Un lien d'amitié puissant existait entre les épouses de la famille Blacks et Du Montdefer avant la naissance de leurs enfants respectifs, Zadyelle puis Aryan et ce lien perdura bien après malgré la mort de l'une d'entre elle. Le père de Zadyelle décida d'assurer un minimum l'avenir de sa fille unique et  la décision fut prise que les deux bambins se marieraient dès que possible. Il prit peu à peu une distance avec eux à cause du deuil qui les empêcha de se voir mais de toute façon à leurs âge quel souvenir pouvait-on garder ? Puis quand cela fut possible on les présenta l'un à l'autre, une unique rencontre. Quand la disgrâce tomba sur les Du Montdefer, le père de Zadyelle stoppa sa relation avec eux, ils n'avaient plus grand chose à offrir et la situation n'avait pas été réellement rendu officielle. Avec le temps toute cette histoire fut oubliée et la mort des parents d'Aryan ni arrangea rien, seul vestige de cette amitié passé restait accroché au mur du manoir de Zadyelle, un tableau obscur redécouvert à l'occasion du renouvellement de la décoration.

Cette toile comme beaucoup d'autres objets de la bâtisse traînait dans un débarras de l'étage du manoir depuis un moment mais un matin en feuilletant le journal. La jeune noble inspecta la gravure d'un article avec soins, elle avait déjà vue cet homme représenté. Elle appela tour à tour chacun des employés de la maison pour avoir leurs avis, certaine que l'un d'entre eux sauraient qui il était. Jil qui avait aidée à l'inventaire des affaires maintenant rangés de son père, le reconnu, certaine d'avoir vu cette chevelure du même bleu que celui de sa maîtresse et ces yeux rouges brillants sur un des tableaux du débarras. La peinture représentait un homme de bel allure et une femme souriante, tenant dans ses bras un bébé qui ne pouvait être que l'homme sur l'encadré du journal.

Zadyelle n'avait plus de famille, juste une tante éloignée qui vivait sur la côte et qu'elle n'avait jamais vu. Le souvenir jaillit soudainement, comment n'avait elle pas percutée plus tôt, les joues empourprées de rouge elle se remémora. Il s'était passé plus de dix ans, quinze peut-être. Un ami, un compagnon, un confident, un ... Non tout ça était du passé, elle l'avait oubliée pour une bonne raison et ne souhaitait pas exhumer ses souvenirs alors qu'elle les avait si bien enfouie, et pourtant. Non, non, Mort et enterré, tout comme son père et ses parents à lui, et pourtant. Son cœur battait la chamade comme il ne l'avait plus fait depuis plus de dix ans, ses mains moites exultaient une odeur qui n'était pas la sienne. Non, Non et Non, ... plus maintenant, ce n'était plus ni le bon moment ni le bon endroit, Sainte Lucy les avaient séparée et tout était fini, terminé, et pourtant.

Pourtant durant les jours suivants, Zadyelle ne pensa plus qu'à lui. Qu'était-il devenu ? Qui était-il devenu ? Elle avait gardée le journal et l'avait lue, relue. Elle s'imaginait aller le voir pour lui parler ou seulement l'observer, de loin, peut-être. Il suffirait de se renseigner à la guilde puisqu’il était aventurier, elle apprendrait son adresse. Elle pourrait alors se lancer, ou le suivre un peu, de loin. Mais Non, elle ne pouvait pas, ne devait pas. Pourrait-elle lui pardonner, se pardonner à elle même ! après tout ce temps la rancœur et la colère se serait-elle assez estompé ? elle n'en était pas sure. Elle devait penser à Erik, son mari innocent. Elle ne voulait pas le blesser par des sentiments qu'elle lui devait mais qui appartenait à Aryan. Son pouvoir devenait une malédiction pour celui qui le subissait dans se genre de cas. Avec le temps, la jeune femme avait appris quelque subtilité sur les effets de son sang, il pouvait apaiser les esprits pour les rendre réceptif à la manipulation mais il ne changeait pas les émotions dans leur cœur.


Elle hésita longtemps avant de se décider à le revoir, mais elle voulait ruser. Si elle ne l'avait pas reconnu alors lui non plus ne la reconnaîtrait pas, ou pas tout de suite du moins. Zadyelle se lança et envoya Jil, sa fidèle gouvernante, à la guilde des aventuriers pour qu'elle lui propose un contrat. La gouvernante était assez intelligente pour comprendre la situation et éviter les impairs. Elle fit donc envoyer à Mr Shadowrunner une demande de rendez-vous provenant de la guilde, devant la fontaine près de l’entrée de la cité. Dix ans; après tout ce temps elle l'avait oublié, lui et sa maudite idée de fuir la noblesse. Ils auraient pu vivre une autre vie mais voilà, Lucy en avait décidé autrement. Quand la femme de chambre réapparut au manoir, sa maîtresse l'assaillit de question.

