On dit que la nuit porte conseil.
Feat: @Valeera Sombrecœur
C’était une nuit bien triste pour la demoiselle qui venait d’être surprise en train de s’infiltrer avec le roi dans la demeure royale. À peine la porte ouverte que les gardes présents avaient été alarmés par le bruit de cette dernière. Le roi semblait être amusé par la situation, mais pour Jaina c’était tout autre. Les rumeurs allaient déjà de bon train sur elle et bien que celle où elle avait embrassé le capitaine de la garde royale était vraie, d’autres avaient commencé à circuler et disons qu’elle ne passait pas vraiment pour une sainte dans les rumeurs suivantes. Elle en avait eu la confirmation avec son amie Astrid et maintenant qu’allaient dire tous ses gens lorsqu’ils entendraient parler de leur petite aventure en pleine nuit. Ils n’avaient que bu, mais Jaina n’était pas resté pour se défendre. Non, à la place, elle s’était enfuie vêtu d’une simple tenue qui pourrait rappeler ceux des aventuriers, voir une rôdeuse. Une chemise blanche sur laquelle se trouvait un corset de cuir. Un pantalon de cuir moulant sciait ses jambes alors que de longues bottes arrivant au mi-mollet se trouvaient à ses pieds. Elle n’avait amené avec elle que son épée. Elle ne portait pas non plus son diadème. Le tout était couvert d’une longue cape brune à capuchon qu’elle avait pris le temps de placer sur sa tête. À vrai dire, elle était encore un peu échauffée par la boisson qu’elle avait consommée, mais elle s’en fichait.

Elle filait à toute vitesse dans la nuit sombre sans regarder derrière elle. Elle voulait perdre haleine, oublier ses soucis, oublier les problèmes qui lui étaient tombés dessus depuis son arrivée dans la garde royale. Sans qu’elle ne s’en rendre compte, Jaina s’était dirigée vers l’endroit de son enfance, là où elle avait grandi, là où on l’avait à la fois abandonné et accueilli. C’était le temple de son enfance et elle ne le réalisa que lorsqu’elle s’arrêta devant les marches de ce dernier. Elle sentit le point de côté la faire souffrir un moment et elle dut se pencher pour reprendre son souffle. Souffle qui était rauque suite à cet effort physique. Quand elle se dressa pour observer le temple qui se tenait devant elle, elle hésita à y grimper. Après tout, elle avait mis cette vie derrière elle depuis un petit moment et elle ignorait si les sœurs qui l’avaient élevé étaient toujours présentes.

Elle poussa un soupir et entreprit sa montée jusqu’à la toute fin des marches et s’avança vers les portes du temple qui restait ouvert normalement à toutes heures de la journée. La nuit était tout de même avancée et Jaina avait besoin d’un endroit pour se loger temporairement. Elle entra donc dans le bâtiment vide à cette heure et s’avança doucement dans l’allée du centre frôlant d’une main respectueuse les bancs qui s’y trouvaient. Elle observa la maison de son enfance et là où elle avait bien aidé durant de nombreuses cérémonies. Ses pas la guidèrent jusqu’à la statue de Lucy qui se trouvait au centre et à l’avant de la scène… Quelques offrandes s’y trouvaient toujours, mais la garde n’avait rien à offrir à sa déesse aujourd’hui. Elle se mit à genoux, joint ses deux mains ensemble et se mit à prier doucement. Elle se pensait seule à cette heure-ci alors parler à voix haute ne lui occasionnait aucune gêne. Juste qu’elle ne savait pas par où commencer.

