Une nuit voilée par l'obscurité
Tu continuais de divaguer dans le néant, traquant ta cible. Elle n’était pas loin, à quelques mètres. Discrètement, tu l’observais. Il était seul, sur une chaise, admirant les ténèbres. Au fond, il te ressemblait, il devait regretter, mais la différence, c’était qu’il regrettait d’avoir tué et non d’avoir laissé tuer. Tu serais ton épée, celle que tu avais achetée à Adrian, plongeant dans tes pensées. Si seulement, tu avais été plus fort, assez fort pour tous les sauvés, sauver tous ces êtres qui t’étaient chers. Tu ne pouvais que te larmoyer, te repentir sur ce sujet, il ne restait plus qu’une option te venger. Car la force, maintenant, tu l’avais, tu pouvais assassiner sans même être décelé, oui, tu pouvais y arriver, le tout c’était de le trouver. Assez pensé, venu l’heure d’en finir avec ce bandit. Sans un bruit, tu sortais de ta cachette, crochetant la serrure de sa demeure. Malheureusement, le malfaiteur avait eu la bonne idée de sortir de chez lui au même moment. Tu grognais, ce n’était jamais une mince affaire, toujours à devoir changer tes plans à la dernière seconde. Vif, tu t’étais caché entre deux murs, laissant ta cible s’en aller s’enfoncer dans l’obscurité.
Tu en avais assez, assez de le voir se dandiner, tu avais envie de le tuer. Finir ton travail, était la priorité, tu n’avais pas le temps pour ces concours de circonstances. Trempé, tu n’en pouvais plus de ce temps lourd, il était tant que ça cesse. Le pas léger, tu t’avançais vers lui, la lame prête à trancher. Une fois à portée, tu déclenchais ton coup avant de le stopper net. Décidément, le monde était contre toi, car ce qui semblait être un enfant s’était dressé devant toi. Le sale gosse, il t’avait empêché de venir à bout de l’homme. Le meurtrier s’était retourné, pris d’effroi, il avait essayé de fuir. Manque de chance, il avait glissé, le laissant là sur le sol. Tu ricanais légèrement, avant de te tourner vers le gamin. Tu le dévisageais, avant de lui parler adoptant un ton sec.
« Tu ferais mieux de partir, tes parents vont s’inquiéter et tu risques d’attraper froid. »
Finalement, tu n’étais pas si mauvais, tu voulais juste qu’il te laisse finir le travail.
« Je n’ai pas envie de faire deux victimes, surtout que lui c’est un criminel, laisse-moi m'en charger et rentre chez toi. »
Il n’avait pas l’air décidé à bouger, au moins tu pouvais saluer sa volonté, il avait du cran pour se dresser devant un assassin.
©LUNY
Une petite tête blonde insomniaque se traîne hors de la demeure familiale. Il pense au sujet abordé lors du repas, quelques heures auparavant. De ce qu’il a compris, son père semble troublé, déçu peut-être. Il n’aime pas décevoir. Il n’aime pas non plus se forcer. La médecine, ce n’est peut-être pas pour lui. Demain, il sera malade, encore une fois. Il y réfléchira plus tard.
Rester là à ne rien faire, ce n’est pas non plus pour lui. Quand au bout de quelques changements de côté sur son matelas, le sommeil ne pointe toujours pas le bout de son nez, rien ne sert de s’acharner. Il faut bouger, se laisser faire. Sortir, manger, surtout manger, bouger. Alors le voilà dehors.
Il se met à pleuvoir quelques pas plus loin. « Yes. J’adore... »
Tant pis, pas de manteau. Il ne fait pas si froid, la pluie s’arrêtera bientôt.
Le but est de se changer les idées. Quoi de mieux que des gouttes d’eau l’empêchant d’ouvrir les yeux correctement, rentrant dans sa bouche lorsqu’il se met à bâiller ?
Cela fait quelques dizaines de minutes qu’il marche dans toutes les directions, sans même savoir où aller. Il tue l’ennui et tente le sommeil. Quand celui-ci semble enclin à se dévoiler, il rencontre un homme au loin. Seul, assis sur une chaise, le nez levé vers le sombre ciel, à travers sa fenêtre, sur laquelle des gouttes de pluie roulaient une par une. Il semble pensif, déçu.
Il se demande si son propre père se retrouve ainsi, quelquefois, à contempler le dehors d’un air triste, pensant à son bon à rien de fils.
Un homme en noir surgit de l’ombre sans un bruit. Nate se contente de se glisser derrière un arbre, non loin de là. Le voilà, tentant de… crocheter la serrure ? L’homme à l’air triste décide de sortir à ce moment même, ce qui force le voleur à se camoufler de nouveau. « Pas très fûté pour un voleur. »
Un éclat lumineux jaillit de l’ombre, une épée. Un fou. C’est un fou. Un assassin.
Nate n’attend pas une seconde de plus et se met à courir vers la cible, comprenant que l’assassin s’apprête à sortir de sa cachette. Le visage de celui-ci apparaît sous les rayons de la lune. Celui de Nate n’en devient pas moins sérieux pour autant. Il se place devant le pauvre homme, prêt à encaisser.
Mais le coup n’arrive jamais.
Le pauvre homme vacille en tentant la fuite, et tombe bruyamment sur le sol trempé. L’assassin se met à rire.
▬ Tu ferais mieux de partir, tes parents vont s’inquiéter et tu risques d’attraper froid. Je n’ai pas envie de faire deux victimes, surtout que lui c’est un criminel, laisse-moi m'en charger et rentre chez toi.
Deux choses. Lui, un “criminel” ? Logique. Mais, Nate, un enfant ?
Le rouge lui monte aux joues, et la colère se fait sentir.
▬ Non mais t’es malade, c’est ça ?! Je suis pas un gosse. Quant à lui, criminel ou non, toi t’es quoi si tu le tues, au final ? Moi aussi alors, je prends un sabre et je te tranche la tête, là tout de suite ? Et je deviens un criminel à mon tour ? Et ensuite quelqu’un devra me buter, et il deviendra quoi lui aussi ? C’est bon, on arrête le massacre ? Tu l’as choppé où ton permis de tuer, chez les Dieux ?!
Nate écarte les bras en guise de protection. Puis, à la réflexion, se retourne et regarde le présumé criminel à terre. Il s’approche et décide de s’asseoir sur lui. Il est plus lourd qu’il n’en a l’air, et on entend un gémissement grave de la part de l’inconnu. Il a bien mangé ce soir, le blondinet.
▬ Il n’ira nulle part. Mais ton épée devra me couper en six, puis de nouveau en six avant de pouvoir le toucher, espèce de malade.
L’air sérieux, la bouche crispée en guise de moue, les sourcils froncés, les bras et les jambes croisées, la crédibilité s’envole au loin. Mais ça reste pourtant très sérieux. Ce chevalier moderne se donnant des airs de héros ne passera pas.
Incapable de rester concentré sur une seule tâche, Nate se retourne vers le visage de l’inconnu qu’il écrase lourdement et chuchote, en toute discrétion - du moins c’est ce qu’il pense.
▬ T’es vraiment un criminel toi ? T’as fait quoi ? C’est quoi vos manies à vous, les tarés ?
Il écoute, espérant une réponse. Mais l’homme ne peut lui en fournir, sous le choc de la situation, mais surtout incapable d’en placer une, car Nate ne s’arrête plus de blablater sur le fait qu’il est impensable de réaliser ce genre d’actes, il faut être un « grand malade ». Et surtout, il respire à peine sous le poids du jeune homme.
Une nuit voilée par l'obscurité
Le petit homme continuait de pinailler, tu avais envie de lui faire la peau, il agissait réellement comme un gamin. Puis toi malade ? C’était lui le malade, finalement vous étiez tous les deux malades, une bande de malades. Tu te grattais la tête, les gardes allaient sans doute rappliquer d’une minute à l’autre, tu étais vraiment mal luné. Tu levais les yeux aux ciels, comme pour chercher une lumière qui pourrait te guider dans ce noir. Le blondinet venait interrompre une nouvelle fois, la douce mélodie de la pluie. Il n’avait pas fini de tout le temps la ramener celui-là. Tu l’observais d’un regard dur, mais au fond c’était lui qui avait raison, tu le savais mais le désir de vengeance était trop grand, bien trop encré pour pouvoir l’effacer. Vu que le criminel ne voulait pas répondre de ses actes, tu prenais la peine de le faire à sa place.
« Toi ? Pas un gamin ? Laisse-moi rire. Le malade, ici, c’est toi ! Tu te dresses devant un assassin et tu t’assois sur un meurtrier, tu es vraiment inconscient. »
Tu marquais une légère pause avant de reprendre froidement.
« Si tu veux savoir ce qu’il a fait c’est simple. Il a tué un de ses compagnons, par jalousie sûrement. Sauf que ce compagnon en question avait une femme des enfants, alors sa femme m’a demandée de m’occuper de son cas. Car les gardes eux n’agissent que s’il y a des preuves et ne s’occupe que des nobles comme toi. »
Tu avais deviné le fait qu’il soit un noble avec ses vêtements. Bien que trempés, tu avais distingué les matériaux chers qui avaient servi à la fabrication de ses habits. Quelle ironie, ça valait bien plus cher que ce que tu allais gagner en te saillissant les mains.
