Mais, en quoi consistait son boulot aujourd'hui ? Simple comme bonjour.
Une fausse moustache blanche, une pipe qui n'était pas allumée, un chapeau, une petite cape, et armée d'une loupe, Astrid pouvait sembler ridicule – et l'était -, mais c'était son déguisement favoris pour le genre de boulot qu'elle faisait actuellement même si cela impliquait d'attirer un peu l'attention, surtout en plein jour dans les rues de la capitale toujours remplie de monde.
Un œil avisé pourrait remarquer que cet étrange énergumène semblait suivre à la trace et à bonne distance une jeune femme aux jolies formes.
Astrid la suivait partout où elle allait, que ce soit dans des boutiques, dans un petit coin de verdure pour se reposer, dans un restaurant pour manger, elle ne la lâcha pas une seule seconde et marqua son parcours dans un petit carnet.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'était pas un cas de harcèlement et Astrid n'était pas folle amoureuse de la dite personne pour la suivre partout où elle allait comme ça. Elle avait mieux à faire, d'habitude.
La réalité, c'était qu'elle avait été embauchée par quelqu'un pour surveiller la jeune femme.
Par qui ? Par un noble intéressé par la jeune femme et ayant des vus sur elle ? Pas vraiment.
Par une amie jalouse cherchant à découvrir un secret quelconque ? Non plus.
C'était tout simplement... le père de celle-ci, qui cherchait à savoir absolument si sa fille sortait avec un homme, et de péter la gueule à tout couillon ayant la triste idée de lui mettre la main dessus. Un papa poule dans toute sa splendeur, et un peu extrême répondant au nom de Thure mais Astrid n'était pas payée pour le juger ou pour lui faire la morale. Dans tous les cas, au grand bonheur du père, la fille n'agissait pas bizarrement et n'avait rencontré personne de la gent masculine, mais seulement ce qui semblait ses amies pour l'instant. Heh, peut-être que la fille penchait de l'autre côté, et Astrid n'était pas payée pour empêcher ça. D'ailleurs, ce serait bien drôle et la citoyenne avait déjà hâte de soumettre cette hypothèse au père pour voir la réaction et sa tête, héhé.
Ah, la voilà qui se remettait en mouvement. C'était donc repartie pour la filature de la fille à Thure.
Heh.
Une demi-journée de faite, une. Nate erre en plein milieu de la capitale à la recherche de nouvelles aventures, sûrement plus intéressantes que sa demi-journée de médecine. Les patients, plus particulièrement ceux de ce matin, étaient infernaux. Entre les hypocondriaques et les rhumes, ça devient vite lassant. Un repos bien mérité, pense-t-il. Mais pas de repos le ventre vide, voilà une de ses nombreuses règles d’or.
Les mains derrière le crâne, des bâillements consécutifs, toujours aucun signe de bonne graisse bien sucrée. Ni odeur, ni pâtissiers. Découragé, il laisse tomber ses bras de chaque côté de son corps et chacun de ses pas pèse un peu plus sur le sol. Il s’adosse au mur d’une modeste boutique de bijoux, s’amusant à compter les passants et à nourrir son ennui. Au moins, lui a l’occasion de manger.
Un, deux, trois… quatre cinq six, sept… huit… neuf dix onze dou- c’est trop dur.
C’est là qu’une aventure traverse la rue tel un rayon divin. Nate trouve sa voie à la vue de ce miracle. Il ne sait le décrire, mais c’est visiblement un cadeau des cieux. Trop beau pour être vrai, Nate se contente de suivre la danse. Il avance, doucement, et suit son destin, des étoiles plein les yeux.
A cet instant, il se dit qu’il pourrait suivre sa trace pendant des millénaires sans jamais s’arrêter. Il ne peut résister à cet appel. Son libre-arbitre n’est plus. Il n’est plus qu’un mouton suivant sa bergère. La bergère divine et son bâton ensorcelant, tel est son avenir, telle est sa destinée.
Il se contente de la suivre, bravant vents et marées. Enfin, bravant surtout les ivrognes de jour et les gens pressés. Ici et là, là-bas. Les boutiques, le parc, un restaurant. C’est là qu’il se décide. Il doit oser.
Il doit lui parler.
