je compris trop tard quand elle me montre sa fiole d’alcool. C’était une poivrote alors qu’elle avait tout pour plaire ! Non mais il faut arrêter, elle avait tellement de potentiel mise à part son manque flagrant de… enfin vous voyez quoi !

-  Target ? ça veut dire cible ça ? Bah… toutes jolies filles sont des cibles potentielles. Tu ne la trouves pas sexy Luz ? Enfin pourquoi je te le demande, tu as des goûts étranges… Bon sinon en gars, bien entendu il y a Naëry mais après tu as le chasseur de prime là ! A ce qui paraît, il se tape une femme riche, enfin je ne vois que ça quand je vois comment il retape son bureau. Ce n’est pas avec notre salaire qu’on peut faire de telles choses ! En tout cas, il a trouvé la perle rare à moins qu’il est vendu son corps pour ça.  Du moins, on peut parler de sacrifice si il prends du bon temps car tu vois, je me demandais que si pour avoir un max d’argent, je ne ferai pas ça, j’ai une folle envie de m’acheter un petit item prochainement. BREF, tu as l’air toute tendue là, on est que dans la forêt, bibiche.  

Bon, elle a l’air sérieuse donc on va essayer de faire de même hein, montrer que moi aussi je suis efficace ! Activant mon arbalète de poignet d’un simple mouvement, la voici qui est dépliée, ma bague de visée active si nécessaire si je vois le moindre prédateur trop dangereux.

- Hey, tu sais, il ne faut pas en faire du hachi parmentier du truc… alors ne dégaine pas trop vite ton énorme épée.  

Vu la taille de la bête, si on ramène qu’une cuisse, c’est largement suffisant pour faire un repas. Luz ne risque pas de nous tuer d’ailleurs si on apporte toute la carcasse ? Boarf, elle trouvera un moyen de faire disparaître tout ça, je ne me fais pas de soucis là-dessus. Je donne un ordre télépathique à K’awill pour qu’il se rapproche de nous, assurant nos arrières si nécessaire. Il prends alors le temps de renifler aussi la piste du lapin fromager, il avait cette soi-disant odeur si particuli_re donc pas besoin de bubble pistage qui était d'usage unique pour lui courir après. Un mouvement derrière nous se fit entendre et aussitôt, nous nous tournons toutes les deux vers la provenance du son. Quelques gloots sortent du bosquet et nous filent entre les pattes pour s’amuser à grimper sur le dos de ma monture tout en essayant d’éviter soigneusement le coeurl. Il y en avait un qui essayait de fouiller dans mes sacoches de voyage, en quête de nourriture à ce que je vois.

- Ne touche pas à mes gâteaux toi !    

Ma loutre finit par se remuer l’arrière-train pour faire éjecter le gloot sans succès. Remontant les manches pour le déloger, je replis mon arbalète mécanique pour ne pas blesser l’animal. Maintenant à portée de mains, j’attrape sauvagement son buste et le tire de toutes mes force hors de la selle.

-  Mais tu vas partir d’ici toi !  

Après une lutte acharnée de quelque secondes, ses griffes finissent par lui faire défaut quand je bascule en arrière avec l’élan, je sens une branche au sol et je m’étale de tout mon long sur la seule chose de dur dans le coin. Oh tiens, une aventurière !

- Prostitu-quoi !    

Les yeux ronds, je regarde la jeune femme. Mais qu’est-ce qu’elle me chante, je ne vais pas faire une chose pareille non mais oh ! Pour des vieux ploucs ou autres gardes en manque d’amour me touche. Plutôt crever que de faire une chose pareille puis voilà j’ai envie de vomir rien qu’à l’idée.

- Non mais quand je disais de faire comme Jin, je pense qu’il a une copine quoi, il n’est pas devenu gigolo le flammèche ! Puis allez, occupons nous de cette mission tiens.  

L’attaque des gloots avait au moins le privilège de faire sortir un lapin fromager du bosquet et même si je finis entre les jambes de Marie Madeleine, j’eu le privilège de taper un peu de la marchandise.