« Je….je ne sais plus quoi faire, Lucy. Je me sens perdue. J’ai le sentiment que chaque décision prise, ces derniers temps, m’a éloigné de votre bonne fortune. » Je retire ma capuche faisant ainsi tomber ma longue natte blonde à mes côtés. Ma coiffure était quelque peu désordonné voir emmêlé et était retenue d’une petite corde avec un nœud.  « Que dois-je faire? J’ai l’impression d’avoir choisi la mauvaise voie, de ne plus être à ma place. Offre-moi ta chance et aide-moi à trouver la place qui me convient. »

La demoiselle poursuivit un moment son monologue sans se soucier qu’en réalité elle n’était pas seule.
Jaina

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Alors que la demoiselle priait toujours à genoux devant la statue de la dame Lucy, celle pour qui elle avait failli vouer sa vie et prêcher sa parole en tant qu’initiée. Mais Jaina avait eu d’autres plans et choisi plutôt une vie de garde. En aucun cas elle ne se sentit surprise par le son des pas qui s’approchaient de sa personne. Elle tourna légèrement la tête, mettant ainsi fin à son dialogue avec l’entité qui ne lui répondrait sûrement pas. La sœur qui s’avançait vers elle crut bon de lui rappeler, mais Jaina le savait déjà. Elle savait qu’elle n’aurait pas de réponse immédiate de la déesse, mais priait surtout pour alléger sa conscience et aussi pour lui permettre de réfléchir.

Jaina s’appuie donc sur l’un de ses genoux pour se remettre sur pieds  puis secoua rapidement ses genoux poussiéreux et se mit face à la sœur présente au temple. Malheureusement, elle ne voyait pas son visage, mais seulement la lueur de ses prunelles dorées ainsi que le bas de son visage. Sa voix était douce et apaisante, Jaina avait l’impression de retourner dans ses années de jeunesse. Elle plongeant alors ses grands yeux bleus innocents dans la noirceur de la capuche et  eu un petit sourire.  « Je ne pensais pas croisée une sœur aussi tardivement. Veuillez me pardonner si je vous ai dérangée, ma sœur. » Ses paroles étaient était calme, malgré celle qu’elle venait de récité. Lui demander de partager sa détresse pourrait peut-être l’aider.

Jaina poussa un léger soupir et elle attrapa sa longue natte avec laquelle elle joua nerveusement avec ses doigts. À un tel point qu’elle allait très certainement devoir les recoiffer une fois sortit d’ici. Elle n’avait pas eu une très bonne nuit. « Et bien, je me sens perdue, ma sœur… » Elle regarde la statue de Lucy en y levant la tête, son visage révélé par les reflets de la lune qui entrait par les grands vitraux. « Depuis mon départ du temple, je ne me suis jamais sentie aussi désemparer. J’ai l’impression que toutes les décisions prises récemment ne sont pas les bonnes. » Elle observe cette dernière du coin de l’œil… « Je me suis ouverte aux autres sur le conseil d’une personne et, depuis, je n’ai que problème sur problème. Est-ce que je dois essayer de retrouver celle que j’étais autrefois ou dois-je continuer sur ce chemin graveleux au risque d’en souffrir? »

En effet, Jaina avait fait bien des rencontres, mais celle qui avait le plus chamboulé sa vie était celle avec le capitaine de la garde. Ils s’étaient échangé des mots, mais elle avait finalement appris qu’elle n’avait pas été la première à être séduite par les paroles de ce dernier. Était-ce vraiment ce qu’il ressentait ou jouait-il avec elle, comme il l’avait fait avec cette autre femme? Et que dire de son ex-femme qui avait été mêlée à toute cette histoire. Jaina avait décidé d’être honnête et refusé toutes avances de ce dernier s’il était toujours en couple, mais comme il ne l’était plus, elle n’avait plus raison de le repousser, sauf que voilà. Elle avait appris des choses et n’était pas sûre de vouloir continuer.

Jaina

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En effet, Jaina aurait dû y penser. Si le temple était ouvert en toute heure de la journée, quelqu’un devait y être présent pour écouter les pauvres âmes égarées comme elle l’était en cet instant. D’ailleurs, elle n’hésita pas à suivre cette dernière lorsqu’elle l’invita à discuter dans un endroit calme. Jaina ne douterait jamais de la sœur, comme elle n’avait jamais douté de celles qui s’étaient occupées d’elle par le passé. Jaina savait que cet endroit n’était, normalement, pas accessible par les citoyens ordinaires et que seuls les membres du clergé y avaient accès, mais elle n’en dit rien. Peut-être que les pratiques avaient quelque peu changé avec le temps. Après tout, elle n’avait pas remis les pieds ici depuis belle lurette.

