Le seul vrai inconvénient, c'était le revenu et les clients. Mais on ne pouvait pas tout avoir non plus.
C'était donc en toute impunité et en toute tranquillité qu'Astrid dormait dans son lit bien douillet, récupérant de la cuite d'hier. Le soleil était pourtant déjà haut, et les oiseaux chantaient jusqu'à s'égosiller pour la réveiller, mais rien à y faire. Elle comptait bien continuer sa grasse matinée, même si il n'était sûrement plus le matin.
Elle avait un repos bien mérité, après la charge de travail hier.
Et puis un « toc toc toc » se fit entendre. L'autre avantage voyez-vous d'être auto-entrepreneuse, c'était de pouvoir également avoir son bureau de travail n'importe où. En l’occurrence Astrid avait loué un petit endroit. Son bureau était aussi l'endroit où elle dormait. Le tout n'était pas grand et loin d'être parfait, mais pour une personne ayant peu de moyen et vivant seul, c'était parfait.
Elle avait une chambre à part où le chaos et le bordel régnait, une salle de bain, puis le salon où régnait un bordel modéré qui servait également de bureau de travail. Il y avait un canapé, un bureau en bois, des étagères avec divers documents et de la nourriture, des chaises, quelques feuilles par terre et quelques bouteilles d'alcool...Bref, tout pour accueillir du monde dans la joie et la bonne humeur.
Lorsqu'elle entendit ce « toc toc toc » si familier, Astrid eut ce réflexe de se lever prestement pour tituber vers la porte malgré la confusion qui régnait dans son esprit encore mal réveillé.
-J'..j'arri..j'arriiiiiiive ! Oh ptin j'ai la tête qui tourne.
Sur la route, elle faillit glisser sur une feuille, sur une peau de banane, puis chuta à cause d'une bouteille non jetée. Un grand fracas se fit entendre en plus d'un «Putain de merde ! » mais elle finit enfin par arriver à la porte et à l'ouvrir. Elle cligna les yeux un bon nombre de fois à cause du soleil qui lui donna la sensation d'être attaquée de toute part. Astrid se couvrit les yeux avec sa main et dit :
-Bonjour, c'est pour quoi ? Si c'est encore pour votre religion, je suis pas intéressée. Ah putain mon dos...
Elle avait les cheveux en bataille, était encore dans son pyjama d'ours et avait de la bave qui coulait le long de son menton.
L'un des avantages d'être travailleuse indépendante, c'était qu'on pouvait se présenter comme on le voulait.
Le seul vrai inconvénient, c'était le revenu et les clients.
Les bruits qui s’ensuivirent furent étranges. Du fracas, un bruit de chute. Pas bon signe, loin de là. Surtout vu le truc, que dis-je la chose qui ouvrit la porte. Une femme au réveil, terrible. Surtout à cette heure. Elle parla de religion. Genre, comme si j’allais lui parler de religion. J’portais mes vêtements d’aventurière. Comme d’hab, sans arme par contre, ça s’fait pas d’aller chez les gens armer. Fin y parait. Bien coiffée par contre, pas comme elle. Je répondis sans me démonter.
- Bonjour, je cherche Astrid Dalgaard, j’aurais besoin d’elle pour une enquête.
Ouais, ça pouvait pas être elle de toute façon. Ça serait trop bizarre. Trop…. Désordonnée, genre dans ma tête, quelqu’un qui enquête à la classe, et se présente pas en pyjama.
- Bonjour, je cherche Astrid Dalgaard, j’aurais besoin d’elle pour une enquête.
Hein ? Ah. Ouais. Il faut regarder à droite, à gauche, puis en bas. Une petite gamine. Astrid se réveilla au mot enquête et à son nom entier. Elle observa la jeune fille un instant, la détaillant du tout au tout. L'avait-elle déjà croisé auparavant ? Pas souvenir. Une inconnue. Quoique...non non. Elle avait l'air faiblarde aussi, mais l'ex-commandante savait bien qu'il ne fallait pas se fier aux apparences. Elle avait l'air mignonne aussi. Pas vraiment les formes qu'Astrid préférait cela dit. Et un peu trop jeune. Boarf.