- Alors comment ça c'est passé ? Tu l'as vue ? Il a accepté ?
- Très bien maîtresse, non je ne l'ai pas vue, répondit la servante
- Il va venir ? alors dis-moi !, la pressa Zadyelle
- Oui, il vous attendra comme convenu. On m'a affirmé qu'il était sérieux mais je ne peut pas vous l'assurer
- Pourquoi tu n'as pas attendu la réponse
- Maîtresse, c'est vous qui avait insisté pour que je rentre rapidement

Dépitée, impatiente et chamboulée, tout ça en même temps. La noble dame s'en alla se préparer pour son rendez-vous. Elle emprunta à Jil une robe et un foulard dès plus banal, puis s'ébroua les cheveux pour prendre un aspect moins soigné qu'à l’accoutumé. En chemin avec la ferme intention de parler à son Aryan, elle perdit de son assurance, à chaque pas, comme si elle le perdait en goutte à goutte. Quant elle arriva enfin à la fontaine, elle n'était plus qu'une pauvre éponge toute sèche; alors elle se cacha pour attendre, tournant en rond autour d'une charrette remplie d'oiseaux en cage destiné à la vente. Le marchand ne la lâchait pas avec ses bestioles : Regardez les Chantelunes, elles vous feront la sérénade. Les Ptidodos pourront livrer vos courses à la maison avant votre retour, pratique !

Mais elle s'en fichait de son baratin, à tel point qu'elle l'envoya balader avec une pique cruelle sur son travail minable et quelques cristaux pour le motiver à dégager. C'est quand enfin il ramassa sa carriole que Zadyelle aperçu le jeune homme aux yeux rouge et aux cheveux bleu. Son sang, son cœur et ses yeux ne firent qu'un tour, redevenue adolescente pendant une minute. Elle ne le lâcha pas du regard et se trouva une place plus confortable ou s’asseoir. Perdue dans ses pensée, elle en oublia le temps qui défila à une allure folle. Red A. semblait s'impatienter et la noble se rendit compte du temps écoulé, elle ne savait plus quoi faire, y aller ou rester. Elle ne prit aucune décision car Shadow s'en alla visiblement déçu d'être venu pour rien,  alors Zadyelle le suivit.

La jeune noble suivait l'aventurier de loin, se hissant sur la pointes des pieds tout les dix pas pour ne pas le perdre de vue dans la rue. Elle avait l'air d'une folle à se cacher derrière les poteaux ou les échoppes lorsqu'elle pensait qu'il allait se retourner. Elle bouscula certain passant pour s'assurer de ne pas le perdre et se rapprocha donc de plus en plus, pour ensuite décider qu'elle était trop près et s'éloigner de nouveau. Une ridicule mascarade qui fit énormément rire un couple sur un balcon qui sirotait un verre en profitant du soleil.

Elle devait cependant se calmer, sans aucune compétence en filature et en se comportant comme une gamine toute joyeuse du printemps venu, elle allait attirer l'attention et se faire démasquer. Il entra dans une auberge, elle n'osa pas le suivre et resta dehors à l'attendre. Le " Lion d'or " semblait être un établissement propre et engagent, de l'extérieur du moins. Zadyelle se dît qu'elle y entrerait certainement, si ce n'était pas aujourd'hui, un autre jour. Elle regardait par la fenêtre espérant apercevoir l'homme de son rendez-vous mais resta déçu de ne pas le distinguer parmi les autres clients. Puis on la bouscula sans vergogne,
- "Ne restes pas plantée là comme une cruche, servante ! Tu gênes bécasses" lui cracha une noble poursuivit par un valet portant des paquets.

Heurtée dans sa fierté, la jeune femme, allait se retourner pour insulter cette arrogante mais se ravisa en se rappelant quelle tenue elle portait. Pourquoi avait-elle revêtu cette robe de servante alors qu'elle aurait pu se présenter simplement comme elle était. La timidité l'avait gagné et elle ne savait pas comment Aryan était devenu, même si elle se doutait qu'il n'avait pas changé depuis toute ces années. Sa robe verte pleine de froufrous laissait ses bras nues, elle n'y était pas habituée mais appréciait le contact direct des rayons du soleil. Jil avait pris le temps de lui faire des nattes, rapidement, pressée par l'impatience de sa maîtresse.

