_ Le jour se lève sur la capitale. Les oiseaux accueillent le soleil de leurs chants enjoué. La rosée s'occupe de réveiller les arbres et les fleurs et les fait scintiller sous la lumière pâle et orangée. S'insinuant entre les rideaux un rayon de soleil éclaire timidement la chambre de Marthe, encore endormie. Elle quitte lentement les bras de Morphée. Ensuite, vêtue d'une nuisette en coton épais elle descend à la cuisine prendre un petit-déjeuner solide. Après une simple toilette la jeune femme se prépare avec soin. C'est une robe aux tons pastels et bleu ciel qu'elle choisie. Elle enfile aussi un jupon épais blanc pour ajouter un léger volume à sa tenue. Puis un corset vient habiller le haut. S'en suivent 100 coups de brosse à cheveux. Ce jour là, et ayant le temps, la future gouvernante se coiffe avec beaucoup d'attention. Des tresses et un beau chignon tout en volume et légèreté. Robuste et distingué.
_ La ville s'éveille à peine. Miss Applebee se rends chez Aube Grassim d'un pas serein. Ayant pris la peine de passer chez le boulanger c'est donc un sachet en papier à la main rempli qu'elle se dirige à son domicile. C'est le Capitaine de la garde Royale, Arthorias Hekmatyar, qui lui avait organisé cet entretien. Actuellement "baby-sitter" a mi-temps il a aidé la jeune mère à trouver une véritable nourrice en la personne de Marthe. Un emploi que celle-ci ne pouvait décemment refuser. Que ce soit par l'appel du gain , de la fame ou du divertissement.
_ Il est environ 8 de nos heures du matin lorsque Miss Applebee arrive enfin devant la bâtisse de Madame Grassim. Depuis le quartier éloigné où la nourrice vivait ça faisait une sacrée trotte. Heureusement qu'elle avait déjà fait un repérage de l'itinéraire, sinon elle se serait perdue à coups sûre ! Peut-être l'une des failles cachées de Miss Applebee ... Qui sait vraiment ? En tout cas la voici qui s'avance sur le marches du perron.
Une journée de repos, c’est une bonne chose. Une journée qui commence bien trop tôt par des pleurs sans fin de bébés affamés, c’est une mauvaise chose. C’est dans ces moments que je regrette que leur père ait disparu me laissant seule pour gérer nos terreurs… Levée avant même le soleil pour donner le sein à mes enfants, ils ont ensuite décrétés qu’il n’était pas question de retourner dormir. Couchés dans le lit avec moi, ils n’ont de cesse de discuter entre eux dans leur langage de bébés bavards et réclamer des câlins ou essayer d’aller embêter Geki posée au bout du lit, même s’ils ne rampent pas encore vraiment. Je me demande à quand remonte vraiment ma dernière nuit complète… Avec la reprise de ma position au sein de la Garde Royale, je suis constamment fatiguée au point qu’Arthorias lui-même s’est chargé de me dénicher une nourrice pour les bébés. Raison principale pour que je soit de repos aujourd’hui, je dois rencontrer la jeune femme qu’il a dégoté pour le remplacer dans le rôle de “nounou” temporaire.
Après avoir passé un bon moment dans le lit avec l’espoir qu’Aurore et Crépuscule se décident à dormir, je quitte le lit emmenant tout ce beau monde à l’étage inférieur. Je dépose les deux monstres dans leur parc sous la supervision de la chiraki pour aller me préparer quelque chose et de quoi nourrir Geki. Épuisée, mon corps fonctionne tout seul pour la plupart des activités de tous les jours, le peu d’attention encore disponible étant tourné vers la surveillance des chatons. Même s’ils ne rampent pas encore, à force de gigoter dans tous les sens, ils arrivent quand même à changer de place et à faire des bêtises. Attentive elle-aussi, Geki est souvent là pour les remettre à leur place d’un coup de museau maintenant qu’ils pleurent moins souvent. Après avoir envoyée Geki à l’extérieur avec son gros morceau de carcasse de boucton, je m’installe sur le sofa juste à côté de mes enfants chéris pour siroter un chocolat chaud et manger un peu de pain. A peine posée, des coups retentissent à la porte. Un soupire de désespoir m’échappe… A quand un peu de tranquillité ?! Tasse à la main, je me lève pour aller à la porte. Vêtu d’un haut chiffonné et d’une jupe en à peine meilleur état, je n’ai pas l’air présentable mais qui est assez bête pour se présenter chez une jeune maman aussi tôt… Les cernes sous mes yeux sont bien suffisante pour que l’on comprenne que la nuit n’a pas été très bonne… J’ouvre la porte sans ménagement et avec une humeur presque destructrice d’avoir été dérangée pendant mes quelques minutes de tranquilitée. La porte me dévoile une femme bien apprêté et tout ce qui va avec. Encore une gonzesse sans gamins à s’occuper… Je m’adosse à la chambranle pour siroter une gorgée de mon chocolat tandis que Crépuscule se manifeste par des gazouillis sonores.
Je peux vous aider ? Si c’est encore pour se plaindre des pleurs de mes chatons, je vous recommande de faire demi-tour.
On a pas idée de se pointer aussi tôt chez les gens… La nourrice envoyée par Arthorias doit venir aujourd’hui mais j’espère avoir largement le temps de me rendre un peu plus présentable avant qu’elle arrive. Une chose qui prend quand même un certain temps quand la surveillance des bébés est obligatoire en même temps. Avisant sa réponse, je l’invite à entrer. Ma chance d’avoir une “gouvernante” qui se pointe aussi tôt. Le rez-de-chaussé n’est composé que d’une unique pièce. La cuisinette dans un coin, une table pour manger près de l’entrée. Un sofa posé face à une cheminée jamais allumée. Et le parc des bébés qui occupe une bonne partie de l’espace restant. De l’autre côté de la pièce, une porte permet d’accéder à l’arrière cour, où Geki est en plein repas, et un escalier menant à un étage composé de deux chambres et un espace pour les ablutions matinales.
Mes excuses pour l’accueil, les chatons m’ont réveillée bien avant le soleil et n’ont pas voulus finir la nuit…
Je lui propose de s’installer à la table et une boisson chaude.