-Aight, c'est moi. Bonjour. Désolée pour mon accoutrement et le fait que je vienne de me réveiller mais euh...trouve une excuse, et vite...j'ai travaillé très tard hier pour un boulot et une autre enquête. Ouais. C'est ça. Pour ne pas dire qu'elle s'était juste bourrée la gueule. Rentre donc.
Elle l'invita à rentrer et se dirigea vers une étagère pour y chercher quelque chose. Elle avait la dalle et avait besoin de sucre. Ay, parfait.
-Prends une chaise devant le bureau et parlons affaire. Fais pas gaffe au désordre.
Le désordre était modéré mais était tout de même présent. Sur les chaises devant le bureau, on pouvait y remarquer quelque chose comme un coussin….un coussin péteur. Pfff. Quelle gamine !
Astrid s'assit elle-même à son bureau, y sortit une feuille de papier et une plume. Elle présenta également à la jeune cliente un paquet de bonbon et un verre d'eau.
-Hésite pas, ich ont bons. Dit-elle tout en se gavant elle-même. Il lui faudrait éventuellement quelque chose de plus conséquent à manger après, car il était bien midi passé. Désolée mais j'ai plus de thé par contre.
Quoi ? Comment ça elle était encore dans son pyjama ? Un détail un détail ! Elle irait se changer plus tard. Elle n'allait pas faire perdre son temps à la jeune cliente !
-Alors alors, comment puis-je t'aider ma ptite ?
Elle voulait rajouter « T'as perdu ta maman ? Une peluche ? Ton animal domestique ? » mais ne le fit pas pour rester UN TANT SOIT PEU professionnelle.
Qu'est qu'une enfant pourrait lui demander d'autre de toute façon ? De l'aider à retrouver sa mémoire ou une connerie du genre ?
Haha !
Ha.
Ha….
- Je m’appelle Hel, et je cherche à retrouver ma mémoire.
Je soupirais.
- Y’a des traces de moi sur au minimum 50 ans derrière moi, et d’après le peu de souvenir que j’ai, j’ai 530 ans au minimum.
Lentement, je dévoilais mes bras, de nombreux tatouage apparurent, la plupart former de lettre, formant des mots, mais parfois un simple dessin. Rien qu’à la vue des tatouages, il était facile de deviner que certains étaient beaucoup plus vieux que d’autres.
- Ce sont les seuls indices que j’ai pour vous aider. J’en ai d’autres dans le dos et au niveau des épaules, je peux vous les montrer si vous voulez.
Voilà, le malaise aller arrivé. J’avais avoué être bien plus vieille qu’elle. Maintenant, ça aller poser problème, j’en étais sûr. Mais bon j’m’en fou. Son taff c’est de m’aider pas de me juger sur mon âge. Du moins en théorie.
Puis, mécaniquement, la jeune femme nota tout ce que la cinglée en face d'elle racontait :
La nouvelle de la perte de mémoire fut suivi d'un petit soupir tandis que le fait qu'elle avait 530 ans fut accompagné d'une petite migraine.
On se foutait d'elle hein ?
Astrid voulu l'interrompe tout de suite mais s'en abstint lorsqu'Ele lui montra des tatouages aux formes diverses sur ses bras, et qui continuaient apparemment dans son dos. Euh, c'était bizarre.
-Wow wow wow. Du calme ma petite. Laisse-moi résumer. Comment ça s'écrit ton nom ? E.L ? E deux L, E ? Et ton nom de famille ? Puis le fait que t'aies 530 ans excuse-moi mais…
C'est des conneries. Du moins, ça avait l'air d'un gros mensonge et d'une bonne blague.