Puis enfin, le bleu d'une queue-de-cheval sortit de l'auberge, qu'est ce qu'il était beau dans sa tenue noire et de cuir. Elle évita son regard de justesse et continua son manège sur la courte durée qui la menait à la taverne. Cette fois, elle entra une minute après lui. "L'habit ne fait pas le moine", et en ce qui concernait Zadyelle, c'était évident. Elle se tenait droite et autoritaire à l'encadrement de la porte, oubliant un instant son rôle de plébéienne. Elle engloba toute la salle du regard et partit s'installer à une table. Le patron arriva, intrigué par cette fille à l'allure inhabituelle pour son commerce et elle commanda un vin épicé. Un peu amusé, il lui répondit qu'il n'en avait pas qu'elle devrait plutôt prendre une bière légère. Elle s’aperçut à ce moment là sa bêtise et se reprit, heureuse que Aryan lui tournait le dos et qu'il ne l'avait pas encore vu.

Il discutait au bar avec deux aventurier, des bribes de conversation arrivait jusqu'à ses oreilles et elle écouta avidement. Plus le temps passait et plus elle désespérait qu'il la remarque ou qu'il ne la voit pas. Elle ne savait plus trop, elle avala sa pinte et en commanda une autre en levant sa chope vers le tavernier, celui-ci lui sourit et rit même. Il devait déjà eu avoir affaire à ce genre de cliente bizarre, mais impossible de dire dans quel catégorie il l'avait classé. Enfin Aryan la remarqua, ou il remarqua le tavernier qui riait d'une cliente dans son dos. Elle, avait le regard fixé sur le groupe d'homme et quand le tavernier revint lui servir sa deuxième commande, elle lui posa une question à voix basse : Vous connaissez cet homme avec la queue-de-cheval ?
Il ne répondit pas, ce n'était pas à lui de renseigner les gens sur ses clients, mauvais pour les affaires. Il lui fit néanmoins un petit geste, réclamant des cristaux pour délier sa langue. Zadyelle chercha dans ses poches mais elle n'en avait pas, le tavernier s'en aperçut et fronça les sourcils méfiant.

- Qui va payer les consommations ?

Il se retournait vers elle mais aucun son ne parvint à ses oreilles. Le tavernier indigné qu'elle consomme sans argent se résigna à la resservir sur la demande de Red. Il lui sauvait la mise mais elle était en colère, pourquoi ? Pas assez pour lui en vouloir vraiment. Ses deux yeux ardents la scrutait, recherchant surement la blessure en son âme. Elle lui rendit son regard et ... se souvint. Elle se rappela cette nuit chaude qui les avait séparé dix ans plus tôt, la manière méprisante avec laquelle elle l'avait giflé. Les propos que lui, avait tenu, sous le coup de la colère et qui n'avaient pas été retiré depuis. Il lui souriait et elle resta de marbre. Il la regardait et elle évita ses yeux. Il se présentait et elle hésita ...

- “Je me permet de m’asseoir à ta table...Je me présente, je suis Red, ravis de te rencontrer...”
- Za ... heu ... merci. Elle se sentit idiote. Jil, je m'appelle Jil, et merci mais ... je sais pas comment j'ai fait pour oublier mon argent. avoua-telle penaude.

Il était toujours aussi gentil, ça la toucha de le constater. Et elle se sentit gênée de mentir, impatiente d'en apprendre plus de sa vie, effrayée d'être reconnue. Le fumet d'un ragoût de mouton lui titilla les narines depuis la cuisine, mais elle n'avait pas faim. Elle se força à focaliser son attention ailleurs que sur le jeune homme. Elle ne voulait pas se trahir bêtement en le fixant, certaine que si leurs yeux se croisaient, il la reconnaîtrait instantanément. on aurait pu la prendre pour simplette à tourner la tête de droite à gauche, observant le bar, la porte ou les autres clients ; regard dans le vague, cherchant quelque chose qui n'était pas là. Elle continua cependant à bavarder :

- En faites, j’attendais une amie mais je ne l'ai pas vu. Il y avait par contre cette taverne alors je suis venue me rafraîchir. Mentit-elle avec conviction. Avec le printemps qui revient, il fait de plus en plus beau.