La demoiselle écouta donc les paroles de la sœur en se prenant une chaise afin de s’y asseoir tout près de cette dernière et elle ne pouvait pas contredire ce qu’elle lui disait. S’ouvrir était en effet une épreuve de fois. Elle pouvait vous apporter bonheur ou malheur tout dépendant de la nature de la relation que vous aviez avec cette autre personne.

« Trahir? Mais je ne veux pas trahir personne… » Enfin, est-ce que parler de ses problèmes qu’elle éprouvait avec autrui plutôt que la personne concernait pouvait être pris comme une trahison? Après tout, si la jeune femme prenait des décisions sans le concerner celui-ci ne saurait sûrement pas quoi répondre et si elle s’était faite à l’idée, même si ce dernier voudrait apporter des points, Jaina ne sait pas si elle voudrait reculer. Elle observa un moment la sœur qui venait de lui poser une question assez simple. Qui était-elle autrefois?

« Qui j’étais autrefois? J’étais une garde tout simplement, sans amis ni famille. Je vivais pour mon travaille sans me soucier des relations que j’avais avec les autres… et dernièrement, je me suis ouverte, j’ai rencontré un homme, mais je pense que nous sommes allés trop vite, du moins, je crois avoir été trop rapide dans mes décisions. J’aurais dû apprendre à le connaître davantage et en apprendre plus sur son passé avant de me lancer sur cette voie, mais je pense que je me suis trompée.  » Elle ne voulait pas donner de nom, après tout, bien que la sœur ne devait répéter ce qu’on leur confiait, Jaina ne voulait pas prendre de risque.  « Puis, j’ai changé de poste pour quelque chose qui ne convenait pas à mes convictions. Je veux protéger le peuple alors que je m’en suis éloignée… » Devenir garde royale l’avait simplement enfermé entre des murs et elle ne voyait plus le peuple avec qui elle aimait tant parler. Elle poussa un léger soupir en observant l'une des cordes du rideaux qui se trouvait à la fenêtre. Le noeud se balançait doucement frottant sur le sol. Puis elle attrapa sa grande natte emmêlée et se mit à jouer avec la pointe de celle-ci ce qui lui procurait, sans trop savoir pourquoi, une certaine source de réconfort.

« Qu’en pensez-vous? Je sais qu’il m’est impossible de reculer, ce qui a été fait ne peut pas être défait. Dois-je écouter mon cœur même si cela revenait à blesser les autres? Ou dois-je continuer ainsi et prendre sur moi? »


Jaina

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Ces paroles semblèrent pleines de sagesse et Jaina avait un semblant de déjà vu. Elle se souvient de la discussion qu’elle avait eue avec le grand gaillard qui dirigeait la taverne de l’aventurier téméraire au sein de la capitale. Bien qu’elle avait agi sous les effets de l’alcool, cela lui aurait tout simplement permis de faire ce qu’elle désirait inconsciemment. Était-ce seulement ce qu’elle désirait en réalité? S’ouvrir aux gens et augmenter son entourage? Elle avait vécu seule une bonne partie de sa vie.

« Oui, je comprends, à vrai dire, je ne peux pas dire que ce sont toutes les rencontres qui ont été mauvaises. Je me suis même fait une nouvelle amie, un peu spéciale, mais elle est plutôt chouette »

Encore une fois, on évoqua le fait que le concerner avait aussi son droit de parole, mais Jaina ne se sentait pas prête  ou du moins elle ne savait pas comment aborder le sujet. Peut-être qu’elle saurait passer par-dessus et continuer ainsi. Peut-être qu’il s’agissait d’un ramassis de mensonge, ou peut-être qu’il y avait un semblant de vérité dans tout cela. En vérité, la demoiselle a peur de découvrir ce qu’il en ait. Elle a peur que ce dernier avoue et si c’était le cas, cela briserait le cœur de la demoiselle qui avait sur s’ouvrir à lui. Elle poussa un léger soupir face à l’exemple, que trop vrai, que la sœur venait de lui apporter.

