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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    La patte blanche de l'expert
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    La patte blanche de l'expert
    Ven 1 Mai 2020 - 15:46 #
    La patte blanche de l'expert
    Demande de noble

    La tribu nomade de Nabtee est réputée pour l'excellence de ses herbes médicinales et de ses décoctions curatives. Malheureusement ils sont aussi profondément chauvins et peu amènes envers les étrangers... Ils n'acceptent presque aucun contact humain extérieur et vivent reclus près de l'arbre sacré. Luz rêve de pouvoir mettre la main sur plusieurs de leurs fabrications, et mieux encore, d'établir avec eux un contrat commercial privilégié capable de lui garantir une livraison régulière de produits médicaux. Amis négociateurs et diplomatiques de tout poil... Vous êtes les bienvenus !

    + Proposé par : @Luz Weiss
    + Participants : @Vrenn Indrani & @Zahria Ahlysh
    + Objectif : Trouver et ouvrir des négociations avec la tribu des Nabtee dans le but d'obtenir de leur part une transaction : au pire, l'achat ponctuel de décoctions et d'herbes médicinales, au mieux, l'ouverture d'un contrat commercial privilégié qui permettrait au cabinet Weiss de se fournir régulièrement chez eux en produits exotiques.


    Luz mit de l’ordre dans les documents qui parsemaient la surface de son bureau. Les cheveux ramassés sur sa nuque pour dégager ses yeux de toute potentielle mèche folle, elle tenait serré entre ses dents l’embout de la plume qui lui permettait d’écrire.

    « Ah, ch’ai troufé ! »

    Elle brandit fièrement les trois feuillets de paperasse qu’elle cherchait depuis lors et les tendit à Zahria, sa tendre amie et colocataire qui patientait en face de son bureau. Le dénommé Vrenn l’accompagnait, un tantinet plus en retrait. Une satisfaction non cachée masquait les traits de Luz : vu la récurrence des visites du nouvel espion, elle avait de moins en moins de mal à se souvenir de leurs précédentes rencontres. Découvrir que son pouvoir d’oubli n’était pas un absolu couperet avait de quoi fortement rassurer la praticienne… Elle n’avait plus qu’à tâcher de le revoir régulièrement pour s’assurer de ne perdre aucune de ses précieuses connaissances, quand bien même quelques souvenirs de lui demeureraient parcellaires et troubles. Il avait au moins cessé d’être la créature inatteignable et terrifiante qu’elle s’était imaginée. Elle ôta la plume de sa bouche et griffonna une signature sur un autre feuillet.

    « Je vous laisse libre de rédiger les termes du contrat selon ce que la tribu des Nabtee voudra bien nous accorder. Je fais confiance en votre jugement sur ce point. Je vous ai rédigé deux contrats type dont les modalités sont laissées vides, déjà signés par mes soins. Si la mission est compromise, n’hésitez pas à les déchirer. »

    Elle tendit un autre carnet à Zahria, et reprit l’énumération de ses indications :

    « Ce carnet contient quelques informations grappillées sur eux. Mais j’imagine que vous devez en savoir bien davantage que moi… »

    Elle se fendit d’un sourire de connivence. Cette demande ne survenait pas par hasard. Les deux filles avaient convenu d’un plan très simple : lorsque Zahria devait accomplir une mission officieuse, Luz élaborait une demande officielle susceptible de servir de couverture. Elle ignorait bien entendu tous les tenants et aboutissants de leur mission confidentielle – et ne souhaitait en aucun cas le savoir. Elle resterait dans son rôle, celui d’un commanditaire noble intéressé par l’ouverture d’une nouvelle route commerciale entre l’Arbre sacré et la Capitale.

    « Bien entendu, je prendrai en charge vos frais de voyage et tout ce que vous jugerez nécessaire d’acheter pour les convaincre. N’hésitez pas à me joindre par cristal de communication. »

    Elle se releva et contourna son bureau pour les accompagner jusqu’à la sortie de leur demeure. La décoration n’était pas entièrement terminée, mais la bâtisse commençait à prendre sérieusement forme !

    « Soyez prudents. Les Nabtee sont aussi farouches qu’un Instructeur à la retraite. On fêtera ça à votre retour ! »

    Elle déroba une étreinte à Zahria et les regardera longuement disparaître au coin de la rue. Pourvu que leur mission soit couronnée de succès !
    Zahria AhlyshOmbre
    Zahria Ahlysh
    Informations
    Re: La patte blanche de l'expert
    Sam 9 Mai 2020 - 20:44 #

    C'est beau, des fois, comme le hasard fait bien les choses. Quoi que plus le temps passe, plus Zahria met le nez dans les affaires de la Cabale, et moins elle croit au hasard. Elle en deviendrait presque paranoïaque, sur les bords, à les imaginer derrière toutes les manigances. Mais aujourd'hui, le hasard de son côté, si on peut dire ça comme ça. Une lune et demie plus tôt, au campement des Chevaliers Noirs, les espions ont réussi à mettre la main sur plusieurs documents intéressants, et quelques pistes à suivre. Un élan d'espoir au milieu du chaos que fut cette opération. Les Chevaliers Noirs, qui étaient financés par la Cabale pour faire du grabuge dans les montagnes, n'étaient pas spécialement précautionneux de leurs informations confidentielles, et il a été assez facile de remonter la piste de leurs mouvements et trafics, jusqu'à cette tribu des Nabtee, où ils auraient escorté un chercheur de la Cabale. Mais où est le hasard, dans tout ça ? Le hasard se trouve au moment où Zahria, au cours d'un dîner, demande innocemment à Luz si elle connaît les Nabtee, et que la maman officieuse des espions a le regard brillant et se met à parler avec passion de la tribu indigène de l'Arbre Sacré.

    Si cette lune et demie depuis la mort d'Elina a été rude pour Zahria, elle l'a étonnamment mieux vécue que la précédente. La mort de Ruth avait mis la maître-espion au trente-sixième dessous, l'a fait tomber du haut de son perchoir où elle se croyait intouchable depuis sa promotion, mais lui a aussi mis du plomb dans la tête et de la suite dans les idées. Lui a permis de prendre conscience de la richesse des alliés qu'elle avait autour d'elle. Aussi, si la mort de son amie d'enfance aurait pu l'achever, Zahria, déjà endurcie par son précédent deuil, n'a pas eu d'autre choix que d'aller de l'avant, cette fois-ci. La quête avec les aventuriers sur l'Ile Sombre et les nombreux voyages et missions qu'elle s'est imposée, plus l'installation dans les nouveaux bâtiments du pôle espionnage, ont été pour elle un salut nécessaire, tout comme la présence de la rousse et de son lynx à ses côtés, et la réconciliation avec Calixte.

    Peu de mots ont été nécessaires pour que Luz ne lui concocte l'une de ces demandes de nobles parfaites pour partir en couverture, et Zahria a décidé de partir elle-même avec Vrenn. Cela a lui semblé logique qu'ils continuent ensemble cette mission entamée dans les Montagnes, en dehors du fait que les deux amants n'ont passé que peu de temps ensemble depuis la réalisation des sentiments qu'elle lui portait. Tu lui as dit ?, demandait Calixte. Non, elle ne lui a pas dit. Et ce n'est pas maintenant qu'elle va pouvoir le faire, non plus. Qu'importe. Ça ne sert à rien de rendre les choses plus compliquées qu'elles ne le sont.

    Pourtant, quand les deux espions sortent de la maison qu'elle partage avec Luz, après avoir récupéré les documents, et confié Delkhar, le Drarbuste nouveau-né qu'elle ne pouvait décemment pas emmener avec elle, aux bons soins de son amie, Zahria est contente de partir en voyage avec lui. Leur mission ne commencera que dans quelques jours, quand ils auront atteint l'Arbre Sacré, en espérant qu'ils le trouvent rapidement, et en attendant, elle peut apprécier la compagnie de son sarcastique ami. Il lui jette un regard dégoûté en voyant Dhim sur son épaule, et elle ne peut s'empêcher de sourire sur le chemin qui les mène vers la sortie Nord-Est de la Capitale.

    « Je croyais que tu disais que tu prenais pas ta bestiole.
    - Je parlais de l'autre "bestiole". Delkhar, celui que m'a ramené Feuille de...
    - Labyrinthia, ouais ouais... Je sais pas comment tu fais avec deux familiers...
    - Trois.
    - Ah oui merde, le Glooby. Tu comptes vraiment ça comme un familier ?
    - J'y peux rien, on est liées. J'ai pas choisi.
    - Moi j'ai bien choisi, de revendre mon oeuf.
    - C'est dommage, d'ailleurs. Je t'aurais bien imaginé avec une limace sur la tête, où que tu ailles.
    - Ça m'aurait pas rendu plus aimable.
    - Non, je sais bien, mais je me serais plus foutue de ta gueule.
    »

    Elle rit doucement, et il sourit aussi, faisant apparaître ces petites fossettes sous sa barbe. Etonnant, comme les choses peuvent changer. Comme le hasard peut bien faire les choses, parfois.

    « C'est quoi, le plan du coup ?
    - On va commencer par se taper le trajet jusqu'à l'Arbre Sacré. Je suppose que t'as pas de formule magique pour le trouver du premier coup ?
    - Nan.
    - Moi non plus. Paraît que c'est impossible. Une fois sur place, il faudra rentrer en contact avec les Nabtee, sous couvert de venir leur proposer un échange commercial avec Luz...
    - C'est là qu'est notre bonhomme ?
    - A priori, oui. Donc l'identifier, et lui tirer les vers du nez.
    - Y'a pas de baston prévue ?
    - Non, c'est tout en finesse, cette fois.
    - Pas plus mal, ça changera. J'ai l'impression qu'à chaque fois que je suis en duo avec toi, ça finit en bain de sang.
    - Vois ça comme des vacances, alors.
    - Des vacances avec la patronne... 'Chais pas si je peux bien me détendre...
    - Heureusement que la patronne t'a à la bonne, alors.
    »

    Il se renfrogne, comme s'il y avait un truc qui le dérangeait, malgré tout. Zahria hausse les épaules. Il finira bien par parler, s'il veut dire quelque chose. Et il se tait jusqu'à ce qu'ils soient sortis de la Capitale et montés sur leurs chevaux, alors elle se dit que ça ne doit pas être bien important. Le trajet risque d'être long, ils n'ont pas besoin de discuter en continu, après tout. Une fois qu'ils pénètrent dans la forêt, Zahria se permet tout de même une petite réflexion amusée.