_ Quand la lourde porte devant-elle s'ouvrit sans ménagement les mains de Marthe se crispèrent involontairement sur le sachet qu'elle tient. C'est une femme à l'air peu commode de premier abord qui apparût. Mal peignée, mal vêtue, l'air revêche et défiant. Le portrait d'une jeune mère tout craché, finalement. À première vue les petits ne font donc pas encore leurs nuit. Le ton acariâtre de sa future patronne indique également un ras-le-bol global. Mais ce n'est pas assez pour intimider Miss Applebee, loin s'en faut ! Sa posture de poupée de cire est bien rodée. Ses épaules ne s'affaissent pas et son regard demeure directe mais ouvert. Elle ne scille même pas quand Aube fait preuve d'une mauvaise humeur évidente à son égard. La politesse dans ce genre de cas veut qu'on affiche un visage neutre, léger et ouvert.
- " Je peux vous aider ? Si c’est encore pour se plaindre des pleurs de mes chatons, je vous recommande de faire demi-tour. "
- " Bien au contraire Madame. Miss Marthe Applebee, pour vous servir. "Répondit-elle avec la plus grande des amabilité et une révérence légère. "Je viens de la part du capitaine Hekmatyar au sujet de ces mêmes chatons. "
_ Le mal-entendu s’efface alors tout naturellement. Si Marthe est venue aujourd'hui c'est justement pour que plus personne ne puisse se plaindre. Parce que si ça arrive, c'est qu'elle fait mal son boulot. Et ça, c'est hors de questions ! La gazouillis d'un des deux présumé perturbateurs accueille la nourrice tandis qu'elle rentre dans l'unique pièce du rez-de-chaussée.
- " Mes excuses pour l’accueil, les chatons m’ont réveillée bien avant le soleil et n’ont pas voulus finir la nuit… "
- " Ne vous en faites pas Madame, c'est moi qui suis venue très tôt. Veuillez m'excuser si je vous ai importuné de si bonne heure Madame Grassim. "
_ On l'invita à s'asseoir, ce qu'elle fit volontiers. Marthe déposa alors le petit sachet sur la table et l'ouvrit. Voyant que la tasse d'Aube fumait encore le moment semblait opportun pour proposer des pâtisseries encore tièdes. Des pâtes feuilletées fourrés au chocolat, d'autres à la confiture de pomme en forme de chausson et des croissants simples. La jeune femme avait dû dépenser quelques sous pour les acheter mais le plaisir que ces petites pâtisseries donneraient valait tous les efforts du monde.
- " Je me suis permise de vous acheter ceci sur le chemin. J'espère que vous aimerez ces petits chaussons fourrés, madame " De nouveaux gazouillis se firent entendre, faisant pétiller son cœur. " J'entends déjà vos petits. Ils ont l'air adorable. Aurore et Crépuscule, c'est bien ça ?"
_ Marthe n'avait hésité sur les prénoms que pour la coutume. En vérité elle avait déjà jeté de très nombreuses œillades dans leur direction. La gouvernante avait aussi commencé à analyser les lieux. Un réflexe professionnel. Si elle était engagée, ce qu'elle espérait, il n'y aurait aucuns droits à l'erreur. S'occuper d'enfants n'est pas un jeu. Surtout quand ils apprendront à marcher. La cerise sur le gâteau ? Ces enfants sont des hybrides à l'instar de leur mère. Il allait falloir un paquet d'informations à Marthe, dont certaines qu'elle devra même acquérir seule. C'était trop excitant pour qu'elle garde un air impassible. Son visage rayonnait d'un sourire radieux.
Malentendu dissipé, je me montre plus chaleureuse avec la demoiselle. Il s’agirait d’éviter de la faire fuir avant même que l’on ait pu discuter. Avec tout le mal que s’est donné le Capitaine, cela serait délicat de lui annoncer que la gouvernante qu’il m’a envoyée a pris la fuite face à ma mauvaise humeur du jour. Des excuses s’imposent tout de même. Excuses qu’elle semble accepter tout en s’excusant elle-même de s’être présentée aussi tôt.
Ne vous inquiétez pas, c’est généralement l’heure où les voisins se pointent pour se plaindre des pleurs des petits monstres. J'espérais juste pouvoir être un peu plus présentable avant votre arrivée.
Rien de bien grave au final. Les voisins ont l’habitude de se faire accueillir par Geki maintenant si c’est pour se plaindre. C’est bien l’avantage d’avoir un tel prédateur à la maison. Il suffit de lui ouvrir la porte pour que nombres de soucis se règlent d’eux-même. Laissant Miss Applebee s’installer à la table, je commence à préparer sa boisson. Lorsqu’elle est passée à côté de moi, j’ai sentie le doux fumé du sucre. Chose qu’il me reste encore de ma grossesse, une certaine addiction au sucre… Cela ne remplace pas un bon steak de boucton mais ça me fait toujours son petit effet… Posant une tasse face à elle, je m’installe à mon tour à table vérifiant au passage qu’Aurore et Crépuscule sont sages. Les deux s’amusent ensemble à “mordiller” la main de l’autre. N’ayant pas encore de dents, ils ne risquent pas de se faire mal alors je les laisse faire, ça doit certainement participer à nouer les liens gémellaires entre eux… Marthe me tend le paquet à l’odeur si attirante. Je souris au titre de “Madame” qu’elle me colle sur le front. D’accord, j’ai deux bébés sur les bras mais j’ai que 21 ans… ça me donne tellement l’impression d’être une vieille peau !
Merci, c’est très gentil de votre part Miss Applebee mais appelez-moi Aube.
Je m’empare d’un chausson fourré et croque dedans alors que Marthe commente les gazouillis des petits. Moment que choisi Geki pour croquer bruyamment un os dans le petit jardin.
Oui, monsieur Hekmatyar a certainement dû vous parler d’eux ? Ils ont presque quatre mois maintenant. Fort heureusement, ils ne rampent pas encore mais cela ne saurait tarder vu comme ils ont la bougeotte.
Je croque le chausson sans cérémonie me rendant compte que j’ai finalement très faim. Avalant ma bouchée, je fais passer le tout avec une lampée de chocolat avant de lancer le sujet qui l’amène chez moi.
Monsieur Hekmatyar ne m’a pas vraiment informé des services que vous proposez… A la base, je recherche surtout une nourrice pour s’occuper des petits pendant mes services à la Caserne.
Avoir mes bébés avec moi au travail est plaisant car je n’ai pas à m’en séparer mais ce n’est pas le meilleur environnement pour qu’ils grandissent sereinement. Même avec les appartements que l’on m’a attribués à la Caserne, je préférerais qu’ils y passent le moins de temps possible tant qu’ils sont tout petits.
