Entre temps, durant mon voyage, je m’étais retrouvée avec un œuf d’un drarbuste que je n’avais pas pu mettre dans un quelconque sac alors je dois vous dire que prendre la route avec un œuf en bras de cette taille n’est pas des plus reposant. Et pendant que je pensais à lui donner un nom, un qui me plaisait me vint en tête. « Nephila » que j’avais déclaré à voix haute et étrangement, c’est à ce moment que l’œuf s’était mis à craquer. Je dus m’arrêter et attendre que ce dernier soit complètement sorti. C’était un petit dragonneau de la taille d’un chiot et qui rappelait légèrement le feuillage d’automne. Ses grands yeux oranger me fixèrent et j’eus l’impression de voir un petit sourire se dessiner sur ses lèvres. Il s’ébroua et se mis à me courir autour des jambes, sûrement heureuses, j’image. Je ne suis, normalement, pas une grande fanatique des petits bestiaux et normalement je les chasse, mais là, j’étais sa maîtresse c’était une tout autre histoire. Bref, le voyage de retour ne fut pas de tout repos, entre lui courir après pour qu’il ne se perde pas ou entre le fait qu’il me sautait sur les épaules lorsqu’il se sentait fatigué. Enfin, nous avions du temps à perdre lui et moi alors autant en profiter pour se lier d’amitié. Heureusement qu'il semblait comprendre vaguement ce que je lui disais bien que la plupart du temps, il tournait la tête dans tous les sens.
Une fois à la maison, ce qui veut dire dans mon camp, un peu lugubre et recouvert de toile d’araignée à certains endroits. J’observe les cendres du feu perdu vaguement dans mes pensées. C’est d’ailleurs à cet endroit que Devon et moi…enfin, bref. Ça ne me servait à rien d’y repenser, mais cela m’énervait tout de même de ne pas avoir de ses nouvelles. Je secoue la tête, j’ai bien des choses à faire comme remettre en ordre mes pièges de toiles ainsi que de remettre les files qui me permettait de rester relier à mes grandes toiles qui aurait été brisé par le passage des animaux. D’ailleurs, mon drarbuste restait coller à mes pieds légèrement apeurés par cet endroit. Je le comprends et il devra s’y habituer, quoique je m’en vais éventuellement à la capitale, cela nous donnera l’impression d’avoir un chien. N’est-ce pas? Enfin, alors que j’inspecte ma zone de chasse, je surprends l’un des fils qui frémissent dans tous les sens. Houla! Cela doit être une grosse bête! Je prends mon arc et m’approche donc doucement et sans un bruit de ma toile géante qui avait été laissée sur place. Je reste sous le couvert des arbres et je remarque que la bestiole n’est nul autre qu’une jeune femme qui s’y débat. Depuis combien de temps était-elle là? Mais il n’y avait pas que cela, un petit lapin semblait aussi se débattre… Avait-elle essayé de l’aider et s’était fait prendre ou était simplement une coïncidence. Dans tous les cas, je tire une flèche sur le lapin qui pousse un petit couinement et je sors finalement de mon couvert, gardant ma capuche sur ma tête et empêchant donc cette dernière de voir mon visage. Je prends une seconde flèche que j’encoche et je la vise clairement.
« Qui es-tu et que fais-tu ici? » Oui, j’étais du genre à voir des ennemis partout et cela avait été le cas même pour l’officier supérieur qui avait cherché un monstre; à l’occurrence moi. Enfin, il faudra qu’elle me prouve qu’elle ne voulait pas du mal pour que je la libère et ne tire pas.
Le sourire aux lèvres, notre petit paon s’envola dans les airs, survolant les arbres de près. Ses antennes l’aidaient tout particulièrement à repérer les fleurs grâce à ses nombreuses sensilles. Après avoir passé de nombreuses années à explorer cette forêt et à écouter les conseils de sa mère en tant qu’herboriste, Varda ne mettait jamais bien longtemps avant de trouver son bonheur. Cette fois, ce fut une aubaine ! Il y avait du vent aujourd’hui et celui-ci vint trahir la présence d’une fleur de Woodle ! Sa poudre étincelante attira automatiquement l’œil de notre papillon, qui s’empressa de descendre au sol. Elle fouilla les fourrés alentours avant de tomber sur cette petite merveille bleue. C’était une très belle plante, avec des clochettes brillantes, mais le plus important, c’était qu’elle valait un bon prix et que sa mère pourrait surement en vendre aux plus riches du village. Varda n’attendit pas plus longtemps pour couper la tige et la mettre dans un pochon en tissu qu’elle accrocha à sa ceinture. Inspirant profondément, elle ne put s’empêcher de sautiller de joie. Faire de la cueillette dans cette magnifique forêt, c’était sans doute l’un de ses passe-temps favoris.
Ne voyant pas les heures passer, le petit paon de nuit s’enfonça toujours plus dans les bois. Bientôt, elle arriva à une sorte de campement assez lugubre… c’était vraiment étrange, il y avait des toiles un peu partout et de toutes les tailles. Un frisson lui parcouru le dos, cela ne lui disait rien qui vaille. La jeune femme s’apprêtait à rebrousser chemin lorsqu’elle entendit un bruit. Il s’agissait d’un pauvre lapin prit au piège dans une toile géante. C’était la loi de la nature mais arriverait-elle seulement à s’en aller et le laisser là ? Secouant la tête tout en soupirant, elle décida finalement de lui porter secours.