    « Ça me rappelle le trajet depuis Forteresse, quand on a trouvé Fifille... J'avais envie de te sauter dessus toutes les deux minutes...
    - Ça a pas changé, ça.
    »

    Encore ce ton sérieux. Elle fronce les sourcils, ouvre la bouche une fois, deux fois. Puis se tait. S'il veut jouer à ça... effectivement, le trajet risque d'être long.

    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
    Informations
    Re: La patte blanche de l'expert
    Sam 23 Mai 2020 - 10:37 #

    Et c’est reparti pour une mission, avec la patronne en personne. En ce moment, j’préfère être en solo, pour le turbin. Ça doit être des phases, comme ça, où j’deviens plus taciturne, et j’ai juste envie de faire mes trucs dans mon coin. C’est pas facile, quand la nana que tu sautes est aussi celle qui te donne des ordres tous les jours de la semaine. Et les nuits, du coup, aussi, plutôt. Et puis, ces bestioles, toujours, qui tournent autour et nécessitent de s’en occuper… Franchement, à ce compte-là, autant pondre un mioche, au bout de quelques années, il devient utile et intéressant, au moins.

    J’réprime un frisson en pensant à la perspective d’un gamin qui serait le mien. Quel enfer, putain.

    J’crois bien que la dernière fois qu’on est parti tous les deux, y’avait aussi Alnilnam, là, le lieutenant de la Capitale, et fille du Saphir, d’ailleurs, que Zahria m’a dit. J’avais pas fait gaffe, mais effectivement… Ben ça s’est pas hyper bien terminé pour von Andrasil, pour qui j’avais bossé aussi. C’est ça, les métiers dangereux, y’a des moments, tu cannes. Sale histoire, mais la chef l’a moins mal pris que Ruth. J’sais pas si j’aurais supporté de faire le bis repetita, de toute façon.

    Ça fait une paye que j’suis pas allé à l’Arbre Sacré, cela dit. Ça fait toujours quelque chose, ce tronc énorme, colossal, même. La perspective est plutôt appréciable. J’y allais de temps en temps, comme contractuel ou examinateur, en solo, pour faire des trucs. Mais c’est vrai que la dernière fois, c’était après la secte, qu’on a marché ensemble. Et ça s’est fini avec la mort de la gamine, là, dont le prénom m’échappe toujours. C’était une semaine bizarre.

    J’me tourne vers Zahria, avec un sourire en coin.

    « Du coup, tu veux, là ? »

    On est dans la forêt, y’a personne... à part le familier et ces saloperies de canassons. Et le premier commence à avoir l’habitude. Mais j’ai proposé d’un ton bravache, par habitude, sans en avoir spécialement envie.

    « Non, on aura le temps ce soir, je préfèrerais qu’on s’assure d’arriver là-bas avant qu’il disparaisse.
    - Ouais, vaut mieux. »

    Hm. Mais pourquoi j’ai proposé ? J’remue inconfortablement sur ma selle. Pas envie d’y penser maintenant. Donc j’m’attache à surveiller les alentours, en espérant une attaque de bandits ou d’un monstre qui fournirait une distraction appréciable. Pas comme si on risquait grand-chose, de toute façon, aussi près de la Capitale.

    « Avec un peu de chance, la tribu sera habillée différemment, et on reconnaîtra le chercheur au premier coup d’œil. »

    Je hausse un sourcil.

    « Tu sais comment ça se passe, quand tu dis ‘’avec un peu de chance’’ en général, non ? »

    Mal. Ça se passe mal. Mais ce qui n’était qu’une boutade innocente passe pas si bien quand elle blanchit en se rappelant les morts qui parsèment son chemin, à la poursuite de la Cabale, j’suppose. J’manque de dire que j’suis désolé, mais j’rattrape les mots et j’fais mine d’avoir pas vu. Ça va, quoi, j’ai rien dit de mal, merde.

    La route est pas mal empruntée, mais notre rythme à cheval fait qu’on n’échange jamais plus de quelques paroles avec les marchands qu’on croise. Avec leurs bêtes de traits et leurs charrettes pleines à craquer de fret, faut dire, on peut se contenter de les contourner par le bas-côté après avoir demandé les nouvelles. Et, ô surprise, y’a rarement quoi que ce soit d’intéressant.

    Avec le soleil qui pointe sous la canopée, et un p’tit vent frais dans les feuilles, j’me prends à somnoler en selle. Ma vieille carne, une belle bête racée d’après les professionnels du secteur, se contente de coller au rythme du cheval de la patronne, ce qui me va parfaitement. Mentalement, j’relis la missive secrète qu’on a trouvée sur le campement des Chevaliers Noirs. En tout cas, leur métier, c’était brigand plutôt que conspirationniste, c’est sûr. Pas de code, tout qu’était placé en évidence… Enfin, au moins, on n’a pas perdu de temps avant de décaniller.

    Au soir, on laisse tomber la possibilité d’une nuit à la belle étoile, dans l’herbe et sous les arbres, pour choisir plutôt le relais qu’a été placé avec une précision exemplaire à environ une journée à cheval de la Capitale. On a beau pas être parti bien tôt, on arrive un poil après la tombée de la nuit, et il reste justement des piaules. Faut croire que les marchands arriveront un brin plus tard, vu qu’ils traînent davantage sur la route. On pose nos affaires, et on s’attable dans la taverne, au frais de Weiss.

    Ça fera du bien aux comptes du maître-espion et de la Couronne, ça. C’est p’tet même le moment de négocier une augmentation. Pasque j’étais mieux payé quand j’étais indépendant, après tout. Mais j’suis en vie, cela dit. Tout s’est drôlement bien goupillé, d’ailleurs, non ? Les menottes, le tatouage contre ma magie, le cul… Hm.

    « Ca va, Vrenn ?
    - Mmh. »

    J’attends quelques secondes, attrape son regard inquisiteur.

    « Désolé, j’ai la tête ailleurs. »

    Une réponse qui veut rien dire, mais qui la dissuade de creuser pour le moment. Mes doigts tambourinent un rythme aléatoire sur le plateau de la table.
    Zahria AhlyshOmbre
    Zahria Ahlysh
    Informations
    Re: La patte blanche de l'expert
    Mer 27 Mai 2020 - 22:52 #


    Le repas est servi, et il n'a pas tiré un mot de plus. Sacrément bougon, aujourd'hui. Zahria ne veut pas insister, il a le droit d'avoir ses secrets, mais ça la travaille un peu. Elle essaye de ne pas se dire que c'est à cause d'elle, parce que ça ne ferait pas avancer leur histoire, et puis finit par lâcher l'affaire. Si ça se trouve, il est juste pas bien à cause d'un truc qu'il a bouffé, ou une histoire de famille ou quoi, et ce n'est pas à elle de s'en mêler. S'il veut en parler, il le fera. Sûr que si c'était elle, elle n'hésiterait pas à lui parler... Mais le fait qu'il ne réagisse pas de la même manière en sa présence qu'elle avec lui, c'est bien la raison pour laquelle elle ne lui a "toujours pas dit".

    Du coup, ils mangent en silence, ce qui est pratique pour écouter les conversations autour et se mettre au courant des ragots du coin. Comme c'est une taverne où il y a beaucoup de passage, il y a quand même moyen de récupérer des informations croustillantes, que ça ait à voir avec l'affaire en cours ou pas, et c'est toujours bon à prendre. Zahria prend note mentalement de ce qui se dit autour, et quand il n'y a plus rien de nouveau à récupérer, s'occupe l'esprit en repassant en mémoire ses dossiers actuels. Elle préférerait passer du temps avec Vrenn, mais ils en passent déjà bien suffisamment d'habitude, et elle ne se sent pas obligée de faire la conversation, étant tout de même en confiance et à l'aise à ses côtés. Lucy, que les choses ont changé...

    Quand le repas s'achève, ils prennent une chambre à l'étage, et Zahria s'installe sur la petite table, sortant son carnet personnel et le Savoir des Anciens, repassant sa journée en détails sur le premier, et cherchant dans le second quelques informations supplémentaires. Depuis la traque de Vrenn, elle a pris l'habitude de noter le détail de ses journées sur son carnet, et a gardé depuis cette petite manie, qui s'est avérée bien pratique. Quand elle ferme enfin les deux carnets, Vrenn est déjà endormi dans le lit. Elle sourit de le voir aussi paisible, et après s'être déshabillée, vient se blottir contre lui, en essayant de ne pas le réveiller.

    Le lendemain matin, quand elle ouvre les yeux, il est assis dans le lit, dos à elle, en train de s'habiller. Elle lui lance un "Bonjour" endormi, auquel il répond avec un sourire. Il semble aller mieux. Non ? Elle prend le temps de s'habiller à son tour, avant de lui voler un baiser et de sortir de la pièce pour aller prendre un petit déjeuner et se remettre en route. Il a l'air un peu plus en forme, aujourd'hui, du moins l'espère-t-elle, car le voyage est encore long jusqu'à l'Arbre Sacré, et il va sans dire que tout peut leur arriver.

    Heureusement, la route est assez balisée encore sur cette partie du trajet, et ils avancent sans trop de soucis. La saison est propice à la récolte, et Zahria profite de leurs pauses pour ramasser des herbes à ramener à Luz, en expliquant parfois à Vrenn ce qu'elle fait, quand il fait mine de s'y intéresser. Le reste du temps, elle continue à faire la conversation seule. Les jours se passent, les nuits aussi, assez vides, et la veille de leur arrivée prévue à l'Arbre Sacré, alors qu'ils se sont arrêtés une nouvelle fois dans une petite auberge, Zahria finit rapidement d'écrire ses notes le soir pour venir s'asseoir dans le lit avant que Vrenn ne s'endorme.