_ Tout en discutant avec madame Grassim la future gouvernante analysait chaque facette de la situation. Pour effectuer au mieux son travail il allait lui falloir intégrer beaucoup de choses. Premièrement le caractère visiblement particulier de sa potentielle patronne. Il faudrait quelques matins supplémentaires pour mener une étude complète des habitudes de Madame. Fait intéressant: la tasse de chocolat chaud semble coutumière. Elle en préparera donc un en avance la fois prochaine. Deuxième information : le museau de madame avait repéré rapidement ses pâtisseries dont elle semblait très friande. Elle ne s'était d'ailleurs pas gênée pour passer rapidement à table. Signes d'un besoin de sustentation au lever. Le geste du petit déjeuner sera donc dorénavant orchestré chaque matin. Ainsi analysa-t'elle avec tact tout ce qui l'entourait. Il n'est pas question d'avoir l'air d'une fouineuse non plus et la plus grande partie de l'analyse est mentale et non visuelle. Histoire d'être discret dans ses œillades.
_ Et analyse il y avait besoin. Un drôle de bruit de "crac" leurs vint du jardin. Il surprit Marthe qui tourna brusquement la tête en direction de sa source, qui demeura inconnue, puis reporta son attention sur Aube. Madame n'avait pas cillé. Ce devait donc être quelque chose d'habituel. La question restait : "Qu'est-ce qui a pu faire ce bruit..." . Mais elle le découvrira bien assez tôt. Il faut pouvoir réfléchir et rester connecter à la conversation. Alors reconnectons nous. Madame Grassim souhaitait être appelée par son prénom. Elle avait préparé une tasse pour Marthe et lui parlait sur un ton familier mais non sans respect. Il allait falloir un certain temps d'adaptation à cette coutume roturière mais la jeune femme essaiera de prendre un ton plus naturel et moins guinder pour lui parler à l'avenir.
-" [...] J'entends déjà vos petits. Ils ont l'air adorable. Aurore et Crépuscule, c'est bien ça ?" Demandait Marthe.
- "Oui, monsieur Hekmatyar a certainement dû vous parler d’eux ? Ils ont presque quatre mois maintenant. Fort heureusement, ils ne rampent pas encore mais cela ne saurait tarder vu comme ils ont la bougeotte. " Répondit Aube.
- " Si j'ai bien compris ils ont hérité de vos gênes hybrides. Pour tout vous avouer, je ne suis pas très aux faits de ce genre de pouvoirs. " Avoua-t'elle, abordant le sujet comme si elle marchait sur des charbons ardents. " Pour le peu que j'en sache il vous confère certaines capacités physiques. J'imagine donc qu'ils auront de l'avance dans leurs développement... Est-ce que vous avez déjà pu noter des différences avec d'autres enfants ? En tout cas vos petits vont vite et bien grandir, j'en suis persuadée !"
_ Son engouement sur le sujet était notoire. Elle essayait cependant de l'aborder avec beaucoup de tact. Ne sait-on jamais, le sujet pourrait être épineux. Mais il lui faudrait ces informations, au risque de paraître malpolie. Il fallait mieux passer rapidement par la case de la gêne pour éviter des surprises plus tard. Tout en écoutant son interlocutrice Marthe pris une gorgée de son chocolat... qui s'avéra très mauvais ! Il était amer et manquait terriblement de sucre. Son entrainement lui permit de réprimer la plus grande partie de sa grimace mais prise par surprise elle n'arriva pas à cacher un rictus au coin de ses lèvres. Ne lui restait plus qu'à faire comme si rien ne s'était passer. Il faut faire bonne figure !... Mais elle ne reprit pas une seconde lampée de chocolat et répondre à Aube fut le bon prétexte pour reposer sa tasse.
- "C'est en effet d'un poste de nourrice dont le Capitaine Hekmatyar à fait état. Mais si je puis me le permettre; mes services ne se limitent pas à la garde d'enfant. Ce serait un véritable plaisir de vous servir au delà de ce rôle. " Il manquait visiblement un homme dans ce foyer. Mais le sujet pouvait être épineux alors Marthe préféra rester prudente. " J'ai été formée à la gouvernance et au service. Ce furent mes attributions premières pour tout vous avouer. Vous pourrez me charger de toutes les taches qui vous sierra, Mada-.. Aube ."
_ Appeler sa patronne par son prénom allait être un véritable défi. Et visiblement s'occuper de cette maison également. Le métier de mère est particulièrement chronophage lorsqu'il est conjugué à une carrière professionnelle.
- " Votre carrière de garde doit nécessiter beaucoup d'engagements de votre part j'imagine. Je suis d'ailleurs surprise que vous ne soyez pas affectée à la caserne. "
- _ Le personnage de Marthe était caricatural. Droite comme un " i ", solennelle, portant chaque mot de façon réfléchie pour ne pas offusquer son interlocutrice et prenant note mentalement de chaque réponse. On peut lui imaginer, à raison, une vie stricte et austère.
Arthorias a visiblement un peu débroussaillé le terrain en prévenant la demoiselle de la “particularité” de mes bébés. Moi-même doté d’attributs animaux, je n’éprouve aucune difficultés à vivre avec. Mais je sais que certains sont gênés par cela et le font parfois savoir par une vile méchanceté. C’est une chose à laquelle je me dois donc d’être attentive pour garantir une enfance sereine à mes petits. J’aimerai leur éviter de devoir apprendre à user de violence dès leur plus jeune âge comme j’ai dû le faire moi-même pour me tailler une place dans ce monde. Marthe ne semble pas plus dérangée que cela et avoue son inexpérience en la matière. Je souris à la jeune femme, elle commence à me plaire.
Dans mon cas, ce sont plutôt mes sens qui reproduisent ceux d’une renarde polaire. Les attributs animaux ne sont que la partie émergée de leur pouvoir, je n’ai pas encore réussie à déterminer la nature de leur capacité réelles. Je sais que certains “hybride” possédent des capacités plus physique de leur animal donc cela sera la surprise plus tard.
Je reprend une bouchée de chausson puis une gorgée de chocolat.
L’important est qu’ils se sentent bien dans leur peau. Je sais d’expérience que notre différence n’est pas toujours bien accueillis que cela soit par des adultes ou d’autres enfants.
