Voilà bien des nuits que Valeera n'était pas retournée dans cette forge. C'était une professionnelle,quand elle venait c'était pour affaire, pas pour une quelconque balade galante.
Vêtue de sa traditionnelle tenue violette, elle portait un petit foulard de la même couleur, qui cachait le bas de son visage pour ne dévoiler que ses yeux de vipères.
Comme la dernière fois, la lune était haute, et rendait l'éclairage superflu pour quiconque décidait de se plier aux ombres. Allongeant ces dernières pour leur donner des formes distordues et inquiétantes pour les esprits les plus fantasques. Mais il n'était pas question de s'emmêler dans des délires d'une imaginations féconde, il était l'heure de la paie
Venir en plein jour n'était pas son genre, et aurait caractérisé un manque sérieux de professionnalisme. Comme elle se plaisait à le répéter inlassablement à son apprentie, son identité était son bien le plus précieux. Et si bien des gens voyaient son visage, c'était uniquement celui qu'elle choisissait de montrer. Marie-Madeleine la connaissait comme Alicia, cette garde zélée comme sœur Friede. Des identité qu'elle enfilait et se débarrassait comme une mue encombrante
Pour Amadeus, elle serait l'Hydre, un nom de code qui laissait transparaître sa vraie nature. Et l'hydre avait bien des têtes...
Cette fois elle serait bien plus prudente, peu désireuse de mettre les pieds dans les nœuds d'une corde tendue là
La clé en poche, elle se faufila dans la demeure verrouillée du noble, retrouvant exactement le même agencement que la dernière fois.
Pas de changement, mais elle fit tout de même plus attention, un bon voleur ne devait jamais se sentir trop en confiance.
Et finalement, elle atterrit devant le lit occupé de l'homme, mise en scène oblige, elle ouvrit la fenêtre en grand, s'adossant à l'encadrement de la fenêtre pour avoir la lune de dos, masquant son visage dans les ombres.
-Ton chasseur est rentré cher Amadeus Arkhinam, avec des bien belles nouvelles.
Tirer quelqu'un de son sommeil était toujours follement amusant, voir ses yeux papillonner pour comprendre de quoi il en retournait.
Bien sur, les journaux avaient été lus, recopiés en envoyés à la cabale, mais ce soir, elle avait bien les originaux demandés.
Ses yeux fixaient l'homme avec amusement. Se doutait-il que sa vie allait bientôt changer ? Que le venin de la trahison se révélerait ce soir ?
En son fort intérieur, l'hydre avait hâte de voir ce qu'il en serait
-Je pense que tu as du apprendre ce qui c'était passé au grand port, je me suis permis de me servir dans ton ancienne demeure, tes parents n'avaient pas l'air d'en avoir besoin hihihihi
Mais aujourd'hui semblait être mon jour de chance. Ma patience avait enfin fini par payer. La voix agréable de la demoiselle vint me réveiller au bout milieu de la nuit. Par instinct, je touchais mes poignets. Bon, cette fois elle m'avait ménagé. Comme quoi, il n'y avait pas de raison de ne pas se montrer courtois entre relation de travail. Je frotte mes yeux pour mieux apercevoir la demoiselle tandis que j'écoute attentivement ce qu'elle me dit. Une chose réussit à me faire émerger immédiatement. Attendez, elle avait dit Amadeus Arkhinam ? Elle avait deviné que j'étais quelqu'un de la famille qu'elle devait espionner. Par contre, elle ne semble pas avoir fait le lien entre moi et ma précédente identité Ilnas. Parfait, ça me laisse un dernier as dans ma manche. Je l'écoute se pavaner de ses exploits au port. Cela me fait afficher un petit sourire narquois. Je m'attendais à davantage de discrétion, que rien ne m'arrive aux oreilles mais bon, il est impossible de faire une omelette sans casser d’œuf. J'ajoute d'un air calme et posé
"L'héritage matériel des Arkhinam ne m'intéresse pas. Tu aurais même pu raser la demeure que cela ne m'aurait fait ni chaud ni froid. L'essentiel c'est que tu ais réussi ta mission."