Mais est-ce qu'elle était vraiment bien placée pour dire ça ? Car après tout, elle avait elle-même 83 ans à cause de sa réincarnation. Un pouvoir qui rendait jeune à tout jamais ne serait pas vraiment tiré par les cheveux. Elle en avait déjà entendu parler, sous différentes formes. Puis la perte de mémoire ? Euh…Un coup sur la tête ? Un contre coup du pouvoir? Car étrangement, chaque pouvoir était accompagné d'un contre coup. Hmm.
-C'est plausible ok ok. Wow.
La femme à tout faire prit une autre poignée de bonbons et leva les yeux au ciel un instant, lasse et fatiguée. Elle se massa les tempes un long instant, réfléchissant à la situation actuelle. Pourquoi elle avait l'impression que cette requête allait être longue et fastidieuse? Cela dit, elle n'avait rien de mieux à faire. Et si la paye était bonne…
Non, il fallait d'abord plus d'informations. Elle manquait cruellement d'informations. Elle ne savait toujours pas quelle était la requête précise ni si elle serait réalisable.
Astrid était rarement sérieuse, mais elle devait dire que toute cette histoire l'intriguait.
-Ok ok, pendant que j'examine tes tatouages, dis-moi en plus. De quoi tu te souviens ? À quand ça remonte ton dernier souvenir ? C'est quoi ces tatouages ? Putain t'es une mémé donc. Combien de gosses? D'amants? C'est quoi ton tour de poitrine et la taille de tes hanches? T'as mangé quoi hier? T'as encore des règles ou c'est déjà la ménopause?
Tout en la mitraillant de questions, Astrid s'était levée pour étudier plus en détails les tatouages de la gamine, tripotant les bras de la petite vieille. Ils étaient vrais et ne partaient pas. Certains trahissaient même un certain âge sur cette peau pourtant douce.
Son histoire d'avoir 530 ans n'était peut-être pas si bizarre du coup. Personne n'irait se faire des tatouages juste pour faire une farce, pas même elle.
De part le fait d'avoir été dans la noblesse, elle y reconnut des emblèmes de familles nobles, certaines encore debout, d'autres dont la famille avait disparu ou qui avait fusionné avec d'autres. Certains emblèmes remontaient même à 200 ans – heureusement qu'elle avait été sérieuse dans ses cours d'histoire putain -. Il y avait même des mots, des lettres…
-Hm. Déshabille-toi histoire que je vois les autres. Elle rajouta avec un sourire narquois et un clin d’œil: Et t’inquiètes pas, on est entre filles.
Well, plus ou moins. Hel avait de la chance de ne pas avoir de formes plantureuses, parce que Astrid en aurait profité pour la peloter.
- H ; E ; L c’est tout simple à écrire te prend pas la tête.
Je la tutoyais, comme elle le faisait avec moi. La base, t’façon, parait que je suis trop vieille pour vouvoyer qui que ce soit donc bon.. Elle me bombarda de question. Gênante pour certaines. Mais je pris le temps de répondre. À toute. Même si je doutais de l’importance de certaine. Au pire, ça changerais rien à ma vie. Je rougis légèrement à la question sur les règles. La conne…
- Je me souviens d’absolument tout datant des cinq dernières années. Après, plus rien, au fur et à mesure, ça disparaît. Et pour les cinq dernières années, ce n’est qu’une vie d’aventurière banale. Pour les tatouages, tout ce que je sais, c’est qu’ils ont été faits un peu partout dans le royaume. Rien de précis. Pas de préférence. Personne pour m’indiquer.
Je souris pour les dernière question, c’était bizarre.
- Oui j’ai des gosses, beaucoup je pense. Des fois y’en a un qui me reconnaît. Mais ça pourrait être n’importe qui. Je me souviens de rien. Je sais juste que le nom de famille du dernier c’est Gher. Mais c’est tout. J’ai personne, pas d’amant pour le moment. Et oui, j’ai toujours mes règles.
Et là, elle me demanda de me déshabiller. Première rencontre, la direct, à poils. Genre normal. Bon ok, elle avait une bonne raison. Rouge jusqu’aux oreilles, j’obéis, enlevant le haut. Lentement. Le laissant tomber par terre. Je frissonnais alors qu’elle m’examinait.