Je passe sous silence le fait que je n’ai littéralement aucun véritable point de comparaison sur l’évolution d’Aurore et Crépuscule. Juste les bribes que les vieilles ont pu laisser échapper au détour de nombreux “conseils” sur la façon de m’occuper de mes bébés. Malgré le fait que je soit en train de parler, je ne manque pas le petit rictus suivant la dégustation du chocolat chaud par la jeune nourrice. L’avantage de voir comme un renard est que je manque rarement les plus infimes mouvements en contrepartie d’une vision en nuances de jaune et bleu. Cela a ses avantages et ses inconvénients mais n’ayant pas vraiment connue le monde d’une autre façon, cela ne m’a jamais gêné. Passant directement au sujet réel de sa visite, je l’interroge sur le service de nourrice qu’elle pourrait me proposer. Mes oreilles tressautent pendant sa réponse changeant d’orientation pour passer des bébés à elle sans discontinuer. Plus qu’une simple nourrice, je comprend qu’elle se propose d’effectuer d’autres tâches du quotidien. A vrai dire l'appellation Gouvernante ne me dit rien… Être membre de la Garde Royale ne donne pas la science infuse sur les métiers qui sont bien souvent plutôt attaché à des personnes bien loti financièrement… Consciente que je vais certainement passé pour une gueuse de bas étage, je l’interroge sur ce que fait réellement une “gouvernante”.
Pardonnez mon ignorance, je ne suis pas familière de ce genre de métier, je dois bien l’avouer. Que fait une “gouvernante” par rapport à une nourrice ?
Je cache ma gêne en me jetant sur ma tasse de chocolat. Mais autant être certaine de comprendre correctement ce qu’elle me propose. Père et mes instructeurs de l’Académie m’ont toujours dit qu’une question n’est idiote que si elle n’est pas posée. J’écoute sa réponse avec attention jusqu’à ce qu’elle mentionne une chose à laquelle je n’avais pas spécialement pensée ni envisagée jusque là… Le temps que je passe à la Caserne pour le travail. Jusqu’à maintenant, les bébés étaient avec moi toute la journée, ce qui ne sera plus le cas lorsqu’ils auront une nourrice. Et si je dois encore m’occuper de toutes les activités de la maison en rentrant, c’est du temps en moins pour gazouiller avec eux… Rien que cette idée m’attriste, l’air de rien, ils ont pris une grande importance dans ma vie au fur et à mesure de la grossesse…
En effet, un peu moins maintenant que je ne suis plus assujetti aux rondes aussi régulièrement qu’avant ma grossesse. J’ai la chance d’avoir un Capitaine compréhensif comme vous le savez. Quant à la caserne, c’est un choix personnel. A la base pour être plus proche de leur père et maintenant, je préfère qu’ils ne grandissent pas au milieu des troupes de la Garde. Ce n’est pas un endroit où deux mignons petits chatons doivent grandir.
Les Gardes boivent, se battent etc. Impossible qu’ils se tiennent tous correctement en présence des petits ou dans l’ensemble du bâtiment s’il s’avère qu’ils ont l'ouïe aussi fine que moi. Il vaut clairement mieux qu’ils grandissent entouré de personnes bien élevée et propre sous tous rapports comme la jeune femme en face de moi. Les babilements d’Aurore s’intensifiant de plus en plus, je me lève de ma chaise pour aller la prendre dans mes bras avant que cela ne se transforme en pleurs.
Viens par-là chaton. Qu’est-ce que ton frère te fait ?
Voyant sa soeur partir avec maman, c’est au tour de Crépuscule de se mettre à chouiner pour réclamer les bras de maman. Calant bien comme il faut Aurore contre moi, je récupère le petit garçon à son tour. Heureusement que j’ai une bonne condition physique avec la Garde… Je reviens jusqu’à ma chaise installant chacun sur une cuisse dos contre mon ventre. Les deux bébés installés, je les présentent à Marthe.
Je vous présente mes deux terreurs : Aurore et Crépuscule. Mes deux chatons.
Mis face à la demoiselle, ils la suivent des yeux sûrement attirés par les couleurs de sa robe.
_ L'entretient de déroulait pour le mieux. Les deux femmes parlaient sans emphases. Les sujets qui devaient être abordés l'étaient avec tact et il n'y avait pas de tabous. Ce métier ne pouvait pas se pratiquer sans plusieurs éléments. Et tout en haut de la liste il y avait la confiance. C'était le seul composant indispensable d'une relation. Savoir que quoi qu'il se passe on pourra toujours compter sur l'autre. Que s'il arrive un problème il sera réglé et que rien ne sera jamais caché ou dissimulé. Et à plus forte raison quand il y a des enfants en jeu. Sur ce point Marthe était particulièrement investie, considérant son métier comme sa plus grande passion. Et comme on dit :《 Y'a pas de problèmes quand on a rien à se reprocher. 》
_ Le sujet des différences physiques était vite arrivé sur le tapis. Il ne faut pas se le cacher; il est évident que ces bébés sont et seront toujours différents des autres.
- "L’important est qu’ils se sentent bien dans leur peau. Je sais d’expérience que notre différence n’est pas toujours bien accueillis que cela soit par des adultes ou d’autres enfants. "Lui confia Aube.
- " Je ne vous jugerez jamais vos enfants et vous Madame. Et je pense.. en tout cas j'espère qu'avec le temps les mentalités changeront. Les gens s'ouvrent petit à petit. Et nous ferons pour qu'ils aient une belle enfance, Aube. Répondit-elle profondément sincère.
_ Et comme venait justement la question de son rôle dans cette enfance, Marthe essaya de définir les compétences qu'elle mettrait à son service.
- " Pour résumer les choses on pourrait dire que je suis.. mh.. Bonne à tout faire. Je m'occupe des enfants, de leurs besoins mais aussi de leur éducation, puisque je passe le quotidien avec eux. Le tout selon vos propres préceptes et vos désirs d'enseignements pour eux. Ce dernier élément méritait des précisions. " Vous demeurez là mère de vos enfants et l'unique décisionnaire. Je ne ferais qu'appliquer vos propres méthodes, Madame."
_ La future gouvernante laissa le temps à Aube d'intégrer toutes les informations. Il n'était pas venu à l'esprit de Marthe qu'elle puisse être celle qui enseigne. Mais visiblement, avoir une employée de maison était une première pour la garde royale en face d'elle. Ça ne devait pas être si courant que ça après tout. Des précisions semblaient donc nécessaires.
- " De façon globale, je me chargerais également des taches de la vie courante. Les lessives, le ménage, préparer vos repas et faire vos courses par exemple. Vos temps libres pourront désormais être consacrés à des choses moins frugales, comme d'être avec vos enfants ou pour vous-même. Ils n'auront pas besoin de vivre à la caserne si ce n'est pas votre souhait. Je serais à votre service du début à la fin de votre garde, Aube."