« Non, sa parole n’a pas moins de valeur. J’ai conscience que je dois lui parler, mais la peur de la déception me guette. J’aimerais tant que cela soit faux, mais en même temps, une part de moi à peur de connaître la vérité. »

La none n’avait pas vraiment son mot à dire et Jaina se sentait mal de lui avoir posé ce genre de question. Après tout, elle ne pouvait pas demander à une autre ce qui était le mieux pour elle. Elle était le seul maître de sa destinée et elle devra longuement réfléchir avec son cœur et non sa tête. Les cristaux n’étaient pas un problème, car elle n’avait pas de loyer à payer puisqu’elle était logée gratuitement à la caserne. Puis de toute façon, le salaire n’avait jamais été une question de rester ou pas. Ce n’était pas pour cela qu’elle s’était engagée dans la garde. Jaine ne répondit rien à cela. Elle ne trouvait rien à redire. Elle ne fit qu’hocher la tête, bougeant ainsi les nombreuses mèches rebelles qui encadraient son visage.


« En effet, je peux trahir l’homme qui a placé sa confiance en moi, en décidant de ne pas lui parler et de faire mes choix de mon côté, tout comme je peux trahir l’homme qui a placé ses espoirs en moi pour grossir les rangs de la garde. Ou je peux trahir mon cœur et ne pas l’écouter.  Dans tous les cas, le choix ne sera pas facile puisque soit je me fais passer en premier au détriment des autres, soit je fais l’inverse. »

Elle poussa un profond soupir. Son esprit était telle une corde remplie de nœuds. Elle devra les démêler un à un afin d’arriver à une décision finale et Jaina savait que ce ne serait pas facile. Après tout, elle ne voulait faire de peine à personne.  Il s’il le fallait, elle écrirait des lettres pour s’aider à ne pas s’emmêler dans ses mots lorsqu’elle devra discuter avec le concerné.

La demoiselle se redressa, croisant ses pieds au sol, tout en prenant ses mains l’une dans l’autre. Elle ne voulait pas abuser de la gentillesse de la sœur et ne souhaitait surtout pas abuser de son temps. Peut-être qu’une autre âme esseulée chercherait réconfort et aurait besoin de la parole de cette dernière, mais elle était tout de même curieuse au sujet des sœurs qui s’y trouvaient toujours.

« Merci beaucoup d’avoir éclairé ma lanterne, ma sœur. Mais dites-moi, est-ce que sœur Prudence se trouve toujours ici? Est-ce qu’elle se porte bien? Enfin, désolé de vous questionnez ainsi, il s’agit de l’une des sœurs qui a pris soin de moi petite. »

Jaina

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Jaina n’avait pas tout dit, puisqu’elle ne voulait pas révéler qui était ladite personne concernée. Après tout, le Capitaine de la garde avait déjà bien des problèmes à gérer,  si en plus le temple venait à savoir qu’il s’agissait de lui, elle ne désirait pas que cela lui cause plus de problèmes. Mais Jaina, bien qu’il s’agisse en partie de rumeur, avait pu voir de ses propres yeux certains qui le concernent. Alors, elle n’avait pas eu de mal à croire son amie. Elle était présente lors du bal. Il s’agissait de son premier vrai quart au saint de la garde royale et plus tôt que de festoyer avec les autres citoyens, Jaina avait préféré surveiller. Donc, elle en avait vu passer des gens et bien qu’à ce moment une étincelle s’était allumée en elle, elle avait vu toutes ces femmes autour de lui, dont une en particulière qui s’accrochait fortement à lui alors qu’il était toujours marié. La demoiselle avait voulu passer sous silence ce moment et ne lui en avait jamais parlé, mais parfois il suffit que de simples paroles pour raviver un souvenir que l’on veut taire, car une corde rompue peut être renouée, mais le nœud se sentira toujours. Peut-être qu’elle se faisait des idées, mais voilà. Elle ne voulait entendre que la vérité, sauf que la demoiselle n’aura peut-être jamais la chance de lui demander, car elle ignorait encore ce que l’avenir lui réservait.