Nate s’avance vers sa déesse, oubliant toute peur et toute honte. Il se dirige vers elle, le pas léger, confiant. Une jeune fille aux jolies formes, aux jolis cheveux bruns, qui peut résister ?
▬ Bonjour, je suis perdu, pouvez-vous m’indiquer le chemin de la galerie des arts s’il vous plaît ? Je suis désolé, je suis impoli. Je m’appelle Nate.
Il sent une présence derrière lui, pesante, étrangement inquiétante. Quelqu’un l’observe.
Nate continue de parler à cette jolie jeune femme, tout en profitant de poser sa main sur son épaule pour la remercier. Tout en se faisant, il en profite pour dérober la broche en forme de donut au chocolat sur sa jolie veste en toute discrétion.
Une fois les informations récupérées, bien qu’elles ne lui servent à rien car il ne voulait pas aller à la galerie des arts mais simplement voler sa broche - car la kleptomanie ne lâche rien -, il se retourne, le sourire aux lèvres. Oh, ce sourire sera ancré longtemps sur ce visage d’ange. Tellement fier de sa bêtise, celui-là.
Alors qu’il contemple sa victoire, sa divine réussite, il se laisse emporter dans un flot de joie. Il avait obtenu une broche en forme de donut, quoi.
Il lève les yeux juste un tout petit peu plus haut. Une autre fille, bizarre, habillée en Sherlock Holmes, le dévisage. Ou un homme aux cheveux longs. La moustache porte à confusion, à vrai dire.
C’est foutu. Elle l’a pris la main dans le sac. Peut-être une personne de la garde, déguisée pour plus de discrétion. Nate se prépare à fuir, et vite.
Mais l’énergumène ne bouge pas d’un poil.
▬ C’est moi que vous regardez ? J’ai quelque chose sur le visage, encore… c’est ça ? Désolé, je suis tête en l’air...
La jeune femme aux cheveux blancs haussa les sourcils en voyant un gamin approcher la fille de Thure. Une connaissance ? Non, ça n'avait pas l'air vu la réaction surprise de la jeune femme.
Curieuse, Astrid s'approcha et changea de point de vue et vit le blondinet toucher sa cible. Ah. La citoyenne fit craquer ses poings. Hé bien, en voilà un qui allait se faire tabasser dans une ruelle s'il tentait de draguer la fille. Mais plus surprenant fut…le fait qu'il avait dérobé une broche. Un voleur ? En voilà donc un qui allait se faire tabasser dans une ruelle pour ensuite être jeté dans un caniveau avec des dents en moins.
Astrid s’apprêta à intervenir mais s'arrêta lorsqu'elle vit le garçon se retourner et...la regarder. Ah. Elle avait été repéré ? Comment est-ce que c'était possible avec son costume pourtant au poil ? Bah. Là n'était pas la question primordiale à se poser. L'autre question importante était la suivante : Crier au voleur, l'attraper, et rendre la broche à l'autre gamine, au risque de se dévoiler et de la rendre suspicieuse ? Non. Ça attirait bien trop d'attention, et son travail actuel était d'être la plus discrète possible.
Allez, c'était partie pour de la top discrétion. À voix basse, mais assez forte pour que l'autre entende, elle lui dit :
-Ah, oui, c'est bien toi que je regarde gamin. Et non, c'est ça le problème, t'as rien sur le visage, même pas l'ombre d'un poil sur le menton, heh.
Toujours taquine et prête à se moquer et à rire avec ou des gens. Est-ce que c'était une intervention discrète… ? Pas vraiment, et la fille à Thure regarda l'échange avec curiosité.
Merde.
À grands pas et armée de son plus grand sourire, Astrid s'approcha du gamin et s'exclama en lui tapant dans le dos :
-Ah mais te voilà mon petit ! Je te cherchais ! Désolée jeune femme, comme il l'a si bien dit il est un peu tête en l'air !
Et sans le ménager un seul instant, elle lui prit la main avec force et l'emmena dans une petite ruelle loin de la jeune femme qui resta plantée là un moment, se demandant ce qui venait de se passer en constant qu'aucun des deux énergumènes ne se dirigeait vers la galerie des Arts.
-T'as intérêt à m'expliquer ce que tu voulais à la dame, sinon je te pète les dents. Lui chuchota-t-elle pendant le trajet.
Une menace un peu lancée en l'air, mais elle se voulait convaincante et menaçante, malgré son costume un peu ridicule, héhé.