_ Le gazouilli des petits devenant de plus en plus insistant Aube fini par se lever pour chercher ses bébés. Ils étaient gigotants et remuants comme il fallait. Marthe les regarda arriver un sourire béat aux lèvres. L'hybridation était encore plus spectaculaire qu'elle ne s'y attendait. Ces deux bébés, que tout opposait, étaient tous les deux surmontés d'une paire d'oreille d'animaux à croquer. Leurs petit bouille éveilla un nouvel instinct maternel chez la jeune femme. Une fois qu'on les lui présenta elle s'approcha doucement d'eux. Oubliant presque leurs mères qui les tenait dans ses bras.
- "Bonjour mes adorables chatons, "leur dit doucement Marthe en leur prenant puis caressant successivement la main à chacun. " Je suis enchantée, Aurore et Crépuscule. Je suis Marthe ".
_ Et quand elle vient pour serrer doucement la main d'Aurore pour compléter sa présentation, la petite lui aggripa l'index comme il est de coutume chez les bébés. Un geste de plus à faire exploser les hormones d'une jeune nourrice vierge.
- " Oui, bonjour ma petite ! Je peux la prendre un instant ? " Demanda Marthe, Aurore s'accrochant avec résolution à la gouvernante comme un koala qui veut changer d'arbre pour un instant .
Quoi que l’on fasse les enfants restent des enfants. Et vous savez comme moi comme les enfants peuvent être sensibles à la moindre différence un peu marquée.
Au contraire de Marthe, je ne suis pas aussi positive sur le fait que les mentalités puissent changer. Beaucoup de personnes portant des attributs animaux comme moi les cachent. Sans l’éducation militaire de mon père, j’aurai sûrement fait de même… Et même aujourd’hui, je me suis offert un objet magique pour les dissimuler au besoin. Je me suis tellement battue avec ceux qui tiraient sur ma queue ou mes oreilles que l’on me considérait plus animale que jeune fille à l’époque. Dans l’idéal, j’aimerai éviter que cela n’arrive à mes petits mais je crains que cela soit inévitable. Passant sur ce point critique pour notre relation de travail, j’en viens à l’interroger sur les services d’une “Gouvernante”. N’ayant jamais eu de personnes à mon services, je n’y connait strictement rien du tout. Enfin, il y a bien les gouvernantes du Palais qui coordonnent les différentes équipes de nettoyages, cuisines etc. Mais je n’ai pas besoin d’autant de monde ici donc cela doit être autre chose. L’explication est pour le moins complète : elle fait tout. En un sens, je dois dire que cela est très intéressant pour me libérer le maximum de temps pour Aurore et Crépuscule. De l’autre, cela me semble un service inaccessible. Cela doit coûter une fortune d’avoir un tel service sinon tout le monde embaucherait des gouvernantes, pas juste les riches…
Je dois dire que cela est tentant comme proposition en effet. Il est vrai que j’ai peur de manquer de temps pour les petits à devoir m’occuper de la maison en revenant de mon service. Sans leur père pour m’aider, c’est un peu compliqué à gérer.
Je fais mon maximum pour qu’ils ne ressentent pas l’absence de leur père mais c’est une chose difficile à faire quand il y a le reste de la vie à gérer autour… Je souris à la mention de mes désirs d’éducation pour les bébés.
Je n’ai pas spécialement de désirs particuliers pour leur éducation. J’ai reçu une éducation militaire dès mon plus jeune âge, j’aimerai juste qu’il ait une jeunesse plus douce. Qu’ils puissent se débrouiller par eux-même et choisir leur avenir comme bon leur semblera.
Qu’ils grandissent l’esprit serein me comblera déjà de joie. Sa proposition me semble vraiment intéressante tant pour moi que pour le développement des petits. Restera à voir le coût d’une telle embauche… Même si ma solde de Major est plus importante que celle d’un simple garde royal, je ne suis pas sûre de pouvoir m’offrir de tels services… En attendant de parler de cela, une chose importante est à vérifier. Est-ce que les bébés l’acceptent ? Ce qui n’est pas chose forcément gagnée d’avance comme j’ai pu le voir avec certains collègues venus voir les chatons. Et l’occasion tombe bien vu que Crépuscule embête sa soeur. Je vais les prendre dans mes bras, action demandant force et adresse pour prendre les deux en même temps. Je les amène avec moi jusqu’à Marthe pour faire les présentations. Elle s’approche pour les saluer à son tour sans que cela ne déclenche de crise de pleurs. C’est déjà bon signe. Aurore serre même son doigt de sa petite menotte sans vouloir la lâcher. A la demande de Marthe de la prendre dans ses bras, j'acquiesce. C’est tout aussi bien qu’elle prenne l’un des deux, histoire de voir s’ils vont accepter d’être dans les bras d’une autre personne.
Ils gigotent un peu mais sont mignon. Il suffit de leur gratouiller l’arrière de l’oreille pour qu’ils se calment.
L’avantage inconditionnel des hybrides, c’est qu’il y a toujours un espace à exploiter pour des gratouilles. Tout à l’air de plutôt bien se passer entre les deux. Je gigote peu la cuisse pour distraire Crépuscule qui regarde sa soeur avec curiosité.
Ce que vous me proposez m’intéresse beaucoup, cela permettrait de dégager du temps pour partager un maximum de temps avec les petits. Toutefois, j’ai une petite interrogation, avez-vous peur des animaux un peu effrayant ? Voyez-vous, j’ai un familier qui m’accompagne pour le travail. En tant que garde, vous vous doutez que ce n’est pas un shalupin ?
J’appelle alors Geki. La porte vers l’arrière n’étant pas verrouillé, elle n’a aucun mal à rentrer. Elle fait une entrée remarquée, la gueule encore rouge du sang de sa carcasse. Maintenant à sa taille adulte, la demoiselle est plutôt impressionnante.
Une nouvelle gouvernante
Métier - Feat @Aube Grassim
-" Je ferais de mon mieux pour les aider à s'intégrer, Madame Grassim. Je jure que je ferais tout mon possible pour qu'ils aient l'enfance insouciante que chaque enfant mérite... La différence doit être une force, pas une malédiction... se risqua Marthe à dire. Cette cause lui tenait particulièrement à coeur.
-" Vous pourrez compter sur moi désormais. Dit-elle, l'air sérieux et presque grave. "Il sera fait comme vous l'entendez. Ces petits méritent une belle enfance et vous avez fait de l'excellent travail jusque là, Madame. "
-" [...] Toutefois, j’ai une petite interrogation, avez-vous peur des animaux un peu effrayant ? Voyez-vous, j’ai un familier qui m’accompagne pour le travail. En tant que garde, vous vous doutez que ce n’est pas un shalupin ? " demanda Aube, faisant se lever un autre sourcil interrogateur à la gouvernante.