- Attend mon joli, ne t’affole pas je suis là pour t’aider ! dit-elle au lapin blanc d’une voix douce.
La boule de poil se débattait tant bien que mal et Varda ne savait pas trop comment s’y prendre. Elle agitait ses grandes ailes pour faire du sur-place devant la toile, essayant de le libérer des fils. Le drame finit par arriver : ses ailes se collèrent et Varda fit exactement ce qu’il ne fallait pas faire : tirer en arrière. Sous la pression de la toile tendue, elle fut emportée en arrière et se retrouva complètement collée de la tête aux pieds ! Bref, niveau sauvetage on avait vu mieux !
Plusieurs minutes s’écoulèrent, durant lesquelles elle essaya elle aussi de se sortir de là. Son apparence humaine était d’ailleurs revenue par manque d’énergie. Et puis, contre toute attente, une flèche vint se figer dans le corps du petit lapin qui était déjà, à bout de forces. Varda étouffa un cri avant de porter son regard sur la personne responsable. Une jeune femme encapuchonnée se tenait là, un arc en main et un drarbuste dans les pattes. Elle encocha une nouvelle flèche, visant cette fois notre aventurière.
- Qui es-tu et que fais-tu ici ?
- Vous êtes malade ou quoi ?! cria Varda, hors d’elle.
Pour ceux qui n’avait jamais vu Varda piquer une crise, c’était maintenant ou jamais ! Déjà étant petite, elle avait tendance à s’emporter et devenir toute rouge de colère.
- Pourquoi avoir tué ce pauvre animal ? Détachez-moi tout de suite !! dit-elle en s’agitant dans la toile. Non mais c’est dingue ça, on ne peut plus se promener paisiblement en forêt de nos jours ! Vous voyez bien que je suis coincée dans cette foutue toile alors aidez-moi au lieu de me viser avec votre arc ! Oh mais peut-être que le lapin ne vous suffit pas, vous voulez me rajouter à votre tableau de chasse c’est ça ?! Espèce de folle.
Rouge, c’était peu de le dire. On aurait dit que Varda allait exploser. Ce devait-être pour le moins comique comme scène… une blondinette collée, hurlant et bougeant dans tous les sens. Hm, pas sûr que cette étrange femme accepte sa requête.
« Ce pauvre animal, comme tu le dis, va nourrir mon compagnon. » Je la regarde à peine alors que mes yeux se posent sur mon familier qui renifle le mammifère. « Mange Nephalie, c’est important pour grandir… » Enfin, il ne deviendra pas aussi grand qu’une falaise, mais s’il voulait atteindre sa taille adulte, il devait manger une alimentions qui se rapprochait de la mienne. Soit une alimentation de carnivore. Puis je me retourne finalement vers elle, rangeant les deux flèches à mon carquois tout en plaçant mon arc de biais dans mon dos. Ma main droite se glisse à ma cuisse et je retire de son fourreau une longue dague d’une vingtaine de centimètres. « Cette foutue toile m’appartient. Ici, c’est mon territoire de chasse. Normalement, les êtres dotés d’intelligences ne s’y aventurent pas vu la nature lugubre du lieu » Je tends ma main à la peau grisâtre vers elle faisant mine de vouloir la saisir, mais je bifurque au dernier moment vers la toile sur sa droite. « Plus tu vas t’agiter et plus tu t’emprisonneras dans cette dernière. » Contrairement à elle, je ne reste pas prise à cette dernière. Je fais un pas de plus en sa direction et de là où je me tiens, il lui est fort possible de voir un reflet rougeoyant sous ma capuche. « Je ne vais pas te tuer, mais lorsque je te libérerai, tu ne parleras de cet endroit à personne, d’accord? »
Normalement je serais partie. Mon camp aurait été déplacé plus à l’est et tout aurait dû être à recommencer, mais disons que quelque chose me gardait ici et j’ai espoir que cette personne qui m’importait reviennent vers moi. Enfin, je grimpe à ses côtés déposant qu’un seul pied à ma toile et je me dépêche de trancher une première fois dans la corde qui la retient, puis j’écarte d’un rapide mouvement ce qui pourrait nous gêner ou l’emprisonner de nouveau. De plus, comme je ne suis pas si méchante, je ne la laisse pas se choir au sol, mais je l’aide tout simplement à poser pieds au sol. Elle était d’ailleurs for légère pour une femme de sa grandeur. À bien y regarder, nous devions avoir la même taille. Son visage me paraissait familier et je ne sais pas pourquoi, cela me prit un moment pour me remettre de cette petite fixette. Alors je me détourne tout simplement en haussant les épaules. « Regarde où tu mets les pieds la prochaine fois! Il ne faudrait pas que tu te prennes un rocher cette fois-ci.» Maintenant que j’avais le dos tourné, je dépose ma main sur mon capuchon que je rabaisse légèrement dévoilant ainsi ma chevelure cendrée ainsi que mes longues oreilles. Je ne m’attendais pas à ce que la demoiselle reste, alors je ne pense pas avoir à m’inquiéter de mon identité.