Enfin, la sœur ne peut lui répondre concernant Prudence ce qui était plutôt compréhensible si cette dernière était nouvelle et comme elle ne venait pas d’ici, elle ne peut pas l’avoir déjà croisé. Jaina sourit tristement. Qu’elle aurait aimé la revoir, mais en même temps, elle se sentait coupable de ne pas lui avoir rendu visite plus souvent. Elle se fit la promesse de s’y rendre surtout s’il s’agissait qu’une journée à cheval. Arthorias ne pourrait pas lui refuser de visiter celle qui avait été pour elle la figure qui se rapprochait le plus d’une mère.

« Merci pour l’information. Je tâcherai de vérifier sur les cartes afin de ne pas me perdre et je lui rendrai visite. Enfin, j’enverrai très certainement une lettre pour m’assurer qu’elle y soit bien entendu. »

La question suivante la rendit légèrement perplexe. Si elle était une enfant de la rue? Est-ce qu’elle lui demandait si elle était une orpheline. La demoiselle secoua donc la tête légèrement balançant sa tignasse dorée.

« Enchantée, Sœur Friede, pour ma part, je suis Jaina. Je ne crois pas avoir été une enfant de la rue. J’ai bien été abandonnée sur les marches menant au temple alors que je n’étais qu’un bébé. Si j’en crois les paroles de Prudence, je suis née à l’an 976 le 17e jour de la 2e lune de la saison chaude. Mais je ne peux pas en être sûre… J’ai été élevée par Prudence ici même parmi les sœurs. Elle voulait faire de moi une initiée pour que je puisse devenir sœur à mon tour, mais j’ai choisi La Garde. »

Elle devait se demander pourquoi une femme élevée dans l’amour et la bonté avait décidé de prendre les armes portant ainsi coups et blessures à malotrus. C’était simple, bien que dans les deux cas, il s’agissait de guider et d’aider les citoyens, Jaina trouvait cela plus efficace et puis, bien qu’elle fût studieuse, cela ne l’avait jamais intéressé. Elle respectait les frères et les sœurs en poste, mais ce n’était pas pour elle.

« Enfin, ne soyez pas désolé. Ce n’est pas votre faute et vous n’y pouvez rien. La vieillesse est une chose que l’on ne peut arrêter et c’est moi qui suis en tort pour de ne pas lui avoir rendu visite. » Elle s’était emmêlée dans ses excuses trop longtemps déjà et Prudence méritait d’avoir de ces nouvelles.

Jaina

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Si elle regrettait d’avoir choisi la garde? Jaina ne s’était jamais senti autant à sa place. Elle voulait protéger son prochain et quoi de mieux que d’être sur la ligne de front. Sauf qu’elle ne faisait pas cela pour récolter les honneurs. Ça n’avait jamais été l’une de ses motivations, loin de là.

« Non, je ne regrette pas d’avoir choisi la garde. Loin de là. Protéger le peuple et s’assurer que l’ordre règne voilà ce que je préfère. Bien sûr, pouvoir côtoyer tous ses gens lors de mes rondes, discuter avec les marchands…tout ça, ça me manque. »

La demoiselle a un petit sourire légèrement triste, mais elle n’allait pas embêter cette dernière. Ce qui devait être dit avait déjà été dit alors pas besoin de ramener le sujet, n’est-ce pas? La demoiselle ainsi que Friede parle de Prudence un certain instant et suite à cela, cette dernière se lève invitant ainsi Jaina à l’accompagner. Jaina n’hésite pas une seule seconde et se mettre sur pied et frotta de nouveau son pantalon qui était plutôt sale dû à la poussière qu’elle avait amassée lorsqu’elle s’était mise à genoux plus tôt dans la soirée.