« Tu es qui d’ailleurs pour me faire la morale ? Tu veux peut-être faire le sale boulot à ma place ? Tu y connais quelque chose sur le monde des pauvres ? Non ? Alors pousse toi et laisse-moi m’occuper de lui. »
Tu poussais le blondinet, avant de lever ton épée pour porter le coup fatal au meurtrier. C’était ta chance. Malencontreusement, ce que tu avais redouté arrivait, des bruits de pas résonnaient. Ceux des gardes, cela ne faisait aucun doute. Conscient du danger tu avais rangé ton arme, avant de prendre ton carnet et de noter ceci : « C’est un meurtrier son nom est Alfred Dan, il a tué son compagnon David La Farge il y a quelques jours, merci de vous en occuper. ». Tu arrachais la page où se trouvait le mot, posant le papier sur l’homme qui était toujours à terre. Rapidement, tu saisissais le jeune homme, l’entrainant dans une ruelle se trouvant un peu plus loin. Tu préférais le prendre avec toi, c’était plus sur aussi bien pour lui que pour toi. Une fois à bon port, tu relâchais l’inconnu.
« Ne parle pas trop fort, ils pourraient nous entendre… »
Tu soufflais, c’était sûr qu’il allait faire le guignol. Doucement, tu lui tirais les joues, il ressemblait vraiment à un gamin.
©LUNY
Il écoute l’autre taré le traiter de gamin, de malade.
Gamin, non. Malade… Nate n’a jamais vu les choses sous cet angle, mais maintenant que c’est dit, c’est une possibilité. Il n’aime juste pas ce genre de choses. Et les choses qu’il n’aime pas, il les combat. Dans la scène, il ne voyait pas l’épée dans sa poitrine, mais dans la poitrine d’un inconnu, et ce qu’il voyait surtout c’était qu’il ne devait pas laisser quelqu’un se faire tuer, sans broncher. Il n’est pas le centre de sa propre réflexion, loin de là.
Il se contente de faire la moue et de tourner la tête, faisant mine de ne plus l’écouter. Mais quand la voix de l’assassin résonne dans des notes aggravées, fatales, il ne peut s’empêcher de le regarder de nouveau. Nate pense à la famille de ce compagnon assassiné, puis à la raison pour laquelle cet autre assassin prend cette histoire avec autant de colère dans la voix. S’il réalise les mêmes horreurs que celui qu’il hait tant, pourquoi s’en plaint-il ?
Il n’aime pas la façon dont cette brute le traite. Lui-même n’appréciant pas les gens de sa classe sociale, il redoute le fait qu’on le prenne pour l’une de ces fausses personnes, hautaines et détestables. Une de ses plus grandes peur, qu’on le haïsse.
Alors il s’apprête à réagir, à se défendre.
▬ Je ne suis pas u-
Ne lui laissant pas le temps de finir sa phrase, l’assassin rétorque sans plus attendre.
▬ Tu es qui d’ailleurs pour me faire la morale ? Tu veux peut-être faire le sale boulot à ma place ? Tu y connais quelque chose sur le monde des pauvres ? Non ? Alors pousse toi et laisse-moi m’occuper de lui.
Bien sûr que Nate connaît quelque chose sur le monde des pauvres, il y vit à mi-temps. Il en sait un minimum, il en sait assez. Il en est désolé et fait de son mieux pour aider le maximum de personnes possible, c’en est presque devenu son travail.
Il s’apprête à riposter.
▬ Alors là m-
La main visiblement souillée de l’assassin vient pousser le petit blondinet sur le côté, hors de son chemin. Nate tombe sur le sol trempé, se rattrapant sur son coude. Il rengaine un cri de douleur, car c’est un fragile.
Lorsqu’il comprend que l’épée se rapproche dangereusement du corps de l’inconnu, il s’élance de nouveau vers l’avant.
▬ Non !
Des bruits de pas. Des gardes. L’assassin, très irrespectueux, s’empresse de laisser une note sur l’inconnu, comme s’il était une sorte de banc public. La colère monte en Nate et il a du mal à la contenir davantage. Il n’a pas le temps d’en placer une, le voilà déjà emporté au loin par l’autre malade mental. Dans une ruelle sombre, qui plus est.
Nate boue de l’intérieur.
▬ C’est bon je peux en placer une, ou pas ?
▬ Ne parle pas trop fort, ils pourraient nous entendre…
Il se met à lui tirer les joues. C’est trop.
Nate serre les poings, fronce les sourcils, prend une grande inspiration.
Puis hurle.
▬ MAIS J’EN AI RIEN A CIRER. T’ES DÉGLINGUÉ, C’EST TOI QU’ILS DOIVENT EMMENER.
Il reprend son souffle et tente de se calmer, puis reprend avant même que celui-ci ne puisse ajouter quoi que ce soit. La garde semble trop préoccupée avec le message de l’autre effronté.
▬ S’ils ne s’occupent que des nobles comme moi, tu aurais dû me laisser leur parler, pas besoin de déposer un mot. C’est bien la seule chose de pratique dans le fait de faire partie de ces gens. J’en sais plus que tu ne le crois. Il soupire et baisse d’un demi-ton. On ne tue pas les gens, on les enferme. Tu ne vaux pas mieux en faisant ce genre de choses. Je ne sais pas ce qui t’a amené jusqu’ici, mais je sais que tu n’es pas censé devenir les choses que tu détestes.
Des claquements retentissent dans les flaques d’eau, devenant de plus en plus proches. Alors que le garde se rapproche, Nate hésite à lui demander d’emmener l’autre taré, ou à rester caché pour ne pas lui attirer d’ennuis, afin d’en apprendre plus sur lui.
Il n’a pas l’air méchant, juste perdu.
Le garde continue d’avancer et se trouve à présent à quelques secondes de l’entrée de la ruelle. C’est son moment. Il doit tout donner. Nate prend un air sérieux, ferme les paupières et porte une main à l’épaule de son kidnappeur de ruelle. Un portail apparaît dans le dos de celui-ci, tandis qu’il visualise le second derrière les buissons d’une forêt, à une dizaine de mètres d’ici. De là, ils auront une bonne vision sur les gardes, sans que ceux-ci ne puissent les repérer.
Sans lui laisser le temps de réagir, il l’entraîne dans le portail en le poussant légèrement.
Il n’avait pas prévu que le second portail soit positionné à l’horizontal, à un mètre du sol. Ils tombent en un bruit sourd, en plein milieu de tas de feuilles trempées. Nate se retrouve enfoui sous une couche de feuilles, puis agite les bras pour s’en débarrasser. Il se relève d’une traite, se plaignant d’avoir avalé un bout de terre.
Nate se tourne vers son kidnappeur… De qui il est à l’instant devenu le kidnappeur.
▬ Désolé, je contrôle pas, ça va ?
Une nuit voilée par l'obscurité
Ses dernières phrases t’avaient fait réfléchir. Enfermer les gens, était-ce suffisant ? Les gens pouvaient-ils vraiment changer ? Purger leur peine en restant dans une pièce à faire les mille pas. Tu n’en étais pas sûr, la seule solution était de leur ôter la vie. Au fond tu te détestais, mais c’était l’unique manière que tu avais trouvée pour survivre. Une fois ton objectif atteint, tu jurais d’arrêter ce cinéma, te dénonçant toi-même aux gardes.
Perdu dans tes pensées, tu ne prêtais plus attention à ce qui t’entourait. Pourtant l’ennemi approchait, il était là, à quelques pas. Tu te réveillais trop tard, vous étiez dans une impasse, sans possibilité d’échappatoire. Triste, tu observais le reflet de tes prunelles bleutées dans une des flaques d’eau qui jonchaient sur le sol. Tu affichais un sourire nerveux, c’était la fin, la fin de ton histoire, la fin de cette mélodie qui ne t’avait jamais souri. Le blondinet posait une main sur ton épaule, sûrement pour t’annoncer un adieu. Tu fermais les yeux, finalement c’était lui qui avait eu le dernier mot, si seulement tu avais été moins stupide, moins clément, tu les aurais tués, tous deux sans te créer d’embrouille. Mais, alors que l’espoir t’avait quitté, le jeune homme avait créé un miracle. Un portail juste derrière toi et sans même l’avoir décelé, l’homme t’y entraînait. Tu écarquillais les yeux, ne comprenant rien à ce qui venait de se passer. Tu étais où là, dans les airs ? Tu tombais dans un amas de feuilles trempées. Tu étais sonné, tu dévisageais l’inconnu, cherchant une explication à tout ce cirque. Celui-ci s’excusait, pourtant il venait de te sauver. Doucement, tu venais poser tes mains sur ses épaules, le fixant droit dans les yeux.
« Je vais bien merci ! Je t’en dois une… Mais explique-moi ce bordel, pourquoi on est ici maintenant ? Et pourquoi m’avoir aidé ? »
Tu marquais un silence avant de reprendre d’une voix amicale.
« Sinon moi c’est Kali et toi ? »
Gentiment, tu lançais ta cape sur l’inconnu. Il devait avoir froid dans sa tenue et tu t’en voudrais s’il venait à attraper une maladie. D’un œil perçant, tu lorgnais l’horizon grisonnant, les gardes n’avaient pas emporté le meurtrier. Tu étais prêt à sortir de ta cachette pour le tuer, montrant ouvertement ton intention au blondinet.
©LUNY
Les mains posées sur les épaules du blondinet, l’inconnu lance un regard de braise droit dans les prunelles du jeune homme. Ne sachant comment réagir, le sommeil l’ayant rattrapé et la confusion s’étant installée dans sa tête après cette majestueuse chute d’un mètre et demi, Nate se contente de ne rien dire. Chaque chose en son temps. D’abord, il écoute. Ensuite, il analyse. Puis, il comprend. Sa lenteur n’est pas à brusquée. Avant de percuter quoi que ce soit, ce petit demande beaucoup de réflexion.