- Cette foutue toile m’appartient. Ici, c’est mon territoire de chasse. Normalement, les êtres dotés d’intelligences ne s’y aventurent pas vu la nature lugubre du lieu. Dit-elle en approchant sa main vers Varda.
Cette dernière eu un petit mouvement de recul mais ne put s’empêcher d’observer la couleur de sa peau et ses griffes. Bizarrement, elle eut comme une impression de déjà vue.
- Plus tu vas t’agiter et plus tu t’emprisonneras dans cette dernière. Je ne vais pas te tuer, mais lorsque je te libérerai, tu ne parleras de cet endroit à personne, d’accord ?
Varda hocha simplement la tête en guise de réponse. Elle venait d’apercevoir un reflet rougeoyant sous la capuche de la jeune femme, était-ce ses yeux qui avaient cette couleur particulière ? La regardant grimper à ses côtés sur la toile, elle trancha les fils qui la retenaient avant de l’aider à mettre pieds à terre.
Une fois au sol, l’une en face de l’autre, on pouvait voir qu’elles avaient plus au moins la même taille. Elles se détaillaient le plus discrètement possible, mais on voyait bien qu’il y avait des questions sans réponse.
- Regarde où tu mets les pieds la prochaine fois ! Il ne faudrait pas que tu te prennes un rocher cette fois-ci.
- Merci de m’avoir sortie de là… je voulais aider le lapin mais bon… c’est loupé. Je savais très bien ce que je faisais mais mes ailes…
Varda ne finit pas sa phrase. Elle fixait la chevelure cendrée et les longues oreilles de sa « sauveuse ». Faisant quelques pas pour la contourner et voir son visage, notre éclaireuse plissa les yeux, portant sa main à son menton. Elle lui faisait vraiment penser à quelqu’un… cette apparence, ces toiles… cela ne pouvait pas être une simple coïncidence !
- Saryna ?
Instinctivement, la question avait franchi ses lèvres. Etait-ce vraiment elle ? Etait-ce vraiment son amie d’enfance qui se tenait là ? Varda avait rencontré une petite fille dans la grande forêt il y a de cela plusieurs années… une petite fille sans ami, se promenant toujours seule et ayant les mêmes aspects physiques que cette femme. Contrairement aux autres enfants, Varda n’avait pas ressenti la moindre peur en la voyant, elle avait même voulu apprendre à la connaître ! De cette rencontre une belle amitié était née entre Saryna et elle. A l’adolescence, un serment d’amitié avait même été fait : un pacte de sang pour se jurer une fidélité sans faille et les lier jusqu’à la mort.
Tentant le tout pour le tout, Varda montra la paume de sa main droite, qui portait la cicatrice de l’entaille faite ce jour-là.
« Euh, oui, c’est moi… »
D’où me connaissait-elle? Qui était-elle? Était-ce pour cela que son visage me semblait familier? J’ai rencontré tant de bonnes ou de mauvaises personnes dans ma vie et si cela se relève de mon passé ou de ma jeunesse, je dois dire qu’une partie de ses souvenirs ont été effacés de ma mémoire ne laissant, malheureusement, que les ressentis des mauvais. C’est d’ailleurs pour cela que je suis si hostile à première vue. Je repousse les gens ainsi j’évite de me dévoiler à eux et d’être déçue. Mais heureusement, dernièrement, je semble avoir rencontré de bonnes personnes.
La jeune femme devant moi semble perdue dans ses pensées, mais est soudainement prise de conscience et s’empresse de me révéler sa paume de main où se trouvait une cicatrice. Je regarde un moment et sans savoir pourquoi, je prends sa main dans la mienne et j’observe un moment la fine ligne que je finis par tracer de mon doigt griffu. Il me semble avoir quelque chose de semblable et je tourne ma main droite, paume vers le haut, observant ainsi une cicatrice semble sur ma paume droite. Nous serions liées? Je fouille mes pensées au plus loin que je me souvienne tentant de focalisé mon attention sur l’apparence de cette dernière et je me souviens qu’elle avait aussi parlé d’ailes… du coup, je revois les visages de deux adolescentes qui se font face et qui se promette se promette de toujours être là l’une pour l’autre quoi qu’il advienne. Je lève alors la tête surprise.
« Varda? C’est bien toi? » Elle était la seule amie que j’avais eue dans mon passé tumultueux et la voilà aujourd’hui qui réapparaît sur ma route. Était-ce un adon ou bien un miracle après tout ce temps? Je sens quelque chose se frotter à ma jambe et lorsque je regarde, il s’agit de Nephalie mon Drarbuste qui semble avoir terminé son repas. Son petit visage est tout barbouillé et je ne peux m’empêcher de sourire. Mon attention se rapporte alors sur cette dernière et je dépose une main contre son épaule. « Je suis désolée de ne pas t’avoir reconnue, combien de temps s’est passé depuis… dix ans? » Plus jeune, je me serais jetée dans ses bras pour la serrer contre moi, mais aujourd’hui, je n’étais plus la même.
- Varda? C’est bien toi? dit-elle avant de venir poser sa main sur son épaule. Je suis désolée de ne pas t’avoir reconnue, combien de temps s’est passé depuis… dix ans?