- Ce que je veux vraiment, c’est connaître le but de cEs tatouage. Y’a quelque chose au bout j’en suis sûr. J’en ais pas fait autant pour rien.
Et cette petit Hel ne se souvenait de pratiquement rien. Que dalle. Nada. 5 ans seulement. Qu'est ce que c'était 5 ans dans une vie de 500 ans ? Une goutte d'eau dans l’océan. Enfin, façon de parler.
Si la gamine n'avait pas rajouté qu'elle perdait la mémoire au fut et à mesure, le constat d'Astrid aurait été fait :
Tu t'es cognée la tête y'a 5 ans, c'est la merde pour toi ma vieille, la grosse merde.
Mais c'était PIRE que de la merde à ce niveau là, parce que c'était une perte en continu. Elle ne pouvait retenir que 5 années de mémoire. C'était la cata, une vie comme ça.
Il ne fallait pas être un génie pour comprendre de quoi il en retournait :
-T'es sûre que t'es pas juste devenue sénile ou que c'est pas l’Alzheimer ma petite vieille? Ou est-ce qu'il y aurait pas un petit problème avec un trop petit cerveau, ton incapacité à retenir plus de 5 ans de mémoire ? Parce que je veux pas dire mais...Nah j'déconne haha. Ça doit être le coût de ton pouvoir. Enfin, le coût. Plus une malédiction. Sacrée malédiction même.
En observant de plus près les tatouages, ils semblaient tous avoir un style différent, confirmant les paroles de la petite mémé. Et zut, elle n'avait pas répondu pour la question de la taille de la poitrine et des hanches. Bah, elle prendrait des mesures plus tard, heh.
L'ex-commandant aux cheveux blancs siffla, impressionnée par l'histoire qu'Hel raconta :
-Hé bah. Tu dois être une arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand mère alors. Tes enfants doivent se dire «notre maman, Hel Gher » ! Haha. Enfin, s'ils sont encore vivants.
Les questions d'Astrid n'étaient pas toutes débiles cela dit. Si la gamine avait encore des règles et n'avait pas encore atteint la ménopause, c'était que son corps se renouvelait sans cesse. Elle ne connaissait pas les détails de la biologie des femmes, mais elles n'étaient pas censées avoir un nombre limité d’ovules machins choses ? Oh well, le fait était que si elle pouvait encore avoir des gosses, c'était que son cerveau devait aussi se renouveler et être en bon état. Possiblement.
Donc les hypothèses de la sénilité et de l’Alzheimer, hop à la trappe.
Et lorsqu'elle se déshabilla, Astrid ricana une nouvelle fois :
-C'dommage. J'suis sûre qu'avec quelques années en plus, t'aurais été canon et avec une poitrine plus conséquente, au lieu d'attirer des hommes avec des goûts bien chelous. Bah.
Elle examina une nouvelle fois les tatouages, comptant le tout.
-Hmm, 78 tatouages. Ok, reste comme ça.
Elle se dirigea vers son bureau et prit plusieurs feuilles de papier pour dessiner les symboles.
-Z'ont tous un symbole quelconque, et ont tous été faits à un moment différent de ta vie. Je suis pas tatoueur donc je pourrai pas donner un âge exact à un tatouage, faudrait que tu te renseignes. On peut être sûr que c'est des indices ouais. Ils renvoient à des gens, des familles. Certaines nobles. Les autres je sais pas. Elle continua à les analyser et tomba sur l'emblème de sa famille actuelle. Quel coup de bol. De ce qu'elle avait retenu, sa famille avait été noble fut un temps. Y'a très longtemps. Ah tiens, voilà le mien. Ça renvoi peut-être à la famille de tes amants ? Ou...elle se tapa la lèvre inférieur, réfléchissant. Ptetre lié à ta mémoire que tu perds constamment. À ta place j'essaierais de garder une trace écrite. Un journal intime. Peut-être les familles à qui tu as laissé un journal ? Enfin, c'est que des hypothèses.