    « Il faut qu'on crève l'abcès, s'il y a un truc qui va pas, je préfère le savoir avant que la mission commence.
    - Tout va bien, je ne vois pas de quoi tu parles.
    - T'es pas comme d'habitude.
    - Ça fait pas longtemps que tu te souviens de moi, je ne vois pas ce que tu veux dire par "habitude".
    - Joue pas avec les mots... Pas avec moi.
    - Désolé, Ombre.
    - Vrenn. Je sais pas si t'as pigé, mais y'a des barrières qui ont été franchies entre nous qui impliquent que je ne te traite pas exactement comme les autres, et que je n'attends pas exactement de toi le même traitement qu'ont les autres non plus.
    - Ah bon, tu couches pas avec tous les autres espions ?
    - Je sais pas ce que t'as, mais tu me saoules. Je vais te laisser tranquille, vu que visiblement je te dérange. Vais voir si y'a pas des fleurs de Weissium autour.
    - Non mais attends... C'est mal sorti, c'est pas ce que je voulais dire...
    - Ouais c'est ça. C'est ma faute, de toutes façons, j'aurais pas dû "crever l'abcès". T'inquiète pas, repose toi, je reviens tout à l'heure.
    »

    Zahria se rhabille, prend quelques affaires et sort de la pièce. Elle passe devant l'aubergiste, qui lui fait les gros yeux, parce que "c'est pas beau de faire la tête à son homme". Son homme, tu parles. Il la fuit comme la peste. Le message est assez clair. Tu t'es fait des idées, ma vieille. Toi qui laisse jamais rien t'atteindre, tu t'es entichée du pire gars possible... Cherchant à chasser ces idées noires de sa tête, elle se met en quête des fleurs de Weissium, qui brillent à la nuit tombée. Etranges, ces petites fleurs. En infusion, elles permettent de mieux dormir. Elles peuvent aussi devenir un puissant poison, mal dosées. Elles luisent du pouvoir de Zahria, et portent le nom de Luz... Une certaine ironie que ni l'une ni l'autre n'y soit pour rien.

    Dans la fraîcheur de la nuit, Zahria avance dans la forêt, gardant toujours l'auberge en vue. S'ils sont suffisamment proches de l'Arbre Sacré, elle ne devrait pas trop avoir de mal à en trouver, et effectivement, à l'aide de Dhim qui court de partout dans les herbes hautes, elle finit par trouver les petites fleurs, qu'elle s'empresse de ranger dans sa sacoche auprès des autres herbes récoltées. L'herboristerie a toujours eu ces vertus calmantes sur la jeune femme, qui se relève après de longues minutes, sereine. Prête à aller s'excuser auprès de Vrenn. Et alors qu'elle fait quelques pas en direction de l'auberge, Dhim sur son épaule, un craquement retentit dans la nuit. Dhim envoit une onde de peur directement dans le coeur de sa maîtresse, et s'immobilise. Le bruit a été causé par le pas de quelqu'un ou quelque chose d'assez lourd, et si elle ne voit rien, elle se sent effectivement observée. La main sur la bague Tsépi, elle est prête à dégainer...



    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
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    Re: La patte blanche de l'expert
    Lun 22 Juin 2020 - 21:04 #
    Quand elle sort, j’donne un coup de pied au montant du lit, et j’ai la satisfaction de le voir se décaler de quelques millimètres. La douleur dans mon gros orteil me distrait quelques secondes, pendant lesquelles j’sautille sur place en poussant des jurons. Puis j’tourne en rond une fois. Deux fois, et enfin trois. Putain, j’me suis rarement senti aussi frustré. J’vais à la fenêtre, que j’ouvre sans ménagement, heureusement trop tard pour voir Zahria aller je sais pas où et je veux pas le savoir.

    J’tapote le montant en regardant la lune, qui m’fixe comme un sale œil qui cligne jamais, puis, bon, pour se détendre, rien de mieux qu’une clope. J’la roule en essayant de refaire le fil des événements, pour voir ce qui m’énerve comme ça. C’est que j’suis pas forcément un pacifiste, mais j‘ai rarement une humeur aussi merdique.

    J’ai la cigarette au bec quand j’me rappelle pourquoi maintenant j’fume, et ce qui vient de se passer. Soupir. J’remets ma pierre-feu à sa place et j’range le bâtonnet de drogue dans ma besace. J’aurai p’tet davantage envie plus tard, mais là, ça m’a coupé en plein élan.

    Mon regard tourne dans la piaule. Y’a que dalle, mais fallait s’y attendre. Un lit deux places, une armoire vide et qui le restera, deux tables de nuit et part et d’autres, et un bassin sommaire pour une toilette qui le sera tout autant. J’cherche une distraction, mais y’en a pas. J’examine les lattes du plancher, mais aucune a l’air de se soulever, y compris sous le plumard. Qu’est-ce que je fous, bordel…

    J’choppe mon matos, et j’descends l’escalier.

    « Vous savez, vous pouvez attendre encore un peu, lui laisser le temps de redescendre en température et se calmer.
    - Hein ? »

    Qu’est-ce qu’il me cause, l’aubergiste, là.

    « C’est ce que je fais, avec ma femme. Lui laisser le temps, puis elle se rend compte que j’ai raison. Pas que je lui fasse remarquer, n’est-ce pas, mais voilà.
    - Ouais mais on s’est embrouillé sur rien, là.
    - Y’a toujours quelque chose.
    - Sans déconner.
    - Parfois, c’est les humeurs, et…
    - Nan mais j’ai pas envie de parler, maintenant. Elle est partie par où ?
    - La forêt.
    - Merci.
    - Faites attention, y’a des monstres parfois.
    - Ouais, j’espère qu’ils vont faire gaffe à eux. »

    J’claque derrière moi la porte de l’auberge, un poil plus fort que ce qui aurait été strictement nécessaire. Et j’entends le rire bref du vioque.

    Si elle tombe vraiment sur une saloperie, pas dit qu’elle s’en sorte mal, mais mieux vaut s’en assurer. Puis elle va pas dormir dehors ou quoi, ça serait grotesque. Ok, j’ai la tête ailleurs en ce moment, mais c’pas une raison, faut juste me laisser du calme, du temps, de l’espace. Voilà. Quelque chose comme ça. Probablement ?

    J’suis parti vers la forêt, et avec la lune magnifique qu’on a, j’y vois parfaitement clair, donc j’risque pas de me viander dans des racines ou des arbustes qui me prendraient les panards. Avec les colliers jumeaux et les pierres de lien, j'sais exactement par où elle est partie. Puis j’vois un ensemble de formes qui en encerclent une autre que j’reconnais être Zahria, même dans le noir. Quelque chose dans la posture m’indique que y’a un souci.

    J’me rends invisible, et j’avance en catimini.

    « Que faites-vous ici ?
    - Qui parle ? Rétorque Zahria impérieusement.
    - Vous êtes sur notre territoire.
    - Je suis sur le territoire de la Reine d’Aryon.
    - Qu’elle nous a gracieusement octroyé il y a de ça plusieurs générations. Dois-je en déduire que…
    - Non. Par contre, vous pouvez vous présenter, ça serait la moindre des choses. »

    Un homme sort de derrière un arbre, sur ma droite. Il est habillé assez chichement, avec uniquement des trucs qu’on trouverait sur des bestioles ou des monstres, genre du cuir pas hyper bien tanné ou des plantes, et des ossements en guise de décoration, avec toutefois une ceinture ornée d’une grosse pierre semi-précieuse. Enfin, j’verrais pas un truc vraiment coûteux sur ce pouilleux amélioré, faut dire, donc j’me contente de supposer dans l’obscurité.

    « Je suis Naraon, fils de Faraon, de la tribu des Nabtees. »

    Moi, j’suis Vrenn, et j’suis juste derrière un de tes gars qu’a un arc, avec un gros couteau dans la main et Focus chargé à bloc. J’dis ça, j’dis rien, mais si y’en a un qui moufte, il se fait vaporiser façon fourmi devant une loupe.

    « Ah ! On vous cherchait !
    - On ?
    - Oui, avec Vrenn, mon… ami. »

    Ah ben, bonne ambiance.

    « Et pourquoi nous cherchiez-vous ?
    - Nous souhaitons vous acheter des herbes spéciales, et éventuellement tisser des liens plus profonds.
    - Ah. C’est tout ?
    - Euh, oui ? »

    Il trépigne un peu sur place, fils de Faron, là. C’est sûr que l’expédition punitive pour protéger les terres qui agresse des gentils marchands, ça le fout pas trop, hé ?

    « Bon, ben on va vous ramener au village, alors…
    - Ah, ça tombe bien, j’viens d’arriver, que j’dis en sortant d’ailleurs que juste derrière le type que j’allais suriner.
    - Mais t’es là, toi.
    - Vrenn, je présume ?
    - Ouais, c’est ça.
    - Bon, tant mieux, nous nous économisons un aller-retour ou un peu d’attente, comme ça. Par contre, nous n’allons ni vous nourrir, ni vous loger.
    - Ouais, t’inquiète, on a nos affaires. »

    Il me jette un sale regard. Quoi, t’avais des vues sur la basanée exotique, vu qu’elle était ton sur ton avec toi ?
    Zahria AhlyshOmbre
    Zahria Ahlysh
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    Re: La patte blanche de l'expert
    Mer 5 Aoû 2020 - 16:03 #


    C'est une aubaine, de tomber si tôt sur eux. Dans les informations qu'ils avaient, le territoire des Nabtees devait se trouver beaucoup plus au Nord. Mais visiblement elles ne sont pas à jour, et c'est bon à savoir. Ça fera du boulot à Zahria en revenant, mais au moins, ils savent déjà qu'ils ne sont pas venus pour rien. Vrenn lui file son sac sans fond, que Zahria saisit en entonnant un petit merci. La priorité pour l'instant reste de faire ami-ami avec Naraon, ses problèmes sentimentaux peuvent attendre. Surtout que vu la gueule qu'il tire, Vrenn ne semble pas plus prêt qu'avant à avoir cette conversation.