Elles se dirigèrent alors toutes deux à l’entrée du temple et la demoiselle observa par la fenêtre qu’elle venait tout juste d’ouvrir. Puis, sans vraiment s’y attendre, Friede lui posa une question assez simple, mais qui l’a surpris. C’était bien la première fois qu’une des sœurs, qui connaissaient son histoire, lui demandait cela. Jaina se tourna alors vers cette dernière, avec un sourire et un regard résolu.

« Non et je ne veux pas les retrouver. Je ne sais pas ce que je ferais si cela venait à arriver. Ils m’ont abandonnée alors que je venais de naître. Cela ne veut dire qu’une chose. Je n’étais pas une enfant désirée et je ne vois pas pourquoi je perdrais de mon temps à rechercher des géniteurs qui ne voulaient pas de moi… Sur le coup, la seule chose qui me désole c’est de ne pas savoir si quelque part, dans ce royaume, de la parenté m’attend. »

C’était assez dur en y repensant, car elle ne pouvait compter que sur elle-même et s’il lui arrivait quoi que ce soit, qui viendrait à son aide; les quelques connaissances qu’elle avait? Sûrement pas!

« Enfin, cela fait longtemps que j’en ai fait un deuil. Je n’ai pas de famille et il n’y a que moi. La solitude, bien que je côtoie des gens, a toujours été bien présente dans mon monde. Mais ne vous sentez pas désolé pour moi, s’il vous plait. Je ne recherche pas la sympathie ni la pitié des gens. »

Jaina

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Jaina s’était peut-être résolue à ne pas avoir de parents, mais elle avait toujours souhaité que quelque part, dans ce royaume, se cachait un frère ou une sœur qui n’attendait qu’à la connaître. Bien entendu, elle avait été l’enfant abandonné, peut-être que ces derniers n’avaient jamais eu connaissance de son existante et peut-être serait-il fermé à cette rencontre, mais dans le cas contraire, Jaina était toujours ouverte à l’idée de trouver de la parenté si nécessaire. Son travail l’empêchait de partir et de voyager, mais un jour, si elle devait prendre de longue journée de vacance, elle prendrait son canasson ainsi que son baluchon et parcourait les routes et villages. Elle n’avait jamais réellement voyagé, alors autant commencer quelque part.

« Si je venais à connaître l’identité d’un frère ou d’une sœur, mon cœur serait toujours ouvert pour cette personne s’il le désire, parce que je ne peux pas forcer quelqu’un à m’accepter. Je crois qu’une relation se travaille et qu’elle mérite du temps, encore plus lorsque nous ne sommes que des inconnus. »

La garde pensa peut-être avoir été un peu trop prompte et sèche envers la sœur lorsqu’elle lui avait mentionné qu’elle ne recherchait pas la pitié, mais en même temps, elle s’était légèrement lassée de raconter son histoire. De plus, alors que certaines personnes lui avaient demandé son histoire, ces mêmes personnes osaient parfois lui mentionner qu’elle cherchait la pitié alors qu’elle n’avait pas l’intention de rien dire. Du coup, elle s’était habituée de dire cela à chaque fois. Parce qu’en vrai, elle ne veut pas faire partie de ces gens qui gardent toujours tout pour eux. Jaina était plus tranquille lorsqu’elle disait réellement les choses. La preuve était présente, puisqu’elle était tourmentée par ses pensées et ses doutes qu’elle ne partageait pas avec la bonne personne. Enfin, pour le reste elle ne savait pas quoi dire. Le roi lui avait mentionné qu’elle était douée pour rendre banale une histoire qui ne l’était pas, mais Jaina ne se trouvait en aucun cas intéressante. Elle était prude, chaste, choquée en un rien. Était gênée de faire quelque chose qui sortait de sa routine, ne buvait pas ou presque pas. Elle n’avait rien d’intéressant, mais il semblerait que pour certains, elle avait grimpé des falaises et briser des rochers pour en arriver où elle était.

