Combien de chopes ça faisait ? Une dizaine ? Une vingtaine ? Bon, peut-être pas une vingtaine, sauf si elle avait vomi entre temps, et encore. Dans tous les cas, comme toujours, Astrid était en train de trop boire la nuit. Une nuit comme une autre, ne changeant pas grand-chose aux restes des nuits qu'elle avait passé à picoler dans la capitale. Mais chaque nuit avait ses propres aventures, sa propre saveur, son propre goût.
En parlant de goût...

-BUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUURP.

Dans une petite ruelle sombre, on pouvait apercevoir une silhouette accroupie par terre dégueulant absolument tout le contenu de son estomac dans une poubelle. Encore une fois, elle était allée trop loin dans sa consommation et le réveil serait terrible.
D'ailleurs, à travers son esprit embrumé et la fatigue, l'idée de rentrer chez elle pour pioncer paraissait être une très très bonne idée. Yep. Son lit douillet l'attendait.
Mais, même saoul, elle remarqua quelque chose d'étrange. La poubelle dans laquelle elle venait de vomir ne contenait pas les ordures habituelles : Pas de restes de nourriture et pas d'odeur nauséabond, pas de pelures de bananes ou de fruits et légumes pourris, pas de nobles pourris ou de gros bâtards, mais…des objets. Une épée, des boucles d'oreilles, des bracelets, des colliers…
Bon, ils étaient désormais recouvert du vomi d'Astrid, mais qu'est-ce que ça pouvait bien faire ici ? Aucune idée. Si la citoyenne avait eu l'esprit clair, elle se serait peut-être souvenue que juste à côté, il y avait une boutique d'objets magiques qui n'avait soit pas trouvé d'acheteurs, soit jugé que ces objets n'étaient pas à la hauteur de la réputation de la boutique.
L'ex-commandant haussa les épaules et s’apprêta à repartir, ignorant totalement ces machins, mais…

-Prends ces objets.

Un frisson la parcourut et elle se retourna, tous ses sens en alerte et les poings levés, se préparant à contrer un quelconque ennemi. Elle avait été persuadée d'être seule pourtant.

-Kwwa ? Burp.

Son regard se dirigea difficilement vers la source de la voix et ses yeux s'écarquillèrent en voyant une sculpture de 2 mètres d'un...Glooby ? Est-ce que c'était cette statue qui lui avait parlée ? Putain. Astrid aurait dû ramener son propre Glooby !

-C'toi qui m'a parlé ? Dit-elle difficilement. Parce que si c'le cas m'vieux, j'vais t'péter la gueule !

-Prends ces objets, Astrid Dalgaard.

-Oh merde, ça parle vraiment. J'en veux pas d'ta camelote!

-Astrid Dalgaard. Astrid Dalgaard.

-Raaah ta gueule ! Pas besoin de répéter mon nom !

-Astrid Dalgaard.

-C'bon j'ai dis !

-...ard...Madame Astrid Dalgaard, un colis !

-Huh ?

Le réveil fut aussi soudain que brutal. La citoyenne, trempée de sueur, avait bondit de son lit, les mains et une jambe levées pour se défendre et prête à crier «Wata ! » avec une voix aiguë et stéréotypée. Il lui fallut plusieurs secondes pour reconnaître sa chambre et pour que son esprit s’éclaircisse, malgré les pulsations causées par une migraine atroce. Satanée gueule de bois.

-Il y a quelqu'un ?!

Ah oui c'est vrai. Un colis.

-J...J'arrive ! Oh merde ma tête. J'me sens mal, et j'ai envie de vomir.

Est-ce qu'elle allait enfin recevoir son nouveau godemichet ? Pas trop tôt. Ils en prenaient du temps, chez Aryonzon.
C'est à travers les divers vêtements et bouteilles sur le sol qu'elle se dirigea vers la porte pour l'ouvrir, oubliant totalement qu'elle n'était qu'en sous-vêtements. Heureusement pour elle, c'était une livreuse, et assez timide puisqu'elle détourna son regard directement.

-B..Bonjour. Vous êtes bien Astrid Dalgaard ?

Lasse et fatiguée, celle-ci se contenta d'hocher la tête, plissant les yeux à cause du soleil déjà haut dans le ciel. Il était quelle heure ?

-Tenez, c'est pour vous, de la part de Madame Hylari pour l'affaire Klyntonne.

-Qui a ri ?

-Non non, Hylari.

-Il a ri, mais qui, et à quoi ?

On aurait pu penser qu'Astrid tentait de faire une blague moisie comme à son habitude, mais non. Elle était encore tout simplement dans les vapes et ne comprenait juste pas.

-Eeeh...Bref. Vous avez un colis à votre nom. Et heu….par curiosité….C'est une sculpture de quoi ?

-Hein ? Une sculpture ?

Astrid regarda à droite de sa porte et vit...Une statue de Glooby d'environ 2 mètres.

-...Q...Quoi ? C'était pas là hier ? Qui est l'enculé qui a laissé cette merde ici ?

L'incompréhension se mélangea à une sensation de malaise. Elle avait l'impression de l'avoir déjà vue, cette statue.
Dans tous les cas, la livreuse repartit et Astrid referma la porte, se creusant la tête pour savoir d'où pouvait bien provenir cette sculpture étrange. Bah. Peut-être un autre cadeau de l'un de ses clients. Pas qu'elle en voulait cela dit. C'était juste moche en fait.
Elle espérant que le cadeau dans la boite allait être mieux eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeet...un œuf.

-Ah…

Un "Ah" de déception.

-C'pour mon petit déj ? J'ai pas vraiment faim là...

Mais il y avait une petite lettre dans la boite, une lettre de « Hylari ».

-Aaaaaaaaaaaaaaaaah, Hylari.  

Un "Aaaaaaaaaaaah" de réalisation.

-Mais oui. Klyntonne et Jack. J'm'en souviens.

Le contenu de la lettre était assez simple. La dame remerciait tout simplement Astrid d'avoir enquêté sur son mari infidèle, et qu'elle vivait heureuse maintenant qu'elle avait divorcé. Pour son travail de qualité, la bonne dame offrait à Astrid un œuf de Drarbuste que son désormais ex-mari lui avait auparavant donné en cadeau mais qu'elle n'avait encore jamais nommé.
Encore un familier hein ? Elle en avait déjà assez comme ça. Un glooby, un ribec blanc, un Ouranbos, et maintenant ça ? Rofl. Elle le nommerait une fois qu'elle aurait l'esprit un peu plus claire et une fois qu'elle aurait éclairci un autre mystère :

Pourquoi est-ce qu'elle avait une poubelle avec des objets trempés de vomi chez elle ?

Qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire hier ? Aucune idée. Aucun souvenir.
…
Bah. Une autre journée tout à fait normale commençait pour Astrid Dalgaard.
Dans quelle taverne irait-elle boire ce soir? Elle avait déjà hâte.
Mais avant ça, direction les toilettes pour se bross....

-BUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUURP.

Ah.
un "Ah" de dépit.