    « A quelle distance se trouve votre village, environ ?
    - Quelques heures de marche.
    - Nous pensions que votre territoire s'étendait plus au Nord, plus près de l'Arbre Sacré...
    - Vous êtes mal renseignés.
    - On corrigera le tir, en rentrant...
    - Et du coup, vous vouliez des herbes rares ? Vous étiez pourtant en train de cueillir des Guetsiin... des Weissium, comme vous les appelez par chez vous.
    - C'est une aubaine d'être tombée dessus par hasard. Mais il paraît qu'avec votre proximité à la nature, vous parvenez à en cultiver de grandes quantités, et pas que des... comment vous dites ? Gaïtzine ?
    - Guetsiin. On peut dire Weissium si vous préférez.
    - Non, Guetsiin, c'est très bien. C'est joli comme nom.
    - Ça veut Fleur-Lumière, dans notre dialecte.
    »

    La conversation continue, est de plus en plus simple, alors que Naraon apprend à Zahria quelques mots de leur dialecte pour passer le temps. A côté, Vrenn est de plus en plus renfrogné. Elle le fusille du regard, et tapote sur son sac pour lui coder quelques mots, même s'il n'est pas encore très à l'aide avec le code des espions. Arrêter jalousie pas moment poireau. Sans doute ne s'en rend-il même pas compte, ou alors l'ignore-t-il, car rien dans son attitude ne change sur l'heure suivante. Sur son épaule, Dhim est ravi de la petite balade nocturne, et Zahria ressent sa curiosité en même temps que son inquiétude par rapport aux sentiments confus qu'il ressent dans le coeur de sa maîtresse. Plus compliqué que prévu, de fermer son coeur à cet instant.

    Heureusement Naraon est des plus intéressants, et une fois les premières suspicions dissipées, il n'hésite pas à leur parler de son peuple et de leurs coutumes. De quoi fortement intéresser Luz et quelques érudits qui seraient ravis de pouvoir les interroger pour remplir de longs bouquins rébarbatifs à leur sujet. En même temps, c'est l'un de ces bouquins qui lui a permis de connaître le peu de chose qu'elle sait sur cette tribu, donc ce n'est pas le moment de cracher dessus.

    La lune est bien haute, quand ils arrivent enfin au village des Nabtees. Pourtant un grand feu brûle au centre du village, et plus d'une dizaine de personnes sont assises autour en train de discuter ou manger. Une femme est même en train de faire des tresses à sa fille, visiblement, une adolescente qui se lève en sursaut dès qu'elle aperçoit Naraon, pour venir se précipiter dans ses bras.

    « Tu n'étais pas censé rentrer si tôt !
    - Oui mais nous avons des invités... Va prévenir papa.
    »

    Le regard de l'adolescente passe sur Zahria et Vrenn, puis avec une petite mine boudeuse, elle repart en courant vers l'une des cahutes s'élevant un peu plus loin. Son cri d'exclamation a ramené l'attention de tous les gens auprès du feu vers la troupe, et certaines têtes passent même à l'extérieur des cabanes alentour pour venir les accueillir. C'est chaleureux, et si personne ne s'approche d'eux, les regardant avec suspicion, les liens que ces gens semblent avoir tissé entre eux semblent forts. Alors que l'adolescente ressort enfin de la grosse cabane avec un homme portant plus de décorations tribales qu'un autre, Zahria se doute qu'elle se trouve en face du chef de la tribu. Derrière lui sort un petit homme rondouillet, portant des vêtements de la Capitale, des petites lunettes, et arborant une peau bien plus pâle que les Nabtees. Un regard vers Vrenn, l'air de dire "Voilà notre homme".

    Les guerriers de la tribu sont vite ramenés vers le centre du village, et Naraon reste seul à leurs côtés, alors que s'approchent le chef et sa fille, visiblement, ainsi que la mère qui la tressait juste avant. Le petit homme reste un peu en retrait, observant ça de loin. Naraon fait les présentations, et explique la raison de leur présence à cet endroit. Zahria et Vrenn ne pipent mot pendant ce temps, se contentant d'acquiescer et esquisser un petit signe de respect.

    « Un traité commercial ? Ça ne nous intéresse pas.
    - Mais papa, attends, écoutons ce qu'ils ont à raconter.
    - Trop d'étrangers. Ramène les où tu les as trouvé, Naraon.
    - Ecoutez, chef Faraon, nous ne vous voulons aucun mal. Si vous estimez que notre présence n'est pas la bienvenue, nous pouvons repartir d'où nous venons. Mais peut-être que notre proposition vous intéressera, malgré tout. Laissez nous au moins une chance.
    - Qui me dit que vous la méritez ?
    - Rien. Mais vous pouvez nous tester, s'il n'y a que cela.
    - Ah ! Voilà qui est intéressant... Mais pas ce soir. Il est temps de dormir. Demain matin à l'aube, soyez au centre du village.
    - Merci pour votre confiance, Faraon.
    - On verra demain, si je vous l'accorde.
    »

    Le groupe est rapidement dissipé, et au départ de leur chef, tous les habitants retournent à leurs cabanes, si bien que Zahria et Vrenn se retrouvent rapidement seuls. En même temps, ils avaient été prévenus. "Ni logés, ni nourris." Très bien, qu'à cela ne tienne.

    Après s'être éloignés un peu du village, ils montent la tente chauffante de Zahria sans s'adresser beaucoup plus la parole, et s'y engouffrent enfin. Vrenn tire toujours sa tronche de grognon.

    « Tu sais ce que c'est, au moins, leur épreuve ?
    - Non, je n'en ai aucune idée. Mais l'autre gars que l'on cherche a dû la réussir, lui, et je vois pas en quoi on serait moins capables. En plus, quand on est ensemble, on se sort toujours de toutes les situations impossibles dans lesquelles on se retrouve.
    - Ouais... ouais. On a aussi le chic pour se foutre tout le temps dans la merde.
    - Je vais pas dire le contraire, ce serait malvenu. De toutes façons, on a pas besoin de rester longtemps. On réussit leur épreuve, on fait le contrat pour Luz et on récupère un maximum d'informations auprès du gars. C'est faisable en une ou deux journées. Et après comme ça je te fous la paix.
    - Non mais c'est pas que je veux que tu me foutes la paix, tu sais...
    - Ah bon, et c'est quoi alors ?
    - Bah... euh... je sais pas... J'ai juste pas l'habitude, de tout ça...
    - De tout quoi ? D'avoir un boulot suivi, une relation avec une seule personne, de quelqu'un qui se souvient de toi ?
    - Euh...
    - Quoi, c'est pas ça ?
    - Si mais...
    - Le boulot suivi et la personne qui se souvient de toi, c'est acté. Donc j'en conclus que ce qui pose problème dans ma phrase, c'est la relation avec une seule personne.
    - ... en même temps on a jamais dit que... Et puis tu voulais pas que ça se sache, donc...
    - Ouais, d'accord. Je vois le genre. Ouais t'as raison, on a jamais dit que quoi que ce soit. Moi je t'ai annoncé il y a deux lunes que je ne voyais personne d'autre que toi, mais je ne t'ai jamais demandé d'en faire autant, t'as raison. Alors fais ce que tu veux. Tant que tu fais ton boulot, de toutes façons...
    »

    Il s'apprête à rétorquer quelque chose, mais Zahria coupe direct la conversation à cet instant, en se retournant pour lui tourner le dos. Dhim tout contre elle, elle met un maximum de distance avec Vrenn dans la tente. Se concentrer sur la mission, ne pas exploser. Et elle ne lui même pas encore dit qu'elle avait des sentiments pour lui. Mais à ce stade, est-ce que ça vaut encore le coup ? Elle s'endort dans ses questionnements, et quand Vrenn la réveille le lendemain en la secouant, le soleil est sur le point de se pointer à l'horizon. L'épreuve à l'aube, oui, certes. Laisser le reste de côté. Pour l'instant.

    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
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    Re: La patte blanche de l'expert
    Sam 5 Sep 2020 - 11:49 #

    Sale nuit.

    Pas mon genre de ressasser des pensées, mais d’avoir enfin mis le doigt –pas tout seul, en plus- sur ce qui me turlupinait depuis un bail, ça soulage. J’triture le bouzin dans un sens, dans l’autre, j’l’examine sous tous les angles et pas moyen de faire taire les images et événements arrivés, possibles, fantasmés, qu’ont dansé la java toute la nuit dans ma caboche. Pleins de trucs auraient pu être différents, j’aurais dû dire autre chose, faire ci ou ça ? J’sais pas.

    C’est ça, le résultat de quasiment une nuit complète à s’faire chier sans réussir à raccrocher : j’sais pas.

    Pourtant, les règles du jeu étaient claires au début. Du jeu, tiens, marrant, comme formulation. Mais c’est même pas moi qui les ai choisies. Et, derrière, elle me les reproche, alors que j’ai quand même aussi pas mal de trucs à gérer de mon côté, putain. Toute ma vie qui se retourne sens dessus dessous, dans les façons, les environnements, et les objectifs, c’est pas facile à gérer, même si j’ai beau blaguer que j’ai juste changé d’employeur, pasque c’est pas le cas. Y’a les gens, déjà, aussi, surtout.

    J’suppose que Zahria en fait partie, même si j’le voyais pas trop comme ça. Elle a toujours été rangée un peu à part, à cause des circonstances, de la situation.