Zadyelle finit par baisser les yeux et noyer son regard dans les remouds de sa bière légère, puis elle leva sa choppe à ses lèvres pour en boire une gorgée. La tentation était grande de tout révéler maintenant, elle avait la sensation que si elle ne le faisait pas, Red pourrait lui en vouloir plus tard. Ils étaient amoureux à l'époque mais aujourd'hui elle ne pouvait pas. Son mari l'attendait à la maison et bien qu'elle ne l'aimait pas vraiment, elle éprouvait de la tendresse pour lui. Dans cet univers au dessus de celui du peuple, il y avait des règles implicites à suivre pour éviter la disgrâce. Trop de peur, trop d'appréhension envers un futur si instable. Le radeau de son existence flottait sur une rivière, souvent calme et visible mais les flots pouvaient rugir et l'écraser sur les rochers à toute instant.

- Et vous faites quoi dans la vie, à part secourir les jeunes filles en détresse ?

Il était vraiment compréhensif, enfin c'était plus facile de l'être avec une jolie fille qu'avec un homme du peuple. Aya, c'est vrai qu'elle l'avait fait attendre un long moment devant la fontaine. Elle s'en rongea les ongles de culpabilité et osa lever les yeux sur lui, il semblait s'en être remit toutefois. Son sourire lui perça le cœur, si réconfortant. Pourtant elle ne pouvait pas s'empêcher de s'en vouloir de tout ses mensonges. Il voulait lui raconter des histoires d'aventuriers, elle apprécia énormément cette proposition qui lui éviterait de trop parler et donc mentir.

Parcourir le monde, en voilà une idée récurrente ces temps ci. Zadyelle allait justement partir à la découverte d'une île lointaine. La nervosité suintait par tout les pores de sa peau, les mains moites et le cœur affolé. Elle jouait avec ses nattes, les entortillant entre ses doigts dans de petite spirale serrée. Il faut dire que cette coiffure ne lui était pas habituelle, préférant laisser sa chevelure coiffée mais libre de voler au vent. Le tissu bon marché de sa robe la grattait à cause de la sueur qui gouttait dans son dos. Elle bu une nouvelle gorgée de sa boisson et toussota élégamment avant de répondre :

- Oh oui. s’extasia t-elle quand il lui proposa de raconter une aventure. Avec joie, vous ... tu t'as du sauver ton lot de jeune fille, j'imagine ? la taquina t'elle.

" Une petite voix la railla dans son esprit. Très subtil, il va évidemment te répondre qu'il enchaîne les conquêtes, que son lit accueille une fille différente chaque soir. Arrêtes de tourner autour du pot et demande lui si il s'est marié ! "

- Ta femme doit se faire un sacré mouron.

La jolie noble se forçait à adapter son langage à son identité, formulant les mots les plus familiers possible. Elle avait la duplicité dans le sang, mais faisait quelques erreurs notamment dans sa posture ou le ton de sa voix. Elle termina la dernière moitié de sa bière d'une traite et le jeune homme lui proposa immédiatement de la resservir. S'il avait l'intention de la saouler il allait avoir du mal, la vigneronne n'était pas alcoolique mais elle buvait tout de même une grande quantité de vin. Elle tendit donc sa choppe sans s'inquiéter.

L'odeur provenant de la cuisine était alléchante mais la noble ne souhaitait pas manger dans un établissement qui pour elle, ressemblait plus à une gargote qu'à autre chose. Elle refusa donc poliment la nourriture en continuant d'écouter Aryan dans son récit d'aventure. Le tavernier revient avec un certain sourire sur les lèvres et il servit une troisième bière à la servante. Il avait dans les yeux une étincelle d'amusement, surement à la pensée de la suite de la journée pour le jeune couple devant lui. Zadyelle s'en rendit compte et lui lança un regard noir qui le déstabilisa.

Normalement les histoires d'aventuriers agaçaient énormément la jolie noble. Elles savait pertinemment que cette aversion n'était pas tourné contre les récits, bien au contraire, mais contre les aventuriers eux-même. Plus précisément contre un seul, celui qui ce trouvait devant elle. Il était beaucoup plus facile de rejeter sa colère sur tout ces mercenaires que de regarder les choses en face et de tourner sa rancœur sur celui qu'elle avait aimé sincèrement. Cette tête de mule se montrait si bornée sur sur ses sentiments inavouables, si elle se laissait aller elle lui sauterait au cou et l'embrasserait jusqu'à l'étouffer mais elle avait pris une décision dix ans plus tôt et s'y tiendrait. Elle écouta attentivement et réellement intéressée.