- Comment ça pas tout de suite, c’est toujours le bon moment tu sais…    

Oui bon surtout pas tout de suite quand le lapin commence à s’éloigner avec un coeurl aux fesses. Il ne va pas le manger hein ? Non pas que je ne crois pas à ses talents de dressage à Marie mais il avait la tête du prédateur qui avait la dalle non ? K’awill continue de s’affairer contre les petites bestioles qui prenaient un malin plaisir de lui sauter sur le dos. Je lui donne l’ordre télépathique qu’il passe invisible comme ça il pourra plus facilement les pourchasser.

- Toi et ta grosse épée, range là. Laisse faire les pros.    

Je me redresse sur mes deux jambes,enlevant la terre sur ma tunique avant de prendre ma sarbacane magique. Le coeurl avait décidé de goûter la prise avant nous et je prends rapidement une fléchette gros-dodo pour la lancer dans l’arrière-train de notre butin. Ma bague s’active et permet d’activer la visée juste de l’objet. Le lapin fit alors un petit bruit et le voilà par terre sous la gueule de la monture de la blonde.

-  Alors, tu vois c’était facile !  

J’aime les missions qui étaient d’une simplicité sans nom, ce n’était pas tout le temps le cas mais pour une fois je ne vais pas me plaindre !

- Tu peux appeler ton gros chat ou pas ? Je n’ai pas envie qu’il bave partout sur le steak pour Naëry, ce n’est pas très bon pour la viande puis je sens qu’il pue de la gueule d’ici !  

Je m’approche de la bestiole quand je me prends quelque chose d’invisible dans mon dos. K’awill était encore en proie contre des gloots et il continuait de s’amuser avec eux.

-  K’awill !  

Mais ce gros nigaud me donne encore un coup et je trébuche par terre. J’essaye de m’attraper comme je peux quand ma main finit sur un caillou. Je m’écorche un peu celle-ci en tombant ainsi que les genoux qui tapent une racine qui dépassait.

- K’awill ! Arrête tes bêtises !    

Voilà, maintenant je saigne dans l’histoire. Marie va croire que j’ai une sainte communion avec la terre pour toujours me rétamer au sol. Je lève -encore- et attrape une bande pour nettoyer la plaie et que ça arrête de saigner. Ma monture finit par se rendre visible et se tourne avec un gloot dans la bouche.

-  Lâche le, il ne t’a rien fait.  
- Non !
-  Si, si, si, les gloots sont juste débiles et gentils. Ils ne vont pas te manger.  

Il finit par lâcher sa prise qui s’enfuit à toute vitesse dans la forêt.

- Moi essayer d’attraper plus bleu-bleu
- Tu n’es pas un chasseur tu sais, va prendre des leçons avec Rhésus    
- Avec gros chat ?
- Ouaip, avec lui. Lui c’est un vrai chasseur !    
- Oui maîtresse.

Puis je le vois se diriger vers le coeurl qui renifle le lapin fromager. Il avait baissé ses oreilles et se pointe devant le félin, l’air de rien. Il s'assit devant lui, les yeux grands ouverts, penchant sa tête sur le côté, attendant les leçons de son maître. Je secoue la tête et me tourne vers Marie.

- Je crois que j’ai hérité du loutron le plus idiot au monde n’est-ce pas !?    

Je lui donne un petit coup de coude pour attirer l’attention.

- Est-ce que tu peux juste dire à ton familier qu’il ne mange pas le mien ? Je serai vachement triste de lui envoyer aussi une fléchette dans les fesses si il attaque mon idiot adoré.    

Une claque dans le dos de l’aventurière, je m’approche d’eux, les mains sur les hanches.

-  Bon, on le ramène vivant à Luz, comme ça la viande sera bien fraîche, il nous reste à attraper le reste. Tu sais où trouver tes champignons, c’est ça ?  

Marchant côte à côte vers notre prochaine étape, je me pose alors la question si Lin aurait fait tout ça pour moi. Genre faire appel à des aventuriers émérites pour trouver la nourriture parfaite pour un repas grandiose qu’elle aura fait ! Enfin non ce n’était pas une bonne idée, elle avait un talent sans nom pour les enchantements mais les repas… c’était une autre histoire. Mais le pire dans l’histoire, je ne sais même pas la date d’anniversaire de Lin ! Il faut que je remédie à ça, très rapidement.