    J’étouffe les pensées avec une ficelle et j’balance leur cadavre dans la marée des choses à faire plus tard quand les lueurs de l’aube commencent à poindre. J’ai l’impression d’avoir dormi deux ou trois heures à tout péter, suffisant pour tenir la journée, surtout si j’arrive à gratter une sieste de dix minutes dans un coin à un moment, genre debout accoudé à un arbre. Trop l’habitude du sommeil destructuré et du boulot de nuit.

    On fait chauffer du thé et on grignote des rations sans décrocher un mot, avant de sortir de la tente et voir que la tribu est déjà bien active. J’suppose que le mode de vie en pleine nature exige de vivre avec le soleil, vu que y’a une troupe de chasseurs qu’on voit partir chercher la bouffe quotidienne, et d’autres qui s’activent à ramener de l’eau, des herbes, et pleins de trucs où j’sais pas trop ce qu’ils foutent, mais ils le font assurément.

    J’marche vers la tente du patron local, devant laquelle fiston et fifille attendent déjà. Comme on disait, le test doit pas être trop difficile si l’autre p’tit gros y est arrivé, sachant qu’on est quand même dans la fleur de l’âge et de la forme physique. Faudra juste pas avoir l’air trop balaise, j’suppose. Faraon sort, et pas de signe de notre cible de la Cabale. Il doit faire la grasse mat’, et il a bien raison. Pas de raison de se lever aux aurores, après tout.

    « Bonjour. Vous êtes ponctuels. C’est bien.
    - Ouais, salut.
    - Bonjour, Chef Faraon, Naraon, et…
    - Naree.
    - Naree, enchantés. »

    On lui adresse un signe de tête et un sourire. C’est qu’elle a l’air sympathique, avec ses fossettes et ses colifichets. Pas moyen de lui filer un âge, par contre. Plus jeune que le frère, mettons début vingtaine ? Allez, vendu. T’façon, notre attention repasse bien vite sur le chef.

    « Pour rester, nous devons nous assurer que vous ne gênerez pas la vie de la tribu des Nabtees. Cela va des règles de respect élémentaire au respect de notre environnement, des créatures qui nous entourent, et de la nature nourricière au milieu de laquelle nous vivons. »

    Ouais, blablabla l’osmose, tout ça. J’ai un air intéressé sur le visage, cela dit, c’est le boulot qui veut ça.

    « Puisque vous souhaitez échanger des guetsiins, cela me semble être un bon objectif. Naraon et Naree viendront avec vous. Ramenez-en une belle brassée en respectant le mode de vie des Nabtees. Prenez le temps qu’il vous faut, d’ailleurs, mais pas plus de trois jours. Nous aurons besoin de mes enfants ensuite, dans tous les cas. »

    Trois jours pour aller chercher des plantes, ça devrait être dans nos cordes, non ? Enfin, dans celles de Zahria surtout, pasque moi, la botanique et l’herboristerie, bon…

    « Allez vous préparez.
    - On vous attend ici, offre Naraon. »

    Naree a l’air moyennement contente de devoir se coltiner deux connards d’étrangers. J’la comprends, mais ça doit faire partie du boulot de fille du grand manitou, après tout.

    On retourne à la tente pour préparer nos affaires, et planquer tout ce qui doit l’être.

    « Il abuse un peu, nan ? Que j’souffle.
    - Comment ça ?
    - Ben, on vient lui demander quelque chose, et il nous le fait chercher nous-même.
    - C’est très malin et philosophique, justement, non ?
    - Mais rudement peu pratique.
    - On a un autre choix ?
    - Nan, comme d’hab’.
    - C’est une référence ça ?
    - Hein ? Nan…
    - Allez, c’est bon. On y va. »

    J’sens qu’on va s’éclater.
    Zahria AhlyshOmbre
    Zahria Ahlysh
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    Re: La patte blanche de l'expert
    Mar 1 Déc 2020 - 15:46 #


    Quand Vrenn la secoue ce matin pour qu'elle se réveille, Dhim en profite pour s'extirper de l'étreinte des bras de sa maîtresse. Le pelage de neige du Lumios est humide des larmes silencieuses qui n'avaient pas coulé pour un amour déchu depuis au moins dix ans. Zahria tourne le dos à Vrenn en se relevant, et s'habille sans dire mot. Dans ce même mutisme est pris un repas frugal, et les premières paroles ne sont prononcées qu'un peu plus tard, auprès des Nabtees.

    Après leur bref échange près de leur campement, les espions se perdent à nouveau dans le silence alors que dans une mécanique maintenant bien huilée, ils démontent la tente et effacent les traces de leur passage. Moins d'un an que Vrenn fait partie de sa vie et de ses souvenirs, et l'on pourrait croire à les voir que ça fait toute une vie.

    Ils se mettent en route, auprès des enfants du chef, et l'adolescente se prend tout de suite d'affection pour Dhim, qui est ravi de trouver en elle une nouvelle compagne de jeu et de caresses, loin des tourments qui assaillent Zahria. Car si son visage présente une mine décontractée quand elle discute avec Naraon, occupé à lui apprendre des mots de leur langue, elle ne sait plus quoi penser de Vrenn, qui marche en silence un peu plus loin.

    Ce n'est pas pourtant pas la première fois qu'elle tombe amoureuse et attend de l'autre des choses qui n'étaient pas dans le contrat. Elle s'était même promis de ne plus s'attacher, elle sait être un problème quand ça arrive. Même si le ton froid de Vrenn depuis quelques temps lui glace le sang, ce n'est rien à côté de la douleur sournoise de la culpabilité.

    La journée se passe sans qu'ils ne parviennent à remettre la main sur les Guetsiin, et ils décident de monter leur campement tôt, pour continuer à chercher de nuit quand la lumière des petites fleurs curatives cristallise comme un flocon, trahissant leur présence.

    La tente chauffante est à nouveau montée, et la jeune soeur de Naraon, que la fraicheur de la nuit tombante a fatigué, s'y installe pour une sieste aux côtés du Lumios de Zahria, alors que les trois adultes s'installent auprès d'un feu de camp sommaire. C'est Naraon, qui brise enfin la glace, le silence pesant et les regards fuyants.

    « - Vous ne ressemblez pas vraiment à des marchands.
    - Vous en croisez souvent ?
    - Ça arrive, oui, des gens qui s'aventurent dans nos terres. Et nous sortons aussi pour troquer des choses qui nous manquent, surtout en hiver quand les créatures se cachent et que la chasse se fait trop rare pour sustenter tout le village.
    - Je vois, effectivement, vous n'êtes pas aussi fermés à l'exterieur qu'on le dit.
    - Non, et je sais donc de quoi je parle quand je dis que vous ne ressemblez pas à des marchands.
    - Nous n'avons jamais vraiment dit que nous en étions
    - Qu'êtes-vous, alors ?
    - Des voyageurs en mission.
    - Des mercenaires, en somme.
    - Vous pouvez le voir comme ça, effectivement.
    - Et pourquoi les Guetsiin, alors ?
    - Nous travaillons pour un médecin de la Capitale, c'est elle qui nous envoie auprès de vous pour sceller cet accord commercial.
    - Médecin... elle se servirait de nos plantes pour soigner des gens ?
    - Evidemment.
    »

    Zahria attend un instant, tirant une longue latte sur sa clope, pour enchaîner, sentant le moment propice à poser une question, à son tour.

    « L'autre homme qui est dans le campement, qui n'est pas un Nabtee, c'est un marchand, lui aussi ?
    - Plutôt un voyageur comme vous. Pourquoi ?
    - Ça me semblait étonnant de le voir aussi bien installé auprès de votre tribu.
    - C'est un ami de mon père. Je ne le connais pas très bien.
    - Ça fait longtemps qu'il est ici ?
    - Quelques semaines... mais il était déjà venu, avant.
    »

    Le ton de la voix de Naraon se referme, comme s'il voulait en dire plus mais ne se sentait pas en confiance. Zahria se tait un moment, puis jette enfin un regard vers Vrenn. Il aura peut-être une meilleure idée pour en tirer des informations. Mais contre toute attente, c'est Naraon lui-même qui reprend la conversation.

    « Je ne lui fais pas vraiment confiance, à vrai dire.
    - Et à nous oui, pour nous dire ça d'entrée de jeu ?
    - A vous, oui, lui, je sais pas encore.
    »

    Il la pointe du doigt en signalant Vrenn d'un coup de menton. Ça tire un léger sourire à la maître-espion.

    « Vous avez bien raison.
    - De ne pas faire confiance à votre ami ?
    - Oui.
    - Hé !
    - Quelque chose à rétorquer ?
    - Vu le nombre de fois où je t'ai sauvé la peau, tu pourrais montrer un peu de gratitude.
    - Gratitude, oui, confiance, aussi, mais ça a pris le temps.
    »

    Le regard de la jeune femme est chaleureux, comme si d'un coup ses émotions négatives étaient oubliées. Quand ils se taquinent ainsi, tout ce qui en ressort c'est cette étreinte agréable autour de son coeur. Qui devient étouffante quand tout à coup le regard de Vrenn fuit à nouveau. Ce que Naraon ne manque pas de capter, mais il n'en dit mot. L'attention de Zahria revient vers le jeune prince de la tribu, alors que son air se fait sérieux à nouveau.

    « Pourquoi vous nous parlez de ça ?
    - Parce que j'ai vu comment vous le regardiez. Vous n'êtes pas là que pour votre amie médecin, je me trompe ? Je pourrais peut-être vous aider, si vous...
    »

    L'arrivée de Dhim près du feu interrompt la conversation, alors que Naree refait son apparition, les yeux encore rougis après sa sieste. Naraon jette un regard aux deux compères, histoire de leur faire comprendre qu'il ne faut pas parler de ça devant sa soeur, puis l'installe à ses côtés avant de lui servir à manger. Très bien, ils tiennent là une piste, mais il faut éloigner la gamine. Ça devrait être faisable, surtout vu les oeillades qu'elle lance à Vrenn. La jeune a du goût, même si elle les aime bien plus vieux qu'elle, visiblement.