… Il est surtout perturbé, en réalité. Le rouge lui monte aux joues, il ne peut s’empêcher d’être gêné.
L’énergumène était passé de l’état de “petit con, tu ne sais rien de la vie”, à celui de “oh, merci, je t’en dois une”. Il est logique que Nate ait besoin d’un peu de temps pour encaisser. Pourtant, il ne comprend pas tellement ce que lui demande son interlocuteur.
▬ Bah… On est ici, parce que j’ai m… il marque une pause, se grattant le crâne, essayant de comprendre. T’as pas vu les portails ? Enfin j’ai mis deux portails, puis je t’ai poussé, puis, et je m’en excuse, on est tombés… il bégaye, puis reprend. Oh non, tu es devenu amnésique, c’est ça ? Tu t’es tapé la tête ? Tu es sûr que ça va ? Mon père est médecin, si tu veux, je peux t’emmener te faire ausculter.
Le blond le regarde intensément, anxieux. Il n’a pas repris son souffle durant ce monologue, et continue de le retenir, inquiet pour l’inconnu. Il ne se rappelle peut-être pas de la téléportation, peut-être qu’il s’est évanoui le temps de quelques microsecondes, peut-être a-t-il reçu un coup sur l’arrière du crâne et a oublié le déplacement.
Son expression change quand il se rend compte que la deuxième partie de la question est restée sans réponse de sa part. “Pourquoi m’avoir aidé ?”
Visiblement, cet homme est cent fois plus à la ramasse que Nate lui-même.
▬ Attends. “Pourquoi je t’ai aidé” ? On n’a pas besoin d’expliquer ces choses normalement. Il soupire, puis reprend. Tu n’es pas irrécupérable, sinon, tu m’aurais tué, ligoté, étranglé, transpercé, assommé, dit-il en comptant les éléments de la liste sur ses doigts. Tu ne mérites pas de te faire enfermer à vie, tu mérites de voir ta connerie en face, et de te reprendre.
Nate est fier de son discours. Il n’a pas souvent l’occasion d’aider quelqu’un d’un point de vue philosophique. Il sait qu’il a raison, et que cet homme le comprendra un jour. C’est pourquoi le faire changer d’avis devient à présent une mission que le jeune homme se confie à lui-même. Par ennui, par compassion, et par envie, il compte bien aider l’autre taré à s’en sortir.
Alors que l’homme lui dévoile son identité, Nate se demande s’il l’a réellement écouté, encore une fois. Kali, ledit malade mental, recouvre le blond de sa cape afin de lui apporter un peu de chaleur. Il est vrai que celle-ci se trouve être la bienvenue, Nate meurt de froid depuis quelques dizaines de minutes, maintenant.
Une once d’agacement se fait tout de même remarquer sur son visage, tandis qu’il lui répond brièvement à demi-mots.
▬ Na- Mais, attends, tu m’écoutes là ? Je te parle, pourquoi tu regardes là-bas ?
Nate se retourne soudainement, pris par un élan de nervosité. Il est persuadé que ce taré souhaite retourner au combat, alors même que la cible est toujours à terre comme un vieux ver écrasé.
Nate l’entend sangloter au loin.
Il ne peut laisser passer ça.
▬ Je rêve, y’a du boulot, là. Si tu bouges d’un poil, je t’enferme dans la cave de ma maison et je te nourris aux bonnes manières… Tiens, regarde ça, le frustré.
Nate dépose délicatement la cape sur les épaules de Kali, lui destinant pour la première fois un regard sûr, sérieux et désolé à la fois. Il prend une grande inspiration, puis sort de sa cachette, agitant les bras dans tous les sens.
▬ GARDES ! GARDES !
Les gardes sont partis depuis quelques temps, mais Nate espère avoir un volume assez élevé pour les faire rappliquer avant que le dégénéré se mette à péter les plombs de nouveau.
Des pas rapides claquent sur le sol.
Nate n’attend pas que les gardes soient à sa portée, il se contente de hurler afin se faire entendre.
▬ Vous n’êtes que des bons à rien. Cet homme a massacré un patient de mon père, le docteur Delaney, dit-il en pointant l’assassin du doigt. Je reconnais d’ailleurs parmi vous certains de ses patients. J’ai moi-même assommé cet homme pour vous tendre un piège, je vous ai donc laissé un mot. L’avez-vous au moins lu ? Vous vous prélassez tandis que des criminels errent dans les rues. N’avez-vous pas honte ? Emmenez-moi cet homme sur-le-champ, ou je peux vous assurer que vous ne mangerez bientôt plus que du pain dérobé et de l’eau croupie.
Le tour est joué.
Une nuit voilée par l'obscurité
Mais ton ami ? Ton rival ? Tu pouvais lui donner quel statut, bref ce n’était pas important. Celui-ci partait, après un discours semé d’épines. Le bougre, il n’allait pas te lâcher. Puis, bon, sa cave tu voulais bien y loger, toi. Un endroit où dormir, où manger c’était une vie royale que tu ne pouvais te payer. Tu levais la tête, croisant ses prunelles jade, il avait l’air sérieux, ce n’était pas le moment de le contrarier. Totalement déboussolé, tu te cachais dans le buisson, tout en fixant le garçon. Tu omettais ta mission, t’inquiétant pour lui. Ça avait beau être un noble, certains gardes n’étaient pas très cléments envers eux.
La scène semblait interminable, les secondes semblaient des heures et tu n’avais envie d’une seule chose, que cela cesse. Tu serrais les dents, quand les forces de l’ordre rappliquaient, ils allaient vraiment écouter un gamin hurler. Étrangement, c’était ce qui s’était passé, les guignols l’avaient écouté, ils semblaient même avoir peur. Tu pouffais silencieusement, c’était si marrant, un statut pouvait donc donner autant de puissance. Delenay, ce nom te disait quelque chose, ça remontait à quand tu étais enfant. Tes parents étaient amis avec le père de cette famille, dans tes souvenirs, il était fort aimable, visiblement pas comme son fils. Tu te moquais de lui, alors qu’il t’avait sauvé, un peu de respect…
Na… Avait réussit son objectif, le meurtrier enchaîné et les gardes se dirigeant vers la caserne. Il était doué pour tourner les mots et sa stature à son avantage, ça tu ne pouvais le nier. Il allait sans doute devenir un orateur hors-pair. Une fois les ennemis éloignés, tu sortais de ta cachette, affichant une mine délavée. Le goût de l’eau infusé aux feuilles, ce n’était pas terrible, c’était même infect. Amicalement, tu posais une main sur l’épaule de ton nouvel ami, avant de le serrer contre toi, tout en lui ébouriffant ses cheveux.
« C’était bien joué, bravo petit ! Par contre maintenant je suis ruiné, je comptais sur ce contrat pour survivre un peu, mais bon, je vais devoir voler du coup. »
Tu lui souriais, un air un poil provocateur. Au fond, tu étais satisfait, justice était faite et avec de la chance, tu pourrais toucher une commission. Tu marquais un silence, profitant de cet instant pour lâcher le pauvre blondinet. D’un ton plus calme, tu reprenais la parole.
« Dis, tu ne connais pas un endroit pour s’abriter, euhhhh Na… Machin… »
Tu rigolais, tu poussais peut-être le bouchon un peu trop loin, déjà qu’il te prenait pour un malade mental… Il y avait du boulot comme il avait très justement dit.
« En vrai j’ai des questions à te poser sur ton père. Je crois que je l’ai déjà rencontré petit, c’était un ami à mes parents, de mémoire s’était quelqu’un de très gentil. Tu es vraiment son fils ? »
Tu l’observais d’un air curieux, tu avais toute la nuit de libre pour discuter. Même, si la pluie et cette brise commençaient légèrement à t’agacer.
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Il est fier de son coup, il ne pensait pas que ça aurait un tel effet. Il s’est senti puissant, l’espace d’un instant. Mais l’idée que le fait d’avoir un statut suffit à convaincre des gardes de faire leur travail et de protéger la population le fait réfléchir. Attristé, il n’écoute même pas Kali qui lui parle, tout juste sorti de sa cachette. Il n’y a pas de héros pour les aider à survivre, à vivre en paix. Nate doit y faire quelque chose. Il doit contribuer davantage que ce qu’il ne fait déjà.
Le rouge lui monte aux joues beaucoup plus vite cette fois-ci quand Kali le serre dans ses bras. Nate ne le connaît que depuis une trentaine de minutes et se retrouve pourtant avec un nouvel ami. Il sourit lorsque celui-ci lui annonce qu’il devra voler pour se nourrir, c’est déjà plus rassurant que le fait de devoir tuer des gens.
Mais Nate se rappelle d’un détail. Il chuchote dans sa barbe en faisant la moue, et lance d’une voix dépitée :
▬ Tu m’as appelé petit ou je rêve, vieux croûton ?
Kali ne semble pas l’avoir entendu, et continue son discours. Il ne se rappelle plus de son prénom. Peut-être parce qu’il ne l’a pas laissé finir de le lui annoncer, car il était trop occupé à penser au fait de déchiqueter un autre être humain. Nate se sent déjà plus en sécurité, maintenant que celui-ci arbore un sourire aux coins de ses lèvres. En le protégeant des gardes, il a fait le bon choix, et il en est sûr à présent. Il peut changer. Il peut retrouver son chemin, et d’une quelconque manière, Nate en sera la raison. Il le souhaite profondément. Et quelque part, il est conscient que Kali le souhaite également. Une sensation étrange, indescriptible, de lien profond avec l’inconnu parcours l’esprit du blond.
A cet instant, Kali devient littéralement l’objectif premier de Nate. Son but, le transformer. Lui faire retrouver le droit chemin en l’accompagnant tant qu’il en aura besoin.