Oh. Elle aurait pu faire payer Hel Gher pour ces informations cruciales. Cela dit, elle se doutait que la vieille peau aurait un jour ou l'autre découvert ce constat seule. Elle l'avait sûrement fait, puis oublié d'ailleurs, heh.
Ça devenait intéressant, cette histoire!
- C’est faux ! J’suis sûr que c’était des hommes bien. J’laisserais pas un mec chelou profiter de moi. J’oublie des trucs mais j’suis pas folle hein.
J’étais obligé de les défendre. C’était mon honneur qui était en jeux là quand même. Même si je m’en souvenais pas. Je la laissais m’examiner comme on examine une esclave à la vente. Je baissais légèrement la tête. Je murmurais.
- Je suis si plate que ça pour que tu dises ça ?
Elle continua de m’examiner minutieusement alors que gêner, j’attendais sa réponse. Oui pour moi c’était important. Bon, pas aussi important que de retrouver ma mémoire, mais quand même. Par contre, la suite de ces paroles m’intéressa particulièrement. Je me tournais brusquement vers elle.
- Si tu as une piste, peu importe laquelle je prends ! Je payerais ce qu’il faut ! Dit-moi ton prix !
J’étais excité, une piste oui, excité et implorante. Elle était efficace, j’étais sûr de pouvoir lui faire confiance. Du moins en partie. Et j’étais prête à payer le prix fort pour retrouver ma mémoire. Savoir ce que j’avais été. Peu à peu, le rouge disparaissait de mon visage, je n’y faisais plus attention.
-Pas folle, hein. Ricana-t-elle. N'importe qui deviendrait fou après 500 ans de vie sur cette terre. L'immortalité est loin d'être un cadeau. La possibilité que t'aies pété un cable deux ou trois fois n'est pas de 0.
Voir un être aimé vieillir et mourir, voir ses enfants grandir et mourir ensuite alors qu'on ne prenait même pas une ride. Voir ses amis disparaître, un par un, à cause de l'âge.
D'une certaine façon, oublier était autant une malédiction qu'une bénédiction. Astrid le savait bien, car elle avait vécu la même chose.
Aussi, si c'était vraiment des livres contenant sa mémoire qu'elle recherchait, le choc serait éventuellement terrible. Mais était-ce le travail d'Astrid de l'en empêcher… ? Non. Sauf si on la payait.
-Ay ma vieille. T'es si plate que je pourrais laver mon linge sale sur ton torse. Elle sourit de toute ses dents et se mit à tortiller ses doigts dans tous les sens de façon obscène : Mais pas de souci, tu peux boire du lait et je peux t'aider à les masser si tu veux huéhuéhué, ça les fera grandir. Peut-être. Pas de garanti. Mais qui ne tente rien n'a rien non ? Je suis une bonne masseuse, apparemment. D'ailleurs si mémé a un jour mal au dos, fais appel à moi. Je te ferai une réduction.
Massage, manucure, elle le faisait aussi. Il fallait bien diversifier ses pratiques pour gagner sa vie, et elle apprenait des choses tous les jours. La belle vie.
Lorsque Hel proposa de payer ce qu'il fallait pour une piste, l'arnaqu….la femme à tout faire haussa les sourcils, surprise par ce genre de réaction. La mémé était...naïve. Trop naïve. Elle lui avait fait confiance sans poser de questions jusqu'ici. Un autre n'aurait pas hésité à la dépouiller avec de fausses promesses, mais pas Astrid. Bah.
Regardant le payement, Astrid s'installa profondément dans sa fauteuil et se gratta la tête tout en continuant à observer la jeune fille dénudée devant elle. Des cicatrices sur le corps. Un bon nombre. Une garde ? Non, pas avec ce genre de pouvoir. Peut-être que si ? Ou plutôt une aventurière. Possiblement une aventurière oui, avec les vêtements.