Nate se fait insulter. Il ne comprend rien, il est courtois, puis se fait cracher au visage. Il se fait traiter d’enfant, d’imberbe - alors qu’il se rase simplement constamment, n’aimant pas l’idée de ressembler à un singe-, d’enfant, encore une fois. Ses sourcils sont froncés et, prêt à bondir, il jette un regard meurtrier à cette mi-femme mi-homme mal déguisée.
Il se fait emmener loin de la foule de force et n’a même pas le temps de réaliser ce qui lui arrive que la bonne femme lui adresse déjà des menaces. Nate comprend bien que son geste est, en temps normal, puni par la loi, mais de là à être menacé, tout de même pas. Il serre les dents, grogne à moitié dans sa barbe pour ne pas hurler sur l’inconnue. Prenant une grande inspiration, il tente de regagner son calme.
▬ Alors, de un, j’ai vingt-et-un ans. Je ne suis pas ton petit, ni un gamin, ni imberbe, retiens ça ou c’est moi qui te pète les dents. De deux, je voulais juste sa broche en forme de donut. Je suis kleptomane, j’y peux rien, et j’avais faim alors mon cerveau a disjoncté.
Maintenant que les explications sont faites, Nate lui tourne le dos dans un grognement et s’apprête à la laisser seule dans sa petite ruelle. Si celle-ci compte lui courir après, il n’aura qu’à ouvrir un portail et lui faire faire un petit tour dans la fontaine du centre-ville. Mais sa curiosité, plus forte que jamais, reprend le pas sur la colère du jeune homme.
Il se retourne vivement.
▬ Attends mais c’est toi que j’ai surpris en train de la suivre tout le long ? Je le sais, je l’ai suivie quand j’ai vu sa broche, je t’ai remarqué du coin de l’oeil. Qu’est-ce que tu fous, habillée comme ça avec ta pipe éteinte ? T’es pas très claire non plus. Nate prend un air moqueur et un tente d’imiter grossièrement la voix de l’inconnue : T’as intérêt à m’expliquer ce que tu voulais à la dame, sinon j’te pète les dents.
Nate se rapproche vivement de l’énergumène en tapant à moitié du pied, souhaitant lui faire remarquer son agacement. Un tel manque de respect ne peut rester impuni, et il compte bien lui en faire baver à l’aide son caractère insupportable inné.
Mais la concentration lui fait faux bond, et le voilà qui libère un rire bruyant. Il tente de garder son sérieux depuis qu’il a posé les yeux sur cette étrange dame, mais la vision de près, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Cette moustache est vraiment énorme.
-21 ans ça reste très jeune pour une vieille personne comme toi tu sais, mon petit. Rétorqua-t-elle en jouant avec sa moustache et en insistant sur le dernier mot. Et j'attends de voir ça, tu risques de te casser les dents, héhé. Au sens propre comme figuré. Mais le bon côté c'est que tu deviendras riche grâce à la petite souris, heh.
L'audace du gamin qui menaçait à son tour la citoyenne en plus de se chercher des excuses. Quel culot ! Il avait été attrapé la main dans le sac, et on dirait que c'était lui la victime et Astrid la criminel recherchée pour homicide volontaire! Et le voilà qui allait partir en emportant son butin ! S'il pensait qu'Astrid allait le laisser partir comme ça…
…
Est-ce qu'elle avait été payé pour empêcher les voleurs ? Hmmm. Maintenant qu'elle y réfléchissait, les termes du contrat étaient bien de « protéger la fille », donc le vol devait probablement rentrer dans le critère, probablement. Dans le doute.
La jeune vieille femme se prépara donc à utiliser son pouvoir pour foncer droit sur le blondinet et récupérer l'objet à la vitesse du son avant qu'il n'ait le temps de réagir et de dire « AU VOLEUR ! », ce qui serait le comble. Elle se voyait déjà en train de lui dire en tirant la langue « Le voleur volé nananereuh ».
Astrid fit donc un premier pas mais lorsque le jeune homme se retourna d'un coup et sans prévenir, elle s'arrêta. Plus ou moins.
Pourquoi plus ou moins ? Car on pouvait la voir corps en avant, remuant les deux bras vers l'arrive pour retrouver l'équilibre.