Lorsqu’il lui demande de lui indiquer un endroit avec un toit, une idée merveilleuse se présente à Nate. Il réfléchit silencieusement et écoute les prochaines paroles de Kali avec attention. Il semble que celui-ci se trouve en réalité être un ancien patient du père de Nate. Double idée magistrale.
Nate a enfin trouvé son premier patient.
▬ Oui, je suis son fils… Je peux te proposer quelque chose.
Le blondinet s’avance, les mains posées sur le derrière de sa tête. Il affiche un grand sourire et se présente juste en face de Kali. Confiant, amusé, sa voix devient plus claire, plus haute et plus agréable. Comme s’il devenait plus enclin à accepter un ancien-actuel meurtrier à sauver en tant qu’ami. Pas que ce n’est pas déjà le cas, mais il était quelque peu hésitant à le ligoter dans un coin de son manoir, il y a quelques minutes.
▬ Mon manoir, je n’y suis presque jamais, je dors la plupart du temps dehors, mais je peux te proposer d’y vivre à mes côtés. On se connaît à peine, ça peut paraître bizarre, mais je tiens à t’aider avec tes contrats, et surtout à te surveiller. Je n’aime pas te savoir en liberté avec des idées meurtrières. Tu pourrais vivre de l’autre côté du manoir, tu aurais une totale liberté et tu ne serais pas dérangé, et je garderais un oeil sur toi. Je veux t’aider. T’en penses quoi, toi ?
Nate fait mine de réfléchir à nouveau et se met à ricaner légèrement avant de continuer. Alors qu'il s'apprête à faire une blague, la pluie commence à cesser. Le bruit des criquets se fait de nouveau entendre, et la nuit s'apaise subitement.
▬ On peut toujours fabriquer une cabane en bois juste derrière les buissons, sinon.
Une nuit voilée par l'obscurité
Le ciel avait cessé d’écouler ses larmes, la lune quant à elle, brillait de nouveau, irradiant sa lumière sur le visage de ton sauveur. Il était charmant tout de même, les traits fins, il avait tout pour séduire les plus belles dames. Tu te frottais l’arrière de la tête, tu ne savais pas quoi lui répondre. Au fond tu avais envie d'hurler un oui, mais c’était vraiment une bonne chose. Ironiquement, tu craignais le bonheur, car le bonheur pour toi, attirait le malheur.
« Hmmm. Je ne sais pas quoi te répondre. Je ne peux pas te cacher le fait que j’ai envie de t’accompagner et de vivre à tes côtés, mais… Au fond j’ai peur de t’attirer des ennuis. J’ai beaucoup de problèmes avec la justice et pas que, un assassin et à mes trousses… Et puis… »
Tu marquais une pause, un peu gêné, affichant à Na… Tes pommettes pourpres.
« Je n’ai pas envie que tu meures. »
Sophie, tes parents, ils étaient tous mort… Si lui venait à mourir, tu n’arriverais plus jamais à te relever. Tu laissais un silence planer, ton cœur déchirait ta poitrine. Tu avais peur de sa réponse, tu n’avais pas envie qu’il revienne sur ces mots. Avant qu’il n’ait eu le temps de répondre, tu reprenais la parole, un poil tendu.
« En plus, je ne vais pas m’installer chez toi, si je ne connais même pas ton prénom. »
Tu gloussais nerveusement, pourquoi tu abordais ça comme ça, tu étais vraiment irrécupérable. Tes prunelles bleutées étaient plongées dans les siennes, cherchant désespérément les réponses.
©LUNY
Il est vrai que le jeune homme n’avait pas pensé à ces détails. Selon lui, le fait de traîner avec un homme recherché, potentiellement en danger de mort, ce n’est pas si grave. Ce n’est certainement pas un problème pour lui, car il est persuadé d’une chose : quoi qu’il arrive, ils sauront déjouer les attaques les unes après les autres. Le plus inquiétant n’est pas tant qu’ils soient ensemble, mais plutôt que Kali soit seul. Que lui arrivera-t-il lorsqu’il se retrouvera face à une horde de gardes ou face à un assassin plus doué que lui, sans son téléporteur dysfonctionnel personnel ? Il y a des risques que Nate y passe également statistiquement, mais le blond n’a jamais aimé les mathématiques. Il n’y a pas plus fantaisiste d’après lui… C’est aussi en grande partie car il n’aura jamais la capacité intellectuelle de résoudre un problème ou une équation quelconque.
Le problème réside dans le fait de l’héberger. Aucun soucis avec l’idée de le coller chaque seconde de chaque journée, mais la réflexion s’impose lorsque sa famille entre en jeu. Un assassin en quête de la tête de Kali, une chose est sûre c’est qu’il pourrait très bien frapper de nuit, chez les Delaneys. Il faut être prêt à toute éventualité. Un déguisement lorsque Kali se rend au manoir ? Un portail chaque jour, à une heure fixe, que Nate prendra soin d’établir ? Encore faut-il qu’il sache contrôler ceux-ci.
Nate hoche la tête de bas en haut, tout en réfléchissant, le regard tourné vers les flaques encore tremblotantes des pavés craquelés sous ses pieds. Il lève les yeux vers son nouvel ami lorsque celui-ci avoue avoir quelques inquiétudes en ce qui concerne de la sûreté de Nate. Il rougit légèrement, esquissant un léger sourire sur son visage, assombri par la seule pensée de voir Kali se retrouver seul.
Il faut trouver une solution.
Nate soupire un bon coup, retrouvant ses esprits. Il tourne le dos au grand brun, tentant d’organiser les idées lui venant à tout va. Kali a visiblement un don pour filtrer les paroles du blondinet, le voilà qui demande à nouveau un prénom.
▬ Si tu m’avais écouté, tu le saurais. Moi c'est Nate.
Toujours le dos tourné, Nate n’affiche son sourire qu’à lui-même, mais Kali doit certainement le deviner grâce au ton moqueur que l’homme à la carrure d’enfant ne cesse d’adopter. Se doutant que cette question n’est qu’un mirage, dont le but est de couper la pression dûe à l’absence de réponse de la part de Nate, il s’engage à partager sa pensée.
▬ Ne te préoccupe pas de moi. Il ne nous arrivera rien, tu verras. J’ai dit que je t’aiderais, c’est ce que je vais faire. Si je ne vis pas pour toujours plus d’aventures, à quoi cela me sert de vivre ? Il se retourne brusquement, la motivation à vif. Je compte bien t’inviter dans ce manoir. Aide-moi simplement à trouver une solution pour éviter qu’il devienne la cible de ceux qui te poursuivent. Assure-toi que personne ne te suive en y venant… Ou alors, il faut trouver une combine. Quelque chose qu'on fera toujours pour être sûr que tu sois introuvable. Il marque une pause avant de demander : Dis-moi, c’est qui, ce malade qui veut ta tête ?
Une nuit voilée par l'obscurité
Heureusement Nate n’était pas rancunier, car oublier un prénom qui venait à peine d'être citer, il fallait le faire. Tu te grattais la joue, ne sachant pas quoi dire. Tu devais faire quoi, le féliciter, le taquiner, tu étais paumé, c’était bien trop compliqué pour toi. En plus, tu ne voyais pas ses réactions, ça te stressait. Tu grimaçais, pour une fois tu espérais qu’il parle. Sa voix venait bientôt te bercer, sonnant telle une mélodie dans tes oreilles sensibles. Tu étais apaisé, soulagé, comme si les mots allaient vous protéger… Ton ami était en quête d’aventure, c’était compréhensible, étant riche, il avait accès à tout sauf l’incertain et toi c’était l’inverse. Lier vos deux vies, formait l’équilibre parfait entre le certain et l’incertain.
Nate semblait motivé, ça te rassurait tu n’étais pas le seul... Tu plongeais tes iris dans les siennes, écoutant son plan avec attention. Il y avait de l’idée, mais c’était bancal, il était impossible de faire disparaître quelqu’un, surtout que ton bourreau était un expert dans l’art de l’assassinat. Il devait déjà savoir, que tu t’étais lié d’amitié avec le blondinet. Il était trop tard, trop tard pour reculer, car Nate était maintenant une cible. Tu serais les dents, tu devais vite le trouver cet enfoiré.
« Dans tous les cas, tu seras ma préoccupation. Mais je te laisserais m’accompagner dans mes soirées animées si tu le souhaites. Je préfère t’avoir à mes côtés, c’est plus sûr. »
Tu adoptais un visage froid et sur un ton sérieux, tu reprenais ton discours.
« Pour tout te dire, je pense que tu es déjà la cible de mon bourreau. Je ne sais pas pourquoi, son but c’est de détruire ma vie, donc il n’est jamais très loin… Puis, il est impossible de me faire disparaître, on risque de faire une erreur un jour et je me ferais démasquer. Mais ça m’atteindra moi, donc ce n’est pas très grave, je veux juste que toi tu sois en sécurité avec tes parents. Vous qui êtes des nobles, vous n’avez pas le droit à une protection de la garde ? »
Tu observais Nate, un visage interrogateur, mais tu reprenais ton monologue avant qu’il puisse émettre une réponse.
« Pour ce qui est de l’autre malade qui veut ma tête comme tu l’appelles. Je ne sais pas encore totalement son identité, je sais que son nom de code est YOU et que c’est un assassin très expérimenté. Il a tué mes parents quand j’étais petit et il a fait de même avec ma fiancée quelques années après… Je t’avoue que j’aurais du mal à le laisser en vie. »
Tu marquais un silence, avant de reprendre souriant.