J'avais déjà payé la demoiselle pour notre premier arrangement. Imaginez bien qu'au vue des compétences de la demoiselle, la doubler ne serait pas la meilleure des idées. Surtout qu'en réalité, j'aurais pu payé bien plus pour avoir ses informations. Mais bon, je la paye sans doute bien plus cher que ce qu'elle doit avoir sur le marché actuel. Si le prix suffit à garder son "exclusivité" et que le contrat ne soit pas rachetable par quelqu'un de ma famille, je peux bien payé cela. Je me lève de mon lit et m'approche de ma table de nuit. Je suis uniquement vêtu d'un caleçon, je viens de m'en rendre compte. Après tout, je ne pense pas que cela gène tant que ça l'assassin. Je sors de la table de nuit une bouteille de whisky ainsi que deux verres. Je pense que je vais vraiment en avoir besoin. Je remplis les deux récipients et en tend un à la demoiselle. C'était davantage pour ne pas boire seule que pour trinquer je dois l'avouer, mais après tout, seul le geste compte non ?
"Avant de commencer, j'espère qu'aucune personne n'a été blessé durant ta mission ? En fait non, ne dis rien, je ne veux pas savoir ..."
Je soupire un grand coup, est ce que c'était dit de sorte à ne rien avoir sur la conscience, ou une crainte qu'elle ne me demande davantage de frais ? Allez savoir ! En tout cas la demoiselle avait toute mon attention et je buvais une petite gorgée de whisky pour me préparer aux révélations de la demoiselle
Oh l'héritage de papa maman ne l’intéressait pas, peut être qu'après avoir lu tout cela il serait moins de cet avis. Il y avait de quoi déclencher une certaine colère. Mais rien qui ne pouvait se régler avec le poison dont elle avait enduit sa dague, n'oubliant pas la capacité du forgeron à absorber le métal.
Une vipère avait toujours son poison, et dans le cas de Valeera, toujours un croc remplis, au cas ou. Elle se mit à rire doucement devant l'insinuation.
-Un bon voleur fais connaitre ses coups les plus brillants, mais ne saurait détruire ce qu'il cambriole, à quoi bon ? Il n'y aurait plus rien à récupérer pour un autre passage.
Elle aurait pu brûler cette maison, mais cela aurait prit plus de temps, et surtout elle aurait demandé plus. L'argent était le nerf de sa propre guerre.
Observant l'homme sortir de son lit en tenue légère, elle ne le quitta pas des yeux, n'ayant pas oublié qu'il lui devait un service, comme convenu pour son exclusivité.
Saisissant le verre avec circonspection, elle le garda en main, l'autre sur son arme, attendant patiemment que le forgeron ne boive en premier. Elle était bien la première à empoisonner les verres de ses cibles, inutile de prendre le moindre risque.
-Une vraie professionnelle ne blesse personne, ou fait payer un extra pour ce genre de choses et je n'ai pas été payée assez pour amenuiser une nouvelle fois ta famille. Bien que j'avoue que cela aurait été très drôle, ton idiot de père ronfle fort et à le sommeil lourd.
Elle avait pu fouiller son bureau sans être inquiétée, tout comme le reste de la maison. Son pouvoir la rendant particulièrement efficace dans cette tache.
Une fois qu'Amadeus prit sa première gorgée, puis la seconde, elle trempa les lèvres dans le liquide alcoolisé. L'alcool lui brûlant le fond de la gorge en descendant.
-Et bien maintenant que l'heure est aux résultats, je ne te dirais rien. J'ai bien mieux que cela, toute ta famille pourra parler à ma place.
Et sans un mot de plus, elle jeta les journaux intime de chaque Arrkhinam sur la table. Avec un sourire satisfait, ses deux yeux brillant au clair de lune.
-Une lecture instructive en tout cas