Notre aventurière était dans tout ses états : revoir son amie après plus de dix années écoulées, cela faisait chaud au coeur. Si Saryna semblait toujours un peu sur ses gardes, ou du moins réservée, ce n'était pas le cas de Varda. Une simple main posée sur son épaule ne lui suffirait guère après tout ce temps! Ni une ni deux, elle prit la jeune femme dans ses bras avec délicatesse.
- C'est bien moi oui... je suis si heureuse de te retrouver. dit-elle les larmes aux yeux mais le sourire aux lèvres.
Ne voulant pas mettre Saryna trop mal à l'aise, elle recula pour la laisser respirer. Plongeant ses yeux embués dans les siens, elle soupira pour exprimer son soulagement.
- C'est incroyable, vraiment. Je pensais t'avoir perdu pour toujours et voilà que nous nous tenons l'une en face de l'autre, des années plus tard. Comme tu es devenue belle, une vraie femme ! J'ai tellement de choses à te raconter, tellement de questions à te poser... oh, et je suis désolée de t'avoir traité de folle, tu sais à quel point je m'emporte facilement. Et ce petit monstre adorable est à toi alors ? demanda Varda en fixant le Drarbuste à ses pieds.
C'était beaucoup d'émotions et Varda avait du mal à se contenir. Elle avait l'impression de retomber en enfance tout à coup et l'envie étrange de courir partout. Elle espérait ne pas brusquer Saryna, mais il faut dire que c'était un tel choc ! Le destin avait finit par les rassembler, elles, qui s'étaient perdues de vue depuis le départ de Varda à ses 16 ans.
Cette dernière semblait avoir bien des choses à me dire. Je l’observe calmement parler et me demande si elle réussit au moins à respirer dans tout cela. J’ai un petit sourire sur les lèvres et il est vrai que nous avions tant de choses à nous dire. Entre mes contrats, ma rencontre avec Devon, la disparition de ce dernier, mon nouveau familier alors que les animaux et moi ne faisons pas bon mélange de bases. Enfin, je vais commencer par le début et répondre à sa dernière question.
« Oui, il s’agit d’un drarbustre que j’ai récupéré lors d’un contrat. Son frère ou sa sœur est en possession du garde qui m’avait accompagnée. Il s’appelé Nephalie. »
Je tends mon bras vers ce dernier pour qu’il grimpe sur mes épaules. Voyant l’invitation, le petit dragon recouvert de feuillage couleur bronze saute aussitôt sur mon bras et s’assied sur mon épaule. Heureusement, il était assez petit pour cela parce qu’une fois adulte, il va rester au sol le petit.
« Moi aussi j’ai bien des choses à te dire. Je pourrais t’inviter à venir dans mon campement, mais l’aspect lugubre est un peu plus présent et je ne pense pas que cela puisse convenir à nos retrouvailles. »
D’ailleurs pour que la demoiselle soit dans les parages c’est bien parce qu’elle devait visiter quelqu’un. Ses parents peut-être? Si je me souviens bien, ils vivaient non loin d’ici et du village perché.
« Tu te rendais quelque part? Je peux t’accompagner si tu le désires? On pourra discuter en même temps.»
- Je suis sure qu’il sera heureux et choyé avec toi.
Celui-ci grimpa sur les épaules de sa maîtresse, pour finalement s’asseoir sur son épaule. Ces créatures étaient vraiment fascinantes et en voir une de si près, même petite, était une chance incroyable. Son feuillage couleur bronze était magnifique et Varda eu du mal à en détacher ses yeux. Ce sont les mots de son amie qui la tirèrent de sa rêverie. Elle ne semblait pas vouloir rester ici pour bavarder, sous prétexte que son campement était lugubre. Elle proposa à notre aventurière de l’accompagner sur sa route.
- Oh, c’est sûr que ton campement pourrait être plus gaie mais cela ne m’a jamais dérangé si tu te rappelles bien... Enfin, je n’ai pas vu le temps filer aujourd’hui tant j’étais concentrée dans mes recherches… je me rends chez mes parents pour quelques jours et je voulais rapporter des plantes à ma mère, comme avant. Regarde ce que j’ai trouvé ! dit-elle en ouvrant le pochon en tissu qui pendait à sa ceinture. Avec délicatesse, elle sortit la fleur de Woodle pour la montrer à son amie d’enfance. Je suis certaine que cette trouvaille lui fera plaisir ! C’est une fleur assez rare, mais pour la cueillette, je suis imbattable sous ma forme de papillon.
Elle fit tourner la tige entre ses doigts avant de la ranger. Varda attendit que Saryna se mette à sa hauteur pour reprendre la route. Elle pourrait bavarder tranquillement en chemin et qui sait, peut-être acceptera t’-elle de venir un peu chez ses parents. A l’époque, elle était venue deux ou trois fois. Varda était certaine que cela serait un moment convivial.
- Bon alors, tu m’as parlé d’un contrat, mais que fais-tu au juste maintenant ?