« Bon, on se téléporte chez toi ? J’ai envie que tu me présentes ma nouvelle demeure moi ! »
Tu plissais les yeux, montrant un visage bienveillant à Nate. Ce n’était pas le moment de plomber l’ambiance, tu ne voulais pas attrister son cœur sensible.
©LUNY
Quelque peu inquiet suite à l’annonce du grand brun, Nate plonge à nouveau dans un flux intense de pensées interminables. L’organisation, mentale ou physique, n’est pas son fort. Sous la pression de toutes ces peurs et ces hypothèses sombres, il en oublie presque la présence de son ami. Il l’écoute vaguement, retenant les mots les plus importants. La priorité est de se débarrasser de cet homme, il représente un potentiel danger pour son foyer. Si Nate est d’ores et déjà une cible, il ne compte pas reculer de sitôt.
Il n’avait pas pensé à une protection de la garde jusqu’ici. Il est persuadé que son père en avait parlé il y a quelques années de ça. Nate croit se rappeler que sa famille a autorisé une protection légère, de façon à ce qu’on ne se rende pas compte qu’ils les observent. Cela a visiblement bien marché jusqu’ici, car le blondinet vient tout juste de se rappeler de ce détail. Il n’y a pourtant pas de gardes, ni à l’entrée du manoir, ni à l’entrée du “labyrinthe de buissons” qui lui sert de jardin. Ils sont donc très discrets.
Alors qu’il s’apprête à répondre, Kali lui coupe la parole.
« Va falloir lui apprendre à avoir une discussion, à celui-là. »
Nate écoute donc sagement le discours de son ami, en écarquillant les yeux petit à petit. Un assassin à ses trousses et menaçant de tuer toute la famille du blondinet, d’accord, mais en plus de ça, c’est un professionnel. Avec un code secret en guise de supplément.
Alors que Kali se dévoile à Nate, les larmes viennent flouter légèrement la vision du petit blond. Perdre sa famille dans une flaque de sang. Il comprend que celui-ci se soit perdu, et il comprend comment. Nate n’imagine pas perdre ne serait-ce qu’un seul membre de sa famille des mains d’un tueur en série. L’envie lui prend de le serrer dans ses bras, le prendre par la main et lui dire qu’il l’aidera à s’en sortir, mais il n’en fait rien, pensant que cela peut être déplacé.
Mais il ne peut s’empêcher de rester aigre et réticent à l’idée que Kali tue cet homme.
Un silence s’écoule et Nate se contente de procéder à l’enregistrement de ces nouvelles informations. Sous le choc, un peu secoué, il fixe le regard du brun, tentant de récupérer une quelconque bribe de bonheur émanant de son visage, et ne reçoit rien.
Alors Nate tente de ne pas penser à l’éventualité que son nouvel ami pourrait potentiellement tuer à nouveau.
A nouveau. Ces deux mots bloquent une expression noire sur le visage de Nate. Conscient que cet ami est un assassin, et que Nate hait les meurtriers, il n’oublie pas pour autant le regard de celui-ci lorsqu’il a voulu tuer l’homme, quelques minutes avant. Des yeux désespérés, désolés. Il s’accroche à cette vision de lui. Selon lui, c’est ce regard qui fait de lui quelqu’un qui n’est pas foncièrement mauvais. Nate vient de lui donner un choix : survivre, tout en capturant ses proies, et ne blessant personne. S’il venait à tuer de nouveau, de son plein gré, serait-ce acceptable pour le petit blond ?
Il tente d’oublier.
Afin d’alléger l’ambiance, Kali lui propose de se téléporter au manoir. C’est-à-dire, à l’autre bout du monde. Bien que Nate en soit capable, il a utilisé son pouvoir il y a quelques minutes de ça. Pourtant, aucun vertige, aucun saignement de nez, le jeune homme n’a pas signe de faiblesse apparent.
▬ On peut toujours tenter. Je te préviens, je ne contrôle vraiment rien, tu as eu énormément de chance tout à l’heure.
Nate est enjoué à l’idée de lui présenter son manoir. Mais sa voix reste monotone et sans vie, pour la première fois. L’inquiétude prend le pas sur la joie de vivre, et il ne se rend compte de rien. Kali, en revanche, l’a sûrement remarqué.
Il tente de se concentrer en fermant les yeux. Tendant la main vers l’avant, il imagine en détails le palier de la grande porte. Dans son esprit, un grand cercle se dessine à la même vitesse que celui-ci dessine un cercle de sa main, dans l’air. Dedans, le décor de la grande porte, menant au hall principal de son manoir. Des escaliers sur le devant, le palier un peu plus loin, la porte au fond.
Il rouvre les yeux et constate que son portail n’est pas présent.
▬ C’est quoi ce délire encore, il est où mon portail là ?!
Dit-il en tapant du pied, à la fois furieux et impatient. C’est toujours étrangement drôle quand Nate se met en colère, personne ne l’a jamais pris au sérieux, il est trop mignon pour ça.
Il se retourne vers Kali, les sourcils froncés, l’air de dire “pourquoi il est pas là ?!”.
Une nuit voilée par l'obscurité
Le portail apparaissait enfin, mais étrangement il était arrivé dans les buissons. Tu te retenais de rire, écoutant Nate beugler. Il était beaucoup trop mignon, il pensait avoir raté. Celui-ci se retournait vers toi, un poil boudeur. Tout en rigolant, tu pointais le portail au blondinet, tout en ébouriffant ses cheveux. D’une voix amicale, tu venais briser son interrogation.
« Il est ici ton portail, triple andouille. Tu vois tu as réussi ! »
Impatient de découvrir ce qu’il se cachait au-delà du portail. Tu prenais Nate par le poignet avant de l’entraîner dedans. C’était perturbant, pendant un court instant, tu avais eu l’impression que le temps s’était arrêté. Avec stupeur, tu étais tombé de haut, il avait encore raté son portail… Tu prenais Nate dans tes bras, amortissant le choc à sa place. Un peu sonné, tu te relevais.
« Ça va Nate rien de cassé ? Tu n'as pas l'air d'être dans ton assiette. »
Le blondinet semblait être ailleurs. Toi, tu observais les horizons. Il n’y avait pas de manoir en vue, il s’était peut-être trompé ? Tu n’en savais rien. Un peu perdu, tu tournais sur toi-même à la recherche d’un indice. Au loin, tu apercevais des gardes. Sans réfléchir tu accourais vers eux, avant de leur demander, paniqué.
« Mon ami ne va pas bien, vous savez où se trouve la demeure du Dr Delaney ? »
Les gardes te dévisageaient, jugeant ton accoutrement étrange.
« Hmmm, vous prenez cette rue et vous tournez à droite puis à gauche. »
Tu courrais vers Nate tout en criant.
« Merci beaucoup ! »
Tu portais le blondinet tel une princesse, divaguant dans les rues. Tu devais trouver son père et vite. Dans ta course acharnée tu manquais de te rétamer deux trois fois. Tu n’analysais plus rien, ta pensée était monopolisée par ton ami mal-en-point. Quelques minutes plus tard, tu tombais enfin sur le manoir. Il y avait une grande porte avec un mur imposant, il n’était pas facile d’y pénétrer. Essoufflé, tu déposais délicatement Nate sur ton épaule avant de grimper le mur. Tu avais peiné mais tu avais réussi à entrer dans la demeure. Haletant, tu continuais de cavaler, te perdant dans le grand jardin. Tes articulations étaient douloureuses, mais tu ne pouvais pas t’arrêter.
Un instant plus tard, tu parvenais enfin à la grande porte. Tu frappais sur celle-ci, hurlant de toutes tes forces.
« S’il vous plaît… Ouvrez ! Nate ne va pas bien, j’ai besoin de vous. »
Tu pleurais, t’effondrant au sol et, avant de sombrer une nouvelle fois dans le noir, tu percevais que la porte s’était ouverte, rassuré, tu te laissais tomber dans les vapes, souriant.
©LUNY
Kali lui désigne le portail du doigt et Nate se met à sourire, s’apprêtant à crier victoire. Cependant, il ne libère aucun son. Son regard vacille, il devient incapable de regarder droit devant lui et distingue des points noirs et blancs parsemant son champ de vision. Une sensation de légèreté le parcours, comme si sa tête n’était à présent qu’une montgolfière. Des frissons lui hérissent les poils, et une grande vague de froid traverse son corps tout entier. Il tente d’avancer, doucement, et avant qu’il ne puisse faire un pas de plus, Kali l’embarque par le poignet.
Une sensation de chute. Les cheveux aux vents, Nate ferme les yeux, se sentant de plus en plus léger. Les bras de Kali l’entourent et il ne semble pas se rendre compte de l’impact. Kali le protège, le blondinet rouvre les yeux pour observer les alentours. Il entend brièvement une voix s’adresser à lui, mais ne répond rien. Ses paupières entrouvertes laissent la possibilité à Nate de se repérer. Une grande allée, un paysage modeste, morose.
« J’ai réussi ? »
La présence de Kali s’estompe et Nate sombre dans un tourbillon de pensées plus floues les unes que les autres. Sa vision se trouble à nouveau, puis tout devient noir autour de lui. Habituellement, il peut tenir jusqu’à trois téléportations, même si les deux dernières s’avèrent être complètement ratées. Le manque de sommeil, l’adrénaline que cette soirée lui a apporté et toutes ces sensations éprouvantes, le tout a dû l’achever. La tête lui tourne, il ne sent plus ses lèvres, ses joues, son torse, et ses jambes ne sont plus qu’un infime picotement à demi perceptible. Son poids n’est plus qu’un souvenir.