-" C'est vrai que je ne m'étais pas encore posé la question. Qu'est-ce que vous entendez par... animaux effrayants ? " s'hésita-t-elle presque à demander en retour.
-" En voilà une bien belle et grosse compagne...
-" Vous l'emmenez donc avec vous au travail ? D'un point de vue pratique, devrais-je la nourrir ou la sortir ? " demanda-t-elle poliment. " N'est-elle pas trop brusque avec les petits ?" se risqua-t-elle également.
-" Rassurez-vous, je ne suis pas une grande mangeuse ni une précieuse ! Je ne demande ni logement de fonction, ni salaire supplémentaire pour les repas que je passerais de toute façon avec Aube et Crépuscule. Votre dîner sera prêt à votre retour et n'ayant pas d'obligations personnelles je pourrais rester sans problèmes avec les enfants pour attendre votre retour. Ce métier est moins lucratif que source de plaisir et de bonheur pour moi. Une simple paie me vas, suffisante pour pouvoir me vêtir, me loger ou me divertir un peu. Et comme vous le voyez, je ne suis pas très exigeante sur ça non plus ! " ponctua Marthe d'un petit rire fluet.
- "" Ne me payez pas à la hauteur de mes compétences maintenant, mais comme vous le pouvez. La gratitude se présente sous d'autres formes que financières. " annonça-t-elle, avec le plus honnête et le plus gentil des sourires en guise de pourboire.
La réaction de la jeune femme est tout à fait normale à la vue de Geki. L’animal est déjà impressionnant en temps normal, ce qui en fait un parfait partenaire pour une Garde comme moi, mais avec la gueule pleine de sang, elle n’en est que plus effrayante. Ce n’est qu’un rappel de sa nature de carnivore prédateur mais cela ne rassure pas le gens en général. Marthe a le mérite d’essayer de faire bonne figure même si elle s'enquiert bien vite de ses obligations de gouvernante vis à vis de la Chiraki et de son comportement avec les enfants.
Je m’occuperais des repas de Geki, ne vous en inquiétez pas. Et elle se sort toute seule, elle est généralement toujours avec moi lorsque je suis en service donc vous n’aurez que rarement affaire à elle.
Geki a beau renifler Marthe, elle ne lui fera aucun mal, d’autant plus qu’elle a Aurore dans les bras. Je ne dis pas que si elle essayait de faire du mal à la petite Geki ne ferait rien cependant…
Geki a été avec moi pendant toute ma grossesse, elle se comporte comme une maman chiraki avec Aurore et Crépuscule. Elle a également été dressée pour servire la Garde à mes côtés, je l’ai éduqué pour la recherche et la protection. Avec elle à vos côtés, les bébés seraient en parfaite sécurité.
J’espère avoir réussit à rassurer la jeune gouvernante pour éviter qu’elle prenne la fuite à la première occasion. Geki est véritablement un amour avec Aurore et Crépuscule mais assurément, elle est aussi leur protectrice. Elle m’interroge sur les habitudes prises avec les petits, certainement pour se conformer à nos habitudes par la suite. Je lui réponds même si je reste flexible sur les habitudes et, avec notre vie, les habitudes ont la vie dure de toute façon… Un jour à la Caserne, le lendemain à la maison, le troisième jour à la Caserne avec une balade au palais. Les petits ont plus l’habitude d’être dérangés que d’avoir un planning parfaitement répétable et maitrisé. Peut-être que si Ryuji était encore de ce monde, les choses auraient été différentes mais là…
Enfin, vient la question de sa rémunération. Je hausse un sourcil lorsqu’elle se lance dans un monologue arguant qu’elle accepte une rémunération tout juste acceptable pour la plupart des gens… Même si ce travail est plus une distraction pour elle qu’un véritable travail, je me voit quand même mal lui donner à peine de quoi se loger et manger des broutilles. J’ai un respect certain pour le métier mais, surtout, pour la personne. Et ce respect passe par une rémunération juste. Il n’y a pas moyen que je l’exploite en ne payant pas le juste service, il en va de mon honneur de Garde Royale et de mère face à ses bébés. Dont l’une semble bien à l’aise avec Marthe.
Je tiens à vous payer le juste salaire pour vos services Marthe.
Mentalement, je fais le compte de ma solde de Major de la Garde Royale et ce que je peux me permettre de lui offrir comme salaire. Le calcul aurait été rapide si Crépuscule n’avait pas décidé qu’il voulait aller jouer avec Geki.
Non, non Crépuscule, Geki n’est pas encore propre. Allez, va te faire belle Geki !
La chiraki obéit immédiatement retournant à l’extérieur. Elle va aller boire et tremper un peu sa gueule pour la nettoyer du sang. Je lui ai appris ça pour éviter qu’elle ne se promène la gueule pleine de sang et effraie toute la ville. Mon chaton chouine un peu mais c’est mieux que Geki soit propre pour jouer avec les petits.
Bref, pour en revenir à votre rémunération. Partons sur deux cristaux gris par mois dans un premier temps, nous pourrons revaloriser cela le mois prochain à la lueur d’un nouveau mois. Qu’en pensez-vous ? Quand souhaiteriez-vous commencer ?
J’ai beau avoir besoin d’un peu d’aide et de repos, je ne suis pas obligée de l’oppresser en lui réclamant de commencer dès demain...
Une nouvelle goucernante
METIER Feat @Aube Grassim
-" Si vous me dites qu'il n'y aucun problème pour les enfants, alors je n'aurais aucun problème avec votre Chiraki !" valide Marthe en souriant. Puis s'adressant à la petite Aurore dans ses bras elle dit; "Deux mamans qui sortiront les crocs pour vous défendre, vous en avez de la chance ! "
-" C'est une somme qui me semble parfaitement raisonnable. opina-t-elle du chef. Mais elle ne fit même pas mine de réfléchir à la seconde question; "Je me rendrais disponible dès que vous en aurez le besoin Madame. "
-" Hé bien, tu t'es fait toute belle ! Approche, je ne te ferais rien." l'appela-t-elle doucement.
-" C'est bien ma belle, " lui dit-elle doucement. "Tu vois, je ne lui fais pas de mal. " dit-elle pour se rassurer autant elle-même que l'animal.