Varda me signale qu’elle avait entrepris un petit voyage jusqu’à chez ses parents et s’était très certainement égaré de sa destination initiale à la recherche de plante pour leur offrir. Elle avait toujours été attentionnée et c’est très certainement ce qui m’avait permis de me rapprocher d’elle. Je n’avais pas d’amis petits et Varda avait été la seule à réussir à pénétrer mes barrières. J’avais été avant tout curieuse par son apparence et son pouvoir puis sa gentillesse avait eu raison de moi. Enfin, j’observe la fleur qu’elle a sortie de son petit sac et je l’observe un moment.
« Une woodle. Belle trouvaille, je suis sûre qu’elle trouvera une utilisation à cette dernière. »
Je m’approche donc de cette dernière et nous nous mettons en route alors que mon Drarbuste profite des hauteurs pour observer les alentours. La curiosité pousse la demoiselle à mes côtés à me demander ce que je faisais maintenant. Lui parler de mon contrat avait certainement éveillé sa curiosité, mais je dois dire que je me suis toujours demandé si elle avait réussi à atteindre les objectifs qu’elle s’était donnés. Je n’étais âgée que de quinze ans à ce moment. J’avais eu le cœur gros longtemps, mais mon père, ma seule famille, m’avait fait comprendre que nous allions très certainement nous retrouver un de ces jours et que moi aussi un jour, j’allais le quitter pour vivre ma propre vie. Je ne l’avais compris que trois ans plus tard où ce fut à mon tour de dire au revoir à mon paternel.
« Je dirais que je suis un peu une touche à tout. Bien sûr, j’exerce avant tout le même métier que mon père. Je suis une chasseresse, mais comme la forêt est mon domaine, je mets aux services des plus offrants mes compétences de forestière. Je sers parfois de guide, parfois j’aide à la récolte des plantes ou je chasse des créatures qu’on m’a payées pour ramener. Cela m’amène parfois à travailler avec des gardes ou pour des nobles. »
Je tourne ma tête en sa direction cherchant une possible réaction sur son visage.
« Mais ne t’inquiète pas, je ne chasse que par nécessité et j’essaie de récupérer tout, alors je tanne les peaux et je peux même créer des armures comme celle que je porte! Mais sinon, toi, dis-moi ce que tu es devenue? Tu as réussi à devenir une aventurière et Or…Orran, si je ne me trompe pas, il va bien? »
Orran c’était le garçon dont elle n’arrêtait pas de me parler autrefois et c’était d’ailleurs avec lui qu’elle était partie à l’époque.
- Elle est très jolie cette armure. Tu es vraiment douée ! Qui sait, peut-être qu’un jour je te passerai commande. Dit-elle avant de lui faire un clin d’œil.
- Mais sinon, toi, dis-moi ce que tu es devenue ? Tu as réussi à devenir une aventurière et Or…Orran, si je ne me trompe pas, il va bien ?
Ah, la fameuse question que Varda redoutait… ! Elle s’était automatiquement raidie au nom de son ancien amour. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne l’avait pas entendu ce nom. Glissant une main dans sa chevelure, gênée, elle accéléra un peu le pas sans forcément s’en rendre compte.
- Orran et moi on a intégré la Guilde des Aventuriers à nos 18 ans. On avait finalement réussi notre rêve, grâce à notre Maître. On a commencé à faire nos propres missions chacun de notre côté et c’est là que tout a dérapé… il.. il a fini par changer. Son désir de gloire, de fortune, l’a rendu imbu de lui-même, cruel. Je l’ai quitté Saryna, mais lui n’a jamais accepté que je le rejette. Il est devenu complètement fou.
Varda sentit son cœur se serré. C’était toujours difficile de ressasser le passé, d’avouer que leur aventure avait quelque part, été un échec.
- Je me suis spécialisée en tant qu’éclaireuse à mes 21 ans ; j’ai d’ailleurs gardé ce métier depuis lors. A l’époque, je pensais en avoir fini avec Orran mais je me trompais. Tu n’étais pas très proche de lui quand nous étions plus jeunes, mais franchement, est-ce que tu aurais cru un seul instant qu’il serait devenu si… dangereux ? Il.. il a envoyé des hommes me capturer. Pendant 6 longs mois…
Notre papillon ferma les yeux avant de s’arrêter sur le sentier. Elle inspira profondément avant d’expirer par la bouche, essayant de retrouver son calme. Elle le sentait, son corps s’était mis à trembloter. Elle allait bien mieux depuis toutes ces années, mais c’était toujours aussi dur d’en parler. Pourtant, même si Saryna ne lui demanderait rien, elle voulait lui avouer toute l’histoire. Elle, qui avait tant partagé son enfance, elle, à qui elle avait tant parlé d’Orran… elle devait savoir.
- J’étais captive tout ce temps. Si Maître Pellenas ne m’avait pas retrouvé, je pense que je serai devenue folle à mon tour. Je n’étais jamais seule, je ne savais pas où j’étais enfermée et Orran… il me faisait si peur Saryna. Je ne l’avais jamais vu ainsi. Il a réussi à fuir. Qui sait ce qu’il est devenu maintenant… j’espère simplement qu’il est très loin d’ici et qu’il ne reviendra jamais.