Alors qu’il semble tituber, perdre l’équilibre, la conscience lui échappe.
▬ Ouvrez !
Ce sont les premières paroles que Nate perçoit à son réveil, quelques minutes plus tard. Il prend quelques secondes pour réaliser ce qui vient de lui arriver, et se redresse lentement, avec prudence. Kali gît à ses côtés. Nate n’a pas le temps de comprendre, il se jette sur le corps inerte de son ami. Quelqu’un l’a-t-il attaqué ? L’a-t-il porté jusqu’ici alors qu’il était inconscient ? Nate tente de lui parler, attendant une quelconque réponse, en vain. Le souffle coupé, il se contente de le secouer et tente de le relever en plaçant le bras de Kali sur ses épaules.
Laureen, la mère de Nate, se tient à la porte et pose son regard sur les deux jeunes hommes, paniquée. Elle pousse un cri à l’attention de son mari, lui demandant de venir le plus vite possible à la grande porte. Persuadée que son propre fils n’a pas une égratignure, débrouillard comme il est depuis l’enfance, elle lui demande de l’aider à amener Kali à l’intérieur, puis passe également son bras sous celui du grand brun.
▬ Il est mort de fatigue. Depuis quand n’a-t-il pas mangé ? Non, ne me dis pas. Dépêche-toi, aide-moi à le ramener jusqu’au salon. Ensuite, va lui chercher de l’eau, du sucre et prépare-lui un plat. La gouvernante a pris sa journée.
Nate obéit. La mère est tout aussi hyperactive que le fils et ne laisse pas de temps de parole à autrui. Alors qu’il aide sa mère à traîner délicatement son nouvel ami jusqu’au salon, à l’étage, ils le déposent sur l’un des deux grands sofa du salon, celui juste en face de la cheminée, encore allumée. La chaleur de la pièce dissipe les vertiges de Nate et celui-ci, inquiet pour son ami, tente de pousser un peu plus le canapé vers le grand feu en usant de toutes ses dernières forces, histoire de le réchauffer davantage. Le blond adresse un regard à sa mère.
▬ Je t’expliquerai plus tard, maman. Là, il mérite toute notre attention.
Le voilà à présent qui se dirige vers la pièce du fond. Il ouvre une grande porte menant vers une cuisine bien trop équipée. Perdu dans l’immense tas de babioles qui lui sont inconnues, il panique à l’idée de devoir préparer un quelconque plat. Il n’a jamais touché à un plan de travail de sa vie. Lui, il volait avec ses amis pour manger, ou alors il ramenait la nourriture de sa propre cuisine, des tomates, du pain… A présent, c’est à lui de cuisiner quelques mets revigorants pour son ami.
Le père de Nate, Kilian, entre à l’instant dans le salon, aux côtés de Laureen et de Kali. Il jette un regard empli d’inquiétude envers celui qui est affalé sur son canapé et demande à Laureen de lui résumer la scène. Dans l’incapacité de donner l’identité du jeune homme, Laureen se contente d’expliquer qu’elle l’a retrouvé à terre devant la porte, appelant à l’aide, et que leur fils avait perdu conscience l’espace de quelques instants. Les deux jeunes hommes tombent visiblement tous deux de fatigue.
Kilian rebondit immédiatement sur les explications de Laureen et, abasourdi, lui lance :
▬ Nate venait tout juste de reprendre conscience ? Et tu l’as directement envoyé cuisiner ?
▬ Il semblait aller bien, alors j’ai cru...
Un bruit sourd se fait entendre du côté de la cuisine, ainsi que le son de vaisselle qui se brise. Laureen se précipite vers la cuisine et ordonne à son mari de s’occuper du nouvel arrivant.
Une nuit voilée par l'obscurité
Des minutes étaient passées. Toi, tu te trouvais là, sur ce lit soigneux. Doucement, tu apercevais une lueur, celle d’une bougie à peine allumée. Tu te relevais, dans un grognement, tes membres étaient douloureux, si douloureux. Sonné, tu ne percutais pas tout de suite où tu étais, te demandant même si ce n’était pas le paradis. Avec difficulté, tu t’étais assis sur le bord du lit, fronçant les sourcils. Les images défilaient, le blondinet, la cible, le portail, la course tous ces souvenirs récents resurgissaient dans ta petite tête. Nate… C’était ce qui t’avait marqué, tu te demandais s’il allait bien. Tu soufflais, tu devais aller le sauver Nate… Tu grimaçais tout en te levant, tu avançais d’un pas disgracieux vers la petite porte. Tu pensais à lui avant toi ? C’était quoi ce délire, tu perdais la tête. Vraiment, tu faisais peine à voir, ton état était lamentable et ton accoutrement… Une serviette pour cacher tes parties intimes, sérieusement, tu aurais pu trouver mieux.
À moitié dénudé, tu avançais dans le couloir, manquant de trébucher à plusieurs reprises. Il te semblait interminable, mais tu avais juré de le protéger, alors tu continuais. Par mégarde, tu t’écroulais sur une des portes qui peuplait les murs. Tu étais sur le sol, un peu dans les vapes tu levais tes prunelles bleutées, avant de te prendre une baffe monumentale. Tu étais pénétré l’intimité d’une personne et celle-ci semblait furieuse. Tu n’arrivais pas à comprendre ses mots, ce qu’elle racontait, tu te contentais de sortir et de poursuivre ta route mine de rien. Tu commençais vraiment à te demander si tu allais le trouver dans cette infinité de possibilités. Par chance, tu tombais sur un homme qui te semblait familier. Tu te concentrais, avant d’entamer la conversation.
« Nate… Nate il va bien ? »
Le monsieur affichait un sourire, avant de t’emporter avec lui. Tu traversais le manoir, d'une démarche saccadée. Tu venais à te demander si Nate s’amusait à jouer à cache-cache. Une dernière marche et tu étais arrivé. L’homme prenait congé, murmurant quelques mots que tu n’avais pas pris la peine d’écouter. D’un air déterminer tu ouvrais la porte, ne te soutient pas de ton apparence… Déplorable. La voix cassée tu reposais la question.
« Tu vas bien Nate ? »
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Nate réalise qu’il n’a jamais été à l’aise dans ce grand lit double à lui tout seul. Cloîtré dans cette chambre qui n’est pas à son goût, bien que moderne. Une grande armoire, dans laquelle il avait l’habitude de se cacher étant petit pour éviter les séances de révision avec la gouvernante. Un grand miroir, devant lequel il a appris à resserrer une cravate. Un lustre, dont il a toujours eu peur car il pensait qu’il allait s’effondrer durant son sommeil et le tuer sur le coup. De grandes fenêtres, bien trop grandes, d’où les gardes pouvaient le voir durant toute sa vie, le matin, c’est d’ailleurs pourquoi il fermait toujours les rideaux. Un petit panier, c’était la place de son chat. Il ne l’a pas vu depuis quelques jours, il pense que celui-ci préfère également la vie auprès des citoyens, mais se jure de le priver de croquettes à son retour.
Tout est trop simple, ici. L’idée d’une simple pelouse mal tondue sous des arbres, une nuit de pleine lune, est bien plus attrayante. Mais cette chambre a tout de même un minimum de valeur aux yeux du blondinet. Quand il était petit, il avait demandé à être séparé du reste de la famille : sa chambre se situe dans l’aile est du manoir, tandis que celles de ses parents dans l’aile ouest. La chambre de Lya se trouve en plein milieu, elle préférait être proche de la plus petite cuisine et de la bibliothèque afin de lire, isolée paisiblement, loin des bêtises de son frère et de son chahut.
Esquissant un sourire, il décide de se relever, assis sur le bord du lit. On lui a retiré ses vêtements trempés durant son sommeil, c’est un fait qui le perturbe grandement. Il espère simplement que Lya n’était pas dans les parages. Il n’a donc plus qu’une serviette autour de sa taille. Sur sa droite, posés sur la table de chevet, des mouchoirs remplis de sang. Il a dû saigner du nez durant des heures et sa mère a dû partir en chercher de nouveaux. Il a donc perdu conscience à nouveau, car il ne se rappelle plus que de la vision des plateaux et des couteaux de la cuisine.
La cuisine. Le repas. Kali.
« Merde, quel con. J’ai oublié de lui faire à manger avec tout ça, il doit être mort de faim, je suis sûr qu’ils l’ont oublié. »
Il se redresse vivement, titubant à moitié, encore faible. Le voilà qui trébuche et se voit forcer de se rattraper contre la porte de l’armoire. Il décide de se glisser contre celle-ci jusqu’au sol dans le but de s’asseoir et de se ménager. Comment se fait-il que deux petites téléportations lui ont valu une perte de conscience aussi extrême ? Et des séquelles de cette envergure ? Il ramène ses jambes contre son torse place sa tête sur ses genoux, se contentant de serrer quelques touffes de ses cheveux entre ses doigts. Il ne supporte pas être inactif, et encore pire : inutile. Il ne peut même pas vérifier l’état de son ami, pris au piège par ses propres fonctions vitales.
S’il avait simplement été capable de foutre un portail au bon endroit.
La porte s’ouvre soudainement et Kali apparaît, apeuré. Il prononce des mots que Nate occulte immédiatement à la vue de l’accoutrement du grand brun… wow. Il rougit instantanément mais se précipite vers celui-ci et se blottit contre lui, rassuré.
▬ J’suis désolé j’ai fait n’importe quoi encore, si j’avais pu nous téléporter directement ici… Tu vas bien ? On t’a donné à manger ? On t’a pas donné à manger, c’est ça ? Attends voir je vais te faire un plat moi. J’y crois pas t’es tout maigre. PAPA ? C’EST QUOI CE BORDEL ?