Plus par la personne qui parlait que par les mots prononcés mais Red ne pouvait pas s'en rendre compte. Elle avait acquis de l’expérience dans la dissimulation des émotions sur son visage, moins sur son jeu d'actrice en tant que gouvernante. Maintenant qu'il était devant elle et que son agitation se dissipait, Zadyelle parcourut son Aryan des yeux. Son visage moins enfantin s'était endurcit, ses cheveux avait beaucoup poussé mais ses yeux avaient gardé le même éclat que dans ses souvenirs. Il avait des boucles aux oreilles, la jeune fille se gratta le menton en se demandant si il les avait déjà à l'époque. Cependant elle ne put rater la musculature agile qui se dessinait vaguement sous ses vêtements.

Elle souriait généreusement à l'évocation des ennuis qu'il décrivait et ouvrait de grand yeux étonnés quand il nommait des animaux inconnus. L'image du sang de poulet lui dégoulinant partout tira une grimace écœurée à Zadyelle qui l'imagina tout poisseux et dégouttant ainsi imbibé. Elle ne cacha pas son visage impressionné à l'idée qu'il avait réussit à battre une panthère mais elle fonça les sourcils d'étonnement quand il raconta qu'il s'en était fait un allié. Elle ne comprit pas tout de suite puis percuta en pensant que cela devait à voir avec son pouvoir, elle l'interrogerait plus tard à ce sujet parce qu'il se montra curieux à son tour et posa des questions.

- “Comment c’est la vie de gouvernante ? Car je suppose vu tes habits que c’est ce que tu fais. “

Aya, comment parler d'elle sans pour autant mentir. Quoi qu'il arrive, elle savait qu'à un moment ou un autre elle devrait lui révéler la vérité, elle redoutait terriblement sa réaction quand cela arriverait. Zadyelle avait déjà vidé la moitié de sa choppe et la termina doucement pour prendre le temps de la réflexion. Il la prenait pour une gouvernante, oui évidement vu ses vêtements, d'ailleurs dès que l'occasion se présenterait elle offrirait à sa servante des habits plus confortable parce que ceux qu'elle portait allait lui trouer la peau.

- Heu ... Hé bien oui et non, je suis comme qui dirait administratrice dans la maison d'une noble, Ho que c'était pompeux. On me demande de rédiger des lettres, de corriger des comptes ou de prendre des dispositions avec le personnel.

A la la, il n'y avait aucun mensonge dans ces phrases mais il manquait l'essentiel. Cependant Zadyelle pensa s'en être bien sortie, elle resta un peu penaude en fixant Red pour vérifier si il se doutait de quelque chose. Al, le tavernier arriva avec une assiette, détournant leur attention un instant. Juste assez pour que la jeune fille puissent rapidement reprendre l'initiative dans la discussion après avoir poliment refuser de manger.

- Mais, tout à l'heure tu disais avoir fait d'une panthère ton allié ? J'imagine que c'est lié à ton pouvoir ? ... Mais si tu ne veux pas m'en parler c'est pas grave.

C'était beaucoup mieux d'avoir des réponses que de devoir en donner. L'alcool commençait très doucement à faire son effet et Zadyelle sentit la tension de son corps s'évanouir peu à peu. Red était gentil et bienveillant, la taverne bien que crasseuse restait agréable et assise dos au mur elle avait une vue sur tout l'établissement et se clients. D'ailleurs deux d'entre eux l'épiaient discrètement du bar, discutant et riant tout en jouant aux dés.

“J’espère que de ton côté, ton employeur est quelqu’un de correct.”

- Ho oui, oui très.


Heureusement pour Zadyelle, le gentil Red détourna le sujet fâcheux de lui même vers son pouvoir qui semblait unique. La capacité de se lier aux animaux sauvages, en voilà un pouvoir intéressant mais peut-être un peu encombrant tout de même. Il devait surement posséder des enclos et elles devaient lui coûter sacrément chère à nourrir. ;) . Enfin ce n'était pas le plus important.

- Mais elles se transforme en ce dessin sur ta peau tu veux dire, c'est formidable !.

Quelle gourdassse de ne pas avoir compris tout de suite, surtout qu'elle effleurait déjà l'avant-bras de Red instinctivement. Ses doigts glissèrent lentement sur la peau nue suivant les traits de cette panthère qui semblait jouer à l'éviter. Le rouge lui monta aux joues en apercevant se qu'elle était en train de faire. La jolie noble arracha rapidement sa main et dans sa gêne faillit faire tomber son gobelet au sol. Elle le rattrapa in extremis pour en terminer le contenu d'un trait, se disant qu'après trois doses cette bière n'était vraiment pas à son gout finalement.