Je dus faire pareil pour me mettre à ses côtés. J’ai toujours été une très bonne oreille pour elle et aujourd’hui ça ne changerait pas. Puis en même temps, j’allais finir par le savoir un jour ou l’autre et peut-être fallait-il simplement percé l’abcès dès maintenant, non? Je l’écoute silencieusement et je lui donne le temps qu’il me faut pour lui répondre. Je sais qu’elle a certainement passé un sale moment, mais je dépose ma main sur son épaule pour lui signaler que tout va bien maintenant. Enfin, je me sens un peu hypocrite tout de même. Après tout, je ne dois pas être différente de ce mec. On n’a pas réellement les mêmes objectifs, mais on recherche toujours plus et peu importe comment on s’y prend tant que l’on réussit ça nous importe guère. Mais ce qui nous différencie, c’est ma capacité à garder la tête froide. Si jamais Devon décidait qu’il ne voulait plus de moi après lui révéler mon secret, je ne crois pas que je deviendrais folle au point de lui en vouloir.
Bref, pour l’instant il n’est pas question de moi, mais de Varda. Elle m’explique son parcours par la suite, mais s’arrête sur un sujet plus que sensible; l’enlèvement qu’avait orchestré Orran et qui l’avait faite prisonnière pendant six mois. Sur le coup je m’arrête un peu avant elle.
« Quoi?! Il n’a pas osé te faire ça, ce malade?! »
Je la rattrape ce qui n’est pas très dur puisqu’elle s’est arrêtée comme si elle cherchait à reprendre sa contenance. Alors je me poste devant elle attrapant ses épaules entre mes mains. Je la serre, mais pas pour la blesser seulement pour lui montrer que je suis là.
« Je suis désolée, Varda. Si j’avais su… » Je détourne légèrement la tête. Tu parles d’une amie… Je ne suis même pas capable de savoir quand la mienne a un problème et j’aurais dû essayer de la retrouver. La peur qu’elle a ressentie, la douleur d’être trahis par un être qu’elle avait aimé, tout cela se lisait sur son visage alors je ne fais la seule chose dont je suis capable en ce moment et je la prends contre moi.
« Désolé de ne pas avoir été là pour toi lors d’un moment aussi difficile. Mais aujourd’hui, je suis là. Nous nous sommes retrouvés alors si tu crois que ta vie est en danger, tu sais où me trouver. Puis, tu peux toujours te rendre à la taverne de l’aventurier téméraire. » Je l’éloigne de moi doucement pour la regarder dans les yeux. « Demande, Devon… c’est le patron et dit lui que tu viens de ma part. Je lui en glisserai un mot lorsque je le verrai. »
Je glisse une main contre sa joue et je tente de lui redonner courage par un sourire et ma sincérité. Bien sûr, mon regard se fait dur pendant un bref instant alors que je décrète ses paroles.
« Hey… je ne laisserai personne te faire du mal. D’accord? Si tu as le moindre doute, fais-le-moi savoir et je m’en chargerai. D’accord? »
S’en charger pouvait dire plusieurs choses. Je pouvais lui faire une grosse frayeur pour l’inciter à ne plus jamais revenir ici ni à tourner autour de mon amie. Je pouvais aussi le battre et lui briser quelques os avec l’aide de certains de mes connaissances. Sinon, je pouvais le faire disparaître et plus personne n’allait entendre parler de sa sale tête.
Je passe finalement un bras dans son dos tout en nous invitant à avancer.
« Bon, aller, continuons. Je suis sûre que tes parents attendent ta visite avec impatience. »
Saryna vint poser ses mains sur ses épaules, se voulant réconfortante.
- Je suis désolée, Varda. Si j’avais su… dit-elle avant de la prendre contre elle.
Son amie s’excusa de ne pas avoir été là, lui expliquant qu’elle pouvait désormais compter sur elle. Apparemment, elle pouvait la trouver facilement en allant à la taverne de l’aventurier téméraire. La jeune femme voulait d’ailleurs prévenir le patron, Devon, au cas où Varda viendrait à sa rencontre.
- Tu n’as pas à être désolée, nous avions perdu contact depuis si longtemps ! Les choses ont mal tournées c’est vrai, mais ne t’inquiètes pas, je vais mieux maintenant et j’apprécie ma vie d’aventurière. Je te promets que si un danger me menace à nouveau, je te préviendrai. Je croise les doigts pour que ça n’arrive pas ! dit-elle en exécutant le geste, un petit sourire aux lèvres.
Varda ne doutait pas de son amie. Si elle avait besoin d’aide, elle répondrait présente. En revanche, elle la savait implacable et ses réactions pouvaient être parfois excessives, voire irréversibles… au fond, c’était peut-être ce qu’il y avait de mieux pour tourner la page une bonne fois pour toute. Reprenant ses esprits lorsqu’elle sentit le bras de Saryna dans son dos, elle hocha la tête et reprit la route.
- Tu as raison, ils doivent m’attendre depuis un moment déjà... Si tu veux te joindre à nous tu es la bienvenue !
Plusieurs minutes s’écoulèrent, permettant aux deux jeunes femmes de parler de tout et de rien. Varda raconta certaines de ses missions en tant qu’éclaireuse, parla de son vieux Maître et de son logis à la Capitale. Quant à leur prochaine entrevue, elle pourrait toujours lui rendre visite lors de ses détours en forêt, mais promit à Saryna de passer à la taverne et de transmettre la date d’un rendez-vous au patron si elle n’était pas là.