Pfiou...elle avait bien failli se péter la gueule toute seule.
-Hein ? On est dans une ruelle un peu sombre, donc forcément je suis pas très clair, haha.
Encore et toujours, elle trouvait le moyen de faire des remarques et des blagues idiotes.
Bon. Comment elle allait s'expliquer. Forcément que les gens allaient se poser des questions en la voyant habillé comme ça de façon ultra louche. Elle prit quelques secondes à réfléchir, jouant toujours avec sa moustache. Elle n'avait aucune raison de lui répondre, mais elle trouvait plus drôle de le faire pour passer le temps. La vérité ou un mensonge ? Hmmm. Pourquoi pas un mix des deux pour voir la réaction du gamin ?
Elle toussa un bon coup et prit un air pseudo-sérieux :
-Hé bien sache petit que la dame que tu as volé est la fille d'un noble imminent un peu louche et qui participe à des affaires assez obscures. J'ai été engagée comme détective pour la suivre et voir si elle pourrait donner des indices sur son père. Et c'est d'ailleurs pour ça que je t'ai arrêté, car qui sait si, en se rendant compte qu'elle a été volée, son papa va pas demander à ce qu'on retrouve le voleur afin qu'il finisse 6 pieds sous terre à manger les pissenlits par la racine ? Même si je sais pas si les racines de pissenlits vont aussi loin sous terre…
Tiré par les cheveux ? Un peu. Mais cela dit, des nobles qui traînaient dans des affaires sales existaient malheureusement, donc l'histoire pouvait être crédible.
-Donc tu ferais bien de euh...lui rendre ça j'imagine ? Avant que ça finisse mal. Yep. Je te le conseille très vivement. Parce que si le papa demande qui a volé sa fille et qu'il paye grassement quiconque lui donnant des infos, hé bien…
Elle haussa les épaules et se pointa du doigt avec un grand sourire. Elle vendrait l'info bien volontiers.
Bien sûr, cette histoire de papa noble louche criminel tueur maffieux était tout droit sortie du fin fond de l'imagination d'Astrid. Mais par contre, le côté papa poule n'était pas exagéré et elle se demandait sincèrement si le père n'irait pas chercher le voleur lui même pour lui montrer les bonnes manières.
À voir si le gamin allait croire tout ça, heh.
La folle bombarde Nate de blagues idiotes, aussi peu réfléchies que celles que le blondinet fait quand il est stressé, ainsi que de rumeurs horrifiques dans le but de l’effrayer. Nate écoute l’histoire de la jeune femme, un sourcil levé. Elle est à l’évidence déterminée à récupérer cette broche, pour une raison qui lui est inconnue. Nate n’a pas peur. Tous les nobles - ou presque - sont des patients de son père. Il joue ce fait à son avantage bien trop souvent, mais il faut avouer qu’il est pratique, quand bien même Nate peut se débrouiller seul pour ce qui est d’échapper aux méchants.
Nate n’a peur de rien, et ça, la fille aux cheveux bien trop longs ne le sait sûrement pas. Un surplus de confiance en lui qui, jusqu’à maintenant, ne lui a jamais porté préjudice. De toute façon, il ne rendra jamais la broche. Tout simplement car celle-ci n’a pas l’air d’être de très grande valeur. A moitié rouillée, la jeune femme de tout à l’heure doit en avoir des centaines comme celle-ci. En plus, un bout du donut est manquant. Il lui a rendu service en la volant.
▬ Tu peux rêver. Qu’ils essaient de m’approcher, j’aimerais voir leur tête quand leur médecin refusera de les soigner à deux pas de la mort. Qu’ils essaient d’abord de m’attraper, on verra après. Et puis tu es bien plus suspecte que moi, à la suivre partout. Regarde cette broche, elle est foutue. Tu comptes me faire avaler que je vais me taper une mafia entière pour un bout de carton ?
Il soupire et hoche la tête de droite à gauche, l’air de désapprouver la manoeuvre de la jeune femme. Elle n’aura jamais ce qu’elle souhaite, à manipuler les gens comme ça par la peur et l’intimidation. Elle n’est ni crédible, ni inquiétante. Une pichenette semble être suffisante pour l’envoyer valser dans l’eau de la fontaine, en fin de compte.