-T'es aventurière si je me trompe non ? Je te propose pour la première enquête l'équivalent de 2 quêtes de la guilde, prix négociable. Tu me payes la moitié en avance, et le reste à la fin de ma première enquête si j'ai des résultats. Il faudra que j'aille chez moi pour vérifier les symboles et s'il y a quelque chose lié à toi ou pas. Cela dit, n'aie pas trop d'espoirs. Si c'est vraiment un livre, ce genre de truc c'est fragile, ça disparaît vite, et ça peut se vendre. Il est possible que les gens aient vendu ou jeté ce que tu leur a donné, ce qui risque de compliquer la tâche.
En réalité, en l'espace de 500 ans, ce scénario était tout à fait possible. Combien de ces tatouages mèneraient en effet à quelque chose ? Difficile à dire. Plus ils étaient récents, plus il y aurait de chance de trouver des informations. Il fallait donc commencer par les plus récents.
-Pour les autres livres, selon la difficulté, le prix grimpera. Si tu peux trouver quelqu'un avec le pouvoir de trouver des choses que tu as perdu, ce serait carrément mieux, mais je n'ai pas de contacts de ce genre. Alors?
- Hein ? Qu-quoi ? Me les masser ? Pardon ? Et comment ça faire ton linge ?
Je secouais la tête pour me reprendre avant d’ajouter.
- J’essayerais d’mon côté mais j'sais pas pourquoi j'le sens pas avec toi.
Elle s’installa dans son fauteuil. EN vrai, j’aurai pu la prendre au sérieux. Si elle avait pas été en pyjama… Dur quand même de négocier un prix avec ce genre de fringue. Mais elle viser juste. Je hochais la tête, oui, j’étais aventurière. Bon ok, avec le nombre de cicatrices que je portais, ça se deviner facilement. Mais du détail. Au moins, j’avais pas à m’expliquer. Et le prix qu’elle proposer était plus qu’abordable. Rien que sur moi j’avais plus. Oui, j’avais économisé. Beaucoup. Des fois, j’retrouvais d’l’argent dans un coin. Que j’avais zappé hein. Mais bon. Au pire si c’était pas à moi. Beh maintenant ça l’était.
- Ça m’va.
Fouillant dans mon pantalon, dans une poche intérieure, je sortis une bourse pleine à craquer. Je fouillais dedans pour en sortir une poignée de cristaux claire. Légèrement plus que la dernière grosse récompense que j’avais reçu, mais je m’en foutais. J’étais pas à ça prêt. J’les déposer devant Astrid.
- Peu importe c’qui a disparu. Tant qu’on trouve quelque chose. Même un morceau. J'veux savoir. Mais j'connais personne qui puisse m'trouver ce que j’ai perdu. Personne. Par contre, l’prix n’est pas un problème. J’payerais c’qui faut.
Je frissonnais, une légère rougeur apparaissant à nouveau sur mon visage.
- J’peux m’habiller maint’nant ? Ou t'as b’soin d’voir autre chose ?
-C'est toi qui décide, mais si tu changes d'avis, hésite pas à me le faire savoir haha.
Astrid haussa une nouvelle fois les sourcils en voyant Hel accepter l'offre sans vouloir discuter du prix ou tenter de négocier sous une forme quelconque. Encore plus quand Hel annonça que le prix n'était pas un problème. Il était difficile de surprendre Astrid ou de la rendre perplexe. Elle avait vécu tant de choses après tout en seulement 83 années. Mais dans un monde de magie et où les gens pouvaient économiser pendant 500 années, il était difficile de tout prévoir et de ne pas être surpise.
Heh. Peut-être qu'elle aurait dû demander plus. Toujours est-il qu'elle allait pouvoir payer le loyer de cette lune ci sans problème. Bien. Pour une fois qu'elle ne serait pas en retard ! À moins qu'elle décide de liquider tout cet argent dès ce soir en alcool. Hmm.