Mais Kilian ne l’entend pas d’ici, il est sûrement parti aider Laureen avec quelques tâches pour le travail. Nate ne sait pas quelle heure il est, il est perdu depuis son réveil. Kali semble aller mieux, mais pas assez à son goût.
Il lâche le grand brun et affiche une mine boudeuse, continuant de ruminer dans sa barbe - toujours inexistante. A l’instant, Nate aperçoit Lya s’enfuir en courant. Elle a déposé une lettre au pied de la porte. Le blond accourt et saisit le mot. Il décide de le lire à voix haute.
▬ « Les parents vous attendent dans la salle à manger principale, avec la grande table. Ils veulent vous parler, et vous devez manger. PS : Dis à ton ami que la prochaine fois qu’il rentre dans ma chambre quand je me change, je l’égorge. »
Nate se tourne vers Kali, un sourcil levé et une expression effrayante sur le visage.
▬ T’as fait… quoi ? TU PEUX M’EXPLIQUER ?
Une nuit voilée par l'obscurité
Tu relâchais ton emprise, détaillant la pièce. Sa chambre était bien celle d’un noble, il y avait tous les artifices, tout le confort que l’on pouvait imaginer. Un panier ? Il avait sûrement un chat, heureusement qu’il n’était pas là, tu aurais craqué. Derrière toi quelqu’un courrait, un assassin ? Tu te retournais brusquement, malheureusement, tu n’avais pas eu le temps de voir son visage. Tu n’avais pas le temps de divaguer, il fallait que tu restes concentré, à l’affût, après tout un meurtrier voulait votre peau.
Le blondinet, lui, ne semblait pas paniqué, il s’avançait vers la porte. Tu fronçais les sourcils, que voulait-il faire ? Tes iris analysaient la situation, une lettre, il y avait une lettre. Nate saisissait celle-ci avant de faire la lecture à voix haute. C’était juste une personne du manoir, tu étais vraiment paranoïaque et puis dans ton état tu n’avais aucune chance de luter contre lui. D’ailleurs, où était tes armes, tu grimaçais ce n’était pas le moment d’y songer. La dernière phrase t’avait laissé perplexe, rentrer dans la chambre, tu cogitais, c’était sans doute tout à l’heure quand par mégarde, tu avais chuté. Nate se retournait vers toi, un air furieux, toi, tu reculais apeurer. Il allait te faire la peau, ce n’était pas bon. Ce que tu avais ? C’était un malentendu. Tu affichais une mine désemparée, tu devais répondre quoi à ça toi. Gêné tu répondais au blondinet, tout en reculant encore d’un pas.
« C’est… C’est un malentendu ! En te cherchant, je suis tombé sur une des portes. Je n’ai rien vu je te jure, ce n’est pas mon genre. »
Tu t’agitais dans tous les sens, c’était une situation plutôt inconfortable. Ton ami n’allait pas avaler ça, pourtant c’était la simple vérité. Il te restait la fuite, pour éviter de te faire démolir. Tu entamais la course, enfin si on pouvait appeler ça une course, car tu te viandais sur le sol. Tu t’étais pris le pied de Nate par mégarde. Nerveusement, tu t’étais mis à sourire, à l’aide tu ne voulais pas mourir. Tu te relevais rapidement, te frottant la tête.
« Si on allait manger, on ne va pas les faire attendre tout de même. »
Tu prenais les devants, omettant que tu ne connaissais pas le chemin. Par chance tu avais trouvé le bon passage. Une fois arrivé dans la salle à manger, oui enfin c’était plutôt une maison à manger, tu restais planté là, ne sachant pas quoi dire. Killian prenait la parole, affichant un visage empli bienveillance.
« Parfait vous êtes là, venez-vous asseoir ! »
Tu regardais le blondinet, un peu perdu, avant de prendre place sur une chaise.
« Si tu nous parlais un peu de ton ami Nate ? Et surtout pourquoi vous vous êtes retrouvés dans un tel état ?»
©LUNY
Nate ne lâche pas Kali des yeux, il est prêt à se jeter sur lui et à lui mordre une jambe. Mais son ami s’agite, l’air gêné, ce qui énerve d’autant plus le blond. Il n’a pas l’air de comprendre qu’ils parlent bien de la petite soeur de Nate. Sa petite protégée, pour qui il donnerait sa vie sans sourciller. Elle n’a jamais eu de petit ami, et il y a bien une raison à cela. Nate se trouve être un grand protecteur, à la limite du psychopathe quand il s’agit de Lya. Kali tente tout de même de fuir, et Nate tend discrètement une jambe sur le côté, faisant trébucher volontairement le grand brun. Il ne semble pas avoir remarqué que c’était volontaire. Dommage.
Nate le suit du regard, le sourcil droit toujours levé. Il réfléchit à une manière de lui retirer les boyaux par le nez sans que ça ne soit trop salissant. Kali prend le dîner comme prétexte pour s’échapper de la situation. Mais Nate ne perd pas le nord et lui adresse une menace, un sourire aux coins des lèvres, le visage toujours empli de rage. Le diable en personne se tient devant le brun.
▬ Recommence et tu n’auras plus jamais l’occasion de voir quoi que ce soit...
Nate reprend un visage enjoué, l’air de rien. Il ne va pas tuer son nouvel ami, du moins pas tout de suite. S’il se tient à carreaux maintenant que la menace est lancée, tout devrait se passer pour le mieux.
Ils se rendent tous deux vers la salle à manger. Nate s’amuse à suivre le nouveau venu, pariant avec lui-même que celui-ci va se perdre d’une minute à l’autre. Mais il perd le pari et se retrouve bien embêté lorsque Kali ouvre la porte de la salle à manger.
Les parents de Nate les accueillent avec le sourire, comme à leur habitude. Enfin, pour ce qui est de Kilian. Laureen affiche une mine destructrice. Elle n’aime pas les habitudes de son fils, elle n’apprécie pas non plus la venue d’inconnus dans sa maison. Mais Nate sait comment la convaincre de tout cela.
Ils s’asseyent donc tous deux à table aux côtés de la famille du blondinet. Comme prévu donc, Kilian demande des réponses aux deux jeunes hommes. Nate sait pertinemment que c’est plus une forme de politesse qu’un formulaire de demande d’autorisation.
▬ Il s’appelle Kali. Je l’ai rencontré il y a peu. Il a été engagé pour tuer des meurtriers, d’où les armes. Il n’a pas eu le choix pour survivre, il n’a plus rien, plus de famille, pas de chez lui. Je lui ai proposé de faire équipe et de livrer ces meurtriers à la garde, afin de leur laisser la vie sauve. J’ai décidé de l’aider à retrouver sa place. J’avais pour projet de l’héberger dans l’aile sud du manoir. En contrepartie, il nous aidera avec certains patients : si tu as besoin de quelque chose pour les remèdes, il ira les chercher pour toi. J’espère que ça ne vous dérange pas. Il sera presque invisible, je vous assure.
La mère lève les yeux au ciel. Encore un coup foireux de son fils. Mais elle lui adresse ensuite un regard empli de fierté, car c’est en faisant cela qu’il sauve des vies, à sa manière. Elle ne montre pas son inquiétude : des meurtriers, c’est plutôt sérieux. Nate leur a bien fait comprendre qu’ils ne peuvent plus influer sur sa vie, maintenant qu’il est adulte. Elle ne peut plus le protéger comme un poussin, même si ce n’est pas l’envie qui lui manque. La peur de perdre son petit se loge dans son ventre.
Elle acquiesce en silence, laissant la parole à son mari. Ils n’ont pas besoin d’échanger de mots pour se comprendre et se mettre d’accord sur des choses qui leur paraissent logiques et légitimes.
Le père ricane quelque peu en regardant son fils.
▬ Tu m’étonneras toujours. Tu te mets en danger volontairement, et tu en es super fier. Tu me fais halluciner, vraiment. Mais tu as raison, le monde est dangereux, et s’il n’y avait personne pour arrêter ces gens-là, on vivrait sûrement dans la terreur. J’aurais juste préféré que mon fils n’en fasse pas partie... Mais je sais pertinemment que je ne pourrais jamais t’en empêcher. Tu es incorrigible. Mais tu devras apprendre à contrôler ton pouvoir deux fois plus vite, sinon je trouverai un moyen de t’enfermer dans une tour : tu as vu dans quel état tu étais tout à l’heure ? Il marque une pause avant de reprendre. Ecoute… Tant que ça ne t’empêche pas de venir à tes journées de stage, déjà que tu n’y mets pas souvent les pieds, il peut rester.
C’est une réponse claire, nette et précise. Mais Nate attend la suite, car il y a toujours une suite. Il ne répond rien, et fait signe à Kali d’attendre avant de répondre, lui aussi. Il ne faut pas crier victoire trop tôt, son père est aussi plein de surprises.
▬ Mais… Ce genre de travail crée des ennemis. C’est votre travail de les éloigner de nous à présent. Si ton ami apporte un quelconque danger entre ces murs, je le ferai enfermer moi-même. Il s’adresse à présent à Kali, d’un regard sérieux. Et s’il y perd la vie, je te tuerai de mes propres mains. D’un sourire, il reprend calmement son discours. Tu as la garde de ton côté, si tu en as besoin. Et quelques spécialistes également, si cela devient trop difficile à gérer. Ton cousin, par exemple...
▬ Non. On n’a pas besoin de lui.