-" Si je puis me permettre, Madame Grassim. Je constate que votre demeure possède une grande pièce ouverte mais également un étage. Comment devrais-je en disposer ? Je ne dispose pas de beaucoup d'effets personnels mais je suis prête à passer vos nuits de garde ici sans soucis aucun. Il me faudra seulement un petit espace de rangement pour quelques effets personnels. On est jamais à l'abri d'un accident ou d'un imprévu. "
Parfait, la jeune femme semble trouver ma proposition de salaire correcte. Une épine en moins dans le pied. Comme elle propose d’elle-même de commencer dés que je pense avoir besoin d’elle, je saute sur l’occasion.
Eh bien, si cela vous convient, je pense que l’on peut se dire demain ?
Mon repos ne porte que pour cette journée, je suis attendue à mon poste dès demain matin donc cela pourrait être fort arrangeant pour moi. J’observe la jeune Marthe qui joue avec Aurore. Elle est à l’aise avec les enfants, je pense que tout devrait bien se passer avec mes deux petits chatons. Geki est plus méfiante, ce qui est plutôt normal compte tenu de son dressage de Chiraki-Garde, mais elle finit par s’approcher. Mécontent que Geki soit avec sa soeur et pas avec lui, Crépuscule s’agite en gazouillant. Le tournant pour qu’il me fasse face, je lui fait un bisou sur le front avant de gratouiller l’arrière de l’oreille.
Et alors, petit garnement, on ne profite pas d’avoir maman pour soi ?
Alors que je profite d’un instant avec juste mon fils, Marthe m’interroge sur la maison et ses autorisations d’usages. Une question qui me prend un peu au dépourvue… Pour moi, il était implicite qu’elle a accès à tout ce qu’elle peut juger nécessaire pour l'exécution de son travail. je prend quelques secondes pour y réfléchir mais je n’ai rien à cacher de toute façon.
Vous pouvez utiliser toute la maison à votre convenance. A l’étage, il y a deux chambres et une salle d’eau. En haut de l’escalier, à droite, la salle d’eau, en face la chambre des petits et tout droit la mienne. Ma chambre est dotée d’une grande ouverture vers l’extérieur qui est presque toujours ouverte, je ne crains pas le froid. Donc, si vous en ressentez le besoin, n’hésitez pas à faire une flambée dans la cheminée.
Je crains plus la chaleur… Et il y a de fortes chances que mes deux chatons aient la même résistance au froid. L’avantage d’avoir un pouvoir d’hybridation. Elle a également soulevé un lièvre avec la question d’éventuelles gardes de nuits. Depuis la naissance des petits, j’ai signifié mon refus d'exécuter des services de nuits au Capitaine et je compte bien continuer comme cela. J’ai besoin de voir mes petits et d’être un peu avec eux ne serait-ce que pour dormir avec eux près de moi.
Quant aux nuits, cela sera exceptionnel. Depuis la naissance d’Aurore et Crépuscule, je ne fais plus de nuits, mais si cela s’avère nécessaire, vous disposerez de la maison comme vous le souhaiterez. Je vous dégagerai un espace de rangement dans les placards pour que vous puissiez ranger quelques affaires.
Comme Geki se décide à venir voir si Crépuscule est sage, je le remet face à la Chiraki pour qu’il puisse la papouiller à sa guise. Le chaton écope d’une grosse léchouille de Geki en retour.
Bien entendu, vous aurez également le budget nécessaire pour les achats nécessaires en termes de nourriture et autres. Je vous fais entièrement confiance sur ce point. Vous n’aurez néanmoins pas à vous préoccuper de la nourriture de Geki, je m’en occuperai. Voulez-vous visiter la maison ? Ce n’est pas très grand malheureusement, je ne pouvais pas m’offrir plus...
Une nouvelle gouvernante
METIER Feat @Aube Grassim
-" Je vous remercie de votre confiance, Madame Grassim. Je viendrais donc dès demain matin à la première heure ! " confirma la gouvernante sur un ton enjoué.
-" Si votre maison n'est pas grande, ce n'est rien comparé à mon studio de bonne sous les combles d'une taverne ! " répondit Marthe en se permettant de l'humour et un petit rire discret. "Vous avez réussi à en faire quelque chose de très cosue en tout cas. Je vous suis volontiers pour la visite. ". Aurore, toujours sur ses genoux, jouait patiemment avec une autre forme colorée brodée sur sa robe. "Est-ce que vois auriez un parc pour déposer les enfants ? "
-" Excusez-moi pour l'attente. Je n'aime pas trop laisser traîner de la nourriture... Ce serait bête de se retrouver la cave infestée de gloots pour quelques miettes oubliées ! " rigola encore une fois Marthe avant de dire sur un ton de confidence presque prophétique ; "Je suis toujours persuadée qu'il y a toujours un petit gloot dans les parages qui n'attends que ça !"
-" Je suis tout de même curieuse. C'est véritablement vaillant et admirable de votre part d'avoir réussi à concilier votre poste à la garde et votre nouveau rôle de parent. Excusez-moi par avance car ma question peut vous sembler un peu déplacée mais... quand je vois toutes ces mères au foyer qui sont bien heureuses de pouvoir rester bien à l'abri au logis et vous en comparaison qui continuez de travailler. Vous n'auriez pas préféré vous rabattre sur un métier plus facile , moins dangereux ou demandant moins d'implication ? ".
-" En tout cas, c'est rassurant de savoir que la garde est composée de membres comme vous ; de pères et de mères courageux et courageuses. Ça donne à la garde une dimension plus... humaine. " Le mot avait été choisi avec soin et se voulait comme un compliment dans la bouche aimable de Marthe. " Ça donne une image plus empathique et rassurante peut-être. Loin de l'idée de soldats sans cœurs et impartiaux comme des automates sans cervelles ni sentiments. "
Une affaire rondement menée, Marthe accepte sans faire d’histoire ma proposition pour le travail de gouvernante. Elle m’a l’air fiable et si Arthorias me l’a recommandé c’est qu’il doit lui aussi avoir un minimum confiance en la jeune femme. Proposant une visite de ma modeste maison, je me lève. L’interrogation de Marthe sur un éventuel parc me fait hausser un sourcil.
Un parc ? Pour en faire quoi ? Les petits peuvent vadrouiller, ça leur forgera le caractère. Et si besoin, Geki les ramène sur le tapis.
J’ai été élevée comme ça, une totale liberté de me déplacer dès lors que j’en étais capable. Mère disait que l’humain est comme l’animal, il doit apprendre à se déplacer au plus vite pour échapper aux prédateurs. Et je pense que cela renforce le corps et l’esprit de l’enfant de vagabonder à son aise. Je dépose Crépuscule sur le tapis adossé à un cousin pour qu’il puisse papouiller Geki si elle vient le voir. Marthe fait finalement de même avant d’aller ranger la maigre vaisselle de mon petit-déjeuner. Je souris lorsqu’elle s’excuse de nettoyer justifiant son désir d’éviter que l’on se fasse infesté de Gloot.