-  Petite bête ! Elle est plus grosse que ton coeurl !    

Elle a des problèmes de vision celle-là. Il était plus gros, plus grand, plus intelligent et surtout plus beau que son chat maigre là.

-  Je l’ai depuis que c’est un petit loutron, ça fait quelques années déjà. Il m’accompagne partout.  

Je lui fais des gros yeux pour lui rappeler que même si ce n’était pas un prédateur et qu’il ne mange pas de la chair humaine comme son familier, elle tombera sur moi si son coeurl fait du mal à mon K’awill adoré. On continue de marcher enfin, elle continue de marcher, j’avais la flemme de continuer à la suivre à pieds. Elle me fait signe de descendre et de s’approcher d’elle pour voir la petite vieille sur son transat en train de bronzer.

-  Tu sais que c’est du vol ça ? Tu es au courant que si Luz apprends qu’on a volé la pauvre petite dame, elle nous tuera surtout qu’on a des tonnes de cristaux pour payer.    

Je sous pèse la bourse. Elle avait donné de quoi tenir un siège et la perspective qu’on vole la petite dame me fait penser que si un jour on vole mes vieux propriétaires chez moi. Je retrouve le coupable et lui fait comprendre la vie.

-  Donc tu voulais dire plus tôt qu’on va chercher discrètement des champignons chez elle et on laisse un peu de cristaux sur la table. C’est bien ça l’idée ?    

Elle me regarde avec un grand sourire. Bon, il va falloir prendre les choses en main quand K’awill joue encore avec un papillon.

- Qui va là ?

Instinctivement, je mets ma main sur la bouche de Marie. Je donne un ordre télépathique à K’awill qui s’arrête tout de suite de bouger.

- Sortez de mes buissons ! Vous n’allez pas encore écraser mon potager bande de voleurs de navets !

Bon tout devient compliqué quand K’awill se fait narguer par un autre papillon qui passe devant les yeux de ma loutre. Je prends aussitôt la main de ma collègue quand la femme arrive avec sa sandale dans la main. Je nous rends aussitôt invisible et dit à K’awill de le faire aussitôt. Nous disparaissons aussitôt aux yeux de la femme. Je ne connaissais pas les enchantements qu’elle a mis à son fidèle félin mais j’ai l’impression que lui aussi disparaît. Seul le cheval avec notre prise reste visible.

- K’awill, occupe toi du cheval, pousse plus loin et attends nous

Mon ordre télépathique était donné. La main toujours dans celle de Marie, je la tire vers la maisonnée. On passe devant la femme qui semble pas comprendre ce qui arrive. Elle court en direction de son potager, essayant de faire fuir des bestioles qui n’ont jamais exister. Maintenant qu’elle était assez loin, je m’approche de la brute.

- Bon allons chercher ses champignons, si on se lâche, on se retrouve à l’entrée du chemin. K’awill a dû amené la monture là-bas. Okay ?

Tenant maintenant son avant-bras car on va éviter les situations étranges, je me laisse emmener par la blonde. La vieille tournait en rond autour de sa bâtisse. Pourvu qu’elle nous tombe pas dessus.

- J’vous aurai ! Saloperie de bestioles !

Il est vrai que ce spectacle pouvait faire rire ma collègue car c’était certainement la première fois qu’elle était invisible. J’avoue plus jeune, j’ai peu de nombreuses fois, jouer de la situation, rendant fous plus d’une personne et quand je regarde cette pauvre vieille dame, je ne peux me souvenir de ma jeunesse d’antan. Mais j’ai appris aussi que certains avaient plus de séquelles de mes passages et même si l’envie de l’embêter plus me démange, j’essaye de me contenir. Enfin, vous me connaissez, est-ce que je peux rester sérieuse deux secondes ? Non, je ne le peux pas !  