    Elle ne manque pas de se mettre en binôme avec le barbu quand un peu plus tard, ils décident d'aller à la recherche des Weissium, soit-disant pour mieux lui expliquer où les trouver. Et Zahria peut enfin discuter tranquillement avec Naraon.

    « Vous alliez me parler de l'ami de votre père, tout à l'heure.
    - Oui... il pose beaucoup de questions.
    - Quel genre de questions ?
    - Sur nous, la flore, les environs... il dit qu'il écrit un livre.
    - Moi aussi je pose beaucoup de questions.
    - Oui, mais c'est pas pareil.
    »

    Ouais, en gros, la curiosité a un délit de faciès. Mais le fait qu'il écrive un livre ne fait pas de lui un criminel. Un scientifique intéressé par cette tribu indigène, tout au plus.

    « Et puis il y a ces gens qui viennent le voir.
    - Des gens qui viennent le voir ?
    - Oui. Il s'absente tous les deux ou trois jours, pour rencontrer des hommes dans la forêt.
    - Comment vous le savez ?
    - Je l'ai suivi, une fois, même si père me l'a formellement interdit.
    - Quel genre d'hommes ?
    - Le genre armé, pas très fréquentable. Ils s'échangent des tubes avec des messages, je les ai vus dans sa case. J'ai jeté un coup d'oeil, une fois, dessus, mais je ne comprenais rien, comme si c'était codé. Il y avait juste ce symbole étrange, un crâne...
    - ... sur un livre.
    »

    La voilà, sa preuve. Le sang fait un tour dans le corps de Zahria, et l'adrénaline monte d'un coup.

    « C'est quand, leur prochaine entrevue ?
    - Demain, à l'aube, il me semble.
    - Vous sauriez nous y guider ?
    - Je... oui ? Mais, pourquoi ?
    - Je vous expliquerai en chemin.
    - Et ma soeur ? Je ne peux pas la mêler à ça, elle adore Angus, et le répèterait à mon père. Et je ne comprends pas quelles sont vos intentions.
    - C'est compliqué de tout vous dire maintenant, mais il faut que vous compreniez que si Angus ne l'est pas directement, ses amis peuvent s'avérer très dangereux pour obtenir ce qu'ils veulent.
    - Et que veulent-ils ?
    - De la connaissance.
    »

    Un peu comme elle, sauf qu'elle n'utilisait pas les mêmes méthodes. Parfois. Jamais, voyons. Bien, maintenant, trouver un plan pour éloigner la gamine, et se rendre au lieu du rendez-vous. L'enquête se transforme en arrestation, pour peu qu'ils réussissent à mettre la main sur ces tubes aux messages codés. Sinon, retour à la case départ. Et il faut encore convaincre papa Nabtee de sceller un lien avec Luz. Et avoir une petite discussion avec Vrenn.

    C'est pas gagné, cette affaire.

    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
    Informations
    Re: La patte blanche de l'expert
    Mer 6 Jan 2021 - 11:01 #
    J’traîne avec la gamine. Un peu jeune, même si j’ai déjà fait pire, et pas très discrète, mais ça fait toujours plaisir. Y’a d’autres poissons à pêcher, après tout, un truc à jamais oublier. On cherche les fleurs pour Weiss, qui s’appellent comme elle ou sa famille. J’crois que y’avait une histoire de dynastie de toubibs, mais j’me souviens pas exactement. J’devais écouter d’une oreille distraite, comme lorsque Naree me montre des trucs, me donne quelques mots de leur langue que j’essaie d’imprimer juste suffisamment de temps pour pas être pris en défaut si jamais elle me les redemande. On est quand même censé être en bon terme avec eux, après tout, s’intéresser à leurs cabanes de merde et leur vie primitive pour sécuriser les échanges de fleurs.

    Quelle angoisse.

    On revient finalement au camp avec quelques fleurs, et la p’tite est pensive.

    « C’est vraiment dur à trouver, hein ?
    - Normalement, pas tant que ça, même à cette saison, répond-elle avec l’air songeur. En plus, nous nous arrangeons pour les cueillir de sorte à ce qu’elles repoussent le plus vite possible. De nombreuses créatures consomment églaement les weissiums pour soigner les blessures qu’elles peuvent avoir.
    - Ah ouais ?
    - Oui. Cela participe à l’équilibre de la nature. En vivant plus longtemps, elles s’assurent de ne pas briser la balance qui… »

    Ça sonne comme une leçon bien apprise. Je hoche la tête en pensant à autre chose, comme par exemple ce qu’on va faire si on n’a pas de piste. Tomber sur le chercheur, lui casser la bouche et repartir avec lui ligoté sur le dos ? Franchement, ça se fait. Ils oublieront vite après tout.

    ****

    ‘Sont revenus au camp aussi. A voir les regards qu’Ombre me lance, va falloir qu’on discute un peu sérieusement. Donc, dès qu’on a l’occasion…

    Faut croire qu’on va finalement trouver ce qu’on est venu chercher. Reste à savoir ce que Zahria veut vraiment faire, j’suppose. La famille, voire la tribu, risquent d’être un peu pris dans tout ça, mais au final, on s’en branle un peu. On est là pour ramasser les membres de la Cabale et se barrer. Et plus vite ce sera fait, plus vite on… sera plus là. Elle va bien réussir à me dégoter une mission à perpette, ce coup-ci, pendant quelques semaines. J’me sens comme un canasson avec le mors aux dents, à piaffer pour j’sais pas quoi. La paix, probablement.

    Putain, avant, quand j’en avais marre, j’arrêtais tout et j’foutais rien pendant quelques jours ou semaines, et personne venait me chier dans les bottes.

    « J’dois pouvoir envoyer un clone zoner avec Naree. A priori y’a pas trop de contrainte de distance, mais au pire, il la guidera dans la bonne direction pour qu’elle reste à portée. Puis, sinon, elle se rendra compte de la supercherie mais sera trop loin pour en faire quelque chose.
    - Ce ne sera pas gênant ?
    - Ben, si on a choppé nos membres de la Cabale, on s’en foutra, non ?
    - Il faut aussi sécuriser l’accord commercial avec la tribu, pour Luz. S’ils sont en mauvais termes avec nous…
    - Ah, ouais, y’avait ça. »

    J’pensais que c’était juste une couverture, et qu’on n’en avait rien à foutre, dans le fond.

    « Nan mais ça devrait aller, j’t’assure. Mes clones sont aussi cons que moi, ils devraient pas faire n’importe quoi non plus.
    - Hm. »

    Le sourire en coin que j’ai s’efface quand j’croise le sien. Ouais, bon.

    « Tu veux faire quoi des types armés ?
    - Idéalement, les capturer.
    - Tu penses qu’on pourra en faire quelque chose ? Et le chercheur ? »

    Elle réfléchit un peu.

    « On pourrait le laisser filer pour l’instant, et, si les autres ne donnent rien, voir directement avec lui.
    - On va forcément lui mettre le grappin dessus, nan ? Vu qu’il est de la Cabale, de façon plus ou moins certaine, maintenant.
    - Oui mais c’est un ami du chef de la tribu…
    - Ah, ouais, toujours cette histoire de fleurs moisies.
    - Enfin, on part cette nuit. Sois prêt.
    - ‘Sûr. »

    La soirée passe dans une ambiance morose ou pensive, Naree doit s’en rendre compte mais sans vraiment comprendre pourquoi. Elle se renferme peu à peu sur elle-même puis s’excuse rapidement. On échange des regards appuyés et entendus avec notre nouveau copain, avant d’aller se pieuter aussi.

    ****

    « C’est l’heure, souffle Zah.
    - J’suis réveillé, que j’grogne. »

    Je l’étais pas. J’me frotte le visage pour faire disparaître les dernières traces de sommeil, puis j’me concentre sur l’espionne. Rapidement, facilement, j’sens l’incarnation mémorielle réagir sur tout ce qu’elle a oublié de moi, davantage que tous les autres, j’pense, sauf p’tet Jack, et mon daron. Puis une copie conforme de moi apparaît, qui doit dater d’avant mon passage en taule et mon retournement de veste. On s’observe, le clone et moi, et le courant passe bien, comme toujours.

    Il a p’tet un air plus féral. Il a un rictus moqueur.

    « Allez, barrez-vous, que j’finisse ma nuit. »

    Il a le culot de balancer ça, et j’manque de me marrer. J’lui laisse ma couche, encore chaude, et j’frissonne dans le froid d’avant l’aube. Quand il va pour se coucher, j’vois un gamin derrière, genre huit ou neuf ans à tout casser.

    « Putain t’es qu… Bordel, c’est moi, petiot. Allez, disparais. »

    J’cherche à l’arrière de mon crâne le nœud de magie pour faire disparaître les incarnations mémorielles, mais il me tire la langue d’un air mignon, puis me fait un doigt, bien moins mignon, avant de s’enfuir par le pan ouvert de la tente. Zahria, surprise, l’a laissé filer aussi.

    « C’était quoi ?
    - Le moi de quand on était gamin, j’suppose. Trop pâle pour être un nabtee qui se serait invité dans notre tente.
    - Tu ne peux pas le… désinvoquer ?
    - J’sais pas trop comment faire. J’utilise pas souvent ce pouvoir.
    - Ca va poser problème ?
    - S’il est aussi con que moi… probablement pas. »

    Elle me lance un regard d’avertissement, et ouvre la bouche. J’ai un soupir agacé.

    « T’façon, on n’a pas trop le temps de s’en soucier, si ? Faut qu’on suive Naraon pour ramasser ceux qu’ont buté ta recrue. »

    Là, pile où ça fait mal. On peut y aller, maintenant ?