Comme disait mon Père, cela fait de la viande gratuite et un bon entrainement pour le chasseur.
Chasser le gloot, bien que l’animal ne soit pas très malin, n’est pas chose si aisé que cela. Sa propension à s’enfuir n’importe comment n’est pas pour faciliter la prédiction. Commençant la visite, Marthe m’interroge sur les raisons m’ayant conduit à rester Garde plutôt que de changer de métier pour quelque chose de plus “calme et sécurisant”.
C’est l’unique chose que je sais faire hormis chasser. Depuis toute petite, mon Père n’a eu de cesse d’essayer de me faire devenir le garçon qu’il aurait voulu avoir. Je n’ai jamais appris autre chose que combattre et diriger des guerriers, même m’occuper d’enfants est une nouveauté… Et, avec la mort de leur père, la Garde est le moindre mal pour assurer des revenus suffisant pour m’occuper d’Aurore et Crépuscule.
Je ris au “compliment” que fait la gouvernante sur la Garde composée de parents courageux. Cela en dit long sur l’image que nous donnons… Froid, distant et implacable sont généralement des adjectifs désignant la Garde, mais cela n’est pas la réalité derrière les personnes qui circulent dans les rues. Cela est plus une muraille pour se protéger soit-même de la complexité de notre travail. Aucun Garde ne souhaite fermer un honnête commerce à cause d’un bête tonneau d’alcool non-autorisé mais la loi ne peut pas être adapté en fonction de chaque cas.
Vous seriez surprise de voir ce qui se cache sous l’armure des Gardes mais nous devons nous protéger de nous même pour pouvoir faire respecter la loi du royaume. Parfois, notre coeur est en accord avec nos actions, d’autres-fois nous devons faire des choses que nous ne voudrions pas, mais la loi est impartiale et la même pour tous.
Comme Marthe a déjà découvert le rez-de-chaussé composé d’une seule et même pièce où trône cuisine, salon et table de repas, je la guide à l’arrière de la maison. Une petite cours herbeuse offre un peu d’espace extérieur. Au fond, une petite étable est visible occupée par Shiranai, mon ouranbos. Un passage, juste assez large pour une petite charrette passe sur le côté de la maison.
Là-bas, c’est l’étable de Shiranai. Il sort régulièrement dans la cours, c’est un amour. Je m’occupe de l’étable tout les matins avant le réveil des petits donc vous n’aurez pas à vous en préoccuper. Si vous en avez besoin, je pourrais vous montrer comment l’harnacher pour aller vous promener en charrette.
Revenant vers l’intérieur, je prend l’escalier pour monter à l’étage. En haut des marches, le palier donne sur trois portes. A gauche, une petite salle d’eau rudimentaire, suffisante pour se laver mais guère pratique avec les bébés… À droite, la chambre des jumeaux avec leurs berceaux, finalement peu utilisé, et leurs petites armoires. Et en face, ma chambre avec sa grande baie vitrée pouvant être complètement ouverte. Mon lit en bordel est bien souvent occupé par les petits autant que par moi. Geki dors généralement au pied du lit protégeant tout le monde.
Voilà, la maison est assez petite mais vous pouvez en disposer comme vous le souhaitez pour votre travail. Avez-vous des questions suplémentaires ? Même si d’autres vous viennent plus tard, n’hésitez pas à me les poser, il n’y pas d’interrogations inutiles.
Une nouvelle gouvernante
METIER Feat @Aube Grassim
-"Vous avez été élevée pour devenir une femme forte et combattante quand j'ai été éduquée à bien servir. Même si ce devait être une jeunesse rude, si je puis me le permettre Madame, je vois que vous vous en êtes bien sortie malgré tout !". Dit Marthe sur le ton de la positivité. La vie d'Aube forçait au respect, il fallait bien l'avouer. "Et puis, si vous étiez devenue aventurière à la place, vous seriez plus encore que maintenant à vagabonder à travers le pays. Ce n'est peut-être pas plus mal d'être soldat de carrière ! "
-" Voudriez-vous me former à l'entretien de l'étable, Madame ? Je pourrais vous décharger de cette tâche à l'avenir, même si je dois bien avouer ne pas y être familière." demanda poliment Marthe comme on lui présentait les espaces extérieurs. Travaillant ordinairement pour des bourgeois, quand ceux-ci possédaient des animaux, ce qui était rare, ils avaient en général des palefreniers et des employés dédiés à la tache. Mais si il le faudrait, Marthe pourrait bien s'en charger également. "Hormis ça, je ne pense pas avoir d'autres questions à vous soumettre Madame."
La visite n’est pas bien longue, après tout, ma maison n’est pas très grande… Minuscule comparée à celle où j’ai grandie. Et certainement bien trop petite pour élever deux petits hybrides… Mes soeurs me l’ont toujours dit, petite, je ne tenais pas en place. Mais il faudra faire avec, ma position à la Garde Royale ne me permet pas d’avoir plus grand ou de m’éloigner de la Capitale dans ce but. A l’extérieur, Marthe me propose de lui montrer comment entretenir l’écurie à l’occasion pour me décharger de ce travail. Avec un sourire, je la remercie.
C’est très gentil de votre part Marthe, mais je m’en voudrais de vous faire faire un travail si ingrat. Et Shiranai est assez peureux, je ne voudrais pas qu’il vous donne un coup par peur.
Tout l’opposé de Geki mais aussi un passé bien différent de la jeune chiraki. L’ouranbos a été abandonné avant de devenir mon familier, cela laisse assurément des traces. Comme elle n’a plus de questions, je la raccompagne à la porte. En la saluant, je la remercie de sa visite.
Merci de votre visite mademoiselle Applebee. Je vous attend donc demain matin comme aujourd’hui pour commencer ?
Pas de raison d’attendre, elle m’a l’air très bien et capable de s’occuper de mes deux petits monstres. Et Arthorias me l’a recommandée donc je suppose pouvoir faire confiance à cette jeune femme. La laissant filer, je reviens vers Aurore et Crépuscule qui essayent de partir en exploration sur leurs petites pattes. Ils manquent encore de force pour se trainer mais cela ne tardera pas maintenant.
Alors mes bébés, vous allez être gentils avec Marthe, d’accord ?
Fort heureusement, ils ne comprennent pas l’inquiétude qui perce à travers ma voix. Confié mes enfants à une inconnue n’est pas si anodin que cela...