« Merci sœur Friede. À vrai dire, je ne serais certainement pas celle que je suis aujourd’hui, sans les enseignements de sœur Prudence ainsi que tous les aléas de la vie. Je peux m'estimer chanceuse de ne pas être tombée entre de mauvaises mains et c’est pour cela que j’en remercie Lucy. »

Mais quel étrange conseil venant d’une sœur par la suite? Il ne fallait pas abuser de la chance que Lucy pouvait nous offrir, car la chance pouvait bien vite les abandonné. En effet, il ne fallait pas baser sa vie que sur des coups de chance, car il ne s’agit que de probabilité et de hasard. Mais ça, elle ne pouvait le dire devant la croyante. Après tout, elle ne voulait pas choquer personne, puis en même temps, Jaina croyait tout de même en la divinité.

« Je serai prudente, ma sœur et je tâcherai de discuter avec mon ami dès que j’aurai l’occasion de le voir. Pour l’instant, je ne veux pas abuser plus longtemps de votre temps. »

Jaina

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Quelqu’un pas si loin d’elle? Jaina serait soulagé de ne pas avoir à éplucher l’entièreté du royaume si c’était le cas, mais elle serait attristée si cette personne se trouvait réellement à ses côtés. Pour la simple et bonne raison qu’elle ne lui aurait pas, fais attention et elle se sentirait coupable de ne pas l’avoir retrouvé plus tôt. En même temps, lorsqu’aucune information ne nous a laissées et notre nom est inventé, comme trouver quelqu’un qui pourrait nous connaître? Elle avait une date de naissance, mais elle n’était sûrement pas la seule enfant à être née lors de cette date.

Enfin, Jaina mentionna à cette dernière qu’elle ne pouvait pas abuser de son temps encore, déjà bien précieux. Il y avait sûrement d’autres âmes esseulées qui cherchaient les réconforts des paroles de la sœur. Elle la salua rapidement, puis entreprit de se détourner afin de quitter le temple, mais elle sentit une résistance au niveau de sa manche. Jaina se tourna cherchant la raison du regard et paru surprise de voir la sœur la retenir de cette façon. De plus, son ton de voix baissa, comme s’il s’agissait d’un grand secret la surprise. Elle voulait l’aider à chercher sa parenté si jamais l’idée lui venait à l’esprit.

« En effet, je ne m’attendais pas qu’une sœur puisse faire une demande assez personnelle à ce sujet, son regard froncé s’adoucit doucement laissant place à un magnifique sourire, mais j’imagine que vous avez vos raisons. Avoir de la compagnie ne me fera pas de mal et si cela peut m’aider à retrouver un membre de ma famille, pourquoi pas? »

Encore une fois, elle fut surprise par cette autre demande. Elle voulait qu’elle lui promette de ne pas faire de bêtise ni de mourir? Quand on est garde, il est difficile de promettre de ne pas mourir en mission. Elle avait risqué sa vie plusieurs fois durant ces derniers mois, mais elle s’en était toujours sortie et heureusement, son pouvoir lui était d’une très grande aide, mais n’était pas infaillible. Pour rassurer Friede, Jaina attrapa la main de ses dernières et la leva devant elle fermant ainsi son autre main sur cette dernière. La lumière de la lune éclairait la tignasse blonde de la garde lui donnant encore plus une apparence d’ange.

« Je vous promets de tout faire pour rester hors de situation dangereuse et ne pas mettre volontairement ma vie en danger, mais la vie de garde n’est pas toujours facile. Je ne peux vous promettre que la mort ne me guettera pas, mais je ferai tout en mon pouvoir pour la repousser encore de longues années… »

Elle abaissa leurs mains et Jaina remit le capuchon sur sa tête avant de ne quitter le temple. Le retour à la caserne serait assez long à pied et elle voulait avoir le temps de dormir un peu avant de ne pouvoir reprendre le travail le lendemain.

Jaina