- La capitale aussi et j'y ai grandi. Mon père était stricte quant a mon éducation, il ma poussé à étudier pour un jour devenir meilleur que lui. Je ne l'ai compris que récemment, après son décès..

Cette révélation ne la perturba pas autant qu'elle ne se l'était imaginé. Zady portait beaucoup d’affection à son père mais il l'avait privé de tellement de chose, elle ne lui en voulait plus mais ressentait de la peine de ne plus pouvoir lui parler.
Zadyelle aurait bien voulue commander un autre verre mais n'ayant plus d'argent elle s'en priva. c'est alors que la vraie Jill entra dans la taverne à pas de loup cherchant sa maîtresse du regard. En l’apercevant la noble lui fit signe de la main.

- Hé mais c'est l'amie qui m'a fait faux bon tout à l'heure, excusez moi je reviens..

S'excusant auprès de Red, la fausse Jill rejoignit la vraie à la porte et elle sortirent de l'établissement toute les deux pendant quelque courte minute. En revenant Zady était seule et portait une petite besace en bandoulière d'ou elle sortit juste assez de cristaux pour se payer une autre boisson ainsi qu'a son compagnon de table.

- Désolé mais j'avais oublié mon sac et mon amie me l'a gentiment rapporté. On en étions nous déjà ?Demanda t-elle comme si de rien n'était. Ha oui, tu m'avais dit être originaire de la capital et être un aventurier ami des animaux, c'est ça ?

La suite logique aurait été de le questionner sur ses parents mais Zady connaissait par avance la triste histoire de la famille Du Montdefer. Elle serait donc vraiment cruelle de raviver de si mauvais souvenir uniquement pour conforter son rôle actuel. D'ailleurs elle commençait sérieusement à être vexée que son Aryan ne découvre pas la supercherie, la connaissait il si mal à l'époque ? Lui avait il prêté si peu d'attention que ça pour ne pas la reconnaître ?

- Dis moi donc ou vos pas de héros chevaleresque vont vous mener prochainement, messire. Le taquina t-elle

“En effet Zady... ”

Le visage souriant et enjouée de la gentille gouvernante passa d'un rose pastel à un blanc cassée. Elle s'était préparée à devoir faire face à son mensonge mais celui ci arrivait bien trop vite à son gout. Livide et honteuse, Zadyelle ne savait plus ou se mettre, elle baissa la tête et commença à se ronger les ongles avant de se lancer dans une explication en tentant de garder un timbre de voix compréhensible.

- Je suis désolée, vraiment. J'avais pas l'intention de faire ça.
Je suis qu'une idiote, une imbécile. Pardon !

Il était certain qu'elle n'allait pas s'en sortir avec une si mauvaise contrition. Zadyelle avait la bouche sèche et le tavernier avait rapporté un pichet de bière, alors elle s'en servit et avala le breuvage d'un trait pour se donner plus de courage.

- Je t'ai reconnu sur le journal et la guilde m'a donné des renseignements. Je voulais venir te voir mais j'avais ... peur, la dernière fois que l'on c'est vu ... on ne peut pas dire que l'on c'est quitté en ami.

Elle osa lever les yeux vers lui et s’aperçut que son explication n'était pas suffisante. Il avait été jadis l'une des rares personnes de se monde à qui Zadyelle n'avait jamais réussit à mentir et à qui elle ne voulait pas mentir, elle le connaissait pourtant assez pour savoir qu'il détestait ça.

- Je ne comprend même pas moi même pourquoi j'ai menti mais quand je t'ai vu, tout mes souvenirs son remontés et je n'ai pas osé. Je sais que ce n'est pas une excuse, tu es venu me parler et j'ai paniqué et plus on parlait, moins j'avais envie que ça s'arrête !

On pouvait dire que tout était sortit rapidement, pas d'une façon mécanique ou appris par avance mais ça sortait du cœur. Elle aurait pu se justifier en disant que toute ses paroles étaient vrais, ou presque, mais tenter de jouer sur les mots aurait pu empirer son cas.
Elle essaya de lui prendre la main en espérant qu'il ne la repousse pas.

- Tu sais, mon père et mort ! J'ai héritée du vignoble

Avec ces quelques mots, Zady voulait expliquer que sa situation avait grandement évolué. Elle le fit cependant assez maladroitement, on pourrait aisément croire qu'elle cherchait à mettre en valeur son rang même si ce n'était pas le cas.