-  Alors on a peur Miss gros muscle ? Je te l’ai dit, Luz n’acceptera jamais qu’on vole ses fournitures et moi non plus. Tout travail mérite salaire et je ne suis pas une voleuse, toi tu fais ce que tu veux !    

Ayant la bourse dans ma poche, c’était moi qui fixait la transaction. Essayant de me rappeler combien coute le kilo de ses champignons au marché, je décide de prendre une bonne poignée ! Ca sera la bonne action de Luz, elle adore aider les gens puis je raconterai à Naëry que son anniversaire a été une bénédiction pour certains. Tout doucement, je pose l’argent sur la table mais la mamie semble avoir un sixième sens quand elle tourne la tête dans notre direction. J’avais l’habitude de ce regard qui te pointe sans savoir si elle te voit réellement. Je ne bouge plus mais la propriétaire ne semble pas de cet avis.

- Sales farfadets ! Vous essayez de m’acheter en plus ! Rooky, viens m’aider.

Rooky ? C’est quoi encore ce truc ? Puis le canitribus sort de la maisonnée. Oh non, pas ce truc… ils sont fourbes à se diviser comme ça puis m’encercler à chaque fois. Les chiens se divisent, bien entendu et commence à renifler partout. La chance veut que mon pouvoir fait disparaître les odeurs également mais ma chance légendaire est sans nom quand je vois un K’awill revenir tout heureux, visible. Mais qu’est-ce qu’il fait encore lui. Les chiens l’aperçoient enfin et part à sa poursuite.

-  Mais… mais… pourquoi il fait ça.    

Je sens encore la poigne de Marie sur mon bras et décide de changer les rôles quand je prends à son tour son membre pour la tirer vers nos montures et surtout le lapin fromager.

- Grouille, ils vont faire peur à ton cheval si ça continue.      

Mon pouvoir toujours actif, nous courons à toute vitesse vers notre point d’arrivée, les sac pleins. Les trois chiens sautaient tout autour du cheval, essayant de capturer notre butin.

- Il faut les chasser d’ici avant que l’autre dame arrive.    

D’ailleurs j’entends ses pas lourds et son souffle. Elle va mourir si elle continue à nous courir après et Luz va me tuer. Je demande à K’awill de s’approcher de moi, je le guide par ordre télépathique. Il va falloir employer les grands moyens et comme Marie est à pied, je vais devoir la prendre avec moi le temps de courir. K’awill est devant nous, je saute sur la selle et tire la blonde pour me rejoindre.

- Une ballade princesse ?    

-  Les citrouilles… ce ne sont pas des légumes hein...  

Finalement, j’avais trouvé pire que moi et me voilà rassurée qu’il y avait plus grand boulet que moi ! On continue notre chemin au calme alors que nous prenons de plus en plus de distance de la vieille folle. Marie me tenait la taille et j’imagine aisément la tête de Lin si elles nous voyait dans cette position. Déjà qu’elle m’a fait un scandale pour Calixte alors que voilà quoi…

On arrive alors devant une cave pour acheter de l’alcool. Je laisse ma collègue faire et demande à K’awill de surveiller le cheval et surtout le butin pour finir par rentrer moi aussi dedans.

- Loin de là, mesdames… puis certaines sont bien habillées à ce que je vois.
-  Montre nous ce que tu as, s’il te plaît. On est un peu pressé.    
- Un mari qui vous attends ? A moins que…

Je le vois me faire un regard lourd de sous-entendu ainsi que me regarder moi puis Marie. Ne me dit qu’il pense à ça quand même. Je lui lance un regard noir et retourne tout de suite à sa cave pour sortir ses meilleurs bouteilles. Les mains derrière le dos, je prends le temps de regarder les différentes étagères et les spiritueux aux noms imprononçables. Mais qui a inventé des choses pareilles. J’attrape une bouteille pour mieux voir quand l’autre mec se glisse derrière moi avec son gros ventre et me parle dans l’oreille.

- Madame a une bonne prise de main !

Ne m’attendant pas du tout à ça, la bouteille me glisse des mains quand je sens les poils de sa moustache dans mon cou. Le gros splash sur le sol se fait entendre. Mes bottes sont salies par le vin ainsi que les caisses qui étaient non loin. Je me retourne pour m’excuser quand je vois le regard lubrique du vendeur.