-Ay, bien sûr, tu peux te rhabiller. Les autres parties de ton corps m’intéressent pas vraiment.
Surtout les fesses. C'était assez plat à ce niveau là aussi. C'était vraiment triste, d'être bloquée dans un corps d'enfant.
D'ailleurs, elle ne devrait pas tarder à se changer non plus. Elle venait quand même de faire affaire en pyjama, encore une fois. Mais il était tellement confortable en même temps ! Tellement douillet ! Elle l'aurait fait plus souvent si ça ne tenait qu'à elle héhé. Mais avant ça, elle devait encore régler deux trois détails.
-Tiens. Dit-elle à Hel en lui tendant des feuilles. Une petite signature sur ce papier. Et sur l'autre il me faudrait que tu écrives quelque chose, tout ce que tu veux. Tu peux également recopier ce qui est sur le contrat. C'est histoire d'avoir ton écriture pour retrouver le journal ou la comparer avec ce qui aura potentiellement dedans pour être sûre que c'est à toi.
Les gens ne changeaient pas d'écriture en 500 ans, si…. ?
-Ça me prendra deux semaines probablement, de préparer mes affaires, régler 3-4 trucs et de faire l'aller-retour d'ici chez mes parents. Je laisserai un mot à la guilde pour te contacter ou te donner de mes nouvelles si je trouve quelque chose. Autre chose ?
- Ça m’va, je reste dans l’coin de toute façon donc j’aurais la nouvelle rapidement.
Ouais, j’allais en profiter pour amasser de l’argent, p’tête même boire un peu moins. Histoire de pouvoir payer ce qu’elle me d’manderais la prochaine fois. J’avais l’intuition que ça allait augmenter. Ouais. Je posais le matériel sur la table et fit rapidement le tour du bureau pour serrer Astrid dans mes bras.
- Merci !
Aussi vite que j’avais fait ça, je la lâchais et me diriger vers la porte.
- J’attendrais d't’es nouvelles !
Et j’espérais qu’elles seraient bonnes. Ouais, ça s’rais cool. J’ouvris la porte et sortie. S’en était presque devenus gênant tout ça. Mais j’avais une piste. Fin Astrid en avait une. Refermant la porte derrière moi, je m’éloignais retournant à la guilde. Maintenant, fallait que j’travail. Oui, il me faudrait sans doute beaucoup d’argent pour la suite.
-Rapidement, pas rapidement…Tu as toute l’éternité devant toi, non ? Blagua Astrid. Ces deux semaines passeront en un clin d’œil pour toi. Pas pour moi cela dit, heh. Comme l'a dit un grand homme un jour, le temps est relatif, et puis…
La femme à tout faire s’arrêta lorsque la mémé vint lui faire un câlin. C'était…..inattendu. Un peu mignon, de par la taille. Mais c'était également une occasion. Astrid prit quelque chose sur son bureau et tapota le dos d'Hel, en ricanant légèrement :
-Ay, je vois que niveau maturité c'pas encore ça si t'as besoin de faire des câlins à ton âge, heh.
Oh, elle n'était pas foncièrement méchante, elle aimait juste bien rire et faire des piques, de façon amicale. Malheureusement pour elle, la plupart des personnes ne prenaient pas ces piques amicalement, lui créant énormément d'ennemis. Nul doute que Hel finirait par en avoir marre d'elle et de ses conneries aussi, haha.
- J’attendrais d't’es nouvelles !
-Moi aussi, héhé.
Astrid regarda Hel sortir avec une feuille de papier collé à son dos avec les mots suivants : « câlins gratuits ». À coup sûr, elle allait attirer pas mal de monde si elle comptait se balader en ville. Il était tout simplement dommage qu'Astrid ne soit pas là pour profiter du délicieux spectacle. Mais elle recevrait des nouvelles de sa farce bien assez vite.
-Bien, l'est temps pour moi de m'habiller et de m'acheter à bouffer.
Une autre longue journée de travail pour payer son loyer, son alcool et ses bonbons l'attendait.
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