    Putain.
    Zahria AhlyshOmbre
    Zahria Ahlysh
    Informations
    Re: La patte blanche de l'expert
    Jeu 15 Avr 2021 - 18:08 #


    Zahria regarde partir le gosse en espérant qu'il ne vienne pas tout faire capoter. Elle ne se souvient pas vraiment de comment était Vrenn à cette époque - logique, sinon ce mioche ne serait pas apparu - mais s'il a grandi pour devenir ce qu'il est aujourd'hui, et quand elle sait quel genre de gamine elle-même était, ça n'augure rien de bon. Mais elle n'a pas vraiment le temps de se poser la question plus que ça. Laissant le double rentrer dans la tente pour roupiller, elle jette un dernier regard douloureux à Vrenn, avant de lui tourner le dos. La mission, d'abord. Les sentiments, après.

    Ils marchent en silence, Naraon les guidant à travers la forêt, et atteignent enfin la petite clairière où Angus donne rendez-vous aux Cabaleux. La jeune femme est tentée d'appeler des renforts via cristal, mais sait que cela risque de faire capoter leur autre mission, auprès de Luz. Les Nabtees doivent rester des camarades, il ne faut pas que dans sa guerre contre la Cabale la tribu, et encore moins son amie, ne soit lésés. Il serait compliqué d'expliquer et de faire comprendre tout ça à Naraon, et encore plus à son père. Aussi quand l'entrevue a enfin lieu, Zahria, Vrenn et le fils du chef restent bien sagement cachés dans les buissons. Des documents sont effectivement échangés par cryptex magique, un moyen bien trop secret pour ne pas être suspect. L'entrevue ne dure que quelques minutes, après quoi Angus repart par là où il est arrivé, et les Cabaleux font de même. Zahria se tourne vers Vrenn, qui semble déjà savoir où elle veut en venir.

    « Je les suis ?
    - Oui. Tu récupères les documents, un maximum d'informations, t'appelles des renforts si t'as besoin de les faire arrêter. Fais ça suffisamment loin. Pas de morts inutiles.
    - Hé bah, on commence à me faire confiance ?
    - Gâche pas tout. On se retrouve dans une semaine.
    - Chez toi ?
    - Non.
    - Chez moi alors ?
    - Au bureau.
    »

    Le mot est donné, elle n'a jamais fait plus expédié comme rupture, même si ça n'en est pas vraiment une, vu qu'ils ne sont pas ensemble, après tout. Il hoche la tête, elle ne sait pas s'il a compris ce que tout ceci impliquait pour elle. Clairement, il ne partage pas ses sentiments, mais elle aurait aimé comprendre ce que leur relation intime avait comme sens pour lui. Si Zahria vient de passer les dernières lunes à se convaincre qu'elle n'était pas amoureuse, puis à comprendre qu'elle l'était bien, et que finalement, ce n'était pas si mal que ça, il va maintenant lui falloir faire le deuil de ce pincement au coeur, pour que leur travail puisse continuer à se faire.

    Vrenn disparaît pour poursuivre les Cabaleux alors qu'elle repart vers le campement vers Naraon. Au bout de quelques pas, elle manque de chuter, et le Nabtee la rattrape.

    « Ça va ? Vous êtes... pâle...
    - C'est vrai que ça m'arrive pas souvent...
    - Avec votre couleur de peau, oui, je suppose.
    - Non, je ne parlais pas de ça.
    - De tomber, alors ?
    - Amoureuse.
    - Oh. Je vois. Vous voulez en parler ?
    - Pas vraiment, Naraon, merci.
    - Je suis un bon confident, vous savez.
    - Et je tiens à mes secrets.
    - Comme vous voulez.
    »

    Pourquoi alors, se met-elle à tout déballer, deux secondes plus tard ? Masquant les détails les plus compromettant, Zahria passe la demi-heure suivante à tisser le tableau de sa relation avec Vrenn, d'amis d'enfance à leurs retrouvailles tumultueuses, avant de devoir travailler ensemble, la tension du début, le sertrêfle, les premiers baisers passionnés, puis la perte d'un être cher avant de succomber, les mois suivants où ils ont été inséparables, notamment pendant la traque de Ponca, jusqu'à leur discussion dans l'auberge deux nuits plus tôt.

    « ... et voilà où j'en suis.
    - Je peux vous poser une question ?
    - Au point où on en est...
    - C'était quand la dernière fois ?
    - Que nous avons... ?
    - Que vous avez eu des sentiments comme ça.
    - Oh. Ça fait euh... longtemps. Très longtemps. Je n'ai jamais vraiment l'occasion de... me laisser aller, avec mon travail. Et je laisse pas trop les gens s'approcher.
    - Parce que vous tenez à vos secrets ?
    - Parce que je tiens à mes secrets.
    - Faut vous ouvrir.
    - On voit ce que ça donne.
    - Il reviendra. Votre histoire n'est pas finie. Et même si c'est le cas, faut vous en servir de tremplin. Y'en aura d'autres.
    - Naraon...
    - Oui ?
    - Vous avez souvent l'occasion de tomber amoureux, au sein de votre tribu ?
    - L'avantage, dans ce genre de tribu, c'est qu'on raconte beaucoup d'histoires, et les meilleures sont toujours les histoires d'amour. Je suis calé. Et fiancé, au cas où vous poseriez la question.
    - Oh. Félicitations.
    »

    Le début d'une longue série de râteaux pour Zahria, même si elle n'avait rien tenté. Ils continuent un moment leur discussion avant de s'interrompre face à l'arrivée inopinée d'un enfant brun, qu'elle reconnaît pour qu'il lui ait fait un doigt d'honneur la veille au soir, et pour l'avoir beaucoup vu sur un certain cadre magique. Le petit Vrenn leur tire la langue, avant de leur montrer un parterre de fleurs et de disparaître comme une bulle de savon qui explose.

    « C'était quoi ça ?
    - Mon connard d'ex qui nous sauve la peau. Regardez, des Weissium. Faut croire qu'il s'y connaissait beaucoup plus en herboristerie quand il était gosse. Ou alors il avait beaucoup plus de bol que maintenant.
    - Dites pas ça, il a de la chance...
    - Ah non, me sortez pas le refrain sur le fait qu'il a de la chance d'avoir une femme comme moi qui l'aime et tout, ça va me saouler, et c'est trop cliché. Je veux bien que vous ayez tout appris dans les contes qu'on vous raconte, mais faut pas trop en faire.
    - Ramassons les fleurs, alors.
    »

    En voyant le petit sourire amusé aux lèvres de Naraon, Zahria comprend qu'elle vient de se faire un ami. Et un allié de poids.

    ~~~

    A leur retour au village, Zahria doit expliquer la disparition de Vrenn au chef, surtout après que sa fille ait vu son double se désagréger devant ses yeux après avoir été piqué par une épine de rose, mais avec l'aide de son nouvel allié, elle finit par s'en sortir pas trop mal. Invitée à dîner à la table du chef, elle se retrouve assise à côté d'Angus plutôt anxieux, à qui elle sourit gentiment avant de se pencher pour lui parler à l'oreille.

    « Tu fais pas de scandale, mais tu repars avec moi demain matin.
    - Vous êtes... avec eux, c'est ça ?
    - C'est ça.
    »

    Qui ça, eux ? Il la prend pour une Cabaleuse ? Et pourquoi ce ton effrayé ? Angus ne serait-il qu'un pauvre type dont ils se servent en ayant un truc sordide contre lui pour le convaincre ? Il sera toujours temps de résoudre cette affaire plus tard, en soit.

    Convaincu par les éloges de son fils et la récolte fructueuse de Guetsiin, le chef accepte enfin de signer le traité de commerce avec Luz, et Zahria peut préparer son départ, le coeur brisé mais satisfaite par son entreprise.

    Quand elle rentre enfin chez elle, quelques jours plus tard, et qu'elle s'effondre dans le canapé du salon, l'odeur du thé vient rapidement la cueillir. Elle sort de son barda le traité pour le tendre à une Luz qui fronce beaucoup trop rapidement les sourcils.

    « Ça va, t'inquiète pas, je suis pas blessée, Vrenn non plus, la mission s'est passée extrêmement bien, on a même réussi à t'avoir le traité, et on a sauvé un pauvre type qui était en mission malgré lui pour la Cabale. Un gars de plus à faire protéger par la Garde parce qu'il est pas capable de dire non à des pauvres types qui menacent de tuer sa famille. Enfin bref. Nan, Luz, ça va, je t'assure, c'est rien, je suis en pleine forme. J'ai mal nulle part, je... je... pleure ? »

    Oui, c'est une larme. Ça devient un peu trop routinier, de pleurer dans les bras de Luz, ceci dit. Il serait temps que ça change.

    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
    Informations
    Re: La patte blanche de l'expert
    Sam 1 Mai 2021 - 10:54 #

    Alors que j’suis à nouveau tout seul dans la forêt, juste à suivre les soldats de la Cabale, j’ai presque un sautillement dans ma démarche, comme un poids qui s’est levé. C’est quand la patronne a dit qu’on se retrouverait qu’au bureau. J’suis soulagé. Soulagé d’éviter une discussion qu’aurait été horriblement gênante. J’aurais pas su quoi dire, quoi expliquer. J’sais même pas si y’a des trucs à détailler. Mais on s’est compris, suffisamment pour être en phase là-dessus. J’me passe la main dans les cheveux, la nuque. Ouais, c’est la meilleure chose qui pouvait arriver, clairement.

    J’manque de me manger une racine, alors j’me reconcentre sur la mission en cours. La forêt, c’est déjà pas mon environnement de prédilection, mais là, il s’agit que de suivre des gardes armés jusqu’aux dents, avec des armures qui craquent et s’entrechoquent contre les baudriers et fourreaux de leurs armes. Au final, y’a pas de hic, ils font même rien d’illégal : ils se promènent à quatre dans la forêt avec un air menaçant et ça, c’est pas encore interdit.

    Zah a dit que j’pouvais demander de l’aide, mais ça va être tendax, de continuer à les suivre, tout en allant chercher des renforts pour les appréhender, sans les tuer évidemment. Du coup, j’considère mes options. Elles sont pas bien nombreuses, on va pas se mentir.