Nate réfléchit un instant. Toujours en quête d’aventures, il bat l’ennui chaque jour en prenant de nouvelles opportunités et en rencontrant d’autres personnes. Bien que celle-ci ne semble pas totalement saine d’esprit, il voit en elle une de ces opportunités. La curiosité l’emporte sur la raison, et le voilà de nouveau avec des étoiles dans les yeux.
▬ Arrête avec cette histoire de broche c’est ridicule. Parle-moi plutôt des informations sur son père. Tu l’as constaté, je suis discret. Tu peux engager un bénévole pour t’aider ? J’ai vraiment rien de mieux à faire aujourd’hui, alors si tu veux, je suis un pro dans l’art du passe-partout.
Nate tente de paraître mature. Adulte. Mais il n’en est rien, et la patience n’est pas son fort. Alors avant même qu’elle refuse, car c’est la plus grande crainte du blond, il ne peut contenir son excitation et se met à bouger dans tous les sens, sautillant légèrement sur place.
▬ Dis oui, dis oui, dis oui, dis oui, dis oui, allez, allez, allez, allez, dis oui, dis oui, dis ouiiii !
Il se tient à présent face à elle, une pluie d’étoiles filantes dans le regard.
Et le voilà qui recommence, lui coupant directement la parole, ignorant complètement si le début de réponse semble positif ou négatif.
▬ Cool ! Allez je commence par quoi ?
L'autre point qui intrigua la citoyenne c'était le fait qu'il se pensait irrattrapable. Un pouvoir lui permettant de fuir huh. Lequel par contre...Trop de possibilités.
-Je suis suspecte, mais je n'ai pas commis de crime, pour l'instant. Rétorqua-t-elle avec son sourire narquois. Et tu t'es jamais dit qu'un objet pouvait avoir une autre valeur, du genre, sentimentale ? Pourquoi elle se baladerait encore avec cette broche à moitié rouillée huh ? Elle prit un ton faussement dramatique : Qui sait ? Un cadeau de sa grand-mère décédée avec qui elle a partagé des années de son enfance heureuse où elle était encore innocente ? Ou le premier – et le dernier – cadeau de son père qui est trop occupé à cause de son travail? Snif…
Encore une fois, le tout était hautement exagéré, surtout lorsqu'elle fit mine d'essuyer des larmes invisibles. Si la peur ne marchait pas, peut-être qu'en le prenant par les sentiments et la logique…Mais cela expliquait bien pourquoi la jeune femme sortirait encore avec une broche ridicule et cassée. Soit ça, soit elle était pauvre. Et ce n'était pas le cas puisque le père avait de quoi payer un détective.
Bon, il y avait aussi l'explication qu'elle avait juste mauvais goût et qu'elle était confortable avec des trucs familiers mais ça….
Elle se demandait si le blondinet s'était déjà posé ce genre de question sur la valeur des objets en commettant ses larcins. Meh. Astrid n'était pas là pour lui faire la morale ou le remettre dans le droit chemin. Pas son taf.
-Concernant le papa, je vais pas divulguer au premier venu des infos hautement confidentielles. Pour ta discrétion, tu es certes doué – j'imagine – mais euh...tu t'es quand même fait chopper par mo…
Astrid s'arrêta un instant en voyant l'autre excité comme pas possible.
Il n'avait rien de mieux à faire aujourd'hui ? Il cherchait juste à s'amuser et à passer le temps donc… ? Vraiment ?
…
Compréhensible, et une raison tout à fait acceptable pour la citoyenne qui mettait elle-même son nez dans les affaires des autres quand elle se faisait chier.
Toujours armée de son sourire narquois, elle lui dit :
-Bon, ok. D'abord, tu vas commencer par lui rendre la broche. Avant qu'il ne se mette à protester, elle rajouta : Ça risque peut-être d'empiéter sur mon enquête si elle se met à s'affoler pour la perte de sa broche. Mais pour tester ton art de passe-partout, je veux que tu lui rendes la broche à l'exact endroit où il était…sans qu'elle s'en rende compte.
Rajoutons lui un peu de challenge, ça le motivera peut-être. Voler sans que l'autre ne s'en aperçoive, c'était toujours plus simple que de rendre l'objet volé sans que la victime ne s'en rende compte….
Mais ça manquait encore un peu de piment...Ah!
-Et je veux que tu la fasses rire aussi!
Heh.