Bientôt, elles aperçurent les lumières vacillantes des bougies à travers les fenêtres et sentirent une douce odeur de gibier en train de cuire sur le feu… Varda était enfin arrivée chez ses parents !
- Alors Saryna ? Souhaites-tu entrer un peu ou est-ce que nous nous séparons ici ?
« En effet, on ne souhaite de malheur à personne, seulement j’espère bien que tu viennes me vois si jamais cela devait arriver. Je lui botterai bien le derrière moi! »
Pour la suite, je passe un bras derrière son dos. Je ne veux pas ressasser les mauvais souvenirs plus longtemps et ses parents doivent l’attendre. S’être pris dans ma toile l’avait très certainement retardé. Je regarde sur mon autre épaule, mon petit dragon qui s’y trouve toujours couché. Il a trouvé un endroit tranquille ou faire la sieste et sa petite bouille me donne presque envie de lui sourire. Qu’il en profite pendant que nous sommes en bonne compagnie parce que dans un autre cas, il aurait marché au sol comme n’importe quel animal.
« Hey bien, l’invitation me fait plaisir, mais je ne veux pas m’imposer. Puis j’ai Nephalie avec moi. »
Je n’en dis pas plus, c’est vrai que ça fait longtemps que je n’avais pas vu sa famille, mais j’avais tout de même des choses à faire comme m’assurer que tout allait bien dans mon campement. Enfin, pour le moment je vais me contenter de la raccompagner. Elle me parle de ce qu’elle fait maintenant de l’homme qui l’avait guidé lors de ses apprentissages ainsi que d’où elle vivait à la capitale. Pour ma part je lui parle un peu de ma rencontre avec Devon. Cela ne fait pas bien longtemps qu’on s’est rencontré lui et moi, mais disons qu’il y a clairement quelque chose entre nous et il m’avait même offert pour vivre avec lui. Sauf que bon pour le moment il semble être parti en quête. Je lui parle de mon père qui est retourné vivre au village perché et je dois dire que sans mes activités illégales je n’ai pas grand-chose à lui dire. Mais bon, ce n’est pas bien grave. Je n’ai jamais été celle qui parlait le plus de toute façon.
Nous arrivons finalement à la demeure de ses parents. De l’extérieur une délicieuse odeur nous accueil. Cela me met l’eau à la bouche et me fait presque regretter de devoir partir, mais quand Varda me regarde en me demandant si je veux rentrer un peu, je regarde au loin vers la forêt. Je suis partie plus d’une dizaine de jours. Mon campement peut très bien survivre sans moi, non?
« Bon allez! Que quelques minutes le temps de saluer tes parents, mais je ne vais pas rester plus longtemps! »
Notre aventurière écouta attentivement ses aventures avec Devon et fut soulagée d’apprendre qu’elle avait une personne de confiance auprès d’elle. Il faut avouer que cela attisait sa curiosité et qu’elle avait hâte de le rencontrer. Connaissant Saryna, cela n’avait pas dû être facile pour lui de briser la glace et la méfiance de la jeune femme…. Son père quant à lui, était retourné vivre au village perché, ce qui restait proche de son campement. La vie semblait donc plutôt douce pour le moment et c’était une bonne chose. Comme à son habitude, Saryna ne parla pas bien longtemps, mais c’était déjà un bel effort. Elle n’avait jamais été très bavarde. A l’époque déjà, elle préférait écouter Varda, qui elle, était une vraie pipelette.
Au dernier moment, lorsque les deux jeunes femmes firent une halte près de la maison, elle changea d’avis et accepta son invitation. Un grand sourire étira les lèvres de Varda avant qu’elle ne l’entraîne par le bras.
- Maman, Papa ? Je suis rentrée ! dit-elle en haussant la voix.
- Varda ma chérie ! répondit sa mère en passant la tête par la porte de la cuisine. Oh, mais tu es venue avec une amie !
S’approchant tout en essuyant ses mains sur son tablier, elle vient embrasser sa fille chaleureusement avant de détailler la jeune femme qui se tenait à ses côtés.
- Saryna ça alors ! Comme tu as changé, j’ai bien failli ne pas te reconnaître !
- Je l’ai croisé dans la forêt, d’où mon retard. Pour nos retrouvailles, je lui ai proposé de venir. Peut-on rajouter un couvert de plus ?
- Mais bien sur quelle question ! Je me charge de tout, va saluer ton père avant de passer à table, il est dans la grange.
Varda hocha la tête avant de rejoindre la grange, accompagnée de Saryna. Son père était bien là, en train de ranger des légumes dans des caisses en bois. Elle approcha discrètement avant de lui sauter sur le dos.
- Bonsoir Papounet !
- Ahh, bonsoir mon petit paon. Tu n’es plus aussi légère qu’avant tu sais ? lui dit-il dans un petit rire.
Notre papillon remit pied à terre tout en faisant mine de bouder. Cette fois, elle dû rafraîchir la mémoire à son paternel, car celui-ci n’avait pas reconnu Saryna. Une fois quelques paroles échangées, ils retournèrent dans la maison et prirent place autour de la table. Sa mère, Patsy Métivier, vint déposer un plateau composé de viande de chevreuil et de légumes cuits.