    J’m’écarte de cinquante mètres sur la gauche, et j’accélère pour essayer de passer devant, tout en gardant l’œil sur eux. Puis j’grimpe dans un arbre qui surplombe le chemin qu’ils suivent plus ou moins, et j’me blottis contre le tronc, dans les feuilles, invisible. Une longue minute plus tard, ils se radinent en discutant tranquillement à voix basse, j’entends pas, j’écoute pas, ça m’intéresse pas outre-mesure.

    J’me laisse tomber sur celui du milieu.

    Putain, pas le droit de les buter.

    Le pommeau de ma dague s’écrase sur son pif, qui casse dans un craquement qui semble résonner alors que j’redeviens visible. Son voisin commence à pousser un juron, et leur armure couvre vraiment beaucoup trop. Celui qu’est le plus loin oublie comment utiliser l’épée qu’il commence à dégainer, et se fige, alors que le plus proche commence à envoyer sa pogne pour m’attraper. J’m’écarte d’un pas, et mon épaule rentre dans le dernier, le déséquilibrant suffisamment pour que ma dague entaille sévèrement la main qu’il a portée à sa ceinture.

    J’me téléporte derrière celui qu’a essayé de m’attraper alors que la terre se creuse là où j’étais une fraction de seconde auparavant. Aucune idée duquel c’est. A deux mains, j’cogne de toutes mes forces sur la nuque. Il tombe par terre, comme un pantin dont on aurait coupé les fils.

    Le plus lointain approche en serrant les poings.

    « Qu’est-ce tu fous là ? T’es qui ? »

    J’prends pas la peine de répondre, ça le distraira p’tet, de se poser des questions. Avec le déjà-vu, il a l’impression que j’me jette sur lui, alors que j’me dirige justement vers l’autre. J’me prends les pieds dans une bosse en terre qu’était pas là une seconde plus tôt, mais mon adversaire choisi est aussi surpris que moi. On tombe pêle-mêle. Merde.

    Il me colle sa main pleine de sang dans la gueule, et j’plisse les yeux pour essayer d’y voir quelque chose. Oh, et puis tant pis, ils étaient quatre, j’suis tout seul… J’plante ma dague dans sa clavicule en passant par l’aisselle. Essaie de survivre, sinon j’vais m’faire chier dans les bottes par la patronne.

    D’une roulade, j’m’écarte et j’deviens invisible dans la foulée, alors qu’une pierre grosse comme ma tête vole à cinquante centimètres du sol. Putain, le géomancien, il commence à me les briser sévère. D’un mouvement du poignet, le gantelet d’assassinat envoie une aiguille aux alentours de son visage, et il tombe en arrière.

    Pif cassé se relève et agite les bras, et pleins de cailloux viennent s’écraser sur moi. Un peu douloureux, mais pas mortel, vu que j’protège mes mirettes. Le souci, c’est que j’y vois que dalle. Y’en a un qu’est assommé, un qu’est gravement blessé, un qui va se radiner avec son épée cette fois, et celui qu’a le pif qui pisse le sang. On va commencer par lui.

    J’lance ma dague dans sa direction, et il esquive juste en inclinant le buste et dégaine une hache à manche court. Putain, mais même mes couteaux les plus lourds vont pas pouvoir parer ça. La dague wardän, par contre, elle… Du coup, j’la sors. Ce qui me gonfle, c’est l’autre derrière qu’est en train de me courir dessus pendant que son collègue temporise en me lançant des pierres et en dérobant le sol sous mes pieds.

    J’pensais que c’était une épée qu’il allait sortir. C’est en fait plutôt un genre d’énorme gourdin métallique. J’crois que y’a même pas de tranchant, donc ça doit plutôt faire du tartare des ennemis. Ils approchent par deux côtés, en plus. Tch. J’deviens invisible. Ils se rapprochent l’un de l’autre, se mettent dos à dos. Ils ont l’air sérieusement plus entraînés que les deux autres, en tout cas, qu’ont à peine un poil au menton.

    La terre tourne aussi autour, et si j’marche dedans, ça va forcément se voir. Mais j’temporise mes objets, le temps de trouver une option. Puis j’me téléporte accroupi à côté d’eux, et mon couteau se plante derrière la rotule du géomancien, qui tombe au sol dans un cri de douleur. L’autre abat sa massue là où j’suis, et j’m’écarte juste à temps pour voir un trou de dix mètres de long et trente beaux centimètres de profondeur là où j’étais.

    J’suppose que c’est ça, son pouvoir : un truc qui fait très mal. Pas besoin d’en savoir beaucoup plus, en tout cas pour l’instant.

    L’élémentaliste continue à m’envoyer des caillasses, mais j’l’ignore pour rentrer dans la garde du gros bourrin. Il attrape mon poignet armé, et j’enfonce l’autre pogne dans sa gueule en lui faisant un croc-en-jambe. Il tombe par terre, moi par-dessus, et j’cogne sur son visage jusqu’à ce qu’il arrête de bouger.

    J’ai mal aux mains, et lui ressemble à un steak qui s’agite faiblement.

    Alors que l’adrénaline retombe, j’fais l’inventaire de mes bobos. Des bleus et des coupures, principalement. Et j’ai du sable dans le calbut’. J’crois que c’est le pire. J’me relève en poussant un grognement, et j’vais voir celui que j’ai percé à l’aisselle. Franchement, ça serait plus miséricordieux de le laisser mourir… Et surtout plus pratique.

    J’crache un glairot ensanglanté, et j’me mets à bander sa blessure. Pas dit qu’il survive. J’fais pareil pour les mains, les genoux, tout en les attachant. Reste la question de pouvoir les transporter, surtout que y’en a qui vont pas marcher. J’les dessape, j’leur colle les menottes anti-magie, et j’fais du bruit.

    Y’a un marchand qui se radine avec une vieille charrette dégueulasse. J’lui montre ma jolie plaque de garde. On charge mes colis, et on se dirige vers la garnison la plus proche. A l’arrière de mon crâne, j’me rends compte que le double qui faisait diversion avec la gamine a disparu bêtement. Un peu plus tard, c’est le moi gamin qui trouve les fleurs blanches avant de disparaître. Visiblement, il s’est bien amusé, pendant qu’on galérait.

    J’livre les prisonniers pour qu’on s’occupe d’eux et qu’on les mute à la Capitale. La patronne verra ce qu’elle veut en foutre, hein. Et j’commence à me diriger vers le portail de téléportation le plus proche pour rentrer à la maison. Personne qui m’attend chez elle, personne qui va se pointer chez moi, pas de boulot urgent à faire, et une mission brillamment réussie, certes pas dans les délais normaux, mais du coup, ça mérite bien une p’tite récompense, non ?

    J’sors une bourse de cristaux, et j’me prépare à une soirée festive.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: La patte blanche de l'expert
    Lun 3 Mai 2021 - 11:44 #


    Luz prit une gorgée de sa précieuse gourde fontaine. Les températures n’étaient pas astronomiquement chaudes, mais le soleil tapait dur de bon matin. Et elle n’avait d’autre choix que de s’agiter sur la place, épuisant sa voix à donner des consignes aux ouvriers. Zahria était rentrée la veille et elle n’avait pas attendu plus longtemps pour sélectionner des personnes de confiance susceptibles de la représenter ainsi que des caravaniers performants. Ces hommes et ces femmes avaient la consigne de s’installer provisoirement à proximité de l’Arbre sacré pour mieux poser les premières pierres d’une relation de confiance pérenne entre l’ordre que représentait Luz et les Nabtee… Elle prévoyait elle-même de s’y déplacer dès que possible afin de découvrir les visages cités par sa colocataire et amie. Mais… Plus tard. Lorsque ses affaires seraient suffisamment en ordre pour lui permettre de s’absenter.

    Elle s’arc-bouta pour resserrer les liens de la corde enchantée qui maintenait plusieurs paquets en place à l’arrière de la carriole, vérifia une énième fois que son personnel n’avait pas oublié d’emporter assez de vivres pour le voyage. Oh, ils utiliseraient le portail de téléportation pour se rapprocher du Village Perché, il leur faudrait toutefois par la suite improviser pour sélectionner un endroit approprié où s’installer. Elle leur avait également prêté des sacs de conservation pour le transport éventuel de plantes médicinales, si tant est que les Nabtee soient d’ores et déjà prêts à partager. Quant aux paiements… Zahria lui avait fait part de leurs habitudes de trocs et Luz s’était creusée la tête un bon moment avant de jeter son dévolu sur plusieurs objets du quotidien susceptibles de leur plaire. Rien de trop exotique ni de trop étrange pour eux qui tenaient de toute évidence à leur culture paisible et fort en accord avec la nature.

    « Faites bonne route, salua-t-elle une dernière fois ses camarades. »

    Elle les regarda grimper sur les différentes voitures puis mettre en branle les chevaux de trait. Elle ne s’inquiétait pas trop sur la suite de leur escapade : ils étaient payés en cristaux sonnants et trébuchants et bénéficiaient d’une bonne réputation dans le domaine du commerce. Zahria et son acolyte leur avaient de toute façon grandement mâché le travail… Luz s’immobilisa d’ailleurs lorsque la vitrine d’une boutique lui renvoya son propre reflet. Là, au coin du miroir de ses yeux, elle put déceler la croute dorée et garnie de savoureuses pâtisseries : elle pouvait sentir d’ici le beurre cuit et la pâte façonnée le matin même. Elle n’oubliait pas les larmes incongrues de Zahria, ni sa détresse de la veille et le temps qu’elles avaient passé ensemble dans le salon à attendre que la tempête ne passe. Alors, si une délicieuse sucrerie emballée dans une once d’amour et de bonnes intentions pouvait lui remonter le moral, Luz était prête à prendre quelques calories supplémentaires…

    « Je vais vous en prendre dix, interpella-t-elle la boulangère. »

    Oui, elle avait un Maître espion à réconforter et une multitude d’armes pour ce faire !



    - Demande de noble terminée -

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    Re: La patte blanche de l'expert
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