Rétorque Nate subitement dans un élan de fureur. L’idée d’appeler un mercenaire sanguin sans scrupules ne lui plaît pas des masses. Nate peut se débrouiller seul, et d’autant plus si Kali se trouve à ses côtés. Il n’y aura aucun problème, et quoiqu’il adviendra ils sauront gérer toute sorte de situation. Il reprend, plus calme, avec un sourire.
▬ Ne vous inquiétez pas en tout cas, tout ira bien. Comptez sur nous. Je maitriserai mon don, c’est promis.
▬ Dans ce cas : je te souhaite la bienvenue ici. Et tu n'as pas besoin d'être invisible, on ne va pas te manger.
Il jette un oeil à son ami, satisfait, l’air de dire “je te l’avais dit”.
Une nuit voilée par l'obscurité
La mère de Nate semblait ailleurs, elle réfléchissait à un moyen de dire non sans blesser son fil ? Tu t’enfonçais dans ta chaise, perplexe. L’honnêteté dans ce monde pouvait-elle réellement payer ? Tu n’en savais rien, tu n’avais vécu que dans le mensonge. Son père était, lui, très décontracté, il laissait même un ricanement lui échapper. Il ne croyait pas les dires de son fils ?
Le père venait rapidement répondre à tes interrogations. Il était stupéfait par son fils, tu n’en revenais pas, décidément, tu n’arrivais pas à les cerner. Tel père tel fils, tu soupirais, soulagé, ils n’allaient pas gronder le blondinet. Son paternel poursuivait son discours. Une de ses phrases t’avait fait cogiter, enfermer Nate dans une tour, pourquoi pas, ça pourrait être marrant. Tu l’imaginais crier à l’aide en haut d’une tour, telle une princesse et toi arrivant pour le délivrer. Tu ricanais en silence, c’était hilarant. Le vieux finissait enfin son monologue, tu portais tes yeux sur Nate, curieux d’entendre sa réponse. Mais étrangement, il ne répondait pas, il te faisait même signe de te taire. Alors tu fermais ta bouche, de toute façon tu n’avais guère envie de discuter. Tu frissonnais les mots de son père devenaient froids et durs. Entre la sœur de Nate et son père, tu allais sans doute mourir avant d’avoir pu accomplir quoique ce soit. Killian portait ses prunelles dans les tiennes, ce qui avait eu le don de te glacer le sang. Il avait l’air sérieux, en même temps, tu les avais mis dans de beaux draps. Sous ses menaces, tu acquiesçais. Si ton ami venait à mourir, tu trouverais la mort toi-même et puis, il n’allait pas mourir, ensemble vous étiez imbattable.
Nate n’avait guère apprécié ses dernières paroles, son cousin ? Ça devait être quelqu’un d’horrible pour que ton ami le déteste autant. Tu ne l’avais jamais vu aussi furieux, ça devait sans doute être un meurtrier comme toi. Le blond reprenait d’un ton plus calme, ses phrases, te faisaient sourire. Effectivement tout allait bien se passer, en plus s’il venait à maîtriser son don, ce serait un gros plus. L’argument du jeune homme avait convaincu son père, il te souhaitait la bienvenue. Toi, tu avais du mal à réaliser, tu avais un vrai chez toi maintenant ? Tu laissais des larmes de joie envahir tes iris bleutées. Tu les essuyais, avant de prendre la parole, tremblotant.
« Je… Je vous remercie. Merci beaucoup, je vous serais éternellement reconnaissant. »
Tu marquais un silence, avant de souffler pour te calmer.
« Je jure de vous protéger et de veiller sur Nate. »
Tu inclinais la tête, c’était la meilleure nouvelle de ta vie. Souriant, tu te tournais vers Nate, affichant un visage reconnaissant. Tes yeux normalement si froids, brillait pour la première fois. Les parents dégageaient une aura bienveillante. Tu ne savais plus quoi dire, les émotions te submergeaient. Sans demander la permission, tu t’étais mis à manger les plats qui se trouvaient là.
« C’est super bon ! »
Tu rougissais, transpirais, ta langue commençait à te brûler. Par mégarde, tu avais mangé un piment entier. De l’eau, il te fallait de l’eau, beaucoup d’eau. Tu te levais aussitôt, accourant dans la pièce qui se trouvait à côté. Tu ouvrais une des portes, cherchant désespérément un lavabo. Puis un hurlement. La sœur de Nate se trouvait là, elle semblait… Être aux toilettes. Tu fermais aussitôt la porte.
« Excuse-moi, je ne savais pas… »
Tu faisais tout de travers, ce n’était pas drôle. Tu poursuivais ta quête, trouvant après quelques minutes un lavabo. Mais alors que tu t’apprêtais à te soulager de ce fardeau, un bruit résonnait dans le manoir. Une vitre brisée ? Tu retournais dans la grande pièce, détaillant les environs. Tu ne comprenais pas ce qu’il se passait. Tu prenais un des couteaux qui se trouvait sur la table.
« Vous avez entendu comme moi ? »
Tu poursuivais, d’une voix rauque.
« Reste près de moi Nate. »
Mais ils n’avaient pas l’air affolé, ils étaient même en train de rigoler. C’était juste un verre qui était tombé. Décidément, tu passais pour le pitre de service. Tu relâchais le couteau, te frottant la tête.
« Je suis désolé, je suis un peu tendu. Je pense que je ne vais pas tarder. »
©LUNY
Kali goûte aux saveurs de la cuisine de Kilian. Un des meilleurs cuisiniers qu’il connaisse. Sa mère n’est pas tellement une flèche en cuisine, plutôt l’équivalent d’une quiche. Nate et sa mère ont bien plus en commun que l’on peut le penser. Nate se met donc à l’imiter, il est affamé, comme d’habitude. Ils mangent tous deux à une vitesse phénoménale, c’est plaisant à voir. Un peu épicé, comme plat, mais plutôt goûteux.
Un peu trop épicé pour le grand brun. N’ayant pas l’habitude, il s’est enfilé un piment entier et se met à paniquer. Nate, tel un bon ami, explose de rire et manque de s’étouffer avec un bout de carotte. Alors qu’il tousse, s’étouffe, le visage rouge, les yeux remplis de larmes, il n’arrive tout de même pas à s’arrêter de rire. Il prend un verre d’eau, se retenant de pouffer. Alors qu’il atteint la deuxième gorgée, celle-ci est recrachée en plein milieu de la table par le blondinet : il n’a visiblement pas réussi à se contenir et a explosé à nouveau. Heureusement que Lya n’est pas là, elle aurait hurlé à la vue de ce carnage.
Kali s’est levé en panique et Nate ne comprend toujours pas pourquoi. Il avait lui aussi un verre rempli d’eau juste en face de lui, à sa place, mais ne l’a vraisemblablement pas remarqué. Nate ne remarque même pas que son ami vient tout juste de surprendre sa petite soeur au petit coin, trop occupé à mourir de rire. Toujours le verre à la main, il vacille sur le côté de sa chaise et tombe raide sur le sol : quand il rit trop, il perd toutes ses forces et s’effondre, pour mieux continuer à rire. Se faisant, le verre tombe et se brise au pied de la grande table. Nate est épargné par les bouts de verre, et même s’il ne l’avait pas été : il ne l’aurait même pas remarqué.
A l’instant, Kali armé d’un couteau sort de la cuisine, à l’affût. Nate stoppe ses ricanements quelques secondes pour écouter le spectacle. “Reste près de moi Nate”, alors là, c’est reparti. Cette fois-ci, tout le monde rit en choeur. La crédibilité s’est évaporée du corps de Kali. Celui-ci s’excuse auprès de son public. Quelques secondes de rires de moins en moins audibles, puis le calme, le temps qu’ils essuient leurs larmes un par un.
▬ Ce duo promet. Au moins tu es vif, on n’a pas grand-chose à craindre si quelqu’un nous attaque, lance le père de Nate au brun.
▬ C’ÉTAIT QUOI CE FOUTOIR ? Crie Lya depuis les toilettes.
Ce dîner fera pour toujours partie des favoris du blondinet. Cet endroit n’est plus animé depuis que Nate s’est décidé à n’être présent que durant une infime partie de son temps, depuis qu’il fuit la vie aisée. Il n’a pas rit de cette façon depuis plusieurs années dans sa propre salle à manger. Il ne croit pas avoir vu ses parents rire autant depuis bien longtemps également.
Après le dîner, tous étaient rentrés dans leurs chambres respectives. Nate avait voulu laisser du temps à Kali pour se reposer et s’était lui-même rendu jusqu’à sa chambre. Une ou deux heures, tout au plus, s’étaient écoulées depuis les fous rires.
Le voilà donc de nouveau allongé sur son lit, les bras croisés derrière la tête, il contemple à nouveau son plafond. Le plafond est décidément incroyablement pratique lorsque le blond souhaite réfléchir. Il ne s’est pas senti à l’aise depuis longtemps, ici. L’idée qu’un ami à lui vit à l’autre bout du manoir, dans l’aile sud, heureux, empli Nate de joie. Il n’a plus envie de fuir, du moins tant que Kali est à ses côtés.
Un miaulement.
▬ MINOU ?!
Nate se relève d’une traite et court vers la porte. Il l’ouvre et aperçoit au pied de la porte le chaton âgé de six mois qu’il avait recueilli il y a quelques semaines, dans une vieille ruelle du centre-ville, affamé. Un chaton tigré gris aux grands yeux sombres. Il le prend dans ses bras et referme la porte avant de le déposer délicatement dans son panier.
▬ Maintenant que j’ai recueilli quelqu’un d’autre, tu es jaloux et tu reviens. T’abuses...
Nate caresse sa petite boule de poils avec douceur, heureux que celui-ci ne se soit pas à nouveau perdu.