- Allez-y servez-vous, chez nous pas de chichi !
Le repas terminé, Patsy apporta une bouilloire en métal contenant de la tisane. De quoi bien digérer : de la camomille, de la verveine et un peu de fenouil. Varda s’occupa de servir une tasse à tout le monde tandis que son père Fergus faisait la discussion à Saryna.
- Ce n’est pas trop dur la vie au campement toute seule ? Comment va ton père ? N’hésitez pas si vous voulez passer de temps en temps, nous ne sommes pas si loin au final.
- Oui, surtout que Varda reste quelques jours ici. Surtout n’hésites pas, tu es la bienvenue. Renchérit Patsy.
Varda souriait doucement, levant les mains en regardant son amie, comme pour lui dire qu’elle la laissait se débrouiller avec ses parents. Tout comme elle, ils pouvaient être assez bavards. Saryna allait vite tomber de fatigue ce soir après tant d’émotions !
Bref, je sens déjà la nervosité en moi quand la demoiselle ouvre la porte pour faire son entrée. Elle ne manque pas un instant pour signaler sa présence et déjà la tête de sa mère passe par le cadre de la cuisine et finit par s’approcher pour saluer Varda. Puis lorsque je sens son regard sur mon être je me dépêche de la saluer poliment. Bien sûr, elle me reconnait et nous allons faire de même avec son paternel qui ne me replace pas du tout. Elle doit lui rappeler qui je suis et je lui passe mes salutations aussi.
On se retrouve bien vite attablé bien que je me sens comme une intruse. Je ne suis pas habituée à ce genre de repas convivial, mais à force d’échanger et de répondre à leurs questions, je finis par trouver un semblant de constance. Je me suis assuré que mon familier reste à l’entrer et qu’il n’y bouge pas. Heureusement que cette petite bête comprend ce que je lui dis, ça m’évite de perdre mon temps et mon énergie à le pousser à m’écouter. Enfin, on mange comme des rois et les aliments qui nous ont été servis étaient plus que délicieux et convenait amplement à mon régime de protéine. Bien sûr, je me suis servie des légumes, parce qu’il faut tout de même en manger.
C’est d’ailleurs autour d’une bonne tasse de thé que les questions plus personnelles commencèrent à me bombarder. Bon, ça restait raisonnable et je pus voir du coin de l’œil, Varda qui me souriait tout en me faisant signe qu’elle ne se mêlait pas de cela. Je prends donc une gorgée de mon thé laissant la chaleur de ce dernier se répandre doucement dans tout mon corps.
« La vie au campement est plutôt facile. Juste que contrairement à quand je vivais toujours avec mon père, parfois je le change de place. Donc il peut m’arriver de me retrouver tout à l’est, loin du village perché et à cause de cela, je ne vois plus aussi souvent mon père. À la dernière nouvelle, il se portait bien. »
Bien sûr je mens à moitié à ce sujet. Il va bien, mais il doit s’assurer de prendre sa médication de façon régulière.
« Je lui ferai le message qu’il pourra venir vous rendre visite s’il s’ennuie seul. Enfin, je dis tout cela, mais j’ai une grosse décision à prendre et il se peut que je quitte ma jolie forêt pour m’installer à la capitale. »
Ils semblent surpris, mais c’est normal, après tant d’années à vivre en forêt. Je leur souris doucement en glissant ma main dans ma poche où se trouvaient les deux colliers jumeaux. Je caresse doucement la pierre du collier de Devon et j’ai une simple pensée qui me traverse l’esprit à ce moment-là… Et s’il ne revenait pas? Je secoue la tête aussitôt. Non! Je ne dois pas penser à cela. Valentino m’a dit que je ne devais pas m’inquiéter et Genn non plus.
« Quelqu’un m’a proposé de le rejoindre dans sa demeure… »
Bien sûr, je ne parle pas d’amour, mais je ne peux nier l’attirance qu’il y a entre nous. Enfin, la soirée ce déroule bien et je m’attarde plus que ce je devrais. J’entends les glapissements de mon drarbustre depuis l’entrée. Sûrement qu’il a envie ou qu’il a faim. Alors j’aide vite fait Varda et sa mère à nettoyer les couverts et ranger les plats, puis c’est le moment pour moi de leur dire au revoir.
« Ce fut un plaisir de vous revoir et merci beaucoup pour votre accueil chaleureux. Cela faisait longtemps que je n’avais pas aussi bien manger autour d’une table. »
Je me dirige donc vers la sortie, là où m’attend mon jeune familier et je me retourne pour saluer mon amie. Je la regarde un moment silencieusement puis je fais quelque chose qui me surprend moi-même. Je la serre tout contre moi en la serra bien fort. Je lui rappelle ce que je lui ai dit et que si elle avait besoin de moi, elle savait où me trouver et dans le cas contraire elle savait où frapper pour obtenir de l’aide.
Nephalie et moi avons encore de la route à faire avant de ne pouvoir trouver le sommeil. Alors il vaut mieux partir maintenant avant que le soleil ne laisse complètement place à la noirceur.