- Calme tout de suite tes ardeurs sinon je lui dis de t’éclater la tête avec son épée.    

Je pointe du doigt une Marie qui n’avait rien à voir mais je finis par lui glisser un petit avertissement.

-   C’est une femme très jalouse et possessive. A ta place, j'essaierai pas de l’énerver. Le dernier qui a tenté son coup avec moi bah…. On ne l’a jamais retrouvé !  

Il devient aussitôt blanc, oubliant la bouteille que je venais de casser. Il part de nouveau dans sa cave apportant d’autres bouteilles et les poses sur le comptoir.

- Je… je… voici mes meilleures bouteilles.
-  Elles sont à combien ?    
- Je vous fait une promotion, deux au prix d’une !

Je donne un coup de coude à Marie.

- Tu as vu chérie, on va pouvoir en acheter plus et se faire une petite réserve perso !      

L’homme nous regarde toutes les deux et je m’amuse à prendre Marie par la taille.

- Qu’est-ce qu’il te ferait plaisir. La liqueur de sucre de canne, c’est délicieux à ce qui paraît ! Tu as du vieux rhum ?    
- Bien sûr !
- Oh excellent !    

Je tourne alors la tête vers la blonde pour voir ses réactions. Au pire, elle me tuera...

Ma complice profite alors de commander plein de bonnes choses dont je ne connaissais même pas le nom. Mais elle a l’air de si connaître alors je la laisse faire surtout quand elle m’appelle mon petit Shalupin. Même Lin ne m’avait pas donné un petit surnom affectueux et elle, elle en trouve un direct. Ça change de zèbre qu’on peut me donner à cause de ma coiffure. D’un côté, j’étais plutôt contente de ce petit surnom affectif.

Le caviste nous fait un prix imbattable et nous voilà avec notre commande dehors, prête à repartir pour de nouvelles aventures.

-   Donc, on une nuit de noce à fêter, Chérie ? Doit-on attendre la nuit pour ça, je crois que nous sommes un peu pressées voyons...

J’attrape les bouteilles et les glissent dans les sacoches de K’awill. J’avais un grand sac sans fond pour ça, il faut bien qu’il sert un peu celui-là.

- Puis tu as l’air surprise que je sois de ce genre-là, je ne m’en cache pas… enfin je ne crois pas avoir omis ce détail quand j’ai parlé de Luz et tout ça !  

Ma préférence n’était un secret pour personne, bon les hommes, ce n’est pas que je n’aime pas ça mais c’est comme faire manger des brocolis à des enfants. Ça se mange mais ce n’est pas top quoi bah moi c’est pareil. Si je n’ai pas trop le choix ou une envie soudaine de brocolis, pourquoi pas mais là, en ce moment… non !

- Tu sais… Dommage qu’on soit connu trop tard, on aurait pu faire des choses bien toutes les deux ! Je t’aurai appris des choses et tout. Ca t’évitera de traîner avec ses mecs chelous que tu trouves beau !    

Je grimpe sur le dos de K’awill et tends de nouveau ma main pour faire grimper Marie.

- Allez nous avons de l’ambriosa à acheter non ? on trouvera ça en ville.  

Heureux comme tout, K’awill prends la route de la Capitale. La présence de Marie dans mon dos était réconfortante mais je n’étais pas là pour penser à ça. Si Zahria me croiserait, je sentirais son regard noir au loin. Du genre “ Mais qu’est-ce que tu fous encore toi ! Tu as rien compris ! “ bla-bla-bla. Oui bon, personne va balancer à Lin non ? Je fais rien de mal en plus, je fais que raccompagner Madame à notre chère capitale ! Nous avons une mission et si j’ai fais genre qu’on était en couple pendant quelques minutes, c’était pour avoir une réduction, même pas eu besoin de l’embrasser même si ça m’aurait bien tenté.

- Dis Marie, c’est quoi le truc plus dingue que tu as fais toi ?  

Ouais bon, on s’occupe comme on peut sur le chemin de retour. Il manquerait qu’une tempête nous tombe dessus, des brigands…

Fidélité ? Oui on peut dire ça c’est surtout une promesse que j’ai faite à Lin de ne pas la faire souffrir. Mais je trouve que les termes du contrat sont très très flous. Plus le temps passe, plus mon coeur l’appartient mais le reste ? Je ne pourrai jamais me lasser de taquiner les jolies filles, oh non, ce n’est pas possible mais est-ce une trahison ? Il faudrait que je mette le sujet sur la table mais je tiens personnellement à ma vie !

Quoi qu’il en soit, l’aventurière s’amuse bien à mes dépens avec ses bêtises et je sens que le moindre faux pas, elle serait capable soit un de me jeter au sol et me donner le coup de poing de ma vie, soit deux, me faire la plus grosse blague graveleuse au monde ou autre réflexion ! C’est la partie amusante des voyages et des missions. Les anecdotes et aussi nos histoires loufoques. J’écoute avec attention son truc avec les Jagras qui finit ensuite avec un Basilic. Il était fou ce mec d’envoyer une gamine à la mort comme ça. Puis un basilic, ça se voit bien que c’est pas une petite bêbête innocente, je voudrais jamais croiser la route de ce truc !

-  Ne te trompe jamais entre un warg blanc et un soltisce alors ! Ca se pourrait que ça finisse pas aussi bien.  

On arrive enfin pour récupérer les derniers ingrédients. Je me dévoue pour chercher tout ça pendant qu’elle garde notre prise. Même pas en rêve on me la vole avec tout le mal qu’on s’est donné. Je retrouve la blonde et nous repartons pour trouver le chemin vers la demeure de Luz and co.

A peine cinq cents mètres de fait, nous voilà arrêter par une bande de brigands. La fameuse team raquette. J’en ai entendu parler à la Guilde. Deux guignols qui généralement sont accompagnés d’un gloot avec un enchantement de parole.

- Je te présente la meilleure équipe du monde. Je ne croyais pas cette légende urbaine mais me voilà devant les fameux Tessy et Games !  
- Tu as vu ça Games, nous sommes connus dans toute la capitale !
- Bien sûr Tessy. Qui ne résisterai pas à ton charme redoutable !
- Ouais, rendez-vous tous ! Gloooot !
- Ouais les morveuses, donnez moi votre lapin fromager, ça vaut une fortune au kilo !
-  Tu t’en occupes Marie ou on leur fait une petite blague ?  
- Vous croyez nous avoir ? Nous avons survécu à la tour en Ruines et aussi la cité enfouie. Rien nous fait peur !
- Ouais ! Faites pas les malignes. Donnez nous ça !

Marie sert de plus en plus en fort son épée. Je crois qu’elle attends qu’un simple signal pour attaquer.

- Je te rappelle qu’on est en ville chérie ! La garde va rappliquer et puis, c’est tellement plus amusant de leur donner une bonne leçon qui s’en souviendront toute leur vie.  

J’active aussitôt mon invisibilité et me voilà invisible à tous leurs sens. Première étape. Attraper le gloot et le mettre dans mon sac sans fond avec la bulle de rangement. J’attrape l’animal bleu, il se débat mais j’arrive facilement à le glisser dans le sac.

- Oui il est passé !
- Mojito ! Reviens !
- Vous ! Rendez-nous notre Mojito.

Mais je ne dis rien, laissant à Marie le soin de faire ce qu’il lui plaît. Maintenant, mon coup de grace. J’attrape un gros ciseau ou sorte de cisaille dans mon sac et me dirige vers la crinière rouge de la femme. Ca va être magnifique, je le sens bien. J’avance à pas de loup, la cisaille grande ouverte et je place les lames sur ses cheveux tout collant. Un coup sec et on entends les cheveux qui tombent. Elle avait maintenant un “ joli “ carré.

- GAMES ! QU’EST CE QU’IL M’ARRIVE !
- J’en sais rien Tessy !
- Mais je suis devenue hideuse !

Je suis pliée en deux dans mon coin. Ils ont l’air ridicule et leur réputation est vraiment sans pareille !